Notes
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Fécondation in vitro.
Introduction
1Cette étude s’inscrit dans le cadre d’un travail de thèse portant sur le vécu psychoaffectif des pères lors d’une naissance prématurée (Koliouli, Zaouche Gaudron, Raynaud, 2015), où nous avons utilisé des outils quantitatifs aussi bien que qualitatifs dans une perspective exploratoire. Lors du traitement et de l’analyse des données qualitatives, nous avons isolé différents types de profils émergents, que nous avons souhaités présenter dans ce travail.
2Nous proposons d’examiner, dans un premier temps, diverses conceptions de la prématurité et de mettre en évidence l’importance de la pratique du peau-à-peau dans la construction du tout premier lien entre l’enfant et ses parents. Dans un second temps, nous analysons le concept de paternité et, plus précisément, les spécificités du devenir père d’un nouveau-né prématuré. Nous attribuons une place centrale à la pratique du peau-à-peau comme médiateur-constructeur du premier lien entre le père et son enfant. En effet, cette pratique, proposée assez récemment aux pères, va jouer un rôle crucial dans la rencontre avec le nouveau-né, constat que nous avons pu observer dans les trois études de cas. Nous traitons ensuite ces trois cas sur la paternité dans le contexte particulier de la prématurité, tout en dégageant les profils de pères, c’est-à-dire, le père identifié à une posture maternelle, le père messager et le père partenaire de la mère. Dans la discussion, nous faisons le lien avec la littérature scientifique et, pour conclure, nous proposerons des pistes d’intervention concrètes, qui peuvent permettre de soutenir les pères dans la situation d’une naissance prématurée.
Le nouveau-né prématuré
3Selon la définition internationale adoptée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1972, « est prématuré tout enfant né au terme d’une grossesse inférieure ou égale à 37 semaines d’aménorrhée, soit huit mois de grossesse », la durée normale de la grossesse se situant à 40-41 semaines (dans Ancel, Goffinet, EPIPAGE-2, 2015). Les innovations technologiques, notamment dans le domaine de la médecine, permettent de mieux prendre soin des nouveau-nés prématurés. Ces progrès ont contribué à améliorer la survie des enfants grands prématurés, c’est-à-dire nés avant 28 semaines de gestation. À l’heure actuelle, en France, le taux des naissances prématurées représente 7,4 % des naissances, soit 60 000 naissances par an. D’un autre côté, il est important de souligner que le nombre d’enfants prématurés ne cesse d’augmenter, puisqu’un nouveau-né sur cinq naît grand prématuré (entre 26 et 28 semaines de gestation) (Ancel, Goffinet, EPIPAGE-2, 2015).
4Les médecins s’accordent pour distinguer trois groupes selon le poids et la maturité, soit l’âge gestationnel : 1° la prématurité extrême, où le poids de naissance se situe entre 600 et 999 g et où la gestation est de 25 à 28 semaines ; 2° la grande prématurité, où le poids de naissance se situe entre 1 000 à 1 500 g et où la gestation est de 29 à 32 semaines ; 3°, enfin, la prématurité, où le poids de naissance est compris entre 1 500 et 2 500 g et où la gestation est de 33 à 37 semaines (Ibanez, Iriondon, Poo, 2006).
5Le phénomène de la prématurité soulève, à la fois, la question de la survie de l’enfant, mais également celle de la séparation parents-enfant dans les premiers instants de la vie du nourrisson. Au moment de la naissance, tout nourrisson est soumis à l’épreuve de la séparation (Marini, 2016), mais, dans le cas de la prématurité, elle est le plus souvent brutale, en raison du transfert en urgence au service de réanimation ou de néonatologie (David, 2005), ne laissant que peu de temps pour élaborer et réaliser le travail psychique. Afin de palier cette séparation précoce parent-enfant et d’optimiser le premier contact entre ces deux partenaires, la pratique du peau-à-peau est largement proposée dans les services de néonatologie.
Construction du premier lien via la pratique du peau-à-peau
6La pratique du peau-à-peau fait partie de la méthode appelée « mère-kangourou », initiée dans les années 1970 par deux pédiatres colombiens, Rey et Martinez (1979, dans Charpak Ruiz-Pelàez, Charpak, 1994), dans le but de faire face à la mortalité infantile précoce en raison des difficultés majeures de fonctionnement de soins intensifs dans leur pays. La méta-analyse de 21 études (Conde-Agudelo, Díaz-Rossello, 2005) met en évidence les bénéfices de cette pratique pour l’enfant : elle diminue le risque de mortalité et de comorbidité chez les enfants de très petit poids. De plus, le peau-à-peau favorise l’allaitement, améliore l’organisation du sommeil des enfants (Nyqvist, Rubertsson, Ewald, Sjoden, 1996), la stabilité cardiorespiratoire et le contrôle thermique, et renforce, enfin, l’attachement parental (Casper et coll., 2015).
