Notes
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[10]
La répartition géographique des étudiants est la suivante : Amérique latine (56%), pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (21%), Afrique subsaharienne (11%), Asie (5%) et Europe (6%).
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[11]
Parmi les thèmes étudiés on peut citer : l’oncologie, le système cardio-vasculaire, les neurosciences, la biochimie, les biotechnologies, la gestion financière, les affaires électroniques (e-business), les services publics reposant sur les réseaux, le développement des institutions judiciaires, le droit des affaires, la gestion et la protection de la biodiversité, les technologies de la société de l’information.
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[12]
Le Mémorandum de l’Espagne [DCD/DAC/AR(2002)1/06] indique (page 5) que la croissance doit aller de pair avec des mesures susceptibles de promouvoir la redistribution de la richesse de manière à favoriser l’amélioration des conditions de vie et l’accès aux soins de santé, aux services éducatifs et culturels…
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[13]
Le Mémorandum de l’Espagne (page 60) précise que ce type d’action ne doit pas être uniquement considéré du point de vue fort louable du devoir de préservation de l’héritage historique et artistique que nous ont légué nos ancêtres.
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[14]
Selon l’Espagne, ces centres sont différents des centres culturels comme le British Council, l’Alliance française et le Goëthe Institute en ce qu’ils n’ont pas pour mission de promouvoir la culture espagnole.
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Cependant, bon nombre d’observateurs ne considèrent pas que le développement du tourisme soit un outil satisfaisant pour la lutte contre la pauvreté.
La lutte contre la pauvreté dans les principaux secteurs d’activité : stratégie de l’Espagne
La lutte contre la pauvreté
1Conformément aux Lignes directrices du CAD pour la réduction de la pauvreté, l’Espagne a tenté de faire de la lutte contre la pauvreté l’objectif fondamental de sa politique d’aide et elle a marqué d’importants progrès sur cette voie. Les évolutions récentes montrent que, malgré la diversité du système d’aide espagnol, il existe une vision, un engagement politique, un accord global et un cadre d’orientation de nature à faciliter un recentrage sur la lutte contre la pauvreté. L’Espagne souhaite favoriser l’appropriation au niveau local des stratégies de lutte contre la pauvreté — telles que les CSLP (cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté) — dans ses stratégies-pays en développement et ses programmes bilatéraux. Il ressort de la mission sur le terrain au Honduras que l’Espagne semble travailler en étroite coopération avec une large gamme de partenaires pour le développement. Elle entretient un dialogue ouvert avec le pays partenaire, les autres donneurs et la société civile afin de présenter son cadre d’action et d’assurer la coordination des activités. Elle est notamment en contact permanent avec les institutions multilatérales appropriées pour la réalisation de programmes et projets conjoints.
2L’Espagne est convaincue que le développement humain nécessite un niveau de développement suffisant dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’approvisionnement en eau, de l’hygiène et de la protection sociale. Par conséquent, elle met l’accent sur les programmes qui permettent aux populations pauvres d’avoir accès aux mécanismes de micro-financement et aux dispositifs destinés à répondre aux besoins sociaux de base. En outre, l’Espagne promeut les principes de démocratie, de responsabilité et de transparence dans la gestion des affaires publiques, et elle aide les pays partenaires à renforcer l’État de droit et l’administration impartiale de la justice.
3Comme la plupart des Membres du CAD, l’Espagne est confrontée à la difficulté de faire de la lutte contre la pauvreté une réalité dans l’ensemble de son système d’aide. Dans la mesure où son programme d’aide n’est pas centré sur les pays les plus pauvres, l’Espagne doit montrer que les populations pauvres des autres pays en développement sont effectivement les principaux bénéficiaires visés par ses activités. La lutte contre la pauvreté devrait être au cœur des processus de planification et de sélection de tous les ministères et des organismes chargés de la coopération décentralisée. Il conviendrait notamment à cette fin d’établir des liens plus étroits entre la lutte contre la pauvreté et les prêts au titre du FAD, les soins de santé tertiaires, l’éducation, les conversions de dettes (voir chapitre 4), et les programmes de bourses et d’actions culturelles décrits ci-après. Toutes les catégories de personnel devraient pouvoir bénéficier d’une formation pertinente.
