Couverture de BRUX_046F

Article de revue

Bruges occupée et le Marinegebiet, 1914-1918

Pages 96 à 108

Notes

  • [1]
    HERWIG H.H., « Luxury Fleet » : The Imperial German Navy, 1888-1918, Londres, Allen & Unwin 1980 ; KARAU M.D., « Wielding the Dagger » : the MarineKorps Flandern and the German War Effort, 1914-1918, Westport (CT)-London, Praeger, 2003.
  • [2]
    Paragraphes précédents : KARAU M.D., « Wielding the Dagger », chapitres 1 et 2. Voir également Ryheul J., Marinekorps Flandern : de Vlaamse kust en het hinterland tijdens de Eerste Wereldoorlog, Erembodegem, Flying Pencil, 2010.
  • [3]
    À propos de Bruges avant et pendant la guerre : Luc Schepens, Brugge bezet 1914/1918 – 1940/1944 : het leven in een stad tijdens twee wereldoorlogen, Tielt, Lannoo, 1985.
  • [4]
    VERBEKE P., « De inname van Brugge op 14 oktober 1914 », Brugs Ommeland, à paraître, 2014, avec nos remerciements à l’auteur pour avoir été autorisée à consulter le manuscrit. Voir également la Commission d’enquête sur les violations des règles du droit des gens, des lois et des coutumes de la guerre, éd., Rapports et documents d’enquête, volume 1, Rapports sur les attentats commis par les troupes allemandes pendant l’invasion et l’occupation de la Belgique, partie 2, pp. 303-305.
  • [5]
    SCHEPENS L., Brugge bezet, pp. 44-45. Verbeke P., « Het verloop van de inname. »
  • [6]
    Bibliothèque publique de Bruges, Collection d’affiches.
  • [7]
    SCHEPENS L., Brugge bezet, pp. 44-46.
  • [8]
    KARAU M.D., Wielding the Dagger, pp. 18-20 ; Ryheul, Marinekorps.
  • [9]
    Affiche du 27 octobre 1914, portant la signature Freiher [sic] von Rössing, Kommandeur der Matrosen-Artillerie-Brigade, Zeebrugge ; bibliothèque publique de Bruges, collection d’affiches.
  • [10]
    Pour les paragraphes précédents : KARAU M.D., Wielding the Dagger ; Ryheul, Marinekorps.
  • [11]
    KARAU M.D., Wielding the Dagger, p. 245 ; cf. HERWIG H.H., « Total Rhetoric, Limited War : Germany’s U-Boat Campaign, 1917-1918 », dans CHICKERING R. et FÖRSTER S. (Éds.), Great War, Total War : Combat and Mobilization on the Western Front, Presses universitaires de Cambridge, 2000, pp. 189-206.
  • [12]
    Bibliothèque provinciale, Bruges, Archives De Meulemeester, 656 AD 1, Journal de Leon Demeulemeester, brasseur, 23 septembre 1916.
  • [13]
    GILLE L., OOMS A. et DELANDSHEERE P., Cinquante mois d’occupation allemande, Bruxelles : Albert Dewit, 1919, partie II, pp. 310-311 (22 septembre 1916).
  • [14]
    « Verslag over het bestuur », Gemeenteblad van de Stad Brugge, 1917, cité dans SCHEPENS L., Brugge bezet, 133.
  • [15]
    Bundesarchiv-Militärarchiv Freiburg, RM 104/234 (Allgemeine Geheime Angelegenheiten), note de Brückenbau Flender Act-Ges. Geschäftsstelle Brügge, 19 janvier 1918. Fondée en 1901 à Düsseldorf, l’entreprise Brückenbau Flender AG était l’un des plus grands constructeurs de ponts en Europe et, depuis 1917, également active dans la construction navale.
  • [16]
    Bundesarchiv-Militärarchiv Freiburg, RM 104/234 (Allgemeine Geheime Angelegenheiten), Kommandaturbefehl 173 Anl. 5, 31 janvier 1918.
  • [17]
    D’autres sont envoyés vers un camp installé à Sedan, ou sur le front, à Verdun. Commission d’enquête sur les violations des règles du droit des gens, des lois et des coutumes de la guerre, Rapports et documents d’enquête, Volume 2, Rapports sur les déportations des ouvriers belges et sur les traitements infligés aux prisonniers de guerre et aux prisonniers civils belges (Bruxelles-Liège 1923), pp. 210-219.
  • [18]
