Couverture de ARSS_215

Article de revue

Classes, genre et styles de vie dans l’espace domestique

Pages 4 à 15

Notes

  • [1]
    Philippe Ariès et Georges Duby (dir.), Histoire de la vie privée, Paris, Seuil, 1985 ; Michelle Perrot, Histoire de chambres, Paris, Seuil, 2009.
  • [2]
    Olivier Le Goff, L’Invention du confort. Naissance d’une forme sociale, Lyon, PUL, 1994 ; Henri Coing, Rénovation urbaine et changement social. L’îlot n° 4, Paris 13e, Paris, Les Éd. ouvrières, 1966 ; Olivier Schwartz, Le Monde privé des ouvriers. Hommes et femmes du Nord, Paris, PUF, 1990.
  • [3]
    Gwenaël Larmet, « La sociabilité alimentaire s’accroît », Économie et statistique, 352-353, 2002, p. 191-211.
  • [4]
    Pierre Bourdieu, La Distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Minuit, 1979 ; Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Grandes fortunes. Dynasties familiales et formes de richesse en France, Paris, Payot, 1996.
  • [5]
    Bernard Lahire, Tableaux de familles. Heurs et malheurs scolaires en milieux populaires, Paris, Gallimard/Seuil, 1995.
  • [6]
    Marwan Mohammed, La Formation des bandes. Entre la famille, l’école et la rue, Paris, PUF, 2011.
  • [7]
    D’après l’enquête Budget des familles, entre 1979 et 2006, les écarts de structure de consommation des ménages se sont déplacés de l’alimentation vers le logement : alors que la part du logement dans le budget des cadres reste stable à environ 12 %, elle passe de 12 à 19 % chez les ouvriers. L’écart est plus marqué encore pour le revenu : le poids du budget logement stagne à 12 % pour le dernier quintile (20 % les plus riches), pendant que celui du premier quintile (20 % les plus pauvres) double de 12 à 24 %. Voir Philippe Coulangeon, Les Métamorphoses de la distinction. Inégalités culturelles dans la France d’aujourd’hui, Paris, Grasset, 2011 ; Insee résultats, 73, 2007.
  • [8]
    Il y a 25 ans, Pierre Bourdieu et Monique de Saint Martin (« Le sens de la propriété. La genèse sociale des systèmes de préférences », Actes de la recherche en sciences sociales, 81-82, 1990, p. 52-64) remarquaient que le patrimoine économique, à travers le développement de l’accession à la propriété, occupait une place croissante dans les stratégies de mobilité et de reproduction sociale des agents sociaux. Depuis, Louis Chauvel a souligné l’importance croissante du patrimoine dans les inégalités de revenus (« Le retour des classes sociales ? », Revue de l’OFCE, 79, 2001, p. 315-359) et des travaux récents montrent l’accroissement de ces inégalités et le rôle croissant du logement dans la (re)production de celles-ci. Voir Hélène Chaput, Kim-Hoa Luu Kim, Laurianne Salembier et Julie Solard, « Les inégalités de patrimoine s’accroissent entre 2004 et 2010 », Insee Première, 1380, 2011, p. 1-4 ; Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, Paris, Seuil, 2013.
  • [9]
    Jean-Yves Authier, Jennifer Bidet, Anaïs Collet, Pierre Gilbert et Hélène Steinmetz, État des lieux sur les trajectoires résidentielles, Paris, PUCA, 2010 ; Catherine Bonvalet, « Les logiques des choix résidentiels des Franciliens », in Jean-Yves Authier, Catherine Bonvalet et Jean-Pierre Lévy (dir.), Élire domicile. La construction sociale des choix résidentiels, Lyon, PUL, 2010, p. 55-76.
  • [10]
    P. Coulangeon, op. cit., p. 138.
  • [11]
    O. Schwartz, Le Monde privé des ouvriers…, op. cit.
  • [12]
    Delphine Serre, Les Coulisses de l’État social. Enquête sur les signalements d’enfant en danger, Paris, Raisons d’agir, 2009 ; Ana Perrin-Heredia, « Logiques économiques et comptes domestiques en milieux populaires. Ethnographie économique d’une “zone urbaine sensible” », thèse de doctorat en sociologie, Reims, Université de Reims Champagne-Ardenne, 2010.
  • [13]
    « C’est l’oubli de la domination, non la résistance à la domination, qui ménage aux classes populaires le lieu privilégié de leurs activités culturelles les moins marquées par les effets symboliques de la domination. Si la parenthèse du dimanche, les activités insulaires de l’aménagement de l’habitat ou l’activisme décontracté de la sociabilité entre pairs permettent le mieux de saisir dans sa cohérence symbolique l’univers culturel de la vie ouvrière et citadine […] c’est que ces conditions ménagent un univers soustrait à la confrontation, des moments de répit, des lieux d’altérité », voir Claude Grignon et Jean-Claude Passeron, Le Savant et le populaire. Misérabilisme et populisme en sociologie et en littérature, Paris, Gallimard/Seuil, 1989, p. 81.
  • [14]
    Pierre Bourdieu mentionne les pratiques liées à l’achat de mobilier, la cuisine ou les vêtements (La Distinction…, op. cit., p. 84-85).
  • [15]
    « Charbonnier maître chez soi », dit le proverbe : même le plus humble, qui occupe dans de nombreux espaces une position subordonnée, dispose dès qu’il franchit le seuil de son foyer du pouvoir d’organiser à sa guise son existence et l’aménagement de son lieu de vie.
  • [16]
    Isabelle Clair, Sociologie du genre, Paris, Armand Colin, 2012.
  • [17]
    Maryse Jaspard, Elisabeth Brown, Stéphanie Condon et al., Les Violences envers les femmes en France : une enquête nationale, Paris, La Documentation française, 2003 ; Alice Debauche et Christelle Hamel, « Violence des hommes contre les femmes : quelles avancées dans la production des savoirs ? », Nouvelles Questions féministes, 32(1), 2013, p. 4-14.
  • [18]
    Jean-Claude Chamboredon, « La construction sociale des populations », in Georges Duby (dir.), Histoire de la France urbaine, t.5, Paris, Seuil, 1985, p. 441-471.
  • [19]