4Il serait bon que l’Espagne fasse une plus large place à l’analyse de la pauvreté dans les stratégies par pays, la conception et l’évaluation des projets. L’AECI indique donner la priorité aux groupes vulnérables et écouter les pauvres lors de l’élaboration des programmes ; mais les populations pauvres pourraient être ciblées plus précisément dans d’autres domaines, en particulier dans celui des prêts du FAD. Dans le cadre de ce processus, l’Espagne pourrait adopter une stratégie davantage axée sur les résultats en précisant les objectifs et les indicateurs à retenir pour les études d’évaluation. Par exemple, elle devrait mettre en évidence l’impact de ses activités d’aide en faveur du renforcement des institutions sur la population et notamment sur les plus démunis. L’Espagne pourrait aussi intégrer des indicateurs liés aux Objectifs du millénaire pour le développement, en les utilisant éventuellement comme références globales pour l’évaluation des performances. Les systèmes de suivi et d’évaluation devront alors être renforcés afin que les enseignements tirés de l’expérience puissent être pris en compte dans les politiques futures.
5Sur le terrain, l’Espagne pourrait s’assurer de la viabilité des projets en confirmant que les coûts récurrents seront financés sur les budgets nationaux ou locaux. Le pays partenaire pourrait être davantage associé aux décisions financières et à la gestion dans le cadre de la coopération technique grâce au déliement et de l’aide. L’Espagne pourrait aussi envisager de travailler avec d’autres donneurs dans le cadre des programmes sectoriels, par exemple la santé, l’éducation et la bonne gouvernance. En particulier, ses programmes de bourses et d’activités culturelles et les prêts au titre du FAD doivent être intégrés dans les stratégies de lutte contre la pauvreté et les programmes sectoriels. Il serait aussi possible d’améliorer la transparence et le contrôle en fournissant davantage d’informations sur la place de la lutte contre la pauvreté dans l’octroi des prêts du FAD (par exemple bénéficiaires ciblés, résultats attendus, évaluations, etc.) aux autres partenaires, notamment la société civile.
6Enfin, bien que la loi impose que des mesures soient prises pour assurer la cohérence des politiques en faveur de la lutte globale contre la pauvreté, des efforts restent encore à faire en ce qui concerne le programme d’aide de l’Espagne. Parmi les domaines importants que l’Espagne doit prendre en compte au niveau national et à celui de la CE, on peut citer : les échanges internationaux ; l’investissement ; l’agriculture ; la pêche ; les ressources naturelles ; l’environnement ; les migrations ; la lutte contre la corruption ; et la sécurité des personnes. L’Espagne doit encore tenter systématiquement de résoudre le problème de la cohérence des politiques, comme indiqué au chapitre 4.
Les besoins sociaux de base
7Selon le plan directeur, l’aide en faveur de la couverture des besoins sociaux de base est l’une des priorités des programmes sectoriels de la coopération espagnole. Il est évident que ces dernières années, l’Espagne a accordé une attention et un effort accrus à ces domaines. Par exemple, l’Espagne finance des activités de soins de santé primaires et de soins préventifs aux Philippines par l’intermédiaire d’ONG espagnoles. Comme on l’a vu au chapitre 2, l’Espagne pourrait néanmoins consacrer davantage de ressources à l’éducation de base et aux soins de santé primaires. Actuellement, une part importante de l’aide de l’Espagne ne vise pas l’éducation et la santé de base comme en témoigne le programme de bourses, la construction d’équipements éducatifs et d’hôpitaux et la fourniture d’équipements en faveur de projets isolés. En 2000, l’Espagne a engagé 14 millions de USD pour la construction d’équipements éducatifs au Maroc, 11 millions pour aider un institut technologique au Venezuela, 33 millions pour financer un système d’approvisionnement en eau en Équateur et 5 millions pour l’acheminement d’équipements scientifiques et de laboratoire en Côte d’Ivoire.
