Couverture de ANPSY_164

Article de revue

La lecture chez les enfants avec des troubles spécifiques d’articulation, de parole et/ou de langage oral : une revue narrative de littérature

Pages 547 à 595

Notes

  • [1]
    Remerciements : Les auteurs remercient la région Nord-Pas-de-Calais et l’université de Lille 3, pour l’aide financière apportée au travail du premier auteur. Celui-ci remercie également les professionnels de l’équipe pluridisciplinaire du service de neuropédiatrie de l’hôpital Saint Vincent de Paul de Lille, pour les échanges particulièrement riches et animés qui s’y développent et qui représentent une aide précieuse dans l’élaboration de la pensée. Les auteurs remercient sincèrement les évaluateurs pour leurs commentaires constructifs à propos d’une version antérieure de ce manuscrit.
  • [2]
    Si la reconnaissance des mots écrits est limitée, la compréhension de l’écrit est généralement compromise, à l’exception de quelques cas de dyslexie bien compensée.
  • [3]
    La composante sémantique s’applique aux niveaux lexical, morphosyntaxique et discursif.
  • [4]
    Cette perspective modulariste du langage reste toutefois discutée.
  • [5]
    Tout du moins, avec les outils actuels classiquement utilisés lors d’une évaluation (Leonard, 2009).
  • [6]
    À cet âge, certains enfants présentaient des troubles expressifs isolés, d’autres des troubles mixtes (expressifs et réceptifs).
  • [7]
    Cette traduction francophone est empruntée en partie à MacLeod, Sutton, Sylvestre, Thordardottir et Trudeau (2014).
  • [8]
    Dans cette revue de littérature, nous nous intéresserons à tous les TSSP, à l’exception des dyspraxies verbales (childhood apraxia of speech, en anglais), un sous-type très particulier de TSSP (pour une définition, voir Murray, McCabe, Heard, & Ballard, 2015). Selon des données issues d’échantillons cliniques, la dyspraxie verbale représenterait environ 1% des TSSP (Shriberg, 2010).
  • [9]
    Dans ce contexte, ce terme est à considérer au sens de « trouble de reconnaissance des mots écrits ».
  • [10]
    Note. a Cette étude est longitudinale, bien que nous ne rapportions ici que les résultats des enfants à 9 ans; A : anglais; CA : contrôles de même âge chronologique; CL : contrôles de même niveau de lecture; DX : dyslexie; L : longitudinal; LVH : lecture à voix haute; PCC : pourcentage de consonnes correctes (Shriberg et al., 1997) ; T : transversal; T1 : premier temps de l’étude longitudinale; T2 : dernier temps de l’étude longitudinale; TSLO : trouble spécifique du langage oral; TSSP : trouble spécifique des sons de la parole; TSSPDev : trouble spécifique des sons de la parole pour lequel moins de 10% des erreurs phonologiques expressives sont non développementales ; TSSPNonDev : trouble spécifique des sons de la parole pour lequel plus de 10% des erreurs phonologiques expressives sont non développementales.
  • [11]
    À quinze ans, il est impossible de savoir si ces dix jeunes présentent encore un TSSP. La seule information disponible à ce sujet est la suivante: en tant que groupe, ils présentent des scores inférieurs au groupe contrôle de même âge en répétition de pseudomots de deux, trois, quatre et cinq syllabes.
  • [12]
    Scores inférieurs au percentile (P) 10 en répétition d’énoncés.
  • [13]
    Un profil mixte correspond à un trouble langagier concernant à la fois la compréhension et la production. Ici, il s’agissait de scores inférieurs au P 10 en compréhension d’énoncés et en répétition d’énoncés.
  • [14]
    Pour un exemple, voir Catts, Fey, Tomblin et Zhang (2002).
  • [15]
    Par exemple, en lisant les phrases suivantes: « Le garçon poursuivait la fille. La fille a couru dans la cour de récréation », un bon lecteur infère que le garçon est dans la cour de récréation.
  • [16]
    Nous dénommons leurs troubles « TSLO +/– TSSP »w car, en plus du TSLO, 70% de ces enfants présentaient un trouble de répétition de pseudomots.
  • [17]
    Dans cette étude, le seuil pathologique était fixé à -1,5 ET.
  • [18]
    Si le trouble est uniquement ou principalement phonologique, nous pensons qu’il est d’intensité légère à modérée. En cas de trouble phonologique sévère, généralement, la morphosyntaxe est également altérée.
  • [19]
    Mesure prenant en compte à la fois l’exactitude et la rapidité de la lecture à voix haute de textes simples.
  • [20]
    Les proportions d’enfants avec un TSLO isolé et d’enfants avec un TSLO + TSSP ne sont pas précisées dans l’article.
  • [21]
    Dans l’étude de Macchi et al. (2014), les profils retardés représentent 67% des enfants avec un TSLO + TSSP et un trouble de lecture. Dans la revue de littérature de Sprenger-Charolles et al. (2011), ils représentent entre 52 et 73,5% des enfants dyslexiques. Pour rappel, les enfants au profil retardé présentent, pour les deux procédures de lecture, des performances similaires à celles d’enfants contrôles plus jeunes de même niveau de lecture.

1. – Introduction

1 Du fait des liens linguistiques étroits entre le langage oral et le langage écrit (Zesiger, Brun, & Nanchen, 2004), les enfants souffrant ou ayant souffert de troubles d’articulation, de parole et/ou de langage oral présentent, à des degrés divers, des risques d’apprentissage du langage écrit, notamment au niveau de la lecture (McArthur, Hogben, Edwards, Heath, & Mengler, 2000; Zesiger et al., 2004). Dans cette revue critique de littérature, nous nous intéresserons aux capacités de lecture de certains de ces enfants, ceux dont ces troubles sont dits spécifiques, c’est-à-dire ne pouvant s’expliquer par aucune cause connue, qu’il s’agisse d’une pathologie neurologique avérée (ex. syndrome épileptique), d’un déficit intellectuel, ou d’une déficience sensorielle (ex. surdité).

2 La compréhension des capacités de lecture de ces enfants nécessite la connaissance préalable de travaux de recherche dans plusieurs domaines : la lecture et ses liens avec le langage oral ; les troubles spécifiques d’articulation, de parole et/ou de langage oral. Après avoir abordé ces thématiques, nous nous intéresserons aux modèles théoriques concernant les liens entre ces troubles et les troubles de lecture. Par la suite, nous discuterons de la validité de ces modèles, en les confrontant aux résultats des études décrivant les aptitudes en lecture de ces enfants.

2. – La lecture

2.1. – Un cadre général : le modèle simple de la lecture

3 La plupart des recherches sur l’apprentissage de la lecture utilisent le cadre de référence du « modèle simple de la lecture » (simple view of reading ; Gough & Tunmer, 1986 ; Hoover & Gough, 1990). Selon ce modèle, la compréhension en lecture (L) est le produit de deux composantes : la reconnaissance des mots écrits (R) et la compréhension du langage, généralement évaluée à l’oral (C). Ce modèle est souvent représenté par l’équation : L = R × C. La première composante à droite de l’équation, R, est spécifique à la modalité écrite, puisque les stimuli à identifier sont des formes orthographiques. La seconde composante, C, est moins spécifique, car les processus sémantiques et syntaxiques de la compréhension à l’oral et à l’écrit sont largement similaires (Braibant, 1994). Au cours du développement, le poids des différentes composantes de cette équation évolue (Gough, Hoover, & Peterson, 1996). En effet, au début de l’apprentissage, la compréhension en lecture (L) est fortement dépendante de la reconnaissance des mots écrits (R). En revanche, à la fin de la scolarité, la reconnaissance des mots écrits étant généralement devenue de bonne qualité chez la plupart des individus, la compréhension en lecture (L) devient fortement dépendante de la compréhension du langage (C).

4 Ce modèle simple de la lecture, par la distinction qu’il opère entre la reconnaissance de mots écrits (R) et la compréhension en lecture (L), permet d’identifier quatre profils potentiels de lecteurs : 1. les bons lecteurs (reconnaissance correcte des mots écrits, compréhension correcte de l’écrit), 2. les faibles compreneurs (reconnaissance correcte des mots écrits, faible compréhension de l’écrit), 3. les faibles décodeurs (faible reconnaissance des mots écrits, compréhension correcte de l’écrit) [2], 4. les faibles lecteurs (faible reconnaissance des mots écrits, faible compréhension de l’écrit). Il résulte également de ce modèle que nous ne pouvons pas comprendre précisément les difficultés de compréhension de lecture d’une personne, si nous faisons l’économie de l’évaluation de ses capacités de reconnaissance de mots écrits. Autrement dit, pour analyser correctement ses difficultés de compréhension en lecture, il faut connaître précisément ses capacités de reconnaissance des mots écrits (Colé et al., 2012).

2.2. – La reconnaissance des mots écrits

5 L’un des modèles prédominant pour étudier les capacités de reconnaissance des mots écrits est le modèle à double voie d’après lequel la lecture de mots s’effectue selon deux procédures ou routes (Coltheart, 1978 ; Coltheart, Curtis, Atkins, & Haller, 1993; Coltheart, Rastle, Perry, Langdon, & Ziegler, 2001). D’une part, la procédure phonologique, dite aussi sous-lexicale ou d’assemblage, repose sur l’application, aux items écrits, de règles de conversion entre les unités minimales de la langue écrite (graphèmes) et les unités minimales de la langue orale (phonèmes). Cette procédure séquentielle permet de lire des mots réguliers peu ou jamais rencontrés (ex. « biribi ») et des pseudo-mots (ex. « rofudape »). D’autre part, la procédure orthographique, dite aussi lexicale ou d’adressage, permet de lire des mots qui ont déjà été rencontrés antérieurement, qui disposent d’une « adresse » dans le lexique orthographique, par exemple des mots connus réguliers (ex. « lavabo »). Par conséquent, cette procédure permet de lire des mots irréguliers (ex. « monsieur »), c’est-à-dire des mots violant les règles de conversion graphème-phonème (Ferrand, 2007). Cette procédure repose sur un appariement entre le stimulus visuel d’un mot écrit et sa représentation orthographique stockée en mémoire à long terme, dans le lexique orthographique. Cette représentation orthographique peut contenir des informations sur les morphèmes, les graphèmes composés de plus d’une lettre, les lettres et leur succession dans le mot. Pour ce qui concerne les lettres, ces informations peuvent notamment spécifier leur statut de consonne ou de voyelle, leur identité et leur position dans le mot (pour une revue, voir Rapp & Fischer-Baum, 2014).

6 Les troubles de lecture de types « phonologique » et « de surface » correspondent respectivement à des atteintes prédominantes des procédures phonologique et orthographique. Toutefois, dans le développement atypique, bien que ces dissociations existent, la plupart des troubles spécifiques de reconnaissance des mots écrits (dyslexie) sont caractérisés par une atteinte des deux procédures (Sprenger-Charolles, Lacert, Béchennec, Colé, & Serniclaes, 2001). Ceci laisse supposer que les procédures ne sont pas véritablement indépendantes. En effet, selon la théorie de l’auto-apprentissage, c’est l’utilisation réussie et réitérée de la procédure phonologique qui permet l’élaboration progressive du lexique orthographique (Share, 1995, 2008).

7 L’implémentation de cette hypothèse développementale d’auto-apprentissage dans le cadre du modèle a double voie a récemment été réalisée avec succès (Ziegler, Perry, & Zorzi, 2014). Lors de la phase initiale, un nombre relativement restreint de correspondances graphème-phonème était appris au système. Par la suite, face à une séquence orthographique (ex. vélo), sur base des correspondances graphème-phonème apprises, le réseau de correspondances ortho-phonologiques décodait le nouveau mot écrit. Ce dernier était supposé disposer d’une représentation phonologique préexistante dans le lexique phonologique (ex. /velo/). Le mécanisme de décodage activait cette représentation phonologique et créait une nouvelle entrée orthographique (ex. vélo). La représentation phonologique était utilisée comme un signal d’apprentissage interne améliorant l’efficacité du réseau ortho-phonologique. Ce modèle développemental simule bien les conditions d’apprentissage de la lecture avec une phase initiale d’enseignement explicite des correspondances graphème-phonème, puis une élaboration progressive des représentations orthographiques par l’enfant lui-même, alors que le retour correctif par l’enseignant se fait plus rare.

8 En conclusion, retenons que la lecture correspond à deux types d’habiletés : la reconnaissance des mots écrits d’une part, la compréhension de l’écrit d’autre part. Il est généralement considéré que la reconnaissance des mots écrits s’effectue selon deux types de procédures : la procédure phonologique (application des règles de conversion graphème-phonème) et la procédure orthographique (activation des représentations orthographiques stockées en mémoire). Au cours de l’apprentissage de la lecture, l’enfant passe progressivement d’un traitement séquentiel des lettres à un processus orthographique de traitement simultané, par l’utilisation réussie et répétée du recodage phonologique.

3. – Les liens entre les habiletés langagières orales et la lecture

9 Connaître les liens entre les habiletés langagières orales et la lecture chez l’enfant au développement typique est également un préalable nécessaire à la compréhension des liens entre ces deux domaines chez l’enfant au développement langagier pathologique. Cette question des liens oral/écrit a été abordée par les chercheurs au moyen d’études longitudinales sur les facteurs prédictifs des capacités de lecture chez l’enfant au développement typique. Dans l’ensemble, ces travaux montrent que les facteurs prédictifs dépendent du type de capacité de lecture examiné (reconnaissance de mots écrits, compréhension en lecture), de l’âge auquel les facteurs prédictifs sont mesurés et de l’âge auquel les aptitudes en lecture sont évaluées (Elbro & Scarborough, 2004).

10 La reconnaissance des mots écrits est principalement prédite par les habiletés phonémiques des enfants. Quant à la compréhension de l’écrit, elle s’avère fortement dépendante de la reconnaissance des mots écrits, chez les lecteurs débutants. Par la suite, à mesure que les capacités de reconnaissance des mots écrits s’améliorent, la force de ce lien s’amoindrit. Chez les lecteurs plus avancés (tout comme chez les bons décodeurs précoces), la capacité de reconnaissance de mots écrits devient moins prédictive de la capacité à comprendre l’écrit (Gentaz, Sprenger-Charolles, & Theurel, 2015). En fin de scolarité, la compréhension de l’écrit devient plus largement dépendante de capacités langagières générales concernant les niveaux lexical, morphosyntaxique et discursif (cf. section 2.1). Dans leur revue narrative de littérature portant essentiellement sur la période d’enseignement primaire (première à quatrième ou cinquième primaire), Hulme et Snowling (2014) synthétisent les résultats de la manière suivante. Le développement des capacités de reconnaissance des mots écrits dépend essentiellement des capacités phonologiques ; la conscience phonémique, la connaissance des lettres et la dénomination rapide étant les trois principaux prédicteurs de la capacité à reconnaître les mots écrits. Les capacités de compréhension de l’écrit sont surtout liées à diverses capacités de compréhension orale comme le vocabulaire, les habiletés grammaticales et pragmatiques.

11 Puisque le développement de la lecture est fortement dépendant des compétences orales, il est aisément concevable qu’un trouble d’articulation, de parole et/ou de langage oral occasionne des troubles de lecture, à divers niveaux. Avant de s’intéresser directement à cette question, un dernier préalable consiste à préciser ce que sont les troubles spécifiques d’articulation, de parole et/ou de langage oral. C’est à ce sujet qu’est dédiée la section suivante.

