Couverture de CAD_062

Article de revue

Chapitre 4 : Cohérence des politiques au service du développement

Pages 247 à 257

Notes

  • [17]
    En 1996, au moment où ils ont adopté la Déclaration intitulée Le rôle de la coopération pour le développement à l’aube du XXIème siècle, les membres du CAD se sont collectivement donné pour ambition de veiller à l’adéquation de l'éventail des politiques des pays industrialisés et des objectifs du développement. Les Lignes directrices du CAD sur la réduction de la pauvreté, approuvées par le Comité en 2001, insistent sur l’importance de la cohérence globale des politiques suivies par les membres du CAD, considérée comme un facteur déterminant de l’efficacité des stratégies de coopération pour le développement.
  • [1]
    Le Forum des Îles du Pacifique regroupe toutes les îles du Pacifique indépendantes et autonomes, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
  • [2]
    Quatorze des dix-sept membres du groupe sont des pays en développement, mais on ne compte parmi eux aucune île du Pacifique.
  • [3]
    L’APEC réunit 21 pays ; la Papouasie-Nouvelle Guinée est la seule île du Pacifique à en être membre.
  • [18]
    En janvier 2003, la Chine est passée de la catégorie « à faible revenu » à la catégorie « à revenu intermédiaire de la tranche inférieure » dans la Liste des bénéficiaires de l’aide établie par le CAD.
  • [19]
    Aux termes de l’Accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires, la Nouvelle-Zélande est autorisée à déterminer son propre niveau de protection à condition que les mesures prises reposent sur des fondements scientifiques suffisants.
  • [20]
    Une nouvelle vague de réduction des droits de douane, notamment des droits frappant le textile et l’habillement, est prévue sur la période 2006-2009. Auparavant, à partir du milieu de l’année 2005, tous les autres droits spécifiques (applicables dans les secteurs du textile, de l’habillement et des chaussures) seront ramenés à des taux ad valorem.
  • [21]
    En 2001, vivaient en Nouvelle-Zélande : 52 569 personnes originaires des Îles Cook, soit près de trois fois le nombre d’habitants de ces Iles ; 20 148 personnes originaires des Îles Niue, soit près de huit fois le nombre d’habitants de ces îles; 6 204 personnes originaires des Tokelau, soit trois fois la population de l’île ; et 115 017 résidents venus des Samoa.
  • [22]
    Cette mesure s’applique aux étudiants originaires des Îles Cook, Niue et Tokelau.
  • [23]
    Une approche “à l’échelle de l’ensemble de l’administration” est une approché “intégrée” de la formulation et de la mise en oeuvre de l’action gouvernementale reposant sur des liens étroits entre les ministères et organismes concernés. Une telle démarche, qui suppose une bonne coordination au sein de l’administration, facilite le traitement de questions complexes et pluridimensionnelles dans une optique globale et l’accès à un plus vaste réseau de ressources et de compétences.

1L’OCDE et ses membres reconnaissent qu’un recul durable de la pauvreté dans les pays en développement et la réalisation des OMD requièrent des politiques cohérentes, qui se renforcent mutuellement, dans tout un éventail de domaines d’ordres économique, social et environnemental. Lorsqu’ils ont adopté le texte intitulé Pour un programme d’action commun de l’OCDE au service du développement en 2002, les pays membres de l’OCDE ont marqué à quel point ils jugent important que les pays industrialisés soient plus attentifs aux répercussions des politiques qu’ils mènent sur les pays en développement. Or ce programme fait fond sur des initiatives antérieures de l’OCDE visant à hisser la cohérence des politiques au service du développement au rang d’enjeu universel des politiques gouvernementales et à déployer les moyens nécessaires pour promouvoir cet objectif au sein des administrations nationales et dans les enceintes internationales [17].

Exemples de situations mettant en jeu la cohérence des politiques

2L’amélioration de la cohérence des politiques au service du développement passe par la prise en compte des besoins et des intérêts des pays en développement dans le contexte de l’évolution globale de l’économie mondiale. Pour la Nouvelle-Zélande, comme pour d’autres membres du CAD, cela ne va pas toujours sans difficulté car les domaines en question sont souvent soumis à l’influence de groupes d’intérêts nationaux et relèvent généralement de ministères dont le souci principal et la mission première ne sont pas de lutter contre la pauvreté dans le monde. Le choix d’exemples présenté ci-après met en lumière la complexité du problème du renforcement de la cohérence des politiques liée au fait que les actions à mener menacent parfois des intérêts essentiels sur le plan national. Il y a une vingtaine d’années, la Nouvelle-Zélande s’est employée, aux prix d’efforts intenses, à réformer le secteur agricole. Malgré la suppression totale des aides vers le milieu des années 80, l’agriculture néo-zélandaise est en expansion et affiche un dynamisme sans précédent, ce qui donne à penser que les conflits d’intérêts doivent être appréhendés dans une double optique, à court et à long terme.

Échanges

La Nouvelle-Zélande : un acteur dynamique du système commercial multilatéral

3Parce que les exportations de biens et de services représentent près de 35 % du produit intérieur brut (PIB) de la Nouvelle-Zélande, la politique commerciale est obligatoirement une composante essentielle des stratégies plus globales mises en œuvre par les pouvoirs publics néo-zélandais dans le domaine économique pour promouvoir une croissance économique durable. La Nouvelle-Zélande est résolue à supprimer les entraves au commerce et elle oeuvre à la libéralisation des échanges par des initiatives de portée bilatérale, multilatérale et régionale. Dans la région du Pacifique, la coexistence d’une multitude d’accords de natures diverses qui se recoupent quelquefois, mais entrent aussi parfois en conflit lorsque les signataires et les échéances ne coïncident pas, complique singulièrement les relations économiques et commerciales (voir encadré 6).