7Selon Charpak (2006), il faut mettre en place ce contact du peau-à-peau de façon rapide et prolongée dans les services de néonatologie, ainsi qu’une alimentation maternelle et une sortie précoce, ce qui permet de responsabiliser les mères en leur rendant leur statut de donneuse de soins adéquate pour leur enfant fragile. Cette méthode permet d’abord, à la mère, de se sentir compétente en tant que parent et au bébé de se calmer et de se réguler à tous les niveaux (respiration, rythme cardiaque, temps de sommeil, moins d’agitation, etc.). Elle apparaît comme un véritable traitement lorsque l’enfant est malade et en cas de prématurité (Charpak, 2006 ; Nyqvist et coll., 2010). Plus spécifiquement, l’étude de Mörelius, Örtenstrand, Theodorsson et Frostell (2015) met en évidence les bénéfices du contact peau-à-peau mère-enfant pour ce qui concerne l’allaitement maternel, mais également le niveau faible de dépression maternelle.
8D’un autre côté, cette méthode est aujourd’hui de plus en plus prisée et pratiquée entre le père et son enfant. Elle peut aussi optimiser le dialogue tonico-émotionnel, à savoir la transmission des états émotionnels des parents à leurs enfants (Bachollet, Marcelli, 2010 ; Le Camus, 1997 ; Zaouche Gaudron, 1997). Dans la littérature internationale, l’appellation de la méthode « père-kangourou » commence à apparaître (Srinath, Shah, Kumar, Shah, 2016). Ainsi ce contact permet aux pères d’assumer leur rôle en participant de manière active aux soins prodigués à leur enfant (Blomqvist, Rubertsson, Kylberg, Jöreskog, Nydqviset, 2012). Helth et Jarden (2013) ont démontré que le peau-à-peau rend les pères plus impliqués dans les soins et augmente leur sentiment de compétence paternelle en comprenant mieux les besoins de leur enfant (Anderzén-Carlsson, Lamy, Eriksson, 2014 ; Varela, Muñoz, Réjean, Plata, Charpak, 2014).
9Dans un premier temps, la pratique du peau-à-peau a été conçue pour des raisons médicales, mais, à présent, elle a aussi pour vocation de faciliter la construction du premier lien entre le nouveau-né et ses parents. Dès lors, cette méthode est préconisée pour le nouveau-né prématuré ou de petit poids, l’objectif étant de répondre aux besoins de l’enfant (Casper et coll., 2015). Des études montrent que, chez les enfants extrêmes prématurés, une stabilité thermique et cardiorespiratoire est maintenue avant et après le peau-à-peau (Casper et coll., 2015). Newnham (2014) indique, d’ailleurs, que les bébés prématurés ont besoin de ce contact physique, afin de réduire leur stress et la douleur qu’ils peuvent éprouver. Le premier vécu du nourrisson est difficile sur le plan somatique, en raison de la difficulté majeure à intégrer des expériences sensorielles et motrices. Son manque de moyens physiques, pour s’adapter à la vie extra-utérine, implique une assistance médicale souvent très contraignante. Au plan psychique, ce contact peut aider à la construction de l’enveloppe, une des fonctions du Moi-peau telle que définie par Anzieu (1985). Tout d’abord, la peau a comme fonction primordiale d’être un contenant, à savoir l’enveloppe qui contient et retient à l’intérieur le « bon » : l’allaitement, les soins, le bain de paroles. La peau est aussi une interface qui marque les limites entre le dehors et le dedans ; il s’agit d’une barrière, mais, également, en raison de sa priorité, un premier lieu d’échanges. Dit d’une autre manière, la peau est le moyen primaire de communication avec autrui, dans le but d’établir les premières relations signifiantes entre parents et nourrissons (Anzieu, 1985). Outre la fonction de maintenance du psychisme, le Moi-peau remplit, bien entendu, une fonction biologique. En effet, celle-ci est exercée par le holding (Winnicott, 1956) c’est-à-dire la façon dont la mère soutiendra le corps du bébé dans un premier temps.
10Le corps du nourrisson est censé avoir l’expérience de cette enveloppe contenante. Si les matériaux sensoriels lui manquent, il essayera de faire cette expérience avec ce qu’il peut avoir et trouver à sa disposition (Anzieu, 1985). Force est de constater que, pour l’enfant prématuré, c’est un holding mécanique, notamment dépendant de l’équipement technique qu’il aura à sa disposition. Enfin, une autre « couche » de cette enveloppe psychique constitue le monde imaginaire parental, qui enveloppe l’enfant et l’accompagne dans son développement (Ben Soussan, 1996).
