Notes
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[24]
Une mission de trois jours au Malawi en vue d’évaluer le programme d’aide humanitaire du DFID a été organisée dans le cadre de la mission en Zambie. Des précisions sont présentées dans l’annexe C.
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[25]
Le DFID est favorable à la mise en place d’un cadre d’action européen pour une programmation conjointe et une aide commune en matière de renforcement des capacités, propose de ne pas créer de nouvelles unités chargées de la mise en oeuvre de projets et vise à réduire de moitié le nombre des missions non coordonnées d’ici 2010.
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[26]
Selon le Rapport 2004 sur la performance des partenaires de l’aide programme au Mozambique, le DFID arrive en tête des 16 donneurs évalués pour ce qui est de la prévisibilité de l’aide, de la transparence de celle-ci, du portefeuille d’activités, de l’alignement, du renforcement des capacités et du fardeau administratif (T. Killick, 2005).
-
[27]
Les 666 nouveaux contrats signés par les services centraux en 2005 représentaient 200 millions GBP. Vingt pour cent d’entre eux ont été obtenus par des fournisseurs locaux de pays en développement.
-
[28]
Le soutien budgétaire assuré dans le cadre du soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté peut être soit général soit sectoriel. Le soutien budgétaire sectoriel représente entre 15 et 30 % du total du soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté, selon les années.
-
[29]
En décembre 2005, le Royaume-Uni a décidé de réduire de 15 millions GBP le soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté consenti à l’Ouganda et d’utiliser ces fonds pour aider les Nations unies à entreprendre une action humanitaire dans le nord du pays. Cette décision a été prise car une évaluation de la situation économique et de la gouvernance avait fait naître des doutes quant à la volonté du gouvernement ougandais d’assurer une transition politique effective et mis en lumière un important dépassement des dépenses de l’administration publique.
-
[30]
Selon les premiers résultats de l’évaluation conjointe du soutien budgétaire général 1994-2004, le cas du Malawi montre qu’il peut être déconseillé de fournir un soutien budgétaire général à un gouvernement qui n’a pas de discipline budgétaire et qui ne réforme pas ses politiques macroéconomiques
-
[31]
Politique du DFID exposée dans Conflict reduction and humanitarian assistance qui comprend les « Principles for a New Humanitarism ».
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[32]
Administré par le Sous-Secrétaire général aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence des Nations unies, le CERF est destiné à assurer une prévisibilité et une ponctualité plus grandes dans la réponse aux situations d’urgence humanitaire. L’objectif visé est 500 millions USD et le Royaume-Uni s’est engagé à apporter une contribution de 70 millions USD, la plus importante.
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[33]
Code de conduite pour le mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et pour les organisations non gouvernementales lors des opérations de secours en cas de catastrophe et Charte humanitaire et normes minimales pour les interventions lors de catastrophes élaborés dans le cadre du projet SPHERE.
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[34]
Les membres du DEC sont : ActionAid, British Red Cross, CAFOD, CARE International UK, Christian Aid, Concern, Help the Aged, Islamic Relief, Merlin, Oxfam, Save the Children, Tearfund and World Vision.
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[35]
Pour une description complète de ces termes, consulter le « Rapport 2005 - Coopération pour le développement », Volume 7, No. 1.
Présentation des pays et principaux messages qui se dégagent de l’Examen de l’aide
1Les conclusions ci-après relatives au programme de coopération pour le développement du Royaume-Uni sont notamment issues des visites effectuées sur le terrain au Népal (7-11 novembre 2005) et en Zambie (20-24 février 2006) [24]. Les principales observations résumées dans les encadrés 9 et 10 correspondent aux principaux points présentés par l’équipe du CAD chargée de l’Examen de l’aide avant de quitter chacun des pays visités.
Le Népal
2Avec un PNB par habitant de 237 USD, le Népal est le pays le plus pauvres de la région Asie du Sud. Depuis 1996, il est le théâtre d’un conflit entre le gouvernement et un mouvement maoïste rebelle qui a compromis tout progrès économique, entraîné des violations des droits de l’homme dans tout le pays et fait plus de 13 000 victimes dont beaucoup de civils. Pauvreté massive, inégalités sociales, mauvaise gestion des affaires publiques et discriminations ont alimenté le conflit. Au cours des dix dernières années, le mouvement maoïste est parvenu à effectivement contrôler la majorité des campagnes et le pouvoir monarchique a, à plusieurs reprises, entravé le développement de la démocratie et de l’État de droit. En février 2005, le Roi a démis le Premier ministre, a déclaré l’état d’urgence et s’est emparé du pouvoir. Le principal problème de ce pays de 25 millions d’habitants est à présent de restaurer la démocratie et de jeter les bases d’une paix durable en s’attaquant directement aux causes du conflit et en soutenant un processus de développement visant à faire reculer la pauvreté et l’exclusion sociale.
3Depuis 2002, la volonté du gouvernement de promouvoir l’efficacité de l’aide a donné lieu à la mise au point d’une stratégie de lutte contre la pauvreté (SLP) techniquement solide complétée par un plan d’action immédiat, un cadre de dépenses à moyen terme et un système d’analyse et de suivi de la pauvreté (PMAS). Des mécanismes de coordination des donneurs sont également en place. Cependant, plusieurs facteurs nuisent à la mise en œuvre de la SLP notamment : i) l’absence de légitimité du gouvernement et de volonté des partenaires bilatéraux de s’associer étroitement à lui ; ii) la difficulté des pouvoirs publics à assurer des services dans les zones rurales du fait de la sédition et iii) l’insuffisance des investissements publics dans les secteurs sociaux, l’inefficacité des systèmes judiciaire et financier et l’inertie de l’administration.
La Zambie
4La Zambie est l’un des pays les plus pauvres du monde : il se place au 166ème rang mondial sur 177 pour ce qui est de l’indice de développement humain. Soixante-huit pour cent environ de la population du pays, qui compte 10,76 millions d’habitants, vivent en dessous du seuil national de pauvreté. En outre, la mortalité maternelle, les décès dus au SIDA et la malnutrition ne cessent de progresser depuis quelques années. Cependant, la Zambie a enregistré une croissance de 4% ces dernières années et possède le potentiel nécessaire pour assurer sa croissance et son développement futurs. De récentes études font apparaître des avancées dans plusieurs domaines : réduction de la pauvreté et baisse du taux de mortalité infantile, stabilisation du taux d’infection par le VIH (16% de la population âgée de 15 à 49 ans), amélioration des inscriptions dans l’enseignement primaire et des taux de vaccination. Le pays a identifié des secteurs qui pourraient se développer à l’avenir. Une discipline budgétaire rigoureuse a contribué au rétablissement de la stabilité macroéconomique. La mise en œuvre du CSLP pour 2002-2005 est inégale, le budget n’est pas lié à celle-ci, et il n’y a pas de dispositif global permettant de cerner l’impact sur la pauvreté des dépenses budgétaires. Cependant, le gouvernement s’emploie à améliorer la gestion des finances publiques et a pris des mesures importantes en ce sens avec l’introduction de la budgétisation par activités en 2004 puis du cadre de dépenses à moyen terme. La Zambie est en train de finaliser son cinquième plan national de développement (PND) couvrant la période 2006-2011 qui remplacera le CSLP et pourrait être un instrument essentiel de la lutte contre la pauvreté. La Zambie a atteint le point d’achèvement du processus PPTE en avril 2005 et devrait donc bénéficier d’une remise de dette de l’ordre de 6.5 milliards USD. Les ressources budgétaires qui auraient été nécessaires pour assurer le service de la dette extérieure seront désormais à la disposition du gouvernement (environ 100 millions USD par an au cours des trois prochaines années) pour financer des dépenses destinées à appuyer la lutte contre la pauvreté.
5En 2002, le lancement du CSLP a fourni aux donneurs l’occasion de s’aligner sur les politiques publiques de la Zambie. En mars de cette année, un groupe de donneurs bilatéraux partageant les mêmes idées ont approuvé, avec le ministère des Finances et de la Planification nationale, un dispositif novateur pour une harmonisation effective (Harmonisation in Practice, HIP), lequel a conduit en 2004 à un accord plus général en faveur de l’harmonisation dont la plupart des principaux donneurs bilatéraux et multilatéraux sont aujourd’hui signataires. Cet accord prévoit des périodes sans mission, l’organisation de missions communes par les donneurs et l’adoption de mesures pour la mise en place d’une prise de décision conjointe. Les donneurs signataires conviennent également d’élaborer avec les autorités zambiennes une stratégie conjointe d’aide pour la Zambie (JASZ) qui servira à l’ensemble des partenaires et précisera la façon dont chacun entend soutenir le PND ; un donneur chef de file sera désigné pour chacun des vingt groupes consultatifs sectoriels. Cette stratégie commune devrait être achevée rapidement après le lancement du PND en juillet 2006.
Encadré 9. Observations faites au Népal
- Le Royaume-Uni joue un rôle positif dans le développement du pays et promeut le programme d’action en faveur de l’efficacité de l’aide. Autorité intellectuelle ; bonne connaissance des problèmes qui se posent dans un État fragile grâce à la conduite de l’exercice pilote d’application des Principes de l’OCDE ; volonté de promouvoir l’appropriation locale dans toute la mesure du possible.
- La représentation locale du DFID s’adapte de façon créative et pragmatique aux conditions de travail dans les États fragiles. Révision réaliste du CAP ; réduction de l’aide ; adoption d’une approche plus prudente du soutien budgétaire ; recours à divers modes de mise en œuvre de l’aide ; place accrue faites aux activités réalisées au niveau des districts et des villages. En créant le Risk Management Office (RMO) en collaboration avec le GTZ, le DFID s’assure que le conflit est davantage pris en compte lors de l’élaboration de ses activités.
- Le DFID œuvre aussi en coopération avec les principaux partenaires internationaux du Népal pour l’application des lignes directrices opérationnelles (« Basic Operating Guidelines », BOG) qui visent à ce que l’aide au développement soit centrée sur les besoins de base et non pas considérée comme contribuant au conflit. Les lignes directrices sont conformes au Code de conduite pour le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
- Cohérence des politiques : Compte tenu de l’importance des problèmes de médiation dans le conflit et d’intégration sociale, la politique étrangère du Royaume-Uni et ses plans de développement devraient continuer d’être synchronisés et de faire l’objet d’une coordination entre le DFID, l’Ambassade et le ministère de la Défense.
- Programmation : Il est déterminant de mettre fortement l’accent sur la prévention des conflits, la création de capacités d’État et le renforcement de la société civile. Dans les districts, il est sans doute possible de resserrer les liens avec les responsables locaux en vue de renforcer les synergies et de préparer la future décentralisation.
- Mise en œuvre : Il serait bon de lier plus étroitement l’élaboration des politiques et leur application ; il conviendrait de mettre au point avec d’autres partenaires une approche plus stratégique des relations avec les ONG et les organisations de la société civile et de communiquer davantage avec les autorités publiques au niveau des districts lorsque les services de base sont assurés par l’intermédiaire d’acteurs privés.
- Organisation interne : Il conviendrait de revoir le rôle des conseillers en vue de renforcer les relations entre « les concepteurs et les exécutants » et d’intensifier le travail d’équipe en accordant une plus grande attention à la mise en oeuvre des activités et aux districts.
- Gestion axée sur les résultats : Le DFID a recours à des mécanismes de suivi supplémentaires pour compenser la faiblesse des capacités publiques. Le cadre de suivi impose un fardeau important au bureau local. Le DFID doit continuer de participer au renforcement du système de suivi du pays et garder à l’esprit l’objectif à long terme d’appropriation locale.
Encadré 10. Observations faites en Zambie
- Un donneur de premier plan : Le bureau local est organisé de façon stratégique et les agents sont dévoués et compétents. Le DFID est en première ligne dans le dialogue sur les mesures à prendre.
- Le DFID veut certes que les autorités zambiennes jouent un rôle moteur mais la généralisation de l’appropriation pose toujours problème. Le DFID pourrait envisager de revoir la portée et le calendrier du soutien budgétaire général et devrait continuer d’œuvrer en vue de renforcer les capacités de gestion du gouvernement de la Zambie.
- Le DFID travaille en étroite coopération avec d’autres donneurs pour promouvoir l’harmonisation et l’alignement. Pour éviter d’aller plus vite que les autres ou de diviser la communauté des donneurs, le DFID devrait chercher à rassembler davantage et donner plus d’importance au partenariat qu’au commandement. Il pourrait s’appuyer davantage sur les organisations multilatérales en se fondant sur leurs avantages comparatifs.
- Soutien budgétaire général. Le soutien budgétaire général en Zambie est un instrument utile du point de vue de l’alignement et de l’appropriation mais peut-être moins pour ce qui est de la lutte contre la pauvreté en raison des problèmes de pauvreté structurelle qui se posent au pays, de l’insuffisance du contrôle exercé par la société civile et le Parlement et des capacités nationales limitées. Les dépenses publiques ne vont pas systématiquement à la lutte contre la pauvreté et les liens avec les districts sont faibles. Pour le DFID, le soutien budgétaire global se trouve au sommet de la hiérarchie des instruments à utiliser mais pour d’autres donneurs, celui-ci doit s’inscrire dans un ensemble d’actions complémentaires. Étant donné que le gouvernement a besoin de temps pour s’adapter compte tenu de l’insuffisance de ses capacités, certains partenaires estiment qu’une action trop rapide pourrait compromettre l’ensemble du processus de soutien budgétaire global.
- L’élargissement du champ de l’actuel cadre commun d’évaluation des performances du soutien budgétaire général en vue d’y inclure l’ensemble des donneurs, mérite l’attention du DFID car ce pourrait être un moyen de réduire les coûts de transaction.
- Les travaux d’élaboration des politiques du DFID gagneraient à être plus étroitement liés à la mise en œuvre des activités et aux résultats. Il conviendrait que les agents du DFID connaissent de plus près la situation des districts et entretiennent des relations plus étroites avec les organisations de la société civile engagées au niveau local. La gestion axée sur les résultats et la notification des résultats à Londres doivent s’appuyer sur des données empiriques.
- Le Royaume-Uni fournit en temps opportun des financements souples pour faire face aux crises alimentaires locales. Il joue un rôle important dans la réforme de l’aide humanitaire et des approches conventionnelles (liens entre pauvreté/vulnérabilité et insécurité alimentaire chronique/aiguë ; approche stratégique faisant de la sécurité alimentaire l’un des objectifs du développement ; mécanismes divers et complémentaires d’acheminement de l’aide humanitaire).
