Notes
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[1]
Sur la base des versements des donneurs bilatéraux et multilatéraux. Le chiffre de 56 milliards fourni pour 1999 dans le chapitre IV correspond, lui, au montant des versements bilatéraux majorés des contributions bilatérales aux organisations multilatérales. Voir l’annexe III-1 qui donne des précisions sur les méthodes différentes auxquelles ont recours les organisations internationales pour mesurer les apports de ressources aux pays en développement.
-
[2]
Les notifications de plusieurs Membres du CAD, dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, sont incomplètes sur ce point.
-
[3]
En réalité, du fait du statut de « créanciers privilégiés » des organisations multilatérales, les dettes à l’égard de ces dernières seront remboursées, qui plus est en premier, car aucun pays ayant des arriérés à l’égard des institutions financières internationales ne peut avancer dans le processus PPTE.
1Un nouveau programme d’action se fait jour dans le domaine du financement du développement sous l’effet des changements importants qui se sont produits dans l’offre et la demande de financements extérieurs du développement, et les activités que ces derniers servent à financer. Outre qu’il est devenu plus vaste, ce programme d’action implique une conception plus systémique et plus intégrée du financement du développement, avec pour principaux mots d’ordre durabilité, bonne administration et efficacité. La clé, pour dégager les financements nécessaires à la réalisation des objectifs internationaux de développement, est avant tout la mobilisation des ressources intérieures. Et si l’aide peut contribuer à renforcer la mobilisation des ressources intérieures, elle ne peut remplacer cette dernière.
1. Nécessité d’un plan directeur
2Ces dernières années ont été marquées par un retournement radical de l’évolution des apports de capitaux privés aux pays en développement, qui avaient atteint un niveau record en 1996. Cependant, l’année 1999 a vu un redressement modéré des apports de capitaux privés, dû en particulier à l’expansion continue de l’investissement direct étranger et des prises de participation. Les apports nets de ressources aux pays receveurs d’aide en 1999, qui s’élevaient à 248 milliards, ont augmenté de nouveau, après une diminution importante en 1997 et surtout en 1998. Ils sont cependant bien éloignés de leur niveau record de 1996, lequel s’est révélé éphémère, en particulier pour les prêts bancaires et obligataires. Avec 159 milliards, les apports privés ont représenté, en 1999,64 % des financements extérieurs totaux, contre 78 % en 1996, année qui avait vu simultanément le plus haut niveau d’apports privés et le plus bas niveau de financements publics du développement (FPD). Par contre, les investissements directs étrangers (IDE) et les « autres » apports privés (y compris les prises de participation) ont bien résisté face aux fluctuations de l’offre et de la demande de capitaux extérieurs privés. De son côté, l’aide publique au développement (APD) a continué, comme en 1998, de se redresser, pour atteindre 51 milliards en 1999 [1], mais cette augmentation doit beaucoup à des facteurs exceptionnels, notamment l’aide consentie aux pays touchés par la crise asiatique et à l’appui des interventions internationales au Kosovo et au Timor oriental.
3Ces évolutions montrent que les ajustements qui se sont opérés sur les marchés financiers internationaux sont riches d’enseignements, et les donneurs manifestent une volonté accrue de privilégier les approches globales de la lutte contre la pauvreté et l’efficacité de l’aide. Un nouveau programme d’action se fait jour dans le domaine du financement du développement sous l’effet des changements importants qui se sont produits dans l’offre et la demande de financements extérieurs du développement, et les activités que ces derniers servent à financer. Outre qu’il est devenu plus vaste, ce programme d’action implique une conception plus systémique et plus intégrée du financement du développement, avec pour principaux mots d’ordre durabilité, bonne administration et efficacité.
4Les bailleurs comme les utilisateurs des fonds privés s’appliquent à adopter une attitude nouvelle, plus prudente, largement dictée par un souci de viabilité – avec en particulier la prise en compte de la santé foncière de l’économie nationale et du cadre régissant le gouvernement d’entreprise et l’investissement. L’abandon généralisé des stratégies de développement reposant sur l’intervention de l’État au profit de stratégies fondées sur l’activité du secteur privé a généré de nouveaux besoins de capitaux privés, intérieurs et extérieurs, et de nouveaux débouchés pour ces derniers, et une prise de conscience des conditions (politique économique, marchés, institutions) propres à garantir des apports stables et durables de financements privés. La mise en place de ces conditions est désormais davantage considérée comme une question fondamentale relevant de la communauté internationale, ainsi qu’en témoignent les efforts de renforcement de l’architecture financière internationale.
5Les considérations de bonne administration jouent également un rôle essentiel dans le cas des apports publics. Lier le volume de l’aide à son efficacité conduit à revoir les modes de mobilisation et d’utilisation de cette aide. La réduction de la dette des pays pauvres occupant désormais un rang élevé dans l’échelle des priorités politiques, l’Initiative PPTE renforcée devrait offrir des bases plus saines sur lesquelles mobiliser des financements privés, étant donné qu’à des gages d’intégrité financière elle associe une approche globale de la lutte contre la pauvreté dans le cadre de stratégies définies à l’échelon de chaque pays. De son côté, le débat sur les biens publics mondiaux pourrait déboucher sur tout un ensemble de méthodes novatrices, faisant fi des juridictions institutionnelles établies et de la distinction entre secteur public et secteur privé, pour remédier à l’insuffisance chronique des fonds alloués à l’action collective dans des domaines tels que la paix, la santé et la stabilité financière.
6Concernant l’avenir du financement du développement, il est noté dans la Déclaration, intitulée Le partenariat au service de la lutte contre la pauvreté : des principes à la pratique, adoptée par le CAD à sa Réunion à haut niveau de mai 2000 que « il est essentiel que les pays en développement recourent progressivement à la mobilisation de leurs propres ressources nationales, complétées de plus en plus par des apports extérieurs privés réguliers de capitaux à long terme. L’un des rôles de l’aide est de contribuer à ce processus et de soutenir les efforts de réduction de la dépendance à l’égard de l’aide, en particulier dans les pays, les régions et les secteurs qui ne parviennent pas encore à accéder aux capitaux privés, ou qui le font trop peu ». A leur réunion annuelle, en juin 2000, les ministres des pays de l’OCDE ont approuvé un tel effort de mobilisation des ressources privées, intérieures et extérieures. De leur côté, lors de leur Sommet d’Okinawa en juillet 2000, les dirigeants des pays du G8 ont demandé que soit établi un plan directeur pour guider l’action des pays en développement qui se sont engagés dans cette voie.
7Un tel plan directeur est d’autant plus indispensable au vu des résultats, « déprimants » aux yeux de certains, auquel aboutit un simple calcul arithmétique de ce que nécessite la réalisation des objectifs internationaux de développement. Si les estimations divergent, il n’en reste pas moins que dans le cas de l’Afrique subsaharienne, par exemple, il faudrait, selon certaines, que le taux annuel de croissance atteigne 6 à 8% pendant les douze à quinze prochaines années. Ce taux de croissance sans précédent implique, entre autres choses, que l’investissement, actuellement de l’ordre de 15% du PIB, en représente 22 à 25 % au cours de la décennie à venir, et ces capitaux devront pour une grande part venir du secteur privé. Or, il ne faut pas compter que les apports privés extérieurs, qui se chiffrent aujourd’hui à 2% du PIB, commenceront à venir combler le déficit de financement tant que l’attrait de cette région dans son ensemble ne se sera pas sensiblement amélioré aux yeux des investisseurs et des prêteurs internationaux. L’aide ne le pourra pas plus, en dépit de l’appel lancé par certains à un doublement de son volume et au respect par les donneurs bilatéraux de l’objectif de 0.7 % du PNB fixé par les Nations Unies pour l’APD. La réalité politique dans laquelle s’inscrit l’aide fait que des attentes de cette ampleur ne pourront être satisfaites à l’échelle mondiale. Même si elles l’étaient, cela ne résoudrait pas le problème, et en outre beaucoup de pays en développement ne pourraient pas gérer de manière efficace un tel afflux de ressources. A l’échelon d’un pays, par contre, on peut espérer un accroissement notable de l’aide dès lors que les indicateurs d’efficacité de l’aide y auront atteint un niveau suffisant pour déclencher le « feu vert ».