    Manuscrit anonyme (30 pages), In Flanders Fields Documentatiecentrum, Ypres. Remerciements à Dominiek Dendooven.
  • [19]
    DE SMET J., Brugge onder de oorlog 1914-1918, Brugge : Vereniging van Officieel Gediplomeerde Gidsen, 1955. On dénombre 123 victimes sur le territoire de Bruges, qui regroupe depuis 1989 les infrastructures portuaires de Zeebrugge, le canal et ses rives (et donc, des parties des communes de Koolkerke, Dudzele, Uitkerke, Lissewege et Heist). Des victimes tombent aussi dans les communes périphériques d’Assebroek (4), de Sint-Andries (4), de Sint-Kruis (8) et de Sint-Michiels (8).
  • [20]
    Début 1917, le commandant militaire du village de Jabbeke, qui abrite un terrain d’aviation allemand, fait savoir qu’une femme et seize enfants ont été tués lors d’un bombardement effectué par un avion anglais, abattu par la suite (« communiqué » du 7 février 1917, collection d’affiches de la bibliothèque publique de Bruges). En 1918, des activistes brugeois publient une affiche au titre indigné : « Weeral Bommen op Vlaanderen ! » (Affiche, Archives de la Ville de Bruges, boîte R XIII B, 16, dossier « Oorlog. Zelfstandigheid van Vlaanderen »). On trouve un exemple comparable, conçu pour l’arrière : en 1918, la revue Aus Grosser Zeit publie une photo de l’église Sainte-Walburge de Bruges au terme d’une attaque de bombardiers anglais. Reproduit dans SCHEPENS L., Brugge bezet, p. 141.
  • [21]
    KOTT Ch., Préserver l’art de l’ennemi ? Le patrimoine artistique en Belgique et en France occupées, 1914-1918, Bruxelles-Berne-Francfort, P.I.E.-Peter Lang, 2006.
  • [22]
    Carte postale allemande, n.d. [probablement fin 1914], Berlin, Gustav Liersch ; Sint-Kruis (Bruges), Remerciements à Patrick Verbeke, collection privée.
  • [23]
    Bundesarchiv-Militärarchiv Freiburg, RM 120/161 (Spionage), communiqué de l’état-major du Marinekorps, 23 août 1916.
  • [24]
    Bundesarchiv-Militärarchiv Freiburg, RM 104/237 (Allgemeine Geheime Angelegenheiten Juni 1916-September 1917), ordonnances des 20 avril et 6 juin 1916.
  • [25]
    Bekanntmachung de l’amiral von Schröder, Bruges, 2 mai 1915 ; collection bibliothèque publique de Bruges.
  • [26]
    Voir à ce sujet la brochure, publiée après la guerre, intitulée De terechtstellingen te Brugge onder de Duitsche bezetting, door een ooggetuige, Bruges, G. Geuens-Willaert, n.d., probablement rédigée par l’échevin Ryelandt. (Remerciements à Patrick Verbeke.)
  • [27]
    De Beir décède en 1971, à 97 ans. In the Eagle’s Claws, Bruges, collection de l’auteur, n.d. (1928) ; DE WEERDT D., De vrouwen van de Eerste Wereldoorlog, Gand : Stichting Mens en Kultuur, n.d. (1990), pp. 188-189 ; SCHEPENS L., Brugge bezet, pp. 200 et 252.
  • [28]
    Stadsarchief Brugge, boîte VII b 277 Politie Ontucht, 1910-1923, pétition de Marie Breemersch, 21 janvier 1921. La demande sera rejetée, la jeune femme habitant déjà avec l’homme qu’elle voulait épouser et étant dès lors considérée « de mœurs très légères ».
  • [29]
    HERWIG H.H., “Luxury Fleet”, p. 252 ; von WALDEYER-HARTZ H., Ein Mann. Das Leben des Admirals Ludwig von Schröder, Braunschweig : Vieweg & Teubner, 1934 ; id., Die Meuterei der Hochseeflotte, Berlin : Universitas, 1922 ; DÄHNHARDT D., Revolution in Kiel. Der Übergang vom Kaiserreich zur Weimarer Republik. Neumünster : Karl Wachholtz Verlag, 1978.
figure im1
« Les “barbares allemands” veillent sur les trésors de la bibliothèque de Bruges » : soldats allemands devant la Tolhuis, carte postale allemande, sans doute fin 1914.
Brugge Openbare Bibliotheek (Bibliothèque publique de Bruges)