Organisation et gestion des activités sur le terrain
La structure locale et la gestion des bureaux dans les pays
6Les antennes locales du DFID au Népal et en Zambie mettent en oeuvre des plans d’aide locaux (CAP) qui sont étroitement alignés sur les stratégies nationales de lutte contre la pauvreté, et des équipes spéciales ont été mises en place pour chaque secteur important. Le bureau du DFID en Zambie est organisé de façon stratégique autour des objectifs opérationnels du plan d’aide. Au Népal, après une restructuration en 2004 et la consolidation des équipes chargées de l’administration des programmes, le DFIF organise ses activités autour des cinq grands axes du plan d’aide qui sont directement issus du CSLP, chaque secteur étant supervisé par un conseiller et couvrant plusieurs programmes ou projets spécifiques. Cependant, ces grands axes sont peut-être trop généraux pour être opérationnels et deux d’entre eux (gouvernance et construction de la paix) sont transversaux. L’antenne du DFID au Népal procède actuellement à une révision de son plan d’aide pour tenir compte de la dégradation du conflit et de la crise de la gouvernance, ce qui devrait aboutir à des ajustements.
7La coordination interne de ces programmes très complexes est moins importante en Zambie qu’au Népal. Les activités du bureau du DFID en Zambie sont organisées autour d’une série de réunions hebdomadaires ciblées (politique, résultats du plan d’aide et questions transversales ; gestion ; agents locaux) destinées à promouvoir l’esprit d’équipe. Au Népal, l’antenne du DFID comprend trois principaux services qui se rencontrent tous les mois (directions stratégiques, gestion des programmes, gestion du bureau). Leurs travaux sont étayés par d’autres unités : les cinq équipes chargées des principaux axes du plan d’aide, l’Unité de gestion des risques et l’Unité responsable de la communication. Dans la situation de crise que connaît le Népal en particulier, le DFID pourrait peut-être envisager de renforcer ses structures internes tout en consolidant le concept général d’équipe britannique unique.
8Au Népal (ambassade) comme en Zambie (haut commissariat), des réunions hebdomadaires sont organisées avec les homologues du DFID travaillant au ministère des Affaires étrangères et avec d’autres représentants britanniques officiels. Des réunions de ce type et d’autres occasions ad hoc de collaborer permettent d’empêcher que les relations parallèles du DFID et du ministère avec Londres (administrativement parlant) n’entraînent des divergences de vues dans le pays partenaire. En Zambie, le fait que le DFID partage les mêmes locaux que le haut commissariat facilite l’établissement d’étroites relations de travail tandis qu’au Népal des réunions régulières de coordination à Katmandou et à Londres compensent le fait que les bureaux du DFID et de l’ambassade ne soient pas situés dans les mêmes lieux. Le DFID comme le ministère des Affaires étrangères devraient poursuivre leurs efforts de collaboration au niveau local, en particulier lorsque l’environnement politique est sensible comme au Népal.
9Les antennes du DFID au Népal et en Zambie disposent toutes deux d’agents dévoués et compétents. Le bureau du Népal emploie actuellement 10 agents basés au Royaume-Uni et 44 agents recrutés localement pour un portefeuille d’activités représentant à 30 millions GBP. Les effectifs en Zambie sont moins importants (11 agents basés au Royaume-Uni et 23 recrutés localement) pour un programme de taille similaire correspondant à 35 millions GBP. Le bureau du DFID au Népal a réduit le niveau global de ses effectifs de 40 % par rapport à septembre 2004 (12,5 agents basés au Royaume-Uni et 74 agents recrutés localement). Quant au bureau en Zambie, doté d’effectifs moindres, il a évité les réductions de personnel. Ses responsables soulignent que le recours accru au soutien budgétaire général n’a jusqu’ici pas entraîné de baisse des effectifs mais conduit à modifier l’éventail des compétences requises. Les « conseillers » (9 au Népal et 8 en Zambie) semblent mieux à même en Zambie qu’au Népal de lier leurs activités d’élaboration des politiques à la mise en œuvre des activités. Dans ces deux pays, l’équipe chargée de l’Examen a eu le sentiment qu’il conviendrait que les agents du DFID (basés au Royaume-Uni ou recrutés localement) se rendent plus fréquemment dans les districts et les villages et coopèrent davantage avec les ONG et la société civile pour évaluer l’impact de l’aide sur la pauvreté et comprendre le point de vue local. Enfin, dans le cadre de l’effort global du DFID pour harmoniser les pratiques des donneurs en Zambie, on peut s’attendre à ce que des accords novateurs de partage des ressources humaines soient trouvés dans le courant de l’année et permettent de réduire les coûts de personnel au niveau local.
10Trois problèmes connexes sur la politique adoptée concernant les agents sur le terrain ont été relevés lors des visites dans les pays. Premièrement, en ce qui concerne les agents basés au Royaume-Uni, les mesures d’incitation du DFID ont donné l’impression de favoriser la mobilité interne et les affectations de durée relativement courte. Compte tenu de l’expérience des autres membres du CAD et dans la mesure où le Royaume-Uni centre de plus en plus ses activités sur les pays pauvres et difficiles où il souhaite jouer un rôle de premier plan parmi les partenaires locaux, on peut penser que le DFID aurait intérêt à allonger les cycles d’affectation de ses agents à l’étranger à la fois pour favoriser l’efficacité au niveau local et pour préserver la mémoire institutionnelle. Deuxièmement, même si les agents de catégorie professionnelle recrutés au niveau local au Népal et en Zambie bénéficient de contrats ouverts et peuvent désormais être affectés à des postes de haut niveau, la politique actuelle de gestion du personnel ne permet pas au DFID d’offrir une progression de carrière qui retienne ces agents très longtemps. Dans la mesure où le DFID tient à employer des experts locaux, il semblerait bon de revoir et de mieux définir les conditions qu’il est prêt à offrir à cette catégorie de personnel. A l’évidence, tant au Népal qu’en Zambie, les agents locaux sont déterminants pour la mise en œuvre efficace des programmes du DFID et ils représentent une mémoire institutionnelle d’importance car les agents britanniques ne restent pas et vont d’une affectation à l’autre. Quatre agents recrutés localement sont conseillers au Népal et plusieurs sont chefs d’équipe au Népal et en Zambie. Troisièmement, il sera important de veiller à ce que la place actuellement accordée au soutien budgétaire général n’entraîne pas une réduction du nombre de conseillers dans les secteurs prioritaires pour le DFID.
La décentralisation dans les faits
11Les antennes locales du DFID bénéficient d’une grande délégation de compétences, chaque Chef de bureau étant chargé du PSA dans son pays d’affectation (chapitre 5). Cependant, dans un environnement politiquement sensible comme au Népal en février 2005, après le renversement du gouvernement par le Roi, les décisions sont prises en étroite consultation avec les services centraux du DFID et les ministres. Dans le cas du Népal, les ministres ont décidé en mars 2005 que le portefeuille d’activités réalisées dans le pays serait révisé de façon approfondie avant juillet 2005. Cet examen a été entrepris par le bureau du DFID au Népal en étroite coopération avec les hauts responsables du DFID et d’autres ministères britanniques compétents. Les recommandations issues de cet exercice ont été présentées aux ministres et au DFID. Les ministres ont été consultés au cas par cas pour tous les versements au titre de l’aide financière.
Programmation par pays et mise en œuvre des activités : « l’efficacité de l’aide » dans les faits
12Les cas de la Zambie et du Népal sont représentatifs des pratiques du DFID sur le terrain notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide. Le DFID a exprimé sa volonté de promouvoir l’efficacité de l’aide au plus haut niveau de manière à influer fortement sur la mise en œuvre des activités sur le terrain.
L’efficacité de l’aide : du plaidoyer à la généralisation
13Le DFID joue un rôle moteur dans la promotion de l’efficacité de l’aide et de l’harmonisation dans les débats internationaux, en liaison notamment avec les États fragiles. Le DFID a adhéré au Plan d’action de l’Union européenne en matière de coordination et d’harmonisation en novembre 2004 et approuvé la Déclaration de Paris en 2005. Il appuie l’effort international en vue d’accroître et d’améliorer l’aide par le biais i) d’un cadre d’action sur l’efficacité de l’aide ; ii) de l’amélioration de l’acheminement de l’aide-programme et iii) de la réforme du système multilatéral. Un Plan d’action à moyen terme sur l’efficacité de l’aide est en cours d’élaboration ; il soulignera l’importance que le DFID attache à l’amélioration de la qualité de l’aide, tant dans les actions internationales que dans les programmes pays (encadré 11). Ce plan prévoit la mise en place d’une matrice à l’échelon des pays, fondée sur les indicateurs de la Déclaration de Paris et les autres engagements pris par le Royaume-Uni et l’Union européenne [25]. Elle intégrera les données communiquées par le DFID et les éléments notifiés au niveau international et au niveau des pays. Outre une matrice au niveau régional, le plan prévoit aussi une matrice au niveau international et à celui de l’organisation afin de définir les mesures à prendre pour soutenir la mise en œuvre de l’aide sur le terrain.
Encadré 11. Le Plan d’action à moyen terme du DFID sur l’efficacité de l’aide
- Améliorer l’architecture de l’aide à l’appui de la lutte contre la pauvreté, notamment : réforme du processus CSLP ; renforcement de la participation des pays en développement ; meilleure adéquation aux plans et systèmes nationaux de l’enveloppe globale et de sa répartition.
- Adapter l’aide aux priorités nationales et dispositifs des pays : réformer l’usage de la conditionnalité par le DFID ; accroître la prévisibilité de l’aide du Royaume-Uni ; utiliser davantage les processus budgétaires et les systèmes d’approvisionnement et de gestion des finances publiques nationaux; développer les évaluations conjointes de la qualité des systèmes et recourir davantage aux cadres de suivi nationaux; renforcer les capacités des gouvernements partenaires.
- Améliorer la façon dont les donneurs travaillent ensemble : développer des cadres d’action communs ; réduire le nombre de missions, élaborer des approches conjointes de la programmation-pays ; promouvoir le partage des ressources humaines, l’utilisation de bureaux communs et l’élaboration de procédures communes et soutenir davantage la division du travail entre donneurs.
- Responsabiliser davantage les donneurs : encourager les processus mis en œuvre par les pays pour suivre les progrès accomplis eu égard aux indicateurs convenus à Paris et participer au suivi et à l’évaluation à l’échelle globale par l’intermédiaire du CAD.
- Travailler plus efficacement dans les États fragiles.
- Améliorer la performance des organisations multilatérales.
- Renforcer le soutien administratif : améliorer le suivi et la notification de données sur l’efficacité de l’aide, veiller à ce que le personnel du DFID ait les compétences nécessaires pour améliorer l’efficacité de l’aide, améliorer la base de données sur l’efficacité de l’aide et soutenir les politiques novatrices en matière d’efficacité de l’aide.
14Le DFID tient à traduire ses engagements internationaux concernant l’efficacité de l’aide dans ses programmes pays. Au Népal et en Zambie, il s’est fait l’avocat de la mise en œuvre du programme d’action en faveur de l’efficacité de l’aide sous ses différents aspects [26]. Son degré de décentralisation ajouté à sa forte présence sur le terrain sont un atout à cet égard. Cependant, il est manifeste aussi que le programme d’action en faveur de l’efficacité de l’aide n’est pas exécuté de façon uniforme dans l’ensemble du DFID. Ce dernier est donc invité à utiliser une matrice au niveau des pays pour intégrer davantage encore les approches pilotées par les pays partenaires dans les travaux d’analyse et la notification, notamment pour améliorer l’apprentissage au niveau des pays et les compétences du personnel.
Les stratégies pays et la programmation pays
L’appropriation : promouvoir les approches conduites par les pays partenaires et repenser la conditionnalité de l’aide
15Le DFID continue de promouvoir le pilotage par les pays partenaires de leurs propres stratégies de lutte contre la pauvreté en accordant une place grandissante aux CSLP. Il a par ailleurs élaboré une nouvelle approche de la conditionnalité de l’aide selon laquelle il n’imposera de conditions que pour s’assurer que l’aide est utilisée efficacement et dans le but recherché. Les points de référence arrêtés en commun pour évaluer les progrès de la lutte contre la pauvreté, et non les conditions imposées par les donneurs, serviront de base aux deux parties pour rendre compte des résultats obtenus à leurs populations (DFID/HMT, 2005). Cinq principes guident le Royaume-Uni dans ses relations en matière d’aide : i) appuyer l’appropriation locale ; ii) mettre en place un processus d’élaboration des politiques à caractère participatif fondé sur des données de fait ; iii) améliorer la prévisibilité des flux d’aide ; iv) harmoniser l’aide et v) mettre l’accent sur la transparence et la nécessité de rendre des comptes. Pour être efficace, un partenariat doit être fondé sur l’adhésion partagée à trois objectifs : i) réduire la pauvreté et atteindre les OMD ; ii) respecter les droits de l’homme et autres obligations internationales ; iii) renforcer la gestion des finances publiques et l’obligation de rendre des comptes et réduire les risques de mauvaise utilisation des fonds dus aux déficiences de l’administration et à la corruption.
16Selon le document d’orientation britannique de 2005 sur la conditionnalité mentionné ci-dessus, le Royaume-Uni ne devrait pas faire dépendre son aide de l’adoption de telle ou telle décision par les gouvernements partenaires ni tenter d’imposer ses choix (notamment dans des domaines sensibles comme les privatisations ou encore la libéralisation des échanges). Il devrait plutôt convenir avec ses partenaires des mesures à prendre pour que l’aide contribue à la lutte contre la pauvreté sur le long terme et définir avec eux des points de référence pour évaluer les progrès réalisés. Ce faisant, le Royaume-Uni vise à soutenir un développement dans lequel les pays partenaires jouent un rôle clé, tout en rendant compte des résultats au Parlement et à l’opinion publique britanniques et en veillant à ce que l’aide soit utilisée de façon efficace. Le DFID doit clarifier cette nouvelle politique et la faire plus largement connaître afin de venir à bout de ce dilemme et d’assurer l’application de sa stratégie dans tous les pays partenaires. Dans les deux pays visités, l’équipe chargée de l’Examen a pu constater que les points de vue divergeaient sur la question de la conditionnalité de l’aide, tant parmi les acteurs britanniques qu’au sein de la communauté des donneurs. Des précisions s’imposent d’autant plus que les parties prenantes britanniques sont divisées ; le Parlement est favorable au principe de conditionnalité pour que l’aide soit utilisée efficacement tandis que les organisations de la société civile se montrent préoccupées par certaines des conditions imposées. Une note publiée par le DFID en janvier 2006 intitulée « Implementing DFID’s conditionality policy » contribuera à apporter ces précisions supplémentaires.
