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Article de revue

Le sens de l’entrepreneuriat dans l’engagement des jeunes d’origine subsaharienne

Pages 25 à 33

Notes

  • [1]
    Le terme « jeune » vise ici les descendants d’immigrés et des personnes avec une scolarité ou un parcours professionnel en Afrique. Il se réfère à une fourchette d’âge de 18 à 35 ans (voir par exemple Beauchemin C., Hamel C., Simon P. (coord.), 2010, Trajectoires et Origines. Enquête sur la diversité des populations en France, INED, Paris, chap. 6), mais aussi à une situation sociale. En Afrique, où la séniorité renvoie souvent à un statut supérieur, le terme « cadets sociaux » fait référence à une position sociale ou économique inférieure incluant la précarité et le déclassement. En jeu également, la différence des valeurs et façons de faire entre générations. En ce sens, Laurent Lardeux aborde la conflictualité entre « générations de militants » associatifs (L’engagement transnational des descendants de migrants. Carrières militantes et mémoire des origines, Rapport d’étude, INJEP, décembre 2016, p. 65).
  • [2]
    Financée par le FDVA, l’enquête a été menée en 2014-2015 par l’ONG GRDR Migration-Citoyenneté-Développement, le département de science politique de l’université Paris 8 et le Forum des organisations de solidarité internationale issues des migrations (FORIM). Elle est basée sur un questionnaire administré à 128 personnes, 9 histoires de vie et 4 entretiens collectifs.
  • [3]
    L’importance donnée à l’embauche reflète une tendance générale parmi les entrepreneurs migrants (voir encadré).
  • [4]
    Il s’agit des entretiens avec des stagiaires des éditions 2015-2016 de l’École régionale des projets (ERP), des accompagnateurs et responsables associatifs.
  • [5]
    Pascaud É., Simonin B., 2019, L’évolution de l’engagement bénévole associatif en France, de 2010 à 2019, Étude France Bénévolat/IFOP, mars.
  • [6]
    Toutes les données de cette sous-partie sont tirées du Rapport FDVA.
  • [7]
    La Cité des métiers est « un lieu de ressources et de conseil dédié à la vie professionnelle pour tous les publics, en accès libre, anonyme et gratuit » (www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-des-metiers/).
  • [8]
    Des journées de formation intensive alternent avec des sessions de travail en groupe, des rencontres individuelles avec les tuteurs et, à la fin, la présentation d’un projet entrepreneurial (business plan).
  • [9]
    Intervention lors du cours de master 2, « Gestion par projet. Approches critiques », Paris 8 (15 octobre 2017).
  • [10]
    Voir le positionnement de Coudou Ndiayé présenté dans la section suivante.
  • [11]
    Fatoumata Sidibé justifie notamment son action par le fait que les « Maliens ne savent pas s’organiser, en comparaison aux Pakistanais », Étude FDVA, op. cit. p. 55.
  • [12]
    Entretien 10 avril 2017.
  • [13]
    Mariko est multidiplômé (BTS, puis master d’insertion par l’économie sociale et solidaire). À côté de son engagement associatif dans son quartier, il travaille dans plusieurs moyennes et grandes entreprises avant de créer sa propre structure. Ayant travaillé comme chargé de mission développement économique à la mairie de Bobigny, Mariko est également un exemple de jeune leader associatif qui a été sollicité pour contribuer à l’action municipale.
  • [14]
    Née à Aubervilliers, Samira Djouadi (déléguée générale de la Fondation TF1) a depuis les années 2000 créé plusieurs structures visant l’insertion professionnelle des personnes « issues de la diversité ».
  • [15]
    Intervention au forum Fédération des associations du Cercle de Diallan, 4 octobre 2014.
  • [16]
    « […] mon objectif à long terme serait que mon entreprise puisse financer les actions de l’association. Il serait intéressant de faire le parallèle avec le modèle anglo-saxon. Ils font une distinction franche entre le monde associatif, qui est plus charity, c’est-à-dire aider les gens, et l’entreprise, plus perçue comme le moyen de faire du business. Par contre, on demande un peu de charity au businessman. » (Entretien, 22 mars 2018.)
  • [17]
    Ibid.
  • [18]
    Elle reflète aussi la vision des membres qui ne souhaitent pas poursuivre une première expérience dans laquelle l’association était prestataire de services.
  • [19]
    Entretien, 28 juin 2018.
  • [20]
    Jonathan Stebig, ancien responsable de l’ERP, évoque la difficulté des stagiaires à « sortir dans le froid » après avoir évolué dans un environnement protégé (entretien 14 mars 2018).
  • [21]
    Entretien 6 juin 2018.
  • [22]
    Ibid.
  • [23]
    Selon ses organisateurs, le club vise les porteurs de projet dans la filière de la restauration au niveau de la cuisine, de l’approvisionnement, de la commercialisation des produits alimentaires en France ou à l’international. Il offre des services collectifs tels qu’un restaurant associatif de production, une gestion administrative, des programmes de formation collective, des tests de viabilité et une aide au déploiement (https://openagenda.com/cite-des-sciences/events/club-cuisine-plurielle_855822).
  • [24]
    Sur la moindre importance du « goût d’entreprendre » chez les migrants, voir encadré p. 29.
  • [25]
    Entretien, 28 juin 2018. Une fois les repas préparés, les membres de la coopérative mangent souvent ensemble.
  • [26]
    Ce projet bénéficie d’une aide à la structuration de la SCOP Manucoop et des formations offertes par Coopaname. Il sera suivi par une expérimentation dans le domaine du textile.
  • [27]
    Entretien, 4 juillet 2019.
  • [28]
    L’apport durable de la Cité des métiers a été essentiel pour la pérennité de ces initiatives.
  • [29]
    Face à la contrainte de gagner leur vie, la plupart des membres du collectif Cuisine ont dû chercher d’autres solutions.
  • [30]
    Voir les groupements d’achat transnationaux menés par L’EED (L’association ensemble pour l’espoir et le développement) et la coopérative Banjugu avec l’apport en expertise d’Ibrahim Diabakhaté. Il s’agit d’acheter ensemble et d’investir une partie des économies d’échelle dans des projets collectifs.
  • [31]
    À ma question, « […] social, ça veut dire de moindre qualité ? », Mariko répond « […] dans l’imaginaire collectif, c’est cela » (entretien, 22 mars 2018).
  • [32]
    Pour Ibrahim Diabakhaté, dans l’engagement associatif, il n’y a pas de gratuité. Toute activité a un coût qu’il est important de rappeler aux engagés et bénéficiaires (entretien, 21 décembre 2017).

