Notes
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[1]
L’agglomération de Cergy-Pontoise : Cergy, Éragny-sur-Oise, Saint-Ouen-l’Aumône, Courdimanche, Boisemont, Vauréal, Puiseux-Pontoise, Jouy-le-Moutier, Pontoise, Osny, Menucourt, Neuville-sur-Oise.
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[2]
http://www.bibaglo.org/localisation/biblioth-ques-d-agglom-ration/biblioth-que-d-etude-et-d-information
L’ensemble des collections et services du réseau des bibliothèques de Cergy-Pontoise est consultable sur http://www.bibaglo.org/ -
[3]
BiblioSésame est un réseau national de bibliothèques de lecture publiques lancé en 2006 à l’initiative de la bibliothèque publique d’information (BPI). Les bibliothécaires qui y participent conjuguent leurs efforts pour apporter des réponses de qualité en s’appuyant sur les domaines de compétences de chaque établissement. La BEI fait partie du réseau depuis 2008 et est sollicitée pour les questions liées (note BEI, www.bibliosesame.org).
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[4]
Blog-Notes du kiosque : blog réalisé par le service formation emploi de la BEI. Il propose une sélection d’informations pratiques repérées sur le Web et l’actualité dans le domaine de l’emploi, de la formation et de l’orientation. http://kiosquefe.bei.cergypontoise.fr/ Les rubriques sont les suivantes : agenda ; études ; métiers ; recherche d’emploi ; vie professionnelle ; droits des salariés ; fonction publique ; vie locale ; bibliographies ; CV créatifs ; les dossiers du blog-notes.
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[5]
Delesalle C, S’informer pour s’orienter. Pratiques et parcours de jeunes, INJEP, coll. « Cahiers de l’action », n° 14, 2007.
1Cette expérimentation d’enquêtes sur les pratiques des jeunes est proposée à l’équipe de Défi Internet par les professionnels de la bibliothèque d’étude et d’information (BEI) de la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise dans le Val-d’Oise [1]. Cette bibliothèque d’agglomération, fondée en 2000, se définit comme « hybride », étant à la fois une bibliothèque d’information générale et dotée de trois pôles de spécialisation : emploi, formation et vie professionnelle ; musique ; architecture et urbanisme [2]. La BEI dispose de ressources conséquentes dans les domaines de la formation initiale, continue ou professionnelle, de l’orientation et de l’insertion professionnelle et met à la disposition du public « un personnel chargé de le conseiller, de l’aider et de le former à l’utilisation de la bibliothèque et de ses ressources ». Tous ces services sont proposés simultanément dans les espaces de la BEI et à distance :
- des espaces publics numériques donnent accès à Internet pour consulter des ressources exclusives dont un espace multimédia avec une douzaine de postes dotés de nombreux logiciels d’autoformation (postes destinés aux plus de 16 ans) ;
- des espaces d’étude permettent d’étudier ou de se documenter dans tous les domaines de la connaissance (arts, littérature, science et techniques…) ;
- un kiosque formation-emploi, espace dédié à la documentation sur l’orientation, la formation, la préparation des concours et la recherche d’emploi, qui propose aussi une sélection de sites ;
- un service de questions-réponses à distance, BiblioSésame [3], permet d’obtenir de chez soi des références pour des recherches d’information ;
- un « blog-notes » pour suivre l’actualité dans le domaine de l’orientation et de l’insertion professionnelle [4] qui est de plus en plus consulté.
2La BEI a construit des partenariats nombreux : Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), Association française Immigrés Formation Animation (AFIFA), groupements d’établissements (GRETA), Association pour l’emploi des cadres (APEC), mission locale, maisons de l’information sur la formation et l’emploi (MIFE)… Ainsi qu’avec les lycées : la BEI se déplace dans les lycées dans le cadre de leurs projets pédagogiques et elle accueille les classes pour des visites-découvertes et des ateliers à la carte.
