Notes
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[1]
Dans la suite du texte, sauf cas d’ambiguïté avec d’autres influences sur le jugement de vérité, nous utiliserons l’expression « effet de vérité » pour désigner l’effet de la répétition sur le jugement de vérité afin de ne pas alourdir le texte.
1Depuis les élections présidentielles aux États-Unis en 2016, l’expression fake news est devenue populaire. Elle désigne des informations fabriquées et promues pour tromper le public dans l’optique d’en retirer un gain idéologique et/ou financier (Pennycook, Cannon, & Rand, 2018). En ce sens, les fake news sont un cas particulier de fausses informations, dont les effets et les façons de s’en protéger font l’objet d’une vive attention (e.g., Ecker, Hogan, & Lewandowsky, 2017 ; Ecker, Lewandowsky, Swire, & Chang, 2011 ; Ecker, Swire, & Lewandowsky, 2014 ; Lazer et al., 2018 ; Rapp, 2016 ; Rapp, Hinze, Kohlhepp, & Ryskin, 2014 ; Swire, Ecker, & Lewandowsky, 2017 ; Swire & Ecker, 2018). La diffusion massive des fausses informations permise par Internet et les réseaux sociaux (Del Vicario et al., 2016 ; Vosoughi, Roy, & Aral, 2018) ainsi que la visibilité de théories conspirationnistes posent la question de l’évaluation de la vérité des informations et des mécanismes associés. Que des informations fausses soient diffusées n’est peut-être pas un problème important si celles-ci ne sont pas perçues comme vraies et si elles n’influencent pas nos comportements. Cependant, des fausses informations sont susceptibles d’être jugées vraies au même titre que de vraies informations. L’adhésion à des croyances erronées peut avoir des conséquences sur des comportements importants, tel que le choix de vacciner ou non ses enfants (e.g., Jolley & Douglas, 2014). La façon dont la vérité des informations est jugée est ainsi un problème lourd d’enjeux à l’ère du numérique. Cet article vise à apporter des éléments de réponse à cette question à travers l’étude d’un effet robuste impliquant une influence de la mémoire sur le jugement de vérité. Cet effet, appelé « effet de vérité », désigne la tendance à juger plus vrais des énoncés répétés que des nouveaux [1]. Après un panorama de différentes influences sur le jugement de vérité, nous présentons l’effet de vérité à travers une synthèse des principaux résultats et discutons le support pour la principale explication de cet effet, soit l’hypothèse de la fluence/familiarité. Dans cette discussion, nous suggérons ponctuellement des directions de futures recherches souhaitables afin de mieux comprendre cet effet.
Les facteurs influençant le jugement de vérité
2Parmi les différents effets retrouvés sur le jugement de la vérité d’énoncés, certains peuvent sembler rationnels : des énoncés dont la source est présentée comme crédible sont en moyenne jugés plus vrais que des énoncés dont la source est dite douteuse (Begg, Anas, & Farinacci, 1992 ; Mitchell, Dodson, & Schacter, 2005 ; Mitchell, Sullivan, Schacter, & Budson, 2006 ; cependant, voir Henkel & Mattson, 2011). Des énoncés peu plausibles (e.g., « la Terre est carrée ») sont jugés moins vrais que des énoncés plausibles (e.g., « L’astate est l’élément chimique le plus rare sur Terre ») (Pennycook et al., 2018). Enfin, des énoncés accompagnés de références (e.g., « Le glacier européen le plus large est le Vatnajökull, en Islande (Gudmundsson, 1997) ») sont jugés plus vrais que ces mêmes énoncés sans références, bien que l’effet soit petit (Putnam & Phelps, 2017). Dans ces trois cas, les variables correspondent à des indices que l’on peut trouver logiques. Du point de vue d’un individu évaluant la vérité d’un énoncé, la crédibilité des sources, la plausibilité et la présence de sources apparaissent comme des justifications rationnelles du jugement formulé. Ainsi, parce qu’un expert aura sans doute plus souvent raison qu’un naïf sur son domaine d’expertise, cela justifie de le croire en l’absence d’autres éléments.
3Cependant, l’utilisation d’autres informations comme indices de vérité ne se justifie pas aussi clairement. Des énoncés accompagnés de photos illustratives (i.e., qui ne corroborent pas les énoncés) sont jugés plus vrais que ces mêmes énoncés sans photos (Newman, Garry, Bernstein, Kantner, & Lindsay, 2012 ; Newman et al., 2015). Par exemple, l’énoncé « Le métal liquide à l’intérieur des thermomètres est le magnésium » aura tendance à être jugé plus vrai en moyenne s’il est accompagné d’une photo de thermomètre que sans. Des énoncés faciles à lire (e.g., contraste élevé entre la couleur de la fonte de l’énoncé et la couleur du fond) sont jugés plus vrais que des énoncés plus difficiles à lire (Reber & Schwarz, 1999 ; Scholl, Greifeneder, & Bless, 2014 ; Unkelbach, 2007). Des énoncés lus par des personnes sans accent sont également jugés plus vrais que des énoncés lus par des personnes avec un accent étranger (Lev-Ari & Keysar, 2010 ; cependant voir Souza & Markman, 2012 pour un échec de réplication). Des énoncés qui riment sont également jugés plus vrais que des énoncés dont le contenu sémantique est comparable mais qui ne riment pas (McGlone & Tofighbakhsh, 2000). Enfin, des énoncés répétés, même vus une seule fois, sont jugés plus vrais que de nouveaux énoncés (pour les premiers travaux, voir Hasher, Goldstein, & Toppino, 1977 ; Bacon, 1979 ; Gigerenzer, 1984 ; Schwartz, 1982 ; pour méta-analyse voir Dechêne, Stahl, Hansen, & Wänke, 2010). Dans tous ces cas, les effets ne semblent pas aussi logiques que les effets de la crédibilité, de la plausibilité ou des citations sur le jugement de vérité. Il est en effet difficile de voir en quoi une photo illustrative, la facilité de lecture, les rimes, la prononciation ou une exposition préalable pourraient fournir une preuve de la vérité des propositions (pour une discussion de ces effets, voir Reber & Unkelbach, 2010).