1Cette contribution aborde le rôle de l’entrepreunariat dans l’engagement associatif des jeunes d’origine subsaharienne [1]. En France, les liens entre engagement et questions économiques se renforcent depuis les années 1990. Les associations de migrants d’origine subsaharienne se sont progressivement éloignées de leur vocation initiale, qui était de financer le rapatriement des défunts et la réalisation de projets dans leur village d’origine. Aujourd’hui, elles se consacrent davantage à l’amélioration des conditions de vie en France, d’abord à travers la lutte contre les discriminations, puis au profit de la scolarité, des loisirs et de l’emploi. Les financements publics ont accompagné ce changement avant de se réduire et, in fine, de durcir leurs conditions d’accès.

2Dans ce contexte, une enquête collective du Fonds pour le développement de la vie associative (FDVA) sur l’engagement associatif des jeunes descendants de migrants d’origine subsaharienne [2] a fait apparaître un sens de l’engagement dans lequel des dimensions civiques et économiques se croisent, rapprochant parfois l’action associative et entrepreneuriale. Les mots de Fatoumata Sidibé, une jeune Franco-Malienne, fondatrice de la société E-market Africa, illustrent ce phénomène :

3

« On se dit : “Ah bah non, c’est une entreprise, forcement c’est économique, forcement c’est du bénéfice”. Ce n’est pas vrai ! Le fait juste d’embaucher des personnes qui gagnent leur salaire une fois par mois et qui peuvent subvenir aux besoins de sa famille, je suis désolée, c’est une base […]. Pour moi, je pense que l’association et l’entreprise, ça ne fait qu’un aujourd’hui [3]. »
(Entretien, 4 décembre 2013.)

4Pour Sidibe, la question n’est pas de distinguer entreprise et association, mais de résoudre des problèmes collectifs ou, comme elle le dit, de « répondre à des besoins », de « consommer responsable », de privilégier les biens et services offerts par son réseau.

5Quel sens donner à ce rapprochement entre engagement associatif et entrepreneurial dans lequel l’entrepreneuriat représente la capacité de pouvoir porter un projet économique individuel à retombées collectives ? Si les deux n’ont a priori pas les mêmes valeurs – des entreprises devraient faire des profits, à l’opposé des associations –, comment des références et des instruments entrepreneuriaux peuvent-ils intégrer l’engagement associatif des jeunes ? Face à de possibles contradictions, quelles sont les issues ? Alors que ce rap­pro­chement repose largement sur un discours de type néolibéral valorisant la prise d’initiative et l’autoresponsabilisation, comment peut-il renvoyer à des alternatives ?

6Les réponses que nous proposons d’apporter ici sont issues d’une recherche-action qui est partie de l’enquête FDVA pour se poursuivre par un travail individuel sur les dispositifs d’accompagnement du Groupe de recherche et de réalisation pour le développement rural (GRDR) et de ses partenaires [4]. Elles permettent d’abord, à l’aide de l’étude FDVA, de caractériser l’engagement associatif actuel des jeunes d’origine migratoire et le sens que l’entrepreneuriat peut y prendre. Sont ensuite étudiés quelques dispositifs d’accompagnement en dégageant deux approches, l’une centrée sur le projet individuel, l’autre s’intéressant davantage aux modalités collectives de l’entrepreneuriat. Dans les deux cas, l’engagement entrepreneurial traduit l’envie de développer un projet personnel et collectif et offre une réponse à la difficulté de financer l’action associative. Plus fondamentalement, il est l’expression d’une transformation de l’idée de la valeur de l’engagement qui, en brouillant les distinctions entre l’action sociale et l’action lucrative, débouche sur des nouvelles formes d’organisation.