    Citons par exemple les enquêtes sur les beaux quartiers de la grande bourgeoisie (Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Dans les beaux quartiers, Paris, Seuil, 1989), sur les « quartiers refondés » des cadres d’entreprise (Bruno Cousin, « Entre-soi mais chacun chez soi. L’agrégation affinitaire des cadres parisiens dans les espaces refondés », Actes de la recherche en sciences sociales, 204, 2014, p. 88-101), sur les différentes franges des classes moyennes et supérieures participant au processus d’embourgeoisement des quartiers anciens centraux (Anaïs Collet, Rester bourgeois. Les quartiers populaires, nouveaux chantiers de la distinction, Paris, La Découverte, 2015 ; Sylvie Tissot, De bons voisins. Enquête dans un quartier de la bourgeoisie progressiste, Paris, Raisons d’agir, 2011), sur les fractions stables des classes populaires et des classes moyennes installées dans les espaces périurbains (Violaine Girard, « Un territoire périurbain, industriel et ouvrier. Promotions résidentielles de ménages des classes populaires et trajectoires d’élus salariés intermédiaires de l’industrie dans la Plaine de l’Ain », thèse de doctorat en sociologie, EHESS, 2009 ; Anne Lambert, « Tous propriétaires ! » L’envers du décor pavillonnaire, Paris, Seuil, 2015), sur les franges précaires des classes populaires des cités HLM (Olivier Masclet, La Gauche et les cités. Enquête sur un rendez-vous manqué, Paris, La Dispute, 2006 ; Pierre Gilbert, « Les classes populaires à l’épreuve de la rénovation urbaine. Transformations spatiales et changement social dans une cité HLM », thèse de doctorat en sociologie et en anthropologie, Lyon, Université Lumière Lyon 2, 2014) ou encore sur les classes populaires des mondes ruraux (Nicolas Renahy, Les Gars du coin. Enquête sur une jeunesse rurale, Paris, La Découverte, 2005).
  • [20]
    Virgílio Borges Pereira et José Madureira Pinto, « Espace, relations sociales et culture populaire dans le cœur ancien de la ville de Porto », Sociétés contemporaines, 86, 2012, p. 115-134.
  • [21]
    Max Weber, Économie et société. t.1. Les catégories de la sociologie, Paris, Pocket, 1995.
  • [22]
    Marie Cartier, Isabelle Coutant, Olivier Masclet et Yasmine Siblot, La France des « petits-moyens ». Enquête sur la banlieue pavillonnaire, Paris, La Découverte, 2008.
  • [23]
    Christian Baudelot et Roger Establet, « Classes en tous genres », in Margaret Maruani (dir.), Femmes, genre et sociétés : l’état des savoirs, Paris, La Découverte, 2005, p. 38-47 ; Olivier Schwartz, « La notion de “classes populaires” », HDR, Versailles, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 1998.
  • [24]
    Jean-Claude Chamboredon et Madeleine Lemaire, « Proximité spatiale et distance sociale. Les grands ensembles et leur peuplement », Revue française de sociologie, 11(1), 1970, p. 3-33.
  • [25]
    Le constat vaut par exemple pour ce champ prolifique de la recherche qu’est la sociologie des classes populaires, où l’espace domestique demeure, à de rares exceptions près, un objet largement délaissé, voir Philippe Alonzo et Cédric Hugrée, Sociologie des classes populaires. Domaines et approches, Paris, Armand Colin, 2010. En témoigne par exemple le numéro que la revue Espaces et sociétés consacre en 2011 aux « usages populaires de l’espace » (Thomas Sauvadet et Marie-Hélène Bacqué (dir.), Espaces et sociétés, 144-145, 2011), dont les six articles se focalisent sur les rapports au voisinage, aux espaces publics et aux espaces du travail. Le même constat vaut pour l’enquête sur les « petits-moyens » dans laquelle, malgré l’annonce de l’étude des « manières d’habiter » le logement (p. 70), la description de la « culture domestique locale » repose presque exclusivement sur les sociabilités dans le quartier.
  • [26]
    Anne-Marie Arborio et Pierre Fournier, L’Observation directe. L’enquête et ses méthodes, Paris, Armand Colin, 2010.
  • [27]
    Richard Hoggart, La Culture du pauvre. Étude sur le style de vie des classes populaires en Angleterre, Paris, Minuit, 1970 ; Richard Hoggart, 33 Newport Street. Autobiographie d’un intellectuel issu des classes populaires anglaises, Paris, Gallimard/Seuil, 1991.
  • [28]
    Michel Verret, « L’économie spatiale de la culture ouvrière », in Maurice Imbert et Paul-Henry Chombart de Lauwe (dir.), La Banlieue aujourd’hui, Paris, L’Harmattan, 1982, p. 257-266.
  • [29]
    O. Schwartz, Le Monde privé des ouvriers…, op. cit. Voir aussi Joëlle Deniot, Ethnologie du décor en milieu ouvrier. Le bel ordinaire, Paris, L’Harmattan, 1995 ; Sophie Chevalier, « L’ameublement et le décor intérieur dans un milieu populaire urbain. Approche ethnographique d’une vraie fausse banalité », thèse de doctorat en ethnologie, Nanterre, Université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, 1992.
  • [30]
    Béatrix Le Wita, Ni vue ni connue. Approche ethnographique de la culture bourgeoise, Paris, Éd. de la MSH, 1988 ; M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot, Grandes fortunes…, op. cit.
  • [31]
    Sabine Chalvon-Demersay, Le Triangle du XIVe. Des nouveaux habitants dans un vieux quartier de Paris, Paris, Éd. de la MSH, 1984.
  • [32]
    P. Bourdieu, La Distinction…, op. cit.
  • [33]
    François Héran, « La sociabilité, une pratique culturelle », Économie et statistique, 216, 1988, p. 3-22 ; Michel Bozon, Vie quotidienne et rapports sociaux dans une petite ville de province. La mise en scène des différences, Lyon, PUL, 1984. Pour une synthèse des recherches sur les relations sociales autour du logement, voir aussi Jean-Yves Authier et Yves Grafmeyer, Les Relations sociales autour du logement. État des savoirs et perspectives de recherche, Paris, Plan construction et architecture, 1997.
  • [34]
    Susanna Magri, « L’intérieur domestique. Pour une analyse du changement dans les manières d’habiter », Genèses, 28, 1997, p. 146-164.
  • [35]
    Parmi une littérature abondante, voir notamment J.-Y. Authier et Y. Grafmeyer, op. cit. ; S. Magri, ibid. ; François de Singly, « Habitat et relations familiales : bilan », Paris, Plan construction et architecture, 1998 ; Yvonne Bernard, La France au logis. Étude sociologique des pratiques domestiques, Liège, Mardaga, 1992 ; Jean-Michel Léger, Derniers domiciles connus. Enquête sur les nouveaux logements 1970-1990, Paris, Créaphis, 1990 ; Béatrice Collignon et Jean-François Staszak (dir.), Espaces domestiques. Construire, habiter, représenter, Paris, Bréal, 2004.
  • [36]