4. – Les troubles spécifiques d’articulation, de parole et/ou de langage oral

4.1. – Introduction

12 Dans cette section, nous réalisons une mise au point approfondie sur la définition des troubles spécifiques d’articulation, de parole et/ou de langage oral, car ce domaine de recherche est chargé de confusion et de contradictions.

13 L’une des causes de cette confusion est la complexité du langage oral lui-même. Il est en effet possible de subdiviser les connaissances langagières en dix composantes fondamentales : 4 niveaux linguistiques (phonologique, lexical, morphosyntaxique, discursif) [3] × 2 versants (réceptif, expressif) [4]. À ces huit domaines, peut être ajoutée la dimension articulatoire. Cette dimension est purement expressive. Elle correspond à la capacité à réaliser des mouvements coordonnés des organes articulatoires (lèvres, langue, joue) en vue de produire des phonèmes. Enfin, les habiletés pragmatiques correspondent aux capacités d’utilisation du langage en vue de communiquer avec autrui. La gamme des profils langagiers des enfants présentant un trouble est donc vaste, puisque les profils varient suivant le nombre de composantes langagières atteintes, suivant l’identité des composantes affectées et le degré de sévérité de chacune de ces atteintes.

14 Une autre cause de la confusion dans le domaine des troubles du langage oral est la diversité des avis. Globalement, deux conceptions - l’une francophone, l’autre anglo-saxonne - divergent. Au sein de la conception anglo-saxonne (utilisée dans la littérature internationale), il n’existe pas ou peu de consensus sur la définition des troubles. Les chercheurs et praticiens francophones ont donc une triple tâche : 1. connaître la conception francophone qui influence inévitablement leurs pratiques ; 2. connaître la conception anglo-saxonne pour tirer adéquatement bénéfice des connaissances issues de la recherche internationale ; 3. établir des liens entre ces deux conceptions.

15 Avant de présenter les différences entre ces deux conceptions, soulignons tout de même qu’elles ont en commun d’utiliser le terme « langage » dans son acception stricte : des difficultés de langage portent sur les domaines lexical, morphosyntaxique et/ou discursif. Il s’agit de difficultés sémantico-syntaxiques. « Un trouble […] du langage oral […] inclut des déficits portant sur la sémantique, la syntaxe et/ou le discours » (Catts, Adlof, Hogan, & Ellis Weismer, 2005, p. 1392). Étonnamment, les scientifiques et les praticiens exerçant dans le domaine des troubles développementaux oraux, ne considèrent pas la phonologie comme un domaine proprement langagier. Les écrits de Catts et Leonard en témoignent : « Le terme “troubles du langage oral” a traditionnellement été utilisé pour décrire les enfants avec des déficits langagiers oraux indépendamment de la présence ou de l’absence de déficits phonologiques » (Catts et al., 2005, p. 1392). « […] Les enfants avec un trouble phonologique sont inclus dans la catégorie des troubles […] du langage à condition qu’ils présentent de faibles résultats à d’autres mesures langagières » (Leonard, 2014, p. 19). Dorénavant, dans cette revue de littérature, pour employer la même terminologie que les scientifiques et praticiens du domaine des troubles à l’oral, nous utiliserons donc par défaut le terme « langage » dans son acception stricte, c’est-à-dire en excluant les composantes articulatoires et phonologiques. Occasionnellement, lorsque nous souhaiterons évoquer le langage, dans son acception générale (mode oral de communication incluant l’ensemble des dix composantes précitées), nous préciserons la mention suivante : « le langage au sens large ».

4.2. – La conception francophone

16 La conception francophone donne lieu à très peu de publications, quelle que soit la thématique précise de recherche. De plus, ses supports de communication sont généralement peu reconnus par la communauté scientifique internationale (ex. revues non référencées dans les grandes bases de données). Toutefois, cette conception détermine en grande partie l’organisation des soins de santé publique dans les zones géographiques francophones (ex. services de soins dédiés aux enfants dysphasiques). De ce fait, elle influence les représentations des professionnels, praticiens comme chercheurs. Par exemple, pour des expériences de recherche, le recrutement des participants s’effectue dans des classes spécialisées pour enfants dysphasiques ou auprès de centres de diagnostic utilisant la conception francophone.

17 Dans cette conception, il existe essentiellement quatre types de troubles du langage (au sens large) : le trouble articulatoire, le retard de parole, le retard de langage et la dysphasie (Romagny, 2008). Premièrement, le trouble articulatoire correspond à une incapacité à réaliser le geste moteur exact qu’exige la production d’un phonème. Il se manifeste par des distorsions (bruits faux n’appartenant pas au répertoire phonétique de la langue), des omissions ou des substitutions de phonèmes. Ces erreurs motrices sont systématiques : elles sont produites chaque fois que le phonème doit être produit (Brin, Courrier, Lederlé, & Masy, 2004; Campolini, Van Hövell, & Vansteelandt, 1997). Le trouble articulatoire touche le composant périphérique du système de production de la parole (Schelstraete, Bragard, Collette, Nossent, & Van Schendel, 2011).

18 Deuxièmement, le retard de parole correspond à un délai dans l’acquisition des compétences phonologiques. Dans ce cas, les difficultés portent sur le composant central du traitement de la parole : sur les représentations phonologiques. En cas de retard de parole, les performances phonologiques des jeunes enfants sont plus limitées, moins précises que celles de leurs pairs de même âge, sur les deux versants du langage (réception, expression). Certaines productions phonologiques sont erronées. Par exemple, certains enfants avec un retard de parole ont tendance à omettre le phonème /r/ en position finale des mots (« couleur » est dit /kulœu/) alors qu’ils sont capables de prononcer correctement ce phonème en position initiale ou médiane, comme dans les mots « repas » ou « parent » (voir d’autres exemples dans Brin et al., 2004). Ces erreurs sont appelées des processus phonologiques simplificateurs (Schelstraete, Maillart, & Jamart, 2004).

19 Troisièmement, le retard de langage correspond à un développement retardé ou ralenti du lexique et/ou de la morphosyntaxe, surtout sur le versant expressif (Brin et al., 2004). La compréhension langagière est généralement préservée, ou présente de légères limitations. [5] Dans certains cas, il existe également une limitation des compétences discursives. Les retards de parole et de langage sont considérés comme transitoires : vers six ans, le niveau est censé être normal, le retard est supposé résorbé. En somme, le retard de parole et le retard de langage sont considérés comme des troubles transitoires relativement légers.

20 Au contraire, la dysphasie (quatrième type de trouble) qui peut affecter la phonologie, le lexique et la morphosyntaxe, est considérée comme un trouble sévère et durable du langage oral (Brin et al., 2004 ; Mazeau & Pouhet, 2014). Pour ce qui est du critère de sévérité, le seuil pathologique adopté en pratique clinique est bas : il est généralement situé à -2 écarts-types (ET) des enfants de même âge (Thordardottir et al., 2011). Les troubles langagiers des personnes dysphasiques persistent à l’âge adulte (Audollent & Tuller, 2003).

21 Notons que certains des quatre troubles évoqués précédemment peuvent coexister chez un même enfant : un retard de parole peut être associé à un retard de langage, un trouble articulatoire peut être associé à un retard de parole et/ou de langage, ou bien à une dysphasie.

22 D’une manière générale, la conception francophone établit des distinctions tranchées entre les troubles articulatoires d’une part et les troubles phonologiques (retard de parole) d’autre part ; et entre les troubles supposés transitoires d’une part (retard de parole et retard de langage) et les troubles durables (dysphasie) d’autre part. Toutefois, cette conception dichotomique est discutable. En effet, pour ce qui concerne la distinction articulation/phonologie, les habiletés articulatoires et les compétences phonologiques se développent en même temps et vraisemblablement de manière hautement interdépendante (Schelstraete et al., 2011). Pour ce qui est de la distinction trouble transitoire/trouble persistant, la notion même de trouble transitoire a été débattue et contestée par les résultats d’une étude longitudinale menée auprès d’enfants ayant présenté un trouble spécifique du langage oral à quatre ans (Bishop & Edmundson, 1987). [6] Parmi ces enfants, ceux dont le trouble s’était apparemment résorbé à cinq et demi présentaient, à quinze ans et demi, des performances significativement inférieures à celles du groupe contrôle de même âge en répétition de pseudomots et d’énoncés et en contrepèteries. En revanche, à des tâches lexicales (désignation, dénomination d’images, définition de mots) et de compréhension d’énoncés (TROG en anglais, équivalent de l’E.CO.S.SE., Lecocq, 1996), les scores de ces jeunes ne différaient pas significativement de ceux des contrôles de même âge (Stothard, Snowling, Bishop, Chipchase, & Kaplan, 1998). L’existence de séquelles à long terme chez des enfants ayant présenté un trouble spécifique du langage oral présumé résorbé vers cinq ans et demi a conduit certains auteurs à évoquer la notion de récupération illusoire (Scarborough & Dobrich, 1990). De ce fait, considérer que les troubles du langage oral s’étalent sur un continuum de sévérité et ne s’organisent pas en deux classes disjointes (troubles transitoires à résorption totale vs troubles persistants) s’avère plus conforme à la réalité (Piérart, 2004). C’est pourquoi la conception francophone tend à disparaître progressivement au profit de la conception anglo-saxonne, tout du moins dans le domaine de la recherche.

4.3. – La conception anglo-saxonne

23 Dans la conception anglo-saxonne, les distinctions évoquées précédemment n’existent pas ou sont beaucoup moins marquées. Seuls deux grands types de troubles du langage oral (au sens large) sont identifiés. Premièrement, les « troubles des sons de la parole » [7] (Speech Sound Disorder, en anglais) sont de nature phonético-phonologique. Ils regroupent les troubles articulatoires comme les omissions ou substitutions phonémiques systématiques (d’origine supposée périphérique, motrice) et les troubles phonologiques (d’origine supposée centrale, portant sur la qualité des représentations phonologiques). Ils concernent des troubles dont l’étiologie s’avère connue (ex. syndrome de Down) et inconnue (Shriberg, 2010). C’est notamment à ce dernier sous-groupe que nous nous intéresserons dans cette revue de littérature : les enfants présentant des troubles des sons de la parole d’origine inconnue à ce jour, que nous appellerons par la suite des Troubles spécifiques des sons de la parole (TSSP). [8] Les TSSP sont caractérisés par une différence notable dans l’acquisition des sons de la parole (ex. substitutions ou omissions de phonèmes) conduisant à une intelligibilité réduite (Anthony et al., 2011 ; Shriberg, 2003).

24 Le deuxième type de troubles identifié par les chercheurs et cliniciens anglo-saxons concerne les Troubles spécifiques du langage oral (TSLO ; Specific Language Impairment, en anglais). Ces troubles touchent les niveaux langagiers lexical et/ou morphosyntaxique et/ou discursif. Comme évoqué précédemment, l’existence d’un trouble phonologique n’est pas nécessaire à l’identification d’un TSLO. Pour la plupart des chercheurs, il ne constitue pas un critère d’inclusion du TSLO. Cela paraît tout à fait étonnant, pour les trois raisons suivantes. Premièrement, sur le plan linguistique, la phonologie est considérée comme un domaine fondamental du langage, puisqu’elle constitue, selon Martinet, l’un des deux niveaux de segmentation du langage (la seconde articulation : combinaison des phonèmes pour former des morphèmes ; Soutet, 1995). Deuxièmement, la comorbidité entre le TSLO et le trouble phonologique est non négligeable (Pennington & Bishop, 2009) et certains auteurs supposent que les déficits phonologiques des enfants avec un TSLO peuvent être à l’origine de leurs troubles morphosyntaxiques (pour une revue, voir Parisse & Maillart, 2008). Troisièmement, la tâche phonologique de répétition de pseudomots est reconnue comme un très bon outil pour distinguer un enfant avec un TSLO d’un enfant de même âge au développement typique (Archibald, 2008 ; Coady & Evans, 2008 ; Dollaghan & Campbell, 1998 ; Ellis Weismer et al., 2000).

25 À propos des critères d’inclusion relatifs au TSLO, il n’existe pas d’accord chez les praticiens et les chercheurs anglo-saxons (Dockrell & Lindsay, 2014). En témoigne le récent numéro spécial de l’International Journal of Language & Communication Disorders rassemblant l’avis de nombreux scientifiques et cliniciens experts du domaine, sans aboutir à un accord clair (Bishop, 2014 ; Reilly, Tomblin, et al., 2014; Reilly, Bishop, & Tomblin, 2014). Toutefois, les « normes EpiSLI » font l’objet d’un léger consensus (Leonard, 1998 ; Leonard et al., 2007). Ces normes ont été déterminées par l’équipe de Tomblin (Tomblin, Records, & Zhang, 1996). Ces chercheurs ont identifié, à l’aide d’un test et d’une batterie langagières anglophones, le seuil offrant une sensibilité et une spécificité maximales, concernant le diagnostic de TSLO. Pour cela, ces auteurs ont relevé les scores de plus de 1 500 enfants de 5-6 ans, dans trois domaines langagiers oraux (lexique, grammaire, narration) et sur les deux versants (compréhension, expression). Sur base de ces six mesures excluant la phonologie, cinq scores composites ont été calculés ().

Tableau 1.

Domaines et versants langagiers mesurés dans le système EpiSLI, scores composites dérivés de ces mesures. Adapté de « A system for the diagnosis of specific language impairment in kindergarten children », de J. B. Tomblin, N. L. Records et X. Zhang, 1996, Journal of Speech and Hearing Research, 39, p. 1287.

tableau im1

Domaines et versants langagiers mesurés dans le système EpiSLI, scores composites dérivés de ces mesures. Adapté de « A system for the diagnosis of specific language impairment in kindergarten children », de J. B. Tomblin, N. L. Records et X. Zhang, 1996, Journal of Speech and Hearing Research, 39, p. 1287.

Table 1. Language areas and modalities measured in the EpiSLI system, composites scores derived from these measures. Adapted from « A system for the diagnosis of specific language impairment in kindergarten children », by J. B. Tomblin, N. L. Records and X. Zhang, 1996, Journal of Speech and Hearing Research, 39, p. 1287.

26 Le critère de TSLO, intitulé « normes EpiSLI », a été obtenu en comparant les mesures langagières objectives des enfants à l’avis diagnostique de cliniciens, considéré comme la mesure de référence. Ces normes EpiSLI établies sont les suivantes : un score inférieur à -1,25 ET à au moins deux scores composites de langage. Un an plus tard, moins de la moitié des enfants initialement étiquetés TSLO sur base des critères EpiSLI répond à nouveau à ces mêmes critères, et seulement un tiers a consulté un orthophoniste. Il est donc probable que ce seuil pathologique de -1,25 ET identifie un nombre considérable de faux-positifs (Norbury, 2014).

27 Pourtant, depuis la publication des critères EpiSLI, le seuil pathologique de -1,25 ET est fréquemment utilisé dans les études auprès d’enfants avec un TSLO. Il est généralement appliqué à des mesures langagières (ex. phonologie et morphosyntaxe en production) et des tests (ex. francophones) différents de l’étude de Tomblin et ses collègues, ce qui est largement discutable. D’une étude à l’autre, les critères d’inclusion des enfants avec un TSLO sont donc très variables, ce qui complique l’interprétation des résultats. Selon nous, l’utilisation du seuil de -1,64 ET correspondant à la limite des 5% généralement employée dans les analyses de groupes en sciences humaines représente une solution assez raisonnable.

