Le thème
1 Cet article part du constat du déploiement croissant d’un « gouvernement expérimental » depuis l’inscription dans la Constitution d’un droit à l’expérimentation en 2003. Rappelant l’inscription de ces méthodes expérimentales dans le domaine plus large des evidence-based policies, l’auteur étudie leurs éléments les plus structurants, en particulier les motivations, les croyances et les formes qu’elles peuvent prendre lorsqu’elles sont mobilisées par l’action publique. Face à certains impensés, l’auteur discute de l’utilisation de l’enquête comme type d’expérimentation pouvant permettre d’aller au-delà des limites de l’expérimentation.
Les données
2 L’article se fonde sur une large revue de littérature académique et, dans une moindre mesure, sur certains rapports institutionnels qui questionnent ou promeuvent l’utilisation des expérimentations par les acteurs publics. L’auteur développe son argumentation autour d’une discussion des principes qui fondent l’approche expérimentale à partir d’une référence aux auteurs canoniques en la matière.
Les résultats
3 L’article met en évidence une limite importante de la démarche expérimentale résidant dans son incapacité à se déployer dans des situations relativement incertaines, inattendues ou complexes, ce qu’il nomme les wicked-problems de la science sociale. Pour dépasser cette limite, l’auteur s’inspire des travaux de John Dewey et de sa méthodologie par l’enquête présentée comme « un processus, temporalisé et localisé, au cours duquel une situation indéterminée est progressivement déterminée par un groupe social, la communauté d’enquête ». À ce titre, substituer l’enquête à l’expérimentation permettrait de passer d’une logique expérimentale à une logique expérientielle, plus proche du terrain, comme l’illustre le déploiement de certains living labs.
Date de mise en ligne : 01/07/2024