1L’évaluation de l’intelligence est largement dominée par l’utilisation des échelles de Wechsler. Ce succès tient, sans doute, au fait que, selon l’auteur lui-même, ces épreuves ne mesurent pas tout de l’intelligence™ mais qu’elles évaluent bien plus que les aptitudes. Les facteurs cognitifs n’expliquant, en effet, que 50 % à 70 % de la variance, le reste est attribué à des fonctions conatives (persistance, volonté) et à des facteurs « non intellectifs » qui incluent des caractéristiques de la personnalité.
2L’objectif de cet article est de rendre compte des résultats de trois courants de recherche portant sur les relations entre intelligence et personnalité. Ils sont fondés sur l’étude : 1o des corrélations entre les deux catégories de dimensions ; 2o de variables intermédiaires, telles que l’auto-évaluation de son intelligence et de sa personnalité ; 3o de processus, dans le cadre plus général des relations entre cognition et émotions.
Les relations entre dimensions de l’intelligence et de la personnalité
3Exposés dès le premier ouvrage de Wechsler (1956, chapitre XI), les « caractères diagnostiques et cliniques », restent des éléments inévitables dans l’interprétation des scores à la WISC (Arbisio, 2003 ; Bourgès, 1981). Avec l’évolution des échelles de Wechsler et l’apparition des indices factoriels, la question des relations entre intelligence et personnalité peut, maintenant, s’appuyer sur les nombreuses corrélations qui ont été calculées entre aptitudes et traits de personnalité. La littérature consacrée à ces questions est devenue plus lisible grâce à un double consensus. Le premier porte sur le modèle hiérarchique des aptitudes proposé par Carroll (1993), avec des dimensions telles que l’intelligence générale (g), fluide (Gf), cristallisée (Gc), visuo-spatiale (Gv), vitesse (Gs), que l’on peut rapprocher des QI, IRP, ICV et IVT de la WISC IV (Grégoire, 2004). Le second consensus porte sur le modèle en cinq grands traits, Névrosisme (N), Extraversion (E), Ouverture (O), Agréabilité (A), Caractère consciencieux (C) (Rolland, 2004) ; ce modèle fait d’ailleurs l’objet de rapprochements avec les types psychopathologiques, comme en atteste la synthèse de Saulsman et Page (2004 ; 2005).
4La méta-analyse de Ackerman et Heggestad (1997) constitue « la » référence incontournable pour faire état des corrélations entre dimensions de l’intelligence et de la personnalité. Ainsi, le trait Ouverture est corrélé à. 30 avec l’intelligence générale, fluide, et cristallisée. Les autres relations sont peu consistantes, (de l’ordre de –.10 entre le trait Névrosisme et le facteur g, ou entre le trait Consciencieux et l’intelligence fluide), voire nulles (pour les traits Extraversion et Agréabilité). Bien que faibles, ces corrélations permettent de construire un modèle de quatre « complexes d’aptitudes » : « intellectuel » avec Ouverture et intelligence cristallisée ; « conventionnel » avec Consciencieux et vitesse ; « scientifique » comportant l’intelligence fluide ; « social » où se situe l’Extraversion ». Plus récemment, Wolf et Ackerman (2005) ont procédé à une méta-analyse centrée sur l’Extraversion. Les données étant contradictoires, deux explications sont avancées : 1o la confusion entre « l’ascendance sociale » et la « proximité sociale », cette dernière seule étant liée (négativement) à l’intelligence ; 2o l’effet de l’âge : la corrélation entre intelligence et extraversion est positive avant 13 ans, négative ensuite : cela proviendrait de l’impact de contextes éducatifs différents (école vs collège).