8Cela dit, comme il est stipulé dans la Déclaration du CAD, la clé, pour dégager les financements nécessaires à la réalisation des objectifs internationaux de développement, est avant tout la mobilisation des ressources intérieures. Or, une augmentation digne de ce nom de l’épargne et de l’investissement intérieurs est assujettie à des progrès sur divers plans : stabilité politique et macro-économique, bonne gestion des affaires publiques, solidité des systèmes financiers, diminution effective de l’endettement, dynamisme du secteur privé et progression des échanges internationaux, notamment. L’aide peut contribuer à renforcer la mobilisation des ressources intérieures, mais elle ne peut remplacer cette dernière. Les perspectives à moyen terme pour les pays en développement (incluant les pays les moins avancés autres que ceux engagés dans des conflits ou ayant des problèmes non résolus d’administration) sont tout à fait positives et bien meilleures qu’elles ne l’étaient lors de la dernière décennie. Ceci fournit une plate-forme plus solide qu’auparavant pour les actions des gouvernements et de la communauté internationale pour soutenir les stratégies de développement, autour de l’ouverture, la croissance et la réduction de la pauvreté. De plus en plus de financements, et des financements plus efficaces, de toutes les sources seront nécessaires afin d’aider les pays en développement à atteindre les taux de croissance requis pour des niveaux durables de mobilisation des ressources intérieures, permettant d’étendre les capacités d’exportation et l’accès aux marchés financiers internationaux. En Afrique, par exemple, subsiste une énigme majeure : si la croissance doit être conduite par le secteur privé, et c’est ainsi que cela doit être, comment ceci peut–il être financé par l’augmentation des niveaux d’aide ? Une augmentation de l’aide, basée sur des Cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté (CSLP) de bonne qualité, pourrait certainement injecter plus de pouvoir d’achat dans les économies africaines, ce qui pourrait stimuler le secteur privé si le cadre politique est bon et si la corruption et la volatilité des capitaux sont maîtrisées. Cependant, une expansion adéquate de l’investissement intérieur nécessite un renforcement significatif de l’infrastructure financière et des capacités de gestion, ceci avec une participation étrangère substantielle, particulièrement grâce à l’IDE.
2. Traits saillants de l’évolution récente des apports extérieurs
9En 1999, les apports nets totaux de ressources aux pays receveurs d’aide, avec 248 milliards, ont augmenté de 17 milliards (7%), mais se situaient encore bien en dessous du niveau record de 1996 de 354 milliards (voir le tableau III-1). La caractéristique principale de l’évolution générale observée depuis 1996 est la croissance régulière des investissements directs étrangers en même temps que la diminution des prêts bancaires et obligataires internationaux à la suite de la crise financière en Asie. Des changements sont néanmoins aussi intervenus dans l’évolution et la composition des FPD, avec notamment un léger accroissement de l’APD en 1998, qui s’est maintenue en 1999.
10La présente section passe en revue les évolutions qu’ont connues les principales composantes des apports extérieurs de ressources aux pays receveurs dans leur ensemble, avec le risque manifeste qui en découle de passer sous silence des différences importantes entre régions et groupes de revenu (voir l’encadré III-1).
Apports privés
11L’évolution générale observée dans ce domaine, qui traduit essentiellement un ajustement à et une sortie de la crise financière asiatique de 1997/98, résulte en particulier des éléments suivants :
- Les investissements directs étrangers (IDE) émanant des pays du CAD, malgré les incertitudes persistantes dans beaucoup de pays destinataires, ont atteint un nouveau record avec 132 milliards, soit 12 milliards de plus qu’en 1998. De plus en plus, les IDE représentent la composante la plus importante et la plus stable des apports privés. Leur augmentation en 1999 est particulièrement encourageante compte tenu du ralentissement attendu de la croissance dans nombre des principaux pays en développement et par les incertitudes persistantes entachant l’évolution des marchés mondiaux, notamment les futures négociations commerciales. La tendance globale témoigne de la résistance de l’IDE aux crises financières, celui–ci étant davantage conditionné par les perspectives de croissance à plus long terme et les opportunités nouvelles d’investissement dans les pays touchés par la crise, par le biais de fusions et d’acquisitions et grâce à la poursuite des privatisations.
- Les autres apports du secteur privé (y compris les prises de participation) [2] ont connu une évolution fort semblable à celle de l’investissement direct étranger ; ils ont augmenté de 11 milliards pour atteindre 59 milliards. Leur évolution de 1999 reflète la reprise des marchés de valeurs mobilières des pays émergents par rapport à fin 1998. Malgré le fait que les conditions qui y prévalent (telles qu’elles ressortent, par exemple, des reports ou des primes d’émission) ne soient pas encore redevenues aussi favorables qu’il y a quelques années, la situation montre encore que les changements politiques sont en train de contribuer à une confiance accrue de la part des investisseurs.
- La diminution des prêts obligataires a beaucoup ralenti, mais elle s’est poursuivie en 1999, avec un niveau de 37 milliards, tombant ainsi à la moitié des niveaux de 1996 et 1997, dont il est évident, avec le recul, qu’ils ne pouvaient perdurer. Il s’est également produit un net report sur les obligations du secteur public au détriment des obligations du secteur privé. Le volume des émissions du secteur privé s’est sensiblement réduit du fait que c’est pour ce dernier que la crise a eu les répercussions les plus sévères, le secteur public redevenant le principal emprunteur.
-
Les prêts bancaires internationaux sont la
composante des apports privés aux pays en
développement qui a accusé la contraction
la plus marquée en 1998 et 1999. Ils ont vite
décollé du niveau record de 86 milliards
qu’ils avaient atteint en 1996 (où ils représentaient 30% des apports privés) pour afficher des soldes très négatifs (c’est-à-dire
des débits) en 1998 et encore en 1999
(moins 75 milliards), soit une chute de
160 milliards entre 1996 et 1999. Un recul
s’était déjà amorcé en 1997, mais il s’est
accéléré en 1998 et 1999 sous l’effet des
facteurs suivants :
- La diminution de la demande et l’ampleur des excédents de balance courante.
- Le niveau élevé des remboursements.
- Un recours accru aux modes de financement par fonds propres (investissements de portefeuille et IDE) au détriment des crédits bancaires. Comme dans le cas des obligations, il s’est également produit un net report, pour les nouveaux prêts, du marché interbancaire vers les secteurs public et non privé.
Montant total net des apports de ressources des pays Membres du CAD et des agences multilatérales aux bénéficiaires de l’aide
Montant total net des apports de ressources des pays Membres du CAD et des agences multilatérales aux bénéficiaires de l’aide
Encadré III-1.Évolution des apports de ressources à l’Asie et aux pays les moins avancés
L’évolution des apports nets de ressources à l’Asie reflète celle des apports à l’ensemble des pays en développement car c’est dans cette région que se sont produits les principaux changements, essentiellement relatifs aux apports privés. En 1998 a été enregistré un solde négatif, de 10 milliards, ce qui ne s’était jamais vu et représente une chute de 171 milliards par rapport au record sans lendemain de plus 161 milliards atteint en 1996. Ce recul est principalement imputable aux prêts bancaires internationaux qui sont revenus de 68 milliards en 1996 (cette année est en fait la seule pour laquelle ils affichent un solde positif) à un débit net de 89 milliards en 1998. Le montant net des prêts obligataires a lui aussi fléchi, tombant de 32 milliards en 1996 à moins 1 milliard en 1998. Cependant les IDE, avec 26 milliards, étaient en légère augmentation par rapport aux trois à quatre années précédentes. L’augmentation en 1997 et 1998 des apports de FPD, qui sont passés de 16 à 31 milliards entre 1996 et 1998, s’explique essentiellement, comme on l’a déjà indiqué, par l’accroissement des apports assortis de conditions non libérales dégagés en réponse à la crise.