4Si ces différents effets peuvent avoir des implications pratiques importantes, nous nous occuperons ici essentiellement de l’effet de la répétition sur le jugement de vérité. Deux raisons nous invitent à nous concentrer sur la répétition en tant que base illogique de la vérité. Tout d’abord, compte tenu de nos environnements médiatiques, nous sommes susceptibles d’être exposés plusieurs fois aux mêmes informations. Par exemple, de nombreuses chaînes d’information en continu présentent la même actualité plusieurs fois par jour. Beaucoup de personnes s’informent sur les réseaux sociaux, sites où les multiples partages rendent probable l’exposition répétée à la même information. Selon un récent sondage (IFOP, 2017), 29 % de la population française s’informerait principalement via Internet (dont réseaux sociaux). Du fait des revisites fréquentes des mêmes sites et de la diffusion par les internautes des mêmes informations sur différents sites web, une exposition répétée aux mêmes contenus est possible, voire fréquente. Les bulles de filtrage, en favorisant l’exposition à des informations congruentes avec nos opinions et préférences, provoquent une forme d’exposition sélective, et potentiellement la répétition sélective de certaines informations. L’exposition répétée à une même information serait également favorisée par les médias en ligne dans la mesure où 64 % de ce qui a été publié en ligne en 2013 en France seraient du copié-collé selon une estimation récente (Cagé, Hervé, & Viaud, 2017) : la part du contenu original de l’article rapporté à son contenu total ne serait que de 36 % en moyenne. Les résultats de Cagé et al. (2017) montrent également que 56 % des articles de médias en ligne contiennent moins de 20 % de contenu original. Ainsi, pour plus de la moitié des articles en ligne, l’exposition à une information répétée est en moyenne cinq fois plus probable que l’exposition à une nouvelle information. La deuxième raison est que l’effet de vérité permet de poser la question de la relation entre mémoire et jugement. Qu’une simple exposition ait un effet sur le jugement de vérité conduit à se demander ce qui, dans cette exposition, provoque cet effet. La fluence, qui décrit la facilité avec laquelle les gens traitent les énoncés, est souvent évoquée (Dechêne et al., 2010 ; Eagleman, 2009 ; Kahneman, 2011), ainsi que le sentiment de familiarité auquel la fluence conduit (Jacoby, Kelley, & Dywan, 1989 ; Mantonakis, Whittlesea, & Yoon, 2008). Comme les gens ont appris par expérience que les items fluents peuvent être attribués au passé, ils prennent quelquefois la fluence comme indice qu’un stimulus est familier même si ce sentiment de familiarité est faux. Lorsqu’ils traitent une information pour la deuxième, troisième fois, ils la traitent plus vite et considèrent cette fluence comme un signal de vérité. Les mécanismes de récupération en mémoire et leur influence sur le jugement peuvent ainsi être directement étudiés dans le cas particulier de l’effet de la répétition sur le jugement de vérité. Cette question étant d’actualité avec l’exposition répétée aux mêmes contenus, cette revue vise à présenter les principaux résultats sur l’effet de vérité et à discuter ses mécanismes.
L’effet de la répétition sur le jugement de vérité
Deux procédures d’étude de l’effet de vérité : un ou deux jugements de vérité
Figure 1. Schéma des principales procédures d’étude de l’effet de vérité (1 ou 2 jugements) avec les principaux paramètres pouvant varier.
Figure 1. Main procedures (one or two truth judgement tasks) used to study the truth effect and main parameters varied.
Figure 1. Schéma des principales procédures d’étude de l’effet de vérité (1 ou 2 jugements) avec les principaux paramètres pouvant varier.
Figure 1. Main procedures (one or two truth judgement tasks) used to study the truth effect and main parameters varied.
5L’effet de la répétition sur le jugement de vérité est communément désigné par le terme effet de vérité (ou effet de vérité illusoire), bien que ce terme soit également utilisé pour désigner l’effet d’autres facteurs (e.g., contraste entre fond et texte). Deux procédures sont utilisées pour mettre en évidence cet effet : l’une avec au moins deux jugements de vérité où sont présentés les mêmes énoncés (procédure ‘2 jugements’), l’autre avec un seul jugement de vérité (procédure ‘1 jugement’) (voir Figure 1).
6Dans la procédure ‘2 jugements’, les participants jugent la vérité d’un certain nombre d’énoncés dans la première partie de l’expérience (premier jugement), puis jugent à nouveau la vérité d’une partie ou de l’ensemble de ces énoncés ainsi que de nouveaux dans une nouvelle partie de l’expérience (en général, 50 % des énoncés sont répétés et ils sont factuellement vrais pour moitié) séparée du premier jugement par un certain délai. Dans ce cadre, l’effet de vérité peut être analysé avec un critère intra-énoncés (différence des scores de jugement de vérité entre le premier jugement et le second jugement pour les énoncés répétés) ou un critère inter-énoncés (différence des scores de jugement de vérité entre les énoncés répétés et les nouveaux lors de la deuxième tâche de jugement de vérité). Plus de deux phases de test sont possibles. La première démonstration de l’effet de vérité a été obtenue avec la procédure ‘2 jugements’ (Hasher et al., 1977). Hasher et al. ont présenté auditivement 60 énoncés factuels (i.e. portant sur des états du monde) plausibles vrais ou faux (e.g., « Le Caire, en Égypte, compte plus d’habitants que Chicago, dans l’Illinois ») à 40 étudiants à travers trois sessions expérimentales séparées par deux semaines. Dans chacune des sessions, la tâche des participants était d’évaluer la vérité des énoncés sur une échelle de Likert en 7 points (1 : « Certainement faux » ; 7 : « Certainement vrai »). À travers les trois sessions, un tiers des énoncés était répété et mélangé à de nouveaux énoncés. Les résultats ont montré une interaction statistiquement significative entre la répétition des énoncés et la session. Le score de jugement de vérité des énoncés était plus élevé après leur répétition (Msession 3 = 4.74 ; Msession 2 = 4.67) qu’avant (Msession 1 = 4.35). La moyenne des scores sur les nouveaux énoncés n’a pas significativement varié en fonction des sessions.