17Selon la note d’orientation, les conditions qui conduiraient le Royaume-Uni à envisager de réduire ou de suspendre son aide est donc une rupture par rapport aux trois engagements ci-dessus. Deux cas récents illustrent cette nouvelle politique : i) au Népal, le DFID a décidé de retirer son aide à la police, aux services pénitentiaires et au Cabinet du Premier ministre après la destitution du gouvernement par le Roi en février 2005 ; ii) en Éthiopie en juin 2005, le Royaume-Uni a suspendu l’accroissement prévu du soutien budgétaire général de 30 millions GBP à 50 millions ; en novembre 2005, avec les autres donneurs concernés, le Royaume-Uni a suspendu l’ensemble du soutien budgétaire général. Ces deux mesures ont été prises comme suite aux préoccupations suscitées par la dégradation de la gouvernance et le non-respect des droits de l’homme par le gouvernement éthiopien. Pour s’assurer que les populations ne souffrent pas de ces dispositions, le Royaume-Uni a accru ses crédits en faveur du programme éthiopien « Filet de sécurité pour garantir un niveau minimal de production agricole » (Productive Safety Net Programme) et en collaboration avec d’autres donneurs, il prépare un nouveau programme de soutien financier aux services de base qui sera mis en œuvre au niveau local avec un suivi et une obligation de rendre des comptes renforcés. Il est essentiel que les donneurs se mettent d’accord dans des situations aussi difficiles sur le plan politique afin d’envoyer un message cohérent aux autorités publiques. Autrement dit, le Royaume-Uni doit consulter la communauté des donneurs au niveau local (et en particulier la CE et les membres de l’Union européenne) avant de prendre la décision de se retirer. Cela est d’autant plus important dans les pays où le DFID est le principal donneur.
18Sur le terrain, le DFID doit veiller à ce que son apport hautement intellectuel et l’importance des ressources fournies ne contrecarrent pas son approche en matière d’appropriation locale. Comme on l’a vu en Zambie, le risque existe d’utiliser l’assistance technique à court terme pour remédier à la faiblesse des capacités nationales et de la prise en main de la situation par les autorités locales. Si cette décision est prise dans le but de favoriser un processus national, elle peut en réalité l’affaiblir en faisant peser une trop lourde pression sur le gouvernement partenaire, compromettant l’esprit même de l’objectif d’appropriation.
Le défi de l’alignement
19Le DFID a marqué des points dans le domaine de l’alignement dans les pays visités grâce aux plans d’aide par pays (CAP) qui sont élaborés à partir des CSLP nationaux et le DFID rend compte chaque année des progrès accomplis eu égard aux indicateurs/résultats nationaux dans le domaine de la pauvreté, et aux objectifs connexes figurant dans le PSA du DFID. La part de l’aide du DFID ayant directement trait aux processus CSLP a beaucoup augmenté depuis 2000 et représentait 90 à 100 % de l’aide dans un grand nombre de pays d’Afrique en 2003 (ODI, 2004). En outre, l’ensemble des activités d’aide au développement du Royaume-Uni a été délié le 1er avril 2001. Cette mesure a été confirmée par la loi de 2002 qui rend illégale toute aide britannique liée à l’utilisation de biens et services britanniques. Même si son impact est faible par rapport au budget total de l’aide [27], on ne peut que se féliciter que le Royaume-Uni ait pris l’initiative d’élargir le champ du déliement de l’aide.
20Pour appuyer les principes de l’alignement et promouvoir les priorités nationales en partant de la base, le DFID s’efforce de ne pas fixer d’objectif de dépenses par secteur. Il n’existe de tels objectifs que pour le VIH/sida, l’éducation et l’eau. Le DFID devra conserver les mesures qui autorisent une certaine souplesse au niveau des pays et limitent les risques d’affectation décidées au sommet. D’une manière plus générale, tout progrès dans le domaine de l’alignement impose de concilier les stratégies à long terme indispensables à un développement conduit par les pays partenaires et la nécessité de faire état des résultats et des progrès accomplis à court terme. Une stratégie de communication ciblée qui explique les avantages du développement et la façon dont les préoccupations de l’opinion publique (par exemple risques fiduciaires) sont prises en compte contribuera à atténuer ces tensions. Le DFID devra aussi élaborer une approche plus souple en soutenant le développement impulsé par les autorités locales dans les États fragiles et les pays où les capacités nationales sont globalement extrêmement faibles (chapitre 3).
La responsabilité mutuelle et la prévisibilité de l’aide
21Le DFID s’est engagé à fournir l’aide sur une base transparente et prévisible à moyen terme et recourt déjà fréquemment aux accords trisannuels. Il étudie actuellement les ajustements à apporter à la gestion financière pour fournir aux bénéficiaires des informations sur les plans de versement sous une forme et à un moment appropriés pour l’exercice budgétaire suivant, et pour procéder aux versements au titre du soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté au cours des six premiers mois de l’exercice budgétaire du pays partenaire. Le DFID envisage aussi de conclure, chaque fois que possible, des accords pluriannuels glissants de soutien budgétaire au service de la lutte contre la pauvreté ; comme l’engagement pris en Tanzanie en 2005 d’apporter un soutien budgétaire totalisant 300 millions GBP sur trois ans, et de mettre au point des accords à long terme avec les pays attachés à la lutte contre la pauvreté et à la bonne gouvernance. Des accords de partenariat sur dix ans ont été signés avec le Sierra Leone en 2002, puis le Rwanda et l’Afghanistan en 2006.
Modes d’acheminement de l’aide : s’adapter en fonction des principes d’alignement et d’harmonisation
22Le DFID s’appuie sur un ensemble d’instruments pour acheminer son programme d’aide, allant du soutien budgétaire général et sectoriel, au soutien sectoriel inscrit dans le cadre d’une approche sectorielle et au soutien direct ; le nombre de projets indépendants diminue tandis que la mise en commun de fonds et l’aide aux organisations de la société civile augmentent. Le DFID est conscient que la combinaison optimale d’instruments de l’aide dépend de la situation et qu’il est possible d’œuvrer par l’intermédiaire des systèmes publics en place dans certains pays tandis que dans d’autres, il peut être nécessaire d’intervenir directement au niveau infranational ou local lorsque l’administration est défaillante dans le domaine de la gestion des finances publiques ou est incapable d’assurer efficacement les services de base. Lorsque les gouvernements se sont engagés à améliorer la gestion des finances publiques, le DFID préfère agir par l’intermédiaire des dispositifs publics nationaux afin de renforcer leurs capacités et favorise donc le soutien budgétaire général ou sectoriel. Lorsqu’il estime que les conditions le permettent, le DFID vise à accroître la part du soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté, comme l’illustre le cas de la Zambie (encadré 12).
Un rôle de premier plan dans la promotion du soutien budgétaire
23Le Royaume-Uni a de plus en plus recours à l’aide programme. Cette évolution s’est accompagnée de l’augmentation de la part du soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté [28] considéré par le DFID comme sanctionnant l’appropriation local et comme étant la façon la plus simple pour les donneurs de s’aligner sur les priorités du gouvernement bénéficiaire. Lorsque les conditions sont réunies, ce dernier est considéré comme l’instrument de l’aide le plus susceptible de contribuer à renforcer la transparence et les capacités de l’État et comme un outil efficace pour augmenter et transférer les ressources rapidement. Le Royaume-Uni est déjà un champion au sein du CAD pour ce qui est du soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté. Selon le DFID, 20.4 % de son programme d’aide bilatérale étaient acheminés par ce canal en 2004, contre 2.5 % pour la moyenne du CAD. Au Mozambique, en Éthiopie, au Rwanda et en Tanzanie, le soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté représente plus de 73 % des dépenses du DFID au titre des programmes pays.
Encadré 12. Le recours au soutien budgétaire général en Zambie
En donnant la prééminence au soutien budgétaire général, le DFID reconnaît prendre un risque calculé. Le système de gestion financière du gouvernement de la République de Zambie, s’il s’améliore, reste relativement défaillant, notamment en ce qui concerne la capacité du ministère des Finances à dégager des crédits budgétisés en temps voulu. Les ministères fonctionnels ont également beaucoup de mal à exécuter le budget qui leur est alloué. La corruption est toujours un risque. Le DFID souhaite déterminer si le soutien budgétaire général peut être effectivement utilisé en Zambie tout en servant d’incitation pour une amélioration de la performance des pouvoirs publics dans l’espoir d’encourager les autres donneurs à suivre son exemple.
D’autres donneurs ont recours au soutien budgétaire sectoriel et certains qui partagent les mêmes idées que le DFID utilisent progressivement le soutien budgétaire général. Pour la plupart des donneurs présents en Zambie, le soutien budgétaire général est un outil complémentaire et ils ne sont pas prêts à lui consacrer plus de 25 % de leur portefeuille d’activités, préférant s’appuyer sur un éventail d’instruments, notamment le soutien budgétaire sectoriel, qui correspondent mieux à l’idée qu’ils se font de l’aptitude du pays à gérer le soutien budgétaire général et des besoins locaux en matière de renforcement des capacités de base.
Selon les informations obtenues dans le pays, le fait que le DFID privilégie le soutien budgétaire (et les fonds communs sectoriels) pourrait avoir l’effet inattendu de diviser les donneurs en deux groupes. Cette situation est de nature à compromettre l’entente entre les donneurs, l’efficacité de l’aide et les résultats pour le développement. La reconnaissance par le DFID de la diversité de la coopération pour le développement et ses efforts pour faire de la place à des donneurs différents de lui peuvent contribuer à assurer la complémentarité de l’aide et une plus grande efficacité au service du développement.
Pour demeurer crédible, le soutien budgétaire général doit être lié à une amélioration régulière des tendances et des résultats du développement dans le pays considéré. Si les tendances et les résultats ne sont pas bons, le soutien budgétaire en pâtira également et les donneurs pourraient être déçus par cet important instrument de l’aide.
24Le soutien budgétaire élargi suppose que les autres donneurs adoptent ce type d’aide et que le DFID appuie une approche harmonisée par le biais de la participation active de ses bureaux locaux au dialogue avec les partenaires (gouvernements, société civile et autres donneurs). Les solides capacités d’analyse du DFID se révèlent fort utiles pour ce qui est des aspects macroéconomiques et techniques du dialogue donneurs-bénéficiaires et donnent du poids à ses arguments comme le montre le cas de la Zambie. La Division des politiques du DFID est très présente aussi dans le débat mondial sur les modalités de l’aide et, depuis 2001, elle s’est engagée à réunir davantage de données sur l’efficacité du soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté. Le DFID a participé à une évaluation conjointe du soutien budgétaire en Tanzanie dont il ressort que celui-ci joue un rôle important dans les domaines de la gestion macroéconomique, de la disponibilité des ressources budgétaires et de la gestion des finances publiques (ODI, 2005a). Le DFID a également conduit en 2005-2006 une évaluation conjointe de l’OCDE consacrée au soutien budgétaire général dans sept pays.
25Selon sa stratégie de 2004 concernant le soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté, le DFID recourt à présent au soutien budgétaire expressément dans le but de lier l’apport d’une aide financière au gouvernement partenaire à un engagement de ce dernier en faveur de la lutte contre la pauvreté (DFID, 2004b). La situation est donc évaluée en fonction de trois critères : i) les priorités budgétaires du pays appuient la lutte contre la pauvreté, ii) les autorités s’engagent à renforcer et à rendre fiable l’appareil administratif, technique et financier afin que les fonds concourent efficacement au recul de la pauvreté ; et iii) le soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté aura d’importantes retombées positives sur les autres formes d’acheminent de l’aide. Avant que la décision de fournir un soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté ne soit prise, le DFID procède à une évaluation approfondie du risque fiduciaire. La stratégie de 2004 du DFID sur la gestion du risque fiduciaire recommande l’adoption d’une approche qui a été approuvée par le National Audit Office et elle est complétée par une note d’orientation opérationnelle destinée à aider les agents des bureaux locaux participant à des évaluations du risque fiduciaire et à des programmes de réforme de la reddition de comptes et de la gestion des finances publiques (DFID, 2004c). Ces orientations devraient permettre au DFID de cerner efficacement les risques liés aux problèmes de gestion des finances publiques et aux problèmes macroéconomiques, ainsi que les problèmes de capacité. En outre, les enseignements tirés de l’expérience ont conduit le DFID à prévoir des activités de renforcement de la gestion des finances publiques parallèlement à ses programmes de soutien budgétaire.
26D’une façon plus générale, le DFID connaît les limites et les risques du soutien budgétaire au service de la lutte contre la pauvreté. Sa note d’orientation de 2004 s’appuie sur une comparaison préliminaire des résultats effectifs du soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté pour indiquer que : i) certains des avantages se font sentir à moyen terme et non immédiatement ; ii) peu des bénéfices attendus (appropriation locale ; alignement ; harmonisation) sont automatiques et des mesures complémentaires (assistance technique et dialogue sur les mesures à prendre) sont nécessaires ; iii) les donneurs poursuivent divers objectifs au travers du soutien budgétaire et une amélioration de la coordination serait de nature à accroître l’impact de l’aide ; et iv) le soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté est moins prévisible que l’on ne s’y attendait. L’expérience du Royaume-Uni montre en effet que le soutien budgétaire général est sensible aux évolutions politiques, demeure risqué et n’améliore pas automatiquement la gestion des finances publiques ; en outre, il n’a pas nécessairement un fort impact sur la lutte contre la pauvreté, comme en témoigne l’exemple récent de l’Ouganda [29]. En conséquence, alors que les prévisions du bureau local conduisaient le DFID à penser que la part du soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté dans son portefeuille d’activités passerait de 21 % de l’ensemble des dépenses au titre du programme pays en 2003-2004 à 30 % en 2005-2006, le DFID se montre prudent et ne souhaite pas fixer d’objectif prédéfini en termes de pourcentage de l’APD bilatérale du Royaume-Uni.
27Cependant, il est important que l’approche globale du DFID en matière de soutien budgétaire général s’applique de manière cohérente dans l’ensemble des pays partenaires comme faisant partie des instruments de l’aide disponibles et que l’on évite de préciser ou de sous-entendre que celui-ci est dans tous les cas l’instrument à privilégier. Il peut y avoir des objectifs contradictoires : d’une part, le soutien budgétaire général est un moyen de respecter le programme d’action en faveur de l’alignement et de l’harmonisation et d’aborder le problème interne du DFID qui souhaite accroître le volume de son aide en mobilisant moins de ressources ; d’autre part, le soutien budgétaire général comporte un risque fiduciaire puisque l’hypothèse sur laquelle il repose n’est pas toujours confirmée (à savoir, une plus grande prévisibilité des fonds associée à un dialogue sur les mesures à prendre plus soutenu à l’appui de la lutte contre la pauvreté et à un cadre de dépenses à moyen terme créent un cercle vertueux). Le DFID est encouragé à exploiter les résultats de l’évaluation conjointe du soutien budgétaire général pour examiner de quelle façon sa politique est mise en oeuvre dans les pays partenaires [30]. Le DFID devrait veiller à ce que ses orientations donnent à chacune de ses antennes sur le terrain suffisamment de souplesse pour définir la combinaison des modalités de l’aide qui conviennent le mieux au contexte particulier du pays considéré et s’assurer que le soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté n’est utilisé que lorsque les conditions sont réunies. Dans les pays partenaires, le DFID devrait également prendre soin de ne pas perdre de vue le contexte local de base et de ne pas centrer son attention uniquement sur les résultats lorsqu’il fournit un soutien budgétaire général, sans tenir compte des conditions locales. Enfin, le DFID pourrait élaborer une approche plus stratégique de la promotion du soutien budgétaire général dans la communauté des donneurs, en reconnaissant la pertinence des différentes façons d’assurer un soutien sectoriel tout en cherchant à mettre au point un cadre d’évaluation des performances harmonisé avec les donneurs qui participent au soutien budgétaire général, notamment la Commission européenne.