4Le Programme de Doha pour le développement est une priorité importante pour le gouvernement néo-zélandais dans le domaine commercial. On constate que les objectifs de la Nouvelle-Zélande et ceux des pays en développement se superposent largement dans le contexte du Cycle de Doha. Dans ces conditions, le gouvernement néo-zélandais est déterminé à faire en sorte qu’un des résultats essentiels des négociations soit de favoriser le développement. La Nouvelle-Zélande oeuvre à l’obtention de résultats servant la cause du développement notamment dans les domaines suivants : amélioration de l’accès aux marchés et mise en œuvre d’une réforme ambitieuse des politiques agricoles visant à éliminer les aides intérieures et les subventions à l’exportation qui faussent les échanges ; traitement spécial et différencié ; renforcement des capacités et négociation d’accords prenant en considération les priorités des pays en développement, leurs contraintes de capacités, leurs points faibles et autres spécificités nationales. Consciente du fait que la libéralisation des échanges comporte des écueils particuliers pour un grand nombre de pays en développement, la Nouvelle-Zélande est favorable à l’instauration d’un traitement spécial et différencié ciblé, transparent, faussant le moins possible les échanges, permettant aux pays en développement de conduire à leur propre rythme les réformes qui s’imposent et le processus d’ajustement progressif qui devra les accompagner. L’apport d’une assistance technique, destinée à aider les pays en développement à aborder dans de bonnes conditions les négociations commerciales multilatérales et à tirer le meilleur bénéfice de ce qui en ressortira, est une composante importante du programme de NZAID dans le domaine des échanges et du développement (voir ci-après).

Encadré 6. Une architecture commerciale complexe dans la région du Pacifique

Le Pacific Agreement on Closer Economic Relations (PACER), qui est entré en vigueur en 2002, définit le cadre dans lequel les relations commerciales entre les 16 pays membres du Forum des îles du Pacifique sont appelées à se développer. [1] Le PACER prévoit la fourniture d’une assistance technique et financière dans les domaines de la promotion et de la facilitation des échanges et du renforcement des capacités et de l’ajustement structurel. Il garantit à la Nouvelle-Zélande et à l’Australie qu’elles ne seront pas pénalisées sur les marchés des pays du Forum des îles du Pacifique par les négociations visant la conclusion d’accords de libre échange que ces pays pourraient être amenés à engager avec d’autres partenaires commerciaux, notamment avec des États membres de l’UE.
Le Pacific Island Countries Trade Agreement (PICTA), entré en vigueur en 2003, prévoit pour sa part une libéralisation progressive des échanges de marchandises entre les pays du Forum des Îles du Pacifique.
L’UE est un acteur important dans la région en vertu de l’Accord de partenariat signé à Cotonou en 2000 entre l’Union européenne et les États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Pour conserver l’accès aux marchés de l’UE, les pays ACP devront signer avec elle d’ici fin 2007 des accords de partenariat économique compatibles avec les règles de l’OMC (Organisation mondiale du Commerce). Les négociations ont commencé en 2004 entre six pays des îles du Pacifique et la Commission européenne en vue de conclure de nouveaux accords de préférences commerciales. Aux termes du PACER, ces négociations entre les îles du Pacifique et l’UE déclencheront d’autres pourparlers de nature similaire avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande même s’il n’était pas prévu initialement que celles-ci soient invitées avant 2011 à entamer des discussions en vue de conclure des accords de libre échange dans le contexte du PICTA.
En dehors de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, seules les Iles Fidji et Salomon et la Papouasie-Nouvelle Guinée sont membres de l’OMC, mais plusieurs autres îles du Pacifique (Samoa, Tonga et Vanuatu) sont candidates à l’adhésion.
En sa qualité de gros exportateur de produits agricoles, la Nouvelle-Zélande est résolue à travailler en étroite collaboration avec le Groupe de Cairns [2] afin d’assurer un dénouement heureux des négociations du Cycle de Doha sur l’agriculture notamment sur les points suivants : l’élimination de toutes les subventions à l’exportation, une amélioration sensible de l’accès aux marchés pour les exportations agricoles et des réductions notables des aides intérieures faussant les échanges
La Nouvelle-Zélande est membre du Forum de coopération économique de l’Association Asie-Pacifique (APEC). [3] L’APEC a vocation à promouvoir la stabilité, la sécurité et la prospérité dans la région en favorisant l’instauration d’un développement durable et équitable par la libéralisation et la facilitation des échanges conjuguée à des efforts de coopération technique et économique. Un accord oblige les membres de l’APEC à éliminer les obstacles aux échanges et à l’investissement qui subsistent d’ici 2010 lorsqu’il s’agit de pays développés et d’ici 2020 lorsqu’il s’agit de pays en développement.
En vertu de l’accord de resserrement des liens économiques (Closer Economic Relations Trade Agreement-CER) conclu entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie, un dialogue s’est amorcé en 1995 avec la Zone de libreéchange de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) dans le but d’abaisser les obstacles entravant les flux d’échanges et d’investissement entre les deux groupes de pays.
Si le commerce multilatéral demeure la priorité numéro un de la Nouvelle-Zélande, les pouvoirs publics néo-zélandais reconnaissent toutefois que les accords de libre-échange conclus avec les principaux partenaires commerciaux du pays peuvent ouvrir de nouveaux débouchés prometteurs aux exportateurs néo-zélandais dans des délais plus courts que dans le cadre de processus multilatéraux. En dehors de l’accord CER signé avec l’Australie et d’un accord pour un partenariat économique plus étroit (CEP-Closer Economic Partnership) signé avec Singapour, la Nouvelle-Zélande devrait conclure sous peu un accord CEP avec la Thaïlande et a donné un coup d’accélérateur aux négociations commerciales bilatérales avec d’autres pays, dont le Chili (ouverture de négociations sur un accord de libre-échange trilatéral), ainsi qu’avec les membres de l’ASEAN. En 2004, la Nouvelle-Zélande et la Chine ont décidé, en s’appuyant sur une étude de faisabilité démontrant que les deux pays en tireraient bénéfice, d’entamer des négociations en vue de conclure un accord de libre-échange en 2005. La possibilité de conclure un accord de libre-échange avec la Malaisie est actuellement à l’étude.