Les données provisoires et encore incomplètes pour 1999 montrent une augmentation considérable par rapport à 1998. Le total des apports nets, avec 24 milliards, est redevenu positif. Les IDE ont augmenté de 5 milliards pour atteindre 31 milliards et le FPD est resté au niveau de 1996, avec une APD en augmentation compensant la baisse des apports publics assortis de conditions non libérales. Cependant, la situation générale reste fragile à cause du débit encore important des prêts bancaires nets (65 milliards de $) et de la faible variation des prêts obligataires nets, dont le montant total était un débit de 1 milliard de $ en 1999 comparé à un apport de 32 milliards de $ en 1996.
Sur le continent asiatique se décline bien sûr toute la palette des stades et des problèmes de développement. Une poignée de pays se taille la part du lion dans les apports de ressources – en 1998, la Corée, Hong-Kong (Chine), la Thaïlande, Singapour, la Chine, l’Indonésie et les Philippines se sont partagés 70 % du total de ces apports. Les crises financières ont virtuellement effacé les avancées obtenues après des années d’efforts sur le plan de la croissance du revenu. Entre 1997 et 1998, le revenu par habitant a diminué d’environ 20 % en Thaïlande et en Malaisie, de 30 % en Corée et de près de 40 % en Indonésie. La Chine et l’Inde en revanche ont réussi à maintenir leur revenu par habitant sur une tendance à la hausse (avec des taux de croissance de 8 et 2 % respectivement). Parallèlement, si on se place sur une période plus longue, certains pays où le taux d’épargne et le revenu sont relativement faibles, comme le Pakistan, le Cambodge et le Népal, affichent des progrès impressionnants au regard des indicateurs sociaux.
Sur les marchés émergents de la région, s’opère actuellement une légère reprise des entrées de capitaux privés à mesure que se restaure la confiance des investisseurs et des prêteurs. Globalement, il semble qu’on puisse escompter un redressement progressif des apports d’IDE et d’investissements de portefeuille, et un retour à des soldes positifs des apports de capitaux d’emprunt à mesure que se réduit le montant net des remboursements aux créanciers privés (banques commerciales, principalement). Les banques resteront vraisemblablement la principale source de financement des échanges. Au vu de la rigueur accrue appliquée en matière de gestion des risques, il est toutefois probable qu’elles ne joueront plus un rôle aussi prépondérant qu’au milieu des années 90 dans l’apport de financements extérieurs.
Pays les moins avancés
En 1998, les apports nets de ressources aux pays les moins avancés (PMA) ont totalisé environ 14 milliards, soit quelque 2 milliards de moins que leur niveau moyen de la première moitié des années 90. Les PMA ont reçu moins de 6 % des apports totaux en 1998, contre plus de 10 % en 1992. Avec 11 milliards, les financements publics du développement ont représenté 81 % des apports en 1999, le reste prenant essentiellement la forme d’IDE (environ 2 milliards en 1999). Les IDE ont augmenté régulièrement par rapport à leur niveau proche de zéro de la première moitié des années 90. Sur le total des apports de FPD à ce groupe de pays, 61 % sont venus de l’APD bilatérale, qui s’est chiffrée à environ 7 milliards en 1999.
On constate un effritement, au fil du temps, de la part des PMA dans l’APD totale, celle–ci étant revenue de 28 % en 1995 à 21 % en 1999. Cela tient principalement à la diminution de la part de l’APD multilatérale qui prend le chemin des PMA, laquelle est tombée de 41 % à 30 % au cours de cette période du fait de l’achèvement des grandes opérations d’aide humanitaire en Afrique, sans compter que les chiffres de 1995 avaient été gonflés par le gros crédit accordé cette année là par le FMI à la Zambie. L’ouvrage des Nations Unies intitulé « Les pays les moins avancés – Rapport 2000 » met en évidence certains des facteurs qui expliquent pour beaucoup les difficultés auxquelles se heurtent les pays les moins avancés pour mobiliser des ressources au service de leur développement. Le constat est le suivant :
- Du côté positif, la propension marginale à épargner y étant élevée, les PMA ont de réelles perspectives de parvenir à asseoir davantage leur croissance sur les ressources intérieures sous réserve que leur revenu par habitant augmente rapidement et durablement.
- Ces pays se trouvent toutefois pris dans un cercle vicieux dès lors que le bas niveau des revenus et la lenteur de la croissance limitent les possibilités de mobilisation des ressources intérieures, car la faiblesse des taux d’investissement, le manque d’efficacité dans l’utilisation des ressources et la fragilité du secteur intérieur des entreprises freinent à leur tour la croissance.
- Le peu d’attrait qu’ils exercent sur les capitaux privés, le fardeau de la dette, leur vulnérabilité aux chocs extérieurs et la diminution des apports d’aide sont autant d’éléments qui alourdissent les charges financières à couvrir au moyen des ressources intérieures, déjà restreintes, susceptibles d’être mobilisées.
Financement public du développement
12Les apports de FPD, c’est-à-dire de financements, à des conditions libérales ou non, émanant de sources publiques, bilatérales ou multilatérales, se sont chiffrés à 85 milliards en 1999, soit 3 milliards de moins que le point haut qu’ils avaient enregistré en 1998, qui était cependant gonflé par l’effet du volume exceptionnel des prêts aux conditions du marché (c’est-à-dire « Autres FPD ») consentis en réponse à la crise financière en Asie. La crise elle-même étant passée et certains de ces prêts ayant donné lieu à des remboursements en 1999, l’activité de prêt aux conditions du marché a retrouvé des niveaux plus normaux, ce qui explique le recul des apports totaux de FPD en 1999.
13Le second élément majeur qui mérite de retenir l’attention dans l’évolution des apports de FPD en 1999 est la poursuite du redressement de l’APD, qui a augmenté de 1.6 milliards pour atteindre 51 milliards. Ce chiffre représente un accroissement d’environ 4 milliards par rapport au point bas de 1997. La progression de l’APD en 1998 et 1999 doit toutefois beaucoup à des facteurs exceptionnels, notamment l’aide consentie aux pays touchés par la crise asiatique et à l’appui des interventions internationales au Kosovo, au Timor oriental, et en Amérique centrale après le passage du cyclone Mitch. Jusqu’à présent, il y a peu de signes d’une augmentation de l’APD allouée aux programmes et projets ordinaires de développement ; cela dit, plusieurs donneurs bilatéraux ont annoncé qu’ils s’engageaient à accroître en termes réels leur APD à l’appui des objectifs de développement à plus long terme (pour plus de précisions, voir le chapitre IV).
Endettement extérieur
14Les évolutions intervenues récemment dans le domaine de la dette reflètent, d’abord et surtout, les réactions à la crise financière de 1997-98. L’encours total de la dette extérieure des pays bénéficiaires de l’aide se chiffrait à 2 534 milliards de $ à fin 1999, soit 33 milliards de moins qu’en 1998 (voir le tableau III-2). L’augmentation de l’encours de la dette à long terme (obligations principalement) a été compensée par une diminution de celui de la dette à court terme, en particulier en Asie, suite au remboursement, et parfois à la restructuration, de certains prêts à court terme, ainsi qu’en témoigne l’accroissement de 9 %, à 300 milliards, qu’ont connu les paiements au titre du service de la dette en 1999.