3L’offre numérique de cette bibliothèque est en plein développement : nouveaux postes, nouveaux sites sélectionnés, nouvelles interfaces avec le public pour informer comme les blogs, l’accès à des logiciels d’autoformation… Cela nécessite de suivre en continu les nouveaux usages afin d’avoir un retour sur l’offre proposée et de vérifier si elle répond aux besoins : besoin généralisé d’accès à Internet pour le travail scolaire (souvent à réaliser dans l’urgence), demande croissante d’information en matière d’orientation… La finalité est de susciter de nouvelles synergies entre Internet et les autres supports (documentation papier et audiovisuelle) et d’adapter les modes d’accueil, d’accompagnement et d’intervention des bibliothécaires en fonction des évolutions constatées.
Une co-construction d’outils de suivi
4Deux services souhaitent mener des investigations sur les évolutions des pratiques de leur public jeune :
- le service coordination documentaire qui a mis sur pied depuis mai 2009 un espace de travail scolaire avec accès à des postes informatiques connectés ;
- le service formation emploi orientation, qui propose aux adultes et aux jeunes (scolaires et étudiants) des ressources en matière d’orientation, avec un accompagnement dans la bibliothèque pour conseiller des sites et, le cas échéant, réorienter vers d’autres ressources (centres d’information et d’orientation : CIO, Information jeunesse, mission locale…).
Pour connaître les publics et leurs pratiques
5Les outils testés en partenariat visent à mieux cerner le public qui fréquente ces deux espaces dédiés et à vérifier par exemple si ce sont des jeunes qui n’ont pas d’accès ou un accès irrégulier à Internet. Il s’agit aussi de suivre l’appropriation par des jeunes de différents profils des nouveaux services proposés dans ces espaces.
6Dans l’espace dédié au travail scolaire : comment les jeunes se repèrent-ils sur Internet pour leur travail scolaire ? Quels sites sont les plus fréquentés ? Quelles sont les recherches complémentaires opérées par les élèves dans la bibliothèque ? Quelles sont les demandes des établissements scolaires aujourd’hui en matière de travail sur Internet ?
Méthodologie et outils : deux questionnaires auto-administrés
En première étape, les membres de l’équipe de la BEI en charge de ces deux services présentent au groupe opérationnel de la recherche-formation-action Défi Internet leurs objectifs, leurs axes de travail et leurs attentes au plan méthodologique. La discussion interdisciplinaire et interterritoires au sein de ce groupe leur permet de finaliser leurs axes d’exploration. S’ensuivent des allers-retours avec l’équipe de Défi Internet pour affiner les questionnements. Lors d’une demi-journée de travail en commun sont ensuite discutés et décidés également en commun les outils à utiliser, le protocole et ses suites éventuelles. À la suite de ce travail, un document est rédigé par l’équipe de Défi Internet présentant le contexte du protocole envisagé, les objectifs poursuivis, les axes d’exploration discutés, les modalités d’enquête retenues et le calendrier prévu. L’équipe de la BEI informe ses partenaires de l’expérimentation en cours : le réseau des bibliothèques de l’agglomération ainsi que les partenaires du service formation emploi : CIO, Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ), mission locale…
Deux enquêtes mises en œuvre par l’équipe des bibliothécaires
Deux questionnaires sont élaborés par l’équipe des bibliothécaires :
– L’un est destiné aux jeunes utilisant l’espace de travail scolaire : « Comment les utilisateurs de l’espace scolaire (jeunes de 12-18 ans) utilisent-ils Internet pour la recherche scolaire à la BEI ? »
– L’autre est destiné aux jeunes utilisant l’espace dédié à l’orientation : « Les pratiques numériques des jeunes de 12-18 ans en matière d’orientation à la BEI. »
L’équipe de la BEI procède au choix des questions. Les questionnaires sont ensuite revus par l’équipe de Défi Internet, des items sont précisés et des formulations de questions sont adaptées. Les questionnaires auto-administrés sont ensuite testés par l’équipe de la BEI.