L’engagement associatif d’une nouvelle génération

7L’étude FDVA reflète les transformations de l’engagement associatif en France [5], au sein d’une génération regroupant des personnes qui y sont nées ou y ont fait une partie de leur scolarité. Alors que la plupart des interviewés ont connu la vie associative à travers leurs parents, l’idée qu’il s’agirait d’« associations des vieux » dont ils ne partagent ni les objectifs ni le mode de fonctionnement est récurrente [6]. Parmi les différences principales, on retrouve le rapport à l’école et à la réussite, l’utilisation des réseaux sociaux qui remplacent les réunions régulières, l’ouverture au-delà du cadre communautaire, et le rejet des hiérarchies de sexe, d’âge et de caste encore très présentes chez les aînés. Les objectifs de l’engagement sont fréquemment associés aux mots « projet » et « travail », suggérant un lien entre action associative, réussite individuelle, émancipation et avancement professionnel. Si l’envie de faire quelque chose pour la communauté est tout aussi importante que chez les parents, désormais les projets retenus et les façons de faire doivent répondre aux nouvelles exigences. L’entrepreneuriat reflète la volonté d’améliorer les conditions de vie en France et en Afrique, l’aspiration à l’égalité, à l’autonomie des femmes et des jeunes.

L’École régionale des projets entre accompagnement entrepreneurial et insertion sociale

8La genèse de l’École régionale des projets (ERP) exemplifie le rapprochement entre l’entrepreneuriat et les projets associatifs d’une nouvelle génération à majorité féminine. Sous l’impulsion d’Halimata So, jeune femme d’origine sénégalaise et diplômée d’un master d’insertion en économie sociale et solidaire (ESS) devenue chargée de projet au GRDR, un partenariat a été créé avec la Cité des métiers [7] permettant la naissance des dispositifs « Entreprendre au féminin » et « Club dynamiques africaines ». Réunissant régulièrement entre vingt-cinq et trente-cinq personnes, il s’agit de forums d’échange pour des porteurs de projet. Le GRDR est ainsi devenu un partenaire attractif pour les programmes d’insertion économique de la région Île-de-France. Depuis 2014, il a obtenu une subvention de 90 000 euros par an pour faire fonctionner l’ERP, un dispositif d’accompagnement offrant des formations à l’entrepreneuriat pour des migrants et personnes d’origine immigrée. Au cours des cinq dernières années, l’ERP a formé environ trente personnes par an, majoritairement des femmes, pendant une période de six mois, travaillant avec une équipe bénévole de douze formateurs et de neuf tuteurs [8].

9L’ERP reflète la situation socioprofessionnelle des migrants et de leurs descendants (voir encadré). D’un côté, on trouve une minorité avec une formation post-bac ou une expérience professionnelle formelle, basée sur des qualifications et un parcours professionnel afférent ; de l’autre, une majorité peu formée scolairement, avec des compétences acquises de manière plus ou moins informelle. Selon Rafael Ricardou, ancien responsable de l’antenne Île-de-France du GRDR et aujourd’hui directeur de la Cité de métiers, 30 % peut-être, au mieux, arrivent à créer une entreprise, mais, pour les autres, l’ERP offre l’opportunité d’être remotivé, d’acquérir de la confiance en soi, un réseau et la reconnaissance institutionnelle formelle qui peut favoriser leur insertion sociale. Ainsi « l’ERP offre une base pour lutter contre la discrimination et les inégalités, pour un public marginalisé là où les financements publics pour de telles politiques sont absents [9] ». La rencontre entre ces deux types de public est généralement vue comme enrichissante, mais cela n’exclut pas des insatisfactions :

10

« On est tous sortis de l’ERP sans business plan. Ç’a été un fiasco. Seulement ceux qui étaient déjà dans leur truc ont réussi. »
(Djenéba Sidibé, entretien du 11 mai 2017.)

11

« Nous travaillons depuis février sur le projet d’une d’entre nous, et on nous dit que toutes n’ont pas le projet qui leur permet d’aller jusqu’au bout. »
(Stagiaire de l’ERP, 28 juin 2018.)

12Certains participants, du côté des diplômés, auraient préféré une offre plus ambitieuse [10], alors que, pour les moins formés, on aurait passé trop de temps à travailler un projet plus abouti.