15Neuf pays en développement, appartenant pour la majorité d’entre eux aux économies les plus grandes et les plus dynamiques d’Asie et d’Amérique latine, se partagent près de la moitié de l’encours total de la dette des pays en développement. La part des 41 PPTE dans ce dernier n’est que de 7.5 %.
16La situation de ces pays en développement pauvres n’a guère changé. Ils n’ont pas été directement affectés par la baisse d’activité des marchés des capitaux mais ont indirectement subi le contrecoup du tassement de la demande mondiale et de la baisse des prix des produits de base.
17On a assisté à une diminution de la dette de plusieurs pays parmi les plus pauvres à l’égard de créanciers souverains, notamment avec la concrétisation des premières réductions opérées dans le cadre de l’Initiative PPTE. D’autres pays devraient eux aussi bénéficier incessamment d’allégements par suite de la décision qui a été prise d’accélérer la mise en œuvre de l’Initiative PPTE renforcée.
18D’après les estimations de la Banque mondiale, les remises de dette consenties (dans le cadre de l’Initiative PPTE et des mécanismes classiques de désendettement) aux 22 pays qui ont atteint le point de décision à la fin de l’an 2000 se chiffreront au total aux alentours de 50 milliards, ce qui représente une réduction des deux tiers environ de l’encours total de leur dette.
3. Évolutions intervenues dans l’approche du financement du développement des pays moins avancés
19Le volume de l’aide et celui des apports privés sont des indicateurs « d’intrants ». Du point du vue du dévelop- pement, l’important, en fait, c’est bien sûr l’évolution des indicateurs « d’extrants », et en particulier de l’efficacité, ou de la contribution au développement durable, des activités financées au moyen de ces apports, lesquelles sont liées non seulement au volume des financements consentis mais également aux utilisations qui en sont faites, à la façon dont ils sont gérés et à l’impact qu’ils peuvent avoir. La suite du présent chapitre est consacrée à l’examen des conséquences à tirer des évolutions exposées ci-avant pour la promotion de modes plus équilibrés, plus durables et plus efficaces de financement du développement.
Évolution et structure de la dette de l’ensemble des bénéficiaires de l’aide
Évolution et structure de la dette de l’ensemble des bénéficiaires de l’aide
20Le début des années 90 a été marqué par l’amorce de changements fondamentaux, et très positifs, dans le volume et la structure du financement extérieur du développement. L’IDE et les prêts bancaires se sont régulièrement accrus, mouvement qui s’est ensuite étendu aux autres apports émanant des marchés de capitaux (obligations et actions), tandis que le FPD commençait à diminuer. Globalement (et sans perdre de vue les différences notables observées entre régions dans la structure et la concentration de ces apports), ces évolutions étaient les bienvenues. Avec le recul, ont toutefois été mis en évidence de graves dysfonctionnements, du côté aussi bien des emprunteurs que des prêteurs.
21Pour les uns comme pour les autres, le moment est maintenant venu de réfléchir et de se reprendre, d’une part pour tirer les enseignements de la crise asiatique mais aussi pour étudier les exigences nouvelles liées à l’administration et à l’efficacité du financement du développement.
22Ce ressaisissement et cette remise en ordre passent par un ajustement à une nouvelle architecture qui guidera et permettra l’instauration d’une structure plus durable et plus efficace des apports extérieurs. En ce qui concerne plus particulièrement les pays en développement moins avancés, les principales considérations dont il convient de tenir compte dans cette nouvelle architecture sont notamment les suivantes :
- La gestion du financement du développement (qu’il provienne de sources privées ou publiques) est désormais considérée comme une question fondamentale dont le règlement est du ressort de la communauté internationale dans son ensemble, ainsi qu’en témoigne la « nouvelle architecture financière internationale » qui commence à se mettre en place. Au départ, l’action et les efforts ont été expressément centrés sur les économies de marché émergentes, mais cela a aussi des retombées importantes pour les pays moins avancés.
- Il est aujourd’hui reconnu que la solidité des systèmes financiers est une des principales clés du développement en raison du rôle de « cerveau » de l’économie que jouent ces systèmes, dans les économies émergentes certes mais aussi dans tous les pays en développement où le secteur privé fait office de locomotive. Élargir le rôle dévolu aux marchés de capitaux, intérieurs et internationaux, est donc impératif pour assurer un développement tiré par le secteur privé.
- La contribution que l’IDE peut apporter au développement est admise depuis longtemps. Si celui-ci reste concentré sur un nombre relativement restreint de pays, les apports d’IDE à certains petits pays représentent néanmoins une fraction substantielle de leur PNB. Les retombées de l’IDE diffèrent considérablement en fonction de la nature des apports et du contexte dans lequel ils s’inscrivent. De bonnes stratégies assorties de règles de gestion rigoureuses (de la part des pouvoirs publics comme des investisseurs) sont essentielles pour attirer l’IDE et en tirer parti.
- La bonne gestion de l’aide est tout aussi importante que celle des apports privés. La propension à lier plus étroitement le volume et les emplois de l’aide aux résultats obtenus offre de bonnes perspectives de voir s’améliorer l’efficacité de l’aide. Elle permet une nouvelle approche de la conditionnalité et des obligations de comptes ainsi que de l’acheminement de l’aide. Elle appelle de nouvelles règles de discipline, pour les pays donneurs comme pour les pays bénéficiaires, mais ouvre également la perspective d’une consolidation des éléments plaidant en faveur du maintien, voire de l’accroissement, des budgets d’aide.
- La prise de conscience généralisée, dans l’opinion publique, du fait que le surendettement restreint considérablement les ressources budgétaires qui peuvent être allouées à des programmes de lutte contre la pauvreté et limite l’attrait qu’un pays parvient à exercer sur les capitaux privés a porté au centre du débat la question de la réduction de la dette des pays pauvres. L’Initiative PPTE renforcée apparaît désormais à l’évidence comme une composante incontournable de toute stratégie globale de promotion de la croissance économique et de lutte contre la pauvreté. A Okinawa, les dirigeants des pays du G8 ont réaffirmé leur engagement à « faire progresser » cette initiative afin qu’elle concoure mieux à la réalisation de l’objectif qui lui a été assigné, à savoir assurer « un allégement de dette plus rapide, plus large et plus important » de manière à libérer des fonds pour les programmes de lutte contre la pauvreté.
- Le rôle fondamental dans le développement des biens publics régionaux et mondiaux suscite un regain d’attention à mesure que sont portés sur le devant de la scène des problèmes comme les changements climatiques, le VIH/sida, la prévention des conflits et la stabilité régionale. On s’accorde de plus en plus à reconnaître que, pour être efficace, une action dans ces domaines nécessite un effort collectif. Les modalités d’organisation et de financement de cet effort sont aujourd’hui une question à laquelle réfléchissent activement les pouvoirs publics.
23La suite du présent chapitre est consacrée à un approfondissement de ces diverses considérations.
4. La nouvelle architecture financière internationale et les pays moins avancés
24Le constat que les capitaux privés tendent depuis longtemps déjà à deve nir la principale composante des apports financiers destinés aux pays en développement, conjugué aux effets des crises financières qui ont éclaté récemment sur les marchés émergents, a conduit à engager un effort au niveau international pour définir et mettre en œuvre de nouvelles stratégies pour lutter contre l’instabilité de ces flux et gérer les conséquences des crises lorsqu’il en survient : c’est ce qu’on a appelé la « nouvelle architecture financière internationale ».