    Yankel Fijalkow, Sociologie du logement, Paris, La Découverte, 2011.
  • [37]
    Marion Segaud, Anthropologie de l’espace. Habiter, fonder, distribuer, transformer, Paris, Armand Colin, 2010 ; Irene Cieraad (éd.), At Home. An Anthropology of Domestic Space, New York, Syracuse University Press, 1999 ; Daniel Miller, “Appropriating the state on the council estate”, Man, 23(2), 1988, p. 353-372.
  • [38]
    Voir par exemple : Patrick Gaboriau, Clochard. L’univers d’un groupe de sans-abri parisiens, Paris, Julliard, 1993 ; Djemila Zeneidi-Henry, Les SDF et la ville. Géographie du savoir-survivre, Paris, Bréal, 2002 ; Maryse Marpsat et Jean-Marie Firdion (dir.), La Rue et le foyer. Une recherche sur les sans-domicile et les mal-logés dans les années 1990, Paris, PUF/INED, 2000.
  • [39]
    À titre d’illustration, voir Florence Bouillon, Les Mondes du squat. Anthropologie d’un habitat précaire, Paris, PUF, 2009.
  • [40]
    Daniel Pinson, Usage et architecture, Paris, L’Harmattan, 1993 ; Guy Tapie, Sociologie de l’habitat contemporain. Vivre l’architecture, Marseille, Parenthèses, 2014.
  • [41]
    Ces photographies sont issues de plusieurs séries réalisées depuis le milieu des années 2000 dans le cadre de projets portant sur des groupes sociaux ou des territoires variés. Elles ont fait l’objet de plusieurs publications (voir Hortense Soichet, Intérieurs : logements à la Goutte-d’Or, Paris, Creaphis, 2011 ; Esperem ! Images d’un monde en soi, Paris, Créaphis, 2016 ; Ensembles : habiter un logement social en France, Paris, Créaphis, 2014) et sont accessibles sur le site hortensesoichet.com.
  • [42]
    Pierre Bourdieu, Salah Bouhedja, Rosine Christin et Claire Givry, « Un placement de père de famille. La maison individuelle : spécificité du produit et logique du champ de production », Actes de la recherche en sciences sociales, 81-82, 1990, p. 6-33 ; Fabien Desage, Christelle Morel Journel et Valérie Sala Pala (dir.), Le Peuplement comme politiques, Rennes, PUR, 2014 ; Edmond Préteceille, « La ségrégation sociale a-t-elle augmenté ? La métropole parisienne entre polarisation et mixité », Sociétés contemporaines, 62, 2006, p. 69-93.
  • [43]
    Anaïs Collet, « Le loft : habitat atypique et innovation sociale pour deux générations de “nouvelles classes moyennes” », Espaces et sociétés, 148-149, 2012, p. 37-52.
  • [44]
    Voir dans ce numéro, Gilles Laferté, « Ferme, pavillon ou maison de campagne. Les formes résidentielles de l’embourgeoisement agricole », Actes de la recherche en sciences sociales, 215, 2016, p. 16-33.
  • [45]
    Sibylle Gollac, « Maisonnée et cause commune : une prise en charge familiale », in Florence Weber, Séverine Gojard et Agnès Gramain (dir.), Charges de famille. Dépendance et parenté dans la France contemporaine, Paris, La Découverte, 2003, p. 274-311.
  • [46]
    François-Xavier Devetter et Sandrine Rousseau, Du balai. Essai sur le ménage à domicile et le retour de la domesticité, Paris, Raisons d’agir, 2011.
  • [47]
    Voir dans ce numéro, Eleonora Elguezabal, « Du luxe bon marché. Travail de service et classement social dans les résidences fermées de Buenos Aires », Actes de la recherche en sciences sociales, 215, 2016, p. 38-51.
  • [48]
    Céline Bessière, De génération en génération. Arrangements de famille dans les entreprises viticoles de Cognac, Paris, Raisons d’agir, 2010.
  • [49]
    Voir dans ce numéro, Anne Lambert, « Échapper à l’enfermement domestique. Travail des femmes et luttes de classement en lotissement pavillonnaire », Actes de la recherche en sciences sociales, 215, 2016, p. 56-71.
  • [50]
    Clara Champagne, Ariane Pailhé et Anne Solaz, « Le temps domestique et parental des hommes et des femmes : quels facteurs d’évolutions en 25 ans ? », Économie et statistique, 478-479-480, 2015, p. 209-242.
  • [51]
    Cécile Brousse, « Travail professionnel, tâches domestiques, temps “libre” : quelques déterminants sociaux de la vie quotidienne », Économie et statistique, 478-479-480, 2015, p. 119-154 ; Ariane Pailhé et Anne Solaz, « Concilier, organiser, renoncer : quel genre d’arrangements ? », Travail, genre et sociétés, 24, 2010, p. 29-46.
  • [52]
    Danièle Kergoat, « Rapports sociaux et division du travail entre les sexes », in Margaret Maruani (dir.), Femmes, genre et sociétés, Paris, La Découverte, 2005, p. 94-101 ; Caroline Ibos, Qui gardera nos enfants ? Les nounous et les mères, Paris, Flammarion, 2012.
  • [53]
    Voir dans ce numéro, Martine Court, Julien Bertrand, Géraldine Bois, Gaële Henri-Panabière et Olivier Vanhée, « Qui débarrasse la table ? Enquête sur la socialisation domestique primaire », Actes de la recherche en sciences sociales, 215, 2016, p. 72-83.
  • [54]
    Leonore Davidoff et Catherine Hall, Family Fortunes. Hommes et femmes de la bourgeoisie anglaise, 1780-1850, Paris, La Dispute, 2014.
  • [55]
    Voir dans ce numéro, Benoît Coquard, « “Nos volets transparents”. Les potes, le couple et les sociabilités populaires au foyer », Actes de la recherche en sciences sociales, 215, 2016, p. 90-101
  • [56]
    S. Magri, op. cit. ; Anaïs Albert, « Consommation de masse et consommation de classe. Une histoire sociale et culturelle du cycle de vie des objets dans les classes populaires parisiennes (des années 1880 aux années 1920) », thèse de doctorat en histoire, Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2014.
  • [57]
    Olivier Roueff, Jazz, les échelles du plaisir. Intermédiaires et culture lettrée en France au XXe siècle, Paris, La Dispute, 2013 ; Loïc Bonneval, « Les tiers dans le choix du logement : comment les agents immobiliers contribuent à l’élaboration des projets résidentiels », Espaces et sociétés, 156-157, 2014, p. 145-159.
  • [58]
    Voir dans ce numéro, Pierre Gilbert, « Troubles à l’ordre privé. Les classes populaires face à la cuisine ouverte », Actes de la recherche en sciences sociales, 215, 2016, p. 102-119.
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© Hortense Soichet, « Habiter la Goutte d’or, Paris », 2010.