Le développement des capacités et la coopération technique
28Les capacités sont déterminantes pour accroître l’efficacité de l’aide et absorber de plus grands volumes d’aide puisqu’elles sont au cœur des trois grands objectifs étroitement liés entre eux que sont la réalisation des OMD, la mise en œuvre de la Déclaration de Paris et l’accroissement de l’aide. Le DFID reconnaît qu’il est essentiel de soutenir sur le long terme le développement des capacités. En réformant sa coopération technique, le DFID soutient les mesures suivantes : i) réforme de la passation de marchés par les gouvernements partenaires afin que ceux-ci puissent acheter des biens et des services non liés en utilisant de leurs propres systèmes ; ii) renforcement des efforts en vue d’améliorer la coordination de l’aide – le DFID participe de plus en plus à des opérations de mise en commun des moyens de financement de l’assistance technique avec d’autres donneurs, comme c’est déjà le cas en Éthiopie ; et iii) financement de consultants internationaux uniquement lorsque la demande est clairement exprimée par les pays partenaires et lorsqu’il n’y a pas d’experts nationaux dans l’administration publique susceptibles de fournir le même service efficacement à un moindre coût.
29La part de la coopération technique du Royaume-Uni recule depuis cinq ans et en 2004 elle représentait 9 % de l’APD du pays contre 21 % pour la moyenne des membres du CAD (tableau B.2). Des travaux d’analyse sont en cours pour déterminer comment assurer une coopération technique de meilleure qualité et plus transparente afin de promouvoir le renforcement de l’État à long terme. Le DFID reconnaît notamment que si les activités d’assistance technique dans le cadre du soutien budgétaire général ont des effets positifs, elles doivent être menées aux niveaux infranationaux pour répondre aux besoins de services. Le DFID joue encore un rôle de premier plan dans la définition et la fourniture de l’assistance technique, ce qui peut aller à l’encontre des principes d’appropriation par les pays partenaires et entraver le renforcement des capacités nationales. C’est un domaine où le DFID pourrait faire des progrès plus rapides. En outre, si la politique du DFID est conforme à la plupart des bonnes pratiques en matière de développement des capacités recensées par le CAD (OECD, 2005b), le Royaume-Uni devrait centrer son attention sur la cohérence des politiques dans la mesure où il est prioritaire de maintenir et de mobiliser les capacités existantes dans les pays en développement. Il est donc essentiel de mettre au point des stratégies cohérentes permettant de se reposer sur la diaspora et de réduire la fuite des cerveaux dans les pays en développement (chapitre 4). Il conviendrait aussi d’approfondir la réflexion sur la façon d’œuvrer en faveur du développement des capacités dans l’ensemble du programme.
Un rôle actif dans la promotion de l’harmonisation des donneurs
30Dans beaucoup de pays, le DFID travaille avec d’autres donneurs pour élaborer des stratégies conjointes d’aide pays. C’est le cas avec la Banque asiatique de développement au Népal, et en Zambie, l’initiative en faveur de l’harmonisation (Harmonisation in Practice) conduite par les membres du Nordic Plus Group (Norvège, Finlande, Suède, Danemark, Pays-Bas, Irlande et Royaume-Uni) s’est transformée en stratégie d’aide conjointe associant l’ensemble des donneurs. Au Népal, un ensemble commun d’orientations opérationnelles de base a été élaboré et approuvé par dix grands organismes donneurs. De nouveaux modes de collaboration et des pratiques novatrices sont mis au point par le biais de fonds multidonneurs, de partenariats conjoints, de bureaux partagés (Indonésie, Soudan), de partage d’experts sectoriels (Ghana, Rwanda) ou de coopération déléguée. Au Malawi par exemple, le DFID verse des fonds à l’USAID pour soutenir ses programmes en faveur de la démocratie et de la gouvernance et gère les fonds des Pays-bas pour le secteur de l’éducation. Au Rwanda, l’antenne locale du DFID fournit une assistance en faveur de l’éducation au nom du SIDA, l’organisme public suédois d’aide au développement.
31En plus de son rôle de premier plan dans la promotion des cadres conjoints d’analyse et compte tenu de sa volonté de mettre au point un cadre européen pour la programmation conjointe, le DFID devrait réexaminer l’état de ses propres travaux concernant les stratégies pays afin de veiller à une harmonisation complète et éviter toute duplication des travaux analytiques. Le DFID pourrait s’appuyer sur l’expérience acquise en Zambie dans l’élaboration de la stratégie commune d’aide qui doit remplacer le plan d’aide (CAP) du DFID. Le DFID pourrait aussi renforcer la tendance à la coopération déléguée, ce qui serait une nouvelle étape vers l’harmonisation et une réponse face aux restrictions budgétaires.
Suivi et évaluation/gestion au service des résultats
32Chaque bureau local doit rendre compte des résultats obtenus par l’intermédiaire du système de suivi type du DFID. Dans le cadre de la gestion du cycle des projets du DFID, une évaluation des programmes et projets d’une valeur d’au moins 1 million GBP est régulièrement entreprise, y compris dans le domaine du soutien budgétaire et des stratégies sectorielles. Il s’agit pour l’essentiel d’examens annuels qui évaluent les résultats obtenus et de rapports d’achèvement de projet. Les responsables des projets sont chargés de veiller à ce que ces examens obligatoires soient réalisés, les informations requises recueillies et l’évaluation effectuée et prise en compte dans le système PRISM une fois approuvée par le Chef du bureau. Le système PRISM permet ensuite aux gestionnaires des programmes pays d’avoir une vue d’ensemble du succès relatif des grands programmes de leur portefeuille d’activités et des domaines où les risques sont plus élevés. Une plus grande attention devrait être accordée à l’affectation des ressources et aux résultats directs du programme du Royaume-Uni afin d’avoir des informations en retour convaincantes sur l’impact de ces fonds, ce qui sera essentiel pour obtenir l’appui requis de l’opinion publique et des responsables politiques dans le contexte de l’augmentation de l’aide.
33Au Népal, compte tenu de la situation particulière du pays, un système de notification supplémentaire a été mis en place par le bureau local sous la forme d’un cadre de suivi du CAP constitué de trois éléments essentiels, à savoir : i) suivi de l’impact du conflit ; ii) suivi de l’évolution des questions d’intégration sociale et des moyens de subsistance et iii) suivi de la situation (notamment une matrice de risques). Même s’il est sans doute bon d’aller plus loin que le système type de notification des résultats du CAP compte tenu de la situation, le cadre actuel est coûteux et gourmand en temps et il semble lourd compte tenu des carences en matière de données et de la faiblesse du gouvernement partenaire. Il semble également qu’au Népal, il conviendrait de lier davantage les résultats au contenu et au mode de gestion des programmes et de renforcer le retour d’information sur la mise en œuvre des activités. Si le DFID s’est engagé à contribuer à la mise en place du système d’analyse et de suivi de la pauvreté au Népal, beaucoup reste à faire pour aligner le système de notification du DFID sur les cadres de suivi et d’évaluation des performances du pays partenaire. Le DFID pourrait davantage tirer profit de ses capacités techniques dans le pays pour tenter de convaincre les autres donneurs d’harmoniser les exigences en matière de suivi et de notification.
Considérations à prendre en compte pour l’avenir
- Le DFID est invité à poursuivre son évolution en faveur de bureaux locaux plus ciblés. En s’appuyant sur son haut niveau de décentralisation, le DFID est encouragé à continuer de se montrer souple en permettant à chaque pays de déterminer la panoplie appropriée d’instruments de l’aide compte tenu de la situation particulière à chacun.
- Le DFID est invité à clarifier sa politique en matière de conditionnalité de l’aide et à renforcer sa stratégie de communication sur les avantages du soutien budgétaire général et les risques fiduciaires. Il est encouragé à tirer profit des enseignements tirés de l’évaluation conjointe du soutien budgétaire général pour réexaminer la façon dont sa politique est appliquée dans les pays partenaires et, le cas échéant, à modifier sa note d’orientation afin de veiller à ce que le appui budgétaire général lui permette de promouvoir l’appropriation locale et la prévisibilité de l’aide et serve son objectif de réduction de la pauvreté.
- Le DFID est encouragé à ne pas seulement centrer son attention sur les ministères centraux des Finances et de la Planification mais aussi à nouer des relations avec les autorités sectorielles et les niveaux inférieurs d’administration. Pour ce faire, le DFID est encouragé à conserver les compétences appropriées dans ses secteurs prioritaires. Il est aussi proposé que le DFID renforce son approche stratégique de la société civile dans les pays afin d’assurer un contrôle local actif sur les actions prises à l’échelon central.
- Compte tenu de son adhésion à la Déclaration de Paris, le DFID devrait mettre en œuvre son Plan d’action à moyen terme et l’intégrer dans l’ensemble de ses activités.
Annexe A
Annexe B OCDE/CAD Statistiques sur les apports d’aide
Apports financiers totaux
Apports financiers totaux
APD par grandes catégories
APD par grandes catégories
Versements bruts d'APD bilatérale ventilable par région et groupe de revenu
Versements bruts d'APD bilatérale ventilable par région et groupe de revenu
Ventilation de l'APD bilatérale par objet principal
Ventilation de l'APD bilatérale par objet principal
APD nette des pays du CAD en 2004
APD nette des pays du CAD en 2004
Annexe C Évaluation de l’aide humanitaire du Royaume-Uni
35Les efforts du Royaume-Uni dans le domaine de l’aide humanitaire sont examinés ici conformément au Cadre d’évaluation de l’action humanitaire applicable lors des examens de l’aide, fondé sur les Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire. Six thèmes sont traités : (1) les politiques et les principes en matière d’aide humanitaire ; (2) l’organisation et la gestion ; (3) le volume et la répartition de l’aide ; (4) la cohérence des politiques ; (5) les questions transversales et les nouvelles problématiques ; (6) les considérations à prendre en compte pour l’avenir.
36Politiques et principes en matière d’aide humanitaire Rôle et situation de l’aide humanitaire dans le système d’APD
37L’action humanitaire occupe une place importante dans le système d’APD du Royaume-Uni, comme en témoignent le financement et les politiques qui lui sont consacrés, et l’attention que lui portent les responsables. Grâce à un énoncé de mission clair, à une impulsion politique affirmée et à une structure organique solide, le Royaume-Uni joue désormais un rôle de chef de file au niveau mondial dans les efforts déployés pour améliorer et réformer le système international d’aide humanitaire, et sa contribution au financement de cette dernière figure parmi les plus fortes. Les discours récemment prononcés par le ministre chargé du développement international au sujet des questions humanitaires soulignent ce rôle pilote, et l’aide humanitaire fera probablement partie des thèmes traités dans le livre blanc de 2006.
38La loi britannique sur le développement international, principal instrument juridique régissant l’utilisation de l’aide humanitaire, définit la façon dont celle-ci s’articule avec la coopération pour le développement. La priorité donnée aux questions humanitaires au niveau politique et l’importance que les responsables leur attachent ont fait ressortir la nécessité de mieux synchroniser aide humanitaire et coopération pour le développement. Si la première n’est pas censée contribuer à la réalisation des objectifs de lutte contre la pauvreté ou à l’instauration d’un développement durable, il est clairement reconnu que les questions humanitaires ont un lien avec les OMD, en particulier la cible consistant à réduire de moitié l’extrême pauvreté d’ici à 2015. Le Royaume-Uni estime que les catastrophes naturelles et les situations d’urgence complexes sont susceptibles de remettre profondément en cause les progrès du développement, point de vue également exprimé dans des déclarations de principe sur la sécurité et le développement, l’engagement dans les États fragiles et la réduction des risques de catastrophe (DFID, 2004d, DFID, 2005j, et DFID, 2005k). De plus, le DFID appréhende l’aide humanitaire dans l’optique de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide au développement, et son plan d’action à moyen terme sur l’efficacité de l’aide comprend l’initiative visant à réformer l’action humanitaire (DFID, 2005h).
39Le DFID est responsable des crédits d’APD destinés à l’aide humanitaire, lesquels sont utilisés pour soutenir les activités de prévention et de préparation, les interventions d’urgence et les efforts de redressement conformément aux Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire. Depuis le dernier examen par les pairs, le Royaume-Uni a mis en œuvre un ambitieux programme d’action en vue d’améliorer encore l’aptitude des systèmes national et international à répondre aux situations d’urgence de façon satisfaisante. Il comporte une actualisation et une extension du cadre dans lequel s’inscrit sa politique, le lancement d’un dispositif de réforme destiné au volet humanitaire de l’action des Nations unies, et des mesures de promotion des Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire.
40Définition d’un cadre pour une aide humanitaire fondée sur les principes établis
41Le Royaume-Uni aborde les questions humanitaires selon une approche stratégique solide. A partir de 1999, la mise en œuvre de son aide humanitaire s’est appuyée sur une politique formelle [31]. Partant des enseignements tirés de l’application de cette politique et d’évaluations externes, il a engagé un processus dont le but est de renforcer encore le cadre dans lequel s’inscrivent ses efforts d’aide humanitaire. En 2003, il a entériné les « Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire » et adopté peu après un plan national de mise en œuvre. En 2005-06, après la tenue de vastes consultations auxquelles ont été associés tant l’administration britannique dans son ensemble que les partenaires chargés de l’exécution, le DFID a défini et adopté une politique humanitaire globale qui actualise les orientations et normes précédemment appliquées. Inspirée des Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire, cette nouvelle politique tient compte du fait que les situations d’urgence ont aujourd’hui changé dans leur nature et leur ampleur et sont devenues plus complexes, tout en les situant dans un contexte politique.
42Le fait d’avoir à répondre à des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et aux effets de plus en plus graves a conduit le Royaume-Uni à adopter une approche stratégique de la réduction des risques de catastrophe. Le livre blanc de 1997 sur le développement reconnaissait que la vulnérabilité face aux catastrophes d’origine naturelle et humaine avait un lien avec la pauvreté et chargeait le DFID d’intégrer la préparation à ces phénomènes et leur prévention dans la programmation des activités de développement. En 2004, le DFID a demandé la réalisation d’une étude exploratoire sur la réduction des risques de catastrophe, en vue d’examiner l’incidence des catastrophes naturelles sur les populations pauvres, le développement et les progrès vers la réalisation des OMD. Cette étude montre que ces catastrophes trouvent souvent leur origine dans les défaillances du développement et explique pourquoi la coopération pour le développement a tendance à méconnaître la nécessité de les prévenir. Le DFID a ensuite défini une politique de réduction des risques de catastrophe et un plan de mise en œuvre qui ont été adoptés par son Comité du développement en novembre 2005. Ce dernier a estimé que, s’il fallait effectivement porter davantage l’attention sur la réduction des risques, ce thème de travail ne devait pas être imposé à tous les bureaux locaux, mais traité essentiellement par ceux qui se trouvaient dans les pays les plus exposés à des catastrophes. La politique de réduction des risques de catastrophe, de même que les éléments du livre blanc de 2006 du DFID qui se rapportent à l’aide humanitaire et la politique humanitaire globale récemment adoptée, seront bientôt réexaminés par le Parlement de façon à les réunir dans un seul et unique cadre stratégique pour l’ensemble de l’action humanitaire (encadré 13).
