L’intention de notre thèse de doctorat est de reposer le problème du délire. Cette question a attiré notre attention par sa position paradoxale dans le champ de la psychopathologie : la problématisation médicale de la folie est aussi bien la question originaire de la psychiatrie, que celle qui semble demeurer toujours la plus obscure.
Son abord contemporain, en ravalant le problème clinique du délire au paradigme pseudo-explicatif de la schizophrénie, condamne la psychiatrie moderne à renoncer à toute tentative de compréhension véritable de l’organisation subjective de l’expérience délirante. La thérapeutique, qui s’en trouve orientée, erre en face des constructions du sujet qu’elle refuse de comprendre. En conséquence, la science médicale qui tend à forclore le sujet, ne fait que favoriser le destin morbide de la psychose. Ne pouvant pas accepter les ravages thérapeutiques d’une telle orientation de la pratique clinique, nous avons décidé de contribuer au débat qui, dans le champ de la psychopathologie, oppose aujourd’hui les ambitions des sciences objectives aux approches qui tentent de faire valoir l’incidence singulière de la fonction du sujet dans l’expérience clinique. En revenant à la question qui a donné naissance à la clinique médicale des maladies mentales, nous espérons éclairer la configuration essentielle du champ de la psychopathologie pour ouvrir aux cliniciens modernes une voie d’accès à l’authentique compréhension de la structure subjective de l’expérience délirante…