Faciliter l’accès aux marchés pour les produits en provenance des pays en développement

5Après deux décennies de libéralisation unilatérale, la Nouvelle-Zélande possède désormais l’un des marchés les plus ouverts du monde. Selon le Commitment to Development Index (Centre pour le développement mondial, 2004), la Nouvelle-Zélande se classe en deuxième position pour ce qui concerne la politique commerciale : c’est le pays qui affiche le plus faible niveau de protection vis-à-vis des importations en provenance de pays en développement. Le système généralisé de préférences de la Nouvelle-Zélande distingue deux catégories de pays : les pays les moins avancés, dont tous les produits peuvent entrer en franchise de droits en Nouvelle-Zélande, et les pays moins développés, dont les produits, à l’exception d’une liste d’articles au nombre desquels les articles d’habillement, les chaussures, certains appareils électroménagers et certaines pièces et accessoires destinés au secteur automobile, sont soumis à raison de 80 % seulement aux droits de douane en vigueur, qui sont généralement faibles. En outre, les produits agricoles entrent en franchise de contingents et se voient appliquer un taux moyen de 2,1 % (et un taux nul lorsqu’ils proviennent d’un des pays les moins avancés). Dans le cadre de l’accord de coopération commerciale et économique pour la région du Pacifique Sud (SPARTECA), la Nouvelle-Zélande autorise également, de manière non-réciproque, l’entrée sur son territoire sans restriction et en franchise de droits de tous les produits en provenance des Îles du Pacifique, sous réserves des règles d’origine en vigueur. Dans le secteur agricole, la Nouvelle-Zélande offre aux importations en provenance des pays en développement un meilleur accès à son marché que tout autre pays de l’OCDE. Il n’existe pratiquement pas d’aides aux producteurs en Nouvelle-Zélande, ni d’ailleurs de subventions à l’exportation risquant de peser sur les cours mondiaux au détriment des produits exportés par des agriculteurs de pays en développement.

6Le pourcentage de produits en provenance de pays en développement dans les importations de la Nouvelle-Zélande (soit 17,2 % du montant total de ses importations en 2001) est supérieur à la moyenne de l’OCDE et croît à un rythme rapide (au taux nominal moyen de 12,6 % de 1990 à 2001). L’essor des échanges avec la Chine [18] a été jusqu’en 2002 le principal moteur de la forte progression annuelle des importations en provenance des pays à faible revenu. Néanmoins, la part des importations de la Nouvelle-Zélande en provenance des pays les moins avancés (0,1 % du montant total de ses importations en 2001) demeure parmi les plus faibles au sein de la zone de l’OCDE et a connu une croissance nominale moyenne de 4,2 % seulement sur la période allant de 1990 à 2001 (OCDE, 2003). Cette situation s’explique notamment par le fait que la Nouvelle-Zélande est un marché de taille relativement modeste et géographiquement isolé. De plus, l’un des principaux marchés qui intéressent les exportateurs des pays les moins avancés est celui des produits agricoles sur lequel la Nouvelle-Zélande est très compétitive.

7Les agriculteurs des pays en développement doivent se conformer aux réglementations sanitaires et phytosanitaires (SPS) néo-zélandaises [19] pour pouvoir exporter leurs produits en Nouvelle-Zélande. Ces mesures qui ont un fondement scientifique sont appliquées pour protéger la santé humaine, végétale et animale. La Nouvelle-Zélande reconnaît que la mise en conformité avec les normes sanitaires et phytosanitaires est l’un des principaux domaines dans lesquels les pays en développement ont besoin d’un soutien pour au renforcement de leurs capacités et de leurs infrastructures. Elle aide donc les pays en développement à se conformer aux normes sanitaires et phytosanitaires en vigueur en leur apportant une assistance technique tant au niveau bilatéral que multilatéral. Le textile, l’habillement et les articles en cuir constituent également un groupe de produits particulièrement important pour les pays en développement et pour lequel les obstacles aux échanges sont élevés. Si le taux moyen appliqué par la Nouvelle-Zélande à la nation la plus favorisée (NPF) est de 4,1 %, les taux moyens frappant le textile et l’habillement atteignent 9,5 %, moyenne qui masque des crêtes tarifaires marquées ainsi qu’une forte progressivité des droits [20].

Influence de NZAID

8Si la politique commerciale est certes du ressort du MFAT, NZAID coopère avec ses services afin de s’assurer que la nécessité d’œuvrer à un développement bénéficiant aux pauvres soit prise en compte au stade de la formulation de la politique commerciale de la Nouvelle-Zélande. En 2003, NZAID, soucieuse de sensibiliser l’opinion à l’articulation entre échanges et aide au développement, a lancé une campagne d’information intitulée Trade Can Reduce Poverty (Les échanges peuvent faire reculer la pauvreté ) qui s’est accompagnée d’une présentation au Parlement, par le ministère, de la stratégie de NZAID portant le titre Harnessing International Trade for Development (Le commerce international au service du développement ). Cette stratégie, qui a été élaborée en étroite concertation avec le MFAT et d’autres ministères, repose sur l’idée que les échanges peuvent faire reculer la pauvreté, mais que leurs retombées sont optimales lorsque certaines conditions fondamentales sur le plan économique et sur celui de la gouvernance sont réunies. Les principes qui guident l’action de NZAID dans les domaines des échanges et de l’aide au développement sont notamment la protection et la promotion des droits de l’homme, la stabilité, l’équité et la participation de la population.