25Pour des raisons évidentes, la situation des économies de marché émergentes, où d’éventuelles crises futures auraient des retombées sur l’ensemble du système, a été au cœur de l’action entreprise. Celle-ci a principalement visé à définir des normes à l’intention des pays et des institutions financières, notamment dans le domaine du gouvernement d’entreprise et de la gestion des risques, au vu des enseignements qui s’étaient dégagés des crises passées concernant le suremploi de capitaux liquides à court terme, la nécessité d’un rigoureux gouvernement d’entreprise et l’aptitude des intervenants à distinguer les bons des mauvais risques.
26La diffusion en temps opportun d’informations de qualité sur les positions économique et financière a également mobilisé une bonne partie de l’attention. Une autre question qui a été au centre du débat, et qui n’est toujours pas réglée, est celle du partage avec les bailleurs de fonds privés du coût des mesures de réduction de la dette. Un programme d’évaluation du secteur financier a été lancé conjointement par le FMI et la Banque mondiale afin de faire le point sur la solidité du système financier dans chacun des pays membres, qu’il s’agisse de pays développés ou en développement, de recenser les mesures à prendre pour consolider les pans du système présentant une fragilité, mais aussi de mettre au jour les enjeux à plus long terme intéressant le développement du secteur financier.
27Des dispositifs ont certes été mis en place pour permettre une coopération entre les organismes internationaux compétents et pour associer les grandes économies de marché émergentes au processus de consultation informel, mais les pays moins avancés n’ont pas participé directement à la conception de la nouvelle architecture financière internationale. Or, toute une série de questions revêtent pour eux une importance fondamentale, dont certaines ne figurent pas pour le moment en bonne place parmi les préoccupations prioritaires, voire ne figurent pas du tout à l’ordre du jour, notamment les suivantes :
- Le respect des multiples normes préconisées sera un facteur déterminant de l’aptitude future des pays moins avancés à lever des capitaux sur les marchés internationaux. Cela dit, l’application de ces normes exige des investissements considérables dans les capacités humaines et institutionnelles.
- La mise en place de ces capacités n’est pas un processus simple. Il ne suffit pas d’acquérir les compétences techniques, d’instaurer les dispositions législatives et de créer les institutions nécessaires, car ce qui compte le plus, au fond, c’est l’existence d’une culture politique et d’une culture des affaires qui incarnent les principes de responsabilité et d’intégrité dans la gestion des finances publiques et privées.
- Beaucoup de pays parmi les moins avancés disposent d’actifs financiers nettement insuffisants pour légitimer la présence de tout un réseau d’institutions financières et de la superstructure chargée d’en assurer la surveillance. Dans le domaine de la mise en place et de la surveillance des marchés de capitaux, la coopération régionale est assurément la solution qui s’impose dans bon nombre de cas, mais là encore, sa mise en œuvre ne va pas de soi. Autoriser l’implantation de grandes sociétés financières internationales pourrait aussi se révéler utile. Celles-ci maîtrisent les normes internationales et possèdent des compétences en matière de gestion, et elles peuvent assurer la formation de la main-d’œuvre locale et assumer une bonne partie des fonctions de surveillance en ce qui concerne leurs filiales sur place.
- On peut craindre qu’il s’écoule un certain temps avant que le programme d’évaluation du secteur financier du FMI et de la Banque mondiale ne couvre les pays moins avancés, car sa mise en œuvre est soumise à de fortes contraintes en termes de ressources. Le développement du système financier est toutefois plus que jamais une priorité absolue pour assurer une croissance durable favorable aux pauvres. Par ailleurs, pour nombre de ces pays, la mondialisation des finances est source de défis et de perspectives qui appellent une action rapide.
28Des mesures nouvelles pourraient être nécessaires pour répondre aux besoins particuliers des pays moins avancés en matière de consolidation de leur système financier. Certains de ces pays ont eux-mêmes traversé une crise financière, et beaucoup d’autres ont subi le contrecoup de crises qui se sont produites ailleurs. Les institutions, du secteur financier comme des autres secteurs, sont des fils conducteurs et, si elles jouent bien leur rôle, contribuent à atténuer la fracture entre sphères publique et privée (ou marchande), ce qui est essentiel pour que s’opèrent certains des transferts de responsabilité requis. Les codes et normes constituant ce qu’on appelle « l’architecture financière internationale » sont conçus pour s’appliquer à tous les pays mais sont mieux adaptés à la situation des marchés émergents qu’à celle des pays en développement à faible revenu. De ce fait, elles soulèvent pour ces derniers de nombreuses difficultés pratiques de mise en œuvre des réformes institutionnelles. Or, les institutions, il faut les bâtir (elles ne s’acquièrent pas), habituellement au moyen des capacités existantes (sauf cas extrême), de sorte qu’il est important de laisser aux pays en développement à faible revenu la possibilité de les adapter à leurs propres priorités et capacités et de s’approprier réellement le processus de réforme institutionnelle.
Systèmes financiers et réduction de la pauvreté : les services financiers et la libéralisation financière « intégrée » dans les économies en développement
29Pour les pays en développement, assurer l’accès à des services financiers efficaces et adaptés est jusqu’à présent resté un objectif impossible à atteindre. Dans l’optique de la lutte contre la pauvreté, il est en particulier essentiel de permettre aux pauvres d’accéder à des services financiers (y compris dans les pays où existe par ailleurs un secteur financier formel moderne et bien développé) et de ne pas perdre de vue que le dynamisme du secteur intérieur des entreprises est conditionné par la bonne santé du secteur financier. La « planification financière », système dans lequel l’État est le principal intermédiaire financier, par le biais du budget et des institutions financières publiques, a généralement abouti à des résultats très peu satisfaisants de ce point de vue. La libéralisation financière, bien qu’elle porte en elle la promesse de l’avènement d’un secteur financier davantage axé sur la notion de service, a surtout consisté à supprimer les réglementations et a, elle aussi, bien souvent, échoué à mettre en place un système financier viable qui puisse offrir les services financiers les mieux adaptés sur les plans économique et social.
30A présent que des institutions financières plus diversifiées, compétitives et axées sur la notion de service qu’elles ne l’ont jamais été auparavant font leur apparition dans des contextes très différents, on voit s’ouvrir très largement le champ des possibilités envisageables pour mettre les marchés de capitaux au service d’un développement bénéficiant au secteur privé et aux pauvres, notamment en permettant à ces derniers d’accéder aux services financiers. Pour exploiter ces possibilités nouvelles, encore faut-il « intégrer » la libéralisation financière dans un cadre juridique et institutionnel solide à même de garantir la stabilité et l’intégrité du système. Cela appelle aussi une démarche active de la part de l’État, qui devra mettre en place un ensemble cohérent de mesures d’incitation/de dissuasion pour encourager les marchés de capitaux privés à jouer un rôle moteur dans la réalisation des principaux objectifs de développement.
31Il importe pour cela d’avoir une conception intégrée des systèmes financiers, qui tienne compte des interactions entre les marchés de capitaux internationaux et nationaux, entre les secteurs public et privé (notamment au niveau infranational), et enfin entre les secteurs officiel et informel. Faciliter la mise en place de systèmes financiers possédant toutes ces qualités devrait être l’une des principales vocations des programmes coordonnés d’aide au développement.
32Pour que soient atteints les objectifs internationaux de développement (et notamment l’objectif suprême de réduction de la pauvreté), les pays en développement doivent de plus en plus tabler sur la mobilisation de leurs propres ressources intérieures, c’est-à-dire sur un accroissement sensible de leur épargne, de leur investissement et de leurs recettes fiscales (que viendront compléter des entrées de capitaux privés à long terme et des recettes commerciales soutenues). Une source importante mais encore largement inexploitée, du fait du développement insuffisant des systèmes financiers, de ressources intérieures est l’épargne de la masse des pauvres, qui peut se révéler particulièrement importante pour le développement à l’échelon local, où les dispositifs d’épargne et de crédit sont souvent inexistants. De ce point de vue, il est indispensable, au plan stratégique, de promouvoir le développement du secteur informel de la microfinance et son intégration progressive au secteur financier formel, élément capital pour que s’instaure une croissance favorable aux pauvres et pour faire refluer la pauvreté.