1À travers une sociologie des classes sociales au foyer, ce dossier invite à entrer dans l’espace domestique pour étudier la structure sociale. Cette focale se justifie tout d’abord par l’importance historiquement grandissante de la vie privée et l’investissement croissant du chez-soi, lieu par excellence du développement de l’intimité [1]. Le XXe siècle est en effet celui de la conquête de l’espace domestique : le travail émigre progressivement hors du logement et, sa durée diminuant, il libère du temps pour d’autres activités, en même temps que les conditions de logement s’améliorent de façon significative. D’abord réservé à la bourgeoisie, ce changement se diffuse progressivement vers d’autres classes sociales, le « confort » gagnant progressivement la majorité des foyers à partir des années 1960 [2]. Au cours des dernières décennies, le logement a ainsi pris une importance croissante dans l’existence sociale des individus. Son rôle dans l’organisation des sociabilités s’est renforcé [3], alors que l’aménagement et la décoration semblent avoir acquis un nouveau statut dans les pratiques domestiques, comme en témoignent l’essor des enseignes de bricolage et d’ameublement, ainsi que la multiplication des émissions télévisées et le développement d’une presse spécialisée consacrées à ces pratiques.

2L’espace domestique, ensuite, constitue l’une des matrices de la socialisation des individus et de la genèse des sous-cultures de classe. Siège des relations familiales, il est l’un des principaux cadres de la socialisation primaire. Le logement est ainsi le support de pratiques et de représentations spécifiques, caractérisées par des formes de sociabilités, des manières de diviser les tâches et l’espace entre les membres du foyer en fonction du genre et des générations, ou encore des modes d’appropriation à travers le décor, l’aménagement ou l’ameublement. Ces manières d’habiter, variables selon les milieux, dépendent des conditions matérielles d’habitat et des contraintes qu’elles font peser sur les styles de vie. La configuration matérielle du logement et le décor domestique fonctionnent en effet comme des dispositifs socialisateurs, qui façonnent les dispositions de leurs occupants : il suffit pour s’en convaincre de songer à la présence d’œuvres d’art au domicile des familles bourgeoises comme vecteur de l’intériorisation précoce d’un rapport familier à la culture légitime [4], aux effets de l’ordre et du désordre domestique sur l’acquisition de dispositions favorables à la réussite scolaire chez des enfants de classes populaires [5] ou encore au surpeuplement et à l’exiguïté des logements comme facteurs d’investissement de la rue et d’entrée dans l’univers des bandes chez les adolescents des cités HLM [6]. Modelés par les conditions d’habitat, les styles de vie sont donc étroitement liés à la position occupée dans l’espace social, aux logiques qui régissent les marchés du logement et aux politiques publiques de l’habitat.

3Or, dans un contexte marqué par l’explosion conjointe du coût du logement et des inégalités économiques, tout indique que les écarts sociaux en termes de conditions d’habitat se sont fortement accrus au cours des dernières décennies [7]. Les inégalités croissantes de patrimoine rendent le clivage entre propriétaires et locataires de plus en plus structurant dans la définition des positions sociales et dans les processus de reproduction sociale [8]. Le développement depuis les années 1960 de l’épargne logement, ainsi que la construction des grands ensembles, la réhabilitation des centres anciens, puis la promotion de la maison individuelle ont par ailleurs contribué à la diversification croissante de l’offre de logements et à l’ouverture des possibles dans le champ des trajectoires résidentielles, conférant à l’habitat une place croissante dans la différenciation des positions et des trajectoires sociales, mais aussi des conditions matérielles d’existence [9]. Dès lors, « quelles que puissent être les formes de standardisation des loisirs, de la culture, des pratiques alimentaires ou des usages vestimentaires, les conditions de maîtrise de l’espace et les contraintes d’accès au logement constituent de puissantes forces de rappel de la stratification sociale des styles de vie » [10].

4Si sa forme est en grande partie déterminée par la position occupée dans l’espace social, l’habitat possède une autre propriété distinctive. Le « monde privé » [11] est un lieu à l’abri relatif des rapports de domination et de confrontation entre classes sociales. Il n’y échappe certes pas totalement : les styles de vie peuvent par exemple s’avérer très sensibles à l’influence d’instances de prescription capables d’imposer les normes du bon et du mauvais goût domestique ; l’espace domestique n’est par ailleurs jamais complètement isolé de l’extérieur, puisqu’il est soumis à la cohabitation avec le voisinage, qui empiète parfois sur la sphère domestique, ainsi qu’à des visites aussi bien amicales qu’institutionnelles, qui prennent parfois la forme d’un contrôle social de la vie privée, notamment au sein des classes populaires [12]. Néanmoins, à la différence d’autres sphères de l’existence marquées par le caractère durable et répété des situations de contact et des expériences concrètes de la domination (au travail, à l’école, etc.), l’espace domestique offre bien un lieu de repli, à l’écart des relations avec les autres groupes sociaux. Il forme un domaine appropriable, sur lequel on dispose du pouvoir d’organiser à sa façon son espace et son temps, où s’expriment plus librement les styles de vie. Déjà établi pour les classes populaires [13], ce constat vaut aussi pour les autres groupes sociaux. Comme le notait Pierre Bourdieu, à la différence des pratiques culturelles, qui sont largement façonnées par « l’action pédagogique expresse » de l’institution scolaire, d’autres pratiques ordinaires, comme celles qui relèvent de l’espace domestique, sont soumises à des instances de légitimation moins puissantes et laissent une plus large place à l’autonomie symbolique du groupe d’appartenance [14]. Espace domesticable et domestiqué, l’espace domestique se caractérise ainsi par la possibilité qu’il offre à ses occupants de déployer des appropriations personnelles (décor, aménagement, loisirs, etc.), qui échappent aux rapports de subordination directe [15].

5L’espace domestique est ainsi défini par cette dualité, qu’évoque le poème de René Baer en exergue de ce numéro, entre soumission à des contraintes liées à la position occupée dans l’espace social et possibilité d’expression de l’autonomie symbolique : un lieu dont les usages sont déterminés par la structure des inégalités, la nature des ressources possédées et l’appartenance de classe ; mais aussi un espace d’oubli de ces contraintes et de parenthèse hors des rapports de domination, un foyer propice aux rêveries, à l’imagination et aux appropriations personnelles.

6Enfin, lieu d’observation des différenciations sociales de classe, le logement est aussi un espace privilégié de l’analyse des rapports sociaux de sexe. En affirmant que « le privé est politique », les mouvements féministes et la sociologie du genre ont fait de l’espace domestique un des premiers objets de lutte et d’analyse des rapports de pouvoir entre les sexes [16] : c’est dans cet espace que se déroule le travail domestique, cet ensemble de tâches invisibles et non rémunérées réalisées essentiellement par les femmes ; et c’est aussi dans le « huis-clos » du logement que les femmes subissent les violences – physiques et sexuelles – les plus graves [17]. Parce qu’il s’agit d’un lieu où la domination masculine s’exerce sous des formes spécifiques, l’analyse des styles de vie au foyer représente une manière originale d’étudier les articulations entre rapports sociaux de classe et de sexe.

7En traitant de l’intérieur des foyers, ce dossier se propose donc de faire un pas de côté vis-à-vis des approches les plus courantes de la structure sociale, souvent focalisées sur d’autres dimensions de la pratique (comme les pratiques culturelles, le travail, le rapport à l’école ou à la politique). Il s’inscrit dans le prolongement d’un ensemble de recherches attentives au rôle de l’espace dans la « construction sociale des populations » [18], qui ont mis en lumière ce que les classes et fractions de classe doivent à leur(s) lieu(x) de résidence [19]. L’espace résidentiel intervient dans leur formation de deux façons : le logement et le quartier, d’une part, forment un milieu générateur de pratiques, à l’origine de styles de vie spécifiques, pouvant sous certaines conditions fonctionner comme une « matrice locale d’habitus » [20] ; d’autre part, en raison des représentations symboliques qu’il charrie, l’espace résidentiel contribue à la définition du statut social, la distribution spatiale de la population pouvant redoubler (en la naturalisant) la hiérarchie sociale, mais aussi, à la façon des « groupes de statut » [21], participer à la distribution des places ou des positions selon une échelle alternative à celles habituellement utilisées pour décrire l’espace social (comme le capital économique, le capital culturel ou le capital social).