Devenir père dans un contexte de prématurité
11Missonnier (2007) a déjà parlé de la nidification parentale, concept qui renvoie aux processus psychosomatiques mutuels et inextricables pendant la grossesse. Le concept psychologique de parentalité fait référence à l’ensemble des comportements, des affects et des représentations conscientes, préconscientes et inconscientes du sujet en relation avec son ou ses enfants, que ceux-ci soient nés, en cours de gestation ou non encore conçus (Stoléru, Morales-Huet, 1989 ; Missonnier 2009). Ce processus psychique individuel du devenir parent est, en effet, un processus transgénérationnel, environnemental, social, groupal, culturel, spécifique à chacun et à son histoire. De ce fait, l’investissement imaginaire est de grande importance pour la construction de la paternalité (Zaouche Gaudron, Le Camus, 1993 ; Moreau, 1999).
12Le devenir père est un processus intime, qui varie selon les individus et qui implique, pour le père, le vécu d’une crise d’identité profonde, des interrogations sur sa propre histoire et sur ses capacités en tant que parent (Zaouche Gaudron, Le Camus, 1993 ; Badolato, 1997 ; Houzel, 1999, 2002, 2003 ; Le Camus, 2000). Pour lui, c’est le moment de concrétiser ses désirs d’enfantement, d’accéder à la position de son propre père et c’est aussi le moment de partager, avec sa compagne, l’enfant imaginaire (Le Camus, 2000). Le père, à la différence de la mère, est privé du vécu de la grossesse dans son propre corps, de porter biologiquement l’enfant (Zaouche Gaudron, Le Camus, 1993). Pourtant, la paternalité et le vécu du père en tant que parent, c’est-à-dire son expérience paternelle, se construisent sur la base de plusieurs éléments, soit l’influence des interactions précoces du parent avec ses parents, l’identité sexuée, la relation conjugale et co-parentale, le désir d’enfant, les modèles parentaux, le soutien social, le contexte social, culturel et économique. L’homme deviendra parent et expérimentera le monde en tant que tel, à partir de son être père-homme, construit au sein d’une famille et d’une culture particulière.
13Jusqu’à présent, les pères étaient relativement peu encouragés à prendre leur place dans le monde de la périnatalité, même si on commence à évaluer son importance dans le cas particulier de la prématurité. La fonction séparatrice du père, dans le sens de la doctrine psychanalytique, n’exige pas forcément un temps de présence auprès de l’enfant pour être effective. Il paraît, néanmoins, qu’un « père suffisamment présent » est nécessaire dans la vie de l’enfant pour un développement psychoaffectif et social optimal (Zaouche Gaudron, 1997).
14Devenir père demande, pour un homme, de nombreux remaniements et réaménagements psychiques, qui rendent cette transition complexe (Zaouche Gaudron, Le Camus, 1993). Dans le contexte de la prématurité, où l’éventualité d’un décès ou d’un handicap peut devenir une réalité, le processus apparaît encore plus ardu, d’autant plus lorsque la naissance prématurée semble, en quelque sorte, inverser les rôles. En effet, le père se retrouve en première ligne en assurant la continuité de la relation parent-enfant. Cette dynamique singulière lui offre la possibilité, en s’appuyant sur le pôle médical, d’effectuer un véritable travail de liaison psychique entre sa femme et son enfant (Herzog, Müller-Nix, Mejia, 2003). Herzog et coll. (2003) ont pu dégager trois profils de pères : le père procréateur, le père comme tiers et le père comme partenaire de la mère. Le père procréateur, par définition, engendre l’enfant et lui transmet la moitié de son patrimoine génétique. En contexte de prématurité, la sidération initiale s’exprime comme un sentiment d’impuissance. Autrement dit, le père s’identifie à l’enfant comme issu de lui-même et forme une dyade père-enfant. Le père comme tiers, quant à lui, renvoie à la doctrine psychanalytique : en effet, le père comme tiers viendra couper la relation fusionnelle entre la mère et l’enfant. Cette fonction permettra à l’enfant d’entrer dans le monde du langage et à la femme de devenir mère. Pour Herzog et coll. (2003), le père, au lieu de séparer, fait le lien entre la mère et l’enfant, il « opère un travail psychique à la fois de réunification et de différenciation ». Enfin, le père en tant que partenaire de la mère renvoie à une position d’altérité au regard de la mère. Les pères deviennent partenaires actifs dans la transition à la parentalité, d’autant plus quand il s’agit du premier enfant. Dans tous les cas, le père est appelé à assumer prématurément son rôle et ses responsabilités (Herzog et coll., 2003 ; Zaouche Gaudron, Koliouli, Raynaud, 2016).