Investissement direct étranger
33Comme chacun sait, l’expansion soutenue de l’investissement direct étranger bénéficie pour une large part à un nombre relativement limité de pays possédant un fort potentiel de croissance et des bassins d’emplois. A y regarder de plus près, on s’aperçoit toutefois que l’investissement direct étranger se dirige également vers une palette d’économies de plus petite taille où, si les sommes en jeu ne sont pas considérables en valeur absolue, elles sont néanmoins tout à fait substantielles rapportées au PNB des pays bénéficiaires. L’IDE peut apporter une contribution importante à la croissance dans les pays en développement, mais son impact varie considérablement en fonction de ses caractéristiques propres et du contexte dans lequel il s’inscrit. L’expérience montre, par exemple, qu’en Afrique, l’investissement dans les ressources naturelles n’a généralement pas d’effet spectaculaire sur le développement.
34La plupart des données dont on dispose soulignent combien il importe de libéraliser l’investissement direct étranger tout en évitant que s’engage entre pays en développement une surenchère aux mesures incitatives, en particulier aux incitations fiscales. Le régime fiscal doit viser à attirer des investissements qui favorisent la maximisation des gains sociaux en même temps que celle des gains privés. Cela peut exiger qu’une attention particulière soit portée aux modalités et conditions d’investissement dans le secteur des industries extractives, où les rentes liées aux ressources naturelles, la corruption et les coûts et avantages pour l’environnement soulèvent des problèmes spécifiques, surtout dans les pays moins avancés. Une bonne gestion des affaires publiques et l’application de saines politiques sont des conditions nécessaires (mais pas suffisantes à elles seules) pour attirer l’IDE et en tirer pleinement avantage, et aussi pour promouvoir l’investissement et l’esprit d’entreprise d’une manière plus générale.
35Des progrès considérables ont été accomplis ces dernières années dans la voie de l’ouverture des économies à l’investissement privé (d’origine intérieure aussi bien qu’étrangère), de la simplification et de la modernisation des réglementations pertinentes et des institutions compétentes, et de l’alignement sur des normes mondiales de plus en plus largement reconnues. Des améliorations importantes ont été enregistrées dans des domaines comme la levée des restrictions en matière de propriété et d’entrée, le renforcement de la protection des droits de propriété intellectuelle, la déréglementation des importations et des exportations, l’abaissement des droits de douane, la modernisation des marchés locaux de capitaux et l’application sur ces derniers des normes mondiales. Même s’il reste encore beaucoup à faire, des avancées sur ces plans ont été observées dans de nombreux pays d’Afrique malgré un environnement économique souvent difficile. Les investisseurs peuvent, eux aussi, s’employer à rehausser les bienfaits de l’IDE pour le développement, notamment en s’appliquant davantage à comprendre la culture, l’histoire et les traditions des pays d’accueil et en en tenant compte dans leurs modes opératoires. Ils pourraient aussi essayer d’asseoir leurs stratégies de gestion sur des critères sociaux, éthiques et environnementaux plus rigoureux. De ce point de vue, les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales, dans leur version récemment révisée, définissent des normes et des critères qui devraient contribuer à améliorer la gouvernance de l’IDE (voir l’encadré III-2).
Efficacité de l’aide et affectation et volume de l’APD
36Sous l’impulsion de la publication de la Banque mondiale intitulée « Assessing Aid » (en anglais seulement), on s’est mis à porter un grand intérêt aux liens entre l’efficacité de l’aide et l’affectation et le volume de l’aide. A ainsi été mise en évidence une relation étroite entre la politique menée sur le plan intérieur, d’une part, et le contexte institutionnel, la croissance et l’efficacité de l’aide, d’autre part. Il est également apparu que certains changements dans l’affectation de l’aide et certaines améliorations de l’action gouvernementale et de l’environnement institutionnel pourraient faciliter la réalisation de l’objectif de réduction de la pauvreté arrêté au niveau international pour 2015, à savoir diminuer de moitié le pourcentage de personnes vivant dans l’extrême pauvreté.
37Les aspects techniques, ainsi que certains résultats précis et certaines conclusions générales du rapport, ont suscité un débat animé. Il n’en reste pas moins que ce dernier a incité divers organismes d’aide à réévaluer leurs modèles et leurs résultats et à revoir leurs mécanismes d’affectation en se plaçant dans une perspective nouvelle. L’adoption de modes de coopération tendant à privilégier les pays qui s’approprient pleinement leur propre processus de développement soulève bien sûr d’autres problèmes auxquels il convient de trouver une solution. On ne peut en effet laisser de côté les habitants des pays où les conditions voulues ne sont pas encore réunies, en particulier parce qu’y sévit un conflit ou qu’ils sortent d’un conflit. Les donneurs se doivent d’œuvrer avec eux à l’établissement des conditions préalables indispensables à l’efficacité de l’aide.
38Cela dit, d’une manière générale, l’attention accrue portée à l’efficacité de l’aide ouvre la perspective d’un partenariat entre les responsables de l’action gouvernementale dans les pays en développement (qui doivent impérativement améliorer l’image de leur pays), les organismes d’aide (qui doivent réorienter leur effort vers les pays pauvres où l’environnement général est le plus favorable) et les ministres des Finances des pays donneurs (qui doivent accroître le budget de l’aide dès lors que s’améliore l’efficacité de l’aide). Mettre l’accent sur l’efficacité de l’aide au service de la lutte contre la pauvreté et s’appliquer à lever les incertitudes qui subsistent à cet égard peut grandement contribuer à éclairer le débat public sur le niveau de l’aide. Quoi qu’il en soit, un redressement durable du volume de l’aide est vraisemblablement assujetti à de nombreux autres facteurs, et notamment à des preuves que les nouveaux partenariats mis en place au niveau des pays pour atteindre les objectifs internationaux de développement donnent de bons résultats.
Encadré III-2.Les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales
La révision des Principes directeurs vient à point nommé. Il est en effet largement reconnu que l’investissement étranger est important pour la croissance économique et le développement, et que les entreprises multinationales contribuent au progrès économique et social. En même temps, des préoccupations persistent dans l’opinion publique concernant les effets de leurs activités dans les pays d’origine et les pays d’accueil. Les Principes directeurs apportent des éléments importants de réponse à ces préoccupations, l’idée sur laquelle ils reposent étant que des principes approuvés au niveau international peuvent contribuer à prévenir les litiges et à instaurer un climat de confiance entre les entreprises multinationales et les sociétés, développées ou en développement, dans lesquelles elles opèrent.
Le nouveau texte des Principes directeurs comporte des changements d’une grande portée qui renforcent les éléments économiques, sociaux et environnementaux du programme d’action à l’appui du développement durable. Aux dispositions déjà existantes concernant des questions telles que la publication d’informations, l’emploi et les relations professionnelles ont été ajoutés de nouveaux chapitres et de nouvelles recommandations concernant, notamment, la suppression du travail des enfants et du travail forcé, les droits de l’homme, la lutte contre la corruption, le gouvernement d’entreprise, ainsi que la gestion de l’environnement et les dispositifs d’intervention en cas de dommages à l’environnement. Les procédures de mise en œuvre ont en outre été sensiblement améliorées et des mécanismes ont été mis en place afin de promouvoir la transparence, la responsabilité et les meilleures pratiques.