1S’il est un élément qui a largement alimenté la tension internationale à l’aube de la Première Guerre mondiale, c’est sans nul doute la surenchère des flottes déployées par la Grande-Bretagne d’une part, et par l’Empire allemand d’autre part. La flotte allemande, insignifiante à l’époque de Bismarck, est devenue à l’été 1914 une puissance formidable. Pourtant, elle ne joue aucun rôle lors du déclenchement de la guerre. Tandis que les armées de terre allemandes progressent simultanément vers l’Ouest et vers l’Est, la Hochseeflotte (flotte de haute mer) reste placidement à quai. Pendant ce temps, la flotte britannique a quasi toute liberté de patrouiller en mer du Nord et d’effectuer les premiers préparatifs en vue d’un blocus.

2Quelques semaines après l’éclatement du conflit, l’amirauté allemande finit par assigner un rôle à sa flotte. Ce qu’elle vise est non pas un affrontement frontal entre vaisseaux de guerre en haute mer (ou Grosskrieg – grande guerre) mais une guerre d’usure latérale menée contre les routes maritimes commerciales et militaires vulnérables qu’empruntent les navires britanniques dans la Manche – une Kleinkrieg donc, pour laquelle les Allemands se servent de petits torpilleurs, de mouilleurs de mines et de vaisseaux sous-marins [1]. Le 23 août 1914, alors que Bruxelles est prise et que les armées belges et alliées se replient toujours plus au sud, l’amiral von Tirpitz téléphone à l’état-major allemand afin de demander des troupes marines qu’il projette de déployer sur la côte, dans la partie ouest des territoires occupés. Selon lui, les Français sont au bord de la défaite et l’heure est venue de déclencher une guerre en mer contre la Grande-Bretagne. C’est ainsi que naît ce qui allait devenir le Marinekorps Flandern, composé dans un premier temps d’une unique division marine de quelque 17 000 réservistes et soldats réguliers, soustraits aux ports militaires de Kiel et Wilhemshaven, puis renforcée par une deuxième division de 20 000 hommes à partir de novembre-décembre 1914. Le 24 août 1914, von Tirpitz tire de sa retraite un homme qu’il connaît bien : l’amiral sexagénaire Ludwig von Schröder. Ce partisan et fin connaisseur des projets de Kleinkrieg contre la Grande-Bretagne se voit confier le commandement des troupes marines allemandes envoyées à l’ouest.

3Quels ports serviront de bases d’opérations pour cette Kleinkrieg ? En octobre 1914, la préférence de l’état-major général de la Marine va encore aux ports français bien conçus et faciles à défendre du Havre et de Cherbourg. Ce qui s’avère bien trop ambitieux, compte tenu de l’enlisement rapide de la guerre de position : même Dunkerque et Calais restent hors d’atteinte des Allemands. Par la force des choses, le choix des Allemands se reporte donc sur le « triangle » Ostende-Zeebrugge-Bruges, quand bien même les deux ports de mer sont peu profonds et difficiles à défendre, et que ni Bruges ni Zeebrugge ne possèdent d’infrastructures adéquates de réparation des navires. En revanche, Zeebrugge dispose d’une longue jetée et est relié à Bruges par trois canaux suffisamment profonds pour y faire naviguer des torpilleurs, des sous-marins et même des croiseurs légers. Le 14 octobre, jour de la prise de Bruges par les réservistes de la 4e armée allemande, von Schröder indique à von Tirpitz qu’il entend faire de la ville sa base de commandement de la marine [2].

4Et c’est ainsi que Bruges devient un avant-poste de la stratégie allemande de guerre navale. À l’époque, Bruges est une ville de taille moyenne à la croissance lente, une ville de 54 000 habitants intra muros, auxquels s’ajoutent 23 500 personnes dans les communes périphériques. Des centaines de petites entreprises y sont actives, aux côtés de deux grandes – une levurerie/distillerie et La Brugeoise, fabrique belge de matériel métallique. En 1914, Bruges est aussi une ville qui s’est lentement remise de la grande dépression économique d’un quart de siècle auparavant, grâce notamment à d’importants travaux publics. Au nombre de ceux-ci figure la construction d’un port de mer à laquelle la ville est reliée par ce même canal maritime qui éveille désormais tant l’intérêt de l’amirauté allemande [3].

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Présence militaire à Bruges, compagnie de cyclistes, troisième régiment d’infanterie de marine, Sint-Jan (« Von Eyck-Platz »), février 1915.
Brugge Openbare Bibliotheek (Bibliothèque publique de Bruges)

5Le 14 octobre 1914 donc, Bruges tombe aux mains des troupes de réserve de la 4e armée allemande. Dans un arrondissement, les occupants tuent un employé de tram qu’ils prennent pour un militaire mais, par ailleurs, les civils demeurent épargnés [4]. Ce qui n’est pas le cas en d’autres endroits où envahissement va de pair avec violence sauvage à l’encontre de civils désarmés, notamment en Flandre occidentale, dans les communes situées sur l’itinéraire des soldats allemands qui progressent vers le front au sud-ouest de Bruges. L’invasion et les violences font fuir plus d’un million et demi de Belges. En ce qui concerne Bruges, dans les deux jours qui précèdent la prise de la ville, les habitants, pris de panique, fuient par milliers (plus d’un habitant sur dix en moyenne) – à pied, en carriole attelée à un cheval ou en tram, emmenant ce qu’ils peuvent en direction de la Flandre zélandaise.

