Notes
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[1]
La Direction de la protection de la jeunesse est l’institution qui a pour mandat d’intervenir dans les situations où la sécurité ou le développement d’un enfant est compromis (MSSS, 2010).
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[2]
Loi sur la représentation des ressources de type familial et de certaines ressources intermédiaires et sur le régime de négociation d’une entente collective les concernant (R-24.0.2).
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[3]
Au Québec, le terme « centre jeunesse » désigne un ensemble de services psychosociaux encadrés par la loi sur la santé et les services sociaux, et destinés aux jeunes et aux familles en difficulté.
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[4]
Expression signifiant « à la lettre », rigide.
Introduction
1Au Québec, les individus agissant à titre de famille d’accueil ont pour mandat d’accueillir des enfants en difficulté, « afin de répondre à leurs besoins et de leur offrir des conditions de vie favorisant une relation de type parental dans un contexte familial » (Ministère de la Santé et des services sociaux [MSSS], 2016, p. 47). Actuellement, les législations en matière de protection de l’enfance privilégient essentiellement le maintien de l’enfant auprès de personnes significatives, la stabilité et la continuité dans son projet de vie (Saint-Jacques, Drapeau, Turbide, 2015). Parmi les mesures mises en place par la Direction de la protection de la jeunesse [1] (DPJ) afin de protéger les enfants québécois en fonction de ces principes. Le placement en famille d’accueil a été privilégié dans plus du tiers des situations au cours de l’année 2015-2016 (Association des centres jeunesse du Québec [ACJQ], 2016).
2Le système québécois de placement regroupe trois principaux types de ressources de type familial, dites familles d’accueil. La famille d’accueil de proximité intéresse les situations où l’enfant est placé chez une personne avec laquelle l’enfant entretient déjà un lien significatif, alors que la famille d’accueil du programme banque-mixte accueille des enfants jugés à haut risque d’abandon et sont susceptibles de devenir disponibles à l’adoption (MSSS, 2010). Le présent article porte sur un troisième type de ressource, soit sur la situation des parents dans la famille d’accueil régulière. Ces familles accueillent des enfants pour une durée variable, sans accéder à une reconnaissance légale d’un statut parental. Étant donné la possibilité que les enfants retournent dans leur milieu d’origine, les parents de la famille d’accueil régulière s’exposent au départ possible de ceux-ci, ainsi qu’à la présence de leurs parents biologiques. Dans le présent article sont abordés, dans un premier temps, des défis auxquels les parents d’accueil peuvent être confrontés, ainsi que les ressources qu’ils possèdent pour y faire face. Il sera également question de leurs perspectives à l’égard de l’espace de parole qui leur a été offert dans le cadre de la recherche. Puis, à la lumière des récits des parents rencontrés, une réflexion sera proposée sur les enjeux entourant la question du soutien dont peuvent bénéficier ces individus dans le cadre de leur rôle de famille d’accueil.
Mise en contexte
Soutien et accompagnement à la parentalité et protection de l’enfance
3Au cours des dernières décennies, les nombreux changements survenus dans les institutions de la famille et du couple ont engendré des modifications de la représentation des parents et de leurs enfants. De ce fait, les services et l’aide qui leur sont apportés ont été également modifiés. Ainsi, il apparaît notamment une valorisation de l’intérêt de l’enfant, qui marque les interventions dans le domaine de l’enfance (Neyrand, 2013 ; Pioli, 2004). Ensuite, les parents en situation de difficulté et de précarité ne sont plus identifiés comme des parents défaillants, mais plutôt comme des parents souffrants, ayant la capacité de changer s’ils obtiennent l’aide nécessaire (Boutanquoi, 2015 ; Cabantous, Robin, 2016 ; Lacroix, 2015 ; Mellier, Gratton, 2015 ; Pioli, 2004).
4En réponse à ces changements, le soutien dont peuvent bénéficier les parents d’aujourd’hui répond à deux visées potentielles. D’une part, il peut avoir une fonction de contrôle social, où l’aide apportée permet à l’État de s’assurer que les parents veillent à ce que leurs enfants aient des conduites acceptables, qui répondent aux normes établies (Lacroix, 2015 ; Neyrand, 2013 ; Pioli, 2004). D’autre part, ce soutien peut remplir une fonction d’émancipation des individus (Lacroix, 2015) ou d’intervention sociale (Pioli, 2004), lorsqu’il vise à redonner aux parents le pouvoir d’agir sur leur quotidien et sur leurs décisions envers leurs enfants. Ces deux visées se reflètent également dans les différents programmes de santé publique destinés aux parents. En effet, il existe une tendance à favoriser des programmes de type evidence-based, dont l’efficacité a été prouvée empiriquement (Delawarde, Briffault, Saïas, 2014a) et qui sont généralement considérés comme ayant un bon « rapport coût-efficacité des interventions » (p. 46). Ainsi, deux grands modèles se dégagent de ces programmes : « l’éducation parentale et le soutien à la parentalité » (Delawarde, Briffault, Usubelli, Saïas, 2014b, p. 275). Le premier, relevant de la fonction de contrôle, vise essentiellement à favoriser les comportements éducatifs positifs des parents envers leurs enfants, réduisant ainsi l’apparition de comportements antisociaux ou délinquants chez les citoyens de demain. Le second, associé à la fonction d’émancipation, vise plutôt à permettre aux parents d’avoir le contrôle sur leur propre parentalité et accorde une importance particulière au lien entre parents et intervenants. Or, ces deux perspectives apparaissent comme étant foncièrement opposées et créent une situation paradoxale dans laquelle les parents d’aujourd’hui doivent être à la fois soutenus et contrôlés (Neyrand, 2013). De plus, les tendances actuelles en matière de programmes destinés aux parents éclipsent généralement le courant de l’accompagnement à la parentalité provenant de la perspective psychodynamique (Delawarde et coll., 2014b). Lamboy (2009) explique que la question du soutien à la parentalité est un terme général faisant référence à différentes théories et perspectives (sociale, sociologique, etc.), qui impliquent des niveaux variables de directivité dans les interventions. Or, dans le présent article, on s’intéresse plus précisément à l’accompagnement à la parentalité, terme qui sera envisagé selon ce que Golse (2006, p. 293) décrit comme : « une présence, un être-ensemble et une écoute, mais sans imposer une parole qui doit seulement pouvoir advenir ». Ce courant mise sur un accompagnement des parents dans une réflexion sur leur propre parentalité et propose une aide « non-directive », qui accorde une grande importance aux aspects psychiques de ce processus. Cette perspective se distingue ainsi des autres initiatives qui proposent un soutien directif reposant sur une conception relativement précise de ce qu’est un « bon parent ».
5Tous ces remaniements impliquent également l’appui de plus en plus répandu en faveur des compétences parentales dans les interventions auprès des parents. L’État et ses institutions possèdent une vision de ce qui constitue de bonnes pratiques parentales et cela agit comme guide ou « nouvelle police de la parentalité » (Bastard, 2006), pour les intervenants de différentes instances. Or, bien que cela permette une valorisation des familles (Sellenet, 2009), plusieurs auteurs s’inquiètent de la responsabilisation imposée aux parents (Cabantous, Robin, 2016).