5Adrian Furham et son équipe ont apporté de multiples prolongements à la question de l’interface intelligence-personnalité. Outre les recherches confortant les relations trouvées entre les grandes dimensions (Moutafi, Furnham, Paltiel, 2005), des analyses ont été conduites sur les facettes, en particulier des traits Ouverture et Consciencieux (Moutafi, Furnham, Crump, 2006). Pour l’Ouverture, seules les facettes actions et idées sont prédictrices de l’intelligence : elles seraient liées à la curiosité intellectuelle et à la flexibilité de la pensée, qui caractérisent aussi l’intelligence. Pour le trait Consciencieux, les corrélations négatives se trouvent sur les facettes ordre, autodiscipline, et délibération : l’interprétation des auteurs est qu’il y a compensation des capacités intellectuelles par ce trait de personnalité (Moutafi, Furham, Paltiel, 2004). Le passage des traits aux facettes permet ainsi de préciser la nature des corrélations, constituant une étape vers la mise en évidence de processus sous jacents aux liaisons observées.
6D’autres travaux se sont attachés à étudier la structure de l’intelligence en fonction de la position sur les traits de personnalité (et inversement). Austin, Deary et Gibson (1997) montrent ainsi que les sujets les moins stables émotionnellement ont des aptitudes plus différenciées et, en symétrique, que les sujets dont l’intelligence fluide est la plus élevée, sont plus différenciés sur les traits Névrosisme et Ouverture. Harris, Vernon et Jang (2005) trouvent aussi que les sujets aux QI supérieurs ont une personnalité plus différenciée que ceux de QI plus faibles. Ces résultats, s’ils sont confirmés (Escorial, García, Cuevas, Juan-Espinosa, 2006 ; Harris, Steinmayr, Amelang, 2006), présentent un intérêt majeur pour l’étude des dispersions aux échelles de Wechsler.
Dimensions de l’intelligence, de la personnalité et auto-evaluations
7La faiblesse des relations entre intelligence et personnalité conforte la position de chercheurs tels que H. J. Eysenck qui postulent qu’il s’agit de deux sphères indépendantes. Cette thèse, qui n’a jamais été partagée par R.B. Cattell, n’est vraisemblablement pas admise non plus par les psychologues praticiens. Une approche méthodologique peut contribuer à ce débat : les tests d’aptitudes et les questionnaires de personnalité sont, certes, validés par les mêmes méthodes, factorielles, mais bien d’autres aspects les distinguent, ne serait-ce que par l’opposition « évaluations objectives (tests) vs subjectives (questionnaires) ». L’équipe de Furnham s’est alors intéressée à l’auto-évaluation de l’intelligence, pouvant jouer le rôle de variable modératrice. Chamorro-Premuzic, Furnham et Moutafi (2004) ont ainsi procédé à la passation de tests sous leur forme classique, puis proposé, trois mois plus tard, aux participants, de s’autoévaluer sur les différentes dimensions de l’intelligence et de la personnalité. Les résultats permettent de montrer que, si les sujets ont une relativement bonne estimation de leur niveau cognitif (corrélations de. 39 à. 49), la justesse dépend de leur position sur les traits de personnalité : le Névrosisme est associé à une sous-estimation de ses capacités, l’Extraversion et l’Ouverture à une sur-estimation.
8Les auteurs ont alors proposé de modéliser ces diverses relations, en associant la personnalité à l’intelligence, déclinée sur trois niveaux : actuelle (intelligences fluide et cristallisée), performance (QI), et auto-évaluée (AEI). La figure 1 indique que les relations peuvent tout aussi bien être orientées (de l’intelligence vers la personnalité ou réciproquement) qu’à double sens. Issues des données de la littérature, la présence, le sens, et la force des liaisons font associer, d’un côté, l’Extraversion et le Névrosisme avec le QI, de l’autre, les traits Consciencieux et Ouverture aux intelligences fluide et cristallisée. La place centrale de l’intelligence auto-évaluée souligne son rôle de modérateur des relations intelligence-personnalité. Les auteurs défendent la thèse selon laquelle les tests de QI doivent inclure des facteurs non cognitifs pour augmenter leur validité, reprenant ainsi l’idée initiale de Wechsler : le concept de « personnalité intelligente » vient à l’appui de cette thèse (Chamorro-Premuzic, Furnham, 2006).