6Beaucoup reviennent peu de temps après. À Bruges également, la panique et le chaos font place à une certaine routine de l’occupation. Le 14 octobre, la capitulation se passe dans le calme. La menace de violences est toujours présente – les membres du collège des bourgmestre et échevins se proposent d’ailleurs comme otages afin d’assurer le calme – mais Bruges reste à l’écart des débordements. Peu après la prise de la ville, une nouvelle personnalité allemande s’impose : von Schröder, qui fait de Bruges le centre de commandement du corps de la Marine. Les troupes marines arrivent à partir du 20 octobre. Une semaine plus tard, l’amiral s’installe dans le palais provincial [5]. L’autorité militaire allemande règle désormais la vie publique. Comme ailleurs dans le pays, le personnel de l’administration communale est maintenu dans ses fonctions. Sous la direction du bourgmestre octogénaire Amédée Visart de Bocarmé, à la tête de Bruges depuis trente-huit ans, il se voit confier la mission peu enviable d’« interface » entre l’occupant et la population : le collège doit exécuter les instructions des Allemands, indemniser les citoyens chez qui des militaires prennent leurs quartiers, veiller au ravitaillement de la population, assurer l’ordre public, publier les ordres de l’occupant… et utiliser les fonds publics en chute libre pour payer les nombreuses amendes infligées à tort et à travers par les Allemands. Des tâches dont le bourgmestre et les échevins s’acquittent au mieux de leurs possibilités. (Comme dans la plupart des villes belges, l’administration communale brugeoise conservera tout au long de la guerre une image solide de défenseur de la population occupée.) Très vite, l’occupant publie nombre de décrets affichés sur les murs de la ville : la police brugeoise, désormais placée sous commandement allemand, doit veiller à ce que nul ne traîne en rue et, en particulier, sur la Grand-Place (26 octobre 1914) ; la liberté de circulation est abolie et tout citoyen désirant aller d’une commune à l’autre est tenu de solliciter une autorisation (28 octobre 1914) ; les rassemblements de plus de cinq personnes sont interdits (29 octobre 1914) ; tous les permis vélo sont annulés (4 novembre 1914) ; la vente et la possession de la plupart des journaux sont interdites (4 et 6 novembre 1914) ; les propriétaires de pigeons voyageurs doivent se signaler sans délai (11 novembre 194) ; les devises allemandes doivent être acceptées (11 novembre 1914) et nul ne peut circuler dans les rues après 22 heures (cette interdiction sera réitérée à plusieurs reprises – sur la côte, le couvre-feu est d’application dès 20 heures) [6].

7Le Marinegebiet allemand – qui comprend Bruges, la bande côtière et la région allant jusqu’à la frontière avec les Pays-Bas, soit pas moins de 52 communes [7] – est placé sous un régime d’occupation particulièrement strict et exclusivement militaire. À l’instar du Sperrgebiet (le front et la zone située à l’arrière de celui-ci), le Marinegebiet est expressément exclu de l’autorité du Gouverneur général allemand de Bruxelles. Von Schröder jouit de l’Immediatstellung, ce qui signifie qu’il est placé sous les ordres directs de l’empereur. Qui plus est, le Marinekorps Flandern exige et obtient le contrôle exclusif sur l’administration civile (Zivilverwaltung) dans la zone placée sous son contrôle. La raison en est que la côte doit être rapidement transformée en une citadelle imprenable – avec le concours volontaire ou non de la population locale. Cette priorité ne peut être entravée par l’immixtion des autorités civiles allemandes [8]. Les travailleurs sont immédiatement recrutés ou réquisitionnés. Dès le 27 octobre 1914, les Allemands font savoir, par voie d’affichage, que nul homme en état de travailler ne pourra désormais rester à ne rien faire et que les hommes concernés seront réquisitionnés pour travailler aux champs ou effectuer des travaux publics. Ce faisant, sous prétexte de protéger l’ordre public et de combattre l’« oisiveté », l’occupant contraint la population occupée à travailler aux ouvrages de défense [9].

8La Kleinkrieg menée depuis le Marinegebiet exige toujours plus de personnel qualifié (ingénieurs en construction navale, spécialistes des torpilles) et de matériel en provenance d’Allemagne. Les ingénieurs allemands conçoivent et font construire des sous-marins légers, dont les pièces sont acheminées vers la zone occupée pour être assemblées dans les kaiserliche Werften (chantiers impériaux) d’Anvers, d’Ostende et de Bruges. À Bruges, l’arrière-port est transformé en abri bétonné contre les bombardements britanniques. (Nous y reviendrons plus loin.) À Zeebrugge, la jetée est renforcée, les infrastructures portuaires prennent de l’ampleur. Peu à peu, on compte un millier de militaires allemands dans la seule commune de Zeebrugge, soit plusieurs fois la population civile du lieu. La ligne côtière se mue en une imposante ligne de défense, faite de points d’appui d’artillerie et de bunkers, de postes de défense anti-aérienne et de terrains d’aviation. À partir de 1915, von Schröder parvient à mettre sur pied en Flandre une flottille de sous-marins, une de torpilleurs et une autre de destroyers. À la fin de la guerre, un quart des navires britanniques coulés durant le conflit l’aura été par la U-Boot Flottille Flandern[10].