6Le champ de la protection de l’enfance, qui porte directement sur l’intervention auprès des familles, subit également les effets de ces changements de perspective. Au Québec, les changements apportés à la loi sur la protection de la jeunesse en 2007 ont mis en avant certains principes : « [l]a préservation des liens entre l’enfant et les personnes qui lui sont significatives, la stabilité de l’environnement dans lequel ils grandissent, la continuité et la cohérence du projet de vie » (Saint-Jacques et coll., 2015, p. 181). La loi impose également des durées maximales de placement et incite à une plus grande implication des parents biologiques dans les différentes étapes de l’intervention concernant leur enfant. Toutefois, bien que ces mesures semblent avoir jusqu’ici permis plus de stabilité dans la situation des enfants (Saint-Jacques et coll., 2015), il semble que certains paramètres, comme une durée maximale de placement imposent davantage de pression aux parents biologiques et que le climat attendu de collaboration entre les acteurs ne soit pas aussi présent en pratique (Poirer, Chamberland, Ward, 2006 ; Sellenet, 2007 ; Wouango, Turcotte, 2014). Puis, pour ce qui touche plus précisément le placement, un passage s’est effectué d’une logique de substitution, dans laquelle la famille d’accueil remplace la famille d’origine, à une logique de suppléance ou logique inclusive, où famille d’accueil et famille d’origine collaborent pour le bien-être de l’enfant (Neyrand, 2013 ; Pioli, 2004 ; Sellenet, 2007). De plus, bien que le concept de parentalité ait notamment émergé en réponse à des situations problématiques entre parents et professionnels dans le contexte de protection de l’enfance (Houzel, 1999 ; Mellier, Gratton, 2015), il semble que cette notion soit très peu utilisée aujourd’hui par les intervenants dans le quotidien de leur pratique (Boutanquoi, 2015). L’auteur suggère qu’encore aujourd’hui, la parole des parents demeure peu prise en considération (Boutanquoi, Bournel-Bosson, Minary, 2016). Puis, il faut rappeler que la loi sur la protection de la jeunesse demeurera toujours une loi ayant pour fonction de protéger cette jeunesse et que les intérêts des parents peuvent parfois être relégués au second plan (Saint-Jacques et coll., 2015).
7Tout compte fait, des changements importants témoignent d’une évolution dans la conception des enfants, des parents et de la famille. Ceux-ci vont dans le sens de grands principes, comme la liberté des individus, la considération des enfants en tant que sujets, la participation des parents, etc. Toutefois, il existe un écart parfois important entre ces nouvelles mentalités, les politiques et la pratique concrète des intervenants. Malgré de nombreux efforts mis en place, il semble que des obstacles s’opposent à la prise en considération de la perspective des parents sur leur propre expérience.
Parents d’accueil et soutien
8En ce qui concerne les parents d’accueil, le soutien reçu a été identifié comme un facteur important, contribuant à leur maintien en qualité de parents d’accueil et à la satisfaction face à leur rôle (Geiger, Hayes, Lietz, 2013 ; MacGregor, Rodger, Cummings, Leschied, 2006 ; Piel, Geiger, Julien-Chin, Lietz, 2016 ; Rhodes, Orme, McSurdy, 2003 ; Turcotte, Dionne, Cloutier, 2008). Le soutien apporté par l’institution est considéré par les parents comme étant un des plus importants (Cavazzi, Guilfoyle, Silms, 2010 ; MarcGregor et coll., 2006 ; Turcotte, Dionne, Cloutier, 2008).
9À ce jour, plusieurs études rapportent que les parents d’accueil ne se sentent pas suffisamment soutenus (Andersson, 2001), respectés, reconnus ou entendus par l’institution (Geiger, Hayes Piel, Julien-Chinn, 2017 ; Piel et coll., 2016 ; Joly, 2013 ; Geiger et coll., 2013 ; Murray, Tarren-Sweeney, France, 2011 ; Cavazzi, Guilfoyle, Silms, 2010 ; Antoine, Gauthier, Boudou-Orliac, 2009 ; Turcotte et coll., 2008 ; MacGregor et coll., 2006 ; Hudson, Levasseur, 2002). Ils souhaiteraient être davantage considérés comme des membres de l’équipe venant en aide aux enfants qu’ils accueillent et être consultés plus fréquemment lors des prises de décision (Geiger et coll., 2017 ; Piel et coll., 2016 ; Joly, 2013 ; Samrai, Beinart, Harper, 2011 ; Cavazzi et coll., 2010 ; Macgregor et coll., 2006 ; Hudson, Levasseur, 2002). D’autres auteurs soulignent leur souhait de recevoir plus d’informations sur les enfants accueillis, afin de pouvoir mieux les aider (Piel et coll., 2016 ; Samrai et coll., 2011 ; Turcotte et coll., 2008 ; Gilbertson, Barber, 2003). L’accessibilité et la disponibilité des intervenants, par exemple le fait de recevoir des retours d’appel rapides et d’avoir des rencontres régulières, constituent des éléments importants pour les parents d’accueil (Geiger et coll., 2017 ; Hayes, Geiger, Lietz, 2015 ; Samrai et coll., 2011 ; Cavazzi et coll., 2010 ; Turcotte et coll., 2008). De plus, des études soulignent que le soutien est d’autant plus important dans le cadre des périodes de transition, soit à l’arrivée, soit au départ des enfants (Geiger et coll., 2016 ; Piel et coll., 2016 ; Samrai et coll., 2011). Piel et coll. (2016) mentionnent également que des parents d’accueil rapportent avoir développé des stratégies pour aller chercher le soutien dont ils ont besoin. Néanmoins, différentes études soulignent que les parents d’accueil se montrent sensibles à la lourdeur de la charge de travail des intervenants et se disent inquiets de l’impact de cette situation sur les enfants (Hayes et coll., 2015 ; Geiger et coll., 2013 ; Gilbertson, Barber, 2003 ; Geiger et coll., 2017).
10Certaines sources de soutien informel semblent également faciliter grandement le quotidien des familles d’accueil. Les parents d’accueil bénéficient ou estiment beaucoup le soutien entre familles d’accueil (Piel et coll., 2016 ; Joly, 2013 ; Geiger et coll., 2013 ; Metclafe, Sanders, 2012 ; Samrai et coll., 2011 ; Harmon, 2005), ainsi que le soutien apporté par leur famille et leurs amis (Cavazzi et coll., 2010 ; Geiger et coll., 2013 ; Samrai et coll., 2011). De plus, ils expriment un besoin de formation (Murray et coll., 2011 ; Macgregor et coll., 2006) et de répit (Geiger et coll., 2013 ; Murray et coll., 2011 ; Macgregor et coll., 2006). Certains auteurs abordent également la rémunération comme un facteur important de maintien des familles d’accueil (Geiger et coll., 2013 ; Turcotte et coll., 2008).