9NZAID appuie activement le renforcement de la capacité des pays en développement de tirer avantage de l’évolution vers un système commercial international plus juste. Elle collabore avec le MFAT en vue de définir des positions communes sur les grands dossiers relevant de la politique commerciale. Cette collaboration s’est notamment concrétisée par la définition d’une position commune sur les questions de développement pour les négociations en cours à l’OMC dans le cadre du Cycle de Doha. NZAID intervient également auprès du MFAT pour s’assurer que les aspects ayant trait au développement sont pris en considération dans les discussions intéressant les échanges qui se déroulent en Asie et dans la région Pacifique, notamment à propos de la Zone de libre-échange de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est et du CER, de l’APEC et du PICTA et du PACER (voir encadré 6). Par ailleurs, elle participe, en étroite collaboration avec d’autres ministères, au suivi de l’évolution des réglementations sanitaires et phytosanitaires, des règles d’origine, des exigences en matière de sécurité alimentaire et dans d’autres domaines et ce, dans le but de veiller à ce que les dispositions de sauvegarde qui sont maintenues pour garantir la biosécurité, la sécurité alimentaire et le respect d’autres priorités de la Nouvelle-Zélande ne restreignent pas indûment les importations en provenance de pays en développement.

10L’effort accompli par NZAID pour imprimer un élan à sa stratégie intitulée Harnessing International Trade for Development et pour mettre en évidence l’interdépendance fondamentale entre les échanges et le développement mérite d’être salué. L’amélioration de la cohérence entre les politiques de portée plus générale suivies par la Nouvelle-Zélande sur le front du commerce international et l’action menée par NZAID dans le domaine des échanges et du développement demeure un véritable défi compte tenu de la complexité des processus à l’œuvre et des aspects devant être pris en compte. Parce que NZAID, le MFAT et certains autres ministères privilégient des optiques différentes, il est indispensable de conjuguer consultations et analyses pour éclairer le débat. Il convient d’évaluer plus précisément les répercussions possibles de la libéralisation des échanges sur les îles du Pacifique, et les retombées positives, mais aussi négatives, qu’elle aura peut-être sur les populations pauvres de ces pays. L’accord de libre-échange que la Nouvelle-Zélande projette de signer avec la Chine soulève également des interrogations quant à la manière dont certains aspects tels que le respect des droits de l’homme et des normes du travail acceptées à l’échelon international seront abordés. Le gouvernement néo-zélandais s’efforce à promouvoir un traitement plus équitable des pays en développement dans les négociations multilatérales tout en négociant avec eux des accords bilatéraux.

11NZAID est consciente que l’amélioration du système commercial multilatéral n’est qu’un aspect parmi d’autres du combat contre la pauvreté. Les pays en développement pâtissent de handicaps sérieux du côté de l’offre qui obèrent leur capacité de saisir les opportunités commerciales s’offrant à eux. C’est pour cette raison qu’elle a nettement concentré son action sur les échanges et l’aide au développement dans le cadre de son programme sur les échanges et le développement (voir encadré 7). D’après les données tirées de la base de données OMC/OCDE sur les activités en faveur des échanges et du développement, en 2003-04, NZAID a affecté 8 % de son budget total au financement de plus d’une centaine d’activités en relation avec les échanges. Un examen du programme de NZAID pour les échanges et le développement est prévu en 2006. Il conviendra de veiller à ce que cet exercice évalue l’impact des activités axées sur le renforcement des capacités commerciales. Il serait également intéressant d’avoir des indications sur la méthode employée par NZAID pour exercer une influence sur la politique commerciale et l’infléchir dans un sens favorisant l’instauration d’un développement bénéficiant aux pauvres.

Encadré 7. Activités dans le domaine des échanges et du développement

Les programmes bilatéraux recouvrent des activités de soutien au développement économique local, au développement des petites et moyennes entreprises et au développement du secteur privé. La démarche retenue consiste à examiner l’ensemble de la chaîne de production afin de repérer les verrous qui empêchent les pauvres d’accéder aux circuits commerciaux. L’assistance fournie vise notamment à renforcer les capacités en proposant des formations, en améliorant l’accès au financement, en octroyant des aides sélectives en faveur des infrastructures essentielles, en encourageant les projets collectifs portés par des communautés et en favorisant une production écologiquement viable .
Dans la région du Pacifique, NZAID soutient diverses initiatives ou organisations : i) la Pacific Enterprise Development Facility, qui a vocation à stimuler le développement des petites et moyennes entreprises de la région ; ii) la Pacific Islands Trade and Investment Commission (Auckland), qui a pour mission de promouvoir les exportations de la région à destination de la Nouvelle-Zélande et l’Australie ; iii) le Pacific Regional Trade Facilitation Programme, qui vise à apporter une aide aux îles du Pacifique dans des domaines tels que la quarantaine, les droits de douane et les normes de produit. En Asie du Sud-Est, NZAID a concentré son effort sur la région du Mékong où, en collaboration avec d’autres donneurs, elle déploie des activités en rapport avec la qualité et la sécurité des aliments, organise des formations aux procédures douanières et apporte son soutien au développement des petites et moyennes entreprises et de l’industrie agro-alimentaire. Le renforcement des capacités a été principalement axé sur la mise au point d’un système d’information/de gestion informatisé permettant de délivrer les certificats sanitaires et phytosanitaires requis pour l’importation et l’exportation, sur la diffusion d’informations relatives aux engagements pris par les pays au niveau international en matière de normes sanitaires et phytosanitaires, et sur l’élaboration de plans stratégiques pour le perfectionnement des systèmes nationaux d’inspection sanitaire et de mise en quarantaine de végétaux.
Au niveau multilatéral, NZAID concourt au financement du Fonds global d’affectation spécial de l’OMC (une enveloppe étant préaffectée par le Fonds aux îles du Pacifique) et de la Commonwealth Trade and Investment Access Facility. Ces deux fonds ont pour objet de renforcer la capacité des pays en développement d’appréhender les règles du commerce international et de prendre part aux négociations dont elles font l’objet.