8À l’instar de l’enquête collective sur la France des « petits-moyens », qui montre comment un quartier d’habitat pavillonnaire peut être le support à la fois de trajectoires sociales et d’une « culture domestique locale » spécifiques [22], ces recherches déploient, à partir d’une entrée résidentielle, une sociologie où les classes sociales marchent « sur leurs deux jambes » [23], en combinant l’analyse des positions sociales et des styles de vie. Dans le sillage de l’article séminal de Jean-Claude Chamboredon et Madeleine Lemaire sur les grands ensembles [24], elles prêtent attention aux logiques de peuplement, aux modes d’articulation entre trajectoires sociales et résidentielles, ainsi qu’aux sociabilités, aux usages du quartier et aux formes de cohabitation dans l’espace local. Malgré l’importance qu’ils accordent au rôle de l’espace, ces travaux franchissent pourtant rarement le seuil du logement [25], dont le caractère privé et intime rend malaisée l’observation sociologique [26]. Certains d’entre eux échappent toutefois à cette tendance. Datant pour l’essentiel des années 1980, ils décrivent, à la suite de Richard Hoggart [27], la « culture de la résidence » [28] et les logiques qui structurent le « monde privé » des classes populaires [29], décryptent les fonctions de l’espace domestique dans la grande bourgeoisie [30] ou les formes que prennent au foyer les styles de vie des « nouvelles classes moyennes » [31]. Dans son enquête sur l’espace des styles de vie de la France des années 1970, Pierre Bourdieu inclut également plusieurs dimensions des pratiques domestiques (choix du mobilier, manières de recevoir, etc.) [32], pendant que d’autres enquêtes soulignent la variation des sociabilités dans le logement [33] ou analysent, dans une perspective historique, les processus de diffusion des modèles d’habitat et des manières d’habiter [34].

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© Hortense Soichet, « Des habitants, la Haute-Garonne », canton de Muret, 2012.

9Pour la sociologie des classes sociales, l’espace domestique est donc loin de représenter une terra incognita. Ces enquêtes ont cependant trouvé peu de successeurs directs. En effet, si la recherche sur l’espace domestique connaît depuis les années 1990 un certain essor [35], c’est pour s’inscrire le plus souvent dans le cadre des nouveaux paradigmes qui concurrencent et remettent en cause les grilles de lecture classistes du monde social. Elle s’intéresse alors peu à la structure sociale [36], privilégie l’analyse de la variation des manières d’habiter entre pays ou aires culturelles [37], traite la question de l’habitat sous l’angle de « l’exclusion » des personnes sans domicile [38] et plus récemment de la « vulnérabilité résidentielle » [39], ou encore postule l’existence dans la société française d’un processus d’individualisation qui rendrait les différenciations entre classes sociales imperceptibles, voire inexistantes [40]. C’est ainsi le constat de la relative étanchéité entre les recherches sur les classes sociales et sur l’espace domestique – et la volonté de rompre avec elle – qui réunit les articles de ce dossier.

10Les enquêtes rassemblées ici répondent à une même ambition : la mise au jour des logiques de construction et de transformation des styles de vie domestiques propres à certaines classes ou fractions de classe, une attention à l’articulation entre rapports sociaux de classe et de sexe, ainsi qu’une analyse de ce que la différenciation de ces styles de vie doit tant aux inégalités de ressources et de positions dans l’espace social, qu’à l’autonomie culturelle de ces groupes sociaux. Les six articles de ce dossier sont accompagnés de photographies d’intérieurs domestiques d’Hortense Soichet, qui illustrent la variété des types d’habitat et des logiques d’appropriation [41].

11La sociologie des classes sociales au foyer croise plusieurs dimensions. Elle renvoie d’abord aux logiques d’ordre structurel qui président à la production de types d’habitat différenciés et à leur distribution dans l’espace social [42]. Ensuite, la comparaison entre des contextes résidentiels et des groupes sociaux contrastés fait apparaître la différenciation sociale des préférences en matière d’habitat, la variation des usages du logement et des significations symboliques auxquelles ceux-ci sont associés. Ces différences s’incarnent dans la décoration, l’aménagement ou l’ameublement, dans les usages personnels ou collectifs des différentes pièces du logement, ou encore dans les sociabilités à domicile, qui varient selon leur fréquence, les manières de recevoir et la nature des relations sociales qui s’y déroulent. Certaines formes d’habitat, comme le « loft » pour les « nouvelles classes moyennes » des quartiers gentrifiés [43], sont ainsi associées à des groupes sociaux et à des manières d’habiter spécifiques. Chez les agriculteurs céréaliers, l’embourgeoisement se traduit par une transformation de l’habitat et des goûts résidentiels, qui s’inscrivent dans le processus de séparation entre travail et vie privée et répondent à des logiques de distinction visant à mettre à distance des groupes populaires stigmatisés et à se rapprocher des classes supérieures de l’espace local [44].

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© Hortense Soichet, « Habiter la Goutte d’or, Paris », 2010.
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© Hortense Soichet, « Habiter la Goutte d’or, Paris », 2010.
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© Hortense Soichet, « Paysage domestique », département de la Creuse (23), 2014.

12Définis par l’expression de goûts et de dégoûts socialement situés, les styles de vie domestiques sont également régis par l’économie de la « maisonnée » [45] : la gestion quotidienne des tâches qui permettent la survie du groupe domestique et leur répartition entre les membres du foyer, ou entre eux et des personnes extérieures, varient fortement d’un groupe social à l’autre. Facteur d’inégalités sociales [46], la possibilité de déléguer le travail domestique à des salariés, souvent précaires, représente aussi un attribut distinctif pour les ménages en ascension sociale et peut faire l’objet de luttes de classement entre les différentes fractions des classes moyennes et supérieures [47]. L’analyse de la maisonnée conduit également à articuler l’analyse des rapports de classe à celle des rapports de sexe [48]. La généralisation progressive de la norme du travail des femmes alimente ainsi la critique de leur enfermement domestique, la division sexuée du travail formant dans certains contextes une ligne prépondérante de différenciation entre classes et fractions de classe [49]. La répartition des tâches domestiques demeure toutefois structurée par de fortes inégalités de sexe [50], qui prennent des formes différentes selon les milieux sociaux, en fonction du degré d’enrôlement des hommes [51] et de la délégation de ces tâches, le plus souvent par les ménages des classes supérieures à des femmes de classes populaires et immigrées [52]. Ainsi, malgré la progression de l’ethos égalitaire, la socialisation primaire joue encore un rôle déterminant dans la différenciation genrée de la prise en charge des tâches domestiques : les filles sont nettement plus sollicitées que les garçons, mais elles le sont aussi à des degrés divers selon les classes sociales, en fonction de la conception de l’enfance et des rapports entre les sexes qui y prévaut, liée aux ressources culturelles et économiques des parents et aux rapports de pouvoir entre eux [53].

13L’articulation entre genre, classe et espace domestique est également au cœur du livre Family Fortunes, dont nous reproduisons ici de larges extraits [54]. Dans cet ouvrage classique de l’historiographie anglaise, dont il a fallu attendre trente ans la traduction en français, Leonore Davidoff et Catherine Hall décryptent le processus historique de naissance d’une classe sociale : la bourgeoisie anglaise. Elles montrent que, au-delà de sa place dans les rapports de production, la formation de la bourgeoisie repose sur l’adoption d’un style de vie spécifique, qui lui permet de se démarquer à la fois des classes populaires urbaines et de l’aristocratie dont elle subit alors la domination. Celui-ci se caractérise par un fort investissement religieux et par une redéfinition très inégalitaire des rapports sociaux de sexe, conduisant à l’exclusion des femmes des affaires économiques ainsi qu’à leur assignation à un rôle centré sur la famille et à des tâches liées à l’entretien de la moralité et à l’éducation des enfants. L’espace joue un rôle fondamental dans ce processus, puisque celui-ci repose sur l’installation dans les banlieues résidentielles, à distance des centres urbains où ce groupe social était auparavant implanté à proximité des entreprises. La naissance de la bourgeoisie anglaise est ainsi intrinsèquement liée à l’invention du foyer, qui consacre la séparation entre lieu de travail et espace domestique, et entre vie publique et vie privée. La construction de l’habitat comme un espace intime et séparé des autres sphères sociales participe du même mouvement que celui qui provoque la relégation des femmes dans l’espace domestique et leur assigne la gestion du foyer.