Offre de soutien pour les parents d’accueil québécois
11Au Québec, chaque famille d’accueil est en liaison avec un ou des intervenants responsables de l’application des mesures et un intervenant-ressource. L’intervenant, responsable de l’application des mesures, est notamment mandaté pour informer la famille d’accueil sur la situation de l’enfant qu’ils accueillent et d’établir un plan d’intervention sur le passage de cet enfant dans la famille (MSSS, 2010). L’intervenant-ressource se charge plutôt « du suivi, de l’évaluation et de la formation de la famille d’accueil » (p. 681). Essentiellement, cet intervenant doit apporter l’aide nécessaire à la ressource et évaluer l’accueil qu’ils offrent aux enfants. Les familles d’accueil peuvent également bénéficier d’un programme de formation en continue, comme prévu par la loi [2].
12À cela s’ajoute la présence de différents programmes d’intervention destinés à assurer le bien-être et le développement optimal des enfants placés. Les parents d’accueil sont directement ou indirectement concernés par ces programmes et leur implication est sollicitée de différentes façons. Parmi ces programmes, « S’occuper des enfants » (SOCEN) met en avant l’importance du développement de la résilience chez les enfants placés et prône une réponse plus adéquate à leurs besoins, ainsi que la promotion d’un développement optimal de ces enfants (Poirier, Simard, Decaluwe, Beaumier, 2010). Le programme permettrait une meilleure connaissance de l’enfant, une plus grande implication du parent d’accueil ou une meilleure collaboration entre famille d’accueil et intervenant (Joly, 2013 ; Poirier et coll., 2010). Des parents expriment le fait qu’ils ont apprécié qu’on leur donne la parole et se sont sentis entendus par l’intervenante (Joly, 2013). Toutefois, certains déclarent, malgré tout, se sentir isolés, insuffisamment soutenus et les intervenants expriment, quant à eux, leur manque de temps pour appliquer le programme de façon optimale (Poirier et coll., 2010).
13L’intervention fondée sur l’attachement ou intervention relationnelle s’appuie, quant à elle, sur l’objectif de favoriser un attachement sécurisé pour l’enfant placé et sa famille d’accueil, afin d’accroître les interactions positives entre eux (Moss, Dubois-Comtois, Cyr, Carignan, St-André, 2009). Elle se distingue par l’aspect expérientiel d’un travail in vivo sur le lien parent-enfant lors de rencontres à domicile. Ces rencontres comportent des discussions avec la mère et une période de jeu parent-enfant filmée, suivie de rétroactions sur l’activité avec la dyade. Selon les mêmes auteurs, l’intervention a permis aux mères d’accueil de faire preuve de plus de sensibilité parentale à l’égard de l’enfant placé, les a convaincues de parler davantage avec l’enfant et de mieux le soutenir.
14Finalement, le programme d’intervention ARC (Attachment, Regulation and Competency) est centré, quant à lui, sur la reconnaissance de la lourdeur de l’histoire précoce des enfants maltraités et négligés. Il vise à faire reconnaître que l’enfant ayant vécu des carences et des failles importantes par rapport aux soins parentaux risque d’éprouver des symptômes résultant d’un « trauma complexe » (Arvidson et coll., 2011). Le programme poursuit trois objectifs : favoriser l’établissement d’une relation sécurisante entre le parent et l’enfant par le développement de compétences parentales, aider le parent à développer ses capacités à soutenir l’enfant par le biais de stratégies d’auto-régulation et apprendre aux donneurs de soins à soutenir l’enfant dans le développement d’une image positive de soi et d’un sentiment de maîtrise. Ainsi, l’intervention vise à faire comprendre au donneur de soins en quoi l’effet du traumatisme peut influencer le mode relationnel de l’enfant.
15Somme toute, les parents d’accueil semblent pouvoir bénéficier de différentes formes de soutien dans l’exercice de leur rôle. Toutefois, les principaux programmes précédemment exposés sont fondés sur les besoins de l’enfant et ont pour but de mieux y répondre à ceux-ci. Il n’existe, à notre connaissance, aucun programme similaire actuellement appliqué au Québec qui soit destiné aux parents d’accueil eux-mêmes et centré sur leurs besoins spécifiques.
Objectifs de l’étude
16Le présent article s’inscrit dans le cadre d’une recherche doctorale, portant sur l’expérience affective des parents dans la famille d’accueil régulière au Québec. L’étude a permis de mieux comprendre les motivations des parents d’accueil, les défis auxquels ils sont confrontés, ainsi que les ressources qu’ils déploient pour y faire face, en plus de décrire des enjeux spécifiques à l’expérience des hommes dans ces familles d’accueil. Ainsi, au fil de la réalisation de la recherche, le thème plus spécifique du soutien a émergé des analyses et une réflexion à ce sujet s’est imposée. À la lumière des écrits et des récits des participants rencontrés, cet article vise à identifier les principaux enjeux de la mise en place d’un accompagnement spécifique à la parentalité d’accueil.
Méthodologie
17Étant donné le vide de la littérature québécoise quant aux parents d’accueil, particulièrement en ce qui a trait à la perspective subjective de leur expérience, la recherche est construite selon un devis qualitatif, exploratoire et inductif, suivant les grands principes de la théorisation enracinée (Glaser, Strauss, 1967 ; Luckerhoff, Guillemette, 2012).
18L’échantillon est composé de 10 parents de familles d’accueil régulières, dont 5 hommes et 5 femmes. Ceux-ci présentent des caractéristiques variées, afin de favoriser l’intégralité des expériences étudiées (Mayan, 2009 ; Maykut, Morehouse, 1994). Les participants sont âgés de 38 à 66 ans et possèdent entre un an et demi et 27 ans d’expérience comme parent d’accueil. Huit d’entre eux ont des enfants biologiques.
19Les participants ont été recrutés par l’entremise du Centre jeunesse de Montréal - Institut universitaire [3]. Suite à une présentation du projet de recherche aux chefs de service responsables des familles d’accueil, des intervenants ressource ont à leur tour présenté le projet à différents participants potentiels. Ils ont sélectionné ces parents selon notre critère de constituer un échantillon de participants aux profils variés (nombre d’années d’expériences, âge, genre, nombre d’enfants accueillis, etc.). Chaque parent a été rencontré à deux reprises, à environ une semaine d’intervalle, lors d’entretiens semi-directifs d’une durée moyenne d’une heure chacun. Le premier entretien débutait par une consigne large, visant à ce que les participants puissent partager les expériences de leur choix : « Pouvez-vous me raconter votre histoire comme parent d’accueil ? ». Par la suite, des questions de relance pouvaient être posées en fonction des thèmes abordés par le participant lui-même, avec le souci de demeurer au plus près de son discours, tout en poursuivant l’objectif de recherche en lien avec le vécu des parents d’accueil. La seconde rencontre débutait en demandant au participant ses réflexions suite à la première rencontre ou par des questions de relance ayant émergé des analyses préliminaires du premier entretien, suivant le principe de l’échantillonnage théorique (Glaser, Strauss, 1967).