Un groupe de lycéens participant à l’élaboration
À ce stade, l’enquête est « appropriée » comme projet pour l’oral du bac d’élèves d’une classe de terminale STG, la BEI ayant été contactée par un enseignant qui doit « faire travailler des élèves de terminale STG sur une situation réelle », à présenter à l’oral du bac [*]. Les bibliothécaires leur proposent alors de participer aux enquêtes et une dynamique participative s’instaure dès cette phase. Cela correspond à un objectif de départ, la BEI ayant en effet prévu de prendre contact avec des enseignants afin d’impliquer les élèves d’une classe en tant que témoins-acteurs de ces explorations sur les pratiques d’information sur Internet.
La bibliothèque élabore et met en place un protocole d’accompagnement de projet, et fournit un tuteur qui travaille en concertation avec l’enseignant. Une fiche projet détaillée est rédigée (on en lira un résumé pp. 75-76). Lors de la première réunion, il est précisé à l’enseignant et aux élèves que ce projet s’inscrit dans la recherche-formation-action Défi Internet et qu’elle est portée par le ministère de la Jeunesse et des Sports (INJEP). Il est proposé au groupe de lycéens de participer à l’élaboration des questionnaires, au dépouillement et à l’analyse des réponses. Ils sont invités à élaborer des propositions d’amélioration à destination de la BEI. Une réunion a lieu avec l’équipe de Défi Internet, où les élèves débattent sur les questionnaires et font des suggestions. Les sociologues leur présentent des aspects méthodologiques du dépouillement et de l’analyse (codage des questions, tris à plat et tris croisés). Au cours de cette réunion, le professeur répartit les tâches entre les élèves.
Les conditions de la passation
Les questionnaires sont postés sur des ordinateurs de la bibliothèque, les jeunes les complètent sur sollicitation d’un bibliothécaire et sur la base du volontariat. La passation est réalisée en quatre vagues pour l’enquête dans l’espace scolaire (durant les deuxième et troisième trimestres et durant des périodes de vacances) et deux vagues pour l’espace emploi formation, le poste informatique étant indisponible par la suite.
Les jeunes sollicités pour répondre aux enquêtes sont tous d’accord pour participer. Ils appréhendent sans aucune difficulté les objectifs qui leur sont présentés et sont « satisfaits qu’on leur demande leur opinion ». Certains d’ailleurs saisissent cette occasion pour dire : « Oui, justement j’ai vu qu’il manquait ça… »
Des limites et des obstacles rencontrés
Le protocole initial prévoyait dans un deuxième temps de compléter les réponses aux questionnaires en ligne par l’historique des navigations, afin de confronter la description et le vécu des parcours de recherche donnés par les questionnaires aux caractéristiques des parcours enregistrés dans l’ordinateur : durée de la recherche, sites visités, enchaînements logiques ou discursifs… Cet objectif, techniquement simple, rencontre un obstacle d’ordre juridique et l’autorisation des services municipaux est refusée : dans cette bibliothèque, les usagers doivent rentrer leur numéro d’inscription, ce qui les rend identifiables.
Malgré l’engagement fort des bibliothécaires et la passation en plusieurs vagues, le nombre des enquêtés reste faible (20 questionnaires exploitables dans l’enquête sur l’espace scolaire). Il est vrai toutefois que la passation en plusieurs vagues sur plusieurs mois accroît la représentativité des situations et des profils. Il est toutefois mené une analyse approfondie en appliquant un test statistique pour les petits échantillons (test exact de Fischer [**]).
L’enquête menée dans la section orientation ne se passe pas dans les conditions prévues, essentiellement pour des raisons techniques, et seulement deux questionnaires sont exploitables. Il en est donc fait une analyse qualitative, au titre de phase pilote d’une future enquête.
7Dans l’espace dédié à l’orientation : quelles sont les ressources du Web utilisées par les jeunes pour s’informer sur l’orientation et les métiers ? Comment identifient-ils la nature des sources sur Internet ? Quelles interactions ont-ils avec les services à distance (ceux des bibliothèques ou ceux des plateformes spécialisées sur l’orientation et les métiers) ? Pourquoi les jeunes posent-ils les mêmes questions sur plusieurs sites différents ?
8Le but est de tester et mettre en place des outils qui puissent se pérenniser, ce qui suppose qu’ils soient maniables, peu coûteux, et que les modalités d’utilisation (logistique, modes d’emploi, organisation…) soient facilement transmissibles entre professionnels.