15Dans le cas d’une naissance prématurée, le père se retrouve dans un rôle souvent imprévu. La perception de la fragilité du nourrisson et l’élaboration de l’image de l’enfant se heurtent aux incertitudes du pronostic vital, mais aussi à l’environnement technique qui l’entoure et le maintient en vie. L’écart entre l’enfant imaginaire idéalisé et l’enfant réel provoque une profonde altération du sentiment de complétude narcissique et pulsionnelle, qu’induit un enfant bien portant. En présence de la mère, le père tente de masquer l’angoisse et la dépression (Carel, 1977 ; Koliouli, Zaouche Gaudron, Raynaud, 2016).
16Dans un service de néonatologie, la présence du père est requise dès les premiers instants et le père suivra pas à pas les progrès de l’enfant en se situant dans une « préoccupation paternelle primaire » (Carel, 1977). Au cours de l’hospitalisation, le père peut participer de façon active aux soins de l’enfant et, lors des consultations de surveillance, il n’est pas rare que l’on constate qu’il prend la parole et, parfois, toute la place durant la consultation (Carel, 1977 ; Holditch-Davis, Bartlett, Blickman, Miles, 2003 ; Müller, Forcada-Guex, Borghini, Pierrehumbert, Ansermet, 2009).
17L’objectif de cette étude est d’analyser le discours des pères de nouveau-nés prématurés, afin d’explorer leur vécu et d’examiner la façon dont ils définissent leur rôle durant la période d’hospitalisation dans le service de néonatologie.
Méthodologie
18Les propos de trois pères, qui illustrent les différentes postures vis-à-vis de la construction du lien entre père et nouveau-né prématuré dans le service de néonatologie, sont ici analysés. Nous avons utilisé l’Entretien clinique pour parents d’enfants à risque élevé (Clinical Interview for Parents of High-Risk Infants, CLIP) (Meyer, Zeanah, Boukydis, Lester, 1993). Cet outil permet d’analyser la situation psychologique des parents (leurs besoins, leurs angoisses, etc.) et la façon de gérer des expériences difficiles. Il s’agit d’un entretien semi-structuré, qui propose différentes pistes à explorer : le parcours de la grossesse et de l’accouchement, comment cela a été vécu et perçu par les pères, la condition actuelle de l’enfant, la relation avec l’enfant et le soutien social disponible. Le codage, élaboré par Meyer et coll. (1993) vise à analyser le contenu des récits des mères et leur expression affective au cours de l’entretien. Dans le cadre de cette étude, nous avons procédé de la même façon. Tout d’abord, nous avons identifié les thèmes et avons ainsi construit la grille d’analyse. Pour autant, nous avons procédé à une analyse entretien par entretien, afin d’explorer les processus singuliers mis en place par les pères en réalisant une analyse thématique transversale.
19La rencontre a été effectuée, par la même investigatrice, au sein du secteur de Néonatologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) Purpan à Toulouse. En amont, nous avions sollicité l’accord du chef de service pour que nous puissions contacter les pères. Ensuite, nous avons rencontré les parents, afin de leur exposer le sujet de notre étude et leur distribuer la feuille de renseignements. Dans la majorité des cas, la mère étant présente, nous demandions l’heure de venue du père. Quand le père était présent, nous lui demandions directement son accord écrit. Les entretiens, de 15 minutes à 1 heure et demie, ont une durée moyenne de 45 minutes.
Analyse des études de cas
Une identification maternelle prolongée
20M. C. devient père pour la première fois. Sa fille est née à 26 semaines et pèse 850 g. Il commence l’entretien en présentant en détail la situation médicale actuelle du nourrisson. Celle-ci le préoccupe beaucoup. Il y revient, en effet, sans cesse pour faire le point sur la santé de sa fille. La première rencontre avec sa fille est décrite comme magique, un miracle. « La première fois que j’ai vu N., c’était magique, un miracle, j’étais tout seul dans le bloc, quand ils étaient en train de la préparer pour le service d’ici. Il fallait que je touche ma fille… Un moment très émouvant, premièrement le contact visuel et, après, physique, un contact magique ! ». Il mentionne cette nécessité de passer par le toucher, avoir ce contact physique pour rendre réelle l’existence de son enfant. Il a entrepris de longs peau-àpeau avec sa fille, qui peuvent durer trois ou quatre heures et « il se sent bien », même avant que sa conjointe ne puisse le faire. En effet, il participe à tous les soins (le change, le coucher, le bain et le biberon, etc.). Sa conjointe, pour une raison médicale, ne peut allaiter. Ainsi, l’impossibilité d’allaiter entraîne une frustration supplémentaire pour cette mère qui n’a pas eu l’impression d’avoir vécu la grossesse, ni l’accouchement (par césarienne) et qui n’a vu sa fille que trois jours après sa naissance (arrivée dans le service en fauteuil roulant, elle n’a pas pu prendre sa fille entre ses bras comme elle l’aurait souhaité). M. C. décrit une femme qui n’a pas encore trouvé sa place en tant que mère.