28 D’une manière générale, les TSSP et les TSLO s’étendent sur un continuum de sévérité, depuis des formes légères et transitoires (l’équivalent des retards de parole et de langage, dans la conception francophone) jusqu’à des tableaux cliniques sévères et persistants (TSLO + TSSP, correspondant à une dysphasie, dans bon nombre de cas) en passant par des formes intermédiaires d’intensité modérée. Ils recouvrent donc des populations très différentes, d’une étude à l’autre, et parfois au sein d’une même étude. Par exemple, pour ce qui concerne le TSLO, il peut s’agir d’enfants jeunes présentant un retard initial de mise en place du langage, retard qui va ensuite se résorber totalement ou en grande partie ; comme il peut s’agir d’enfants un peu plus âgés bénéficiant d’une rééducation orthophonique depuis plusieurs années. Il peut être question d’enfants présentant des difficultés langagières légères (-1 ET), modérées (-1,5 ET) ou sévères (< -2 ET), d’enfants présentant un déficit expressif isolé ou associé à un trouble réceptif (Parisse & Maillart, 2009). La population des enfants avec TSSP ou un TSLO est donc très hétérogène.

29 La notion de comorbidité relevée dans le cadre de la conception francophone est également présente dans le cadre de la conception anglo-saxonne : la co-occurrence des TSSP et des TSLO est fréquente (Pennington & Bishop, 2009). L’estimation de cette comorbidité est rendue difficile pour les trois raisons principales suivantes. Premièrement, le taux de comorbidité dépend de la prévalence de chacun des deux troubles et de leur taux de résorption. Or, ces deux facteurs varient en fonction de l’âge des enfants (Pennington & Bishop, 2009). Ceci rend complexe l’estimation précise de la comorbidité de ces deux troubles. Deuxièmement, le type et la méthode de sélection des cohortes influencent considérablement le calcul du taux de comorbidité (Pennington & Bishop, 2009). En particulier, les études fondées sur des échantillons cliniques (ex. recrutement via des professionnels médicaux ou paramédicaux) tendent à surestimer le taux de comorbidité des TSSP et des TSLO, comparativement aux échantillons épidémiologiques (ex. recrutement auprès d’individus tout-venant). Troisièmement, le calcul du taux de comorbidité dépend des méthodes d’identification de chacun des deux troubles (ex. critères, seuils pathologiques). Or, ces méthodes ne font pas l’objet d’un consensus clair. Pour ces trois raisons, il existe une très grande variabilité des taux de comorbidité d’une étude à l’autre. Une illustration convaincante de ce phénomène est apportée par une revue de littérature concernant 24 études fondées sur des échantillons cliniques : parmi les enfants recrutés sur le motif d’un TSSP ou d’un TSLO, 9 à 77% (suivant les études) présentent de surcroît un TSLO ou un TSSP, respectivement (Shriberg & Austin, 1998 ; Shriberg, Tomblin, & McSweeny, 1999). D’une manière générale, retenons donc que le risque de comorbidité des TSSP et des TSLO est non négligeable.

5. – Les modèles concernant les liens entre les troubles spécifiques d’articulation, de parole et/ou de langage oral et les troubles de lecture

30 Beaucoup d’enfants présentant des difficultés à l’oral présentent également un trouble de lecture ; beaucoup d’enfants avec un trouble spécifique de reconnaissance des mots écrits (dyslexie) présentent aussi des difficultés de langage oral (McArthur et al., 2000). Ceci a conduit des scientifiques à discuter de la question du lien entre le TSSP, le TSLO et la dyslexie [9]. À ce propos, quatre principaux modèles ont été proposés (référencés ci-après 5.1, 5.2, 5.3, 5.4 ; Figures 1 et 2). Deux d’entre eux permettent de modéliser les liens entre le TSSP et la dyslexie (5.2, 5.4). Tous les quatre permettent de modéliser les liens entre le TSLO et la dyslexie.

Trois modèles des relations entre les TSLO et les troubles de reconnaissance des mots écrits. Adapté de « Are specific language impairment and dyslexia distinct disorders? », de H. W. Catts, S. M. Adlof, T. P. Hogan et S., Ellis Weismer, 2005, Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 48, p. 1380.

figure im2

Trois modèles des relations entre les TSLO et les troubles de reconnaissance des mots écrits. Adapté de « Are specific language impairment and dyslexia distinct disorders? », de H. W. Catts, S. M. Adlof, T. P. Hogan et S., Ellis Weismer, 2005, Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 48, p. 1380.

Figure 1. Three models of the relationship between specific language impairment and written word recognition disability. Adapted from « Are specific language impairment and dyslexia distinct disorders? », by H. W. Catts, S. M. Adlof, T. P. Hogan and S., Ellis Weismer, 2005, Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 48, p. 1380.

Modèle des déficits multiples. C : processus cognitif, D : déficit, E : facteur environnemental, G : facteur génétique, N : système neuronal. Adapté de « From single to multiple deficit models of developmental disorders », de B. F. Pennington, 2006, Cognition, 101, p. 404.

figure im3

Modèle des déficits multiples. C : processus cognitif, D : déficit, E : facteur environnemental, G : facteur génétique, N : système neuronal. Adapté de « From single to multiple deficit models of developmental disorders », de B. F. Pennington, 2006, Cognition, 101, p. 404.

Figure 2. Multiple deficit model. C : cognitive process, D : disorder, E : environmental risk or protective factor, G : genetic risk or protective factor, N : neural system. Adapted from « From single to multiple deficit models of developmental disorders », by B. F. Pennington, 2006, Cognition, 101, p. 404.

5.1. – Le modèle de comorbidité fortuite

31 Selon les auteurs de ce modèle, le TSLO et la dyslexie ne partageraient aucun point commun. Les déficits sous-jacents au TSLO et à la dyslexie seraient de nature sémantico-syntaxique et phonologique, respectivement (Catts et al., 2005 ; Figure 1). La comorbidité de ces deux troubles serait fortuite et limitée à ce que le hasard pourrait expliquer (Schelstraete, 2012).

5.2. – Le modèle de sévérité

32 Selon les auteurs de ce modèle, le TSLO et la dyslexie auraient une dimension commune : ces troubles seraient deux manifestations d’un même déficit phonologique sous-jacent dont l’intensité s’étendrait sur un continuum allant de formes légères – la dyslexie – à sévères – le TSLO – (Kamhi & Catts, 1986). En cas de TSLO, le trouble phonologique serait probablement à l’origine du trouble sémantico-syntaxique caractéristique du TSLO (Figure 1). Les prédictions de ce modèle sont notamment les suivantes. 1. Tous les enfants avec un TSLO présenteraient nécessairement un trouble de reconnaissance des mots écrits. 2. La nature du trouble phonologique devrait être identique en cas de TSLO et de dyslexie. 3. Les capacités de reconnaissance des mots écrits et les compétences liées à la lecture (ex. conscience phonologique) devraient être plus déficitaires chez les enfants avec un TSLO que chez les enfants dyslexiques. 4. Les troubles de reconnaissance des mots écrits de type phonologique (vs surface) devraient être plus fréquents en cas de TSLO qu’en cas de dyslexie.

33 Cette hypothèse de sévérité du déficit phonologique a également été développée par Pennington (2006) pour modéliser les liens entre le TSSP (forme sévère) et la dyslexie (forme légère). Les prédictions sont les mêmes que celles énoncées au-dessus, mais appliquées au TSSP au lieu du TSLO.

5.3. – Le modèle du double déficit ou du déficit additionnel

34 Comme pour le modèle précédent, les auteurs de ce modèle postulent que le TSLO et la dyslexie ont comme point commun un seul déficit sous-jacent phonologique. Mais, contrairement au modèle de sévérité, l’intensité de ce déficit serait identique dans les deux pathologies. Et les individus avec un TSLO présenteraient un déficit additionnel de type sémantico-syntaxique, constituant le TSLO (Bishop & Snowling, 2004 ; Figure 1). Les prédictions 1. et 2. du modèle précédent sont également adaptées à ce modèle. 3. Une troisième prédiction diffère du modèle précédent : la distribution des différents types de trouble de reconnaissance des mots écrits (phonologique vs surface) devrait être la même en cas de TSLO et de dyslexie (si nous considérons comme relativement négligeables les effets du trouble sémantico-syntaxique sur la reconnaissance des mots écrits).

5.4. – Le modèle des déficits multiples

35 Selon ce modèle, le TSLO, le TSSP et la dyslexie partageraient de multiples déficits (Pennington, 2006 ; Pennington & Bishop, 2009). Contrairement aux trois modèles précédents qui tentent d’expliquer les liens entre ces troubles par des analyses uniquement comportementales et cognitives, le modèle des déficits multiples prend en compte ces mêmes niveaux d’analyse, en y ajoutant des niveaux liés notamment aux observations neurologiques et médicales (Figure 2). Selon ce modèle, l’étiologie du TSLO, du TSSP et de la dyslexie serait multifactorielle. Elle impliquerait l’interaction de divers facteurs de risque et de protection, notamment génétiques et environnementaux. Ces facteurs entraveraient le développement de certaines fonctions cognitives, générant ainsi le TSLO, le TSSP ou la dyslexie. La comorbidité entre ces pathologies proviendrait du fait qu’elles partageraient certains facteurs de risque étiologiques et cognitifs.

36 L’examen de la validité de chacun de ces modèles nécessite de prendre connaissance des études décrivant les aptitudes en lecture des enfants avec des difficultés à l’oral (pour confronter ultérieurement les modèles et les données). C’est à ce sujet qu’est dédiée la section suivante.

6. – Les capacités de lecture des enfants présentant ou ayant présenté des troubles spécifiques d’articulation, de parole et/ou de langage oral

6.1. – Introduction

37 La quasi-totalité des publications scientifiques sur ce thème relève de la conception anglo-saxonne. La littérature que nous avons consultée est issue d’articles (dans des revues à comité de lecture) et de livres. Au départ, les publications ont été sélectionnées si leur titre contenait des mots ou expressions liées à la lecture ou à ses troubles (reading, literacy, dyslexia, reading retardation, reading disabilities, reading disorder) et à au moins l’un de ces trois troubles : 1. le TSSP (speech sound disorder, expressive phonological impairment, phonological disorder, speech impairment, speech difficulties) ; 2. le TSLO (language impairment, language disorder, specific language impairment) ; 3. le TSLO + TSSP (speech-language impairment, specific speech and language impairment). Nous avons écarté toute étude liée à la dyspraxie verbale (children apraxia of speech) ou à la dysarthrie (dysarthria). Par la suite, nous avons consulté d’autres publications sur base des références de ces articles initiaux. Nous nous attendions à ce que les publications avec un titre comportant les termes 1. concernent des TSSP isolés (sans TSLO associé) ; les termes 2. des TSLO isolés (sans TSSP associé) ; les termes 3. des TSLO + TSSP (association des deux troubles, chez chaque enfant de la cohorte). Ceci aurait permis de réaliser une analyse précise des habiletés de lecture des enfants en fonction des divers profils oraux. Ce n’était pas souvent le cas. Par exemple, l’étude de Catts (1993) intitulée « The relationship between speech-language impairments and reading disabilities » correspond à des enfants avec un TSLO +/– TSSP : une cohorte réunissant des enfants avec un TSLO isolé et des enfants avec un TSLO + TSSP.

38 De manière générale, il existe un nombre non négligeable d’études sur les TSSP isolés, alors que les études sur les TSLO isolés et sur les TSLO + TSSP sont peu nombreuses. En revanche, beaucoup études ont été menées auprès d’enfants avec un TSLO +/– TSSP. Dans la majorité des cas, les auteurs ne précisent pas quel pourcentage de leur cohorte présente un TSLO isolé et quel pourcentage présente un TSLO + TSSP. Ces études aux populations hétérogènes ne permettent donc pas toujours d’analyser précisément les habiletés de lecture des enfants en fonction de leur profil oral ().

39 Dans cette revue de littérature, pour pouvoir analyser au mieux les habiletés de lecture des enfants en fonction de leur profil oral, nous nous efforcerons de mentionner l’étiquette diagnostique des individus posée sur base de leurs scores (ex. TSSP isolé), mais également de décrire un peu plus en détail leurs compétences orales, autant que possible. Ci-dessous, nous présentons successivement les capacités de lecture des enfants avec un TSSP isolé et celles des enfants avec un TSLO +/– TSSP.

Tableau 2.

Exemples d’études sur les résultats en lecture d’enfants avec un TSSP et/ou un TSLO.

tableau im4

Exemples d’études sur les résultats en lecture d’enfants avec un TSSP et/ou un TSLO.

Table 2. Examples of studies on reading outcomes in children with SSD and/or SLI.
Tableau 2.

Continued :

tableau im5

Continued :

Tableau 2.

Continued :

tableau im6

Continued :

Tableau 2.

Continued : [10]

tableau im7

Continued : [10]

6.2. – En cas de troubles spécifiques des sons de la parole (TSSP isolé)

40 Les résultats des études concernant le niveau de lecture sont contradictoires, en cas de troubles concernant uniquement les sons de la parole (TSSP isolé), ou lorsque ce trouble est le principal symptôme d’un trouble expressif un peu plus étendu (Dodd, 2005 ; Peterson, Pennington, Shriberg, & Boada, 2009). Dans ce dernier cas, il s’agit d’un TSSP associé à une légère faiblesse sémantico-syntaxique, ne justifiant pas pour autant le diagnostic de TSLO. Certaines recherches indiquent qu’en lecture, ces enfants présentent un niveau similaire à celui d’enfants contrôles de même âge chronologique, en reconnaissance de mots écrits ou en compréhension de lecture (Bishop & Adams, 1990 ; Catts, 1993 ; Lewis & Freebairn, 1992 ; Nathan et al., 2004 ; Snowling et al., 2000). D’autres indiquent, au contraire, que ces enfants présentent des capacités limitées de reconnaissance de mots écrits ou de compréhension en lecture, par rapport à des enfants contrôles de même âge chronologique ou par rapport aux normes de tests diffusés (Bird et al., 1995 ; Gillon, 2000 ; Leitão & Fletcher, 2004 ; Preston et al., 2013).

41 Comment expliquer des résultats apparemment si discordants ? Nous identifions deux types d’explication. Le premier est d’ordre méthodologique. En effet, la taille des échantillons de certaines études est relativement limitée. La puissance statistique pour détecter d’éventuelles différences de groupes l’est donc également (Peterson et al., 2009). Dans ce cas, le calcul de la prévalence des troubles de lecture au sein du groupe d’enfants avec un TSSP et au sein du groupe contrôle peut être utile. Il s’agit de comptabiliser le nombre d’enfants présentant un trouble de lecture comparativement aux normes de tests diffusés ou aux normes du groupe contrôle de même âge. Mais cette méthodologie n’est pas toujours utilisée. Par exemple, dans l’étude de Catts (1993), quinze enfants avec un TSSP isolé sont identifiés en maternelle. À l’école élémentaire, douze de ces quinze enfants présentent encore un TSSP. En première et deuxième primaires, les performances de ce groupe ne se différencient pas significativement de celles du groupe contrôle de même âge, en reconnaissance de mots écrits et en compréhension de l’écrit. Dans ces deux groupes, le pourcentage d’enfants souffrant d’un trouble de lecture n’est pas communiqué. Dans l’étude longitudinale de Bishop et ses collègues, sur les douze enfants qui présentaient un TSSP à quatre ans, seulement dix enfants sont évalués en lecture à quinze ans, en reconnaissance de mots écrits et en compréhension de l’écrit (Snowling et al., 2000) [11]. Les analyses de groupes montrent qu’en lecture de pseudomots et en compréhension de l’écrit, les scores de ces jeunes sont relativement faibles comparativement à ceux du groupe contrôle de même âge, bien que cette faiblesse n’atteigne pas le seuil de significativité statistique (ex. pour la compréhension de l’écrit : p = 0,056). Les analyses individuelles montrent qu’aucun individu ne présente de trouble de lecture à quinze ans.