Un modèle possible pour comprendre l’interface intelligence-personnalité (d’après Chamorro-Premuzic et Furnham, 2004)
Un modèle possible pour comprendre l’interface intelligence-personnalité (d’après Chamorro-Premuzic et Furnham, 2004)
Gf et Gc : intelligence fluide et cristallisée ; N, E ; O, C : traits de personnalité Névrosisme, Extraversion, Ouverture, Caractère consciencieux ; AEI : Auto-évaluation de l’intelligence.9Les travaux de Demetriou et son équipe parviennent aux mêmes conclusions, en proposant le concept d’hypercognition (auto-évaluation des compétences cognitives). Les relations entre personnalité et hypercognition, de l’ordre de .40, sont nettement supérieures à celles observées, autour de. 10, entre la personnalité et les aptitudes (Demetriou, Kyriakides, Avraamidou, 2003). Plus récemment, le facteur g a été reconceptualisé en y incluant une composante d’auto-efficacité (Demetriou, Kazi, 2006). On retrouve, là encore, un argument en faveur de la nécessaire intégration de l’intelligence et de la personnalité.
La recherche de processus
10Les recherches qui viennent d’être présentées sont généralement qualifiées de structurales : l’objectif est, à partir des corrélations et de techniques qui en sont dérivées, d’aboutir à des réseaux de variables interconnectées. Cette démarche, qui présente l’intérêt de définir des domaines (d’aptitudes et/ou de personnalité), est limitée du côté de l’explicitation des processus sous jacents aux relations entre variables. Avec l’essor de la psychologie cognitive et son rapprochement de l’approche différentielle, des aptitudes sont maintenant caractérisées en termes de processus de traitement de l’information (Juhel, à paraître en 2008). Dans le domaine de la personnalité, de tels rapprochements ont plus récemment vu le jour. Un exemple peut être donné avec le modèle de M. W. Eysenck (1997), où l’anxiété est associée à des biais dans le traitement des informations : balayage avec hyper-vigilance pour identifier d’éventuelles menaces, puis focalisation dans le traitement des stimuli considérés comme dangereux. L’impact de l’anxiété peut alors faire apparaître des variations anormales de l’activité physiologique (rythme cardiaque), et/ou de certains comportements (fuite), et/ou de l’inquiétude (pensées préoccupantes). Ces dernières seraient les plus pénalisantes lors du traitement de tâches cognitives : elles occuperaient une partie de l’espace de travail, au détriment du traitement des informations vraiment utiles à la résolution des problèmes proposés. Eysenck fait référence au modèle de mémoire de Baddeley, l’hypothèse étant alors que le système exécutif et la boucle verbo-phonologique seraient les plus touchés par l’anxiété-inquiétude.
11Les recherches empiriques ne valident cependant pas toujours ces hypothèses, car les sujets anxieux peuvent allouer davantage de ressources et parvenir ainsi aux mêmes performances. De plus, l’anxiété peut tout aussi bien toucher la mémoire visuo-spatiale. C’est ce qu’ont montré Miller et Bischel (2004), à partir des données recueillies auprès d’une centaine de sujets. Ceux-ci devaient répondre à des questionnaires d’anxiété générale et, en mathématiques, résoudre des problèmes de mathématiques simples (calculs) et complexes (du type arithmétique de la WISC), ainsi que des épreuves de mémoire de travail visuelle et verbale. Les résultats ont permis de montrer que l’anxiété en mathématiques est davantage corrélée à la mémoire visuelle que verbale, et qu’elle est un meilleur prédicteur des performances aux problèmes de mathématiques que la mémoire de travail. Rapportés au subtest arithmétique des échelles de Wechsler, ces résultats suggèrent que l’anxiété en mathématique (mais pas l’anxiété générale) perturbe les performances en raison d’une sur-sollicitation de la mémoire de travail visuo-spatiale.