7Dans la procédure ‘1 jugement’, puisqu’il n’y a qu’une seule session de jugement de vérité, seule la comparaison entre les nouveaux énoncés et les énoncés répétés est possible. Dans la première partie de l’expérience, les participants réalisent une tâche autre que le jugement de vérité (e.g., juger la compréhension des énoncés ; juger leur intérêt ; simplement les lire) afin d’être exposés à un certain nombre d’énoncés. Après un certain délai, les participants jugent la vérité d’une partie ou de l’ensemble de ces énoncés ainsi que de nouveaux (en général, 50 % des énoncés sont répétés et ils sont factuellement vrais pour moitié). Contrairement à la procédure ‘2 jugements’ avec un critère intra-énoncés, l’effet de vérité n’est pas défini comme une interaction entre la session et la répétition, mais comme un effet principal de la répétition. Seul le critère inter-énoncés peut être calculé ici. La première démonstration de l’effet de vérité avec la procédure ‘1 jugement’ est due à Schwartz (1982). Soixante-douze participants ont lu des énoncés présentés une ou trois fois visuellement dans la première partie de l’expérience, avec la tâche de mémoriser le sens des énoncés. Après une tâche de rappel indicé, les énoncés vus dans la première partie de l’expérience ont été mélangés à de nouveaux avec la tâche d’en juger la vérité sur une échelle de Likert en 7 points semblable à celle de Hasher et al. (1977). Le score de jugement de vérité était plus élevé pour les énoncés lus une ou trois fois dans la première partie de l’étude (Mrepet 1 fois = 4.23 ; Mrepet 3 fois = 4.33) que pour ceux vus uniquement en tâche de jugement de vérité (Mnouveau = 3.84). La différence entre les énoncés répétés une ou trois fois n’était pas significative.
8Historiquement, la procédure ‘2 jugements’ a tout d’abord dominé les recherches sur l’effet de vérité. Sur 15 études publiées avant 1990, 10 ont utilisé une procédure ‘2 jugements’. Cependant, la procédure ‘1 jugement’ est actuellement la plus couramment utilisée. Sur les 104 études recensées sur l’effet de vérité, seules 24 ont utilisé une procédure ‘2 jugements’, contre 74 utilisant une procédure ‘1 jugement’ (4 mixant les deux, 2 ne pouvant pas être qualifiées). La distinction de ces deux procédures est importante car les effets de modération mis en évidence dans chacune sont partiellement différents.
Quels modérateurs de l’effet de vérité ?
9Depuis le premier article montrant l’effet de vérité (Hasher et al., 1977), l’effet a été répliqué plus d’une centaine de fois (pour méta-analyse, voir Dechêne et al., 2010). L’effet de vérité est robuste car il a été retrouvé malgré des variations du type d’énoncés utilisés (factuels ; opinions, voir Arkes, Hackett, & Boehm, 1989 ; énoncés connus comme faux, voir Fazio, Brashier, Payne, & March, 2015), du temps de présentation des énoncés (e.g., 2 secondes ou 10 secondes), du temps disponible au test (limité ou non, voir Dechêne et al., 2010), de la modalité de présentation en étude et en test (visuelle, auditive, similaire ou non en étude et en test, voir Dechêne et al., 2010), de la tâche réalisée en phase d’étude (e.g., catégoriser les énoncés ; juger l’intérêt ou la compréhensibilité des énoncés ; simplement lire les énoncés), de la proportion d’énoncés répétés par rapport aux nouveaux (e.g., un tiers ; la moitié), de la variable dépendante utilisée (e.g., réponse binaire « Vrai/Faux » ; échelles de Likert ; échelles visuelles analogiques) et de l’âge des participants. Bien que l’effet ait été retrouvé malgré les variations rapportées, des conditions jouant sur l’effet observé ou annulant cet effet ont été identifiées (voir Tableau 1).
Tableau 1. Principaux modérateurs de l’effet de vérité avec un critère intra- et inter-items et exemples d’études
Table 1.Main moderators of the truth effect with a within- and between-items criterion and studies examples
Modérateur | Critère | Exemple d’étude | |
Intra-énoncés | Inter-énoncés | ||
Peu d’énoncés en étude et au test (vs plus) | ∅ | + | Unkelbach et Rom, (2017, exp.2) |
Délai étude – test bref (vs long) | - | + | Silva, Garcia-Marques, et Reber (2017) |
Répétition thématique (vs répétition identique) | ≈ | - | Begg, Armour, et Kerr (1985) |
Alerter sur l’effet de vérité (vs ne pas alerter) | ∅ | - | Nadarevic et Aßfalg (2017) |
Scepticisme | ≈ | - | DiFonzo, Beckstead, Stupak et Walder (2016) |
Présenter uniquement des énoncés anciens au test (vs les mélanger à de nouveaux) | - | - | Dechêne, Stahl, Hansen, et Wänke (2009, exp. 1) |
Simultanément juger la vérité et reconnaître les énoncés | ∅ | - | Garcia-Marques, Silva, et Mello (2017) |
Tableau 1. Principaux modérateurs de l’effet de vérité avec un critère intra- et inter-items et exemples d’études
Table 1.Main moderators of the truth effect with a within- and between-items criterion and studies examples
10Tout d’abord, des modérateurs partiels, qui diminuent ou augmentent l’effet de vérité sans toutefois l’annuler, sont identifiés. Lire puis juger peu d’énoncés (20 énoncés à lire, 30 à juger) a été associé à un effet de vérité plus large que lire puis juger plus d’énoncés (40 à lire, 60 à juger) (Unkelbach & Rom, 2017, exp.2). Dans trois expériences récentes utilisant la procédure ‘1 jugement’, l’effet de vérité trouvé après un très bref délai était plus large qu’après une semaine (Garcia-Marques, Silva, Reber, & Unkelbach, 2015 ; Silva, Garcia-Marques, & Reber, 2017 ; cependant voir Dechêne et al., 2010). Une répétition thématique (e.g., présenter tout d’abord le thème « Température corporelle des chevaux » puis « La température corporelle des chevaux est d’environ 104 degrés Fahrenheit ») a été associée à un effet de vérité moins large qu’une répétition à l’identique (e.g., Begg, Armour, & Kerr, 1985 ; Dechêne et al., 2010 ; cependant voir Silva et al., 2017). Cependant, les comparaisons rapportées dans la méta-analyse de Dechêne et al. (2010) résultent de différentes expériences dans lesquelles, pour la majorité d’entre elles, les effets modérateurs n’ont pas été directement testés. Ainsi, des tests directs de possibles variations de l’effet de vérité en fonction des paramètres des procédures sont indiqués. Outre ces modérateurs potentiels, présenter des alertes aux participants en les informant de l’existence de l’effet de vérité et de la nécessité de l’éviter a montré une réduction de cet effet (Nadarevic & Aßfalg, 2017). Les traits individuels ont également été étudiés en lien avec l’effet de vérité. Aucun lien statistiquement significatif n’a été mis en évidence entre, d’une part, le besoin de cognition (i.e., la tendance à apprécier des activités cognitives coûteuses et s’y engager) (Arkes et al., 1991 ; Nadarevic, Meckler, & Schmidt, 2012), le besoin de clôture (i.e., le désir d’avoir une réponse définitive sur un sujet plutôt qu’une incertitude) (Nadarevic et al., 2012) ou la disposition au scepticisme (i.e., la tendance à suspendre son jugement pendant la recherche d’informations complémentaires) (Nadarevic et al., 2012) et l’effet de vérité d’autre part. Cependant, un petit effet du scepticisme sur l’effet de vérité a récemment été mis en évidence (DiFonzo, Beckstead, Stupak, & Walder, 2016), où l’effet de vérité diminue lorsque le score de scepticisme augmente. Ainsi, le nombre d’énoncés à lire/juger, le type de répétition, le délai entre les deux phases, des alertes sur l’effet de vérité et la disposition au scepticisme avec une procédure ‘1 jugement’ sont de bons candidats au statut de modérateurs partiels de l’effet. Ces variables pourraient diminuer l’effet de vérité sans cependant l’annuler. Les études de ces effets restant peu nombreuses, les résultats sont à interpréter avec précaution. Des études de réplication directes et indirectes sont souhaitables pour tester ces effets modérateurs avec une plus grande précision avec les deux procédures.