8Alors que de nombreux Membres du CAD se détournent des projets isolés et adoptent une approche sectorielle, en particulier dans le domaine de l’éducation et de la santé de base, l’Espagne n’a pas encore défini sa position. Il serait donc bon que l’Espagne examine les avantages d’une approche plus globale en vue de promouvoir la lutte contre la pauvreté, les Objectifs du millénaire pour le développement et la perennité des projets. Elle pourrait aider les pays partenaires à élaborer leurs stratégies sectorielles et à travailler dans ce cadre. Pour ce faire, l’Espagne devrait favoriser davantage la coordination entre donneurs et moins s’engager dans la mise en œuvre de projets isolés. L’Espagne bénéficie d’un avantage comparatif en Amérique latine, comme on l’a vu au chapitre 1, et pourrait de ce fait même jouer un rôle de premier plan en travaillant avec d’autres donneurs pour l’élaboration d’une approche sectorielle.
Le micro-financement
9En 1998, l’Espagne a lancé un programme de micro-financement en Amérique latine en adoptant une loi portant création du Fonds pour l’octroi de micro-crédits (FCM). L’objectif est de contribuer à améliorer les conditions de vie des groupes les plus vulnérables, par exemple, en leur donnant les moyens financiers de satisfaire leurs besoins sociaux de base. Pour l’essentiel, le programme de micro-financement est mis en œuvre, dans le cadre d’une coopération financière avec des institutions intermédiaires étrangères sous la forme de lignes de crédit assorties de conditions libérales comportant un élément de dons de plus de 25 %. Pour l’Espagne, le problème des pauvres n’est pas le coût du crédit mais l’accès aux capitaux ; elle accorde donc des crédits aux bénéficiaires au taux du marché. L’Espagne contribue aussi à la formation du personnel des ONG et accorde des aides financières pour les équipements dont celles-ci ont besoin pour mener à bien leur programme de micro-financement. Des contrats ont été signés aux fins d’opérations du FCM pour une valeur totale de 27 millions d’EUR en 1999. Ces fonds ont bénéficié à 60 000 micro-entreprises, pour l’essentiel en Bolivie. En Amérique centrale, l’Espagne a octroyé un prêt à la CABEI, qui a ensuite prêté des fonds à des ONG ou à des institutions financières chargées d’accorder des crédits aux populations pauvres au Honduras (un engagement de 4 millions d’EUR), au Nicaragua (3 millions d’EUR), en El Salvador (1.5 millions d’EUR) et au Guatemala (1.5 millions d’EUR). L’Espagne souhaite doubler les ressources du FCM pour les porter à 60 millions d’EUR d’ici à 2004. l’Espagne pourrait dans un avenir proche réaliser une étude d’impact afin de déterminer dans quelle mesure ce programme a permis de faire reculer la pauvreté.
La bonne gestion des affaires publiques et le développement institutionnel
10La bonne gestion des affaires publiques figure également parmi les priorités de l’aide de l’Espagne. Celle-ci se montre préoccupée par la corruption et les violations des droits de l’homme et estime que la bonne gestion des affaires publiques est une condition préalable indispensable au développement durable. L’Espagne est en train d’élaborer une stratégie particulière en la matière puisque un projet de l’AECI sur six en Amérique latine est déjà consacré au développement institutionnel. L'Espagne bénéficie d’un avantage particulier dans le domaine de la bonne gestion des affaires publiques ; le pays lui-même a connu une période de transition de courte durée qui a profondément modifié ses institutions politiques, économiques, sociales et judiciaires et donné lieu à la création des régions autonomes décentralisées. Les systèmes juridiques et administratifs dont sont dotés les pays d’Amérique latine du fait de leur passé colonial constituent aussi un élément important. Les principales activités en matière de développement institutionnel sont novatrices et lourdes d’enjeux et portent sur la réforme du système judiciaire et juridique, la réforme administrative, notamment la décentralisation ; la réforme du secteur financier et de l’administration fiscale et la formation des forces de police (voir encadré 2).
