Le thème
1 Cet article analyse la manière dont les médias sociaux sont utilisés pour impliquer les citoyens dans les processus de revues des dépenses, et ce, à chaque étape de l’exercice. Il cherche donc à discuter de la légitimité sociale des revues de dépenses, en explorant dans quelle mesure les outils digitaux peuvent permettre d’engager les citoyens dans le dispositif. Dans cette optique, les auteurs expliquent notamment les différences de niveaux d’engagement des citoyens selon le type d’outils mobilisés, entre les outils 2.0 des réseaux sociaux (outils Web 2.0) et les outils Web 1.0 traditionnels. Enfin, ils cherchent à établir des pistes de réflexion pour améliorer l’écoute et la concertation citoyenne.
Les données
2 L’article se fonde sur une analyse qualitative approfondie des programmes d’examen des dépenses contemporains conduits dans trois pays européens : la « Révision Générale des Politiques Publiques » (RGPP) menée en France de 2007 à 2012, la « Comprehensive Spending Review » (CSR) au Royaume-Uni en 2010 et le « Processo di revisione della spesa » (PRS) en Italie en 2012. Les données analysées proviennent de deux sources principales : des documents officiels, mémos, procès-verbaux et rapports produits dans chaque pays ; les sites web gouvernementaux et les réseaux sociaux où les interactions entre les gouvernements et les citoyens ont été repérées. Parallèlement, une analyse exploratoire d’articles de presse et de blogs a été réalisée pour identifier les informations subsidiaires sur les pratiques d’engagement du public utilisées par les gouvernements. En ce qui concerne l’analyse des données, les résultats ont été classés en fonction de trois dimensions principales : la typologie des outils Web 1.0 et Web 2.0, le niveau d’engagement du public et la phase d’examen des dépenses au cours de laquelle les outils Web ont été utilisés.
Les résultats
3 L’article montre que lorsque les administrations recourent aux réseaux sociaux, comme l’illustre le cas du Royaume-Uni, le niveau de communication et de consultation du public est plus élevé que lorsqu’il n’est fait usage que des outils digitaux traditionnels du Web 1.0. En incitant le gouvernement à davantage répondre aux attentes des citoyens, les réseaux sociaux renforcent l’implication de ces derniers dans les décisions politiques et rendent l’action gouvernementale plus transparente. Dans le même temps, cette plus grande participation citoyenne peut conduire à une acceptation sociale facilitée en ce qui concerne les coupes budgétaires. L’article montre ensuite que les usages des réseaux sociaux par les gouvernements sont notamment pertinents dans la phase qui concerne l’identification des dépenses auxquelles les revues seront appliquées. Toutefois, pour être effective, la participation citoyenne permise par les réseaux sociaux lors de cette étape suppose que des ressources administratives soient mobilisées pour actualiser quotidiennement les plateformes et répondre aux commentaires.
Date de mise en ligne : 24/01/2024