Immigration

12La Nouvelle-Zélande est une terre d’immigration. D’après le recensement de 2001, près de 232 000 personnes originaires de la région du Pacifique vivent en Nouvelle-Zélande (ce qui représente 6,5% de la population totale), soit une augmentation de 39 % depuis le recensement de 1991. La majeure partie de la population des Iles Cook, Niue, Tokelau et Samoa vit en Nouvelle-Zélande [21]. Parce qu’elle compte le plus grand nombre d’immigrés de la région du Pacifique, on dit d’Auckland qu’elle est la plus grande ville de Polynésie. On observe un afflux massif d’immigrants en provenance de pays en développement (notamment de Chine et d’Inde), composé de personnes qualifiées attirées par des secteurs en proie à une pénurie de main-d’œuvre.

13Les multiples facettes des répercussions des flux migratoires sur les pays d’origine, et notamment sur les pays en développement, sont de mieux en mieux appréhendées au niveau international. Les relations entre les pays en développement et leurs diasporas installées dans des pays industrialisés peuvent générer de nouvelles dynamiques prometteuses. Les rapatriements de fonds effectués par les émigrés et les transferts de savoir-faire liés aux migrations de retour et aux relations d’affaires établies avec les diasporas nourrissent parfois le développement du secteur privé dans les pays en développement d’origine. Si les émigrés quittent souvent leur pays d’origine dans l’espoir de trouver ailleurs de meilleures perspectives d’avenir, le départ de ce capital humain si précieux représente une perte pour les pays en développement, particulièrement dans les petits états insulaires en développement. Cette question se pose principalement dans des secteurs clés relevant des services sociaux comme la santé et l’éducation. Nombre de pays, dont la Nouvelle-Zélande, recrutent en effet, dans le secteur de la santé, des travailleurs venus de pays en développement pour faire face à une pénurie de main-d’œuvre qui tend à s’aggraver, ce qui revient à puiser dans les ressources déjà peu abondantes de certains pays d’origine au moment même où ceux-ci ont tant besoin d’améliorer leurs propres systèmes de santé et sollicitent à cet effet une aide financière non négligeable auprès des donneurs. En général, cette situation peut donner lieu au calcul d’un coût d’opportunité pour les pays en développement qui, après avoir investi dans l’enseignement post-secondaire et l’avoir quelquefois fait, faute de moyens suffisants, aux dépens de l’enseignement primaire et secondaire, voient les ressources humaines ainsi formées leur échapper sans contrepartie.

14Si la liberté de circulation est un principe fondamental dans un monde démocratique où les frontières s’estompent, les pays de l’OCDE doivent veiller à ce que leurs politiques d’immigration aient également pour objet de faire reculer la pauvreté dans les pays en développement, et non de l’aggraver. La Nouvelle-Zélande s’associe au Commonwealth Code of Practice for the International Recruitment of Health Workers, adoptée en 2003 par les ministres de la Santé des pays du Commonwealth. Ce code énonce des principes concernant le recrutement de travailleurs étrangers dans le secteur de la santé qui prennent en considération les effets que ces embauches risquent d’avoir sur les services fournis dans les pays d’origine. Les pays d’accueil sont invités à étudier sous quelle forme il leur est possible d’octroyer une contrepartie en échange des avantages que leur procurent ces recrutements (transferts de technologie, envoi de main-d’oeuvre qualifiée, assistance technique et financière, programmes de formation, dispositifs destinés à faciliter le retour ultérieur dans leur pays des travailleurs qui se sont expatriés). NZAID a entamé des pourparlers sur les problèmes liés aux migrations avec d’autres administrations concernées. Pour encourager le retour dans leur pays d’origine des étudiants venus de pays en développement qui ont la citoyenneté néo-zélandaise [22], il est envisagé de les autoriser à bénéficier du programme néo-zélandais de prêts aux étudiants, sachant que ces prêts seront par la suite remboursés par les pays concernés à l’aide de fonds distribués par NZAID lorsque les étudiants retourneront dans leur pays pour y rester une fois leurs études terminées. Des discussions sont également en cours avec les autorités chargées de l’immigration qui délivrent parfois des permis de travail à des étudiants étrangers ayant achevé leurs études, ce qui tend à réduire la motivation de ceux d’entre eux, bénéficiaires d’une bourse, qui viennent de pays en développement à rentrer chez eux pour y mettre en pratique leurs compétences tout récemment acquises.

15La Nouvelle-Zélande devrait s’efforcer d’évaluer de manière plus approfondie les répercussions que peut avoir sa politique d’immigration sur la valorisation des ressources humaines des pays en développement, et en particulier de ses voisins confrontés à des difficultés bien spécifiques. En raison des liens qui existent entre le développement et les migrations que NZAID pourrait être amenée à jouer un rôle de important dans ce contexte et à concourir à une meilleure compréhension de la complexité des relations d’interdépendance entre ces deux aspects tant sur le plan intérieur qu’au niveau international.