20Les processus de collecte et d’analyse des données se sont déroulés simultanément, suivant les principes de la théorisation enracinée (Glaser, Strauss, 1967 ; Luckerhoff, Guillemette, 2012). Chaque entretien a été suivi de la rédaction de mémos d’analyse par l’étudiante-chercheure, de la transcription du mot-à-mot de l’entretien, ainsi que d’une rencontre d’analyse en tandem avec la directrice de recherche (Castonguay, Noël, 2018). Les transcriptions d’entretiens ont été analysées en deux temps. Une analyse thématique (Paillé, Mucchielli, 2012) a d’abord été réalisée au fil des entretiens, afin de décrire, de façon complète, l’expérience des participants et de permettre un bon enracinement des données. Puis, l’analyse par catégories conceptualisantes décrites par ces mêmes auteurs a été utilisée, afin de traduire et de conceptualiser les phénomènes et les dynamiques qui ont émergé du discours des participants. Ces catégories feront l’objet d’un autre article (Boyer, Noël, soumis). Les résultats qui suivent sont concentrés sur le thème de l’accompagnement des parents d’accueil, qui a émergé en après-coup de ces premières phases d’analyse et privilégient une analyse thématique.
21En effet, certains constats nous ont progressivement amenées à nous interroger sur la perception que les parents d’accueil ont du soutien reçu dans le cadre de leur rôle. Qu’il s’agisse du fait que des parents aient mentionné que c’était la première fois qu’on les interrogeait sur leur expérience, de la volubilité de certains à parler de leur vécu, des thèmes de la méfiance et des difficultés de communication dans les relations avec l’institution, il est apparu pertinent, au cours de la collecte de données, de commencer à interrroger directement les parents sur leur expérience d’un espace de parole.
Résultats
22Les résultats présentés portent sur les difficultés rencontrées par les participants, les éléments qui ont facilité leur expérience, ainsi que leur discours sur l’espace de parole offert dans le cadre des entretiens.
Les difficultés rencontrées
23Lors des entretiens, les participants ont partagé des aspects plus difficiles de leur expérience de parent d’accueil. Les défis, qui ont été identifiés, impliquent les différentes relations qu’ils doivent entretenir dans l’exercice de leur rôle (enfants placés, parents d’origine, DPJ, etc.).
Dans le lien à l’enfant
24La famille d’accueil régulière se distingue notamment par le fait que les enfants placés le sont pour une période de temps variable, allant au maximum jusqu’à la majorité. La durée du placement peut être sujette à des changements en fonction de la situation des parents d’origine. Ainsi, les parents d’accueil sont exposés au départ des enfants. Certains participants ont exprimé comment cette situation rendait l’établissement d’un lien d’attachement complexe : « Quand c’est un enfant qui est placé en famille d’accueil, on s’attache beaucoup à cet enfant-là, mais on a toujours le “mais” qui vient nous dire qu’il va partir ». Plusieurs participants ont, d’ailleurs, rapporté le difficile départ d’enfants qu’ils avaient accueillis et ont décrit ces événements comme de véritables épreuves : « C’est difficile à expliquer, mais physiquement, c’est comme si notre cœur est séparé. Oui je les aime les enfants, mais je sais qu’ils vont bientôt partir ».
25De plus, les participants doivent faire face aux retours de l’enfant dans leur milieu d’origine et à l’effet, souvent décrit comme négatif, que le contexte des visites peut avoir sur eux. Pour certains, il semble également y avoir un véritable choc lorsqu’ils prennent conscience de la maltraitance et de la négligence qu’ont subies les enfants qu’ils accueillent : « On l’a repris, et on a été une deuxième fois sous le choc. D’apprendre tout ce qu’il avait vécu, du moins une partie de c’qu’il avait vécu, parce que tout n’est pas toujours dit aux familles d’accueil, malheureusement ».
Dans le lien aux parents d’origine
26Le discours des participants a également traduit un désir d’être le parent principal des enfants qu’ils accueillent : « Les parents [biologiques de cet enfant-là] sont pas trop visibles, sont pas trop dans le décor, donc on l’a pour nous ». Or, la famille d’accueil régulière ne permet pas d’obtenir un statut légal de parent et elle implique généralement la présence des parents biologiques dans la vie de l’enfant. Ainsi, la relation avec les parents d’origine est décrite par les participants comme complexe, voire parfois conflictuelle et généralement teintée de sentiments ambivalents : « J’vous avoue que j’me tiens un peu sur mes gardes. Parce que cet enfant-là parle beaucoup avec sa maman pi… J’ai comme une crainte que l’enfant va dire des choses sur nous à sa mère ».
Dans le lien à l’institution
27Des participants ont partagé leur impression que le soutien reçu par la DPJ était parfois décalé de leurs besoins et de leur réalité. Un participant explique que certaines attitudes nuisent à la collaboration entre eux : « On a eu deux intervenants très “by the book” [4] (…) t’es plus sur le qui-vive (…) on se livre moins, on parle moins des choses ». Plusieurs participants ont également exprimé de la méfiance en lien avec le rôle d’évaluation de l’institution : « [les intervenants] viennent vérifier des choses qu’ils entendent, mais de là à vérifier les informations que tu leur montres, admettons que j’leur dis “on a appris telle affaire déjà ça pourrait peut-être vous aider”, ben y’a rien qui se fait. Ils vont dire “oui on a des programmes”, mais ils viennent pas. Pi après ils te demandent de tout rapporter c’que tu vois, c’que t’entends. Ça fait un temps pi tu te la fermes après ça. »
28En effet, au Québec, les intervenants en protection de l’enfance sont responsables d’un double mandat de soutien et d’évaluation, qui sera abordé dans la discussion. Or, cette méfiance s’est également manifestée dans le cadre des entretiens. Des participants se sont retenus de dire certaines choses ou ont clairement exprimé la crainte que leurs propos ne soient rapportés aux professionnels de la protection de l’enfance.
29Puis, le thème du « combat » était très présent dans le discours des participants. Plusieurs ont raconté leur sentiment de devoir se battre pour être crus et entendus dans ce qu’ils exprimaient sur les enfants qu’ils accueillent : « Quand t’es parent d’accueil, tu te bats. Contre la démocratie, la bureaucratie… c’est tout le temps ça, c’est tout le temps une grosse bataille. Ça vient très frustrant j’te dirais. »
30Certains participants ont également exprimé leur impression que les interventions mises en place par l’institution n’agissent pas toujours comme protection des enfants et ils ont confié leur sentiment de solitude face à un mandat et un système qui les dépassent.