9Toutefois, cette ligne est une position purement défensive : le Marinegebiet ne deviendra jamais la base de lancement d’une offensive totale contre la flotte britannique, voire contre les transports de troupes britanniques vers le front ouest, et restera un point d’appui dans le cadre d’une longue guerre d’épuisement. Fondamentalement, elle constitue une forteresse, une citadelle avancée destinée à protéger l’Allemagne, comme d’ailleurs l’ensemble des territoires occupés à l’arrière du front ouest [11]. Ce chantier colossal de transformation de la région en citadelle côtière a pour conséquence d’enfermer la population du Marinegebiet dans la guerre de siège entamée par l’occupant. Les restrictions à la circulation sont draconiennes. Le 23 septembre 1916, un Brugeois décrit dans ses notes une ville quasiment barricadée. À titre exceptionnel ce jour-là, un groupe de 72 habitants du village de Sijsele (situé à 7 km à l’ouest de la ville) est autorisé à se rendre à Bruges. Le groupe peut y rester deux heures à peine, puis doit se rassembler au Burg pour être reconduit à Sijsele sous escorte militaire [12]. Quant aux déplacements en dehors de la région, ils sont pratiquement impossibles. En septembre 1916 encore, l’auteur d’une chronique note que le seul Brugeois encore autorisé à se rendre régulièrement à Bruxelles est le sénateur Albéric Ruzette, en sa qualité de président de la section brugeoise du Comité national de secours et d’alimentation [13].

10Ce régime de restrictions paralyse la vie économique et entraîne une douloureuse pauvreté. En 1917, le service médical de la Ville observe que « l’état de santé général de la population est aussi déplorable qu’inquiétant » : la tuberculose et autres maladies provoquées par la malnutrition se répandent [14]. L’aide du Comité et d’autres organisations caritatives ne peut répondre que très partiellement au manque de nourriture, à la pénurie de charbon et à l’absence de vêtements convenables et de couvertures. Pour les travailleurs de la région, œuvrer aux ouvrages de défense et aux Werften est souvent la seule solution. Certains travaillent directement pour le Marinekorps, d’autres pour des entreprises allemandes qui effectuent des travaux en sous-traitance. Ainsi, en janvier 1918, il est noté qu’une entreprise allemande de construction active dans l’arrière-port de Bruges emploie huit militaires allemands, 31 civils allemands, et 220 travailleurs belges [15]. Qu’importe leur « employeur », les travailleurs belges subissent un contrôle draconien : on craint qu’ils espionnent ou propagent des idées « défaitistes ». Le 31 janvier 1918, lors d’un contrôle de travailleurs belges actifs sur les chantiers navals de Bruges, cinq lettres et deux revues sont confisquées [16]. Les travailleurs récalcitrants échouent dans un camp disciplinaire installé à Dudzele, un village au nord de Bruges [17].

11Pour comble de malheur, la population se retrouve prise entre deux feux. La région faisant office de base de commandement des attaques menées contre la flotte britannique, elle devient une cible des torpillages et bombardements britanniques. Les pilotes du Royal Naval Air Service lâchent leurs bombes sur des objectifs stratégiques : à Bruges, il s’agit principalement de l’arrière-port, des refuges abritant les sous-marins et de la Brugeoise. Transformée en atelier de réparation et en centrale électrique, l’entreprise est réduite à l’état de ruine à l’été 1918. Ailleurs, les dégâts collatéraux provoqués par les bombardements aériens et la défense anti-aérienne sont eux aussi considérables : écoles, cours intérieures, pâtés de maisons, rues et champs sont touchés. Les populations sans défense tentent vainement de s’abriter. Dans son journal, une institutrice religieuse de Zeebrugge rend compte d’un bombardement survenu dans la soirée du 8 mai 1918, quelques semaines après un raid britannique aussi spectaculaire qu’inutile sur la ville. L’église a été bombardée. On compte six morts. « Peu avant huit heures, écrit-elle, on commence à tirer sur les avions, quelques enfants sont dans l’église, pour l’office (…). Brusquement, un choc épouvantable. (…) Le spectacle est effroyable : des cris, des pleurs, des hurlements (…). Deux petites, deux sœurs ont été touchées. Elles se tiennent la main, l’aînée est atrocement mutilée, (…) le père, à genoux, rampe vers les cadavres de ses deux adorables petites, cherchant à rassembler leurs lambeaux de chair ; puis, ne trouvant rien pour couvrir le corps de ses deux malheureux enfants, il ôte sa veste et en recouvre les deux innocentes, victimes d’une furie aveugle. Son fils d’onze ans (…) bien qu’ayant tout vu, dissimule le spectacle à sa mère et, quoique gravement blessé à la tête, à l’œil, aux bras et aux jambes, trouve le courage de dire à sa mère : “ne pleure pas, maman, ce n’est rien. Rosa et Louise sont plus blessées que moi et sont déjà à l’hôpital” » [18]… Au total, on estime à 6 000 le nombre de bombes lâchées en cent points différents du territoire de la ville, la plupart entre 1917 et 1918. Elles provoquent quelque 150 victimes et endommagent plus de 500 maisons, dont plus d’une centaine sont totalement détruites [19].