14La sociologie de l’espace domestique repose ainsi sur l’analyse des liens entre les transformations historiques de l’espace social et les mutations des styles de vie et des rapports sociaux de sexe. Dans les territoires ruraux au cours des dernières décennies, les sociabilités masculines populaires se sont ainsi redéployées depuis les espaces publics (désormais stigmatisés) vers l’intérieur des foyers, provoquant en leur sein la mise à l’écart des femmes [55]. Enfin, l’attention portée à l’histoire conduit à analyser les processus de construction, de diffusion et de circulation des modèles et des goûts en matière d’habitat [56], en prêtant notamment attention au rôle des instances de prescription des goûts domestiques et des « intermédiaires » entre producteurs et consommateurs [57], comme certains professionnels du logement (architectes, décorateurs, agents immobiliers, etc.), les enseignes consacrées à l’habitat (bricolage, décoration, ameublement) ou les produits culturels spécialisés (presse, émissions de télévision ou blogs). L’exemple de la cuisine ouverte fait apparaître les dynamiques et les obstacles à la diffusion des nouveaux goûts domestiques : si le rejet massif de ce dispositif par les habitants des cités HLM permet d’objectiver plusieurs dimensions des styles de vie domestiques des classes populaires et la distance qui les sépare de ceux des classes moyennes cultivées, son adoption par certains ménages en petite ascension sociale témoigne des logiques de diffusion et d’appropriation de modèles d’habitat hétéronomes, à partir de logiques symboliques propres au groupe social qui les fait siens [58]. Ainsi replacée dans une perspective dynamique, la sociologie de l’espace domestique éclaire les logiques qui président à la différenciation des styles de vie et à leur distribution dans l’espace social, au croisement entre genre et classes sociales.