31Ainsi, des participants expriment une impression générale que les délais de réponse des intervenants à leurs demandes sont trop longs et ne correspondent pas à la réalité de la famille d’accueil : « Oui j’ai du soutien, mais pas souvent à la vitesse qu’on aimerait (…) Parce que je les vois les besoins de l’enfant, et des fois t’es des années sur une liste d’attente. On a le temps de voir toutes les répercussions sur le jeune ». D’autres soulèvent le problème des changements fréquents chez les intervenants qui affectent le lien de confiance et les amènent à se questionner quant aux efforts mis pour favoriser la stabilité chez les enfants : « J’ai eu combien de travailleurs sociaux jusqu’à maintenant… une trentaine ? C’est 5-6 en moyenne par enfant. Là y’en a un nouveau depuis quelques mois, t’sais je les blâme pas de partir les travailleurs sociaux, mais pour l’enfant, à chaque fois il doit recommencer son histoire, une autre personne à apprivoiser ».
32Finalement, presque tous les participants ont mentionné leur souhait d’obtenir plus d’informations sur les enfants qu’ils accueillent afin de mieux les aider.
Les facilitateurs
33Les entretiens ont également permis d’identifier des ressources et des attitudes qui facilitent l’expérience des parents d’accueil et atténuent parfois les difficultés rencontrées.
Du côté du parent d’accueil
34Les participants qui présentent une logique inclusive face aux parents biologiques se représentent la présence de plusieurs parents pour un même enfant et semblent vivre moins de difficultés à négocier leur place parentale : « à quelque part, y’a une partie de leurs racines qui est un peu la nôtre, tu comprends qui s’ajoute à la leur… Donc j’me dis que ça va solidifier ces p’tites branches ».
35De plus, les participants qui étaient famille d’accueil depuis plus longtemps ont confié que l’expérience représentait un atout important dans le cadre de leur mandat. Il semble que les années leur aient essentiellement appris à prendre leur place auprès des intervenants et à ne pas hésiter à demander l’aide dont ils ont besoin : « Quand ton travailleur social te fait confiance, j’suis capable de dire c’qui va et c’qui va pas, il faut pas se gêner ».
36Les participants présentaient également une grande confiance en la vie et se disaient capables de faire face aux épreuves. Certains ont raconté des parcours de vie marqués par des événements difficiles (décès ou maladie de proches, problèmes de santé mentale dans l’entourage, difficultés psychosciales, etc.), qui témoignent d’une capacité de résilience. De plus, ils ont tous souligné l’importance de pouvoir bénéficier du soutien de leur conjoint dans leur rôle de parent d’accueil, soutien qu’ils disent tous posséder. Cela représente selon eux un paramètre indispensable.
Du côté des intervenants et de l’entourage
37Les propos des participants suggèrent que la flexibilité dans les interventions des intervenants et une écoute centrée sur les besoins particuliers de la famille, qui va au-delà d’un protocole, sont des pratiques très appréciées : « C’était pertinent ce qu’elle disait cette intervenante-là. Elle nous donnait des pistes, nous on disait ce qu’on avait essayé avec ce jeune-là… elle parlait pas juste pour prendre la place ».
38Les participants ont également presque tous parlé des manifestations de reconnaissance qu’ils ont reçues dans le cadre de leur rôle de parent d’accueil. Qu’elles proviennent des intervenants, des proches, des parents biologiques des enfants accueillis ou des enfants eux-mêmes, les participants expriment l’importance de cette reconnaissance : « C’est inspirant quand les gens nous disent que quand l’enfant est rentrée chez nous elle était développée comme une enfant de deux ans, mais aujourd’hui elle est là où elle devrait être. À chaque évaluation qu’elle a y’a quelque chose qui va mieux, alors ça veut dire qu’on fait du bon travail, ça nous inspire à continuer ».
39De plus, une participante souligne qu’elle a pu observer des changements positifs dans le soutien apporté par l’institution au fil des années. Le soutien des intervenants semble effectivement jouer un rôle déterminant dans le déroulement du mandat des parents d’accueil et pour l’aide qu’ils apportent aux enfants placés. Comme l’exprime une participante : « Je veux aider les enfants, alors aidez-moi ».
Ce qu’ils ont dit d’un espace de parole
40Les entretiens de la recherche ont été pensés de manière à créer un espace de parole pour que les parents d’accueil puissent partager leur expérience le plus librement possible. À l’issue de ces entretiens, des constats se dégagent du discours des participants sur leur expérience d’un tel espace de parole et d’écoute.
Reconnaître le travail et l’intérêt de ces familles
41Au début de deuxième entretien, lorsqu’il était demandé aux participants s’ils avaient eu des réflexions en suite de la première rencontre, plusieurs participants disaient avoir constaté l’ampleur du travail qu’ils font comme parent d’accueil : « [J’] ai réfléchi pendant la semaine et ouais, on fait beaucoup. On a des rencontres, des appels à faire, des consultations à faire… ça prend beaucoup de notre temps ». Pour eux, l’espace de parole semble avoir souligné leur travail, les avoir rendus attentifs à ce qu’ils font dans l’exercice de leur rôle de parent d’accueil. Ils ont semblé réaliser l’importance de leur rôle. Une autre participante termine le premier entretien en disant qu’il a été facile pour elle de venir nous parler, car parler de sa famille l’emplit de fierté. Finalement, quelques participants nous ont remerciés de s’intéresser à eux, ils ont exprimé leur impression qu’on ne parle pas assez spécifiquement des familles d’accueil dans la société en général et notamment dans les médias.
Aborder les aspects positifs
42Tous les participants ont abordé les aspects qu’ils aiment de leur rôle de parent d’accueil, ce qui les rend fiers, ce qui les pousse à continuer. Certains participants ont exprimé clairement qu’ils appréciaient pouvoir parler des aspects positifs de leur expérience, aspects qu’ils jugent trop souvent écartés des propos à l’égard des familles d’accueil : « on parle de choses aux nouvelles [par rapport aux familles d’accueil] qui sont un peu plus négatives là… mais le positif par rapport aux familles d’accueil… des fois le monde il pense même pas que ça existe, ou des fois ils pensent qu’une famille d’accueil c’est juste une famille ».
Aborder les aspects difficiles
43La plupart des participants rencontrés dressaient d’abord un portrait très positif de leur expérience. C’est au cours des deux entretiens qu’ils ont partagé, peu à peu, des aspects plus difficiles ou négatifs. L’espace de parole ainsi que la consigne de départ de l’entretien visaient à faciliter la construction d’un récit, et ce récit a pu être approfondi dans le temps alloué et avec l’aisance qui s’est progressivement installée entre le chercheur et les participants.
Effet libérateur
44Certains ont dit que les entretiens leur avaient permis de « respirer » ou de « se défouler ». Plusieurs participants avaient beaucoup de choses à dire et ont occupé l’espace sans hésiter. L’espace de parole semble alors avoir agi comme contenant, où il était possible de faire part des préoccupations et de se détendre.
Trouver un sens, faire des liens
45Certains entretiens ont permis aux participants de mettre des mots, de faire des liens entre des événements ou des situations qui pouvaient poser problème. Il faut préciser que cela s’est fait sans interventions du chercheur en ce sens. Un participant explique que les entretiens lui ont permis de « se resituer », notamment par rapport à une situation complexe qu’il vivait au même moment avec une enfant accueillie.