13L’hétérogénéité du public se retrouve chez les formateurs de l’ERP, qui regroupe des spécialistes de l’accompagnement entrepreneurial formés en économie-gestion et des personnes avec des compétences dans le travail social. Le faible taux de création d’entreprises peut poser problème pour ceux qui y voient leur vocation principale, mais également pour le bailleur. Face à ces préoccupations, un nouveau modèle a été introduit en 2019, qui vise à renforcer l’accompagnement individuel des projets. Toujours dans le souci d’améliorer la capacité de créer de l’activité économique, une nouvelle structure soutenue par la région Île-de-France et la mairie de Paris, en partenariat avec la Cité des métiers, appelé Acceler’Acteur, a été fondée. Elle s’adresse à des personnes qui ont déjà un projet de création, alors que l’ERP vise d’abord à les identifier. Si l’accompagnement reste, dans ces cas, un travail sur des projets individuels, comment s’articule-t-il avec l’engagement associatif ?

L’engagement entrepreneurial comme promotion individuelle au profit du collectif

14L’idée que la réussite du projet économique individuel offrirait la possibilité de soutenir ensuite d’autres personnes et éventuellement d’autres projets associatifs est souvent abordée. La situation de Fatoumata Sidibé, évoquée en introduction de ce chapitre, correspond à ce type de profil. Fille de parents maliens, née en France, diplômée d’un BTS d’assistante de gestion PME-PMI, lauréate de « Talent des cités » en 2013 et ancienne collaboratrice de la multinationale Accor, Sidibé crée sa société E-Market Africa en 2014. Son idée consiste à livrer des packs d’aliments dans la région parisienne et au Mali. Il s’agit, selon elle, d’une alternative aux transferts d’argent permettant aux familles concernées de mieux gérer leur budget et offrant aux retraités qui sont revenus au Mali la possibilité de maintenir leur style de vie. Son entreprise crée de l’emploi en Île-de-France et à Bamako. Le local au Mali est une pépinière de start-up qui, selon elle, permettrait d’éviter les ingérences politiques. Sidibe dit favoriser des fournisseurs socialement responsables qui partagent ses valeurs. La valeur de service à la communauté [11] croise ici les références venant du monde des affaires anglo-saxon, par exemple les techniques de « marketing en réseau » que Sidibé connaît depuis son travail chez Accor.

15Les références de Coudou Ndiayé que nous avons précédemment citée, jeune femme d’origine sénégalaise issue de la promotion de l’ERP de 2015, viennent également du monde des affaires. Après un BTS de négociation et commerce et un master en alternance dans une banque, Ndiayé se lance dans un projet visant à utiliser le design textile africain dans la haute couture. L’idée est de contribuer à la reconnaissance de l’Afrique, notamment chez les célébrités afro-américaines. Pour elle, l’ERP n’a pas offert le bon type de réseau et elle a réussi à être acceptée dans l’incubateur HEC Stand Up. Comme de nombreux jeunes diplômés d’origine immigrée, elle insiste sur l’idée de se prendre en charge et évoque une ambition qu’elle qualifie de « philanthropique [12] ». Rappelant son propre parcours de mère précoce, Ndiayé voudrait à terme financer un abri pour des jeunes mères rejetées à Dakar.

Les migrants et la création d’entreprises

Chômage
En 2016, le taux de chômage des étrangers (20 %) est le double de celui des personnes de nationalité française (9 %) (INSEE, 2018). Cette différence est plus marquée chez les étrangers hors Union européenne (UE), notamment chez les femmes (27 %). 4,4 millions personnes vivent en « zone urbaine sensible », un peu moins de 7 % de la population (INSEE, 2006), dont 29,2 % d’immigrés. Le taux de chômage des immigrés est ici de 26,1 % contre 17,6 chez les non-immigrés (Observatoire national des zones urbaines sensibles, 2011).
Création d’entreprises
En 2014, en France, 90,6 % des créateurs sont de nationalité française et 9,4 % sont des étrangers (contre 8,6 % en 2010, 3,9 % dans l’UE, 4,7 % hors UE), plus précisément 7,3 % sont des hommes et 2,1 % sont des femmes de nationalité étrangère. En Île-de-France, 84,6 % sont des Français et 15,4 % des étrangers, 12,6 % sont des hommes et 2,8 % sont des femmes.
Diplômes
41 % des étrangers contre 17 % des Français sont sans diplôme. 34 % des créateurs étrangers sont diplômés de l’enseignement supérieur, contre 41 % des Français.
Secteurs d’activité
Les étrangers créent une entreprise principalement dans la construction, 30 % (contre 16 % chez les Français), 20 % dans le commerce de détail (contre 14 %), 23 % dans les services (contre 40 %) et 7 % dans les activités scientifiques et techniques y compris professions libérales (contre 16 % chez les Français). Une spécificité concerne la création de microentreprises : les étrangers sont plus nombreux que les Français dans les secteurs de la santé, du commerce, de la réparation automobile et du courtage.
Financement et motivations
62 % des étrangers ont financé leur projet grâce à des ressources personnelles, famille ou associés, contre 49 % des Français. Les étrangers cherchent davantage à créer de l’emploi : 22 % emploient des salariés au démarrage, contre 12 % des Français. 29 % des étrangers sans emploi ont choisi de créer une activité, contre 21 % des Français dans la même situation. Seulement 27 % des étrangers, contre 45 % des Français, citent le goût d’entreprendre comme motivation.
Accompagnement
65 % des créateurs étrangers ont été assistés dans leur projet, dont 50 % par des proches et non par des organismes. 32 % des Français ont été accompagnés par des professionnels, mais seulement 11 % par des structures dédiées.
Nous distinguons les dispositifs d’accompagnement « généralistes » (par exemple les réseaux Boutique de gestion pour entreprendre [BGE] et CitésLab) des institutions qui accompagnent des projets migrants transnationaux (à savoir l’Agence pour la diversité entrepreneuriale [ADIVE], Incubateurs HEC Stand Up, Bond’Innov, Singa) et féminins (l’Organisation des femmes africaines de la diaspora [OFAD]).
Sources : La source statistique principale pour les créations d’entreprises est le SINE (système d’information sur les nouvelles entreprises) de l’INSEE. Deux enquêtes sont disponibles (2010 et 2014). La seule variable de la nationalité est prise en compte. La plupart des données chiffrées de cet encadré sont extraites de « La création d’activité par les personnes migrantes issues de la diversité ou des quartiers. Un levier d’intégration et de croissance pour la France », 2013, Agence pour la création d’entreprises (APCE).