11Encadré 2. Aide de l’Espagne en faveur du développement des institutions La réforme du système judiciaire et juridique aborde le problème de la corruption et de la faible protection des droits des citoyens. Dans le cadre de la coopération technique, l’Espagne a envoyé en Uruguay, en El Salvador et au Honduras des missions d’experts de courte durée pour former le personnel et moderniser le système judiciaire. L’aide était ciblée sur les médiateurs de la République, les juges, les procureurs, les magistrats, les associations d’avocats et les professeurs d’université. L’amélioration des procédures d’investigation et de notification, la médecine légale, la réforme du système carcéral et l’élaboration de réglementations figurent parmi les domaines traités. L’Espagne a également créé un fonds d’affectation spéciale auprès du PNUD au profit de la réforme judiciaire en Amérique centrale ; 270 programmes de formation dans 24 villes de 7 pays ont ainsi pu être organisés.
12La coopération technique assurée par l’Espagne vise aussi à moderniser l’administration publique, en particulier au niveau régional et local. La promotion de la décentralisation comprend l’amélioration de la planification et de la gestion des administrations locales, la formation technique des autorités politiques locales et du personnel municipal, et la modernisation des infrastructures de petite taille. L’Espagne apporte aussi son concours dans le domaine la réforme fiscale et de l’administration financière en organisant les formations suivantes destinées essentiellement aux fonctionnaires d’Amérique latine : les systèmes et méthodes de taxation, le financement des services fiscaux territoriaux, la fiscalité internationale, l’application du système de cadastre, et les techniques et transactions d’assurance. Il existe des programmes de jumelage dans ce domaine avec différentes organisations espagnoles, notamment en Europe orientale.
13L’Espagne a mené à bien diverses activités en vue d’améliorer la structure policière en formant les forces de police et en améliorant la coordination entre les différentes administrations concernées. Bien que ne représentant pas une réforme globale du système de sécurité, ces projets sont importants car ils peuvent améliorer la protection des citoyens. L’Espagne a également participé au financement avec le PNUD de la formation de 4 300 officiers de police au Mozambique et réalisé des activités de coopération technique en vue de transformer la police militaire du Guatemala en police civile, activités qui sont ensuite devenues un projet de la CE.
14Le développement des institutions ne devrait pas être une fin en soi et échouer dans sa mission, à savoir donner aux citoyens les prestations qu’ils attendent du secteur public qui est en dernière analyse supposé les servir. Le défi que l’Espagne devra relever à l’avenir est de veiller à ce que les objectifs de chaque projet soient axés sur les résultats et non sur les processus – c’est à dire que la réussite soit évaluée au regard de l’amélioration des conditions de vie des citoyens en général et des populations pauvres en particulier. Pour obtenir des résultats, les projets doivent être définis en fonction d’une analyse approfondie de la situation et des besoins, en étroite coopération avec les principales parties prenantes du pays, telles que les institutions, les bénéficiaires et les autres donneurs. Il serait également important pour l’Espagne de veiller à la viabilité des projets en effectuant une analyse financière rigoureuse du gouvernement partenaire et en fournissant le montant approprié de crédits à partir d’une évaluation réaliste de son budget. A cet égard, l’Espagne est invitée à adopter une approche sectorielle du renforcement des institutions, au côté d’autres donneurs. En fait, compte tenu de l’avantage comparatif dont elle bénéficie dans ces domaines, l’Espagne devrait jouer un rôle de premier plan et adopter une approche sectorielle dans certains pays d’Amérique latine.
Le Programme de bourses
15Pour l’AECI, le Programme de bourses est un élément important de la coopération espagnole et un outil efficace dans les relations bilatérales. En Amérique latine, ce programme est mis en œuvre depuis une cinquantaine d’années et il a ensuite été étendu aux autres régions. Il se développe encore, les échanges universitaires étant devenus une priorité de la coopération dans certains pays d’Amérique latine. En 2000, les bourses ont représenté un budget total de 22 millions d’EUR (soit environ 10% du budget de l’aide bilatérale de l’AECI) et ont été accordées à 3 142 bénéficiaires [10], contre 7 millions d’EUR et 1 896 bénéficiaires en 1991.
16Les bourses sont octroyées pour des études troisième cycle et d’autres programmes de formation dispensés dans les universités ou les centres de recherche et de formation espagnols. Elles s’adressent aux jeunes diplômés, aux spécialistes et aux chercheurs, particuliers ou fonctionnaires, en vue de promouvoir les relations et la coopération culturelles dans le secteur de l’enseignement et des sciences [11]. L’AECI précise que plus de la moitié des étudiants sont des femmes. D’autres ministères tels que le Ministère de l’éducation ont leurs propres programmes de bourse, par exemple pour la formation des maîtres d’école.