21Lorsque M. C. parle du parcours de la grossesse de sa conjointe, il a l’air démuni. Il admet qu’il s’agissait d’une grossesse difficile, puisqu’ils essayaient d’avoir un enfant depuis trois ans. Leur fille, N., est née après trois FIV [1] et deux opérations, en raison d’un problème médical de sa conjointe. Il explique que même durant la grossesse, sa conjointe avait toujours des petits saignements, « comme si elle avait ses règles ». Aussitôt que son ventre a commencé à s’arrondir, elle a accouché. « Elle n’a pas eu l’impression d’être enceinte ». Nous constatons que le vécu de la grossesse n’était pas gratifiant pour la mère. Dans son discours, M. C. décrit l’accouchement comme étant également douloureux et compliqué, « c’était la panique », car le déclenchement était imprévu. Durant l’accouchement, il était « coincé » dans une pièce en « ne sachant pas si elles allaient rester en vie ».
22Par la suite, il parle de la famille proche, qui est venue voir N. Il décrit à nouveau ce contact physique entre sa mère, la grand-mère et sa fille. « Émouvant le contact physique, elle la contenait ». Nous constatons que ce père cite souvent le contact tactile, le contact physique comme il le dit, afin de décrire la relation entre son enfant et lui, et entre la famille et le nouveau-né. Il emploie le terme et la notion de « contenir » le nourrisson, vocable courant dans un service de néonatologie pour expliquer les premiers échanges physiques. Bien entendu, les parents reprennent les recommandations de l’équipe, qui visent, par ce geste, à procurer le moins de stress et d’hyperstimulation possibles à un bébé encore très immature et instable sur le plan cardio-respiratoire. Le lien entre ce terme et la fonction contenante du Moi-peau est certain. En effet, l’hypersensibilité épidermique du nourrisson prématuré demande cette action de le contenir, d’abord sur le plan somatique et, par la suite, sur le plan émotionnel, l’aider à se sentir en sécurité et de construire, à travers le Moi-peau, le soi.
23Ainsi, il s’agit d’un père qui, en raison de la naissance précipitée de sa fille, de l’état de santé fragile de sa conjointe, a dû prendre à une posture plus maternelle. L’indifférenciation des tâches et des soins l’amène à se situer dans cette posture : l’hospitalisation de sa conjointe lui a laissé la place pour s’introduire en premier à leur enfant. Il fait les mêmes tâches que la mère, il est très stressé, angoissé, très sensible à l’ambiance du service. Malgré la bonne prise en charge de la petite, il se dit fatigué en raison de l’environnement, de cette ambiance fortement médicale et technique. Les bruits constants et les écrans le stressaient énormément au début, mais il commence « à s’y habituer ». Pour autant, malgré ce parcours difficile et douloureux, le fait d’avoir eu cet enfant semble « incroyable ».
24Selon Winnicott (1956), l’identification parentale passe d’abord par l’identification maternelle. Autrement dit, au cours du processus du devenir père, l’homme doit accepter, d’une part, le côté féminin et maternel et, d’autre part, rassurer la mère pour qu’elle se sente en sécurité afin de s’occuper du nourrisson. Ainsi, lorsque la mère se sent suffisamment en sécurité, elle peut investir la « préoccupation maternelle primaire » (Vanier, 2013). Carel (1977) estime que le père peut éprouver une « préoccupation paternelle primaire », suscitée par les événements de la prématurité, qui peut se poursuivre au domicile en une identification maternelle prolongée. Une confusion des places et des rôles de chacun semble, dans ce cas, perceptible.
Le père-messager entre la mère et l’enfant
25A. est née à 26 semaines et 3 jours, et elle ne pesait que 800 g. M. X. décrit une grossesse très difficile, sa conjointe étant restée alitée, durant approximativement trois mois, dans le secteur de grossesses pathologiques du service de la maternité. Dans son discours, il met en avant le vécu douloureux et difficile de sa conjointe (qui n’a toujours pas eu l’impression d’avoir été enceinte) et le sien propre. L’accouchement, par exemple, a été un moment très éprouvant, au cours duquel M. X. était en train de « courir » d’une salle d’attente à l’autre pour vérifier si les deux allaient bien.