42 De plus, le critère pour identifier un TSSP isolé est assez variable d’une étude à l’autre. Il est strict dans certaines études (ex. un score normalisé d’au moins 80 pour chacun des autres domaines langagiers, dans l’étude de Bishop et Adams, 1990), plus souple dans d’autres (ex. un score normalisé langagier total d’au moins 77, dans l’étude de Leitão et Fletcher, 2004). Ainsi, certaines études concernent des enfants présentant des TSSP isolés ; alors que d’autres s’intéressent à des enfants présentant des troubles expressifs plus étendus, touchant probablement aussi la morphosyntaxe, et s’apparentant vraisemblablement à des TSLO + TSSP (Leitão & Fletcher, 2004 ; Preston et al., 2013). Dans tous les cas, la compréhension n’est pas altérée ; mais là encore, les seuils sont plus ou moins souples d’une étude à l’autre.

43 Il existe un deuxième type d’explication à la discordance des résultats de la littérature sur les capacités de lecture des enfants aux troubles concernant uniquement ou principalement les sons de la parole (TSSP) : l’hétérogénéité de cette population. Nous suggérons trois arguments. Premièrement, Bishop et Adams (1990) formulent l’hypothèse dite « de l’âge critique ». Il s’agit en réalité d’une hypothèse de sévérité et de persistance : les enfants avec des TSSP isolés légers ou modérés généralement résorbés avant le début de l’enseignement de la lecture, ne présenteraient pas de trouble de lecture, tout du moins pendant les premières années d’apprentissage. Alors que les enfants aux TSSP isolés plus sévères, généralement persistants après le début de l’enseignement de la lecture, présenteraient un trouble de lecture. Deuxièmement, le groupe d’enfants avec un TSSP isolé se subdiviserait en deux sous-groupes : ceux produisant peu d’erreurs phonologiques non développementales (ex. sonorisations, ajouts), ceux en réalisant beaucoup. En effet, les enfants dont les erreurs non développementales concernent plus de 10% de leurs erreurs phonologiques vers 4–5 ans présentent, quelques années plus tard, des résultats en lecture et en orthographe significativement inférieurs à ceux dont les erreurs phonologiques non développementales représentent moins de 10% de leurs erreurs vers 4–5 ans (Leitão & Fletcher, 2004 ; Preston et al., 2013). Un taux élevé d’erreurs non développementales serait donc un facteur prédictif de trouble de lecture. Un troisième argument pourrait participer à expliquer la discordance des résultats concernant les capacités de lecture des enfants avec un TSSP isolé. Les enfants disposant des meilleures compétences sémantico-syntaxiques en tireraient profit, en lecture, pour pallier leur déficit phonologique et leurs difficultés de conversion graphème-phonème (Dodd, 2005 ; Snowling et al., 2000 ; Stothard et al., 1998). Par ce comportement compensatoire, leurs compétences en reconnaissance de mots écrits se maintiendraient autour de la norme, au moins pendant les premières années d’apprentissage de la lecture. Au contraire, d’autres enfants aux compétences sémantico-syntaxiques plus limitées (ne justifiant pas pour autant un diagnostic de TSLO) mettraient en place ce moyen compensatoire de façon moins efficace. Ils seraient en difficulté concernant la reconnaissance de mots écrits plus tôt dans leur scolarité.

44 Pour résumer, les résultats de la littérature sont discordants (Pennington & Bishop, 2009) et il est difficile de savoir, à l’heure actuelle, si un TSSP isolé constitue, en soi, un facteur de risque de trouble ultérieur de lecture. Toutefois, certaines caractéristiques phonologiques ou langagières des enfants avec un TSSP représentent un réel facteur de risque de troubles de lecture : la persistance et la sévérité du TSSP, de nombreuses erreurs phonologiques non développementales, des capacités sémantico-syntaxiques plus limitées. Le risque de trouble ultérieur de lecture s’expliquerait, en cas de TSSP persistant, sévère et en cas d’erreurs phonologiques non développementales, par des représentations phonologiques sous-spécifiées; en cas de capacités sémantico-syntaxiques plus limitées, par de plus faibles possibilités de compensation du trouble de reconnaissance des mots écrits.

6.3. – En cas de troubles spécifiques du langage oral, associés ou non à des troubles spécifiques des sons de la parole (TSLO +/– TSSP)

45 Compte tenu des fortes relations entre le langage oral et écrit, les enfants avec un TSLO +/– TSSP sont à haut risque de troubles langagiers écrits. Ils présentent souvent des difficultés en ce qui concerne la lecture (McArthur et al., 2000), les compétences orthographiques et narratives écrites (Bishop & Clarkson, 2003 ; Broc et al., 2014) et les capacités reliées à la lecture, comme la conscience phonologique (Catts et al., 2005 ; Claessen & Leitão, 2012 ; Fazio, 1997 ; Leitão, Hogben, & Fletcher, 1997 ; Nithart et al., 2009 ; Warrick, Rubin, & Rowe-Walsh, 1993) et la mémoire phonologique à court terme (Archibald & Gathercole, 2006 ; Graf Estes, Evans, & Else-Quest, 2007).

6.3.1. – Prévalence

46 En lecture (reconnaissance des mots écrits et/ou compréhension de l’écrit), la prévalence des troubles chez les enfants avec un TSLO +/– TSSP est estimée entre 12 et 85% (pour une revue de littérature, voir McArthur, Hogben, Edwards, Heath, & Mengler, 2000). Le risque de présenter un trouble de lecture est entre deux et sept fois plus élevé pour les enfants avec un TSLO +/– TSSP que pour ceux au développement langagier oral typique (Pennington & Bishop, 2009). Pourquoi les chiffres évaluant la prévalence de ce trouble sont-ils aussi variables d’une étude à l’autre? Nous envisageons quatre raisons principales. Premièrement, la population présentant un TSLO +/– TSSP est très hétérogène (voir les sections 4 et 6.1). Le deuxième argument, en partie lié au précédent, est le suivant. D’une étude à l’autre, il existe une forte variabilité des critères d’identification du TSLO et du trouble de lecture, pour ce qui concerne les seuils pathologiques et les domaines (nombre et identité) auxquels ils s’appliquent. Les enfants présentant un TSLO +/– TSSP présentent généralement des performances déficitaires aux niveaux lexical, morphosyntaxique et/ou discursif, sur les versants réceptif et/ou expressif. Pour l’identification d’un trouble de lecture, les domaines censés être pathologiques sont la reconnaissance des mots écrits et/ou la compréhension de l’écrit. Les exemples ci-dessous illustrent à quel point les critères d’identification du TSLO et du trouble de lecture sont variables, d’une étude à l’autre. Dans l’étude de McArthur et al. (2000), le critère d’identification du TSLO et du trouble de lecture est l’obtention d’un score inférieur à -1 ET à une batterie de langage oral (score composite) et à une épreuve de lecture à voix haute de textes courts, respectivement. Dans l’étude de Catts, Fey, Tomblin et Zhang (2002), il s’agit des critères EpiSLI pour le TSLO (cf. section 4.3), et d’un score inférieur à -1 ET en compréhension de l’écrit, pour le trouble de lecture. Enfin, dans l’étude longitudinale de Bishop et Adams (1990) auprès d’enfants de 4 ans signalés à risque de TSLO +/– TSSP par des cliniciens, le trouble de lecture à 8; 6 ans est identifié par un score inférieur à -1,96 ET (reconnaissance de mots écrits et/ou compréhension de l’écrit) relativement aux capacités intellectuelles non-verbales des participants eux-mêmes. Le troisième argument permettant d’expliquer l’importante variabilité des taux de prévalence est le suivant : certaines études se basent sur des échantillons cliniques; d’autres, sur des échantillons épidémiologiques. Or, comme mentionné précédemment, les échantillons cliniques tendent à surestimer la fréquence des cas de comorbidité, comparativement aux échantillons d’individus tout-venant. Quatrièmement, les variables scolaires et orthophoniques (ex. entraînement régulier en conscience phonologique; existence, fréquence et nature du suivi orthophonique) sont très rarement ou très imprécisément contrôlées.

6.3.2. – Risque accru de trouble de lecture

47 Le risque de trouble de lecture est considérablement accru, lorsqu’un TSLO est associé à un TSSP, plutôt qu’en cas de TSSP isolé (Bishop & Adams, 1990 ; Hall & Tomblin, 1978 ; Johnson et al., 1999 ; Levi, Capozzi, Fabrizi, & Sechi, 1982; Lewis & Freebairn, 1992 ; Lewis, Freebairn, & Taylor, 2000, 2002 ; Nathan et al., 2004 ; Raitano, Pennington, Tunick, Boada, & Shriberg, 2004; Sices, Taylor, Freebairn, Hansen, & Lewis, 2007). À ce propos, Bishop et Adams (1990) proposent l’hypothèse de la synergie, selon laquelle l’association du TSLO et du TSSP aurait un impact délétère sur la lecture beaucoup plus prononcé que celui prédit par l’un ou l’autre de ces troubles pris isolément.

6.3.3. – Effet de sévérité et de persistance du TSLO sur la lecture

48 De nombreuses études mettent en évidence un effet de sévérité et de persistance du TSLO sur les capacités de lecture : plus le TSLO est sévère, étendu et persistant, plus le trouble de lecture est susceptible d’exister et d’être sévère (Bishop, 2001 ; Catts et al., 2002 ; Conti-Ramsden, Botting, Simkin, & Knox, 2001; Snowling et al., 2000 ; Vandewalle, Boets, Boons, Ghesquière, & Zink, 2012). Deux études illustrent bien ce phénomène. Premièrement, Simkin et Conti-Ramsden (2006) se sont intéressées à 90 enfants de 11 ans présentant un TSLO +/– TSSP : 30 enfants avec un TSLO expressif, [12] 32 avec un TSLO mixte, [13] 28 avec un TSLO résorbé. Pour ce qui concerne la lecture à voix haute de mots isolés et la compréhension de textes courts, les performances en cas de TSLO mixte étaient inférieures à celles en cas de TSLO expressif, elles-mêmes inférieures à celles en cas de TSLO résorbé.

49 La seconde étude est un suivi longitudinal réalisé par Bishop et ses collègues auprès d’enfants avec un TSLO +/– TSSP de 4 ans (N = 87) à 15; 6 ans (N = 56). À 4 ans, un groupe d’enfants réunissait des participants présentant un TSLO (troubles expressifs isolés ou troubles mixtes) et des capacités non verbales normales (Bishop & Edmundson, 1987). À 5; 6 ans, les compétences langagières orales de ces enfants ont été réévaluées et ont donné lieu à un classement en fonction de la persistance ou de la résorption des troubles du langage oral (persistants vs résorbés). La persistance et la sévérité étaient des facteurs confondus : à 4 ans comme à 5; 6 ans, les troubles de langage oral résorbés à 5; 6 ans étaient moins sévères que les troubles du langage oral persistants à cet âge. Les compétences langagières orales et écrites des enfants ont été réévaluées à l’âge de 8; 6 ans (Bishop & Adams, 1990). À 15; 6 ans, des épreuves de langage oral et écrit ont à nouveau été proposées (Snowling et al., 2000 ; Stothard et al., 1998). Ces dernières concernaient la reconnaissance de mots écrits, la compréhension en lecture et l’orthographe. Entre 5; 6 et 15; 6 ans, le statut langagier oral demeurait inchangé pour la majorité des individus. À 15; 6 ans, le groupe avec un TSLO persistant obtenait des résultats significativement inférieurs au groupe contrôle de même âge dans tous les domaines du langage oral et écrit. Par ailleurs, le groupe des TSLO résorbés obtenait des résultats inférieurs aux contrôles de même âge uniquement en répétition de pseudomots et d’énoncés, en conscience phonologique et en langage écrit.

50 Le résultat le plus intéressant est le suivant : en lecture, les jeunes avec un TSLO persistant présentaient des performances significativement inférieures aux jeunes avec un TSLO résorbé. En somme, plus le TSLO est sévère et persistant, plus les capacités de lecture sont limitées. Deux arguments peuvent expliquer ce résultat. Premièrement, lorsque le TSLO est sévère et persistant, il existe un risque accru de comorbidité avec un TSSP, lui-même susceptible d’être à l’origine d’un trouble de reconnaissance des mots écrits, ce dernier trouble entraînant d’une limitation de la compréhension de l’écrit, d’après le modèle simple de la lecture. Deuxièmement, plus le TSLO est sévère et persistant, plus la compréhension orale risque d’être limitée, et par là même la compréhension écrite, d’après ce même modèle simple.

6.3.4. – La compréhension de l’écrit comparativement à la reconnaissance de mots écrits

51 En cas de TSLO +/– TSSP, la compréhension de l’écrit est plus fréquemment et plus sévèrement altérée que la reconnaissance de mots écrits (Bishop & Adams, 1990 ; Bishop et al., 2009 ; Conti-Ramsden et al., 2001 ; Simkin & Conti-Ramsden, 2006). Ce résultat s’explique de la manière suivante. Un trouble sémantico-syntaxique (et non un trouble phonologique) constitue la condition nécessaire et suffisante de l’identification d’un TSLO, dans sa définition anglo-saxonne (cf. section 4.3). Or, Hulme et Snowling (2014), dans leur revue de littérature portant sur la période d’enseignement primaire, ont montré que les compétences sémantico-syntaxiques à l’oral (ex. compréhension orale, vocabulaire, habiletés grammaticales) sont déterminantes dans le développement des capacités de compréhension de l’écrit (alors que les capacités phonologiques le sont pour le développement de la reconnaissance de mots écrits; cf. section 3). Les troubles de lecture en cas de TSLO +/– TSSP sont donc plus fréquemment et plus fortement marqués dans le domaine de la compréhension de l’écrit que dans celui de la reconnaissance de mots écrits.

52 L’étude de Talli, Sprenger-Charolles et Stavrakaki (2016) auprès de participants de langue grecque illustre cette idée. Ces auteurs ont administré des tâches phonologiques (répétition de pseudomots, conscience phonologique), de langage oral (compréhension orale de mots, d’énoncés) et de lecture (lecture à voix haute de pseudomots, mots et de texte, compréhension de phrases écrites) à 15 enfants avec un TSLO (âge moyen = 9,26 ans; ET = 0,52). Tous présentaient un trouble de compréhension orale de mots et/ou d’énoncés comparativement à des données normatives d’enfants de même âge. Quatre-vingts pour cent de ces enfants avec un TSLO présentaient des scores inférieurs à -1,50 ET à une épreuve de répétition de pseudomots de trois à six syllabes. Il est donc probable qu’un nombre non négligeable de ces enfants présentaient en fait un TSLO + TSSP. Par la suite, nous désignerons donc leurs troubles par le sigle TSLO +/– TSSP. Les auteurs ont comparé les scores de ces participants à ceux de 15 enfants dyslexiques (M = 9,23 ans; ET = 0,63 ans), de 30 enfants contrôles lecture (M = 7,28 ans; ET = 0,32 ans) de même niveau de reconnaissance de mots écrits (lecture à voix haute de pseudomots, mots, texte) et de 30 enfants contrôles de même âge (M = 9,26 ans; ET = 0,54 ans). En reconnaissance de mots écrits, les enfants avec un TSLO +/– TSSP présentaient des performances inférieures uniquement par rapport aux enfants contrôles de même âge. Alors qu’en compréhension de lecture (ainsi qu’en compréhension orale), les enfants avec un TSLO +/– TSSP présentaient des résultats inférieurs à ceux de tous les autres groupes, y compris les enfants contrôles lecture de même niveau de reconnaissance de mots écrits. Chez les enfants avec un TSLO +/– TSSP, le trouble de compréhension de l’écrit paraît donc substantiel comparativement aux difficultés en reconnaissance des mots écrits. Ce résultat est en accord avec le modèle du double déficit selon lequel les troubles phonologiques (supposés au cœur des troubles de reconnaissance des mots écrits) et sémantico-syntaxiques en cas de TSLO +/– TSSP se combinent pour engendrer un trouble important de compréhension de l’écrit.