17L’AECI a récemment pris des mesures pour améliorer le programme. Les priorités géographiques et sectorielles présentées dans le Plan directeur sont prises en compte pour l’octroi des bourses. Les gouvernements partenaires sont également de plus en plus encouragés à choisir les étudiants parmi les fonctionnaires ou à les recruter pour leur permettre de travailler dans le cadre des projets de l’AECI à la fin de leurs études. La durée du séjour est passée de 3-4 ans à 1-2 ans pour réduire le risque de fuite des cerveaux. En outre, l’AECI met en œuvre aussi des programmes de troisième cycle en Amérique latine et a lancé un nouveau programme sur Internet qui permettra d’établir un contact plus direct entre les universités et les étudiants dans leurs pays.
18Si le Programme de bourses est sans doute un outil fort utile dans les relations bilatérales, il ne semble guère établi que ce type d’aide favorise un recul de la pauvreté. Lors du dernier examen de l’aide, il a été signalé que très peu d’étudiants venaient de pays pauvres. Il a été également recommandé que l’Espagne envoie les étudiants dans d’autres pays en développement mais cela n’a pas été fait. Selon l’Espagne, les candidats ne demandent pas de bourses pour aller étudier dans ces pays. S’agissant des particuliers, l’AECI n’a pas limité l’octroi de bourses aux étudiants issus de milieux défavorisés ; par conséquent, certaines personnes qui auraient pu financer elles-mêmes leurs études ont pu bénéficier du programme. Cependant, l’AECI admet que des mesures seront prises pour modifier la situation. Compte tenu du budget limité de l’APD, l’Espagne devrait réévaluer le coût d’opportunité de l’affectation de ressources aux bourses compte tenu de l’objectif déclaré de promotion de l’enseignement de base et de lutte contre la pauvreté. En particulier, l’Objectif du millénaire pour le développement consistant à garantir que d’ici à 2015 tous les enfants termineront leur scolarité primaire risque de ne pas être atteint en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Les bourses et la formation devraient au minimum être intégrées dans la stratégie de lutte contre la pauvreté (le CSLP par exemple) ou les stratégies sectorielles du pays partenaire et compléter d’autres projets du programme bilatéral de l’Espagne. Le Ministère des affaires étrangères envisage de procéder à une évaluation du programme ; il conviendrait de déterminer l’efficacité de ces bourses du point de vue de leur incidence sur le développement du pays ou secteur considérés et de celui de la lutte globale contre la pauvreté, considérations qui dépassent l’avantage pour les bénéficiaires de bourse ou les institutions espagnoles.
Le Programme d’action culturelle
19L’AECI reconnaît l’importance des aspects culturels du processus de développement et estime que l’accès aux services culturels est un droit important pour toute personne vivant dans un pays pauvre [12]. Le Programme d’action culturelle (parfois appelé « Programme du patrimoine » ou encore « Programme de préservation de l’héritage ») est une composante essentielle de la coopération pour le développement de l’Espagne et est aussi considéré comme un outil efficace dans les relations bilatérales. Pour l’AECI, préserver l’héritage historique et artistique de l’Espagne en Amérique latine est un devoir moral [13]. Cependant, le programme vise aussi les problèmes socio-économiques associés aux dimensions culturelles du développement. Par ailleurs, alors qu’une grande partie du personnel de l’AECI est affecté à sa réalisation, le Programme d’action culturelle n’est pas clairement présenté dans le plan directeur et le PACI. Son budget est d’environ 12 millions d’EUR par an qui sont affectés à des activités de coopération technique et au financement de la revitalisation des centres historiques, de la restauration de monuments et d'ateliers de formation.
20La revitalisation des centres historiques couvre l’aide dans les domaines suivants : création ou renforcement des institutions locales chargées de gérer les centres historiques ; la formation de spécialistes ; la planification et le développement de services modernes, et l’élaboration de politiques de protection de l’environnement, de documents juridiques sur la protection des sites et autres réglementations urbaines. Des équipements sociaux comme des marchés, des dispensaires, et des écoles sont également construits autour des centres. Certains projets sont complétés par des financements au titre de la coopération décentralisée et réalisés par des ONG avec la participation des communautés locales. Par ailleurs, l’Espagne a ouvert 16 centres de culture hispanique en Amérique latine dont les dépenses sont notifiées au CAD en tant qu’APD [14]. La restauration de monuments consiste en la réhabilitation de bâtiments et monuments historiques, sous la direction de techniciens spécialisés venus d’Espagne. Les travaux sont pour l’essentiel réalisés dans le cadre d’ateliers de formation où des jeunes sont formés à des métiers liés à la conservation du patrimoine tels que les artisanats traditionnels aujourd’hui disparus, la menuiserie, la maçonnerie et la restauration de bâtiments. Ce concept est fondé sur l’expérience propre de l’Espagne acquise dans les années 80. Actuellement, il y a 27 ateliers de ce type en Amérique latine.
21L’AECI indique que ces activités permettent de développer le tourisme dans les villes et ont d’autres retombées qui, en dernière analyse, contribuent au développement économique des communautés locales. Les demandes de projet émanent du pays partenaire, en accord avec les autorités locales, et elles sont incluses dans le programme bilatéral. L’AECI est donc convaincue que ces activités sont viables et prises en main par les pays partenaires. Par le biais de l’aménagement urbain, il est possible de lutter contre la pauvreté en assurant des services de santé de base avec l’aide d’ONG et en garantissant l’approvisionnement en eau en collaboration avec les autorités sanitaires. Selon l’évaluation que le Ministère des affaires étrangères a consacrée aux ateliers de formation, l’intégration des femmes dans des métiers traditionnellement masculins a été réussie et 93 % des diplômés ont trouvé un emploi. Bien que la plupart des activités se soient déroulées en Amérique latine, l’Espagne a également apporté son concours en Afrique du Nord, aux Philippines et en Guinée équatoriale.
22Certains parlementaires et la société civile espagnole sont critiques à l’égard du Programme d’action culturelle et estiment que les liens avec la lutte contre la pauvreté sont ajoutés « après coup ». L’AECI admet que plus de 95 % des activités concerne la culture coloniale espagnole mais fait valoir que la part des activités portant sur la culture précolombienne ou non coloniale augmente graduellement. Dans le même temps, les données du CAD montrent qu’en 2000, les engagements les plus importants dans ce domaine avaient pour but de promouvoir la culture et la langue espagnoles (notamment, 4 millions de USD pour l’Egypte, 2.8 millions pour le Maroc et 1.2 millions pour le Brésil). D’autres engagements importants avaient pour but la préservation du patrimoine en Amérique latine (notamment une enveloppe de 1.5 millions de USD pour la Colombie et une autre de 1.1 millions pour le Pérou). A l’avenir, la difficulté dans ce domaine sera de veiller à ce que la coopération culturelle soit clairement définie comme une priorité dans la stratégie de lutte contre la pauvreté du pays partenaire. Si elle prend place dans le cadre d’un effort destiné à développer le tourisme, elle devrait être intégrée dans une stratégie sectorielle de développement du tourisme [15]. Si elle s’inscrit dans le cadre d’un effort consenti pour renforcer les capacités locales, il conviendrait de réaliser une analyse approfondie des coûts d’opportunité et de la viabilité financière des projets. L’évaluation de ce type d’activité doit tenir compte de l’efficacité par rapport au coût et de la durabilité du recul de la pauvreté, étant donné les ressources limitées dont on dispose au titre de l’APD.
L’infrastructure économique
23Comme on l’a vu au chapitre 2, une grande partie du programme de coopération de l’Espagne est centrée sur l’infrastructure économique. Cependant, dans la mesure où les projets sont pour l’essentiel financés par des prêts du FAD et gérés par le Ministère de l’économie, on dispose de très peu d’informations, en dehors des données de base, sur les stratégies sectorielles, les objectifs et les principes retenus et l’importance accordée à la lutte contre la pauvreté dans les projets. Selon le CAD, les engagements les plus importants en 2000 comprenaient : 49 millions de USD pour des trolleybus au Venezuela, 25 millions de USD pour transmission électrique en République dominicaine, 19 millions de USD pour une usine hydroélectrique au Honduras, et 17 millions de USD pour des équipements d’aéroport en Chine. Le chapitre 4 explique de façon plus approfondie certains aspects concernant les prêts du FAD. A l’avenir, l’Espagne pourrait renoncer aux projets isolés dans le domaine de l’infrastructure économique et veiller à ce que les projets s’intègrent dans la stratégie ou les priorités de lutte contre la pauvreté et la politique sectorielle du pays partenaire. De plus, il est nécessaire d’effectuer une analyse rigoureuse en s’appuyant sur des indicateurs et des objectifs mesurables pour montrer comment l’aide contribue véritablement à faire reculer la pauvreté.
Les résultats obtenus par rapport aux autres grandes lignes directrices du CAD
L’égalité homme-femme
24Conformément aux Lignes directrices du CAD pour l’égalité homme-femme et le renforcement du pouvoir des femmes dans le cadre de la coopération pour le développement, le Plan directeur fait de la promotion de l’égalité homme-femme une question importante couvrant plusieurs domaines. Le ministère des Affaires étrangères envisage d’intégrer les considérations d’égalité homme-femme dans l’ensemble des procédures d’élaboration des politiques, la planification, les stratégies par pays, l’évaluation et la prise de décision. Le service de l’AECI chargé de l’égalité homme-femme a pour mission d’assurer la sensibilisation et la formation du personnel de l’AECI et des offices de coopération technique (OTC) ; la ventilation de toutes les données de l’AECI en fonction du sexe ; et la diffusion des rapports annuels sur les activités d’égalité homme-femme. Des experts de ces questions sont également en poste dans certains OTC. L’AECI estime que l’intégration des questions d’égalité homme-femme a été réussie à 50 %, en particulier dans les programmes concernant les ONG et le micro-financement. L’élaboration d’une stratégie en faveur de l’égalité homme-femme est également en cours.
25Dans le même temps, l’Espagne pourrait faire davantage d’efforts pour promouvoir l’analyse des questions d’égalité homme-femme dans l’élaboration de ses stratégies par pays, en établissant un lien entre celles-ci et le problème de la pauvreté, notamment en portant une plus grande attention à l’éducation des filles. Il conviendrait de rehausser le niveau de compétence du personnel et d’accroître le concours des spécialistes au sein de l’AECI et d’autres institutions espagnoles. De plus, en qualité de ministère chargé de coordonner l’ensemble de la coopération pour le développement de l’Espagne, le Ministère des affaires étrangères pourrait veiller à ce que l’égalité homme-femme soit prise en compte dans toutes les activités d’aide espagnoles, en particulier dans le cadre des prêts du FAD, en s’appuyant sur des buts, des objectifs mesurables et un système de notification et de contrôle.
La prévention des conflits
26En ce qui concerne les lignes directrices intitulées Prévenir les conflits violent : quels moyens d’action, des points positifs sont à relever. L’Espagne communique généralement clairement ses intentions aux pays partenaires et conduit un dialogue suffisant avec eux, en particulier en Amérique latine. Comme on l’a déjà vu, l’Espagne estime que la démocratie, la sécurité et la bonne gestion des affaires publiques sont essentielles et elle contribue à la réforme du système judiciaire destinée à libérer les populations des menaces multiples qui pèsent sur leur vie, leur sécurité ou leurs droits. En outre, elle œuvre dans certaines régions pour améliorer les systèmes de sécurité par la formation des forces de police dans le cadre des activités visant à renforcer la bonne gestion des affaires publiques. Les récents travaux sur la protection des peuples autochtones d’Amérique latine dans le cadre de l’aide bilatérale et multilatérale constituent une innovation visant à promouvoir le dialogue interculturel et le pluralisme. La stratégie de l’Espagne vise à aider les populations autochtones à trouver un développement correspondant à leur identité propre. En particulier, l’aide de l’Espagne porte sur les activités suivantes : participation des populations autochtones aux conférences nationales et internationales ; promotion des cultures indigènes, programmes de formation et d’enseignement destiné aux populations autochtones ; et fourniture des technologies de communication. Le Programme Araucaria (1998-2002) s’inscrit dans le prolongement de ces activités ; il vise à préserver la diversité biologique de l’Amérique latine en mettant l’accent sur le rôle déterminant des communautés indigènes et locales. Les activités réalisées dans le cadre de 11 projets, associant 10 pays, couvrent l’élaboration de stratégies en faveur de la gestion de la biodiversité dans les régions protégées ; l’écotourisme ; l’élevage intensif ; la pêche traditionnelle et l’aquaculture ; les sources d’énergie alternatives et la surveillance de l’environnement. Le Programme Araucaria est un exemple de coordination efficace entre les ministères de l’environnement, de l’économie, du Trésor, de l’enseignement et de la culture, et des affaires étrangères, ainsi qu’avec les organisations chargées de la coopération décentralisée, les ONG, les fondations privées et les institutions locales.
27Certaines tâches attendent l’Espagne en matière de prévention des conflits. La rédaction en cours de sa stratégie pour la prévention des conflits pourrait avoir pour effet d’améliorer l’analyse politique et socio-économique présentée dans ses stratégies régionales et nationales. Compte tenu du respect dont l’Espagne jouit en Amérique latine, elle pourrait aider les pays partenaires à planifier et mettre en œuvre comme il convient les dépenses militaires et autres liées à la sécurité. Enfin, l’Espagne pourrait définir clairement la responsabilité des entreprises vis-à-vis de la société et les bonnes pratiques en matière de protection de l’environnement, et sensibilier les firmes espagnoles aux questions de prévention des conflits et à l’étude de l’impact des conflits.
Considérations pour l’avenir
- Il convient de resserrer le lien entre la lutte contre la pauvreté et les prêts du FAD, les soins de santé et l’enseignement tertiaires, les conversions de dettes ainsi que les programmes de bourses et d’actions culturelles. Les projets pourraient être mis en œuvre dans le cadre des stratégies de lutte contre la pauvreté et des programmes sectoriels, la coordination entre donneurs étant améliorée et les projets isolés moins nombreux.
- L’Espagne pourrait réévaluer le coût d’opportunité de l’affectation des ressources aux programmes de bourses et d’actions culturelles par rapport à l’enseignement de base et à d’autres domaines visés par les Objectifs du millénaire pour le développement.
- S’agissant de la bonne gestion des affaires publiques, l’Espagne pourrait s’assurer que les objectifs et buts de chaque projet de renforcement des institutions sont axés sur les résultats et évalués par rapport à l’amélioration des conditions de vie des citoyens, en particulier des populations pauvres. Le ministère des Affaires étrangères pourrait veiller à ce que les questions d’égalité homme-femme soient prises en compte dans toutes les activités d’aide de l’Espagne, en particulier l’octroi des prêts du FAD.
Notes
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[10]
La répartition géographique des étudiants est la suivante : Amérique latine (56%), pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (21%), Afrique subsaharienne (11%), Asie (5%) et Europe (6%).
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Parmi les thèmes étudiés on peut citer : l’oncologie, le système cardio-vasculaire, les neurosciences, la biochimie, les biotechnologies, la gestion financière, les affaires électroniques (e-business), les services publics reposant sur les réseaux, le développement des institutions judiciaires, le droit des affaires, la gestion et la protection de la biodiversité, les technologies de la société de l’information.
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[12]
Le Mémorandum de l’Espagne [DCD/DAC/AR(2002)1/06] indique (page 5) que la croissance doit aller de pair avec des mesures susceptibles de promouvoir la redistribution de la richesse de manière à favoriser l’amélioration des conditions de vie et l’accès aux soins de santé, aux services éducatifs et culturels…
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[13]
Le Mémorandum de l’Espagne (page 60) précise que ce type d’action ne doit pas être uniquement considéré du point de vue fort louable du devoir de préservation de l’héritage historique et artistique que nous ont légué nos ancêtres.
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Selon l’Espagne, ces centres sont différents des centres culturels comme le British Council, l’Alliance française et le Goëthe Institute en ce qu’ils n’ont pas pour mission de promouvoir la culture espagnole.
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Cependant, bon nombre d’observateurs ne considèrent pas que le développement du tourisme soit un outil satisfaisant pour la lutte contre la pauvreté.