Notes

  • [1]
    Philippe Ariès et Georges Duby (dir.), Histoire de la vie privée, Paris, Seuil, 1985 ; Michelle Perrot, Histoire de chambres, Paris, Seuil, 2009.
  • [2]
    Olivier Le Goff, L’Invention du confort. Naissance d’une forme sociale, Lyon, PUL, 1994 ; Henri Coing, Rénovation urbaine et changement social. L’îlot n° 4, Paris 13e, Paris, Les Éd. ouvrières, 1966 ; Olivier Schwartz, Le Monde privé des ouvriers. Hommes et femmes du Nord, Paris, PUF, 1990.
  • [3]
    Gwenaël Larmet, « La sociabilité alimentaire s’accroît », Économie et statistique, 352-353, 2002, p. 191-211.
  • [4]
    Pierre Bourdieu, La Distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Minuit, 1979 ; Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Grandes fortunes. Dynasties familiales et formes de richesse en France, Paris, Payot, 1996.
  • [5]
    Bernard Lahire, Tableaux de familles. Heurs et malheurs scolaires en milieux populaires, Paris, Gallimard/Seuil, 1995.
  • [6]
    Marwan Mohammed, La Formation des bandes. Entre la famille, l’école et la rue, Paris, PUF, 2011.
  • [7]
    D’après l’enquête Budget des familles, entre 1979 et 2006, les écarts de structure de consommation des ménages se sont déplacés de l’alimentation vers le logement : alors que la part du logement dans le budget des cadres reste stable à environ 12 %, elle passe de 12 à 19 % chez les ouvriers. L’écart est plus marqué encore pour le revenu : le poids du budget logement stagne à 12 % pour le dernier quintile (20 % les plus riches), pendant que celui du premier quintile (20 % les plus pauvres) double de 12 à 24 %. Voir Philippe Coulangeon, Les Métamorphoses de la distinction. Inégalités culturelles dans la France d’aujourd’hui, Paris, Grasset, 2011 ; Insee résultats, 73, 2007.
  • [8]
    Il y a 25 ans, Pierre Bourdieu et Monique de Saint Martin (« Le sens de la propriété. La genèse sociale des systèmes de préférences », Actes de la recherche en sciences sociales, 81-82, 1990, p. 52-64) remarquaient que le patrimoine économique, à travers le développement de l’accession à la propriété, occupait une place croissante dans les stratégies de mobilité et de reproduction sociale des agents sociaux. Depuis, Louis Chauvel a souligné l’importance croissante du patrimoine dans les inégalités de revenus (« Le retour des classes sociales ? », Revue de l’OFCE, 79, 2001, p. 315-359) et des travaux récents montrent l’accroissement de ces inégalités et le rôle croissant du logement dans la (re)production de celles-ci. Voir Hélène Chaput, Kim-Hoa Luu Kim, Laurianne Salembier et Julie Solard, « Les inégalités de patrimoine s’accroissent entre 2004 et 2010 », Insee Première, 1380, 2011, p. 1-4 ; Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, Paris, Seuil, 2013.
  • [9]
    Jean-Yves Authier, Jennifer Bidet, Anaïs Collet, Pierre Gilbert et Hélène Steinmetz, État des lieux sur les trajectoires résidentielles, Paris, PUCA, 2010 ; Catherine Bonvalet, « Les logiques des choix résidentiels des Franciliens », in Jean-Yves Authier, Catherine Bonvalet et Jean-Pierre Lévy (dir.), Élire domicile. La construction sociale des choix résidentiels, Lyon, PUL, 2010, p. 55-76.
  • [10]
    P. Coulangeon, op. cit., p. 138.
  • [11]
    O. Schwartz, Le Monde privé des ouvriers…, op. cit.
  • [12]
    Delphine Serre, Les Coulisses de l’État social. Enquête sur les signalements d’enfant en danger, Paris, Raisons d’agir, 2009 ; Ana Perrin-Heredia, « Logiques économiques et comptes domestiques en milieux populaires. Ethnographie économique d’une “zone urbaine sensible” », thèse de doctorat en sociologie, Reims, Université de Reims Champagne-Ardenne, 2010.
  • [13]
    « C’est l’oubli de la domination, non la résistance à la domination, qui ménage aux classes populaires le lieu privilégié de leurs activités culturelles les moins marquées par les effets symboliques de la domination. Si la parenthèse du dimanche, les activités insulaires de l’aménagement de l’habitat ou l’activisme décontracté de la sociabilité entre pairs permettent le mieux de saisir dans sa cohérence symbolique l’univers culturel de la vie ouvrière et citadine […] c’est que ces conditions ménagent un univers soustrait à la confrontation, des moments de répit, des lieux d’altérité », voir Claude Grignon et Jean-Claude Passeron, Le Savant et le populaire. Misérabilisme et populisme en sociologie et en littérature, Paris, Gallimard/Seuil, 1989, p. 81.
  • [14]
    Pierre Bourdieu mentionne les pratiques liées à l’achat de mobilier, la cuisine ou les vêtements (La Distinction…, op. cit., p. 84-85).
  • [15]
    « Charbonnier maître chez soi », dit le proverbe : même le plus humble, qui occupe dans de nombreux espaces une position subordonnée, dispose dès qu’il franchit le seuil de son foyer du pouvoir d’organiser à sa guise son existence et l’aménagement de son lieu de vie.
  • [16]
    Isabelle Clair, Sociologie du genre, Paris, Armand Colin, 2012.
  • [17]
    Maryse Jaspard, Elisabeth Brown, Stéphanie Condon et al., Les Violences envers les femmes en France : une enquête nationale, Paris, La Documentation française, 2003 ; Alice Debauche et Christelle Hamel, « Violence des hommes contre les femmes : quelles avancées dans la production des savoirs ? », Nouvelles Questions féministes, 32(1), 2013, p. 4-14.
  • [18]
    Jean-Claude Chamboredon, « La construction sociale des populations », in Georges Duby (dir.), Histoire de la France urbaine, t.5, Paris, Seuil, 1985, p. 441-471.
  • [19]
    Citons par exemple les enquêtes sur les beaux quartiers de la grande bourgeoisie (Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Dans les beaux quartiers, Paris, Seuil, 1989), sur les « quartiers refondés » des cadres d’entreprise (Bruno Cousin, « Entre-soi mais chacun chez soi. L’agrégation affinitaire des cadres parisiens dans les espaces refondés », Actes de la recherche en sciences sociales, 204, 2014, p. 88-101), sur les différentes franges des classes moyennes et supérieures participant au processus d’embourgeoisement des quartiers anciens centraux (Anaïs Collet, Rester bourgeois. Les quartiers populaires, nouveaux chantiers de la distinction, Paris, La Découverte, 2015 ; Sylvie Tissot, De bons voisins. Enquête dans un quartier de la bourgeoisie progressiste, Paris, Raisons d’agir, 2011), sur les fractions stables des classes populaires et des classes moyennes installées dans les espaces périurbains (Violaine Girard, « Un territoire périurbain, industriel et ouvrier. Promotions résidentielles de ménages des classes populaires et trajectoires d’élus salariés intermédiaires de l’industrie dans la Plaine de l’Ain », thèse de doctorat en sociologie, EHESS, 2009 ; Anne Lambert, « Tous propriétaires ! » L’envers du décor pavillonnaire, Paris, Seuil, 2015), sur les franges précaires des classes populaires des cités HLM (Olivier Masclet, La Gauche et les cités. Enquête sur un rendez-vous manqué, Paris, La Dispute, 2006 ; Pierre Gilbert, « Les classes populaires à l’épreuve de la rénovation urbaine. Transformations spatiales et changement social dans une cité HLM », thèse de doctorat en sociologie et en anthropologie, Lyon, Université Lumière Lyon 2, 2014) ou encore sur les classes populaires des mondes ruraux (Nicolas Renahy, Les Gars du coin. Enquête sur une jeunesse rurale, Paris, La Découverte, 2005).
  • [20]
    Virgílio Borges Pereira et José Madureira Pinto, « Espace, relations sociales et culture populaire dans le cœur ancien de la ville de Porto », Sociétés contemporaines, 86, 2012, p. 115-134.
  • [21]
    Max Weber, Économie et société. t.1. Les catégories de la sociologie, Paris, Pocket, 1995.
  • [22]
    Marie Cartier, Isabelle Coutant, Olivier Masclet et Yasmine Siblot, La France des « petits-moyens ». Enquête sur la banlieue pavillonnaire, Paris, La Découverte, 2008.
  • [23]
    Christian Baudelot et Roger Establet, « Classes en tous genres », in Margaret Maruani (dir.), Femmes, genre et sociétés : l’état des savoirs, Paris, La Découverte, 2005, p. 38-47 ; Olivier Schwartz, « La notion de “classes populaires” », HDR, Versailles, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 1998.
  • [24]
    Jean-Claude Chamboredon et Madeleine Lemaire, « Proximité spatiale et distance sociale. Les grands ensembles et leur peuplement », Revue française de sociologie, 11(1), 1970, p. 3-33.
  • [25]
    Le constat vaut par exemple pour ce champ prolifique de la recherche qu’est la sociologie des classes populaires, où l’espace domestique demeure, à de rares exceptions près, un objet largement délaissé, voir Philippe Alonzo et Cédric Hugrée, Sociologie des classes populaires. Domaines et approches, Paris, Armand Colin, 2010. En témoigne par exemple le numéro que la revue Espaces et sociétés consacre en 2011 aux « usages populaires de l’espace » (Thomas Sauvadet et Marie-Hélène Bacqué (dir.), Espaces et sociétés, 144-145, 2011), dont les six articles se focalisent sur les rapports au voisinage, aux espaces publics et aux espaces du travail. Le même constat vaut pour l’enquête sur les « petits-moyens » dans laquelle, malgré l’annonce de l’étude des « manières d’habiter » le logement (p. 70), la description de la « culture domestique locale » repose presque exclusivement sur les sociabilités dans le quartier.