6.3.5. – Hétérogénéité interindividuelle importante

53 Derrière les analyses de groupes évoquées dans les paragraphes précédents, se cachent des réalités individuelles très diverses, tant pour ce qui concerne les niveaux de lecture que les profils. Pour illustrer le premier point – la diversité des niveaux de lecture –, nous nous intéressons aux résultats d’enfants accueillis dans une école spécialisée en Angleterre (Haynes & Naidoo, 1991). Leur profil de langage oral correspond, dans l’ensemble, à celui de TSLO +/– TSSP sévères et persistants. À l’aide d’un score alliant des épreuves de reconnaissance de mots écrits et de compréhension de l’écrit, un retard global de 3 ans est mis en évidence, pour un groupe de 118 enfants d’un âge moyen de 11; 6 ans. Sur le plan individuel, la diversité des niveaux est importante : 4% des jeunes ont atteint un niveau de lecture normal, 8% présentent un retard de moins d’un an, 13% un retard d’un à deux ans, 17% un retard de 2 à 3 ans, 58% un retard de plus de 3 ans.

54 Pour ce qui concerne les profils de lecture, ils correspondent aux quatre patterns décrits précédemment : les bons lecteurs, les faibles compreneurs, les faibles décodeurs, les faibles lecteurs (Ricketts, 2011 ; cf. section 2.1). La distribution de ces profils au sein de la population avec un TSLO +/– TSSP est très variable d’une étude à l’autre, pour les mêmes raisons que celles liées à la prévalence des troubles de lecture, chez ces enfants (cf. section 6.3.1). Il est donc peu utile de rapporter les résultats précis d’une de ces études, tant ils sont variables [14]. Nous formulons néanmoins deux remarques, à propos de ces profils. Premièrement, le profil de faible lecteur semble le plus fréquent. Deuxièmement, le profil des individus bons lecteurs correspond le plus probablement à des enfants au TSLO dit résorbé ; le profil des faibles compreneurs, à des enfants au TSLO persistant, avec des compétences phonologiques relativement préservées (Bishop et al., 2009).

6.3.6. – La reconnaissance des mots écrits

55 À ce jour, les mécanismes de reconnaissance de mots écrits des enfants avec un TSLO restent mal connus. La plupart des recherches en analysent les aspects épidémiologiques évoqués précédemment (ex. prévalence, nombre moyen d’années de retard). À notre connaissance, il n’existe pas d’analyse du fonctionnement de la reconnaissance des mots écrits, à l’exception de l’étude de Macchi, Schelstraete et Casalis (2014). Ces auteurs ont conduit une recherche sur la reconnaissance des mots écrits à l’aide du modèle à double voie (Coltheart et al., 2001 ; cf. section 2.2). Elles ont comparé les capacités de lecture à voix haute de mots réguliers, irréguliers et de pseudomots (test EVALEC, Sprenger-Charolles, Colé, Béchennec, & Kipffer-Piquard, 2005) de 27 enfants avec un TSLO + TSSP de 10; 11 ans en moyenne (étendue : 7; 8–12; 11) à celles de 27 enfants contrôles lecture de 7; 10 ans (étendue : 6; 3–11; 6). Ces groupes étaient appariés sur le niveau de reconnaissance de mots écrits en lecture à voix haute, pour le texte de l’Alouette (1967), le pourcentage de bonnes réponses et les temps de latence aux mots réguliers d’EVALEC. Les enfants avec un TSLO + TSSP présentaient un effet de longueur (mots courts mieux lus que les longs) et un effet de régularité (mots réguliers mieux lus que les irréguliers) similaires à ceux des enfants contrôles lecture plus jeunes. Cependant, les enfants avec un TSLO + TSSP présentaient un effet accru de lexicalité : à niveau équivalent de lecture de mots réguliers, leur taux de réponses correctes en lecture de pseudomots était significativement inférieur à ceux des enfants contrôles lecture. Ceci suggère un déséquilibre entre les procédures phonologique et orthographique de lecture, la procédure phonologique semblant plus altérée que la procédure orthographique.

56 Toutefois, ces difficultés de lecture à voix haute pourraient aussi bien s’expliquer par une atteinte des étapes périphériques de production de la parole. En effet, en cas de TSSP associé ou non à un TSLO, il peut exister des troubles des praxies bucco-linguo-faciales, de la programmation et/ou de la planification motrice de la parole (Bertagnolli, Gubiani, Ceron, & Keske-Soares, 2015; Dodd, 2005). De ce fait, il serait judicieux de compléter l’étude de Macchi et al. (2014) en utilisant une tâche silencieuse de reconnaissance de mots écrits (ex. décision lexicale). Dans ce cas, l’analyse des mécanismes de lecture de ces enfants serait moins influencée par le TSSP. Ce type d’étude pourrait être reproduit auprès d’enfants avec un TSLO isolé et un TSSP isolé pour préciser l’influence de chacun de ces deux troubles sur la reconnaissance des mots écrits.

6.3.7. – La compréhension de l’écrit

57 De même que pour la reconnaissance des mots écrits, les informations de la littérature à propos de la compréhension de l’écrit des enfants avec un TSLO sont uniquement épidémiologiques, à notre connaissance; elles ne font pas référence à un modèle théorique de la lecture. Néanmoins, les capacités de compréhension de l’écrit de certains enfants avec un TSLO ont été décrites très précisément, dans le cadre d’études concernant les enfants dits « faibles compreneurs ». Ces enfants présentent des difficultés de compréhension de l’écrit, sans trouble significatif de la reconnaissance de mots écrits (Cain & Oakhill, 2007). Compte tenu des liens entre les capacités de reconnaissance des mots écrits et les compétences phonologiques, les faibles compreneurs présentent généralement des capacités phonologiques dans la norme. Les critères d’inclusion adoptés pour le groupe des faibles compreneurs sont souvent les suivants : un score inférieur à -1 ET en compréhension de lecture (ex. réponses à des questions posées à propos d’un texte écrit) et des compétences dans la norme en reconnaissance de mots écrits (ex. lecture à voix haute). Les compétences de ces enfants sont fréquemment comparées à celles de groupes contrôles de même âge, ou à celles de groupes contrôles lecture plus jeunes de même niveau de reconnaissance de mots écrits, ou à celles de groupes contrôles lecture plus jeunes de même niveau de compréhension de l’écrit (Schelstraete, 2012). Avant de décrire plus précisément les symptômes de ces enfants faibles compreneurs, nous nous intéressons à la question du recouvrement entre le groupe des enfants avec un TSLO et celui des faibles compreneurs. Ce recouvrement est partiel : une partie des enfants avec une histoire de TSLO sont de faibles compreneurs. Inversement, une partie des faibles compreneurs ont une histoire de TSLO – résorbé ou persistant – (Schelstraete, 2012).

58 D’une part, environ 30–40% des enfants avec une histoire de TSLO sont de faibles compreneurs : ce sont ceux avec un TSLO isolé qui a persisté après six ans, ou qui s’est partiellement résorbé à cet âge. Les enfants avec un TSLO qui ne sont pas faibles compreneurs ont généralement un profil de TSLO + TSSP. L’étude de Kelso et al. (2007) illustre assez bien cette information. Ces auteurs se sont intéressés aux compétences langagières orales et écrites de 52 enfants de 8–9 ans, avec un TSLO +/– TSSP, intégrés dans des classes adaptées à cette pathologie. Parmi ces enfants se trouvaient deux groupes : 60% de faibles lecteurs et 34% de faibles compreneurs. En conscience phonologique, les enfants TSLO faibles compreneurs obtenaient des performances dans la norme. Elles étaient significativement supérieures à celles des enfants avec un TSLO faibles lecteurs. En revanche, les deux groupes présentaient de faibles performances en compréhension orale de mots et d’énoncés (environ -1 ET), et ne se différenciaient pas dans ces domaines. Malgré l’absence regrettable de données concernant la production phonologique, ces résultats suggèrent l’existence d’un sous-groupe d’enfants TSLO avec un profil de faibles compreneurs : les TSLO sans trouble phonologique associé, c’est-à-dire les TSLO isolés.

59 D’autre part, environ 20–30% des enfants faibles compreneurs ont une histoire de TSLO. Premièrement, il peut s’agir d’enfants faibles compreneurs dont le TSLO isolé s’est résorbé en grande partie avant six ans. Dans ce cas, ils ne présentent plus que des difficultés langagières orales subcliniques (ténues, peu intenses). Deuxièmement, il peut s’agir d’enfants faibles compreneurs avec un TSLO isolé persistant. Dans ce cas, leurs troubles langagiers oraux sont plus sévères que ceux des faibles compreneurs non TSLO, aux difficultés langagières orales subcliniques. Dans l’étude transversale de Nation, Clarke, Marshall et Durand (2004), 30% des enfants faibles compreneurs présentent un TSLO. L’étude longitudinale de Catts, Adlof et Ellis Weismer (2006), quant à elle, indique que 21% des faibles compreneurs en quatrième de collège ont présenté, en troisième maternelle, un TSLO (qui ne s’est pas résorbé par la suite, ou s’est partiellement résorbé).

60 Les capacités de compréhension de l’écrit des faibles compreneurs (donc d’une partie des enfants avec un TSLO) ont été finement analysées. Les études mettent surtout en évidence les caractéristiques suivantes : des difficultés de compréhension des inférences, de la cohérence locale (relation entre les phrases), [15] des difficultés d’utilisation du contexte pour déduire le sens d’un mot, et un autocontrôle peu efficace de la compréhension. Par exemple, les enfants faibles compreneurs présentent des difficultés à détecter des incohérences, dans un texte. Ainsi, ils se construisent une représentation approximative du contenu sémantique des textes (Schelstraete, 2012).

6.3.8. – L’utilisation de la modalité écrite pourrait favoriser le développement langagier oral des enfants avec un TSLO +/– TSSP

61 Quelques études suggèrent que la modalité écrite pourrait être plus favorable au traitement langagier que la modalité orale, chez les enfants avec un TSLO +/– TSSP. Par exemple, dans l’étude de Talli et al. (2016), des enfants de langue grecque avec un TSLO +/– TSSP sont appariés à des enfants au développement typique de même niveau de reconnaissance de mots écrits. Sur base de cet appariement, les performances des enfants avec un TSLO s’avéraient plus faibles que celles des enfants contrôles lecture en répétition de pseudomots et en compréhension de mots et d’énoncés (à l’oral). Les enfants avec un TSLO +/– TSSP auraient donc atteint le même niveau de reconnaissance des mots écrits que ces enfants contrôles lecture, malgré un déficit dans ces domaines phonologiques et langagiers. Le TSLO +/– TSSP entraverait donc moins le développement de la reconnaissance des mots écrits que le développement oral. Ces résultats suggèrent que la modalité écrite pourrait être utilisée pour favoriser le développement oral de ces enfants.

62 Une autre étude de Talli, Sprenger-Charolles et Stavrakaki (2015) aboutit à des conclusions assez proches. Ces auteurs se sont intéressés aux capacités en phonologie, langage oral et lecture d’enfants francophones avec un TSLO +/– TSSP.  [16] Une analyse de cas multiples a montré que 70% des enfants TSLO +/– TSSP présentaient des performances déficitaires [17] en compréhension orale d’énoncés, contre seulement 50% en compréhension de phrases écrites (exactitude et/ou temps). Chez les enfants contrôles de même âge, les pourcentages étaient respectivement de 10 et 20%. La modalité (oral vs écrit) semble donc affecter ces deux groupes de façon différente. Chez les enfants avec un TSLO +/– TSSP, la modalité écrite serait plus favorable que la modalité orale. L’utilisation de l’écrit pourrait avoir aidé ces enfants à compenser leurs troubles de mémoire phonologique à court terme supposés au moins en partie à l’origine de leurs troubles de compréhension orale.

63 Enfin, dans une récente étude sur l’apprentissage de nouveaux mots par des enfants de 8 à 13 ans avec un TSLO, l’effet d’exposition fortuite à l’orthographe de ces mots facilitait leur apprentissage, tant chez ces enfants que chez des contrôles de même âge chronologique ou chez des plus jeunes enfants contrôles de même niveau de lecture (Ricketts, Dockrell, Patel, Charman, & Lindsay, 2015). Ces résultats appuient l’hypothèse d’un effet positif de la lecture sur le langage oral, chez les enfants avec un TSLO.

64 L’ensemble de ces éléments tend à justifier la pratique de nombre de cliniciens experts selon lesquels le langage écrit représente un support au développement du langage oral chez ces enfants (Touzin & Leroux, 2011). Néanmoins, il existe encore peu d’études scientifiques vérifiant le bien-fondé de cette pratique et les mécanismes cognitifs sous-jacents qui sont en jeu. De futures recherches sur ce sujet seraient particulièrement précieuses. L’enjeu pourrait s’avérer crucial pour le devenir des enfants avec un TSLO +/– TSSP.

6.4. – Les trajectoires développementales en cas de TSSP et/ou de TSLO

65 Compte tenu de cette importante hétérogénéité des profils individuels, nous pouvons facilement concevoir que les trajectoires développementales de ces enfants sont diverses, pour ce qui concerne l’apprentissage de la lecture. Serry, Rose et Liamputtong (2008) décrivent globalement trois trajectoires développementales différentes. Premièrement, si les difficultés orales concernent uniquement ou principalement le domaine phonologique (TSSP isolé), [18] les enfants traversent souvent sans trop d’encombres les toutes premières années d’enseignement formel de la lecture (Serry et al., 2008). À ce stade, ils parviennent à compenser la majeure partie de leurs difficultés de reconnaissance de mots écrits, en s’appuyant sur un traitement orthographique des mots et/ou sur un traitement des informations contextuelles sémantico-syntaxiques. Après les toutes premières années d’apprentissage de la lecture, lorsque le nombre de mots à lire devient plus important, le processus de reconnaissance de mots écrits consomme une grande partie des ressources cognitives, si bien que la compréhension de l’écrit devient problématique.

66 La deuxième trajectoire développementale décrite par Serry et al. (2008) concerne des enfants dont les difficultés langagières sont de nature uniquement sémantico-syntaxique (TSLO isolé). Là encore, l’entrée dans l’écrit, lors des premiers mois se passe généralement bien. Les compétences phonologiques sont suffisamment développées pour permettre la mise en place des processus de reconnaissance de mots écrits. En revanche, plus tard dans la scolarité, lorsque le contenu sémantique des textes devient plus complexe, la compréhension de l’écrit apparaît altérée. Le profil de ces enfants correspond à celui des faibles compreneurs, que nous avons abordé précédemment (cf. section 5.3.7).

67 La troisième trajectoire développementale évoquée par Serry et al. (2008) est très proche de la précédente; exception faite d’un léger trouble phonologique surajouté (TSLO + TSSP léger). Ce dernier peut occasionner des difficultés supplémentaires concernant la reconnaissance de mots écrits et la fluence en lecture, après des toutes premières années d’apprentissage apparemment réussies.