Un espace pour le parent en soi
46Il semble finalement que les entretiens aient permis aux parents d’accueil interrogés de partager leur expérience, en dehors d’objectifs centrés sur l’enfant : « C’est spécial, j’ai jamais eu à le faire, généralement quand on a une discussion on a un cas, on a un problème… On va parler de l’enfant, jamais de nous ». Plusieurs participants ont exprimé que cette offre d’un espace centré sur leur expérience était nouvelle et ils découvraient son intérêt.
47En somme, l’expérience d’un espace de parole principalement centré les parents d’accueil et sur leurs besoins de parents fut une première pour la majorité d’entre eux. La demande d’un tel espace ne s’est donc pas formulée comme telle, mais l’offre d’un tel accompagnement est le résultat de l’analyse des données. En effet, les récits des participants expriment, de différentes façons, un souhait que la perspective et la parole des parents d’accueil soient davantage entendues et considérées. Dans cet ordre d’idées, certains participants ont tout de même émis des propositions telles que l’intégration de parents d’accueil dans le processus de sélection de nouveaux candidats au titre de famille d’accueil, alors qu’une autre participante propose que les parents d’accueil puissent donner eux-mêmes davantage de formation à leurs pairs.
48Il n’en demeure pas moins que plusieurs participants étaient inquiets à l’idée que leurs propos puissent être rapportés aux intervenants de la protection de l’enfance. Cela est probablement dû, en partie, au fait que les parents d’accueil, qui se sont montrés intéressés par le projet de recherche, nous ont été envoyés par des intervenants responsables de leur dossier et, donc, cela a pu augmenter leur crainte d’être reconnus, malgré les mesures de confidentialité qui ont été prises. Comme il en sera discuté dans la section suivante, ces intervenants sont soumis à un double mandat de soutien et d’évaluation à l’égard des parents d’accueil, ce qui peut constituer une situation délicate. Or, plusieurs participants ont tout de même exprimé une certaine méfiance à l’égard de l’institution en général, en dehors du cadre de la recherche. Il semble donc que cet élément soit essentiel à prendre en considération dans une réflexion sur l’accompagnement à privilégier pour les parents d’accueil.
Discussion
49À la lumière des résultats de la recherche, plusieurs constats rejoignent les études existantes sur la question difficile du soutien apporté aux parents d’accueil. En effet, certains participants ont exprimé clairement leur besoin de recevoir davantage de soutien de la part de l’institution ou de recevoir un soutien qui reflète une meilleure compréhension de leur réalité. Plusieurs ont confié ne pas se sentir entendus ou crus dans leurs propos sur les enfants qu’ils accueillent, et sentent qu’ils doivent parfois se battre pour la protection de ces enfants. Le manque de disponibilité des intervenants et l’important roulement des membres du personnel ont également été soulevés.
50De plus, plusieurs autres constats semblent indiquer un besoin de soutien pour ces parents. Le sentiment de solitude, mentionné par les participants face à la lourdeur de leur mandat, la souffrance associée au départ des enfants, la complexité des rapports avec les parents d’origine, ou encore l’impossibilité d’être reconnus officiellement comme parents des enfants accueillis, sont autant d’exemples qui peuvent être entendus comme des défis importants, qui mériteraient un accompagnement. Néanmoins, les constats de cette étude relativement au soutien reçu par les parents d’accueil sont très proches de ceux soulevés par la littérature existante. Cela conduit à se demander pourquoi des changements tardent à se faire sentir. Qu’est-ce qui rend la situation si complexe ? Des pistes de réflexion sont présentées ci-après.
Un espace pour le parent est-il possible dans un système qui représente la protection des enfants ?
51Comme l’ont exprimé différents participants de la recherche, rares sont les occasions lors desquelles ils peuvent partager librement leurs expériences et leur vécu en lien avec leur rôle de parent d’accueil. Le soutien actuellement disponible pour ces parents reflète également ce constat. Certes, ils peuvent bénéficier de formations, mais cela implique généralement une position d’apprentissage, qui vise l’acquisition de connaissances et non pas nécessairement l’offre d’un espace, qui permette de recevoir la parole de ces parents. De plus, comme mentionné précédemment, la plupart des programmes de soutien, qui impliquent la participation des parents d’accueil, sont centrés sur les besoins de l’enfant, qui sont l’objet principal des interventions. Puis, les parents d’accueil bénéficient du soutien d’un intervenant-ressource, qui a comme mandat de les aider dans leur rôle, mais, comme il en sera question dans la section suivante, ces intervenants remplissent également une fonction d’évaluation. Ce double mandat impose une position complexe pour les parents d’accueil, au-delà des bonnes intentions et de la compétence des intervenants, qui doivent, eux aussi, composer avec cette réalité.
52Différents auteurs expliquent comment, bien que le principe de participation et d’inclusion des parents soit actuellement mis en avant dans les systèmes de protection de l’enfance, ce principe demeure très complexe à intégrer véritablement dans les pratiques institutionnelles. Ce changement de perspective nécessite un passage de l’idée de la responsabilisation des parents à celle du soutien de l’État aux familles, afin d’assurer le bien-être des enfants (Lacharité, 2015). De plus, l’importance, dorénavant accordée au meilleur intérêt de l’enfant dans la prise de décisions légales à son endroit, entraîne parfois une mise à l’écart de l’intérêt des parents (Saint-Jacques et coll., 2015).
53Or, il faut rappeler que ces études se réfèrent essentiellement à des enjeux concernant les parents d’origine des enfants confiés à la protection de l’enfance. Ainsi, il n’est généralement jamais question des familles d’accueil dans les réflexions entourant cette problématique et, pourtant, ces individus ne sont-ils pas soumis aux mêmes messages de la part de l’institution ? Étant donné qu’on leur demande d’instaurer avec les enfants accueillis « une relation de type parental dans un contexte familial », ne faudrait-il pas les considérer, eux aussi, dans le principe de participation des parents ? À l’inverse, comme l’indique leur titre officiel, ne sont-ils pas aussi des ressources de type familial, qui font partie de l’équipe soignante venant en aide aux enfants dans le besoin, auquel cas il faudrait plutôt les considérer comme des collègues, des intervenants ? Il n’en demeure pas moins que, du point de vue des participants que nous avons rencontrés, leur identité de parent d’accueil est, avant tout, celle d’un parent, d’une famille, malgré le fait qu’aucune reconnaissance légale d’un tel statut ne pourra leur être accordée. De plus, en citant le manque de soutien, l’incompréhension de la part des intervenants, le décalage des interventions par rapport à leur réalité, plusieurs participants ont décrit leur perception d’un rapport essentiellement asymétrique avec les intervenants. Bien que d’autres participants plus expérimentés aient affirmé avoir appris à trouver une place plus collégiale auprès des intervenants, cela s’est fait après de nombreuses années et au prix d’une initiative personnelle de recherche de ce statut. Ainsi, les parents d’accueil sont-ils davantage des parents ou des professionnels ? Quelle place leur accorde-t-on au sein du système de protection de la jeunesse ? Cette ambiguïté dans le statut des parents d’accueil a déjà été soulevée à plusieurs reprises (Bagirishya, Gilbert, 2002 ; Joly, 2013 ; Lapierre, 2014 ; Neyrand, 2005) et apparaît comme un facteur important auquel il convient de réfléchir pour penser la nature de l’accompagnement à leur offrir.