12Cette recherche illustre bien l’intérêt d’approches centrées sur les processus, dont le diagnostic précis offre des pistes de remédiation. Un pas de plus peut être franchi par la recherche de différences qualitatives du fonctionnement cognitif. Les stratégies de résolution des problèmes d’arithmétique pouvant être différentes (Gilles, Masse, Lemaire, 2001), les résultats associant telle ou telle composante de la mémoire de travail à l’anxiété en dépendraient. Les relations entre stratégies et personnalité font encore l’objet de peu de recherches, souvent centrées sur le rôle de l’Extraversion : les sujets Extravertis ont des traitements plus globaux, plus rapides, et dirigés vers les gains (Gilles, 2000).
Conclusions
13La revue des travaux qui viennent d’être présentés montre que la prise en compte de la personnalité dans l’évaluation de l’intelligence rejoint finalement la question de ce que mesurent les tests d’intelligence… et de ce qu’est même l’intelligence.
14Les recherches portant sur la mise en corrélation directe des aptitudes et de la personnalité incitent à dépasser le cloisonnement « intelligence-personnalité » au profit des domaines associant les deux types de variables. Il s’agit alors, d’un point de vue fondamental, de parvenir à définir ces domaines de façon robuste, pour proposer de nouveaux cadres interprétatifs à la pratique psychologique : quelles sont les variables de la personnalité susceptibles de modifier les performances à telle ou telle épreuve, et réciproquement ? La structure des aptitudes (ou de la personnalité) varie-t-elle en fonction de la position sur des traits de personnalité (ou des aptitudes) ?
15Un courant de recherche se développe actuellement pour conceptualiser l’auto-évaluation (ou hypercognition) située à l’interface de l’intelligence et de la personnalité. Par rapport aux variables telles que l’estime de soi, l’auto-évaluation est considérée d’un point de vue interactionniste, puisqu’elle est référée à des capacités précises. Considérer l’anxiété en mathématiques plutôt que l’anxiété générale relève de la même démarche.
16La recherche des processus apporte un autre éclairage, utile au diagnostic psychologique. Le rapprochement des approches différentielles et cognitives a permis de mieux comprendre ce que sont les aptitudes ; l’étude des émotions par le paradigme du traitement de l’information a contribué également à mieux définir des phénomènes tels que l’anxiété. L’articulation plus récente de l’approche différentielle et de l’approche clinique, par la mise en correspondance des traits et des types psychopathologiques, pourrait, elle aussi, participer à une meilleure évaluation de l’intelligence dans ses relations avec la personnalité, et permettrait de reprendre et de prolonger les propositions initiales de Wechsler.
Bibliographie
Références
- Ackerman (Phillip L.), Heggestad, (Eric D.).– Intelligence, personality, and interests : evidence for overlapping traits, Psychological bulletin, 121, 2, 1997, p. 219-245.
- Arbisio (Christine).– Le bilan psychologique avec l’enfant, Paris, Dunod, 2003.
- Austin (Elisabeth J.), Deary (Ian J.), Gibson (Gavin J.).– Relationships between ability and personality : three hypotheses tested, Intelligence, 25, 1997, p. 49-70.
- Bourgès (Simone).– Approche génétique et psychanalytique de l’enfant, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1981.
- Carroll (John B.).– Human cognitive abilities, Cambridge, University press, 1993.
- Chamorro-Premuzic (Tomas), Furnham (Adrian), Moutafi (Joanna).– The relationship between estimated and psychometric personality and intelligence scores, Journal of research in personality, 38, 5, 2004, p. 505-513.
- Chamorro-Premuzic (Tomas), Furnham (Adrian).– A possible model for understanding the personality-intelligence interface, British journal of psychology, 95, 2004, p. 249-264.