68 Ces trois trajectoires développementales soulignent l’existence de troubles de lecture qui n’apparaissent pas dès les premiers mois d’apprentissage. Ces troubles sont dits « à émergence tardive ». Il est intéressant de constater que les études sur les enfants aux difficultés écrites à émergence tardive indiquent qu’ils souffrent ou ont plus souvent souffert d’un TSLO que des enfants au développement typique de la lecture (Catts, Compton, Tomblin, & Bridges, 2012). En effet, en cas de troubles tardifs de lecture, le taux d’enfants avec une histoire de TSLO (résorbé ou non) est de 13 à 17%, alors qu’en cas de développement typique de la lecture, ce taux est de 3%.

69 À ces trois trajectoires développementales, nous en ajoutons une quatrième. Il s’agit des enfants présentant à la fois un TSLO et un TSSP sévères et persistants (TSLO + TSSP sévères). Dans ce cas, le plus souvent, les difficultés de lecture sont constatées dès le début de l’apprentissage, en reconnaissance de mots écrits comme en compréhension de l’écrit. Il est difficile, dans la littérature, de trouver des études longitudinales qui portent sur des troubles correspondant exactement à cette description. Néanmoins, les profils langagiers oraux relatés dans la recherche de Puranik, Petscher, Al Otaiba, Catts et Lonigan (2008) y correspondent globalement. Dans cette étude, la fluence en lecture [19] de 540 enfants avec un trouble du langage oral ainsi que de 8 833 contrôles de même âge a été évaluée au début de la première primaire. Le trouble du langage oral était identifié sur base d’un score langagier composite inférieur à –1,50 ET. Il pouvait ou non être associé à un trouble des sons de la parole. [20] La fluidité en lecture a été évaluée à quatre périodes différentes des années scolaires de première, deuxième et troisième primaires. En troisième primaire, 475 enfants présentaient un trouble du langage oral persistant, contre 65 un trouble résorbé. Globalement, les performances en lecture des enfants au trouble persistant étaient inférieures à celles des enfants au trouble résorbé. L’élément le plus intéressant est le suivant : l’écart entre ces deux groupes s’installait dès la première primaire. Au cours des deuxième et troisième primaires, cet écart restait relativement constant. Chez les enfants présentant un trouble du langage oral sévère et persistant, le trouble de lecture apparaîtrait donc dès le début de l’enseignement.

70 Enfin, nous supposons l’existence d’une cinquième trajectoire développementale : des enfants avec un TSSP isolé ou un TSLO isolé d’intensité légère à modérée, qui se résorberait totalement avant 6–7 ans environ, sans laisser de séquelles langagières orales ou écrites à l’adolescence ou l’âge adulte. Malheureusement, aucune recherche n’en a apporté la preuve jusqu’à ce jour, à notre connaissance. En effet, dans les études longitudinales, les analyses sont généralement réalisées au niveau des groupes d’enfants ayant présenté un trouble globalement résorbé dans l’enfance. Mais il est impossible d’identifier les trajectoires individuelles de chacun des enfants des groupes en question (ex. Simkin & Conti-Ramsden, 2006 ; Snowling, Bishop, & Stothard, 2000). Les analyses de groupes peuvent donc cacher des différences interindividuelles importantes, avec une majorité d’enfants présentant des réelles difficultés de lecture à l’adolescence; et quelques autres n’en présentant pas du tout (vraisemblablement les enfants avec les troubles transitoires les plus légers). Pour examiner les diverses trajectoires individuelles, la méthodologie des analyses de cas multiples pourrait sans doute constituer un apport pour la compréhension des évolutions individuelles langagières orales et écrites des enfants présentant ou ayant présenté un TSSP et/ou un TSLO. Cette méthodologie est assez fréquemment employée dans le champ de recherche sur la dyslexie (Ramus et al., 2003 ; Sprenger-Charolles, Siegel, Jiménez, & Ziegler, 2011).

71 En résumé, au sein de la population des enfants avec un TSSP et/ou un TSLO, les trajectoires développementales, pour ce qui concerne les capacités de lecture, sont extrêmement diverses.

7. – Discussion et conclusion

7.1. – Discussion sur les modèles

72 Dans cette section, nous confrontons les modèles sur les liens entre le TSSP, le TSLO et les troubles de lecture aux résultats des études décrivant les aptitudes en lecture de ces enfants. L’objectif est d’examiner et discuter la validité de chacun de ces modèles.

7.1.1. – Le modèle de comorbidité fortuite

73 Le modèle de la comorbidité fortuite entre les troubles phonologiques (caractéristiques de la dyslexie) et les troubles sémantico-syntaxiques (caractéristiques du TSLO) prédit une prévalence de comorbidité entre le TSLO et la dyslexie limitée à ce que le hasard pourrait expliquer (Schelstraete, 2012). Or, bien que les taux de comorbidité soient variables d’une étude à l’autre, ils sont, en réalité, bien supérieurs à un taux de comorbidité fortuite. McArthur et al. (2000) montrent par exemple que, dans un échantillon clinique, 55% des enfants avec un trouble de lecture présentent un TSLO et 51% des enfants avec un TSLO présentent un trouble de lecture. Dans un échantillon épidémiologique, environ un tiers des enfants avec un TSLO à cinq ans présentent des troubles de lecture à l’école élémentaire et 15 - 20% des enfants dyslexiques à l’école élémentaire répondaient aux critères de TSLO à cinq ans (Catts et al., 2005). La validité de ce modèle paraît donc discutable.

7.1.2. – Le modèle de sévérité du déficit phonologique

74 Sur base du modèle de sévérité du déficit phonologique (dyslexie : forme légère; TSLO ou TSSP : forme sévère), plusieurs prédictions peuvent être formulées. 1. Tous les enfants avec un TSLO (ou un TSSP) devraient nécessairement présenter un trouble de reconnaissance des mots écrits. Au paragraphe 6.3.5 (ou 6.2, pour le TSSP), il est montré que cela est faux. 2. La nature du trouble phonologique devrait être identique en cas de TSLO et de dyslexie; ce que certaines études tendent à infirmer (Ramus, Marshall, Rosen, & van der Lely, 2013). Par exemple, Nithart et al. (2009) montrent que si la mémoire de l’ordre sériel est autant altérée en cas de TSLO que de dyslexie, les enfants avec un TSLO présentent un trouble phonologique supplémentaire de discrimination et mémoire à court terme pouvant expliquer leur conscience phonologique encore plus faible que celle des dyslexiques. 3. Les capacités de reconnaissance des mots écrits et les compétences liées à la lecture (ex. conscience phonémique) devraient être plus déficitaires chez les enfants avec un TSLO que chez les dyslexiques. Kamhi et Catts constatent, dès 1986, que leurs données ne sont pas clairement en accord avec cette hypothèse. 4. Les troubles de reconnaissance des mots écrits de type phonologique (vs surface) devraient être plus fréquents en cas de TSLO qu’en cas de dyslexie. Aucune étude n’a comparé directement la distribution des différents types de profil de lecture, entre ces deux populations. Toutefois, à titre indicatif, nous comparons les résultats de Macchi et al. (2014) obtenus auprès d’enfants avec un TSLO + TSSP (profils phonologiques : 25%; de surface : 8%) à ceux de la revue de littérature sur les profils de dyslexie de Sprenger-Charolles, Siegel, Jiménez et Ziegler (2011; 25–39%; 1,5–14%, respectivement). [21] Ces chiffres issus d’études méthodologiquement comparables sont assez similaires. Un résultat plus convaincant pourrait être obtenu en comparant directement une population d’enfants présentant un TSLO, une dyslexie et un développement typique. Quoi qu’il en soit, l’ensemble de ces arguments tend à mettre en doute la validité du modèle de sévérité.

7.1.3. – Le modèle du double déficit ou du déficit additionnel

75 Le modèle du double déficit ou du déficit additionnel postule que le TSLO et la dyslexie auraient comme point commun un déficit phonologique d’intensité identique; les individus avec un TSLO présentant un déficit sémantico-syntaxique additionnel. Les prédictions 1. et 2. du modèle précédent sont adaptées à ce modèle; les données scientifiques tendent à les infirmer. 3. La distribution des différents types de trouble de reconnaissance des mots écrits (phonologique vs surface) devrait être la même en cas de TSLO que de dyslexie. Comme évoqué précédemment, ces distributions sont assez similaires. Certaines données scientifiques sont donc en accord avec ce modèle, d’autres paraissent incompatibles.

76 Ramus et al. (2013) ont proposé d’adapter ce modèle en subdivisant la dimension « phonologique » en deux. Il s’agit, d’une part, des représentations phonologiques (ex. catégorisation et discrimination phonémiques, articulation et répétition phonologique). D’autre part, il est question des capacités phonologiques : des tâches réalisables à partir des représentations phonologiques, mais qui nécessitent des compétences supplémentaires (ex. conscience phonologique, mémoire phonologique à court terme). De manière générale, ces auteurs tendent à montrer que le déficit des enfants dyslexiques porte plus sur les capacités phonologiques que sur les représentations phonologiques, alors que ces deux domaines sont altérés en cas de TSLO.

7.1.4. – Le modèle des déficits multiples

77 Le modèle des déficits multiples prend en compte les informations des niveaux étiologique, neuronal, cognitif et comportemental (Figure 2). La comorbidité entre le TSSP ou le TSLO et la dyslexie proviendrait du fait que ces troubles partageraient certains facteurs de risque étiologiques et cognitifs (Pennington, 2006 ; Pennington & Bishop, 2009). Certains éléments de la littérature tendent à valider ce modèle. En particulier, Carroll et Myers (2010) obtiennent des résultats montrant que le TSLO et la dyslexie sont des troubles à la fois liés et dissociés, dans la mesure où ils partagent certains facteurs de risque et déficits, mais présentent également chacun des déficits spécifiques additionnels. Par ailleurs, ce modèle suggère que les déficits peuvent être limités par des facteurs de protection (ex. capacités intellectuelles non verbales, dénomination rapide). Cet aspect est confirmé par diverses recherches sur les facteurs prédictifs des troubles de lecture, chez les enfants avec un TSLO (Schelstraete, 2012). Enfin, ce modèle est le seul à expliquer l’association fréquente mais non systématique de ces deux pathologies.

7.1.5. – Conclusion

78 Pour conclure au sujet des modèles sur les liens entre les TSSP ou TSLO et la lecture, nous formulons deux remarques. Tout d’abord, dans le premier modèle (comorbidité fortuite), le TSLO est considéré comme un trouble uniquement sémantico-syntaxique; alors que dans les modèles 2 et 3 (sévérité, double déficit), il est considéré comme un trouble touchant à la fois les domaines phonologique et sémantico-syntaxique. La définition du TSLO diffère donc d’un modèle à l’autre. Cette difficulté à définir et comprendre la nature du TSLO (cf. section 4.3) semble être en partie à l’origine des difficultés de modélisation des liens entre le TSLO et les troubles de la lecture. Elle s’explique sans doute par un relatif clivage entre les recherches sur le TSLO d’une part et les recherches sur le TSSP d’autre part.

79 Deuxièmement, il semble encore prématuré, à l’heure actuelle, d’adopter une position tranchée sur la validité d’un modèle, comparativement aux autres. Les informations disponibles dans la littérature ne paraissent pas encore assez développées pour écarter définitivement certains modèles (Messaoud-Galusi & Marshall, 2010 ; Schelstraete, 2012). Toutefois, le modèle des déficits multiples tend à être un peu plus confirmé que les autres.

7.2. – Conclusion générale

80 De manière générale, cette revue de littérature souligne l’existence de liens forts entre les troubles à oral (le TSSP et/ou le TSLO) et les troubles de la lecture.

81 En raison de la discordance des résultats de la littérature, il est difficile de savoir, à l’heure actuelle, si un TSSP isolé constitue, en soi, un facteur de risque de trouble ultérieur de lecture. Toutefois, certaines caractéristiques phonologiques ou langagières des enfants avec un TSSP représentent un réel facteur de risque de troubles de lecture : la persistance et la sévérité du TSSP, de nombreuses erreurs phonologiques non développementales, des capacités sémantico-syntaxiques limitées.

82 En cas de TSLO, le risque de trouble de lecture est élevé, en particulier lorsqu’un TSSP est associé au TSLO. Sur le plan individuel, les enfants avec un TSLO présentent fréquemment, mais non systématiquement un trouble de lecture. La diversité des niveaux et des profils de lecture est considérable. Quatre profils existent : les bons lecteurs, les faibles décodeurs, les faibles compreneurs, les faibles lecteurs. Le profil le plus fréquent est celui des faibles lecteurs. Par ailleurs, il existe une grande diversité des trajectoires développementales, avec des troubles observables dès les premiers mois d’apprentissage de la lecture et d’autres à émergence tardive, après plusieurs années d’apprentissage. Dans l’ensemble, plus le TSLO est sévère et persistant, plus le trouble de lecture est susceptible d’exister et d’être sévère. La compréhension de l’écrit est plus fréquemment et plus sévèrement altérée que la reconnaissance des mots écrits.

83 Les mécanismes de traitement relatifs à ces deux composantes de la lecture chez ces enfants restent toutefois mal connus. Pour ce qui est de la compréhension de l’écrit, elle a été beaucoup étudiée auprès d’un sous-groupe d’enfants avec un TSLO : les faibles compreneurs. Mais elle reste imprécisément décrite chez tous les autres enfants avec un TSLO. Pour ce qui est de la reconnaissance des mots écrits, elle a été analysée uniquement auprès d’enfants présentant un TSLO associé à un TSSP : leur procédure phonologique de lecture paraît plus altérée que leur procédure orthographique. Toutefois, à notre connaissance, le fonctionnement des deux voies de lecture n’a pas été analysé chez les enfants présentant un TSLO isolé, ou un TSSP isolé. Il reste donc de nombreux domaines de connaissance non explorés par les scientifiques, pour ce qui concerne la lecture chez les enfants avec un TSSP et/ou un TSLO.

84 Quatre types de modèles ont été proposés pour représenter les liens entre les troubles du langage oral et les difficultés de reconnaissance des mots écrits. Il semble encore prématuré, à l’heure actuelle, d’adopter une position tranchée sur la validité d’un modèle, comparativement aux autres, bien que le modèle des déficits multiples tende à être un peu plus confirmé que les autres (Pennington, 2006 ; Pennington & Bishop, 2009). Quoi qu’il en soit, la diversité des modèles proposés s’explique en partie par la difficulté des scientifiques et des cliniciens à s’accorder sur la définition du TSLO, à en comprendre la nature et à conceptualiser les liens entre les troubles phonologiques et les troubles sémantico-syntaxiques. Nous pensons qu’une compréhension plus fine des troubles de lecture de ces enfants et des liens entre ces troubles et les troubles du langage oral passe par une meilleure compréhension de la nature même des troubles du langage oral et des liens entre les troubles phonologiques et les troubles sémantico-syntaxiques.