11Des modérateurs complets, annulant l’effet de vérité, ont également été mis en évidence. Avec un critère inter- comme intra-énoncés, l’effet de vérité a été retrouvé lorsque des énoncés anciens et nouveaux étaient mélangés au moment du test, mais pas lorsqu’uniquement des énoncés anciens ou nouveaux étaient présentés (Dechêne, Stahl, Hansen, & Wänke, 2009, exp. 1). L’effet de vérité avec un critère intra-énoncés n’a pas été répliqué lorsque les deux sessions de jugement de vérité étaient proches dans le temps (Hawkins & Hoch, 1992 ; Nadarevic, 2014 ; Nadarevic, 2007 ; ou diminué, Dechêne et al., 2010). Augmenter le délai avec une procédure ‘2 jugements’ augmenterait l’effet de vérité, alors qu’augmenter le délai avec une procédure ‘1 jugement’ le diminuerait. Ces effets opposés du délai en fonction de la procédure peuvent être expliqués par un effet d’inertie de la réponse, présent uniquement avec la procédure ‘2 jugements’. Les participants ayant un meilleur souvenir des réponses données dans le premier jugement avec un délai bref qu’avec un délai plus long entre les deux jugements de vérité, les réponses données lors de la seconde tâche de jugement de vérité auraient tendance à se conformer à leur réponse initiale (e.g., répondre « Vrai » s’ils se souviennent avoir déjà répondu « Vrai » avant). Dans une procédure ‘1 jugement’, puisqu’un seul jugement de vérité est requis, on ne retrouverait pas cette inertie de la réponse. Dans ce dernier cas, augmenter le délai, en diminuant le souvenir, diminuerait l’effet de vérité.
12Avec une procédure ‘1 jugement’, l’effet de vérité n’a pas été répliqué lorsque des participants devaient simultanément juger la vérité des énoncés et indiquer s’ils les reconnaissaient, mais obtenu lorsque ces deux tâches étaient effectuées dans deux phases différentes de l’expérience (Garcia-Marques, Silva, & Mello, 2017). Le constat fait à propos des modérateurs partiels est à nouveau formulé ici : bien que les variables identifiées soient des candidats pertinents au statut de modérateurs complets, les études les faisant directement varier sont peu nombreuses et requièrent des études de réplication directes et indirectes.
13L’effet de vérité ayant été obtenu dans des situations expérimentales aux paramètres variables, il peut être qualifié de robuste. Cependant, des modérateurs partiels et complets ont été mis en évidence. Des réplications et des études systématiques de l’effet de ces variables sur l’effet de vérité permettraient de préciser le rôle de ces variables et les conditions sous lesquelles leur effet est obtenu. Jusqu’ici, nous avons décrit l’effet de vérité ainsi que les principaux modérateurs relevés dans la littérature. Comment expliquer l’effet de vérité ainsi que les diverses modérations mises en évidence ? Dans la section suivante, nous présentons la principale hypothèse avancée afin d’expliquer l’effet de vérité, à savoir l’hypothèse de la fluence/familiarité. Nous présenterons ensuite des résultats qui la supportent en mettant l’accent sur leurs limites, et suggérerons une explication alternative.
Expliquer l’effet de vérité : l’hypothèse de la fluence/familiarité
14L’explication dominante de ce phénomène est la fluence/familiarité associée à l’exposition répétée. Des énoncés déjà vus seraient plus faciles à traiter que de nouveaux, et cette fluidité du traitement engendrerait un sentiment de familiarité dont l’origine réelle (l’exposition préalable) ne serait pas identifiée. Le participant ferait alors une erreur d’attribution de la familiarité expérimentée. Dans une tâche de jugement de vérité, la familiarité serait interprétée comme un indice de vérité de l’énoncé parce que l’influence de la mémoire sur le jugement s’exerce selon un mécanisme attributif (Jacoby et al., 1989). Ce mécanisme permet notamment d’expliquer l’effet d’une reconnaissance couplée au jugement évoquée plus haut (Garcia-Marques et al., 2017). La véritable source de la fluence (l’exposition antérieure) étant plus facilement identifiable lorsque les participants doivent simultanément juger et reconnaître les énoncés que lorsque le jugement et la reconnaissance sont réalisées en séquentiel, l’effet de vérité est diminué voire disparaît. Notons ici que toute condition pouvant favoriser une attribution correcte de la familiarité à l’exposition antérieure, lorsqu’une tâche de mémoire est utilisée (simultanément ou après le jugement), ou encore lorsqu’une tâche de jugement est utilisée après une première exposition, doit diminuer le biais de jugement que constitue l’effet de vérité.
15Plus généralement, le modèle de mésattribution proposé par Jacoby et al. (1989) s’applique à d’autres situations de jugement. Les études convergent en effet pour dire que la fluence est un indice utilisé dans une large gamme de jugements, tels que le jugement esthétique, de célébrité, de confiance, de fréquence, et de vérité (voir Alter & Oppenheimer, 2009 ; Jacoby et al., 1989 ; Unkelbach & Greifeneder, 2013). Sous cette conception, la familiarité est (faussement) attribuée à la tâche à réaliser, aux propriétés des stimuli à juger, sauf si une explication alternative à la familiarité est accessible. Ainsi, seul l’un des deux processus de mémoire classiquement distingués dans les modèles duels de mémoire est supposé être responsable de l’effet constaté.