16La vision de l’engagement entrepreneurial de ces deux femmes est peu articulée avec la sphère associative. Pourtant nous pouvons les rapprocher de certains leaders d’associations dans les quartiers populaires. Le cas de Karim Mariko, formateur à l’ERP, cofondateur de l’association Oxmoz (sport, culture, solidarité, insertion professionnelle) et créateur de l’entreprise d’insertion ECLEEPSE (spécialisée dans le nettoyage écologique et la rénovation), est emblématique [13]. Sa socialisation conjugue l’expérience des tontines organisées par ses parents, celle des associations de quartier et celle d’un stage en BTS dans une association pionnière de l’insertion professionnelle des jeunes de banlieue [14]. Impliqué, en 2002, dans l’organisation d’un voyage d’enfants français en Corée pour la Coupe du monde de football, en partenariat avec la Fédération française de football, Mariko a eu envie d’appliquer les compétences acquises dans la création de sa propre association. Selon lui, cet engagement associatif est pourtant alimenté par une vision entrepreneuriale :

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« Je me suis toujours ressenti une âme d’entrepreneur. En fait, mon engagement associatif, il était plus lié à la mise en place de projets que le fait d’être simple bénévole et militant associatif. Je me considère comme un entrepreneur social, c’est-à-dire [lié à] la mise en place de projets communs au bénéfice du plus grand nombre […]. J’étais convaincu, et je le suis encore, que c’est en aidant les gens à être autonomes dans la mise en place de projet qu’on leur permet d’accéder à un travail, à une formation. »
(Entretien, 22  mars 2018.)

18Cette approche s’est traduite par l’accent mis sur la structuration des activités et la recherche des partenaires, ce qui distinguait Oxmoz des associations de ses aînées. Contre toute attente, Mariko et son associé ont réussi à organiser un tournoi de foot en salle à Bobigny et à y faire venir l’entraîneur de l’équipe nationale. D’autres actions culturelles et sportives leur ont apporté la confiance des concitoyens et celle de la mairie. Subventions et partenariats ont, à terme, permis à une soixantaine de membres de trouver directement ou indirectement un emploi.

19Cette réussite a pourtant engendré une instrumentalisation politique où « les membres moteurs sont identifiés très tôt et finalement happés par un système qui est très difficile [15] », déclare Mariko. C’est à l’aune de cette expérience qu’il faudra comprendre sa défense d’une démarche philanthropique [16] soustrayant l’engagement associatif aux influences politiques : « […] la façon la plus évidente et la plus facile de rester totalement apolitique, c’est d’être indépendant financièrement […]. Quand on est indépendant financièrement, on est libre de ses faits et gestes [17]. » La réussite d’Oxmoz a également eu une influence sur le désintéressement des membres bénévoles qui, selon lui, ont davantage tendance depuis à rechercher une contrepartie. Pour le jeune leader associatif, les gens n’avaient pas compris qu’une association puisse générer un chiffre d’affaires sans faire de profit. En raison des dissensus autour de ses objectifs, Mariko et ses collaborateurs ont alors séparé l’association de toutes les actions créatrices d’emploi ou de richesse et ont fondé, en parallèle, une entreprise conventionnée d’insertion professionnelle permettant de les accueillir. La différence qualitative entre l’engagement associatif « bénévole » et « social » et celle de l’entreprise « lucrative » que Mariko établit est alors au moins en partie le résultat de son souci de préserver l’esprit collectif qui a marqué les débuts de son association [18]. Serait-il alors impossible de réunir action collective solidaire et insertion professionnelle dans une seule et même organisation ?