85 Reçu le 19 juillet 2016.

86 Révision acceptée le 17 mars 2017.

Bibliographie

Bibliographie

  • AnthonyJ. L., AgharaR. G., DunkelbergerM. J., AnthonyT. I., WilliamsJ. M., & ZhangZ. (2011). What factors place children with speech sound disorders at risk for reading problems? American Journal of Speech-Language Pathology, 20, 146–160. https://doi.org/10.1044/1058-0360(2011/10-0053)
  • ArchibaldL. M. D. (2008). The promise of nonword repetition as a clinical tool. Canadian Journal of Speech-Language Pathology & Audiology, 32, 21–28.
  • ArchibaldL. M. D., & GathercoleS. E. (2006). Nonword repetition: A comparison of tests. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 49, 970–983. https://doi.org/10.1044/1092-4388(2006/070)
  • AudollentC., & TullerL. (2003). La dysphasie : quelles séquelles en français? ANAE, 264–270.
  • BertagnolliA. P. C., GubianiM. B., CeronM., & Keske-SoaresM. (2015). Orofacial praxis abilities in children with speech disorders. International Archives of Otorhinolaryngology, 19, 286–292. https://doi.org/10.1055/s-0035-1551550
  • BirdJ., BishopD. V. M., & FreemanN. H. (1995). Phonological awareness and literacy development in children with expressive phonological impairments. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 38, 446–462. https://doi.org/10.1044/jshr.3802.446
  • BishopD. V. M. (2001). Genetic influences on language impairment and literacy problems in children: Same or different? Journal of Child Psychology and Psychiatry, 42, 189–198. https://doi.org/10.1111/1469-7610.00710
  • BishopD. V. M. (2014). Ten questions about terminology for children with unexplained language problems. International Journal of Language & Communication Disorders, 49, 381–415. https://doi.org/10.1111/1460-6984.12101
  • BishopD. V. M., & AdamsC. V. (1990). A prospective study of the relationship between specific language impairment, phonological disorders and reading retardation. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 31, 1027–1050. https://doi.org/10.1111/j.1469-7610.1990.tb00844.x
  • BishopD. V. M., & ClarksonB. (2003). Written language as a window in to residual language deficits: A study of children with persistent and residual speech and language impairments. Cortex, 39, 215–237. https://doi.org/10.1016/S0010-9452(08)70106-0
  • BishopD. V. M., & EdmundsonA. (1987). Language-impaired 4-year-olds: distinguishing transient from persistent impairment. Journal of Speech and Hearing Disorders, 52, 156–173. https://doi.org/10.1044/jshd.5202.156
  • BishopD. V. M., McDonaldD., BirdS., & Hayiou-ThomasM. E. (2009). Children who read words accurately despite language impairment: Who are they and how do they do it? Child Development, 80, 593–605. https://doi.org/10.1111/j.1467-8624.2009.01281.x
  • BishopD. V. M., & SnowlingM. J. (2004). Developmental dyslexia and specific language impairment: Same or different? Psychological Bulletin, 130, 858–886. https://doi.org/10.1037/0033-2909.130.6.858
  • BraibantJ.-M. (1994). Le décodage et la compréhension. In GrégoireJ. & PiérartB. (éds.), évaluer les troubles de la lecture. Les nouveaux modèles théoriques et leurs implications diagnostiques (p. 173–194). Bruxelles: De Boeck.
  • BrinF., CourrierC., LederléE., & MasyV. (2004). Dictionnaire d’orthophonie. Isbergues: Orthoédition.
  • BrocL., BernicotJ., OliveT., FavartM., ReillyJ., QuémartP., … JaafariN. (2014). évaluation de l’orthographe des élèves dysphasiques en situation de narration communicative : variations selon le type d’orthographe, lexicale versus morphologique. Revue Européenne de Psychologie Appliquée, 64, 307–321. https://doi.org/10.1016/j.erap.2014.09.004
  • CainK., & OakhillJ. V. (2007). Reading comprehension difficulties. Correlates, causes, and consequences. In CainK. & OakhillJ. V. (Eds.), Children’s comprehension problems on oral and written language. A cognitive perspective (p. 41–75). London: Guilford Press.
  • CampoliniC., Van HövellV., & VansteelandtA. (1997). Dictionnaire de logopédie. Le développement normal du langage et sa pathologie. Louvain-la-Neuve: Peteers.
  • CarrollJ., & MyersJ. (2010). Speech and language difficulties in children with and without a family history of dyslexia. Scientific Studies of Reading, 14, 247–265. https://doi.org/10.1080/10888430903150634
  • CattsH. W. (1993). The relationship between speech-language impairments and reading disabilities. Journal of Speech and Hearing Research, 36, 948–958. https://doi.org/10.1044/jshr.3605.948
  • CattsH. W., AdlofS. M., & Ellis WeismerS. (2006). Language deficits in poor comprehenders: a case for the simple view of reading. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 49, 278–293. https://doi.org/10.1044/1092-4388(2006/023)
  • CattsH. W., AdlofS. M., HoganT. P., & Ellis WeismerS. (2005). Are specific language impairment and dyslexia distinct disorders? Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 48, 1378–1396. https://doi.org/10.1044/1092-4388(2005/096)
  • CattsH. W., ComptonD., TomblinJ. B., & BridgesM. S. (2012). Prevalence and nature of late-emerging poor readers. Journal of Educational Psychology, 104, 166–181. https://doi.org/10.1037/a0025323
  • CattsH. W., FeyM. E., TomblinJ. B., & ZhangX. (2002). A longitudinal investigation of reading outcomes in children with language impairments. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 45, 1142–1157. https://doi.org/10.1044/1092-4388(2002/093)
  • ClaessenM., & LeitãoS. (2012). Phonological representations in children with SLI. Child Language Teaching and Therapy, 28, 211–223. https://doi.org/10.1177/0265659012436851
  • CoadyJ. A., & EvansJ. L. (2008). Uses and interpretations of non-word repetition tasks in children with and without Specific Language Impairments (SLI). International Journal of Language & Communication Disorders, 43, 1–40. https://doi.org/10.1080/13682820601116485
  • ColéP., CasalisS., DominguezA. B., LeybaertJ., SchelstraeteM.-A., & Sprenger-CharollesL. (2012). Lecture et pathologies du langage oral. Grenoble: Presses Universitaires de Grenoble.
  • ColtheartM. (1978). Lexical access in simple reading tasks. In UnderwoodG. (Ed.), Strategies of information processes (p. 151–216). London: Academic Press.
  • ColtheartM., CurtisB., AtkinsP., & HallerM. (1993). Models of reading aloud: Dual-route and parallel-distributed-processing approaches. Psychological Review, 100, 589–608. https://doi.org/10.1037/0033-295X.100.4.589
  • ColtheartM., RastleK., PerryC., LangdonR., & ZieglerJ. (2001). DRC: A dual route cascaded model of visual word recognition and reading aloud. Psychological Review, 108, 204–256. https://doi.org/I0.1037//0033-295X.108.1.204
  • Conti-RamsdenG., BottingN., SimkinZ., & KnoxE. (2001). Follow-up of children attending infant language units: Outcomes at 11 years of age. International Journal of Language & Communication Disorders, 36, 207–219. https://doi.org/10.1080/13682820121213
  • DockrellJ., & LindsayG. (2014). The view from the chalk face. Commentary on ReillyS., TomblinB., LawJ., McKeanC., MensahF. K., MorganA., GoldfeldS., NicholsonJ. M. and WakeM., 2014, Specific language impairment: a convenient label for whom? International Journal of Language and Communication Disorders, 49, 416–451. https://doi.org/10.1111/1460-6984.12102
  • DoddB. (2005). Differential diagnosis and treatment of children with speech disorder. London: Whurr Publishers.
  • DollaghanC., & CampbellT. F. (1998). Nonword repetition and child language impairment. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 41, 1136–1146. https://doi.org/10.1044/jslhr.4105.1136
  • ElbroC., & ScarboroughH. S. (2004). Early identification. In NunesT. & BryantP. (Eds.), Handbook of Children’s Reading (p. 339–359). Dordrecht: Kluwer Academic Publishers.
  • Ellis WeismerS., TomblinJ. B., ZhangX., BuckwalterP., ChynowethJ. G., & JonesM. (2000). Nonword repetition performance in school-age children with and without language impairment. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 43, 865–878.
  • FazioB. B. (1997). Learning a new poem: memory for connected speech and phonological awareness in low-income children with and without specific language impairment. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 40, 1285–1297. https://doi.org/10.1044/jslhr.4006.1285
  • FerrandL. (2007). Psychologie cognitive de la lecture. Reconnaissance des mots écrits chez l’adulte. Bruxelles: De Boeck Université.
  • GentazE., Sprenger-CharollesL., & TheurelA. (2015). Differences in the predictors of reading comprehension in first graders from low socio-economic status families with either good or poor decoding skills. PLoS ONE, 10, 1–16. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0119581
  • GillonG. T. (2000). The efficacy of phonological awareness intervention for children with spoken language impairment. Language, Speech, and Hearing Services in Schools, 31, 126–141. https://doi.org/10.1044/0161-1461.3102.126
  • GoughP. B., HooverW. A., & PetersonC. L. (1996). Some observations on a simple view of reading. In CornoldiC. & OakhillJ. V. (Eds.), Reading comprehension difficulties: process and intervention (p. 1–13). Mahwah, NJ: Lawrence Erlbaum Associates.
  • GoughP. B., & TunmerW. E. (1986). Decoding, reading, and reading disability. Remedial and Special Education, 7, 6–10. https://doi.org/10.1177/074193258600700104
  • Graf EstesK., EvansJ. L., & Else-QuestN. M. (2007). Differences in the nonword repetition performance of children with and without specific language impairment: a meta-analysis. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 50, 177–195. https://doi.org/10.1044/1092-4388(2007/015)
  • HallP. K., & TomblinJ. B. (1978). A follow-up study of children with articulation and language disorders. Journal of Speech and Hearing Disorders, 43, 227–241. https://doi.org/10.1044/jshd.4302.227
  • HaynesC., & NaidooS. (1991). Children with specific speech and language impairment. Oxford: Blackwell.
  • HooverW. A., & GoughP. B. (1990). The simple view of reading. Reading and Writing, 2, 127–160. https://doi.org/10.1007/BF00401799
  • HulmeC., & SnowlingM. J. (2013). The interface between spoken and written language: developmental disorders. Philosophical Transactions of the Royal Society of London B: Biological Sciences, 369. https://doi.org/10.1098/rstb.2012.0395
  • JohnsonC. J., BeitchmanJ. H., YoungA., EscobarM., AtkinsonL., WilsonB., … WangM. (1999). Fourteen-year follow-up of children with and without speech/language impairments: speech/language stability and outcomes. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 42, 744–760. https://doi.org/10.1044/jslhr.4203.744
  • KamhiA. G., & CattsH. W. (1986). Toward an understanding of developmental language and reading disorders. Journal of Speech and Hearing Disorders, 51, 337–347. https://doi.org/10.1044/jshd.5104.337
  • KelsoK., FletcherJ., & LeeP. (2007). Reading comprehension in children with specific language impairment: An examination of two subgroups. International Journal of Language & Communication Disorders, 42, 39–57. https://doi.org/10.1080/13682820600693013
  • LecocqP. (1996). L’E.CO.S.SE. Une épreuve de COmpréhension Syntaxico-SEmantique. Villeneuve d’Ascq: Presses Universitaires du Septentrion.
  • LefavraisP. (1967). Alouette. Paris: ECPA.
  • LeitãoS., & FletcherJ. (2004). Literacy outcomes for students with speech impairment: long-term follow-up. International Journal of Language & Communication Disorders, 39, 245–256. https://doi.org/10.1080/13682820310001619478
  • LeitãoS., HogbenJ., & FletcherJ. (1997). Phonological processing skills in speech and language impaired children. European Journal of Disorders of Communication, 32, 91–111. https://doi.org/10.1111/j.1460-6984.1997.tb01626.x
  • LeonardL. B. (1998). Children with specific language impairment. Cambridge, M. A.: MIT Press.
  • LeonardL. B. (2009). Is expressive language disorder an accurate diagnostic category? American Journal of Speech-Language Pathology, 18, 115–123. https://doi.org/10.1044/1058-0360(2008/08-0064)
  • LeonardL. B. (2014). Children with Specific Language Impairment (2nd edition). London: Bradford Books.
  • LeonardL. B., Ellis WeismerS., MillerC. A., FrancisD. J., TomblinJ. B., & KailR. V. (2007). Speed of processing, working memory, and language impairment in children. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 50, 408–428. https://doi.org/10.1044/1092-4388(2007/029)
  • LeviG., CapozziF., FabriziA., & SechiE. (1982). Language disorders and prognosis for reading disabilities in developmental age. Perceptual and Motor Skills, 54, 1119–1122. https://doi.org/10.2466/pms.1982.54.3c.1119
  • LewisB. A., & FreebairnL. A. (1992). Residual effects of preschool phonology disorders in grade school, adolescence, and adulthood. Journal of Speech and Hearing Research, 35, 819–831. https://doi.org/10.1044/jshr.3504.819
  • LewisB. A., FreebairnL. A., & TaylorH. G. (2000). Follow-up of children with early expressive phonology disorders. Journal of Learning Disabilities, 33, 433–444. https://doi.org/10.1177/002221940003300504
  • LewisB. A., FreebairnL. A., & TaylorH. G. (2002). Correlates of spelling abilities in children with early speech sound disorders. Reading and Writing, 15, 389–407. https://doi.org/10.1023/A:1015237202592
  • MacchiL., SchelstraeteM.-A., & CasalisS. (2014). Word and pseudoword reading in children with specific speech and language impairment. Research in Developmental Disabilities, 35, 3313–3325. https://doi.org/10.1016/j.ridd.2014.07.058
  • MacLeodA. A. N., SuttonA., SylvestreA., ThordardottirE. T., & TrudeauN. (2014). Outil de dépistage des troubles du développement des sons de la parole : bases théoriques et données préliminaires. Canadian Journal of Speech-Language Pathology and Audiology, 38, 40–56.
  • MazeauM., & PouhetA. (2014). Neuropsychologie et troubles des apprentissages chez l’enfant. Du développement typique aux dys- (2e édition). Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson.
  • McArthurG. M., HogbenJ. H., EdwardsV. T., HeathS. M., & MenglerE. D. (2000). On the “specifics” of specific reading disability and specific language impairment. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 41, 869–874. https://doi.org/10.1111/1469-7610.00674
  • Messaoud-GalusiS., & MarshallC. R. (2010). Introduction to this special issue exploring the overlap between dyslexia and SLI: The role of phonology. Scientific Studies of Reading, 14, 1–7. https://doi.org/10.1080/10888430903242076
  • MurrayE., McCabeP., HeardR., & BallardK. J. (2015). Differential diagnosis of children with suspected childhood apraxia of speech. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 58, 43–60. https://doi.org/10.1044/2014_JSLHR-S-12-0358
  • NathanL., StackhouseJ., GoulandrisN., & SnowlingM. J. (2004). The development of early literacy skills among children with speech difficulties: a test of the “critical age hypothesis”. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 47, 377–391. https://doi.org/10.1044/1092-4388(2004/031)
  • NationK., ClarkeP., MarshallC. M., & DurandM. (2004). Hidden language impairments in children: parallels between poor reading comprehension and specific language impairment? Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 47, 199–211. https://doi.org/10.1044/1092-4388(2004/017)
  • NithartC., DemontE., MajerusS., LeybaertJ., PonceletM., & Metz-LutzM.-N. (2009). Reading disabilities in SLI and dyslexia result from distinct phonological impairments. Developmental Neuropsychology, 34, 296–311. https://doi.org/10.1080/87565640902801841
  • NorburyC. F. (2014). Language Impairment: where do we draw the line? Commentary on Reilly, S., Tomblin, B., Law, J., McKean, C., Mensah, F. K., Morgan, A., Goldfeld, S., Nicholson, J. M. and Wake, M., 2014, Specific language impairment: a convenient label for whom? International Journal of Language and Communication Disorders, 49, 416–451. https://doi.org/10.1111/1460-6984.12102
  • ParisseC., & MaillartC. (2008). Interplay between phonology and syntax in French-speaking children with specific language impairment. International Journal of Language & Communication Disorders, 43, 448–472. https://doi.org/10.1080/13682820701608209
  • ParisseC., & MaillartC. (2009). Specific Language Impairment as systemic developmental disorders. Journal of Neurolinguistics, 22, 109–122. https://doi.org/10.1016/j.jneuroling.2008.07.004
  • PenningtonB. F. (2006). From single to multiple deficit models of developmental disorders. Cognition, 101, 385–413. https://doi.org/10.1016/j.cognition.2006.04.008
  • PenningtonB. F., & BishopD. V. M. (2009). Relations among speech, language, and reading disorders. Annual Review of Psychology, 60, 283–306. https://doi.org/10.1146/annurev.psych.60.110707.163548
  • PetersonR. L., PenningtonB. F., ShribergL. D., & BoadaR. (2009). What influences literacy outcome in children with speech sound disorder? Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 52, 1175–1188. https://doi.org/10.1044/1092-4388(2009/08-0024)
  • PiérartB. (2004). Introduction : les dysphasies chez l’enfant : un développement en délai ou une construction langagière différente ? Enfance, 56, 5–19. https://doi.org/10.3917/enf.561.0005
  • PrestonJ. L., HullM., & EdwardsM. L. (2013). Preschool speech error patterns predict articulation and phonological awareness outcomes in children with histories of speech sound disorders. American Journal of Speech-Language Pathology, 22, 173–184. https://doi.org/10.1044/1058-0360(2012/12-0022)
  • PuranikC. S., PetscherY., Al OtaibaS., CattsH. W., & LoniganC. J. (2008). Development of oral reading fluency in children with speech or language impairments: A growth curve analysis. Journal of Learning Disabilities, 41, 545–560. https://doi.org/10.1177/0022219408317858
  • RaitanoN. A., PenningtonB. F., TunickR. A., BoadaR., & ShribergL. D. (2004). Pre-literacy skills of subgroups of children with speech sound disorders. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 45, 821–835. https://doi.org/10.1111/j.1469-7610.2004.00275.x
  • RamusF., MarshallC. R., RosenS., & van der LelyH. K. J. (2013). Phonological deficits in specific language impairment and developmental dyslexia: Towards a multidimensional model. Brain: A Journal of Neurology, 136, 630–645. https://doi.org/10.1093/brain/aws356
  • RamusF., RosenS., DakinS. C., DayB. L., CastelloteJ. M., WhiteS., & FrithU. (2003). Theories of developmental dyslexia: Insights from a multiple case study of dyslexic adults. Brain: A Journal of Neurology, 126, 841–865. https://doi.org/10.1093/brain/awg076
  • RappB., & Fischer-BaumS. (2014). Representation of orthographic knowledge. In GlodrickM., FerreiraV., & MiozzoM. (Eds.), The Oxford Handbook of Language Production (p. 338–357). New York, NY: Oxford University Press.
  • ReillyS., BishopD. V. M., & TomblinB. (2014). Terminological debate over language impairment in children: forward movement and sticking points. International Journal of Language & Communication Disorders, 49, 452–462. https://doi.org/10.1111/1460-6984.12111
  • ReillyS., TomblinB., LawJ., McKeanC., MensahF. K., MorganA., … WakeM. (2014). Specific language impairment: a convenient label for whom? International Journal of Language & Communication Disorders, 49, 416–451. https://doi.org/10.1111/1460-6984.12102
  • RickettsJ. (2011). Research review: Reading comprehension in developmental disorders of language and communication. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 52, 1111–1123. https://doi.org/10.1111/j.1469-7610.2011.02438.x
  • RickettsJ., DockrellJ. E., PatelN., CharmanT., & LindsayG. (2015). Do children with specific language impairment and autism spectrum disorders benefit from the presence of orthography when learning new spoken words? Journal of Experimental Child Psychology, 134, 43–61. https://doi.org/10.1016/j.jecp.2015.01.015
  • RomagnyD.-A. (2008). Repérer et accompagner les troubles du langage. Outils pratiques, mesures pédagogiques, adaptatives et rééducatives. Lyon : Chronique Sociale.
  • ScarboroughH. S., & DobrichW. (1990). Development of children with early language delay. Journal of Speech and Hearing Research, 33, 70–83. https://doi.org/10.1044/jshr.3301.70
  • SchelstraeteM.-A. (2012). Relations entre langage oral et langage écrit dans les troubles spécifiques du développement du langage oral. In MaillartC. & SchelstraeteM.-A. (éds.), Les dysphasies. De l’évaluation à la rééducation (p. 71–103). Issy-les-Moulineaux: Masson.
  • SchelstraeteM.-A., BragardA., ColletteE., NossentC., & Van SchendelC. (2011). Traitement du langage oral chez l’enfant. Interventions et indications cliniques. Issy-les-Moulineaux: Masson.
  • SchelstraeteM.-A., MaillartC., & JamartA.-C. (2004). Les troubles phonologiques: cadre théorique, diagnostic et traitement. In SchelstraeteM.-A. & NoëlM.-P. (éds.), Les troubles du langage et du calcul chez l’enfant. Une approche psycholinguistique et neuropsychologique (p. 81–112). Cortil-Wodon: E.M.E. & Intercommunications.
  • SerryT., RoseM., & LiamputtongP. (2008). Oral language predictors for the at-risk reader: A review. International Journal of Speech-Language Pathology, 10, 392–403. https://doi.org/10.1080/17549500802056128
  • ShareD. L. (1995). Phonological recoding and self-teaching: sine qua non of reading acquisition. Cognition, 55, 151–218. https://doi.org/10.1016/0010-0277(94)00645-2
  • ShareD. L. (2008). Orthographic learning, phonological recoding, and self-teaching. Advances in Child Development and Behavior, 36, 31–82. https://doi.org/10.1016/S0065-2407(08)00002-5
  • ShribergL. D. (2003). Diagnostic markers for child speech-sound disorders: introductory comments. Clinical Linguistics & Phonetics, 17, 501–505. https://doi.org/10.1080/0269920031000138150
  • ShribergL. D. (2010). Childhood speech sound disorders: from postbehaviorism to the postgenomic era. In RheaP. & FlipsenP. (Eds.), Speech sound disorders in children in honor of Lawrence D. Shriberg (p. 1–33). San Diego: Plural Publishing.
  • ShribergL. D., & AustinD. (1998). Comorbidity of speech-language disorder: implications for a phenotype marker for speech delay. In PaulR. (Ed.), Exploring the speech-language connection (p. 73–115). Baltimore, MD: Brookes.
  • ShribergL. D., TomblinJ. B., & McSweenyJ. L. (1999). Prevalence of speech delay in 6-year-old children and comorbidity with language impairment. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 42, 1461–1481. https://doi.org/10.1044/jslhr.4206.1461
  • SicesL., TaylorH. G., FreebairnL. A., HansenA. J., & LewisB. A. (2007). Relationship between speech-sound disorders and early literacy skills in preschool-age children: impact of comorbid language impairment. Journal of Developmental and Behavioral Pediatrics, 28, 438–447. https://doi.org/10.1097/DBP.0b013e31811ff8ca
  • SimkinZ., & Conti-RamsdenG. (2006). Evidence of reading difficulty in subgroups of children with specific language impairment. Child Language Teaching and Therapy, 22, 315–331. https://doi.org/10.1191/0265659006ct310xx
  • SnowlingM. J., BishopD. V. M., & StothardS. E. (2000). Is preschool language impairment a risk factor for dyslexia in adolescence? Journal of Child Psychology and Psychiatry, 41, 587–600. https://doi.org/10.1111/1469-7610.00651
  • SoutetO. (1995). Linguistique. Paris: PUF.
  • Sprenger-CharollesL., ColéP., BéchennecD., & Kipffer-PiquardA. (2005). French normative data on reading and related skills from EVALEC, a new computerized battery of tests (end Grade 1, Grade 2, Grade 3, and Grade 4). European Review of Applied Psychology, 55, 157–186. https://doi.org/10.1016/j.erap.2004.11.002
  • Sprenger-CharollesL., LacertP., BéchennecD., ColéP., & SerniclaesW. (2001). Stabilité dans le temps et inter-langues des sous-types de dyslexie développementale. ANAE, 115–128.
  • Sprenger-CharollesL., SiegelL. S., JiménezJ. E., & ZieglerJ. C. (2011). Prevalence and reliability of phonological, surface, and mixed profiles in dyslexia: A review of studies conducted in languages varying in orthographic depth. Scientific Studies of Reading, 15, 498–521. https://doi.org/10.1080/10888438.2010.524463
  • StothardS. E., SnowlingM. J., BishopD. V. M., ChipchaseB. B., & KaplanC. A. (1998). Language-impaired preschoolers: A follow-up into adolescence. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 41, 407–418. https://doi.org/10.1044/jslhr.4102.407
  • TalliI., Sprenger-CharollesL., & StavrakakiS. (2015). Is there an overlap between Specific Language Impairment and Developmental Dyslexia? New insights from French. In StavrakakiS. (Ed.), Specific Language Impairment. Current trends in research (p. 57–88). Amsterdam: John Benjamins Publishing Company.
  • TalliI., Sprenger-CharollesL., & StavrakakiS. (2016). Specific language impairment and developmental dyslexia: What are the boundaries? Data from Greek children. Research in Developmental Disabilities, 49–50, 339–353. https://doi.org/10.1016/j.ridd.2015.12.014
  • ThordardottirE., KehayiaE., MazerB., LessardN., MajnemerA., SuttonA., … ChilingaryanG. (2011). Sensitivity and specificity of French language and processing measures for the identification of primary language impairment at age 5. Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 54, 580–597. https://doi.org/10.1044/1092-4388(2010/09-0196)
  • TomblinJ. B., RecordsN. L., & ZhangX. (1996). A system for the diagnosis of specific language impairment in kindergarten children. Journal of Speech and Hearing Research, 39, 1284–1294. https://doi.org/10.1044/jshr.3906.1284
  • VandewalleE., BoetsB., BoonsT., GhesquièreP., & ZinkI. (2012). Oral language and narrative skills in children with specific language impairment with and without literacy delay: A three-year longitudinal study. Research in Developmental Disabilities, 33, 1857–1870. https://doi.org/10.1016/j.ridd.2012.05.004
  • WarrickN., RubinH., & Rowe-WalshS. (1993). Phoneme awareness in language-delayed children: comparative studies and intervention. Annals of Dyslexia, 43, 153–173. https://doi.org/10.1007/BF02928179
  • ZesigerP., BrunM., & NanchenT. (2004). Les relations entre l’oral et l’écrit dans l’acquisition du langage. ANAE, 76–77, 80–85.
  • ZieglerJ. C., PerryC., & ZorziM. (2014). Modelling reading development through phonological decoding and self-teaching: implications for dyslexia. Philosophical Transactions of the Royal Society of London B: Biological Sciences, 369, 20120397. https://doi.org/10.1098/rstb.2012.0397