26La gestion de la fratrie semble aussi un facteur stressant. La famille habite, en effet, dans une ville éloignée de Toulouse et la garde des enfants, durant ces derniers mois, était à la charge de la famille proche. Ce père exprime sa reconnaissance quant à ce soutien familial. Il donne aussi une place importante à la rencontre de sa fille prématurée avec la fratrie. A. est la troisième enfant de la fratrie, le frère aîné ayant 9 ans et la sœur 7 ans. Ils sont d’abord venus la voir à travers une vitre, en restant à l’extérieur du service. Puis, ils ont pu la toucher, tout en respectant les règles sanitaires. M. X. explique que c’était vraiment compliqué pour eux de voir leur sœur entourée de tuyaux. Les deux enfants n’ont, d’ailleurs, pas du tout parlé durant la première rencontre, mais, sur le trajet de retour, la fille aînée a demandé à revenir voir sa sœur. Lorsque M. X. a fait remarquer qu’ils n’avaient rien dit durant la visite, sa fille reprend : « Papa, je sais, c’est ma sœur mais je la connais pas », démontrant la difficulté des aînés à comprendre la prématurité et à inscrire l’enfant prématuré dans le roman familial (Vanier, 2013).
27M. X. a commencé le peau-à-peau quasiment dès le premier jour. Il rapporte, dans ses propos, que le lien est en train de se construire « petit à petit » via ce contact. Ainsi, il le pratique sur des grandes périodes dans la journée, car il est en congé de paternité et il peut être, ainsi, présent dans le service. Pour ce père, mis à part le contact physique qui favorise l’attachement avec l’enfant, voire le lien qui se construit, il met également en avant la fonction communicative de la peau avec autrui comme moyen primaire de communication (Anzieu, 1985), en faisant des commentaires comme, par exemple, « on voit qu’elle s’y plait ». De plus, ce père parle de sa petite comme étant « forte » et qu’elle évolue bien (« parce qu’on y est, elle progresse tout le temps… ! »).
28En revenant sur le vécu en tant que parent, M. X. soutient, à son tour, qu’il n’a pas encore l’impression d’avoir eu un enfant. Ils n’ont pas encore passé un moment tous les cinq. Ils rentrent chez eux le soir, pas de pleurs, pas de cris pour les réveiller durant la nuit. Il cite le côté paradoxal de cette naissance. D’une part, sa conjointe n’a pas vécu la grossesse (comme avec les deux autres enfants), bien qu’elle ait vécu l’accouchement par voie basse (ce qui n’était pas le cas pour les deux premières grossesses) ; d’autre part, elle ne peut pas allaiter, alors qu’elle a pu le faire avec les deux aînés.
29Selon M. X., « C’est particulier une naissance prématurée. On ne ressent pas d’euphorie comme à la naissance à terme. Quand C. était née, j’ai envoyé des SMS pour dire qu’elle était née, mais, au bout d’un moment, j’ai arrêté parce que je ne savais pas si c’était une bonne nouvelle ou une mauvaise nouvelle. Là, ça va mieux parce qu’on voit qu’elle va bien. »
30M. X. s’occupe de sa fille assez rapidement, tout en préservant une place pour sa conjointe et en faisant le lien entre l’enfant et la mère. Dans le cadre d’une naissance prématurée, le père est sollicité pour assumer justement ce rôle, étant le messager entre la mère et l’enfant prématuré, mais également avec la famille proche.
Le père-partenaire de la mère
31Le garçon de M. L. est né à 28 semaines. M. L. rapporte une grossesse qui se déroulait très bien. Lui et sa conjointe ont même organisé un petit voyage pour assister au mariage d’un couple d’amis. Sa conjointe a eu un rendez-vous avec le gynécologue un jeudi soir, où elle a reçu son aval pour partir en voyage et, le lendemain, en suite de plaintes douloureuses, ils ont dû se rendre aux urgences du service de maternité. Il s’agissait d’un accouchement imprévu, auquel ils n’étaient pas préparés. D’ailleurs, comme M. L. le décrit « c’est pas nous qui portons l’enfant donc je ne pouvais pas savoir si tout allait bien pendant la grossesse, ma femme, oui, elle se plaignait mais elle est hypocondriaque… elle se stressait tout le temps par rapport à tout ». M. L. fait le constat que les hommes ne vivant pas la grossesse dans leur propre corps, ils doivent s’appuyer sur la parole et le vécu de la conjointe.
32Il n’est venu dans le service de réanimation que deux jours après la naissance, accompagnant sa conjointe. Comme il le rappelle, il ne pouvait pas venir tout seul, car il avait peur d’être confronté à l’apparence de son enfant et, jusqu’au jour de notre rencontre, il éprouva de la difficulté à se trouver dans le service de néonatologie. « Si H. [le nouveau-né] va bien, nous aussi, nous allons bien ». M. L. et sa compagne ont très mal vécu la transition du service de réanimation au service de néonatologie. Ils avaient plus d’intimité dans le premier service et quand H. a été transféré dans le service de néonatologie, même si cela sous-entendait une évolution positive, M. L. a eu l’impression d’être dans une chambre avec des « blessés de guerre côte à côte… Traumatique ! ». Sa conjointe pleurait, ils ont demandé à être transférés dans une chambre où il y aurait moins d’enfants et plus d’intimité.