Une offre qui répond à des besoins multiples
Une fidélisation des jeunes usagers de l’espace scolaire qui a des effets sur les pratiques
9Les jeunes qui ont répondu à l’enquête sont en grande majorité des filles, ce qui correspond au schéma courant de fréquentation du soutien scolaire, dans les tranches d’âge représentées ici (défection des garçons à partir de la 4e). Mais notons que parmi les rares garçons ayant répondu, l’un fréquente souvent l’espace scolaire. La moitié d’entre eux a entre 16 et 18 ans, un quart entre 12 et 14 ans, et un sur cinq a plus de 18 ans. La tranche des 14-16 ans n’est pas représentée. Ils sont à 45 % des élèves de LGT, à 20 % des élèves de collège (en 6e et 5e) et les autres en lycée professionnel, école primaire ou études supérieures. Il faut remarquer que plus d’un tiers ne réside pas à Cergy.
10Même si plus de la moitié des répondants à l’enquête sont des primo-utilisateurs de cet espace, les bibliothécaires ont observé que les postes étaient surtout utilisés par des « habitués ». L’ouverture récente de ce service d’espace de travail scolaire explique aussi cette proportion. Le réseau des pairs joue un rôle important dans l’accès à ce service car plus de la moitié a connu cet espace par un ami (et un tiers par les bibliothécaires). Le bouche à oreille est une entrée majoritaire (près des deux tiers).
11En ce qui concerne les utilisateurs réguliers, ils sont de profils divers, ce qui pourrait signifier que l’offre répond à des besoins multiples. Ils font des recherches variées : devoirs, TPE, traductions. Quatre des « habitués » sont parmi les plus satisfaits de leurs recherches, et tous envisagent de les continuer, ce qui dénote peut-être des apprentissages. Et surtout, la fidélisation les familiarise avec les autres ressources de la bibliothèque, car tous utilisent d’autres supports qu’Internet, ce qui indique une meilleure synergie entre Internet et les ressources papier lorsqu’il y a fidélisation et, plus globalement, une pertinence de cette offre d’espace en bibliothèque pour le travail scolaire. Pour l’ensemble de l’échantillon, une dynamique de recherche est enclenchée par la fréquentation de cet espace scolaire, et la bibliothèque représente un bon levier de pratique de recherche car la plupart pensent continuer leurs recherches, soit chez eux, soit à la BEI, mais pas dans le milieu scolaire.
Types de sites utilisés dans l’espace scolaire
12Les recherches pour les devoirs sont les plus fréquentes, suivies des recherches pour les TPE et pour les exposés. Notons qu’un quart des jeunes répondants réalise deux ou trois types de recherches en une session dans l’espace scolaire.
13Mais près des deux tiers n’utilisent pas les sites présents dans l’ordinateur de la bibliothèque et, à la question sur les attentes, près de la moitié demande des sites non présents sur l’ordinateur. Cette non-utilisation ne paraît pas être liée à la fréquentation habituelle ou non car les habitués ne les utilisent pas davantage. Les plus jeunes (12-14 ans) ne semblent pas du tout utiliser les sites répertoriés dans l’ordinateur. Ceux qui les utilisent (à peine un tiers) le font majoritairement pour l’encyclopédie, le dictionnaire des sciences et plus rarement Maxicours. Parmi les sites considérés comme « les plus utiles, présents ou non dans l’ordinateur », Wikipédia est le plus cité, à la fois pour les exposés, les devoirs et les révisions. Google vient ensuite, pour les TPE et les devoirs. Les autres sites sont cités pour des TPE (Perspectives monde ou sites thématiques) ou des traductions (Reverso).
