Approximativement 3,4 millions de Français présentent une consommation d’alcool à risque, incluant indifféremment les situations d’abus et de dépendance (Observatoire français des drogues et des toxicomanies, 2017). La consommation problématique d’alcool peut entraîner un ensemble de répercussions négatives pour l’individu, son entourage et la société dans son ensemble. Le recours et l’engagement au long cours dans les services spécialisés pose néanmoins toujours question, alors que seulement 20 à 40 % de ces consommateurs à risque et désirant réduire ou contrôler leur usage ont recours à une aide professionnelle (Hoertel, Crochard, Rouillon, Limosin, 2014 ; Observatoire français des drogues et des toxicomanies, 2017). Parmi ceux-ci, près de 50 % vont abandonner prématurément la prise en charge (Deane, Wootton, Hsu, Kelly, 2012 ; McHugh et coll., 2013).
Plus largement, les trajectoires individuelles, incluant ici trajectoires addictives et dans le soin, continuent donc d’interroger cliniciens et chercheurs. Force est, néanmoins, de constater que la littérature reste peu consensuelle quant à l’évaluation et l’explication de ces trajectoires et du processus plus large de changement chez les individus présentant une telle problématique de consommation. L’impact et les mécanismes d’action de certains facteurs sont bien documentés (par exemple, désir irrépressible tourné vers la consommation, motivation au changement, certaines caractéristiques sociodémographiques comme l’âge), tandis que ce n’est pas vraiment le cas pour d’autres (Barnett et coll…