12Les affiches placardées par l’occupant – ou par les groupes qui collaborent avec l’occupant – attirent l’attention de la population sur ces bombardements [20]. Soucieux de souligner le contraste avec eux-mêmes, les Allemands mettent en évidence l’attention qu’ils portent à la ville et à son patrimoine. À Bruges, comme ailleurs en Belgique occupée et dans le nord de la France, le département de protection du patrimoine artistique (Kunstschutz) procède à un inventaire minutieux dudit patrimoine à l’aide de photos de très grande qualité [21]. Cette initiative vise en partie à réagir au discours des alliés qui avait présenté l’armée allemande comme une bande de barbares après l’incendie de la bibliothèque de Louvain. Fin 1914, une carte postale allemande montre un groupe de soldats posant devant la Tolhuis (bâtiment de la Renaissance hébergeant alors la bibliothèque). L’illustration est accompagnée d’une légende ironique : « Les barbares allemands veillent sur les trésors de la bibliothèque de Bruges » [22]. Ce n’est pas seulement une réaction aux événements de 1914 : Bruges jouit réellement d’une importance stratégique aux yeux des Allemands, à tel point qu’en août 1916, le Marinekorps fait savoir aux « milliers » de touristes militaires issus d’autres composantes de l’armée et qui profitent de leurs congés pour visiter la ville et la région que la prise de photographies dans le Marinegebiet est soumise à de sévères restrictions [23].

13L’amiral von Schröder veut en effet éviter que des visiteurs enthousiastes ne transmettent des clichés des ouvrages de défense – les sous-marins, les batteries côtières et la jetée – à des publications allemandes. Si la curiosité de l’arrière pour cette forteresse allemande bâtie sur la côte flamande est compréhensible, la sécurité et le secret passent avant tout. La menace de l’espionnage pèse d’un poids considérable sur les troupes allemandes. Des ordres internes appellent à tenir à l’œil les soldats alsaciens, auxquels on ne peut pas totalement se fier, et rappellent aux militaires allemands qu’il est interdit d’épouser des femmes belges [24]. La méfiance des responsables du Marinekorps mine également le quotidien de la population : à titre d’exemple, le 2 mai 1915, les propriétaires de pigeons voyageurs sont contraints d’abattre leurs volatiles, dorénavant assimilés à des armes [25].

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Bruges, base navale, arrière-port de Bruges : « U-Boote im Unterstand » (Sous-marins sous abri), s.d.
Brugge Openbare Bibliotheek (Bibliothèque publique de Bruges)
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Un gigantesque effort défensif : défense en profondeur. Marine-Korps Flandern, ouvrages de défense dans les dunes de Zeebrugge, s.d.
Brugge Stadsarchief (Archives de la Ville de Bruges, PP8)

14Les affiches font savoir que tout espion sera passé par les armes. À Bruges même, douze personnes seront exécutées dans le courant la guerre, des exécutions auxquelles d’ailleurs l’administration communale – en la personne de l’échevin Lodewijk Ryelandt – est obligée d’assister, contrairement à ce qui a cours dans d’autres communes. Pour l’occupant, il s’agit de faire comprendre aux responsables locaux que « nécessité militaire » fait loi [26].

15Toutefois, les responsables locaux disposent d’une certaine marge de manœuvre. En novembre 1915, le bourgmestre Visart de Bocarmé parvient à persuader von Schröder de surseoir à l’exécution d’Anna De Beir, une quadragénaire brugeoise, veuve et mère de trois enfants, qui avait transmis aux services de renseignements alliés des informations sur les sous-marins amarrés dans l’arrière-port brugeois. Un sursis mis à profit pour mener une campagne de clémence, à laquelle le gouvernement allemand ne sera pas insensible. En effet, au mois de décembre, Gottlieb von Jagow, ministre des Affaires étrangères, écrit à l’empereur qu’il faut absolument éviter que ne se répète le scandale qui avait entouré l’exécution, en octobre 1915, de l’infirmière britannique Edith Cavell à Bruxelles. Anna De Beir, graciée, sera finalement transférée dans un camp de prisonniers où elle restera jusqu’à l’armistice. Elle survivra à la guerre et, à son retour à Bruges, ouvrira une pension où les visiteurs pourront acheter In The Eagle’s Claws, ses mémoires rédigés en anglais [27].