Besoins d’accompagnement des usagers de l’espace scolaire
14L’enquête montre clairement que les jeunes viennent chercher autre chose qu’Internet à la bibliothèque car la plupart y ont accès à la maison. Il est important de noter que ceux qui souhaitent l’aide d’un bibliothécaire ont des profils différents en âge, sexe et scolarité. Ceux qui attendent de l’aide sont des jeunes qui viennent rarement ou pour la première fois. Et ce sont plutôt ceux qui n’envisagent pas de continuer leurs recherches qui demandent l’aide d’une bibliothécaire. On peut se demander si ce ne sont pas les moins autonomes, car ce sont les mêmes qui n’ont pas trouvé ce qu’ils cherchaient. Par ailleurs, les bibliothécaires ont observé le caractère souvent urgent des recherches pour le scolaire : « On est souvent confronté à : “j’en ai besoin pour demain et je ne l’ai eu qu’hier” », ce qui intensifie le besoin d’aide.
Orientation : une dynamique complexe existe entre le face-à-face et la relation en ligne
15Les jeunes interviewés sont un collégien et une lycéenne, tous deux utilisant les ressources numériques de la bibliothèque pour la première fois. Ils ont eu connaissance de ces ressources par des amis et/ou par l’établissement scolaire (ici encore, l’importance des pairs). Ils viennent à la fois pour des recherches d’information mais aussi pour des conseils, ce qui confirme les observations des bibliothécaires. Notons que leurs recherches d’information sont vastes : « Les formations, un métier précis, des conseils en orientation. » Leurs attentes d’information portent sur : les débouchés des formations, les résultats des écoles, des témoignages d’autres jeunes, des guides en ligne. Cela est conforme aux résultats d’autres enquêtes sur l’information en orientation [5].
16Ils viennent eux aussi chercher autre chose qu’Internet car ils déclarent avoir eu besoin d’aide pour leur recherche sur Internet et, par ailleurs, avoir Internet chez eux. Les bibliothécaires ont depuis quelque temps constaté que les jeunes posent la même question sur différentes plateformes et en face à face. Par exemple, on retrouve sur BiblioSésame des questions déjà posées en bibliothèque, « comme s’ils voulaient essayer d’avoir une autre réponse par ce biais-là ». Il y a clairement un attrait pour la sécurité ressentie derrière un écran. Mais le besoin d’accompagnement est confirmé par le constat fait par les bibliothécaires que les jeunes posant des questions pour leur orientation sur Internet « ne distinguent pas les outils », ne savent pas qui ils s’interrogent, si c’est un conseiller d’orientation ou un bibliothécaire. L’enquête serait à poursuivre, elle indique, comme d’autres études, qu’un mode de vérification de l’information consiste pour eux à s’adresser à différents interlocuteurs (amis, conseillers, documentaliste), sans toujours hiérarchiser.
Des pratiques multisupports et multitâches
17Les pratiques multitâches sont observées quotidiennement par les bibliothécaires, ce qui pose aujourd’hui la question de la pertinence de postes dédiés à une activité. Par exemple, des jeunes vont plus volontiers dans l’espace multimédia faire leur recherche d’emploi, « parce qu’en même temps ils écoutent la radio, ils chatent avec leurs copains… » Dans le domaine de l’orientation, les bibliothécaires s’interrogent sur « la place du document papier », dans la mesure où, on l’a vu, les mêmes questions sont posées en ligne et dans la bibliothèque.
18Dans l’espace scolaire, l’enquête montre qu’une synergie existe entre Internet et les supports papier de la bibliothèque puisque plus des deux tiers utilisent d’autres supports. La majorité se sert de livres, une minorité se sert de dictionnaires et de revues. Peu ont utilisé plus de deux supports papier différents au cours de leur dernier passage dans cet espace.
Efficacité perçue de leurs recherches
19La plupart disent trouver ce qu’ils cherchent ou au moins en partie, tant dans l’espace scolaire que dans l’espace dédié à l’orientation. Dans l’espace scolaire, ceux qui viennent pour la première fois semblent obtenir moins de résultats, et l’on constate que le succès des recherches augmente avec la fréquentation. Dans le domaine de l’orientation, ceux qui consultent plus de sites trouvent ce qu’ils cherchent. Ainsi l’exemple d’une élève de terminale qui consulte à la fois Onisep.fr, lecanaldesmétiers.tv, lesmétiers.net, et se dit satisfaite de ce qu’elle a trouvé.
