Evoquée depuis les balbutiements d’Internet, l’idée de données dématéralisées en libre circulation n’en finit plus d’être répétée. Appliquée à la musique, elle nourrit des discours qui dépassent le simple constat : en exagérant à peine, le « cloud » invisible et fantasmé serait devenu le seul et unique milieu naturel de l’écoute, et la musique qu’il rend disponible ne saurait manifester autre chose que les propriétés d’un « environnement virtuel ». Or, l’expérience de la musique comme l’observation des formes qui peuplent le web offre chaque jour des éléments de lecture nettement moins homogènes que voudrait laisser croire ce nouveau dogme paramusical. Reboot en forme de redéfinition des termes et de réévaluation des enjeux, par Guillaume Heuguet, corédacteur en chef d’Audimat et chercheur en sciences de la communication au Celsa.