16Dans les modèles duels de la mémoire (i.e., à deux processus), une distinction entre familiarité et recollection est couramment proposée (Jacoby, 1991 ; Kelley & Jacoby, 2000 ; Yonelinas, 2002 ; Yonelinas, Aly, Wang, & Koen, 2010 ; Yonelinas & Jacoby, 2012). Alors que la familiarité est le sentiment qu’un item a déjà été présenté, la recollection est la remémoration consciente des détails, qu’il s’agisse de la recollection du contexte d’étude (caractéristiques de la source ; ordre de présentation ; pensées au moment de la présentation de l’item…) ou de la recollection de l’item lui-même (voir Brainerd, Gomes, & Moran, 2014 ; Brainerd, Gomes, & Nakamura, 2015). Si l’on mobilise cette distinction entre les processus de familiarité et recollection, il apparaît que l’effet de vérité est dû à la familiarité (mésattribuée), en l’absence de recollection ou remémoration consciente.
17À ce stade, nous avons caractérisé l’effet de vérité, ses principaux modérateurs ainsi que le principal médiateur, soit la familiarité. Dans la section suivante, nous abordons les principaux résultats ayant corroboré cette hypothèse, en mettant l’accent sur les principales limites de ce support. Dans une dernière section, nous présenterons une explication alternative de l’effet de vérité, soit la correspondance entre les informations récupérées en mémoire et les énoncés. Nous préciserons alors pourquoi il est important de considérer plus précisément la question de la recollection dans l’effet de vérité.
Support empirique pour l’hypothèse de la familiarité et ses limites
18La familiarité est une explication à la fois parcimonieuse et corroborée de l’effet de vérité. Parcimonieuse parce qu’elle est supportée dans l’étude d’autres effets et mobilise peu de construits ; corroborée car la majorité des résultats disponibles dans la littérature sur l’effet de vérité sont explicables avec cette hypothèse. Cependant, le support empirique présente des limites importantes que l’on catégorisera ici en quatre groupes : (1) limites conceptuelles de la reconnaissance ; (2) limites des mesures de la familiarité ; (3) limite de la comparaison entre effet de vérité induit par la répétition et les autres effets de vérité ; (4) limites de l’explication de trois modérateurs de l’effet de vérité : l’effet du nombre d’énoncés, l’effet d’auto-référence, et l’effet du délai entre étude et test.
19Des études (Boehm, 1994 ; Hawkins & Hoch, 1992 ; Roggeveen & Johar, 2002) ont testé l’hypothèse de la familiarité à travers des analyses de médiation, utilisant une approche en étapes causales (Baron & Kenny, 1986). Ces études ont conclu que la familiarité médiatisait l’effet de la répétition sur le jugement de vérité. Cependant, des problèmes de conceptualisation de la familiarité sont à relever dans ces études. Hawkins et Hoch (1992) et Roggeveen et Johar (2002) présupposent que la performance à la tâche de reconnaissance épisodique est une mesure correcte de la familiarité. Ainsi, leurs analyses de médiation incluent non pas un score de familiarité, mais la performance en reconnaissance. Or, l’idée selon laquelle la reconnaissance serait une mesure « pure » d’un seul processus (ici, la familiarité) est difficilement tenable face à la grande quantité de résultats montrant que la performance à une tâche de reconnaissance est à la fois due à la contribution de la familiarité et de la recollection (Jacoby, 1991 ; pour revue, voir Yonelinas, 2002 ; Yonelinas & Jacoby, 2012). Si les analyses de médiation montrent bien que la performance en reconnaissance médiatise l’effet de vérité, elles ne sont pas suffisantes pour clairement affirmer que seule la familiarité en est le médiateur. En l’état, la familiarité comme la recollection sont des candidats au statut de modérateur de l’effet de vérité. Notons que l’étude de Boehm (1994) ne souffre pas de cette limite conceptuelle, mais d’un problème de mesure qui est abordé dans le point suivant. La limite tient à la mesure du processus de familiarité.
20De nombreuses études ont investigué la relation entre jugement de vérité et familiarité. Dans beaucoup de cas, la familiarité a été évaluée à travers des échelles de Likert (e.g., Arkes et al., 1991 ; Begg et al., 1985 ; Boehm, 1994 ; DiFonzo et al., 2016 ; Hawkins & Hoch, 1992 ; Hawkins, Hoch, & Meyers-Levy, 2001 ; Schwartz, 1982). Par exemple, Boehm (1994, exp. 1) a mesuré la familiarité avec une échelle de Likert en 7 points, allant de 1 : « définitivement non-familier » à 7 : « définitivement familier ». Ces mesures de familiarité ont montré des corrélations positives avec le jugement de vérité. En outre, les scores de familiarité comme les scores de jugement de vérité augmentant avec la répétition, il a été avancé que l’effet de la répétition sur le score de jugement de vérité était à expliquer par l’incrément de familiarité. À l’exception de l’analyse de médiation de Boehm (1994), ces corrélations ne permettent pas de tester le rôle causal de la familiarité dans le modèle. Il peut en effet être envisagé que la familiarité et la vérité soient deux produits indépendants de la répétition. Lorsque la familiarité est mesurée avec une échelle de Likert, son rôle dans l’explication de l’effet de vérité est donc difficile à évaluer. Un autre problème de l’utilisation des échelles de Likert est qu’il est difficile de savoir si elles mesurent la familiarité telle que couramment entendu dans les modèles duels de la mémoire c’est-à-dire un sentiment de familiarité qui n’est pas associé chez la personne à la capacité à se remémorer le contexte d’occurrence de l’évènement.
21Des méthodes permettent de séparer la contribution de la familiarité et de la recollection dans des tâches de mémoire et de jugement (pour une revue de ces méthodes dans l’étude de la mémoire, voir Clarys, 2001). Parmi ces méthodes, le paradigme Remember/Know (Gardiner & Richardson-Klavehn, 2000 ; Tulving, 1985) permet de distinguer la phénoménologie associée à la récupération, par exemple dans une tâche de reconnaissance. Les participants indiquent s’ils se rappellent consciemment l’item et des éléments de son contexte de présentation (« Remember ») ou s’ils savent simplement que l’item a été présenté (« Know »). La procédure de dissociation des processus (Jacoby, 1991 ; Yonelinas & Jacoby, 2012) permet d’estimer la contribution des processus de recollection et de familiarité en proposant deux conditions de réponse. Dans une condition, dite d’inclusion, les deux processus supportent une même réponse (e.g., « ancien » dans une tâche de reconnaissance), tandis que dans la condition dite d’exclusion les deux processus supportent différentes réponses (e.g., seule la familiarité peut expliquer la production d’une réponse « ancien »). Des modèles d’arbres de traitement multinomiaux (Batchelder & Riefer, 1999 ; Erdfelder, Auer, Hilbig, Aßfalg, Moshagen, & Nadarevic, 2009 ; Riefer & Batchelder, 1988) sont également utiles pour séparer la contribution de différents processus car ils permettent de décomposer des probabilités observées de réponses dans des probabilités de processus cognitifs latents supposés dans les modèles.