L’importance d’une appropriation par les professionnels de la bibliothèque
Une dynamique positive
20La dynamique de production qui s’enclenche dès le début, et qui se maintient tout au long de l’expérimentation (6 mois) est une indication que cette démarche d’enquêtes répond à un besoin de disposer d’observations plus approfondies que « des intuitions ou des statistiques ». La BEI est confortée dans ses objectifs de suivi des pratiques voyant à l’occasion des réunions de la recherche-formation-action que ses préoccupations recoupent celles d’autres institutions au niveau national. Il est en effet important de pouvoir relier cette démarche à une dynamique plus générale, et de pouvoir en tirer parti, que ce soit au plan de la formulation des objectifs, du montage du protocole ou de l’appropriation des méthodologies. Grâce à cette dynamique favorisante, la mise en œuvre de l’enquête et sa diffusion ne posent pas ici de problème important.
La coopération jeunes/professionnels
21Avoir un aperçu des méthodes d’enquêtes dès le lycée est important désormais, à l’ère de l’environnement internet, où les enquêtes sont partout et où la distinction entre information et opinion est souvent très difficile à percevoir.
22Cette expérience met également en relief l’importance d’un regard pluriel pour la construction du questionnaire et, idéalement, pour l’analyse, sans pour autant solliciter trop les jeunes ou les professionnels. D’autres expériences de ce type ont été menées dans des lycées. Cela ne supprime toutefois pas la nécessité de tester les questionnaires dans une phase pilote, auprès de quelques profils contrastés.
23Les lycéens de terminale de ce groupe projet apprécient d’être consultés au moment de l’élaboration du questionnaire et formulent des propositions très pertinentes, selon les professionnels de la BEI. Ils pointent des formulations « incompréhensibles ». Ils formulent également des questions dans le domaine de l’orientation/formation. In fine, on obtient des questionnaires plus opérationnels. Il est tenu compte dans les questionnaires de leurs propositions.
24Ce n’est toutefois pas un exercice évident pour des lycéens de terminale STG ; dans leur bilan intermédiaire de cette expérience, les bibliothécaires notent « l’impression que les élèves ont eu du mal à maîtriser leur sujet ». Par ailleurs, le rythme des tâches s’avère un peu difficile à respecter, le travail des élèves ne se concrétisant qu’à l’approche du bac.
Un contexte institutionnel favorisant l’appropriation des outils
25Une condition essentielle qui est remplie ici est celle du soutien de l’institution. Cela crée une marge de manœuvre pour les professionnels et ouvre un espace-temps pour la prise en main des outils. Cette expérience montre que c’est possible même avec des emplois du temps chargés et les multiples contraintes d’un service ouvert au public. Le temps de l’enquête et de l’observation représente un investissement productif dès lors qu’il fournit des éléments de connaissance et d’action essentiels pour les opérateurs et les décideurs.
26L’objectif est d’instaurer une capacité à mener des enquêtes par l’équipe, approche plus porteuse d’avenir que la commande d’enquêtes par des intervenants extérieurs. La démarche partenariale a permis d’initier un processus avec l’appui méthodologique de l’équipe de Défi Internet et d’en montrer la faisabilité en appliquant quelques principes simples dans la construction des questionnaires et de l’échantillon. On constate que la lecture des résultats bruts permet à l’équipe de trouver des réponses à ses questions et d’en tirer des enseignements stratégiques. Toutefois, il semble peu réaliste de penser que les professionnels peuvent mener des analyses techniquement complexes, il faut pour cela l’apport de personnes ayant une habitude de ces analyses. Ici, de nouvelles formes de mutualisation seraient à expérimenter.
27Ces enquêtes courtes, qui permettent de vérifier régulièrement l’adaptation des offres et des outils proposés et de repérer les nouveaux besoins, sont facilement transférables à d’autres environnements (espaces jeunes, point Information jeunesse, mission locale, CIO…). Cela suppose bien entendu d’adapter certains items puisque les services proposés sont différents, et de transmettre le « mode d’emploi », passation de méthodes qui peut se faire aussi sur des supports dématérialisés.