Encadré 13. Cadre stratégique du DFID pour l'action humanitaire
Le livre blanc de 2006, essentiellement consacré à la lutte contre la pauvreté, présentera des idées sur les moyens de réformer le système international, afin de pouvoir mener à bien l’action humanitaire dans les pays en développement et y assurer la sécurité, ainsi que prévenir les conflits et la fragilisation de l’appareil d’État.
La politique humanitaire globale, exposée dans un document intitulé « Saving lives, relieving suffering, protecting dignity » (sauver des vies, soulager la souffrance, préserver la dignité), vise principalement trois objectifs : i) améliorer l’efficacité des interventions humanitaires ; ii) respecter les Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire et assurer un financement suffisant et prévisible selon des modalités souples et en tenant compte des besoins, iii) atténuer les risques et l’extrême vulnérabilité.
43Cette politique repose sur les quatre principes fondamentaux qui doivent guider l’action humanitaire, à savoir l’humanité, l’impartialité, la neutralité et l’indépendance. Elle reconnaît la mission qui incombe aux organismes et systèmes chargés de l’exécution d’assurer une coordination efficace, et souligne tout particulièrement la nécessité de renforcer l’évaluation des besoins et de veiller à ce que le financement soit prévisible et bien adapté. Elle exprime aussi des prises de position sur certaines questions, comme le rôle de l’armée dans l’action humanitaire, l’aide alimentaire et les nouvelles modalités d’aide telles que la mise en commun de fonds. Renforcer la protection juridique et politique des civils et le respect du principe de la responsabilité de protéger est considéré comme une priorité particulière.
44Le document d’orientation sur la réduction des risques de catastrophe présente une vue d’ensemble des liens entre pauvreté, vulnérabilité de plus en plus grande face aux catastrophes et exposition croissante à celles-ci. Il indique les motifs qui justifient l’investissement dans la réduction des risques de catastrophe et énonce les domaines d’intervention. L’application de cette démarche se traduit par l’intégration de mesures visant à la préparation aux catastrophes et à l’atténuation de leurs effets dans la programmation des activités de coopération pour le développement. Les domaines d’intervention sont au nombre de trois : i) soutien aux efforts mondiaux de réduction des risques de catastrophe (déployés sous l’égide des Nations unies et à travers la mise en œuvre du Cadre d’action de Hyogo adopté en 2005) ; ii) soutien des efforts de réduction des risques de catastrophe à l’échelon des pays et au niveau régional par la hiérarchisation des priorités des plans d’aide par pays existants ; iii) utilisation des interventions d’urgence comme un instrument de la lutte contre la vulnérabilité.
45L’application de ce nouveau cadre stratégique permettra de renforcer encore la mise en œuvre d’une aide conforme aux principes établis et la cohérence entre les diverses composantes de l’administration britannique. Les politiques d’aide humanitaire et de réduction des risques de catastrophe définies par le DFID constituent une excellente démarche pour aborder de manière globale la prévention des catastrophes, la préparation à celles-ci et les interventions d’urgence. Toutefois, certains de leurs éléments, comme les questions concernant la transition et le redressement, mériteraient peut-être de retenir davantage l’attention. Le Royaume-Uni est encouragé à appliquer résolument les nouvelles politiques, notamment le plan national de mise en œuvre des Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire. Enfin, le récent processus de consultation a contribué à une meilleure compréhension des questions humanitaires au niveau des services centraux, mais il faudrait maintenant privilégier les efforts visant à mieux faire connaître, sur le terrain, la nouvelle politique et les Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire.
46Promouvoir et soutenir la réforme du système humanitaire international
47Le Royaume-Uni est l’une des principales sources d’aide humanitaire et l’un des acteurs essentiels de la réforme du système d’aide humanitaire mondial. Il unit ses efforts à ceux de donneurs partageant les mêmes valeurs pour plaider en faveur d’une transformation de l’architecture internationale de l’aide humanitaire. A cette fin, il a défini un programme d’action en six points :
- Mettre en place le Fonds central d’intervention d’urgence des Nations unies (CERF).
- Renforcer les responsabilités des coordonnateurs de l’action humanitaire des Nations unies à l’échelon local.
- Intensifier l’élaboration de Plans d’action humanitaire communs (CHAP) et de dispositifs de mise en commun de fonds à l’échelon local.
- Définir des critères de référence pour le suivi des efforts déployés et de la reddition de comptes.
- Élever les niveaux de financement pour pouvoir prendre en charge les situations d’urgence oubliées.
- Augmenter les crédits affectés à la réduction des risques de catastrophe.
48Le Royaume-Uni a déjà joué un rôle fructueux dans la création du CERF [32]. Il a également à son actif la participation à la création d’un fonds humanitaire commun pour la République démocratique du Congo et le Soudan. Il est indispensable que, dans l’exécution de ce programme de réforme, le Royaume-Uni travaille en coopération étroite avec les autres donneurs. Il devrait donc faire des efforts particuliers pour s’associer à d’autres donneurs que ceux du groupe partageant les mêmes valeurs. Étudier de façon suivie les résultats de l’action des organismes bilatéraux et œuvrer pour en améliorer l’efficacité n’en demeureront pas moins une tâche particulièrement ambitieuse (voir Chapitre 2, section intitulée « Un rôle de chef de file au niveau international pour le DFID dans la promotion de l’efficacité de l’aide multilatérale »).
49Agir sur les performances collectives des donneurs – Promouvoir les Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire
50Le Royaume-Uni est conscient que les donneurs ont un rôle déterminant à jouer dans la mobilisation, en temps utile et selon des modalités souples, d’un financement tenant compte des besoins, et qu’il est par conséquent important de s’employer à améliorer les performances collectives des donneurs en la matière. Depuis 2005, il préside le groupe chargé de la mise en œuvre des Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire. Ce dernier a élaboré un plan de travail conjoint dont les principaux axes sont les suivants :
- Déterminer les priorités de l’action visant à assurer l’application par les donneurs de bonnes pratiques sur le terrain.
- Faire en sorte que le financement soit plus conforme aux besoins, assuré selon des modalités plus souples et davantage prévisible.
- Intensifier le suivi des apports d’aide publique.
- Harmoniser les modalités de notification aux donneurs.
- Déterminer l’incidence des Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire sur les politiques et les pratiques en matière d’action humanitaire.
- Assurer une plus grande cohérence entre les donneurs dans la prise en charge des crises qui durent.
- Sensibiliser davantage les donneurs et les ONG aux Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire et les encourager à y adhérer.
51Étant donné que bon nombre de ces objectifs liés aux Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire coïncident avec ceux du programme de réforme de l’action humanitaire défini par le Royaume-Uni, le DFID doit éviter de donner l’impression qu’il s’emploie à répondre à ses propres préoccupations sous le couvert des Principes et bonnes pratiques. Les priorités afférentes à ces derniers concernent certes en grande partie des questions qui intéressent avant tout les services centraux (comme les règles à suivre pour le financement), mais davantage d’efforts s’imposent pour les porter sur le terrain. L’association à d’autres donneurs que ceux du groupe partageant les mêmes valeurs sera là encore essentielle pour pouvoir obtenir des résultats à l’échelon local.
52Organisation et gestion Le système de gestion et de conseil pour l’action humanitaire
53Le fait que le DFID constitue désormais un ministère à part entière doté d’un portefeuille important lui confère un avantage sur le plan pratique et lui permet de disposer d’une assise et de mécanismes plus solides pour dispenser une aide humanitaire fondée sur les principes établis. Celle-ci est gérée par deux services de premier plan, à savoir le Département de la prévention des conflits, de l’aide humanitaire et de la sécurité (CHASE) et l’Unité de la prévention des conflits et de l’aide humanitaire pour l’Afrique (ACHU), qui se situent tous deux au siège du DFID à Londres. Parmi les autres instances qui participent directement ou indirectement à l’action humanitaire figurent le ministère des Affaires étrangères (FCO), le ministère de la Défense (MOD), le Bureau du Cabinet et les missions diplomatiques du Royaume-Uni.
54Le CHASE fait partie de la Division ONU, conflits et aide humanitaire et possède un effectif de 52 agents. Il comprend quatre équipes spécialisées : i) politique humanitaire ; ii) interventions humanitaires et réduction des risques ; iii) conflits ; iv) sécurité et justice. Celles-ci assurent l’élaboration, le suivi et le soutien des politiques dans les domaines suivants :
- la préparation aux interventions d’urgence et les mécanismes de planification des mesures d’urgence.
- les initiatives visant à réduire la vulnérabilité face aux catastrophes.
- l’utilisation des moyens militaires pour le travail humanitaire.
- la prévention et le règlement des conflits.
- les questions relatives aux réfugiés et aux migrations forcées.
- les droits humains dans les situations de conflit.
55Le CHASE est également responsable des situations d’urgence d’apparition brutale. Son équipe chargée des opérations (CHAD-OT) possède une réserve d’intervention au siège du DFID et peut mobiliser le savoir-faire de spécialistes de la logistique, de la recherche et du sauvetage, de la santé, de la nutrition, de l’eau et de l’assainissement, ainsi que de la conception technique des abris de secours. Le personnel de la CHAD-OT peut recevoir le concours de spécialistes de l’action humanitaire sous contrat. Les divisions régionales jouent à cet égard un rôle essentiel et il est important que le CHASE collabore étroitement avec elles, afin de parvenir à des points de vue communs dans l’analyse et la planification.
56Outre son système de financement des interventions d’urgence, le CHASE gère un fonds de prévention des conflits et d’aide humanitaire pour les organisations de la société civile spécialisées dans la prévention des conflits et/ou des catastrophes naturelles et la prise en charge de leurs conséquences. Les lignes directrices y afférentes énoncent les domaines sur lesquels doivent porter en priorité l’action humanitaire et les projets et programmes de réduction des risques de catastrophe.
57Le CHASE est en outre chargé d’affecter des équipes à la réalisation d’évaluations des besoins ou à leur vérification et dispose des moyens requis pour ce faire. Cette fonction peut également être remplie par les bureaux locaux et un guide de l’intervention dans les situations d’urgence d’apparition brutale a été élaboré à cette fin (DFID, 2003). Celui-ci explique comment les missions peuvent contribuer à assurer l’efficacité et l’efficience des interventions humanitaires, et présente une vue d’ensemble du système d’intervention du Royaume-Uni, notamment de ses acteurs de premier plan et des principales modalités d’évaluation de l’ampleur des catastrophes.
58Unité spécialisée de la Division Afrique, l’ACHU est chargée des programmes humanitaires à l’échelon régional et local. Il s’agit, au sein des divisions régionales du DFID, du seul service qui s’occupe de l’action humanitaire, son rôle étant de gérer la réponse à la demande humanitaire croissante qui se manifeste en Afrique. L’ACHU possède un effectif de 10 agents répartis entre trois bureaux régionaux (Afrique occidentale, Afrique orientale et centrale et Afrique australe). Elle se penche aussi sur les questions concernant les conflits armés. Le caractère complémentaire des missions respectives du CHASE et de l’ACHU peut être source de confusion pour les agents en poste sur le terrain. Il est donc important de définir des lignes directrices précises sur les activités qui incombent à chacun d’eux et de répartir clairement les responsabilités y afférentes. Un mécanisme a été mis en place en vue de coordonner les deux services qui peuvent ainsi tenir des consultations régulières. Le rôle de la programmation de la réduction des risques de catastrophe, s’agissant tant de la prise en compte systématique de cette préoccupation que de la conduite d’activités spécifiques, est une question qui mérite, semble-t-il, d’être encore éclaircie.
59Les questions humanitaires exigent une bonne coordination entre les diverses composantes de l’administration britannique, et tout particulièrement avec le FCO et le ministère de la Défense (MOD). Cette coordination est essentielle pour pouvoir améliorer en permanence l’efficacité de l’action humanitaire. Des travaux ont été engagés en vue de déterminer de façon formelle le rôle de tous les acteurs, et un mémorandum d’accord interministériel sur les relations entre civils et militaires sera bientôt élaboré. Néanmoins, la répartition des fonctions entre le DFID, le FCO et le MOD pourrait être précisée et la communication entre eux améliorée, notamment en ce qui concerne les États fragiles et les relations entre civils et militaires. Il y a lieu d’être plus attentif à la nécessité de bien cerner les rôles et les responsabilités s’agissant de la concrétisation du droit à la protection, et de parvenir à un consensus sur la démarche à suivre pour l’assurer. La résolution de ce problème ne saurait relever du seul DFID.
60Les situations de transition posent des problèmes particuliers pour la synchronisation de l’aide humanitaire et des activités de coopération pour le développement. Malgré l’absence de règles détaillées concernant les moyens d’articuler les stratégies de redressement avec ces activités, le DFID a souvent joué un grand rôle sur ce plan, à l’échelon local, dans des situations d’urgence complexes et après la survenue de catastrophes naturelles. Dans le cas des situations d’urgence qui se prolongent, le DFID s’appuie sur ses équipes-pays décentralisées pour dispenser l’aide humanitaire, ce qui permet de mieux synchroniser l’action humanitaire et les efforts de coopération pour le développement. Des dispositifs financiers à plus long terme ont été mis en place pour les besoins de situations de transition, comme les accords de partenariat décennaux qui ont été signés avec la Sierra Leone en 2002, le Rwanda en 2005 et l’Afghanistan en 2006.
61Si, au sein du DFID, la dimension de l’aide humanitaire qui a trait aux orientations est bien définie, il n’en reste pas moins que l’atout essentiel de son système d’aide humanitaire réside dans les compétences de son personnel et leur utilisation stratégique, en particulier celles de ses conseillers pour les questions concernant l’action humanitaire et les moyens de subsistance. Toutefois, avec les compressions d’effectifs en cours, il va être difficile de faire face aux attentes croissantes qui s’expriment sur le plan interne et à l’extérieur dans le domaine de l’aide humanitaire. Le nouveau cadre stratégique reconnaît d’ailleurs que, pour pouvoir prendre des décisions efficaces, il faut avoir les moyens de porter des jugements éclairés. Le DFID devrait s’attacher à assurer l’existence et le développement de solides services spécialisés dans les questions humanitaires. L’accessibilité de ces derniers à la planification de la coopération pour le développement sera essentielle tant pour faire progresser les efforts de réduction des risques de catastrophe qu’aux fins de l’engagement dans de nouveaux pays partenaires (comme la RDC), de l’élaboration de stratégies globales de développement, par exemple pour les États fragiles (comme le Soudan), ou de la gestion des situations de transition (comme en Afghanistan). Le recours à des conseillers spécialisés dans les questions nationales/régionales et stratégiques sera indispensable pour la définition de mesures qui permettent de répondre efficacement aux situations d’urgence prolongées dont les causes sont structurelles.