Notes

  • [1]
    Remerciements : Les auteurs remercient la région Nord-Pas-de-Calais et l’université de Lille 3, pour l’aide financière apportée au travail du premier auteur. Celui-ci remercie également les professionnels de l’équipe pluridisciplinaire du service de neuropédiatrie de l’hôpital Saint Vincent de Paul de Lille, pour les échanges particulièrement riches et animés qui s’y développent et qui représentent une aide précieuse dans l’élaboration de la pensée. Les auteurs remercient sincèrement les évaluateurs pour leurs commentaires constructifs à propos d’une version antérieure de ce manuscrit.
  • [2]
    Si la reconnaissance des mots écrits est limitée, la compréhension de l’écrit est généralement compromise, à l’exception de quelques cas de dyslexie bien compensée.
  • [3]
    La composante sémantique s’applique aux niveaux lexical, morphosyntaxique et discursif.
  • [4]
    Cette perspective modulariste du langage reste toutefois discutée.
  • [5]
    Tout du moins, avec les outils actuels classiquement utilisés lors d’une évaluation (Leonard, 2009).
  • [6]
    À cet âge, certains enfants présentaient des troubles expressifs isolés, d’autres des troubles mixtes (expressifs et réceptifs).
  • [7]
    Cette traduction francophone est empruntée en partie à MacLeod, Sutton, Sylvestre, Thordardottir et Trudeau (2014).
  • [8]
    Dans cette revue de littérature, nous nous intéresserons à tous les TSSP, à l’exception des dyspraxies verbales (childhood apraxia of speech, en anglais), un sous-type très particulier de TSSP (pour une définition, voir Murray, McCabe, Heard, & Ballard, 2015). Selon des données issues d’échantillons cliniques, la dyspraxie verbale représenterait environ 1% des TSSP (Shriberg, 2010).
  • [9]
    Dans ce contexte, ce terme est à considérer au sens de « trouble de reconnaissance des mots écrits ».
  • [10]
    Note. a Cette étude est longitudinale, bien que nous ne rapportions ici que les résultats des enfants à 9 ans; A : anglais; CA : contrôles de même âge chronologique; CL : contrôles de même niveau de lecture; DX : dyslexie; L : longitudinal; LVH : lecture à voix haute; PCC : pourcentage de consonnes correctes (Shriberg et al., 1997) ; T : transversal; T1 : premier temps de l’étude longitudinale; T2 : dernier temps de l’étude longitudinale; TSLO : trouble spécifique du langage oral; TSSP : trouble spécifique des sons de la parole; TSSPDev : trouble spécifique des sons de la parole pour lequel moins de 10% des erreurs phonologiques expressives sont non développementales ; TSSPNonDev : trouble spécifique des sons de la parole pour lequel plus de 10% des erreurs phonologiques expressives sont non développementales.
  • [11]
    À quinze ans, il est impossible de savoir si ces dix jeunes présentent encore un TSSP. La seule information disponible à ce sujet est la suivante: en tant que groupe, ils présentent des scores inférieurs au groupe contrôle de même âge en répétition de pseudomots de deux, trois, quatre et cinq syllabes.
  • [12]
    Scores inférieurs au percentile (P) 10 en répétition d’énoncés.
  • [13]
    Un profil mixte correspond à un trouble langagier concernant à la fois la compréhension et la production. Ici, il s’agissait de scores inférieurs au P 10 en compréhension d’énoncés et en répétition d’énoncés.
  • [14]
    Pour un exemple, voir Catts, Fey, Tomblin et Zhang (2002).
  • [15]
    Par exemple, en lisant les phrases suivantes: « Le garçon poursuivait la fille. La fille a couru dans la cour de récréation », un bon lecteur infère que le garçon est dans la cour de récréation.
  • [16]
    Nous dénommons leurs troubles « TSLO +/– TSSP »w car, en plus du TSLO, 70% de ces enfants présentaient un trouble de répétition de pseudomots.
  • [17]
    Dans cette étude, le seuil pathologique était fixé à -1,5 ET.
  • [18]
    Si le trouble est uniquement ou principalement phonologique, nous pensons qu’il est d’intensité légère à modérée. En cas de trouble phonologique sévère, généralement, la morphosyntaxe est également altérée.
  • [19]
    Mesure prenant en compte à la fois l’exactitude et la rapidité de la lecture à voix haute de textes simples.
  • [20]
    Les proportions d’enfants avec un TSLO isolé et d’enfants avec un TSLO + TSSP ne sont pas précisées dans l’article.
  • [21]
    Dans l’étude de Macchi et al. (2014), les profils retardés représentent 67% des enfants avec un TSLO + TSSP et un trouble de lecture. Dans la revue de littérature de Sprenger-Charolles et al. (2011), ils représentent entre 52 et 73,5% des enfants dyslexiques. Pour rappel, les enfants au profil retardé présentent, pour les deux procédures de lecture, des performances similaires à celles d’enfants contrôles plus jeunes de même niveau de lecture.
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.9.171

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions