Voici un ouvrage qui a d’abord paru en anglais
puis traduit en allemand, avant d’être traduit en français par
Jacques Dalarun, un éminent médiéviste. L’édition française comporte
en sus une postface où l’auteur se livre à un essai comparé.
Philippe Buc est au départ un médiéviste. Il a
reconnu dans le discours du Président des États-Unis (George Bush
Jr.) « certains éléments de langage » qu’il a mis en parallèle avec
les lettres du pape Grégoire VII. Cela le conduit à poser une
question : « En quoi des traits spécifiques au christianisme
occidental […] pouvaient-ils expliquer la violence de masse en
Occident ? » (p. 9-10). Selon lui, à côté du « pacifisme », il
existe, dans la culture occidentale, un « bellicisme », qui est
souvent dissimulé. Mais ces deux traits doivent être mis en relation
avec l’héritage chrétien, car l’Occident contemporain, qu’il
qualifie de « postchrétien », « porte l’empreinte de son passé
chrétien » (p. 11). Thèse intéressante, qui recoupe celle des
héritages chrétiens de la « sécularisation ». L’ouvrage comporte,
outre une longue introduction (p. 13-79) qui tente d’unifier
l’ensemble sur le plan conceptuel, sept chapitres de longueur
inégale.
Dans le premier chapitre, intitulé « L’art
américain de la guerre », l’auteur se propose de montrer que malgré
leur idiosyncrasie, les guerres menées par les États-Unis d’Amérique
« sont…typiquement occidentales », ce qui veut dire qu’elles portent
« l’empreinte profonde des notions chrétiennes de liberté, pureté,
universalisme, martyre » (p…