Émissions de gaz à effet de serre

16La gestion des ressources naturelles et l’environnement sont des enjeux de portée régionale et mondiale qui soulèvent des problèmes de cohérence des politiques pour les pays donneurs. La pollution à l’échelle de la planète perpétue le changement climatique et, bien que les populations pauvres des pays en développement soient plus exposées à ses conséquences, c’est bien dans la zone de l’OCDE que les émissions ont atteint jusqu’ici les niveaux les plus élevés. Les îles du Pacifique sont fragiles sur le plan écologique et très exposées aux catastrophes naturelles. Le changement climatique et l’élévation du niveau de la mer pourraient avoir des effets dévastateurs sur un certain nombre d’entre elles. Lors du Sommet mondial sur le développement durable qui a eu lieu à Johannesburg en 2002, le Premier Ministre néo-zélandais a réaffirmé l’engagement de son pays à promouvoir une croissance économique qui soit à la fois viable sur le plan écologique et bénéfique sur le plan social, et elle a déclaré que la détermination à agir au niveau international devait être plus ferme, ce qui exige une véritable volonté politique. Cette déclaration laisse supposer que la Nouvelle-Zélande serait prête à durcir autant que nécessaire la ligne de conduite suivie pour combattre le changement climatique.

17NZAID est résolue à coopérer étroitement avec les pays partenaires de la région du Pacifique pour favoriser l’utilisation à long terme et la préservation des ressources naturelles bien que sa stratégie en matière d’environnement, héritée de l’organisme auquel elle a succédé, à savoir la division de la coopération pour le développement du MFAT, n’ait pas encore été réaménagée. La priorité a jusqu’ici été donnée aux mesures visant à atténuer l’ampleur des catastrophes naturelles et à y préparer les populations, mesures qui font partie intégrante de la planification à long terme du développement et d’une gestion globale des risques. Le ministre adjoint des Affaires étrangères et du Commerce dont relève l’APD a annoncé à Johannesburg en 2002 que NZAID s’engageait à apporter son concours à une dizaine d’initiatives en faveur du développement durable fondées sur des partenariats, dont quatre visent à apporter un soutien à des actions de portée régionale engagées par de petites îles du Pacifique en développement pour combattre le changement climatique. Parce qu’elles ouvrent des possibilités en matière d’alignement et d’harmonisation, ces actions sont appelées à devenir la principale cible de l’aide consentie par la Nouvelle-Zélande dans le domaine du changement climatique dans le contexte du Pacific Framework for Climate Change. NZAID a en outre financé un programme de renforcement des capacités au service de la lutte contre le changement climatique dans la région du Pacifique auquel sont associées une université néo-zélandaise et l’Université du Pacifique Sud.

18La Nouvelle-Zélande aura peut-être des difficultés à tenir les engagements qu’elle a pris au niveau international aux termes du Protocole de Kyoto à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Selon le dernier inventaire des gaz à effet de serre, ses émissions dépassent de 21 % le niveau de 1990 (alors qu’elle s’était engagée à les stabiliser au niveau de 1990 d’ici 2008-12). Parallèlement, les quantités de carbone fixées par les puits forestiers durant la même période devraient être, selon les prévisions, de l’ordre de 95 million de tonnes d’équivalent CO2. Face au changement climatique, la Nouvelle-Zélande a mis au point tout un arsenal de stratégies et de programmes visant à encourager une réduction des rejets de gaz à effet de serre. Parce que le changement climatique est un enjeu planétaire qui appelle une réaction au niveau international, la Nouvelle-Zélande a noué des partenariats bilatéraux avec les États-Unis et l’Australie afin d’intensifier le dialogue et la coopération sur des questions concrètes en rapport avec le changement climatique. Dans le cadre de sa stratégie de lutte contre le changement climatique, la Nouvelle-Zélande envisage d’utiliser les mécanismes prévus dans le Protocole de Kyoto pour aider les pays à honorer leurs engagements selon des modalités souples fondées sur la coopération, telles que le mécanisme pour un développement propre. Ce mécanisme permettrait en effet à des entreprises néo-zélandaises de lancer des projets dans des pays en développement ayant vocation d’une part à promouvoir l’instauration d’un développement durable dans ces pays, et d’autre part à ouvrir droit à des crédits d’émission grâce auxquels la Nouvelle-Zélande pourrait plus facilement atteindre ses objectifs de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, à charge pour elle de veiller à faire concorder la réalisation de ses objectifs nationaux et les priorités, sur le front du développement, des pays dans lesquels les investissements sont effectués.

Améliorer la cohérence des politiques au service du développement

19Les difficultés et les écueils inhérents à toute action visant à promouvoir une meilleure cohérence des politiques menées dans les différentes sphères de l’action gouvernementale au service du développement montrent combien il importe que les membres du CAD soient bien organisés pour aborder ces questions. Les Lignes directrices du CAD sur la réduction de la pauvreté proposent un certain nombre de moyens de promouvoir la cohérence des politique au service du développement. La volonté des pouvoirs publics de mieux prendre en considération les intérêts des pays en développement lorsqu’ils définissent des politiques nationales ayant un impact sur les perspectives économiques et la réduction de la pauvreté dans ces pays est à cet égard un facteur essentiel. Les Lignes directrices du CAD citées précédemment préconisent en outre de créer des mécanismes politiques pour faciliter les échanges et les consultations au sein des ministères et entre ces derniers, de vérifier systématiquement la compatibilité des textes législatifs avec l’objectif de réduction de la pauvreté et de consacrer suffisamment de ressources en personnel à des travaux d’analyse portant sur des aspects intéressant la cohérence des politiques.