22Les scores de familiarité mesurée avec des échelles de Likert peuvent indexer la familiarité comme la recollection sans les distinguer. En effet, lorsque le participant éprouve un sentiment de familiarité qu’il attribue correctement au passé, ce sentiment peut survenir avec ou sans recollection. En outre, il est difficile d’exclure que différents biais de réponse peuvent contaminer ces mesures. Ces limites supportent l’idée que les mesures de la familiarité à travers des échelles de Likert et les résultats qui s’appuient dessus ne constituent pas un support empirique suffisant à l’égard de l’hypothèse de la familiarité. Si ces analyses permettent bien de supposer que la familiarité médiatise l’effet de vérité, elles sont trop imprécises pour exclure une contribution de la recollection des items ou d’autres processus.
23Bien qu’en nombre réduit, des études ont séparé expérimentalement la contribution de la familiarité et de la recollection de la source au sein du jugement de vérité. Begg et al. (1992) ont transposé la procédure de dissociation des processus (Jacoby, 1991) à l’effet de vérité en manipulant la crédibilité des sources. La contribution de la recollection de la source et de la familiarité a été estimée en utilisant les réponses données à la tâche de jugement de vérité sur des énoncés présentés par deux sources. Dans une source, les énoncés étaient présentés comme faux, tandis que dans l’autre, les énoncés étaient présentés comme vrais. Alors que répondre « Vrai » à un énoncé présenté comme vrai (condition d’inclusion) est potentiellement supporté à la fois par la recollection de la source et par la familiarité, répondre « Vrai » à un énoncé présenté comme faux (condition d’exclusion) n’est supporté que par la familiarité en l’absence de recollection de la source. Unkelbach et Stahl (2009) ont utilisé un modèle d’arbres de traitements multinomiaux de l’effet de vérité, distinguant notamment la fluence due à la présentation et la recollection de la source. Ce modèle constitue une extension de la procédure de dissociation des processus telle qu’appliquée au sein du jugement de vérité par Begg et al. (1991). Enfin, Law (1998) a mesuré le souvenir des énoncés dont il était demandé de juger la vérité avec une tâche de reconnaissance couplée au paradigme Remember/Know (Tulving, 1985). Ces estimations des processus ont été faites en manipulant la crédibilité des sources des énoncés avec une procédure ‘1 jugement’. En phase d’étude, les sources étaient présentées comme crédibles ou douteuses, ou les énoncés comme vrais ou faux. Ces études supportent l’idée que la familiarité médiatise l’effet de vérité. La recollection de la source (récupérer la valeur de crédibilité de la source/la valeur de vérité des énoncés) supporte l’effet de vérité si la valeur récupérée est crédible/vraie, et le diminue si la valeur récupérée est douteuse/fausse.
24En fournissant des estimations quantitatives de la contribution des processus de récupération, ces études de l’effet de vérité (Begg et al., 1992 ; Law, 1998 ; Unkelbach & Stahl, 2009) permettent des analyses plus fines et évitent alors le problème de conceptualisation de la reconnaissance comme mesure « pure » d’un seul processus. Cependant, ces quelques études se limitent au cas où la crédibilité des sources est manipulée. Dans ce cas, la recollection de la source fournit un indice de vérité directement utilisable dans le jugement de vérité (e.g., répondre « Vrai » si on se souvient que l’énoncé a été présenté dans la liste crédible). À notre connaissance, des estimations quantitatives des processus n’ont pas été faites sans manipulation de la crédibilité des sources. Or, les résultats obtenus lorsque la crédibilité des sources a été manipulée ont été utilisés pour justifier des hypothèses lorsque la crédibilité n’était pas manipulée. Il semble raisonnable de supposer que les processus à l’œuvre soient les mêmes que la crédibilité soit manipulée ou non. Néanmoins, en l’absence d’indices fournis par la recollection de la source, ce manque dans les résultats disponibles rend difficile d’évaluer l’hypothèse selon laquelle seule la familiarité médiatise l’effet de vérité. Le manque de support spécifique pour l’hypothèse de la familiarité évoqué plus haut et la possibilité théorique de médiation de l’effet de vérité par la recollection des items font de cette supposition non pas une prémisse à considérer comme valide, mais une hypothèse à tester.
25La troisième classe de limites vient de la comparaison de différents effets de vérité. Un argument souvent repris dans la littérature sur l’effet de vérité pour soutenir l’hypothèse de la familiarité est que des manipulations de la fluence perceptive ou conceptuelle induisent, à l’instar de la répétition, un effet de vérité. Des énoncés rendus faciles à lire (à travers une manipulation du contraste énoncés – fond) ont tendance à être jugés plus vrais que des énoncés plus difficiles à lire (Reber & Schwartz, 1999 ; Scholl et al., 2014 ; Unkelbach, 2007). Des énoncés qui riment ont également tendance à être jugés plus vrais que des énoncés sémantiquement équivalents ne rimant pas (McGlone et Tofighbakhsh, 2000). Des énoncés insérés dans un contexte conceptuel cohérent ont tendance à être jugés plus vrais que des énoncés insérés dans un contexte conceptuel moins cohérent (Parks et Toth, 2006). Du fait de cette famille d’effets de vérité, il a été suggéré que tous reposent essentiellement sur un mécanisme commun, soit la fluence. Cet argument souffre de deux problèmes. Le premier est que la répétition, contrairement à une manipulation de la fluence perceptive ou conceptuelle, n’a pas comme seul effet de rendre plus fluide le traitement des énoncés. Bien que ce soit cette caractéristique de la répétition qui soit souvent mise en avant dans l’étude de l’effet de vérité, il est important d’insister à nouveau sur la distinction entre familiarité et recollection : la répétition permet une récupération en mémoire des caractéristiques de l’événement à travers des processus de familiarité comme de recollection. Ainsi, s’il est compréhensible que la focale ait été mise sur la familiarité, rien n’exclut une nouvelle fois que la recollection des items médiatise également l’effet de vérité. La répétition conduisant à des récupérations en mémoire basées sur différents processus, manipuler la répétition ne fait pas varier que la familiarité. L’inférence selon laquelle seule la familiarité médiatise l’effet de vérité n’est donc pas garantie sur le plan logique.