62Le rôle des conseillers pour les questions concernant l’aide humanitaire et les moyens de subsistance s’est révélé utile aux niveaux régional et national, tant pour définir des conceptions communes que pour passer de la théorie à la pratique. Forts de l’appui redoublé qui leur a été assuré à l’échelon régional et de la part des services centraux, les conseillers en poste sur le terrain ont contribué de manière déterminante à améliorer l’efficacité et l’efficience de l’aide humanitaire en général, surtout lorsqu’il s’est agi de répondre à des situations d’urgence prévisibles et d’apparition progressive en Afrique. Les possibilités d’utilisation et d’affectation des conseillers pour les questions régionales pourraient être examinées de façon plus approfondie. Afin de tirer des enseignements de cette expérience et de renforcer encore le rôle des conseillers pour les questions nationales et régionales, le DFID pourrait envisager d’évaluer l’impact des fonctions que ces derniers remplissent.
63Activités sur le terrain
64Le degré de décentralisation qui caractérise le système du DFID se reflète aussi dans la programmation de son aide humanitaire, marquée par un effort important de délégation au profit du terrain. Afin de suivre une approche davantage fondée sur les besoins et d’encourager l’harmonisation et l’alignement dans les situations d’urgence complexes, le Royaume-Uni a défini des programmes humanitaires nationaux et régionaux qui s’inspirent souvent des Plans d’action humanitaire communs des Nations unies (CHAP). Il a jouté un rôle utile dans l’instauration de nouvelles modalités d’aide humanitaire, comme la mise en commun de fonds à l’échelon local en vue d’une harmonisation plus grande des approches suivies dans ce domaine.
65Le programme d’aide humanitaire du DFID se distingue notamment par l’approche à long terme assez ouverte sur laquelle il s’appuie en ce qui concerne la sécurité alimentaire. Les interventions organisées par le Royaume-Uni pour répondre à des crises alimentaires cycliques ou d’apparition progressive l’ont amené à réexaminer les modalités de son engagement et à compléter son action par une approche plus vaste de la question des moyens de subsistance. Celle-ci consiste, entre autres, à appuyer les stratégies de réduction des risques de catastrophe définies et prises en charge par les pays (encadré 14).
Encadré 14. Faire face à l’insécurité alimentaire en Afrique australe
Le Royaume-Uni est considéré comme un important dispensateur d’aide, capable de mobiliser en temps voulu et selon des modalités souples un financement correspondant aux besoins humanitaires de la région. L’intervention qu’il a effectuée avec un apport de 120 millions GBP a fait l’objet, en 2003, d’un examen dont il est essentiellement ressorti qu’il fallait améliorer l’évaluation des besoins, ainsi que le suivi et la logistique, et tenir compte de la nécessité d’assurer à terme l’instauration de moyens d’existence durables. Il est admis que l’aide alimentaire constitue une forme primordiale de réponse aux besoins humanitaires, mais les mesures complémentaires visant à remédier aux conséquences négatives de l’aide alimentaire, comme les effets de distorsion qui s’exercent sur les marchés, et à briser le cercle vicieux de la dépendance, retiennent davantage l’attention. Grâce à des bureaux locaux dynamiques et à une utilisation efficace des compétences des conseillers pour les questions concernant l’aide humanitaire et les moyens de subsistance, de nouvelles méthodes de réduction des risques de catastrophe ont été élaborées, dont celle des « filets de sécurité » et des transferts monétaires. Des efforts ont aussi été fait pour passer progressivement, en vue de faire face aux famines chroniques prévisibles, de la fourniture de secours à l’apport, dans le cadre d’un dispositif pluriannuel, d’un volume stable de ressources par l’intermédiaire des administrations nationales en liaison avec les secours humanitaires. Le souci du DFID de lutter contre l’insécurité alimentaire est également exprimé dans le plan d’action du G8 visant à combattre la famine en Afrique, conformément à l’OMD1 qui porte tout particulièrement sur l’insécurité alimentaire. Depuis 2005, le DFID s’est engagé à apporter un complément de 67 millions GBP pour répondre à la crise qui sévit en Afrique australe. Les principaux bénéficiaires au niveau bilatéral sont le Zimbabwe (40 millions GBP) et le Malawi (20 millions GBP).
A propos du Malawi : l’un des pays les plus pauvres du monde, le Malawi est aussi le plus densément peuplé et tributaire de l’agriculture pluviale. Malgré les importants investissements qui ont été effectués dans le cadre de la coopération pour le développement, la vulnérabilité face aux chocs qui touchent l’approvisionnement alimentaire s’est accentuée et les familles sont de plus en plus incapables d’y résister, même lorsqu’ils sont peu importants. En 2005-06, près de 50 % de la population étaient en danger si les récoltes étaient mauvaises, le prix des denrées de première nécessité élevé, le rendement des cultures commerciales faible et les possibilités d’emploi restreintes. On estime qu’une aide doit être apportée à un tiers de la population pour lui permettre de répondre à ses besoins alimentaires. L’aggravation de la vulnérabilité est due à une mauvaise gestion macroéconomique, une insuffisance de la production liée aux intempéries, aux pressions démographiques et à l’impact de l’épidémie de VIH/sida. La crise de 2001-03 a montré que le système national de gestion des catastrophes du Malawi était dépourvu des moyens institutionnels nécessaires pour faire face à ces dernières de manière satisfaisante, et un programme conjoint associant les pouvoirs publics, les donneurs ainsi que les organismes d’exécution et des ONG a été mis en place en vue de remédier à cette situation. Si celui-ci n’a été créé qu’à titre temporaire, il n’en demeure pas moins un mécanisme de coordination et de programmation essentiel.
En 2005/06, le DFID a fourni 21.38 millions GBP pour les interventions humanitaires. Sur cette somme, 18.38 millions GBP (86 %) ont été dégagés au moyen d’une réaffectation des crédits destinés au programme consacré par le DFID au Malawi, les 3 millions GBP restants ayant été apportés par l’Africa Humanitarian Reserve du DFID. Ce dernier considère l’insécurité alimentaire qui sévit au Malawi comme un problème chronique et largement prévisible, et a pris par conséquent des dispositions au niveau des instances dirigeantes en vue de renforcer les capacités dont disposent les pouvoirs publics. La stabilité macroéconomique et la croissance sont deux objectifs stratégiques de premier plan. Le DFID a donc décidé de recourir à deux méthodes complémentaires consistant respectivement à distribuer gratuitement des semences et des engrais afin d’améliorer la production et/ou à fournir de la nourriture/des fonds sans contrepartie ou en échange d’une participation à des programmes de travaux publics. Si cette démarche a été fructueuse à bien des égards, elle n’a pas été suffisante pour améliorer la sécurité alimentaire à moyen terme, et les secours humanitaires sont toujours nécessaires.
Afin que ses interventions humanitaires sous forme d’aide alimentaire soient efficaces par rapport à leur coût, le DFID a décidé de déroger à l’approche multilatérale classique en créant le Government Voucher Scheme (dispositif permettant aux pouvoirs publics de prendre en charge environ 45 % de la distribution alimentaire), destiné à compléter la distribution assurée par le Programme alimentaire mondial (PAM). Il incombe à ce dernier de distribuer le reste de l’aide dans les régions les plus gravement touchées. Cette approche a certes été sujette à controverse et il lui a été reproché d’entraîner une « bilatéralisation » des activités multilatérales, mais la persévérance dont le DFID a fait preuve dans l’application du mode d’acheminement choisi a porté ses fruits puisque celui-ci a permis d’économiser quelque 30 millions USD. Le Malawi a ainsi pu distribuer un supplément de 70 000 tonnes de nourriture et organiser lui-même des opérations de secours. Mais cette expérience fait aussi ressortir la nécessité de prendre en compte la question de la discipline budgétaire, de la reddition de comptes et de la transparence.
L’approche nouvelle des « filets de sécurité » consiste à mettre en place un système de transferts prévisibles gratuits ou subordonnés à la participation à des programmes de travaux publics. Les « filets de sécurité » sont élaborés selon des règles déterminées par les pouvoirs publics conformément à la stratégie de lutte contre la pauvreté et de croissance du pays. Le DFID estime que les transferts directs contribueront à la réalisation d’autres OMD (par exemple, des cibles relatives à la santé et à l’éducation) et stimuleront la croissance agricole et le développement des marchés. Afin de remédier au manque de moyens qui empêche les pouvoirs publics de jouer pleinement leur rôle directeur, le DFID a investi dans le renforcement des capacités aux niveaux national et régional. La gestion de cette démarche au sein de ce ministère permet de superviser en même temps l’aide humanitaire et l’aide au développement, ce qui contribue à la cohérence de la programmation de l’aide.
Le Royaume-Uni joue un rôle essentiel aux niveaux national et multilatéral dans la lutte contre l’insécurité alimentaire en Afrique australe et, à cette fin, il s’est écarté avec succès des modalités classiques de prise en charge des crises alimentaires, notamment en soutenant des approches complémentaires, ce qui s’est traduit par une amélioration de l’efficience et de l’efficacité dans l’acheminement de l’aide alimentaire. Toutefois, le DFID doit être attentif au risque de « bilatéralisation » de la mise en œuvre de l’aide multilatérale, et s’attacher à éviter de faire passer sa propre démarche sous le couvert d’une prise en charge par les pouvoirs publics des pays. Il reste à savoir comment mettre à profit cette expérience pour améliorer l’ensemble du système. Les « filets de sécurité » permettent d’assurer l’alignement des donneurs et créent des possibilités d’harmonisation. Il sera indispensable d’adopter une approche stratégique à l’égard des autres donneurs pour mobiliser leur soutien en faveur du renforcement des capacités. L’expérience du Government Voucher Scheme devrait être évaluée et les enseignements dégagés pris en compte dans le programme de réforme de l’aide humanitaire et les travaux du DFID sur l’efficacité de l’aide multilatérale. Les transferts monétaires ne seront efficaces que s’il existe des structures de marché, et des mécanismes d’évaluation en temps réel devront être utilisés pour en déterminer les effets et effectuer des ajustements. L’application d’une approche humanitaire s’imposera tant que le renforcement des capacités des pouvoirs publics en matière de secours demeurera un problème. La dimension régionale de la démarche suivie par le Royaume-Uni pourrait être encore étoffée.
66Promouvoir l’apprentissage et la reddition de comptes
67L’Accord de service public du DFID (Public Service Agreement, voir texte principal, chapitre 1) ne fait pas directement état de l’aide humanitaire, mais ce dernier y a fait figurer des objectifs qui se rapportent aux Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire. Ceux-ci consistent notamment à relever les niveaux de financement de la Procédure d’appel global des Nations unies (PAG), à appliquer les méthodes d’évaluation des besoins des Nations unies et à évaluer 100 % de la prise en charge des situations d’urgence. Le National Audit Office (NAO) examine les dépenses publiques au nom du Parlement. En 2003, il lui a été demandé d’analyser, dans un rapport, l’efficacité des mesures de secours prises par le DFID, l’intégration des interventions d’urgence dans les initiatives de développement et les stratégies de réduction des risques de catastrophe (NAO, 2003). Les auteurs du rapport ont constaté que le système animé par le DFID fonctionnait bien, mais ils ont formulé des recommandations concernant la gestion, l’articulation des opérations de secours avec les activités de développement et les travaux sur la réduction des risques de catastrophe et la prévention. Le DFID a tenu compte de la plupart de ces recommandations, mais ses efforts devraient être poursuivis dans le domaine de la coordination interministérielle et des approches de la transition. Afin de répondre à l’objectif d’évaluer 100 % de la prise en charge des situations d’urgence, le DFID devra effectuer davantage d’évaluations conjointes avec d’autres donneurs. Il devrait en outre étudier la possibilité de faire un plus grand usage de l’évaluation en temps réel, surtout pour les programmes concernant la sécurité alimentaire.
68Le Royaume-Uni a entrepris de renforcer la reddition de comptes sur son programme humanitaire et la transparence de celui-ci. Les mécanismes de notification interne de l’aide humanitaire sont clairs et des informations sur tous les apports de fonds afférents à cette dernière sont fournies selon le système en 14 points de l’Union européenne et transmises au Système de suivi des flux financiers de l’OCHA. Comme il exerce la présidence du groupe chargé de la mise en œuvre des Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire, il participe aussi activement aux initiatives en cours visant à améliorer l’établissement des rapports statistiques destinés au CAD.
69Volume et répartition de l’aide Un donneur important par le volume de son aide et son rôle dans la mise en œuvre
70Selon les données des Nations unies, le Royaume-Uni occupait en 2005 le troisième rang pour sa contribution à l’action humanitaire au niveau bilatéral (OCHA, 2005a). Les apports financiers du DFID au titre de l’aide humanitaire sont réputés pour être fondés sur les besoins, assurés selon des modalités souples, ainsi que prévisibles. Selon les statistiques de ce ministère, des versements d’aide humanitaire ont représenté au total 437 millions GBP en 2004-05, ce qui équivaut à peu près à 10 % de son APD totale.
71D’après les données du CAD, les apports du Royaume-Uni au titre des « Secours d’urgence » ont atteint au total 456 millions USD, soit 6 % de son APD totale en 2004. Depuis 1996, le Royaume-Uni a notifié en moyenne 6.4 % de son APD totale dans la rubrique des secours d’urgence. C’est pour 2003 que la part de ces derniers dans l’APD totale a été la plus forte (9 %). Les dépenses consacrées à l’aide aux réfugiés pendant leurs douze premiers mois de séjour dans un pays développé ne sont pas comprises dans l’APD notifiée par le Royaume-Uni. Les versements d’aide humanitaire sont tombés de 565 millions USD en 2003 à 456 millions USD en 2004.
72Les données provenant du Système de suivi des flux financiers de l’OCHA indiquent que le Royaume-Uni a assuré 4.3 % (530 millions USD) du financement global de l’aide humanitaire en 2005 (OCHA, 2005a). Celui-ci a également renforcé son soutien à la Procédure d’appel global des Nations unies, qui est passé de 97 millions USD en 2000 à 233 millions USD en 2005, venant ainsi se classer pour cette dernière année au troisième rang des donneurs contribuant à la PAG (OCHA, 2005b, 2005c). Le Royaume-Uni apporte en outre près de 20 % du budget de l’Office d’aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO). Cependant, compte tenu de ses capacités nationales et du niveau de son APD, sa contribution au financement de l’action humanitaire pourrait être encore accrue. Alors qu’il procède à une intensification de son effort d’APD conformément à l’engagement qu’il a pris dans le cadre de l’Union européenne, le Royaume-Uni devrait faire en sorte que son aide humanitaire conserve les mêmes proportions qu’à l’heure actuelle, dans l’hypothèse où les besoins en matière d’action humanitaire se maintiennent à un niveau semblable.