  • [26]
    Anne-Marie Arborio et Pierre Fournier, L’Observation directe. L’enquête et ses méthodes, Paris, Armand Colin, 2010.
  • [27]
    Richard Hoggart, La Culture du pauvre. Étude sur le style de vie des classes populaires en Angleterre, Paris, Minuit, 1970 ; Richard Hoggart, 33 Newport Street. Autobiographie d’un intellectuel issu des classes populaires anglaises, Paris, Gallimard/Seuil, 1991.
  • [28]
    Michel Verret, « L’économie spatiale de la culture ouvrière », in Maurice Imbert et Paul-Henry Chombart de Lauwe (dir.), La Banlieue aujourd’hui, Paris, L’Harmattan, 1982, p. 257-266.
  • [29]
    O. Schwartz, Le Monde privé des ouvriers…, op. cit. Voir aussi Joëlle Deniot, Ethnologie du décor en milieu ouvrier. Le bel ordinaire, Paris, L’Harmattan, 1995 ; Sophie Chevalier, « L’ameublement et le décor intérieur dans un milieu populaire urbain. Approche ethnographique d’une vraie fausse banalité », thèse de doctorat en ethnologie, Nanterre, Université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, 1992.
  • [30]
    Béatrix Le Wita, Ni vue ni connue. Approche ethnographique de la culture bourgeoise, Paris, Éd. de la MSH, 1988 ; M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot, Grandes fortunes…, op. cit.
  • [31]
    Sabine Chalvon-Demersay, Le Triangle du XIVe. Des nouveaux habitants dans un vieux quartier de Paris, Paris, Éd. de la MSH, 1984.
  • [32]
    P. Bourdieu, La Distinction…, op. cit.
  • [33]
    François Héran, « La sociabilité, une pratique culturelle », Économie et statistique, 216, 1988, p. 3-22 ; Michel Bozon, Vie quotidienne et rapports sociaux dans une petite ville de province. La mise en scène des différences, Lyon, PUL, 1984. Pour une synthèse des recherches sur les relations sociales autour du logement, voir aussi Jean-Yves Authier et Yves Grafmeyer, Les Relations sociales autour du logement. État des savoirs et perspectives de recherche, Paris, Plan construction et architecture, 1997.
  • [34]
    Susanna Magri, « L’intérieur domestique. Pour une analyse du changement dans les manières d’habiter », Genèses, 28, 1997, p. 146-164.
  • [35]
    Parmi une littérature abondante, voir notamment J.-Y. Authier et Y. Grafmeyer, op. cit. ; S. Magri, ibid. ; François de Singly, « Habitat et relations familiales : bilan », Paris, Plan construction et architecture, 1998 ; Yvonne Bernard, La France au logis. Étude sociologique des pratiques domestiques, Liège, Mardaga, 1992 ; Jean-Michel Léger, Derniers domiciles connus. Enquête sur les nouveaux logements 1970-1990, Paris, Créaphis, 1990 ; Béatrice Collignon et Jean-François Staszak (dir.), Espaces domestiques. Construire, habiter, représenter, Paris, Bréal, 2004.
  • [36]
    Yankel Fijalkow, Sociologie du logement, Paris, La Découverte, 2011.
  • [37]
    Marion Segaud, Anthropologie de l’espace. Habiter, fonder, distribuer, transformer, Paris, Armand Colin, 2010 ; Irene Cieraad (éd.), At Home. An Anthropology of Domestic Space, New York, Syracuse University Press, 1999 ; Daniel Miller, “Appropriating the state on the council estate”, Man, 23(2), 1988, p. 353-372.
  • [38]
    Voir par exemple : Patrick Gaboriau, Clochard. L’univers d’un groupe de sans-abri parisiens, Paris, Julliard, 1993 ; Djemila Zeneidi-Henry, Les SDF et la ville. Géographie du savoir-survivre, Paris, Bréal, 2002 ; Maryse Marpsat et Jean-Marie Firdion (dir.), La Rue et le foyer. Une recherche sur les sans-domicile et les mal-logés dans les années 1990, Paris, PUF/INED, 2000.
  • [39]
    À titre d’illustration, voir Florence Bouillon, Les Mondes du squat. Anthropologie d’un habitat précaire, Paris, PUF, 2009.
  • [40]
    Daniel Pinson, Usage et architecture, Paris, L’Harmattan, 1993 ; Guy Tapie, Sociologie de l’habitat contemporain. Vivre l’architecture, Marseille, Parenthèses, 2014.
  • [41]
    Ces photographies sont issues de plusieurs séries réalisées depuis le milieu des années 2000 dans le cadre de projets portant sur des groupes sociaux ou des territoires variés. Elles ont fait l’objet de plusieurs publications (voir Hortense Soichet, Intérieurs : logements à la Goutte-d’Or, Paris, Creaphis, 2011 ; Esperem ! Images d’un monde en soi, Paris, Créaphis, 2016 ; Ensembles : habiter un logement social en France, Paris, Créaphis, 2014) et sont accessibles sur le site hortensesoichet.com.
  • [42]
    Pierre Bourdieu, Salah Bouhedja, Rosine Christin et Claire Givry, « Un placement de père de famille. La maison individuelle : spécificité du produit et logique du champ de production », Actes de la recherche en sciences sociales, 81-82, 1990, p. 6-33 ; Fabien Desage, Christelle Morel Journel et Valérie Sala Pala (dir.), Le Peuplement comme politiques, Rennes, PUR, 2014 ; Edmond Préteceille, « La ségrégation sociale a-t-elle augmenté ? La métropole parisienne entre polarisation et mixité », Sociétés contemporaines, 62, 2006, p. 69-93.
  • [43]
    Anaïs Collet, « Le loft : habitat atypique et innovation sociale pour deux générations de “nouvelles classes moyennes” », Espaces et sociétés, 148-149, 2012, p. 37-52.
  • [44]
    Voir dans ce numéro, Gilles Laferté, « Ferme, pavillon ou maison de campagne. Les formes résidentielles de l’embourgeoisement agricole », Actes de la recherche en sciences sociales, 215, 2016, p. 16-33.
  • [45]
    Sibylle Gollac, « Maisonnée et cause commune : une prise en charge familiale », in Florence Weber, Séverine Gojard et Agnès Gramain (dir.), Charges de famille. Dépendance et parenté dans la France contemporaine, Paris, La Découverte, 2003, p. 274-311.
  • [46]
    François-Xavier Devetter et Sandrine Rousseau, Du balai. Essai sur le ménage à domicile et le retour de la domesticité, Paris, Raisons d’agir, 2011.
  • [47]
    Voir dans ce numéro, Eleonora Elguezabal, « Du luxe bon marché. Travail de service et classement social dans les résidences fermées de Buenos Aires », Actes de la recherche en sciences sociales, 215, 2016, p. 38-51.
  • [48]
    Céline Bessière, De génération en génération. Arrangements de famille dans les entreprises viticoles de Cognac, Paris, Raisons d’agir, 2010.
  • [49]
    Voir dans ce numéro, Anne Lambert, « Échapper à l’enfermement domestique. Travail des femmes et luttes de classement en lotissement pavillonnaire », Actes de la recherche en sciences sociales, 215, 2016, p. 56-71.
  • [50]
    Clara Champagne, Ariane Pailhé et Anne Solaz, « Le temps domestique et parental des hommes et des femmes : quels facteurs d’évolutions en 25 ans ? », Économie et statistique, 478-479-480, 2015, p. 209-242.
  • [51]
    Cécile Brousse, « Travail professionnel, tâches domestiques, temps “libre” : quelques déterminants sociaux de la vie quotidienne », Économie et statistique, 478-479-480, 2015, p. 119-154 ; Ariane Pailhé et Anne Solaz, « Concilier, organiser, renoncer : quel genre d’arrangements ? », Travail, genre et sociétés, 24, 2010, p. 29-46.
  • [52]
    Danièle Kergoat, « Rapports sociaux et division du travail entre les sexes », in Margaret Maruani (dir.), Femmes, genre et sociétés, Paris, La Découverte, 2005, p. 94-101 ; Caroline Ibos, Qui gardera nos enfants ? Les nounous et les mères, Paris, Flammarion, 2012.
  • [53]
    Voir dans ce numéro, Martine Court, Julien Bertrand, Géraldine Bois, Gaële Henri-Panabière et Olivier Vanhée, « Qui débarrasse la table ? Enquête sur la socialisation domestique primaire », Actes de la recherche en sciences sociales, 215, 2016, p. 72-83.
  • [54]
    Leonore Davidoff et Catherine Hall, Family Fortunes. Hommes et femmes de la bourgeoisie anglaise, 1780-1850, Paris, La Dispute, 2014.
  • [55]
    Voir dans ce numéro, Benoît Coquard, « “Nos volets transparents”. Les potes, le couple et les sociabilités populaires au foyer », Actes de la recherche en sciences sociales, 215, 2016, p. 90-101
  • [56]
    S. Magri, op. cit. ; Anaïs Albert, « Consommation de masse et consommation de classe. Une histoire sociale et culturelle du cycle de vie des objets dans les classes populaires parisiennes (des années 1880 aux années 1920) », thèse de doctorat en histoire, Paris, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2014.
  • [57]
    Olivier Roueff, Jazz, les échelles du plaisir. Intermédiaires et culture lettrée en France au XXe siècle, Paris, La Dispute, 2013 ; Loïc Bonneval, « Les tiers dans le choix du logement : comment les agents immobiliers contribuent à l’élaboration des projets résidentiels », Espaces et sociétés, 156-157, 2014, p. 145-159.
  • [58]
    Voir dans ce numéro, Pierre Gilbert, « Troubles à l’ordre privé. Les classes populaires face à la cuisine ouverte », Actes de la recherche en sciences sociales, 215, 2016, p. 102-119.
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