Mutualisation et entrepreneuriat collectif

20Les expérimentations de mutualisation de projets entrepreneuriaux migrants mis en place par le GRDR et son partenaire, l’association Réseau de valorisation économique d’initiatives locales des migrants (RéVeil), offrent une alternative. Ici, il s’agit de reconnaître que beaucoup de participants n’ont simplement pas les moyens de faire face seuls « à une compé­ti­tion individualiste sur le marché », comme le dit Martine Ndiayé, tutrice de l’ERP [19] entre autres. Les responsables du GRDR partageant ce constat [20], l’ERP a également été articulée avec une approche par « filière ». L’idée est de partir de la convergence entre divers projets de création et de développer des formes de mutualisation permettant d’affronter des problèmes récurrents (isolement, difficulté à se financer et à trouver un lieu d’activité). Mais l’articulation entre les projets individuels et un travail en collectif est loin d’aller de soi. En témoigne l’expérimentation d’un « club cosmétique » lancée en 2017. Giselle Toaly, une jeune chargée de projet ayant une expérience dans la création de coopératives d’insertion à Madagascar, a été mandatée pour faire un diagnostic des entretiens de 120 personnes. Il s’agissait de comprendre quelles ressources chaque porteur de projet potentiel pourrait mobiliser. Selon Toaly, une fois qu’une dizaine de personnes a été sélectionnée, l’essentiel a été de « découvrir l’envie de travailler l’ensemble [21] ». Pour cela, il fallait que ces personnes prennent conscience de leurs ressources et que, en les partageant, en jouant sur leur complémentarité, elles puissent résoudre des problèmes qu’elles n’auraient pas pu dépasser seules. Ainsi le collectif a fondé en mars 2018 l’association La Maison de la cosmétique. L’objectif était d’accéder à une subvention de la mairie de Paris, l’intention de la municipalité étant de financer un laboratoire associatif. Ce financement a été obtenu, mais le collectif s’est divisé. Pour les uns, le partage d’un laboratoire offrait la possibilité d’accéder à un lieu pour produire ; pour les autres, la priorité portait davantage sur la mutualisation des formations et la mise en place de partenariats. Comme le dit Toaly : « Elles ont toutes réalisé leur commun, mais après c’est le commun qui est différent et qui divise [22]. » Cet éclatement serait dû à un manque de temps pour construire un projet ensemble. Le travail dans la durée n’était pas compatible avec les impératifs budgétaires de la mairie qui impliquaient une création rapide de la structure.

21Le GRDR a néanmoins poursuivi dans cette voie. Au printemps 2019, le club Cuisine plurielle [23] a été lancé en partenariat avec la Cité des métiers et l’association RéVeil, spécialisée dans des approches de mutualisation avec des migrants. Il s’agit d’expérimenter son activité en conditions réelles, dans un collectif, en s’appuyant sur des services mutualisés et le réseau du GRDR. L’initiative est animée par Martine Ndiayé et Ibrahim Diabakhaté, deux collaborateurs bénévoles de l’ERP qui se sont connus dans le club Dynamiques africaines. En partageant leur insatisfaction à l’égard des outils d’insertion économique à la disposition des migrants, ils ont engagé un travail de longue haleine dans le développement de dispositifs de mutualisation dont est issu RéVeil.

22Selon Ndiayé, il y a une réelle demande qui n’a pas pu être satisfaite. Ndiayé évoque notamment le modèle coopératif promu par le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), qui repose sur un statut de salarié qui serait mal adapté à la précarité des migrants et à leur expérience. Principalement informelle, leur mode de fonctionnement privilégie des retours financiers à court terme. Pour Ndiayé, en effet, « […] les précaires n’ont pas cette idée d’une entreprise, c’est plus pour trouver une solution pour survivre [24] ». À la recherche d’alternatives, Ndiayé a fondé en 2015 un collectif cuisine avec cinq femmes qui, à l’issue d’un accompagnement par l’ERP, n’avaient pas pu mener à bien leur projet entrepreneurial.