Des pistes pour de futures investigations et partenariats
28Dès l’étape de la conception du protocole, plusieurs pistes sont formulées par l’équipe de la BEI, dans la mouvance de cette première expérimentation.
Explorer les pratiques et les attentes des parents
29Il est prévu de mener aussi une enquête auprès des parents qui fréquentent la bibliothèque avec leurs enfants, soit pour le travail scolaire, soit pour l’information et le conseil en orientation ou en formation : Quelles sont leurs pratiques d’information pour leurs enfants ? Quelles sont leurs attentes vis-à-vis des professionnels ?
Impulser un réseau de jeunes témoins-acteurs d’une veille sur les pratiques
30Une fois les outils d’enquête bien appropriés, il s’agit de susciter et d’accompagner la formation d’un groupe ou réseau de jeunes utilisateurs témoins-acteurs des évolutions des pratiques, afin de pouvoir mettre à jour régulièrement les nouvelles pratiques de recherche d’information et l’utilisation des nouveaux outils internet par les jeunes. Ce groupe sera moteur dans la reproduction des enquêtes testées ici et il jouera un rôle de veille sur les pratiques émergentes, les nouveaux contextes de recherche d’information et les nouvelles interactions induites par des changements technologiques qui sont impossibles à prévoir aujourd’hui.
Un accompagnement nécessaire et personnalisé
Rendre l’offre lisible et jouer sur l’interactivité
31Un des principaux enseignements de ces enquêtes est de montrer à quel point le besoin d’aide et d’accompagnement est patent, quel que soit l’âge, alors même que ce besoin n’est que rarement formulé spontanément, il l’est clairement dans toutes ces enquêtes. Même si l’éducation à l’information ne relève pas uniquement des bibliothèques, cela indique la nécessité d’une meilleure explicitation et présentation de l’offre de services dans la bibliothèque, sur un mode attractif et compréhensible par les adolescents : d’une part, l’offre dématérialisée (sitothèques, blogs…) et d’autre part, l’offre d’accompagnement personnalisé.
32Dans l’état actuel d’Internet, il paraît en effet illusoire de penser que l’autoformation suffit. Les récentes études ont montré que les logiciels et didacticiels seuls ne produisent pas (ou pas encore) de résultats probants. L’économie de la relation avec l’adulte expert (qu’il soit bibliothécaire, enseignant, animateur…) n’est pas pertinente dans l’immédiat. En revanche, des approches plus interactives sont requises, nombre de jeunes étant peu enclins à penser que les adultes maîtrisent mieux qu’eux les arcanes d’Internet. Certains bibliothécaires par exemple surveillent les écrans qui restent trop longtemps fixes ou répétitifs (indiquant que la recherche n’aboutit pas). Il y aurait à imaginer différentes approches éducatives adaptées aux âges et aux profils (voir le chapitre « Pistes », pp. 89-98).
Des repères d’outils et de sites
33Les enquêtes montrent que les adolescents sont capables de citer des sites avec précision, ce qui signifie qu’ils ont des points de repères mais pas suffisamment et trop peu structurés. Il y aurait lieu d’attirer leur attention sur une plus grande variété de sites.
34La logique de présélection des sites demanderait à être explicitée et rendue plus lisible car les jeunes utilisent peu les sites sélectionnés pour eux. Il serait important également de montrer comment on peut classer les objets et outils du Web, quelles sont leurs différences, leurs spécificités, en une approche d’une sorte de « science naturelle » de l’Internet. Ce serait aussi une manière concrète de leur rendre intelligibles les logiques de recherche documentaire, ainsi que les méthodes d’évaluation de l’information.
Le partenariat comme gage d’une politique réussie d’information des jeunes
35L’exemplarité de cette expérimentation à la BEI est aussi celle du partenariat. C’est bien le partenariat vivant avec les enseignants qui a permis ce nouveau développement de la démarche d’observation en impliquant des élèves d’une classe. Il paraît pertinent de développer ces collaborations avec les enseignants, les CDI et les lieux ressources pour l’orientation (CIO, service commun universitaire d’information et d’orientation : SCUIO, point Information jeunesse, mission locale, cités des métiers…) pour ce type d’enquêtes sur les pratiques mais aussi pour partager les sites, pour les veilles d’information et pour la veille des compétences des élèves.