26Le premier problème de la comparaison entre effets de vérité est donc que la répétition ne peut être mise au même niveau que les autres manipulations évoquées, celle-ci induisant plus qu’une modification de la fluence perceptive et conceptuelle. Le deuxième problème est que, lorsque l’on compare effectivement les effets de la répétition et de la fluence perceptive sur le jugement de vérité, les tailles des effets obtenues sont souvent distinctes. La méta-analyse de l’effet de vérité induit par la répétition (Dechêne et al., 2010) a montré que cet effet est moyen (g de Hedges ≃ .50). L’analyse des effets de la fluence perceptive sur le jugement de vérité montre des effets qui tendent à être très inférieurs à celui de la répétition. Silva, Garcia-Marques, et Mello (2016) ont souligné que l’effet obtenu par Reber et Schwartz est très petit (d de Cohen = .13). Après un calcul du facteur bayésien de ce résultat (BF01 = 3.55), il apparaît que l’hypothèse d’absence d’effet, et non pas l’hypothèse d’une différence, est mieux soutenue par les données. L’étude de McGlone et Tofighbakhsh (2000), où la fluence perceptive a été manipulée à travers la sonorité des énoncés, a montré des effets analogues à ceux de Reber et Schwarz (1999). Bien que des effets plus larges de la fluence perceptive sur le jugement de vérité ont été obtenus (e.g., Unkelbach, 2007), les comparaisons non systématiques présentées ici suggèrent que les effets de la répétition sur le jugement de vérité sont plus larges que ceux de la fluence perceptive. Une méta-analyse des effets de vérité serait utile sur ce point car elle permettrait de comparer finement les tailles des effets sur le jugement de vérité en fonction de la manipulation employée. En l’absence d’une telle méta-analyse, nous suggérons ici qu’il est délicat de conclure à un mécanisme commun aux effets de vérité induits par la répétition ou non. La seule obtention d’effets significatifs de la fluence perceptive d’une part et de la répétition d’autre part sur le jugement de vérité n’est pas un argument suffisant pour supporter que la fluence médiatise l’effet de la répétition sur le jugement de vérité. L’hypothèse de supériorité de la taille de l’effet de vérité induit par la répétition par rapport aux autres manipulations permet de conjecturer, en l’attente d’analyses plus fines, que l’effet de vérité induit par la répétition ne repose pas sur la seule fluence. Ici encore, la recollection des items est un candidat pertinent au statut de médiateur de cet effet.
27Nous avons passé en revue les principaux arguments qui soutiennent l’hypothèse de la familiarité. Une force de cette hypothèse est qu’elle rend compte d’un grand nombre de résultats, concernant les effets de vérité ainsi que d’autres (e.g., jugement de célébrité ; jugement esthétique, voir Alter & Oppenheimer, 2009). Cependant, des résultats obtenus sur l’effet de vérité induit par la répétition sont difficiles à expliquer sous la seule hypothèse de la familiarité. Nous en discuterons trois ici, dont deux ont été évoqués dans la section sur les modérateurs : l’effet du nombre d’énoncés, l’effet d’auto-référence, et l’effet du délai entre étude et test. La diminution du nombre d’énoncés traités à l’encodage et au test, le fait de tenter de relier l’information à soi-même lors de l’encodage (auto-référence) ainsi qu’un délai réduit entre l’encodage et le test constituent des manipulations connues pour améliorer la recollection dans une plus large mesure que la familiarité. De ce fait, la familiarité n’est pas le principal processus pour expliquer que l’effet de vérité augmente avec ces manipulations, comme nous allons le voir.
28Récemment, Unkelbach et Rom (2017, exp. 2) ont montré que lorsque 20 énoncés sont à lire en phase d’étude puis que 30 énoncés sont à juger dans une tâche de jugement de vérité dichotomique (répondre « Vrai » ou « Faux »), l’effet de vérité obtenu est plus large que lorsque 40 énoncés sont à lire en phase d’étude puis 60 à juger. Cet effet est à la fois difficile à prédire et à expliquer rétrospectivement sous la seule hypothèse de la familiarité, car elle n’est pas supposée diminuer avec le nombre d’énoncés à lire et à juger. Unkelbach et Rom (2017) ont proposé une « théorie référentielle » de l’effet de vérité : le jugement de vérité dépendrait de la quantité de références cohérentes activées en mémoire. Cette théorie repose sur une modélisation de la récupération basée sur la notion d’activation, les références en mémoire existant sous forme de réseaux d’informations. Les énoncés répétés ayant plus de références cohérentes activées en mémoire que les nouveaux énoncés au moment du jugement de vérité, les énoncés répétés auraient tendance à être jugés vrais plus souvent que les nouveaux. Cependant, le nombre d’énoncés à lire et à juger n’a pas été manipulé dans d’autres études à notre connaissance. Aussi, si ce résultat est intéressant pour discuter les limites de l’hypothèse de la familiarité et confronter cette hypothèse à d’autres modèles, il est en l’état insuffisant pour constituer un contre-argument solide. Des réplications directes et indirectes sont nécessaires afin d’évaluer ce qui peut être inféré de cet effet.
29Unkelbach et Rom (2017, exp. 3) ont montré un autre effet difficile à prédire ou à expliquer sous la seule hypothèse de la familiarité : lorsque le traitement sémantique est encouragé à l’encodage, l’effet de vérité augmente. En phase d’étude, les participants lisaient des énoncés sous une des trois conditions suivantes : traitement superficiel, demandant aux participants de localiser la partie de l’écran présentant l’énoncé (gauche ; droite) ; traitement sémantique standard, demandant de compléter les énoncés présentés avec un verbe manquant ; auto-référence, demandant de lire les énoncés en décrivant à quel point ils s’appliquent aux participants. L’effet de vérité obtenu dans la condition d’auto-référence était supérieur à celui obtenu dans la condition standard, lui-même étant supérieur à celui obtenu dans la condition avec traitement superficiel. Les auteurs ont expliqué ce résultat avec leur théorie référentielle. Plus de références étant formées dans la condition avec auto-référence que standard, et plus en condition standard qu’en traitement superficiel, les résultats corroborent la théorie selon laquelle l’effet de vérité est fonction de la quantité de références cohérentes disponibles en mémoire. Si l’effet de vérité est fonction de la quantité de références actives en mémoire (hypothèse référentielle) on peut s’attendre à ce que la profondeur du traitement (traitement sémantique ; auto-référence) influence positivement l’effet de vérité en vertu d’un traitement distinctif plus important. La profondeur du traitement étant par ailleurs connue pour augmenter la recollection plus que la familiarité (Java & Gregg, 1997, pour revue voir Yonelinas, 2002), une telle prédiction est difficilement compatible avec une explication mnésique du phénomène exclusivement basée sur la familiarité. Comme l’effet du nombre d’énoncés, l’effet d’auto-référence dans l’effet de vérité n’a pas fait l’objet d’études de réplication. Ainsi, bien que cet effet conduise à questionner la validité et la complétude de l’hypothèse de la familiarité, il ne permet pas en l’état de constituer un argument robuste à l’encontre de celle-ci. Ici encore, des études supplémentaires sur la réplicabilité de ce résultat sont donc indiquées.