33C’est un père qui cherche à être rassuré par rapport à son rôle, à l’importance de sa présence auprès de l’enfant. « Je me demande si notre rôle est aussi important… ». Il était hésitant par rapport au peau-à-peau. Étant donné que sa conjointe était malade et qu’elle ne pouvait pas être dans le service de néonatologie, il était sollicité pour le pratiquer. Quelque temps après, il a pu le faire pendant 2 à 3 heures et, depuis, il se sent beaucoup mieux, moins stressé et plus compétent dans son rôle. En effet, quand H. est né, ce père avait peur, au départ, de le toucher.
34Lorsqu’il parle à nouveau de sa conjointe, il la décrit encore comme hypocondriaque et il croit qu’elle a fait une « petite » dépression les premiers jours, mais, depuis qu’ils sont dans la chambre de ce service et qu’ils voient que H. va mieux, elle se porte mieux aussi.
35M. L. essaye de trouver la façon d’intérioriser et d’intégrer son rôle paternel, alors qu’au moment de notre entrevue, il se situait davantage dans un rôle de conjoint. Selon Herzog et coll. (2003), le père, en tant que partenaire de la mère, participe de manière active au processus de paternalisation. Dans ce cas, ce père n’a pas encore investi son rôle paternel. Au départ, il ne venait au service qu’accompagné de sa conjointe. Il hésitait à prendre l’enfant entre ses bras et il était stressé par rapport à la condition médicale de sa compagne et de son enfant. Pour ce père, le peau-à-peau consistait en une tâche « dangereuse » à faire en raison de la fragilité de son enfant. Lorsque, sollicité, il a entrepris la pratique et il a commencé à définir et trouver son rôle de père. Ainsi le peau-à-peau a constitué un moyen pour qu’il comprenne mieux son rôle dans la triade et son rôle paternel. Il semble qu’il ne peut pas s’appuyer sur sa partenaire pour découvrir sa place et son rôle auprès de son enfant. M. L. insiste beaucoup sur l’aspect traumatique de cette naissance à tous les niveaux : la grossesse interrompue, l’accouchement imprévu, la transition entre le service de réanimation et le service de néonatologie, enfin, l’ambiance de ce service.
Discussion
36Le point commun que l’on retrouve chez ces pères est leur rôle de passeur de vie. Ils réalisent un « pont de vie », comme l’écrivent Zaouche Gaudron, Koliouli et Raynaud (2016). Entre les incertitudes du pronostic vital et celles du devenir fonctionnel de l’enfant prématuré, qui se tissent autour de ce traumatisme que représente cette naissance, c’est le père qui établira un pont pour tous les membres de la famille. Cette notion de « pont », nous la retrouvons également chez Ciccone (2012), qui décrit la fonction psychique paternelle comme un pont qui fait lien, qui assure une continuité entre la mère et son bébé, tout en les séparant par sa position de tiers (Huguier, Moulin, 2016).
37La pratique du peau-à-peau est identifiée comme le moyen primordial de connaître et d’avoir les premiers échanges communicatifs avec le nouveau-né. Les pères affirment que leur présence fait progresser leur enfant sur le plan médical. Ce constat est retrouvé dans le discours des trois pères interrogés. Selon Anzieu (1985), les contacts tactiles naturels stimulent le déclenchement des fonctions respiratoires et digestives. En cas d’insuffisance, on peut supposer qu’ils peuvent être remplacés par d’autres types de contacts (bains, enveloppements chauds, massages manuels), qui rempliront les mêmes fonctions. Nous constatons aussi que cette pratique attribue un rôle au père dans le service de néonatologie de manière concrète et qu’elle facilitera son rôle paternel, qui n’est pas encore clairement déterminé dans un environnement très médicalisé. Helth et Jarden (2013) ont souligné le renforcement du sentiment de compétence paternelle par le biais de ce peau-à-peau, les pères acquérant alors des connaissances et des compétences sur la manipulation du bébé et la façon de communiquer avec lui.