23En 2018, le restaurant associatif La Nouvelle Rotisserie met ainsi à leur disposition un espace pour préparer trois déjeuners par semaine afin de tester, à l’instar du club Cuisine Plurielle, une activité dans des conditions réelles. Selon Ndiayé, « les individus dans ce projet vont croître, se former selon leur propre rythme avec un équipement adéquat. Faire un business plan ne change rien. Les outils doivent être en adéquation à ce qu’on apporte au projet et à ce qu’on fait [25] ». Un an après, cette initiative s’est transformée en coopérative à travers la création d’une nouvelle association nommée Migracoop qui est issue de la jonction entre trois associations. L’idée est d’adapter la coopérative d’activité et d’emploi offrant aux projets individuels des services mutualisés, un salaire et une protection sociale à la situation des personnes d’origine migratoire qui vivent dans des conditions précaires et n’ont que peu de chances de mener à bien un projet individuel. De la même façon que pour la première expérience du collectif cuisine, il s’agit de s’auto-organiser et de créer un projet collectif qui fédère les aspirations individuelles des membres. Les appuis de la Fondation de France et de la Fondation Crédit Coopératif ont permis de financer, en ce sens, une coopérative éphémère. Appelée Sunucoop, son but est d’offrir à huit entrepreneurs du culinaire la possibilité de tester leur activité pendant cinq mois avant de décider comment poursuivre leur projet [26] tout en bénéficiant d’un apprentissage collectif axé sur la mutualisation et la résolution des problèmes pratiques.

24Gagner sa vie en développant une activité reflétant les aspirations personnelles n’est pas le seul mobile de cet engagement. Pour Ndiayé, « la première chose est qu’on est ensemble, qu’on passe du temps ensemble [27] ». Apparaît ici l’esprit collectif et convivial que Mariko évoque à l’égard d’Oxmoz et qui s’est traduit chez certains porteurs de projet de l’ERP par la volonté de créer des espaces de partage ; des espaces permettant de tisser des liens entre les générations.

Conclusion : autonomie et valeur dans l’engagement des nouvelles générations

25Ce texte est parti de l’idée que le rapprochement entre engagement associatif et entrepreneurial pourrait contribuer à caractériser l’action collective des nouvelles générations. Ayant réussi à se prolonger et à se renouveler, les initiatives d’accompagnement jouent ici un rôle non négligeable [28]. Dans ces expérimentations, le GRDR a su diversifier ses partenaires afin de proposer différentes approches visant des publics divers. Les expériences autour de l’entrepreneuriat collectif peinent cependant encore à durer, faisant l’objet de restructurations et de changements de public en fonction des financements et des contraintes des participants [29]. L’expérience du « club cosmétique » exemplifie la tension entre le travail de mise en commun, visant à ajuster les projets individuels et collectifs ainsi que les conditions des appels à projets et financements. L’entreprise individuelle portée par des « talents » ou « leaders » peut constituer une réponse au problème d’un manque d’autonomie financière, mais, en jouant sur la complémentarité, les économies d’échelle et des nouveaux outils de communication et de gestion, les collectifs d’entrepreneurs offrent aussi une alternative [30].

26Une enquête sur la signification de l’engagement associatif et économique pose le problème de la valeur de ce qui est produit. La réponse qui est souvent spontanément donnée est de juxtaposer social et lucratif. L’engagement des nouvelles générations brouille cette séparation. Ainsi la contrepartie de leur engagement, qu’il soit associatif ou entrepreneurial, est importante, et pourtant cela ne signifie nullement qu’on ne voudrait pas donner de soi. Mais dans l’approche philanthropique où l’activité lucrative finance l’activité associative, le social semble quelque part dévalorisé [31]. Au contraire, l’entrepreneuriat collectif intègre le « social » et le « lucratif [32] » en créant un commun à partir des ressources de chacun.