73Le Royaume-Uni est conscient de la nécessité d’un partage international plus large du fardeau que représente le financement de l’action humanitaire. Il s’est employé avec succès à susciter l’adhésion à la mise en place du Fonds central d’intervention d’urgence (CERF), qui permet de répondre aux crises humanitaires de façon plus prévisible et en temps plus opportun. Une association stratégique avec les donneurs membres du CAD qui sont convenus d’intensifier leur effort d’APD constituerait un bon moyen de mobiliser de nouvelles ressources pour l’action humanitaire. En outre, afin de mieux expliquer au grand public comment l’efficience des contributions peut être accrue, le DFID a publié et largement diffusé une brochure contenant des informations sur l’aide humanitaire et les organismes d’exécution (DFID, 2005l).
74Principes régissant l’affectation des crédits d’aide humanitaire
75Le DFID manifeste un attachement très vif au principe du financement impartial fondé sur les besoins. Selon sa politique, l’évaluation des besoins devrait constituer le principal outil de référence pour déterminer l’importance et la nature de l’intervention à effectuer, et cerner les mesures les plus adaptées pour l’acheminement et la mise en œuvre de l’aide. Le DFID applique ce principe fondamental de façon générale, mais le Royaume-Uni y a fortement dérogé avec les fonds affectés en 2003-04 aux activités menées en Irak (voir section suivante sur la « Cohérence des politiques »).
76Le DFID considère l’évaluation des besoins comme essentielle tant pour assurer l’efficacité et l’efficience du ciblage et de la conception des interventions, que pour en suivre la mise en œuvre et en mesurer l’impact. Des études internes et extérieures lui ont permis de constater que les interventions humanitaires reflétaient rarement de façon directe les besoins humanitaires. Une analyse interne des crédits qu’il a affectés aux situations d’urgence montre que ses contributions à la prise en charge de situations d’urgence en Europe ont été cinq fois plus élevées que celles qui ont été destinées au même usage en Afrique. Ce constat n’est pas spécifique au Royaume-Uni, mais témoigne du problème plus général du caractère inégal des interventions, qui tient en partie à l’absence de règles uniformes pour le recensement et l’analyse des besoins humanitaires. Le DFID a réagi en renforçant les mesures visant à améliorer la qualité de l’évaluation des besoins (encadré 15). L’aide humanitaire que celui-ci dispense s’appuie sur un autre principe fondamental qui est de « ne pas nuire », c’est-à-dire d’éviter que cette aide ait des effets négatifs ou imprévus sur les conflits armés ou les efforts de développement.
Encadré 15. Adopter une approche régionale - Améliorer l'évaluation des besoins dans la région de la SAD
Le DFID a contribué à la mise en place du Southern Africa Regional Hunger & Vulnerability Programme (RHVP – programme régional pour la lutte contre la faim et la vulnérabilité en Afrique australe) qui a pour but de renforcer l’analyse des questions concernant la sécurité alimentaire, la protection sociale et la vulnérabilité dans la région de la SADC par une amélioration des capacités des pouvoirs publics des pays en la matière, afin qu’ils puissent mettre en place des dispositifs de protection sociale ou développer ceux qui existent. Le soutien apporté consiste, entre autres, à créer des mécanismes qui permettent d’institutionnaliser l’évaluation de la vulnérabilité et l’analyse des politiques de protection sociale, ainsi qu’à effectuer des travaux de recherche complémentaires en vue de déterminer et d’étudier de nouvelles approches du problème de la faim et de la vulnérabilité. Dans le cadre du RHVP, le DFID apporte un soutien direct et des consultations sont assurées par ceux de ses conseillers pour les questions concernant l’aide humanitaire et les moyens de subsistance qui sont présents au niveau régional.
77Lorsqu’il s’agit de décider des interventions humanitaires qui s’imposent, les principaux partenaires du Royaume-Uni sont le système des Nations unies et le CICR/la FICR. Par conséquent, pour s’attaquer efficacement au problème du financement imprévisible, inégal et insuffisant, le Royaume-Uni privilégie le renforcement de l’ensemble du système plutôt que la définition de principes spécifiques, en vue de garantir qu’il y aura apport de fonds pour tous les appels lancés au titre de la PAG ou les Appels d’urgence des Nations unies. C’est cette logique qui a présidé à la mise en place du CERF et qui explique l’importance de la contribution dont celui-ci bénéficie de la part du Royaume-Uni.
78Lorsqu’il est intervenu à la suite du tsunami qui s’est produit en 2004 dans l’océan Indien, le DFID a utilisé des fonds de réserve et un complément apporté par le ministère des Finances. Ce complément a été fourni pour éviter que des fonds affectés à d’autres situations d’urgence ne soient détournés. Selon les données du DFID, les versements au titre des interventions consécutives au tsunami se sont élevés à 48 millions GBP, soit 14 % de l’aide humanitaire bilatérale du Royaume-Uni pour 2005. Sur l’ensemble des engagements du Royaume-Uni au titre des conséquences du tsunami, 87 % avaient été dépensés neuf mois après la catastrophe.
79Répartition et canaux d’acheminement
80D’après les données fournies par le DFID, les crédits affectés à l’aide humanitaire ont représenté au total un montant de 344 millions GBP, dont 60 % ont été attribués à 10 pays. Les dix premiers bénéficiaires de l’aide humanitaire bilatérale ont été, par ordre décroissant, le Soudan, le Bangladesh, la RDC, l’Irak, le Zimbabwe, l’Ouganda, l’Afghanistan, l’Éthiopie, le Libéria et le Kenya. Les dépenses d’aide humanitaire au profit de l’Afrique ont fortement augmenté au cours des cinq dernières années. Sur le total des versements d’aide bilatérale effectués par le DFID pour l’Afrique, 19 % ont été destinés à l’aide humanitaire, le programme relatif à l’Afrique représentant à peu près la moitié des dépenses totales d’aide humanitaire du DFID. L’importance de cet effort tient non seulement aux besoins humanitaires, mais aussi à un engagement croissant dans les États fragiles et défaillants. Une grande part du financement de l’aide humanitaire à l’Afrique est considérée comme « prévisible », et deux tiers environ des dépenses d’aide humanitaire du DFID pour l’Afrique sont liés à des conflits.
81Le Royaume-Uni a intensifié ses efforts pour renforcer la capacité des pays et collectivités confrontés à des situations d’urgence de prévenir ces situations, de s’y préparer, d’en atténuer la gravité et d’y faire face, conformément aux Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire. Outre la mise en place d’une nouvelle politique, le DFID s’est engagé à affecter 10 % de ses contributions aux interventions effectuées en cas de catastrophe naturelle à des mesures de réduction des risques de catastrophe. Il est également prévu d’augmenter les crédits destinés aux organismes multilatéraux spécialisés dans la réduction des risques de catastrophe.
82En règle générale, 60 % environ des crédits d’aide humanitaire du DFID sont affectés par l’intermédiaire des organismes multilatéraux. Les 40 % restants sont répartis au niveau bilatéral, dont quelque 20 % sont acheminés à travers des ONG. Le soutien du DFID aux organismes d’exécution et aux ONG est régi par des accords de partenariat définis dans des documents stratégiques distincts dénommés Institutional Strategy Papers. Des dispositifs de financement pluriannuels peuvent être mis en place et des plans quadriennaux ont été élaborés avec d’importants organismes humanitaires.
83L’aide humanitaire est un domaine essentiel de partenariat entre le DFID et la société civile. Les fonds destinés à cette dernière ont augmenté de 50 % depuis 1997. En 2004-05, le DFID a acheminé par son intermédiaire 91 millions GBP au titre de l’aide humanitaire. Les ONG jouent un grand rôle dans la mise en œuvre de cette aide et, comme les autres donneurs, le Royaume-Uni devra réfléchir aux moyens de s’attaquer à la prolifération croissante d’ONG et veiller à ce que ses partenaires respectent le code de conduite et les normes définis en commun [33]. Les règles en matière de notification pourraient être encore harmonisées en vue de simplifier les procédures de gestion.
84Organisation indépendante qui encadre treize des principaux organismes d’aide humanitaire du Royaume-Uni, le Disasters Emergency Committee (DEC, comité pour les interventions d’urgence en cas de catastrophe) est une composante particulière du système britannique [34]. Créé en 1963, il a pris aujourd’hui la forme d’une alliance entre les secteurs de l’aide et des entreprises, le secteur public et celui de la radiodiffusion, en vue d’assurer une coordination et une coopération efficaces entre les organismes d’exécution installés au Royaume-Uni. Pour obtenir des fonds de la part des pouvoirs publics et des entreprises à des fins humanitaires, il se sert d’un mécanisme d’appel commun qui s’appuie sur les médias. Les organismes membres adhèrent à un ensemble de normes concernant les interventions en cas de catastrophe (« SPHERE »), et des activités de suivi et des évaluations indépendantes sont réalisées sur demande du Secrétariat du DEC.
85Cohérence des politiques Relation avec la prévention des conflits, la consolidation de la paix et le problème des États fragiles
86Le Royaume-Uni a joué un rôle de chef de file dans la promotion d’un engagement efficace dans les États fragiles et la définition de stratégies de prévention des conflits. S’agissant de cet engagement, il s’est employé à rendre son action plus cohérente en faisant en sorte que les diverses composantes de son administration établissent entre elles des relations plus étroites. Parmi les mesures importantes qu’il a prises à cette fin figurent la création d’équipes mixtes et de groupes de travail interministériels et l’adoption de stratégies communes de prévention des conflits. Toutefois, la nécessité de définir plus clairement les priorités sur le plan opérationnel se fait toujours sentir, et cette approche est particulièrement mise à l’épreuve lorsque l’aide au développement doit être assurée dans des situations d’urgence complexes. Il faut noter que près de 30 % des versements du DFID au titre des États fragiles sont destinés à servir des objectifs humanitaires.
87Le cadre stratégique défini par le Royaume-Uni pour l’aide humanitaire souligne que l’action dans ce domaine doit reposer sur des principes humanitaires. Cette aide peut certes être utilisée pour assurer la protection des civils, mais des mécanismes et des méthodes séparés ont été mis au point aux fins de la gestion des conflits. Le DFID estime en effet nécessaire de faire une distinction entre l’aide humanitaire et les activités concernant la gestion des conflits. L’action politique est censée avoir un rôle à jouer dans la prévention des situations d’urgence complexes et l’atténuation de leur gravité. Ces situations exigent que les donneurs s’emploient dans toute la mesure du possible à concilier les impératifs humanitaires et les préoccupations relatives au développement. Si les approches à l’égard des « États fragiles » ont pour objectif la construction d’instances étatiques légitimes et efficaces, l’action humanitaire doit en revanche être neutre, indépendante et impartiale. Dans le cas d’une crise prolongée, causée ou aggravée par un conflit armé, l’action humanitaire visant exclusivement à sauver des vies, à soulager la souffrance et à préserver la dignité humaine restera un mode d’intervention privilégié.
88L’aide humanitaire doit être conçue avec à l’esprit les effets négatifs qu’elle peut exercer sur la viabilité du développement et le fait qu’elle peut être préjudiciable aux capacités locales et nationales. Sans doute est-il possible de définir des approches complémentaires de l’aide humanitaire dans les États dotés d’un gouvernement légitime désireux d’exercer des fonctions de premier plan, mais qui n’en a pas les moyens. Dans ces situations, on peut espérer pouvoir articuler avec succès les stratégies d’aide humanitaire avec des approches propres à avoir des résultats plus durables parce qu’elles favorisent la consolidation de l’État, comme on l’a vu avec l’action menée pour remédier à l’insécurité alimentaire chronique (encadré 14). Mais on peut à l’évidence difficilement escompter en faire autant lorsque les pouvoirs publics refusent de prendre des mesures pour répondre aux besoins humanitaires ou même de reconnaître ces derniers, et/ou qu’ils sont responsables des atrocités commises. Par conséquent, dans les situations d’urgence complexes, l’action humanitaire peut être le seul moyen d’assurer la fourniture de services d’importance vitale en dehors des structures de l’État.
89Le Royaume-Uni va devoir définir plus précisément la façon dont il juge utile de procéder, dans les situations d’urgence complexes, pour assurer la consolidation de l’État tout en dispensant l’aide humanitaire. Il est également nécessaire de déterminer plus clairement les fonctions opérationnelles que doivent respectivement remplir le MOD, le FCO et le DFID dans l’application des mesures de protection et dans les approches suivies à l’égard des États fragiles.
90Le rôle de l’armée dans la mise en œuvre de l’aide humanitaire
91Le Royaume-Uni s’attache à respecter les Directives de 1994 sur l’utilisation des ressources militaires et de la protection civile dans le cadre des opérations de secours en cas de catastrophe et les Directives de 2003 sur l’utilisation des ressources militaires et de la protection civile à l’appui des activités humanitaires des Nations unies dans les situations d’urgence complexes.
92Le Royaume-Uni reconnaît aussi la prééminence des organisations civiles dans la mise en œuvre de l’action humanitaire et s’efforce de faire appel, pour cette tâche, à celles d’entre elles qui font preuve d’impartialité. Il n’existe pas de politique commune à l’ensemble de l’administration britannique en ce qui concerne la coopération entre civils et militaires mais, si nécessaire, les questions y afférentes font l’objet d’une coordination dans le cadre de consultations interministérielles spéciales. Il a toutefois été demandé au DFID d’associer des activités d’aide humanitaire à des interventions militaires du Royaume-Uni, tout particulièrement en Afghanistan, en Irak et au Kosovo. S’agissant de l’Irak, le DFID a approuvé l’affectation de plus de 160 millions GBP à des efforts d’aide humanitaire et de reconstruction. Du point de vue de l’aide humanitaire, il y a lieu de s’interroger sur les dimensions, l’efficience et l’indépendance de cette intervention.
93Il devient compliqué pour le DFID d’accomplir la mission qu’il s’est assignée de dispenser une aide humanitaire conforme aux principes établis lorsque le Royaume-Uni participe au conflit en cause, comme en Irak ou en Afghanistan. Dans ce cas, le MOD s’emploie notamment à renforcer la sécurité opérationnelle par la réalisation d’activités civiles relevant d’une démarche dénommée « hearts-and-minds » (« gagner les cœurs et les esprits »), mais cette forme d’action risque d’être préjudiciable au respect des principes humanitaires et de nuire à la réalisation des objectifs visés dans ce domaine, même elle est financée sur d’autres fonds que les crédits d’APD. Le Royaume-Uni devrait s’attacher à garantir le respect des principes humanitaires lors de ces activités. Il est manifestement conscient de la complexité de ce problème et la coopération entre les diverses composantes de l’administration britannique s’est améliorée. Si la politique du DFID en matière d’aide humanitaire tient compte des risques de non-respect des principes humanitaires, le FCO et le MOD pourraient quant à eux définir plus précisément le rôle qu’ils doivent respectivement jouer dans les opérations associant civils et militaires et élaborer des procédures qui permettent de déterminer plus clairement la nature de ces opérations et de garantir le respect des principes humanitaires. Une évaluation des relations entre civils et militaires pourrait être effectuée à cette fin conjointement par les ministères. Questions transversales et nouvelles problématiques
94Promotion des normes existantes et amélioration de leur application : Le DFID participe activement aux initiatives de coordination de l’action des donneurs et aux travaux de groupes d’organismes d’exécution qui s’emploient à faire progresser la résolution des problèmes de coordination internationale. Le Royaume-Uni reconnaît et appuie le rôle de chef de file et de coordinateur que jouent les Nations unies dans l’action humanitaire. Sa contribution financière à l’OCHA est la plus importante et il a fait savoir qu’elle allait augmenter. Le Royaume-Uni soutient également les efforts et la mission du CICR. Il se classe au troisième rang pour la contribution qu’il apporte au CICR et à la FICR, laquelle est régie dans les deux cas par des accords de partenariat quadriennaux.