Un ferme volonté politique étayée par une approche à l’échelle de l’ensemble de l’administration …

20En faisant de NZAID un organisme jouissant d’une semi-autonomie et ayant pour principale mission de faire reculer la pauvreté, le gouvernement néo-zélandais a témoigné de sa volonté sans équivoque d’œuvrer au développement. Le principe de la cohérence des politiques sous-tend implicitement le document intitulé Towards a safe and just world free of poverty qui récapitule les grandes orientations stratégiques de NZAID et définit le cadre global dans lequel s’inscrit la politique de la Nouvelle-Zélande en matière de coopération pour le développement (voir chapitre 1). Certaines stratégies, en particulier celle décrite dans le document portant le titre Harnessing Trade for Development, font manifestement suite à une prise de conscience du fait que les perspectives des pays en développement ne dépendent pas seulement de l’APD, mais aussi de la politique commerciale, de la politique de l’investissement, de la politique de l’environnement, ainsi que d’autres politiques menées par les pays développés. Certaines stratégies, notamment celles concernant le secteur de la santé, comportent une section consacrée à la cohérence des politiques qui met en lumière les aspects à prendre en compte dans ce contexte. La cohérence des politiques est une préoccupation qui imprègne également le plan stratégique sur cinq ans de NZAID dans lequel la « mobilisation » et les « capacités de l’agence » sont les deux axes privilégiés pour favoriser l’obtention de résultats sur le front du développement. La mobilisation repose sur la mise en oeuvre effective d’approches à l’échelle de l’ensemble de l’administration [23] au moyen desquelles NZAID entend exercer une influence sur les politiques menées par la Nouvelle-Zélande qui ont des répercussions sur les pays en développement. Les approches à l’échelle de l’ensemble de l’administration sont d’ailleurs de plus en plus utilisées dans le domaine de l’acheminement de l’aide, notamment dans le contexte de la construction de la paix et de la prévention des conflits (voir chapitre 3).

21Le système néo-zélandais présente des atouts indéniables pour la promotion de la cohérence des politiques au service du développement. Grâce à son statut semi-autonome, NZAID est investie d’une mission de conseil auprès du gouvernement qui la place dans une position favorable pour plaider la cause des pays en développement. Par ailleurs, le ministre adjoint des Affaires étrangères et du Commerce chargé de l’APD siège au Cabinet, de telle sorte que les questions de développement peuvent être abordées au plus haut niveau de l’appareil d’État. L’approche à l’échelle de l’ensemble de l’administration est assurément l’une des clés de la cohérence des politiques. C’est pourquoi les procédures imposent que les propositions soumises au Cabinet fassent état des avis émis par l’ensemble des ministères concernés, l’objectif étant de faire en sorte que les décisions prises soient fondées sur une analyse complète et concertée. L’une des raisons pour lesquelles le Cabinet a décidé que NZAID serait un organisme semi-autonome rattaché au MFAT était le souci de favoriser la cohérence entre la politique en faveur du développement et les autres volets de la politique étrangère. Dans la pratique, grâce au dialogue franc et nourri qui s’est instauré entre NZAID et le MFAT, la cohérence des politiques est progressivement devenue un objectif plus facile à atteindre.

22Le gouvernement néo-zélandais n’a pas explicitement fait de la cohérence des politiques au service du développement un objectif de son action. S’il décidait de le faire, cela lui permettrait d’asseoir sur un socle plus solide les efforts déployés par NZAID pour faire en sorte que les préoccupations des pays en développement soient plus systématiquement prises en compte lors de la formulation des stratégies gouvernementales. Il serait d’ailleurs souhaitable que la Nouvelle-Zélande s’appuie sur les Lignes directrices du CAD sur la réduction de la pauvreté, qui comportent une liste indicative de questions stratégiques méritant une analyse approfondie dans les domaines suivants de l’action gouvernementale : commerce international et investissement direct étranger, finance internationale, agriculture et alimentation, ressources naturelles et viabilité écologique, problèmes sociaux, gouvernance et gestion des conflits. L’occasion pourrait lui en être donnée sous peu lorsque la stratégie de NZAID pour la région du Pacifique devra être affinée. Quand l’équipe du CAD chargée de conduire l’examen de l’aide de la Nouvelle-Zélande s’est rendue Wellington en novembre 2004, la version provisoire du document intitulé Towards a Strategy for the Pacific Islands Region abordait à peine les divers aspects de la cohérence des politiques considérés comme essentiels pour assurer un développement durable dans la plupart des pays de la région, et notamment les questions intéressant les échanges, l’investissement, la gestion de l’environnement et l’adaptation au changement climatique, les migrations, etc. La rédaction du rapport de la Nouvelle-Zélande sur les OMD pourrait également offrir au gouvernement néo-zélandais une occasion d’affirmer solennellement son engagement en faveur de la cohérence des politiques au service du développement, à condition toutefois que ce document ne reste pas un pur produit de NZAID. La Nouvelle-Zélande pourrait aussi envisager d’imposer que toutes les décisions gouvernementales soient évaluées à l’aune de leur impact potentiel sur les pays en développement, et en particulier sur les pays de la région du Pacifique voisins de la Nouvelle-Zélande, à l’instar de ce qui a été institué concernant les droits de l’homme.

23Comme le montrent les exemples qui viennent d’être présentés, les problèmes de cohérence des politiques dépassent le cadre des missions classiques d’un ministère des affaires étrangères; d’où la nécessité de renforcer les liens avec d’autres ministères. Les mécanismes institutionnalisés de coordination de l’action gouvernementale sont peu développés en dehors du Cabinet. Un mouvement de resserrement de la coordination autour des questions liées au développement a été amorcé depuis quelques années pour favoriser l’ancrage de l’approche à l’échelle de l’ensemble de l’administration qui prévaut en Nouvelle-Zélande (en particulier dans le domaine de la prévention des conflits et de la construction de la paix). La coordination au sein de l’administration est rendue possible par des dispositifs informels au niveau opérationnel et en réponse à des besoins et à des problèmes spécifiques. Le fait que le gouvernement néo-zélandais soit de taille restreinte et que les circuits de communication soient courts facilite le dialogue et la coordination entre les ministères.