- Chamorro-Premuzic (Tomas), Furnham (Adrian).– Intellectual competence and the intelligent personality : a third way in differential psychology, Review of general psychology, 10, 3, 2006, p. 251-267.
- Demetriou (Andreas), Kyriakides (Leonidas), Avraamidou (Christina).– The missing link in the relation between intelligence and personality, Journal of research in personality, 37, 6, 2003, p. 547-581.
- Demetriou (Andreas), Kazi (Smaragda).– Self-awareness in g (with processing efficiency and reasonning), Intelligence, 34, 2006, p. 297-317.
- Escorial (Sergio), García (Luis F.), Cuevas (Lara), Juan-Espinosa (Manuel).– Personality level on the Big Five and the structure of intelligence, Personality and individual differences, 40, 2006, p. 909-917.
- Eysenck (Michael W.).– Anxiety and cognition : a unified theory, Hove, LEA, 1997.
- Gilles (Pierre Yves).– Fonctionnements cognitifs et personnalité, Note de synthèse présentée pour l’HDR, Université de Provence, 20 décembre 2000.
- Gilles (Pierre Yves), Masse (Christelle), Lemaire (Patrick).– Différences individuelles dans l’utilisation de stratégies en arithmétique, L’Année psychologique, 101, 2001, p. 9-32.
- Grégoire (Jacques).– L’examen clinique de l’intelligence de l’adulte, Bruxelles, Mardaga, 2004.
- Harris (Julie Aitken), Vernon (Phillip A.), Jang (Kerry L.).– Testing the differenciation of personality by intelligence hypothesis, Personality and individual differences, 38, 3, 2005, p. 277-286.
- Harris (Julie Aitken), Steinmayr (Ricarda), Amelang (Manfred).– Inter and intra-individual differences in personality in two german sample of high and low intelligence, Personality and individual differences, 40, 2006, p. 433-440.
- Juhel (Jacques).– Les fondements cognitifs de l’intelligence, dans Gilles (P. Y.), Psychologie différentielle, Paris, Bréal, à paraître en 2008, chapitre 4.
- Miller (Heather), Bischel (Jacqueline).– Anxiety, working memory, gender, and math performance, Personality and individual differences, 37, 3, 2004, p. 591-606.
- Moutafi (Joanna M.), Furham (Adrian), Paltiel (Laurence).– Why is conscientousness negavely correlated with intelligence ?, Personality and individual differences, 37, 5, 2004, p. 1013-1022.
- Moutafi (Joanna M.), Furham (Adrian), Paltiel (Laurence).– Can personality factors predict intelligence ? Personality and individual differences, 38, 5, 2005, p. 1021-1033.
- Moutafi (Joanna M.), Furham (Adrian), Crump (John).– What facets of openness and conscientiousness predict fluid intelligence score ?, Learning and individual differences, 16, 1, 2006, p. 31-42.
- Rolland (Jean-Pierre).– L’évaluation de la personnalité : le modèle en cinq facteurs, Bruxelles, Mardaga, 2004.
- Saulsman (Lisa M.), Page (Andrew C.).– The fivefactor model and personality disorder empirical literature : a meta-analytic review, Clinical psychology review, 23, 2004, p. 1055-1085.
- Saulsman (Lisa M.), Page (Andrew C.).– Corrigendum to « the five-factor model and personality disorder empirical literature : a meta-analytic review », Clinical psychology review, 25, 3, 2005, p. 83-394.
- Wechsler (David).– The measurement of adult intelligence [1944], trad.fr. La mesure de l’intelligence de l’adulte, Paris, Presses universitaires de France, 1956.
- Wolf (Mark B.), Ackerman (Phillip L.).– Extraversion and intelligence : a meta-analytic investigation, Personality and individual differences, 39, 3, 2005, p. 531-542.