La personne responsable de soutenir les familles d’accueil peut-elle également être celle qui les évalue ?
54Les entretiens ont mis en lumière des inquiétudes de la part des participants, qui craignaient que leurs propos, confiés dans le cadre de la recherche, ne soient rapportés aux intervenants responsables de leur dossier. Plusieurs se sont retenus d’aborder certains aspects relatifs à l’institution. Certains ont également exprimé le sentiment de devoir constamment rapporter leurs actions à l’institution et ont fait part d’attitudes plus rigides de la part d’intervenants, qui pouvaient parfois éveiller leur méfiance. Des participants ont exprimé leur crainte de se confier ouvertement aux intervenants, de peur que leurs propos ne soient mal interprétés ou que la complexité des enjeux relationnels avec un enfant traumatisé ne soit pas prise en considération et que cela conduise au retrait des enfants de la famille d’accueil. Une participante a même confié sa crainte que des intervenants en viennent à lui retirer ses enfants biologiques. Ces différents constats soulèvent d’importantes questions.
55Le manuel de référence sur la protection de la jeunesse (MSSS, 2010) exprime clairement les différents mandats de l’intervenant-ressource attitré à la famille d’accueil. D’une part, il se doit « d’apporter l’aide appropriée à la famille d’accueil dans l’exercice de son rôle » et, d’autre part, « d’évaluer la qualité de services donnés à l’enfant au regard de ses besoins particuliers » (p. 681). Mais ces deux mandats de soutien et d’évaluation sont-ils conciliables et peuvent-ils être assurés par la même personne ? Il semble qu’ils impliquent deux postures bien différentes : celle de la protection dans un cadre judiciaire et celle du soin (Giffard, Langlois, Le Naour, 2010). Ainsi, il apparaît nécessaire de réfléchir à ce contexte, afin d’offrir un espace de soutien et une écoute des difficultés dans un cadre qui permette d’actualiser les potentialités des parents, plutôt que de questionner ou de remettre en cause. Or, qu’en est-il de cette sécurité, lorsque la personne chargée d’aider la famille d’accueil détient également le pouvoir de retirer les enfants placés et qu’elle représente une institution qui juge quels sont les parents qui s’occupent suffisamment bien de leurs enfants ? Comme mentionné à propos de la situation des parents d’origine à qui l’on retire les enfants, cette menace du retrait de l’enfant risque de « forcer » le consentement des parents face aux interventions (Bastard, 2006 ; Lacroix, 2015). Il semble qu’il y ait parfois un « effacement de la contrainte du cadre de la protection de l’enfance » (Lacroix, 2015, p. 206), c’est-à-dire une minimisation des enjeux portés par les différents acteurs qui incarnent la loi, comme la fonction d’évaluation des familles d’accueil, de protection des enfants, de pouvoir de retrait des enfants de leur famille d’accueil, etc. Cela engendre généralement des conflits ou des malentendus entre parents (qu’ils soient parents d’accueil ou parents d’origine) et intervenants (Lacroix, 2015, p. 206).
56Ensuite, se pose la question des modalités d’évaluation de l’offre de services proposée par la famille d’accueil. Qu’est-ce qu’un « bon » parent d’accueil, selon la protection de la jeunesse ? Des auteurs suggèrent que, dans un contexte de protection de l’enfance, le parent jugé compétent est celui qui collabore et qui fait ce qu’on attend de lui (Cabantous, Robin, 2016 ; Sellenet, 2009). Ainsi, est-ce qu’un parent d’accueil, qui se confie peu aux intervenants de peur de perdre les enfants placés, ou encore un parent qui éprouve des sentiments négatifs (inquiétudes, colère, etc.) à l’égard des comportements difficiles de ces enfants, est un parent qui offre des services satisfaisants ? Est-ce qu’un parent d’accueil qui s’investit grandement dans le suivi avec les intervenants et communique spontanément avec eux, offre nécessairement des services adéquats ? De cette façon, il semble que le défi de cette évaluation soit des plus délicats. D’ailleurs, on peut également se demander si les difficultés vécues par le parent d’accueil à l’égard de l’institution peuvent être élaborées et entendues par un représentant de cette même institution.
57Tout compte fait, bien que les mandats mentionnés semblent, à plusieurs égards, contradictoires et potentiellement conflictuels, il serait vain de les considérer comme irréconciliables. Toutefois, il est essentiel de prendre des précautions, afin que tous les acteurs impliqués prennent conscience du poids des fonctions qu’ils représentent. Il semble que ce ne soit qu’à cette condition qu’un soutien adapté puisse être offert aux parents d’accueil.
Quelle forme pourrait prendre un accompagnement qui tienne compte de ces différents paramètres ?
58La retenue des participants à s’exprimer librement lors des entretiens et leur difficulté à s’appuyer sur la confidentialité assurée par le projet de recherche suscitent également des questions quant aux précautions à prendre pour l’instauration de mesures de soutien pour les parents d’accueil. Cela souligne l’importance de la définition du cadre de cet espace de soutien, en raison notamment de l’influence des représentations que peut véhiculer l’institution de la protection de la jeunesse (crainte du retrait des enfants, influence du mandat d’évaluation, etc.).
59Des initiatives de groupes de parole pour parents d’accueil ont déjà été tentées, parfois avec seulement un professionnel extérieur à l’institution, généralement un psychologue ou un psychiatre, parfois avec un professionnel de l’institution et un autre hors institution (Antoine et coll., 2009) et parfois avec différents professionnels, tous membres de l’institution (Grisi, 2011). Tous ces scénarios semblent possibles, mais l’élément essentiel réside toujours dans la présence d’une réflexion de la part des responsables de ces groupes sur ce qui s’y joue (Montigny, Lacharité, 2012), en particulier les enjeux groupaux inconscients (Kaës, 2010 ; Michel, 2008). À notre connaissance, aucun dispositif de la sorte n’est actuellement en place au Québec. Cette réflexion sur les échanges et les relations entre les acteurs impliqués permet d’accéder à un climat de sécurité, où chacun peut s’exprimer librement et prendre du recul face aux difficultés rencontrées. Il devient également important de préciser ce que ces rencontres de parole sont et ne sont pas, afin de les distinguer des autres rencontres auxquelles les parents d’accueil peuvent être convoqués (Grisi, 2011). Cet élément peut être facilité par une nomination particulière des rencontres : « rencontres de famille » (Grisi, 2011), « accompagnement professionnel collectif » (Antoine et coll., 2009), etc.