Date de mise en ligne : 18/12/2020

https://doi.org/10.3917/cact.056.0025

Notes

  • [1]
    Le terme « jeune » vise ici les descendants d’immigrés et des personnes avec une scolarité ou un parcours professionnel en Afrique. Il se réfère à une fourchette d’âge de 18 à 35 ans (voir par exemple Beauchemin C., Hamel C., Simon P. (coord.), 2010, Trajectoires et Origines. Enquête sur la diversité des populations en France, INED, Paris, chap. 6), mais aussi à une situation sociale. En Afrique, où la séniorité renvoie souvent à un statut supérieur, le terme « cadets sociaux » fait référence à une position sociale ou économique inférieure incluant la précarité et le déclassement. En jeu également, la différence des valeurs et façons de faire entre générations. En ce sens, Laurent Lardeux aborde la conflictualité entre « générations de militants » associatifs (L’engagement transnational des descendants de migrants. Carrières militantes et mémoire des origines, Rapport d’étude, INJEP, décembre 2016, p. 65).
  • [2]
    Financée par le FDVA, l’enquête a été menée en 2014-2015 par l’ONG GRDR Migration-Citoyenneté-Développement, le département de science politique de l’université Paris 8 et le Forum des organisations de solidarité internationale issues des migrations (FORIM). Elle est basée sur un questionnaire administré à 128 personnes, 9 histoires de vie et 4 entretiens collectifs.
  • [3]
    L’importance donnée à l’embauche reflète une tendance générale parmi les entrepreneurs migrants (voir encadré).
  • [4]
    Il s’agit des entretiens avec des stagiaires des éditions 2015-2016 de l’École régionale des projets (ERP), des accompagnateurs et responsables associatifs.
  • [5]
    Pascaud É., Simonin B., 2019, L’évolution de l’engagement bénévole associatif en France, de 2010 à 2019, Étude France Bénévolat/IFOP, mars.
  • [6]
    Toutes les données de cette sous-partie sont tirées du Rapport FDVA.
  • [7]
    La Cité des métiers est « un lieu de ressources et de conseil dédié à la vie professionnelle pour tous les publics, en accès libre, anonyme et gratuit » (www.cite-sciences.fr/fr/au-programme/lieux-ressources/cite-des-metiers/).
  • [8]
    Des journées de formation intensive alternent avec des sessions de travail en groupe, des rencontres individuelles avec les tuteurs et, à la fin, la présentation d’un projet entrepreneurial (business plan).
  • [9]
    Intervention lors du cours de master 2, « Gestion par projet. Approches critiques », Paris 8 (15 octobre 2017).
  • [10]
    Voir le positionnement de Coudou Ndiayé présenté dans la section suivante.
  • [11]
    Fatoumata Sidibé justifie notamment son action par le fait que les « Maliens ne savent pas s’organiser, en comparaison aux Pakistanais », Étude FDVA, op. cit. p. 55.
  • [12]
    Entretien 10 avril 2017.
  • [13]
    Mariko est multidiplômé (BTS, puis master d’insertion par l’économie sociale et solidaire). À côté de son engagement associatif dans son quartier, il travaille dans plusieurs moyennes et grandes entreprises avant de créer sa propre structure. Ayant travaillé comme chargé de mission développement économique à la mairie de Bobigny, Mariko est également un exemple de jeune leader associatif qui a été sollicité pour contribuer à l’action municipale.
  • [14]
    Née à Aubervilliers, Samira Djouadi (déléguée générale de la Fondation TF1) a depuis les années 2000 créé plusieurs structures visant l’insertion professionnelle des personnes « issues de la diversité ».
  • [15]
    Intervention au forum Fédération des associations du Cercle de Diallan, 4 octobre 2014.
  • [16]
    « […] mon objectif à long terme serait que mon entreprise puisse financer les actions de l’association. Il serait intéressant de faire le parallèle avec le modèle anglo-saxon. Ils font une distinction franche entre le monde associatif, qui est plus charity, c’est-à-dire aider les gens, et l’entreprise, plus perçue comme le moyen de faire du business. Par contre, on demande un peu de charity au businessman. » (Entretien, 22 mars 2018.)
  • [17]
    Ibid.
  • [18]
    Elle reflète aussi la vision des membres qui ne souhaitent pas poursuivre une première expérience dans laquelle l’association était prestataire de services.
  • [19]
    Entretien, 28 juin 2018.
  • [20]
    Jonathan Stebig, ancien responsable de l’ERP, évoque la difficulté des stagiaires à « sortir dans le froid » après avoir évolué dans un environnement protégé (entretien 14 mars 2018).
  • [21]
    Entretien 6 juin 2018.
  • [22]
    Ibid.
  • [23]
    Selon ses organisateurs, le club vise les porteurs de projet dans la filière de la restauration au niveau de la cuisine, de l’approvisionnement, de la commercialisation des produits alimentaires en France ou à l’international. Il offre des services collectifs tels qu’un restaurant associatif de production, une gestion administrative, des programmes de formation collective, des tests de viabilité et une aide au déploiement (https://openagenda.com/cite-des-sciences/events/club-cuisine-plurielle_855822).
  • [24]
    Sur la moindre importance du « goût d’entreprendre » chez les migrants, voir encadré p. 29.
  • [25]
    Entretien, 28 juin 2018. Une fois les repas préparés, les membres de la coopérative mangent souvent ensemble.
  • [26]
    Ce projet bénéficie d’une aide à la structuration de la SCOP Manucoop et des formations offertes par Coopaname. Il sera suivi par une expérimentation dans le domaine du textile.
  • [27]
    Entretien, 4 juillet 2019.
  • [28]
    L’apport durable de la Cité des métiers a été essentiel pour la pérennité de ces initiatives.
  • [29]
    Face à la contrainte de gagner leur vie, la plupart des membres du collectif Cuisine ont dû chercher d’autres solutions.
  • [30]
    Voir les groupements d’achat transnationaux menés par L’EED (L’association ensemble pour l’espoir et le développement) et la coopérative Banjugu avec l’apport en expertise d’Ibrahim Diabakhaté. Il s’agit d’acheter ensemble et d’investir une partie des économies d’échelle dans des projets collectifs.
  • [31]
    À ma question, « […] social, ça veut dire de moindre qualité ? », Mariko répond « […] dans l’imaginaire collectif, c’est cela » (entretien, 22 mars 2018).
  • [32]
    Pour Ibrahim Diabakhaté, dans l’engagement associatif, il n’y a pas de gratuité. Toute activité a un coût qu’il est important de rappeler aux engagés et bénéficiaires (entretien, 21 décembre 2017).

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