16Si l’histoire d’Anna De Beir a connu une fin heureuse, la transformation de la région de Bruges en Marinegebiet entre 1914 et 1918 laissera des traces durables, parfois terribles. Pour conclure cet article, nous citerons deux exemples qui témoignent du climat d’intransigeance qui a succédé à la guerre. Le premier concerne des dizaines de jeunes Brugeoises qui ont subvenu à leurs besoins en se prostituant sous l’occupation. Des années durant, elles ont demandé et redemandé à être rayées des listes de police et dispensées de l’examen médical obligatoire. Parfois en vain. Ainsi, en 1921, une jeune femme désireuse de se marier écrivait au bourgmestre : « je reconnais avoir commis un léger faux pas sous l’occupation allemande, mais suis loin d’être la seule victime. Aujourd’hui, je vous prie, dans votre infinie bonté, de me dispenser de cette visite. D’ailleurs, Monsieur, la loi sait très bien que je fais preuve depuis longtemps d’une bonne conduite (sic). »… Il ne fait aucun doute que cette femme ne se prostituait plus. Pourtant, sa demande a été rejetée [28]. L’autre exemple se situe dans un cadre totalement différent, à l’autre extrémité de l’échelle sociale. Dans le contexte houleux de l’Allemagne de 1918-1919, plusieurs officiers du Marinekorps ont pris part à l’écrasement des mouvements révolutionnaires. Le 5 novembre 1918, von Schröder lui-même semblait près de prendre le commandement d’un petit détachement chargé de noyer dans le sang le soulèvement des matelots à Kiel. L’empereur, impressionné par la réputation que s’était taillée ce « lion des Flandres » (Löwe von Flandern), lui en avait donné l’ordre. Certes, le chancelier Max de Bade a annulé dès le lendemain cet ordre insensé [29]. Mais le simple fait que cette possibilité ait été envisagée donne une idée de la paranoïa vengeresse qui s’était emparée d’une partie des élites militaires allemandes. Ces deux exemples illustrent chacun à leur manière la virulence de la radicalisation héritée de quatre années d’occupation et de blocus.