Évaluer l’impact de l’Initiative PPTE renforcée sur les ressources financières, la croissance et la réduction de la pauvreté
39A Okinawa, les dirigeants des pays du G8 sont convenus d’accélérer la mise en œuvre de l’Initiative PPTE renforcée selon les conditions proposées au Sommet de Cologne en 1999 (lesquelles prévoient notamment l’annulation de l’intégralité des créances d’APD). Toujours à Okinawa, les ministres des Finances des pays du G7 se sont en outre engagés à effacer la totalité des dettes commerciales répondant aux conditions requises pour donner lieu à des mesures d’allégement dans le cadre du Club de Paris. Les grands objectifs poursuivis au moyen de l’Initiative PPTE renforcée sont d’accroître sensiblement le montant des réductions de dette offertes aux PPTE, d’avancer le stade auquel il est possible de bénéficier des allégements prévus et de faire en sorte que les ressources ainsi libérées soient mises au service de la lutte contre la pauvreté. Pour assurer la réalisation de ce dernier objectif, les pays intéressés sont tenus d’établir eux-mêmes, dans le cadre d’un processus participatif et avec le soutien des institutions financières internationales et des donneurs, des Cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté.
40Sur les 41 pays que compte le groupe des PPTE, 22 sont parvenus au point de décision à la fin de l’an 2000. Parmi les pays restants, certains risquent de ne pas satisfaire aux conditions requises ou ont décidé de ne pas demander d’allégements. Quoi qu’il en soit, la moitié environ de ces derniers sont actuellement le théâtre d’un conflit, de troubles politiques ou de graves difficultés économiques, de sorte qu’il leur est probablement impossible de remplir les conditions-cadres. L’échéance fixée pour l’adhésion au processus PPTE a été repoussée de deux ans dans l’espoir que certains de ces pays parviendront à accéder la stabilité politique nécessaire.
41L’impact global de l’initiative, en termes d’allégement de la dette (et d’accès ultérieur à des financements privés) et de réduction de la pauvreté, sera fonction d’un certain nombre de facteurs, dont les suivants :
- Le volume réel des ressources dégagées par l’allégement de la dette. Celui-ci est, en principe, fonction de la mesure dans laquelle l’allégement consenti est supérieur au montant que le pays est censé être en mesure de rembourser, mesuré à l’aune de la valeur de sa dette sur le marché. Ce mode d’évaluation ne pouvant être systématiquement appliqué aux dettes à l’égard du secteur public, les estimations du volant réel de ressources dégagé par l’initiative sont variables. Au bout du compte, ce qui est important, c’est la mesure dans laquelle les PPTE parviendront à dégager des ressources et à se sortir du surendettement, qu’il soit ou non possible de connaître avec précision le montant qu’ils auraient dû rembourser. D’une façon plus générale, l’impact de l’initiative dépendra aussi de la mesure dans laquelle elle concourt à prévenir de futures crises de la dette et à stimuler la croissance économique. Elle devrait à tout le moins atténuer, sinon éliminer, les risques de voir éclater de nouvelles crises de la dette, facteur qui, à lui seul, devrait contribuer à améliorer notablement le potentiel de croissance d’un PPTE moyen par rapport à ce qu’il était avant que ce pays bénéficie de l’initiative. Il sera néanmoins important de vérifier la mesure dans laquelle les allégements effectivement consentis limitent les risques de crises futures de la dette compte tenu des modifications de la situation internationale, et notamment des retombées des hausses récentes des prix du pétrole et de leur évolution prévue.
- La mesure dans laquelle les ressources libérées par le processus PPTE sont affectées à des domaines comme l’éducation, la santé, etc. Au vu de l’expérience passée, certains analystes ont laissé entendre qu’il serait préférable d’affecter directement des ressources à la lutte contre la pauvreté au lieu de compter sur les mécanismes d’allégement de la dette. D’autres font par contre valoir que les ressources budgétaires libérées par les réductions de dette, et qui deviennent ainsi susceptibles de financer des stratégies de la lutte contre la pauvreté, ne pourraient vraisemblablement pas l’être au moyen d’un autre mécanisme, quel qu’il soit. En outre, les CSLP sont supposés guider les efforts de lutte contre la pauvreté et l’ensemble des activités en général, et pas seulement celles liées à l’allégement de la dette. D’une manière plus générale, la lutte contre la pauvreté a par ailleurs tout à gagner d’une amélioration des perspectives de viabilité de la dette, de financements privés et de croissance.
- La mobilisation de ressources additionnelles et la concrétisation des arrangements de financement. Pour que l’initiative porte tous ses fruits, il est essentiel que les opérations entreprises dans son cadre soient financées par des apports « additionnels », et non par des ressources déjà réservées à l’APD. D’un point de vue purement financier [3], la réduction de la dette représente en grande partie une perte pour les institutions de prêt, bilatérales et multilatérales, plutôt qu’un véritable apport de ressources supplémentaires aux pays débiteurs. La mobilisation des fonds requis est en bonne voie mais un effort est encore nécessaire, notamment au niveau de certaines institutions financières régionales. Il faudra aussi s’appliquer à trouver une solution aux problèmes de partage du fardeau que soulève inévitablement ce genre d’initiative destiné à permettre une action collective des donneurs à l’appui d’objectifs convenus.
Biens publics régionaux et mondiaux
42La réflexion et l’action en faveur de la lutte contre la pauvreté et du développement s’inscrivent pour l’essentiel dans un cadre spécifique à chaque pays. Cela dit, la communauté internationale s’intéresse désormais également de plus en plus à des problèmes de dimension mondiale ou transcendant les frontières nationales qui revêtent une importance fondamentale pour les perspectives de développement et la réduction de la pauvreté et appellent une action collective.
43Tel est notamment le cas des problèmes d’environnement et de santé, mais aussi des cadres internationaux devant régir l’action gouvernementale, par exemple dans le domaine de la stabilité et de l’intégrité du système financier mondial. Force est sans doute de reconnaître que nombre des crises qui figurent aujourd’hui aux premiers rangs des préoccupations des dirigeants internationaux résultent d’une insuffisance de l’offre de biens publics. Il est donc essentiel de s’interroger sur les moyens qui s’offrent pour organiser la coopération entre États, et avec le secteur privé et la société civile, et pour faire en sorte que celle-ci repose sur les principes d’appropriation, de partenariat et de subsidiarité.
44Les biens publics régionaux ou mondiaux au sens strict du terme sont très rares. La ligne de partage entre les intérêts publics et privés, ou nationaux et mondiaux, est en pratique extrêmement floue. En outre, certains problèmes ayant des répercussions régionales ou mondiales doivent être traités au niveau national, voire au niveau local, de sorte que l’imbrication est forte entre les programmes mondiaux et les programmes par pays. Les possibilités de déployer tout un éventail de démarches novatrices, transcendant les barrières institutionnelles établies et la frontière entre secteurs public et privé, sont donc très larges.
45On observe dans les faits une multiplication des « partenariats » internationaux visant à offrir des biens publics, dans lesquels interviennent de plus en plus activement des acteurs de plus en plus divers, qu’il s’agisse d’ONG, de particuliers, de fondations ou d’entreprises. On ne peut que se féliciter de cette évolution car la fourniture de biens publics déborde le cadre de l’action collective des seuls donneurs du fait qu’elle implique le règlement de questions plus larges liées à la coordination et au financement de l’action publique.
46Du point de vue des donneurs, bilatéraux et multilatéraux, un certain nombre de questions de fond se posent. Lorsque les avantages à attendre de l’action engagée ont des répercussions d’envergure mondiale, quelle proportion des financements peut-on légitimement comptabiliser dans l’APD ? Doit-on définir une nouvelle catégorie d’APD mondiale ? Par ailleurs, à mesure que la palette des programmes consacrés aux grands enjeux s’étend, appelant de nouveaux financements, se pose la question des priorités à établir, de l’équilibre à trouver, entre un mode d’affectation des financements par pays, ou par dossier, du suivi des résultats et enfin de la coordination avec les programmes engagés au niveau des pays. Le fait d’articuler le débat autour des biens publics indispensables à l’échelon international aidera-t-il à mobiliser les ressources supplémentaires nécessaires pour répondre aux besoins en la matière et à les utiliser spécifiquement à cet effet ?
5. Vers un « plan directeur »
47L’analyse qui précède met avant tout en évidence la nécessité d’une approche plus systémique et plus inté- grée du financement du développement. Promouvoir un autofinancement accru du développement et la réduction de la dépendance à l’égard de l’aide implique une démarche faisant place à l’interaction et au partenariat entre toutes les formes de financement du développement, publiques et privées, intérieures et extérieures. Cette démarche doit en outre s’insérer dans les cadres d’envergure nationale et communs qui servent maintenant de « rampes de lancement » aux efforts internationaux – dans le droit fil des Cadres de développement intégré (CDI), des Cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté, des programmes d’évaluation du secteur financier, etc.
48L’exposé qui précède conduit à s’interroger sur deux questions d’importance, celle de l’administration du financement du développement, et en particulier de savoir ce que devra être la nouvelle architecture financière internationale, et celle du rôle de l’APD au cours du prochain millénaire. Les Membres du CAD devront être prêts à apporter leur contribution aux efforts tendant à dégager un vaste consensus sur ces questions. Le fait que la communauté internationale dans son ensemble fasse désormais siens les objectifs internationaux de développement et que les nouveaux cadres de développement mis en place au niveau des pays réservent une large place à la participation locale et au suivi devrait constituer une base solide pour la formation d’un large consensus autour de l’APD.
49Tous les intervenants – pouvoirs publics, secteur privé et société civile, des pays développés comme des pays en développement – se doivent de saisir les occasions qui s’offrent aujourd’hui de progresser dans cette voie. La prochaine Conférence des Nations Unies sur le financement du développement devrait se révéler particulièrement utile de ce point de vue dans la mesure où elle pourrait déboucher sur une nouvelle perception des grands enjeux du financement du développement, qui en deviendraient l’affaire de tous. Elle devrait offrir une occasion rêvée de promouvoir une approche intégrée du financement du développement, en contribuant à susciter une prise de conscience des interactions entre financements publics et privés, ressources et systèmes financiers intérieurs et internationaux, et intermédiation financière formelle et informelle. Serait ainsi mise en évidence l’importance d’une bonne gestion du financement du développement et du renforcement des capacités dans les pays en développement. Pourrait également être abordé tout un éventail de questions telles que les approches régionales du développement des systèmes financiers, la coopération internationale dans le domaine de la fiscalité, le rôle de l’investissement direct étranger et le financement des biens publics mondiaux.
Annexe III.1 La mesure des apports de ressources aux pays en développement : différences observées et définitions utilisées
50Les diverses organisations internationales ont recours à des méthodes différentes pour mesurer les apports de ressources aux pays en développement. Le FMI recueille des données globales sur la balance des paiements auprès des pays donneurs comme des pays bénéficiaires de l’aide. La Banque mondiale se place, elle, dans l’optique des pays bénéficiaires/ débiteurs et utilise les données provenant de son Système de notification des pays débiteurs (SNPD). L’OCDE, enfin, privilégie le point de vue des pays donneurs/créanciers. C’est de ces derniers qu’émanent ses données ; ses chiffres s’appuient aussi sur les statistiques des créances bancaires établies par la Banque des règlements internationaux (BRI).
51L’OCDE, la Banque mondiale, le FMI et la BRI s’appliquent, par la concertation, à accorder autant que possible leurs mesures statistiques des apports de ressources aux pays en développement et à remédier aux divergences qu’elles peuvent présenter. Une publication commune fournit une description détaillée des données sur la balance des paiements, la dette et les flux financiers produites par les quatre institutions membres du Groupe de travail international sur les statistiques de la dette extérieure, et indique comment passer des unes aux autres.
52Si les estimations de l’OCDE concernant les apports nets de ressources diffèrent de celles de la Banque mondiale, c’est essentiellement parce que les premières reposent sur une définition plus large de la notion de pays bénéficiaire et incluent les dons d’assistance technique (la Banque mondiale ne tient pas compte des dons d’assistance technique pour la simple raison que, le plus souvent, ils ne donnent pas lieu à l’inscription d’une opération dans la balance des paiements; l’OCDE les prend par contre en considération, partant du principe qu’ils représentent un apport de ressources au profit des pays en développement). Une autre cause de divergence vient du fait que les données de la Banque mondiale sur les entrées d’investissements étrangers dans les pays en développement sont dérivées des chiffres de la balance des paiements des pays bénéficiaires, et comprennent donc les investissements entre pays en développement, alors que celles de l’OCDE portent uniquement sur les flux d’investissement direct des Membres de l’OCDE.
53Les chiffres publiés par l’OCDE peuvent eux-mêmes présenter des divergences, selon qu’ils renvoient aux ressources reçues par les pays en développement (comme c’est le cas dans le présent chapitre) ou à la performance des gouvernements donneurs en matière d’aide (comme c’est le cas dans le chapitre qui suit). Si l’on considère les ressources reçues, l’APD englobe les versements de concours assortis de conditions de faveur consentis aux pays en développement par les organismes bilatéraux et multilatéraux à l’appui du développement. Si on se place du point de vue de la performance en matière d’aide en revanche, l’APD recouvre les versements à des conditions libérales opérés par les organismes bilatéraux aux pays en développement et aux institutions multilatérales œuvrant dans le domaine du développement.
54Or ces deux mesures de l’APD aboutissent à des chiffres différents car les financements concessionnels de source bilatérale reçus par les organisations multilatérales, qui sont comptabilisés dans les versements du donneur à la date de dépôt des fonds, ne correspondent pas aux versements effectués par ces institutions aux pays en développement au cours de la même année, même si à l’évidence les deux s’équilibrent sur le long terme.
55La notion de financement public du développement (FPD) utilisée dans le présent chapitre renvoie à la mesure de l’APD dans l’optique des « ressources reçues », à laquelle on ajoute les versements consentis par les institutions multilatérales aux conditions du marché à des fins de développement et les autres apports publics bilatéraux à l’appui du développement (y compris les prêts de refinancement), dont l’élément de libéralité est insuffisant pour qu’ils soient comptabilisés dans l’APD. Les données fournies dans le chapitre IV, qui est centré sur les efforts des donneurs, concernent, elles, l’APD considérée du point de vue de la « performance des donneurs ». Dans ces deux mesures de l’APD ne sont pris en compte que les apports à long terme. Au tableau I de l’annexe statistique et au tableau III-1 sont cependant aussi présentées des données sur les prêts bancaires à court terme afin de donner une idée du climat actuel de l’investissement dans les pays en développement.
Notes
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[1]
Sur la base des versements des donneurs bilatéraux et multilatéraux. Le chiffre de 56 milliards fourni pour 1999 dans le chapitre IV correspond, lui, au montant des versements bilatéraux majorés des contributions bilatérales aux organisations multilatérales. Voir l’annexe III-1 qui donne des précisions sur les méthodes différentes auxquelles ont recours les organisations internationales pour mesurer les apports de ressources aux pays en développement.
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[2]
Les notifications de plusieurs Membres du CAD, dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, sont incomplètes sur ce point.
-
[3]
En réalité, du fait du statut de « créanciers privilégiés » des organisations multilatérales, les dettes à l’égard de ces dernières seront remboursées, qui plus est en premier, car aucun pays ayant des arriérés à l’égard des institutions financières internationales ne peut avancer dans le processus PPTE.