38Dans un service de néonatologie, il est courant de rencontrer des pères, qui exécutent les mêmes tâches traditionnellement attribuées aux mères : changer les couches, donner le biberon, faire du peau-à-peau. Chacun des trois pères rencontrés a adopté une posture particulière. Dans le cas du père M. C., les conditions médicales (sa conjointe hospitalisée durant longtemps) et sa situation professionnelle (au chômage) lui ont permis de s’occuper de son enfant de façon quasi exclusive. Ainsi, il se trouve dans une posture maternelle et maternante en ayant du mal, par la suite, à redéfinir son rôle et à trouver sa place en tant que père, dès que sa conjointe est présente. Nous supposons également que, vu que N. est leur premier enfant, le passage du couple conjugal au couple parental s’est réalisé d’une manière telle que les deux parents n’ont pu définir aisément leur place respective. À l’opposé, M. X., étant père pour la troisième fois, essaye de préserver la place pour la mère, tout en faisant le lien entre la mère et l’enfant. Quant à M. L., il est resté, dans un premier temps, dans une posture d’observateur de son enfant ; puis, la pratique du peau-à-peau lui a permis d’identifier sa place et de définir son rôle paternel.
39M. C. et M. X. parlent de leurs filles comme étant « fortes ». Ces pères caractérisent déjà les bébés en tant qu’acteurs de leur vie. D’un autre côté, a été mise en évidence l’attribution des caractéristiques idéalisées par les parents à leurs bébés prématurés, comme, par exemple, un enfant « résistant », « fort », « un battant », « un héros », « un enfant extrêmement compétent » (Borghini, Müller-Nix, 2008). Les trois pères restent davantage accrochés au jargon médical et médicalisé afin, sans doute, de se rassurer, observation qui coïncide avec celle de Druon (2012).
40L’expérience générale du devenir père d’un bébé prématuré renvoie, en effet, à un bouleversement intense (Ben Soussan, 1996 ; Koliouli et coll., 2016). Les pères de notre étude se réfèrent à la naissance comme étant inattendue. Ainsi, le vécu des pères se révèle traumatique, pas uniquement par la nature imprévue de cette naissance, mais également avec le risque vital de l’enfant et les séquelles sur le long terme. Comme M. X. le remarque, « A. reste une enfant prématurée avec tout ce qui va avec… On verra les résultats à long terme ». M. L. se réfère à la chambre de soins intensifs comme « un champ de bataille ». Les sentiments d’ambivalence et d’incertitude mis en avant par les pères sont retrouvés également dans la majorité des recherches internationales (Jackson, Ternestedt, Schollin, 2003 ; Lundqvist, Westas, Hallström, 2007 ; Borghini, Müller-Nix, 2008 ; Hollywood, Holywood, 2011). L’ambivalence des sentiments, qui oscillent entre peur, stress et bonheur, comme le remarque M. X., ainsi que le manque de préparation psychologique pour l’événement de la prématurité mettent les pères dans un état anxiogène.
41D’une certaine manière, le père vient, ainsi, assumer son rôle prématurément. Dans notre étude, les pères sont impliqués avec leurs enfants en pratiquant le peau-à-peau et en participant aux soins ; cette implication va réduire les sentiments de peur d’agencer de la souffrance à l’enfant à cause de sa fragilité physique (Gooding et coll., 2011).
Conclusion
42La naissance prématurée constitue un événement particulier dans la vie de la famille. Les pères deviennent, en quelque sorte, des pères « prématurés » devant assumer leur rôle de façon brutale (Koliouli et coll., 2016 ; Zaouche Gaudron et coll., 2016). Ces trois styles paternels, que nous avons dégagés, reflètent, à la fois, ce qui relève de la dynamique conjugale et coparentale, mais aussi des angoisses et besoins par rapport au rôle parental et maternel. Du côté de l’enfant prématuré, des études complémentaires sont nécessaires pour apprécier les bénéfices, sur son développement psycho-affectif ultérieur, du contact peau-à-peau pratiqué dès sa naissance avec ses deux parents.
43En pratique professionnelle, notre étude confirme la nécessité de porter une attention particulière au rôle paternel, en amorçant des programmes d’intervention, qui viseraient, entre autres choses, à améliorer l’implication paternelle affective dans les soins au nouveau-né prématuré. Ces interventions favoriseront l’établissement de la relation précoce père-bébé, malgré la situation anxiogène et potentiellement traumatisante. À titre d’exemple, des groupes d’échanges ou groupes de paroles, durant l’hospitalisation du nouveau-né, pourraient être des pistes précieuses pour diminuer le stress paternel et aider à la construction des premiers liens. Un suivi régulier pourrait aussi être proposé après la sortie. L’objectif poursuivi s’inscrit dans une visée préventive, afin de faciliter et de consolider les liens et de limiter les effets délétères de la situation traumatisante que représente une naissance prématurée.
Remerciements
Nos remerciements s’adressent à l’ensemble de l’équipe de l’unité de néonatologie et, plus particulièrement, à Charlotte Casper, pédiatre et chef du service de néonatologie du CHU Purpan à Toulouse, ainsi qu’à tous les pères qui ont accepté de participer à notre étude.Références
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Notes
-
[1]
Fécondation in vitro.