Date de mise en ligne : 27/10/2015

https://doi.org/10.3917/brux.046f.0096

Notes

  • [1]
    HERWIG H.H., « Luxury Fleet » : The Imperial German Navy, 1888-1918, Londres, Allen & Unwin 1980 ; KARAU M.D., « Wielding the Dagger » : the MarineKorps Flandern and the German War Effort, 1914-1918, Westport (CT)-London, Praeger, 2003.
  • [2]
    Paragraphes précédents : KARAU M.D., « Wielding the Dagger », chapitres 1 et 2. Voir également Ryheul J., Marinekorps Flandern : de Vlaamse kust en het hinterland tijdens de Eerste Wereldoorlog, Erembodegem, Flying Pencil, 2010.
  • [3]
    À propos de Bruges avant et pendant la guerre : Luc Schepens, Brugge bezet 1914/1918 – 1940/1944 : het leven in een stad tijdens twee wereldoorlogen, Tielt, Lannoo, 1985.
  • [4]
    VERBEKE P., « De inname van Brugge op 14 oktober 1914 », Brugs Ommeland, à paraître, 2014, avec nos remerciements à l’auteur pour avoir été autorisée à consulter le manuscrit. Voir également la Commission d’enquête sur les violations des règles du droit des gens, des lois et des coutumes de la guerre, éd., Rapports et documents d’enquête, volume 1, Rapports sur les attentats commis par les troupes allemandes pendant l’invasion et l’occupation de la Belgique, partie 2, pp. 303-305.
  • [5]
    SCHEPENS L., Brugge bezet, pp. 44-45. Verbeke P., « Het verloop van de inname. »
  • [6]
    Bibliothèque publique de Bruges, Collection d’affiches.
  • [7]
    SCHEPENS L., Brugge bezet, pp. 44-46.
  • [8]
    KARAU M.D., Wielding the Dagger, pp. 18-20 ; Ryheul, Marinekorps.
  • [9]
    Affiche du 27 octobre 1914, portant la signature Freiher [sic] von Rössing, Kommandeur der Matrosen-Artillerie-Brigade, Zeebrugge ; bibliothèque publique de Bruges, collection d’affiches.
  • [10]
    Pour les paragraphes précédents : KARAU M.D., Wielding the Dagger ; Ryheul, Marinekorps.
  • [11]
    KARAU M.D., Wielding the Dagger, p. 245 ; cf. HERWIG H.H., « Total Rhetoric, Limited War : Germany’s U-Boat Campaign, 1917-1918 », dans CHICKERING R. et FÖRSTER S. (Éds.), Great War, Total War : Combat and Mobilization on the Western Front, Presses universitaires de Cambridge, 2000, pp. 189-206.
  • [12]
    Bibliothèque provinciale, Bruges, Archives De Meulemeester, 656 AD 1, Journal de Leon Demeulemeester, brasseur, 23 septembre 1916.
  • [13]
    GILLE L., OOMS A. et DELANDSHEERE P., Cinquante mois d’occupation allemande, Bruxelles : Albert Dewit, 1919, partie II, pp. 310-311 (22 septembre 1916).
  • [14]
    « Verslag over het bestuur », Gemeenteblad van de Stad Brugge, 1917, cité dans SCHEPENS L., Brugge bezet, 133.
  • [15]
    Bundesarchiv-Militärarchiv Freiburg, RM 104/234 (Allgemeine Geheime Angelegenheiten), note de Brückenbau Flender Act-Ges. Geschäftsstelle Brügge, 19 janvier 1918. Fondée en 1901 à Düsseldorf, l’entreprise Brückenbau Flender AG était l’un des plus grands constructeurs de ponts en Europe et, depuis 1917, également active dans la construction navale.
  • [16]
    Bundesarchiv-Militärarchiv Freiburg, RM 104/234 (Allgemeine Geheime Angelegenheiten), Kommandaturbefehl 173 Anl. 5, 31 janvier 1918.
  • [17]
    D’autres sont envoyés vers un camp installé à Sedan, ou sur le front, à Verdun. Commission d’enquête sur les violations des règles du droit des gens, des lois et des coutumes de la guerre, Rapports et documents d’enquête, Volume 2, Rapports sur les déportations des ouvriers belges et sur les traitements infligés aux prisonniers de guerre et aux prisonniers civils belges (Bruxelles-Liège 1923), pp. 210-219.
  • [18]
    Manuscrit anonyme (30 pages), In Flanders Fields Documentatiecentrum, Ypres. Remerciements à Dominiek Dendooven.
  • [19]
    DE SMET J., Brugge onder de oorlog 1914-1918, Brugge : Vereniging van Officieel Gediplomeerde Gidsen, 1955. On dénombre 123 victimes sur le territoire de Bruges, qui regroupe depuis 1989 les infrastructures portuaires de Zeebrugge, le canal et ses rives (et donc, des parties des communes de Koolkerke, Dudzele, Uitkerke, Lissewege et Heist). Des victimes tombent aussi dans les communes périphériques d’Assebroek (4), de Sint-Andries (4), de Sint-Kruis (8) et de Sint-Michiels (8).
  • [20]
    Début 1917, le commandant militaire du village de Jabbeke, qui abrite un terrain d’aviation allemand, fait savoir qu’une femme et seize enfants ont été tués lors d’un bombardement effectué par un avion anglais, abattu par la suite (« communiqué » du 7 février 1917, collection d’affiches de la bibliothèque publique de Bruges). En 1918, des activistes brugeois publient une affiche au titre indigné : « Weeral Bommen op Vlaanderen ! » (Affiche, Archives de la Ville de Bruges, boîte R XIII B, 16, dossier « Oorlog. Zelfstandigheid van Vlaanderen »). On trouve un exemple comparable, conçu pour l’arrière : en 1918, la revue Aus Grosser Zeit publie une photo de l’église Sainte-Walburge de Bruges au terme d’une attaque de bombardiers anglais. Reproduit dans SCHEPENS L., Brugge bezet, p. 141.
  • [21]
    KOTT Ch., Préserver l’art de l’ennemi ? Le patrimoine artistique en Belgique et en France occupées, 1914-1918, Bruxelles-Berne-Francfort, P.I.E.-Peter Lang, 2006.
  • [22]
    Carte postale allemande, n.d. [probablement fin 1914], Berlin, Gustav Liersch ; Sint-Kruis (Bruges), Remerciements à Patrick Verbeke, collection privée.
  • [23]
    Bundesarchiv-Militärarchiv Freiburg, RM 120/161 (Spionage), communiqué de l’état-major du Marinekorps, 23 août 1916.
  • [24]
    Bundesarchiv-Militärarchiv Freiburg, RM 104/237 (Allgemeine Geheime Angelegenheiten Juni 1916-September 1917), ordonnances des 20 avril et 6 juin 1916.
  • [25]
    Bekanntmachung de l’amiral von Schröder, Bruges, 2 mai 1915 ; collection bibliothèque publique de Bruges.
  • [26]
    Voir à ce sujet la brochure, publiée après la guerre, intitulée De terechtstellingen te Brugge onder de Duitsche bezetting, door een ooggetuige, Bruges, G. Geuens-Willaert, n.d., probablement rédigée par l’échevin Ryelandt. (Remerciements à Patrick Verbeke.)
  • [27]
    De Beir décède en 1971, à 97 ans. In the Eagle’s Claws, Bruges, collection de l’auteur, n.d. (1928) ; DE WEERDT D., De vrouwen van de Eerste Wereldoorlog, Gand : Stichting Mens en Kultuur, n.d. (1990), pp. 188-189 ; SCHEPENS L., Brugge bezet, pp. 200 et 252.
  • [28]
    Stadsarchief Brugge, boîte VII b 277 Politie Ontucht, 1910-1923, pétition de Marie Breemersch, 21 janvier 1921. La demande sera rejetée, la jeune femme habitant déjà avec l’homme qu’elle voulait épouser et étant dès lors considérée « de mœurs très légères ».
  • [29]
    HERWIG H.H., “Luxury Fleet”, p. 252 ; von WALDEYER-HARTZ H., Ein Mann. Das Leben des Admirals Ludwig von Schröder, Braunschweig : Vieweg & Teubner, 1934 ; id., Die Meuterei der Hochseeflotte, Berlin : Universitas, 1922 ; DÄHNHARDT D., Revolution in Kiel. Der Übergang vom Kaiserreich zur Weimarer Republik. Neumünster : Karl Wachholtz Verlag, 1978.

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