60Le fait que plusieurs participants aient rapporté que c’était l’une des premières fois qu’ils étaient interrogés de cette façon sur leur expérience et qu’ils l’aient apprécié, amène à penser que la création d’espace de soutien pour le parent est, en soi, pertinente. Toutefois, le cas des groupes d’échanges entre parents et professionnels implique une attitude particulière de la part des professionnels, qui soutiennent ces parents. Tout d’abord, cela nécessite une prise de distance de ces professionnels par rapport à leur rôle habituel (Grisi, 2011). En effet, en dehors du responsable principal de l’espace de parole, tous sont amenés à participer et à échanger sur l’expérience rapportée par les parents d’accueil. Ainsi, les professionnels sont invités à relever un défi important, celui de passer de la position de « détent[eur] du savoir » à celle d’un « pas de côté », où les parents ont des choses à leur apprendre de par l’expérience qu’ils ont choisi de partager (Lacroix, 2015). Il ne s’agit pas d’écarter leur savoir, mais bien de le mettre au service d’une réflexion et d’une écoute qui fasse exister la parole du parent (Boutanquoi et coll., 2016) et qui permette de faire circuler le savoir issu de l’expérience de ces parents (Molénat, 2001). Ce cadre implique nécessairement, aussi, que les parents aient la liberté de s’exprimer sur les expériences de leur choix (Antoine et coll., 2009) et que les professionnels adoptent une écoute personnalisée et non-directive propre à la posture de l’accompagnement à la parentalité (Delawarde et coll., 2014b) et à la perspective psychanalytique (Roussillon, 2014). De cette façon, l’impact pour les parents est considérable, ils « ne se sentent plus convoqués à écouter, mais invités à partager une parole » (Coquebert, 2003, p. 78).
61Ce type d’espace de parole, sans être de la psychothérapie proprement dite, vise un partage des vécus et des expériences en présence d’un autre apte à les recevoir, les refléter et les contenir. C’est dans cette rencontre avec l’autre que l’appropriation subjective de l’expérience, ici celle de la parentalité d’accueil, pourra s’effectuer (Roussillon, 2008). L’autre, à la manière d’un double ou d’un miroir, devrait permettre au sujet d’entrer en contact avec son monde affectif et de mieux se connaître et se construire (Roussillon, 2008 ; Winnicott, 1975). L’intérêt principal pour ce type d’espace est de passer d’un climat tendu et empreint d’expériences douloureuses pour les parents, à une possibilité d’expérience de partage plus souple, plus positive. Au fil des rencontres, « le poids du réel s’estompe dans une secondarisation », l’humour, la créativité et l’utilisation de métaphores peuvent émerger (Antoine et coll. 2009). L’espace de parole permet de soutenir les parents et, du fait de l’élaboration de leurs affects, d’assurer la protection des enfants qui leur sont confiés (Giffard, Langlois, Naour, 2010). Néanmoins, pour que ces effets surviennent, il est nécessaire de prendre le temps. Même à petite échelle, dans le cadre des entretiens avec les participants, il est possible de constater que les difficultés étaient généralement abordées au cours de la seconde rencontre et non pas en début de processus. Le climat de sécurité qui permet une élaboration psychique dépend ni plus ni moins de la constance et de la fiabilité du cadre de ces rencontres (durée, continuité dans la présence des professionnels, etc.) (Antoine et coll., 2009).
62Somme toute, le recueil et l’analyse du vécu des parents d’accueil ont permis de mettre en évidence le besoin d’un accompagnement qui serait différent, à plusieurs égards, de celui qui est offert. D’une part, en le centrant sur leurs besoins de parents et pas seulement sur les besoins de l’enfant et, d’autre part, en étant prodigué par un professionnel, qui n’aurait pas, en même temps, le mandat de les évaluer et de décider de la poursuite de leurs services de famille d’accueil. La méfiance et la retenue n’auraient ainsi plus lieu d’être. De plus, bien que cette proposition d’espace de parole puisse sembler complexe à mettre en place dans un contexte de manque de ressources et de roulement du personnel, le présent article montre surtout l’importance que les professionnels, qui ont comme mandat d’évaluer les familles d’accueil, ne soient pas les mêmes que ceux qui assurent leur soutien. Il apparaît primordial de différencier ces fonctions, car celle d’évaluation rend caduque la possibilité de soutien véritable pour confier les situations difficiles avec les enfants. Ainsi, il ne s’agit pas d’ajouter du personnel, mais plutôt de réfléchir à la possibilité de répartir les tâches autrement.
Conclusion
63Cette étude met à jour des parents d’accueil québécois forts de nombreuses ressources et offrant un engagement profond pour les enfants en difficulté. Les résultats soulignent également les différents défis que peut représenter leur mandat, dont des relations complexes avec l’institution. Les entretiens ont permis de comprendre que les parents d’accueil disposent encore de très peu d’occasions de s’exprimer librement sur leur expérience. Pourtant, leurs propos révèlent qu’un tel espace, centré sur leur vécu, présente de nombreux bénéfices pour eux et les enfants qu’ils accueillent. De plus, des conditions apparaissent comme essentielles à l’établissement de tels espaces de parole pour les parents d’accueil. La liberté dans les propos abordés, le positionnement des professionnels à côté des parents, l’utilisation de leurs connaissances issues de l’expérience des parents eux-mêmes et, surtout, la nécessité que les professionnels impliqués dans ces espaces aient une réflexion constante sur les enjeux mis à jour par les échanges, sont autant de sujets à prendre en considération.
64En somme, il est primordial de rappeler que ces réflexions ne prennent tout leur sens que si des conditions semblables sont mises en place pour les professionnels (Allard, Martin, Noël, Bouche-Florin, 2015 ; Boutanquoi et coll., 2016 ; Montigny, Lacharité, 2012). Si, depuis des années, les parents d’accueil expriment des constats semblables quant aux défis qu’ils rencontrent face au soutien qu’ils reçoivent, c’est peut-être notamment parce que les politiques peinent à permettre d’abord aux intervenants de bénéficier de conditions favorables pour accueillir et élaborer leur propre vécu dans le cadre d’un travail exigeant. Alors que les systèmes de protection de l’enfance s’appliquent à protéger les enfants, il apparaît essentiel de considérer, également, l’expérience des parents et des professionnels qui en prennent soin, au risque, sinon, de passer à côté du mandat initial.
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Notes
-
[1]
La Direction de la protection de la jeunesse est l’institution qui a pour mandat d’intervenir dans les situations où la sécurité ou le développement d’un enfant est compromis (MSSS, 2010).
-
[2]
Loi sur la représentation des ressources de type familial et de certaines ressources intermédiaires et sur le régime de négociation d’une entente collective les concernant (R-24.0.2).
-
[3]
Au Québec, le terme « centre jeunesse » désigne un ensemble de services psychosociaux encadrés par la loi sur la santé et les services sociaux, et destinés aux jeunes et aux familles en difficulté.
-
[4]
Expression signifiant « à la lettre », rigide.