… mais entravée par une capacité limitée d’aborder la cohérence des politiques dans une optique anticipative

24NZAID prend très à cœur son rôle de promoteur de la cohérence des politiques au service du développement au sein du système interministériel néo-zélandais. Des interrogations ont surgi au cas par cas et des discussions se sont engagées sur des points précis dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’environnement au fur et à mesure que NZAID a pris contact avec des ministères dans le cadre du processus participatif qu’elle suit pour définir sa propre stratégie.

25NZAID a réussi à exercer une influence sur les dossiers commerciaux, mais aura peut-être besoin de ressources supplémentaires à l’avenir compte tenu de la complexité des thèmes abordés et de la multiplicité des facteurs qui risquent de peser sur les perspectives des pays en développement. Elle devrait réfléchir aux moyens qui lui permettraient d’agir dans une logique plus anticipative pour attirer sur le problème de la cohérence des politiques l’attention des instances concernées au sein de l’administration. La solution choisie par certains autres membres du CAD, qui ont opté pour la création d’une unité spécialisée, chargée d’analyser les répercussions sur les pays en développement des politiques ne relevant pas de l’aide au développement, risque de ne pas être applicable compte tenu de l’organisation interne de NZAID. Cependant, il serait intéressant de mettre en place un pôle plus spécifiquement dédié à la cohérence des politiques au sein de NZAID et d’étudier comment celle-ci peut se doter de capacités internes en la matière. Les échanges constituent le seul domaine de l’action gouvernementale qui est du ressort d’une personne s’y consacrant à plein temps alors que la responsabilité globale de la cohérence des politiques est diluée entre plusieurs services au sein de NZAID. Cette personne assume l’entière responsabilité de la stratégie et des travaux menés dans ce domaine même si plusieurs autres agents ont à traiter, dans le cadre de leurs attributions, de questions intéressant les échanges.

26Pour appuyer l’effort déjà engagé, la Nouvelle-Zélande pourrait faire réaliser des évaluations indépendantes de certaines politiques afin d’en déterminer l’impact sur les perspectives de développement des pays en développement. Ces évaluations contribueraient à mettre en lumière les domaines de l’action gouvernementale qui requièrent une attention particulière ou pourraient servir à observer les effets des changements d’orientation de l’action des pouvoirs publics. Elles pourraient en outre donner lieu à des partenariats avec des établissements universitaires et des instituts de recherche et alimenter le dialogue sur les mesures à prendre avec le Parlement et la société civile.

Considérations à prendre en compte pour l’avenir

27

  • Étant donné sa mission de conseil et sa crédibilité en tant qu’organisme de développement, NZAID est bien placée pour promouvoir la cohérence des politiques au service du développement au sein de l’administration néo-zélandaise. Elle doit continuer de s’appliquer activement à influer sur les priorités poursuivies à l’échelle de l’ensemble de l’administration et devrait renforcer encore ses moyens analytiques.
  • Une déclaration expresse du gouvernement sur la cohérence des politiques au service du développement serait utile pour encourager une coordination plus systématique entre les ministères. Les efforts dans ce domaine pourraient être renforcés par la fixation d’objectifs concernant des domaines précis de l’action publique et l’obligation de rendre régulièrement compte des mesures prises pour assurer la cohérence des politiques.


Notes

  • [17]
    En 1996, au moment où ils ont adopté la Déclaration intitulée Le rôle de la coopération pour le développement à l’aube du XXIème siècle, les membres du CAD se sont collectivement donné pour ambition de veiller à l’adéquation de l'éventail des politiques des pays industrialisés et des objectifs du développement. Les Lignes directrices du CAD sur la réduction de la pauvreté, approuvées par le Comité en 2001, insistent sur l’importance de la cohérence globale des politiques suivies par les membres du CAD, considérée comme un facteur déterminant de l’efficacité des stratégies de coopération pour le développement.
  • [1]
    Le Forum des Îles du Pacifique regroupe toutes les îles du Pacifique indépendantes et autonomes, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
  • [2]
    Quatorze des dix-sept membres du groupe sont des pays en développement, mais on ne compte parmi eux aucune île du Pacifique.
  • [3]
    L’APEC réunit 21 pays ; la Papouasie-Nouvelle Guinée est la seule île du Pacifique à en être membre.
  • [18]
    En janvier 2003, la Chine est passée de la catégorie « à faible revenu » à la catégorie « à revenu intermédiaire de la tranche inférieure » dans la Liste des bénéficiaires de l’aide établie par le CAD.
  • [19]
    Aux termes de l’Accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires, la Nouvelle-Zélande est autorisée à déterminer son propre niveau de protection à condition que les mesures prises reposent sur des fondements scientifiques suffisants.
  • [20]
    Une nouvelle vague de réduction des droits de douane, notamment des droits frappant le textile et l’habillement, est prévue sur la période 2006-2009. Auparavant, à partir du milieu de l’année 2005, tous les autres droits spécifiques (applicables dans les secteurs du textile, de l’habillement et des chaussures) seront ramenés à des taux ad valorem.
  • [21]
    En 2001, vivaient en Nouvelle-Zélande : 52 569 personnes originaires des Îles Cook, soit près de trois fois le nombre d’habitants de ces Iles ; 20 148 personnes originaires des Îles Niue, soit près de huit fois le nombre d’habitants de ces îles; 6 204 personnes originaires des Tokelau, soit trois fois la population de l’île ; et 115 017 résidents venus des Samoa.
  • [22]
    Cette mesure s’applique aux étudiants originaires des Îles Cook, Niue et Tokelau.
  • [23]
    Une approche “à l’échelle de l’ensemble de l’administration” est une approché “intégrée” de la formulation et de la mise en oeuvre de l’action gouvernementale reposant sur des liens étroits entre les ministères et organismes concernés. Une telle démarche, qui suppose une bonne coordination au sein de l’administration, facilite le traitement de questions complexes et pluridimensionnelles dans une optique globale et l’accès à un plus vaste réseau de ressources et de compétences.
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