Une fiche projet réalisée par les professionnels de la BEI pour accompagner les terminales STG (extraits)
Objectif final
Mieux connaître les pratiques de recherches documentaires sur Internet des jeunes, dans le cadre de leur recherche scolaire. Se demander si les ressources (sites internet sélectionnés, Maxicours…) et services (exemples : Word, Excel…) proposés correspondent aux besoins des jeunes dans leurs recherches scolaires. Détail des objectifs :
– Comprendre pourquoi ce questionnaire a été réalisé d’une certaine façon.
– Replacer ce questionnaire dans un contexte.
– Analyser progressivement le questionnaire. Se poser la question à chaque fin de période d’analyse : que pouvons-nous améliorer dans nos techniques d’analyse ?
– Proposer une analyse globale et formuler, si besoin, des propositions d’amélioration.
Proposition d’actions à mener par les élèves avec et à la BEI
– Replacer le questionnaire dans le contexte de l’espace « Aide scolaire de la BEI ».
– Rencontrer une sociologue à l’origine du projet Défi de l’Internet et du questionnaire : échanges sur le contenu et conseils méthodologiques pour analyser le questionnaire.
– Participer au dépouillement et à l’analyse des questionnaires : résultats regroupés dans un tableau Excel à exploiter et à analyser avec l’aide de la méthodologie et conseils de la sociologue : approche quantitative.
– Suite à l’analyse des questionnaires, formuler des propositions d’amélioration de contenu documentaire, de services proposés à adapter ou à rajouter.
Intervention de la BEI lors de la première rencontre avec les lycéens
- présentation rapide de la BEI et ses spécificités documentaires en complémentarité avec le réseau et présentation de la page BEI du site internet www.bibaglo.org ;
- présentation rapide des collections en direction des collégiens et lycéens ;
- présentation de l’espace d’aide scolaire et de son fonctionnement ;
- présentation du questionnaire et du contexte dans lequel il s’insère, Défi Internet ;
- aide si besoin en fonction des demandes exprimées par le groupe ;
- connaître les emplois du temps des élèves pour mieux connaître leurs disponibilités ;
- attendre leurs propositions pour les réunions d’étape sinon leur proposer des dates.
Notes
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[1]
L’agglomération de Cergy-Pontoise : Cergy, Éragny-sur-Oise, Saint-Ouen-l’Aumône, Courdimanche, Boisemont, Vauréal, Puiseux-Pontoise, Jouy-le-Moutier, Pontoise, Osny, Menucourt, Neuville-sur-Oise.
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[2]
http://www.bibaglo.org/localisation/biblioth-ques-d-agglom-ration/biblioth-que-d-etude-et-d-information
L’ensemble des collections et services du réseau des bibliothèques de Cergy-Pontoise est consultable sur http://www.bibaglo.org/ -
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BiblioSésame est un réseau national de bibliothèques de lecture publiques lancé en 2006 à l’initiative de la bibliothèque publique d’information (BPI). Les bibliothécaires qui y participent conjuguent leurs efforts pour apporter des réponses de qualité en s’appuyant sur les domaines de compétences de chaque établissement. La BEI fait partie du réseau depuis 2008 et est sollicitée pour les questions liées (note BEI, www.bibliosesame.org).
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Blog-Notes du kiosque : blog réalisé par le service formation emploi de la BEI. Il propose une sélection d’informations pratiques repérées sur le Web et l’actualité dans le domaine de l’emploi, de la formation et de l’orientation. http://kiosquefe.bei.cergypontoise.fr/ Les rubriques sont les suivantes : agenda ; études ; métiers ; recherche d’emploi ; vie professionnelle ; droits des salariés ; fonction publique ; vie locale ; bibliographies ; CV créatifs ; les dossiers du blog-notes.
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Delesalle C, S’informer pour s’orienter. Pratiques et parcours de jeunes, INJEP, coll. « Cahiers de l’action », n° 14, 2007.