95Participation des bénéficiaires : L’approche appliquée par le Royaume-Uni pour assurer une participation satisfaisante des bénéficiaires à la conception, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation de ses activités humanitaires n’est pas claire, et l’on reconnaît sur le terrain qu’il faudra se pencher sur cette question afin de pouvoir renforcer encore les capacités et faire progresser la conception d’interventions fondées sur les besoins.
96Élaboration de critères de référence pour déterminer de façon suivie l’impact des performances collectives : en 2005, le DFID a commencé à élaborer des critères de référence en vue de mieux suivre les performances collectives et d’évaluer l’impact de l’action humanitaire. Le but est de créer un système capable de produire au moment voulu une analyse impartiale sur la situation des populations visées par l’action humanitaire quant à l’état de santé, la mortalité et la nutrition. Ce système permettrait de comparer les tendances qui se manifestent au fil du temps dans une même crise et selon les situations d’urgence. Cette intéressante initiative apportera des éléments de référence précieux pour l’apprentissage et servira à recenser des bonnes pratiques qui pourraient être portées à la connaissance du CAD.
97Considérations à prendre en compte pour l’avenir
- Lorsqu’elle sera adoptée avec un plan de mise en œuvre, la nouvelle politique humanitaire devrait renforcer encore le rôle du DFID dans la fourniture d’une aide humanitaire conforme aux principes établis et fondée sur les besoins. Une définition plus claire des objectifs et des priorités opérationnelles s’impose pour assurer l’aide au développement et l’aide humanitaire dans les situations d’urgence complexes. Lorsque des approches innovantes, de caractère complémentaire, sont expérimentées, les conceptions et principes humanitaires doivent être systématiquement affirmés et respectés. Il conviendrait de s’attacher en priorité à mieux faire connaître, sur le terrain, le cadre stratégique de l’action humanitaire et les Principes et bonnes pratiques pour l’aide humanitaire.
- Parallèlement à l’accroissement de l’APD du Royaume-Uni, DFID devra veiller à se préserver des moyens adéquats d’intervention en cas de crises humanitaires.
- Il faut définir plus clairement les fonctions opérationnelles que doivent respectivement remplir le FCO, le DFID et le MOD s’agissant d’assurer l’exercice du droit à la protection et en ce qui concerne les approches à l’égard des États fragiles.
- Dans l’exécution du programme d’action qu’il a défini pour la réforme du système humanitaire international, le Royaume-Uni doit procéder à des évaluations conjointes et étudier de façon suivie les résultats des efforts des organisations humanitaires multilatérales, notamment de dispositifs spéciaux tels que le CERF. Il sera indispensable que le Royaume-Uni collabore étroitement avec les autres donneurs, en veillant à éviter une bilatéralisation de son aide multilatérale. Il devrait faire des efforts particuliers pour s’associer à d’autres donneurs que ceux du groupe partageant les mêmes valeurs. Le rôle de la programmation de la réduction des risques de catastrophe, s’agissant tant de la prise en compte systématique de cette préoccupation que de la conduite d’activités spécifiques, pourrait être encore précisé.
- L’objectif consistant à évaluer 100 % des programmes humanitaires mettra fortement à contribution les capacités d’évaluation du DFID. Pour l’atteindre, il faudrait étudier la possibilité d’adopter des approches plus larges en matière d’évaluations conjointes et d’évaluations en temps réel.
Annexe D
Définitions des principaux termes
98Ci-dessous se trouvent de brèves définitions des principaux termes sur la coopération au développement utilisés dans ce volume, fournies à titre informatif [35].
99AIDE LIÉE : Dons ou prêts d’origine publique ou bénéficiant d’un soutien public, servant à financer des achats de biens et services dans le seul pays donneur ou dans un groupe de pays qui ne comprend pas la quasi-totalité des pays bénéficiaires de l’aide.
100AIDE PUBLIQUE (AP) : Apports qui répondraient aux critères d'inclusion dans l'aide publique au développement, mais dont les bénéficiaires figurent à la partie II de la liste des bénéficiaires de l'aide établie par le CAD.
101AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT (APD) : Prêts ou dons accordés aux pays et territoires figurant dans la partie I de la liste des bénéficiaires de l'aide établie par le CAD (pays en développement) et aux organisations multilatérales actives dans le domaine du développement : par le secteur public, dans le but principalement de faciliter le développement économique et d'améliorer les conditions de vie, à des conditions financières libérales (dans le cas des prêts, l'élément de libéralité doit être d'au moins 25 %).
102AUTRES APPORTS DU SECTEUR PUBLIC (AASP) : Apports relatifs au développement financés par le secteur public au profit de pays figurant sur la liste des bénéficiaires de l'aide qui ne répondent pas aux critères de comptabilisation dans l'aide publique au développement ou dans l'aide publique.
103CAD (COMITÉ D'AIDE AU DÉVELOPPEMENT) : Comité de l'OCDE qui traite des questions de coopération pour le développement. On trouvera en frontispice de ce volume la description de ses objectifs et la liste de ses membres.
104COOPÉRATION TECHNIQUE : Englobe a) les subventions à des ressortissants de pays bénéficiaires de l'aide qui reçoivent un enseignement ou une formation dans leur pays ou à l'étranger, et b) les paiements destinés à défrayer les consultants, conseillers et personnels analogues, de même que les enseignants et administrateurs, en mission dans les pays bénéficiaires.
105CRÉDITS À L'EXPORTATION : Prêts accordés pour les besoins du commerce extérieur et qui ne sont pas matérialisés par un instrument négociable. Ces crédits peuvent être octroyés par le secteur public ou le secteur privé. Dans ce dernier cas, ils peuvent être assortis d'une garantie publique.
106DONS : Transferts effectués en espèces ou en nature et qui ne sont assortis d'aucune obligation de remboursement.
107ÉLÉMENT DE LIBÉRALITÉ : Cette notion rend compte des conditions financières d'un engagement : taux d'intérêt, échéance et différé d'amortissement (délai jusqu'au premier remboursement de principal). Elle mesure la libéralité d’un prêt, autrement dit l’écart, en pourcentage, entre la valeur actualisée de l’ensemble des remboursements prévus et le montant des remboursements qui auraient résulté de l’application d’un taux d’intérêt de référence donné, Par convention, le taux de référence est fixé à 10 % dans les statistiques du CAD. Ce taux a été choisi comme indicateur de l’efficacité marginale de l’investissement domestique, c'est-à-dire du coût d’opportunité pour le donneur de mettre les fonds à la disposition du pays bénéficiaire. Par conséquent, l’élément de libéralité est nul pour un prêt dont le taux d’intérêt est de 10 % ; il est de 100% pour un don ; pour un prêt à un taux inférieur à 10 %, il se situe entre ces deux extrêmes.
108FINANCEMENT MIXTE : Conjugaison d'aide publique au développement, sous forme de dons ou de prêts, avec tout autre financement pour constituer une enveloppe financière.
109INVESTISSEMENT DIRECT : Investissement effectué pour acquérir ou augmenter des intérêts durables dans une entreprise d'un pays figurant sur la liste des bénéficiaires de l'aide établie par le CAD. Dans la pratique, il correspond à la variation de la valeur nette pour la société-mère d'une filiale dans un pays bénéficiaire telle qu'elle figure dans la comptabilité de ladite société-mère.
110LISTE DES BÉNÉFICIAIRES DE L’AIDE ÉTABLIE PAR LE CAD : Le CAD utilise une
liste des bénéficiaires de l’aide, révisée tous les trois ans. Depuis le 1er janvier 2000, la partie I de la
liste comprend les catégories suivantes (le terme “pays” comprend les territoires) :
PMA : Pays les moins avancés. Groupe défini par les Nations unies. Sont classés dans ce
groupe, les pays qui se situent en dessous de seuils fixés de revenu, de diversification
économique et de développement social. En cas de modification du groupe des PMA, une
mise à jour est immédiatement apportée à la liste du CAD.
111Autres PFR : Autres pays à faible revenu. Ce groupe comprend tous les pays, autres que les PMA, dont le RNB par habitant était inférieur ou égal à 745 dollars en 2001 (sur la base de l'Atlas de la Banque mondiale).
112PRITI : Pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Ce sont les pays dont le RNB par habitant (sur la base de l'Atlas) se situait entre 746 et 2 975 dollars en 2001. Les pays qui appartiennent à la fois aux PMA et aux PRITI sont montrés en tant que PMA, et non en tant que PRITI.
113PRITS : Pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Ce sont les pays dont le RNB par habitant (sur la base de l'Atlas) se situait entre 2 976 et 9 205 dollars en 2001.
114PRÉ : Pays à revenu élevé. Ce sont les pays en développement dont le RNB par habitant (sur la base de l'Atlas) était supérieur à 9 206 dollars en 2001.
115La partie II de la liste comprend les « Pays en transition ». Elle inclut i) les pays les plus avancés d'Europe centrale et orientale et les plus avancés des nouveaux États indépendants de l'ex-Union soviétique ; et ii) les pays en développement les plus avancés.
116MOYENNE DES PERFORMANCES PAR PAYS : La moyenne non pondérée des rapports APD/RNB des membres du CAD, autrement dit la moyenne des rapports eux-mêmes, et non le rapport de l’APD totale sur le RNB total (cf. Rapport APD/RNB).
117PRÊTS : Transferts qui impliquent un remboursement. Les chiffres relatifs aux prêts nets fournissent le montant des prêts déduction faite des remboursements de principal (mais non des paiements d'intérêts) au titre de prêts antérieurs.
118RAPPORT APD/RNB : Pour comparer les efforts d’APD des membres, il est utile de les rapporter à leur revenu national brut (RNB). Le rapport APD/RNB de « l’ensemble des membres du CAD » est donné par la somme des apports d’APD des membres divisée par la somme de leurs RNB, autrement dit c’est la moyenne pondérée des rapports APD/RNB des membres (cf. Performance moyenne par pays).
119RÉAMÉNAGEMENT (ou RESTRUCTURATION) DE LA DETTE : Toute mesure convenue entre un créancier et son débiteur qui modifie officiellement les conditions précédemment fixées pour le remboursement. Il peut s'agir d'une remise de la dette (extinction du prêt) ou d'un rééchelonnement passant soit par une révision de l’échéancier de remboursement soit par l’octroi d’un nouveau prêt de refinancement.
120VERSEMENT : Mise à la disposition d'un bénéficiaire de fonds ou achat pour son compte de biens ou de services ; par extension, le montant ainsi dépensé. Ces versements peuvent être comptabilisés bruts (montant total versé au cours d’une période comptable donnée) ou nets (déduction faite de tous les remboursements de principal ou des restitutions de dons intervenus pendant la même période).
121VOLUME (termes réels) : Les chiffres sur les apports fournis dans la présente publication sont exprimés en dollars des États-Unis. Pour donner une idée plus réaliste de l'évolution dans le temps du volume des apports, certains chiffres sont donnés à prix et taux de change constants, par rapport à une année de référence précise. Autrement dit, un ajustement a été opéré pour tenir compte à la fois de l’inflation de la monnaie du donneur entre l’année considérée et l’année de référence et des variations du taux de change entre cette monnaie et le dollar des États-Unis au cours de la même période.
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Notes
-
[24]
Une mission de trois jours au Malawi en vue d’évaluer le programme d’aide humanitaire du DFID a été organisée dans le cadre de la mission en Zambie. Des précisions sont présentées dans l’annexe C.
-
[25]
Le DFID est favorable à la mise en place d’un cadre d’action européen pour une programmation conjointe et une aide commune en matière de renforcement des capacités, propose de ne pas créer de nouvelles unités chargées de la mise en oeuvre de projets et vise à réduire de moitié le nombre des missions non coordonnées d’ici 2010.
-
[26]
Selon le Rapport 2004 sur la performance des partenaires de l’aide programme au Mozambique, le DFID arrive en tête des 16 donneurs évalués pour ce qui est de la prévisibilité de l’aide, de la transparence de celle-ci, du portefeuille d’activités, de l’alignement, du renforcement des capacités et du fardeau administratif (T. Killick, 2005).
-
[27]
Les 666 nouveaux contrats signés par les services centraux en 2005 représentaient 200 millions GBP. Vingt pour cent d’entre eux ont été obtenus par des fournisseurs locaux de pays en développement.
-
[28]
Le soutien budgétaire assuré dans le cadre du soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté peut être soit général soit sectoriel. Le soutien budgétaire sectoriel représente entre 15 et 30 % du total du soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté, selon les années.
-
[29]
En décembre 2005, le Royaume-Uni a décidé de réduire de 15 millions GBP le soutien budgétaire à l’appui de la lutte contre la pauvreté consenti à l’Ouganda et d’utiliser ces fonds pour aider les Nations unies à entreprendre une action humanitaire dans le nord du pays. Cette décision a été prise car une évaluation de la situation économique et de la gouvernance avait fait naître des doutes quant à la volonté du gouvernement ougandais d’assurer une transition politique effective et mis en lumière un important dépassement des dépenses de l’administration publique.
-
[30]
Selon les premiers résultats de l’évaluation conjointe du soutien budgétaire général 1994-2004, le cas du Malawi montre qu’il peut être déconseillé de fournir un soutien budgétaire général à un gouvernement qui n’a pas de discipline budgétaire et qui ne réforme pas ses politiques macroéconomiques
-
[31]
Politique du DFID exposée dans Conflict reduction and humanitarian assistance qui comprend les « Principles for a New Humanitarism ».
-
[32]
Administré par le Sous-Secrétaire général aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence des Nations unies, le CERF est destiné à assurer une prévisibilité et une ponctualité plus grandes dans la réponse aux situations d’urgence humanitaire. L’objectif visé est 500 millions USD et le Royaume-Uni s’est engagé à apporter une contribution de 70 millions USD, la plus importante.
-
[33]
Code de conduite pour le mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et pour les organisations non gouvernementales lors des opérations de secours en cas de catastrophe et Charte humanitaire et normes minimales pour les interventions lors de catastrophes élaborés dans le cadre du projet SPHERE.
-
[34]
Les membres du DEC sont : ActionAid, British Red Cross, CAFOD, CARE International UK, Christian Aid, Concern, Help the Aged, Islamic Relief, Merlin, Oxfam, Save the Children, Tearfund and World Vision.
-
[35]
Pour une description complète de ces termes, consulter le « Rapport 2005 - Coopération pour le développement », Volume 7, No. 1.