30Enfin, évoquons l’effet du délai entre la phase d’étude et la phase de test. La méta-analyse de Dechêne et al. (2010) n’a pas mis en évidence un effet du délai lorsqu’un critère inter-énoncés était utilisé. Cependant, avant cette méta-analyse, peu d’études ont systématiquement fait varier le délai entre l’étude et le test, de sorte que la méta-analyse ne pouvait qu’être suggestive sur ce point (Cumming & Calin-Jagemann, 2017). Dans deux études utilisant une procédure ‘1 jugement’, Silva et al. (2017) ont récemment trouvé que l’effet de vérité était plus élevé dans une condition dite immédiate (étude et test lors de la même session expérimentale) que lorsque sept jours séparaient l’étude et le test. Garcia-Marques et al. (2015) ont trouvé des résultats allant dans le même sens. Silva et al. (2017) ont avancé que ce résultat est explicable par une diminution de la familiarité avec le temps. Cependant, une synthèse des travaux sur la mémoire de reconnaissance suggère que la recollection est plus sensible au déclin que la familiarité sur une telle période (Yonelinas, 2002). Le problème de l’intervalle de temps entre l’étude et le test dans l’effet de vérité ne semble donc pas résolu par la méta-analyse de Dechêne et al. (2010). Les résultats de Garcia-Marques et al. (2015) et de Silva et al. (2017) appellent d’une part et à l’instar des résultats d’Unkelbach et Rom (2017) à répliquer directement et indirectement les résultats, et d’autre part, en cas de réplication, à tester les médiateurs responsables de la diminution de l’effet de vérité avec l’augmentation du délai entre l’étude et le test.
31Pris ensemble, les effets du nombre d’énoncés, des auto-références et du délai étude-test sur l’effet de vérité constituent des limites de l’hypothèse de la familiarité. Cette hypothèse ne permet pas, ou permet difficilement, de prédire ou d’expliquer rétrospectivement ces résultats. Cependant, la récence des effets pointés et leur absence de réplications publiées à ce jour, directes et indirectes, en limitent la portée. En outre, les processus par lesquels ces effets sont obtenus restent à être testés. Depuis une perspective duelle de la mémoire, alors que la familiarité seule peine à rendre compte de ces effets, une hypothèse où la familiarité comme la recollection des items médiatisent l’effet de vérité permet d’en rendre compte. Car la recollection, plus que la familiarité, décroît avec l’augmentation du délai entre l’étude et le test, le nombre d’énoncés, et augmente avec la complexité du traitement à l’encodage.
32Dans cette section, nous avons présenté les principaux arguments supportant l’hypothèse de la familiarité, en mettant l’accent sur leurs limites. Nous avons proposé que les résultats constituent un support empirique insuffisant pour l’idée d’une médiation unique de l’effet de vérité par la familiarité et avons suggéré que l’hypothèse de médiation de l’effet de vérité par la recollection des items n’est pas théoriquement impossible compte tenu de ces résultats. Dans la dernière section de cet article, nous présentons une hypothèse de correspondance duelle, intégrant la recollection des items.
Une hypothèse alternative : une correspondance duelle mémoire – énoncé
33Les limites pointées convergent vers l’idée que les résultats disponibles ne soutiennent pas l’exclusivité de la médiation de l’effet de vérité par la familiarité et n’excluent pas que la recollection des items médiatise l’effet. Ainsi, dans l’optique de tester plus avant l’hypothèse de la familiarité, il est pertinent de lui confronter une hypothèse alternative, que nous introduisons sous le terme d’hypothèse de correspondance duelle.
34L’hypothèse de correspondance duelle propose que l’effet de vérité ne résulte pas tant d’une mésattribution de la familiarité à la vérité des énoncés que de la relation entre les informations récupérées en mémoire au moment du jugement de vérité et les énoncés à juger. Cette correspondance pourrait s’opérer à deux niveaux, chaque niveau étant associé à des processus et représentations spécifiques mobilisables lors de la récupération (voir la théorie des traces floues : Brainerd & Reyna, 2002 ; Corbin, Reyna, Weldon, & Brainerd, 2015 ; Reyna, 2012). Associées au sentiment de familiarité, les représentations thématiques (gist), basées sur le sens des informations, constituent le niveau de représentation le plus général. Les représentations détaillées (verbatim) reposent, elles, sur le processus de recollection des items. Plus cette correspondance est élevée, plus l’effet de vérité est supposé être large. Rappelons que la vérité des énoncés factuels dépend des états du monde : ils sont vrais uniquement si les faits qu’ils décrivent sont le cas (pour une discussion philosophique de la vérité comme correspondance, voir David, 2016 ; Field, 1972 ; Popper, 1972 ; Russell, 1912 ; Tarski, 1983). Juger la vérité d’un énoncé consiste à l’évaluer au regard de l’état du monde cible, sans pouvoir, la plupart du temps, directement accéder à cet état du monde. Les informations récupérées en mémoire seraient alors un moyen d’évaluer l’adéquation entre un énoncé et l’état du monde cible. Les informations récupérées serviraient alors de proxy des états du monde : en l’absence d’informations relatives à la crédibilité des sources ou à la vérité des énoncés, les informations récupérées en mémoire seraient considérées comme vraies (voir à ce sujet Gilbert, 1991 ; Gilbert, Tafarodi, & Malone, 1993 ; Nadarevic & Erdfelder, 2013). Ainsi, le jugement de vérité d’un énoncé serait fonction de la qualité des informations récupérées en mémoire qui lui sont associées.
35Nous avons proposé une hypothèse dite de correspondance car elle suppose que le jugement de vérité dépend de la relation entre informations récupérées en mémoire et les énoncés. En se basant sur les modèles duels de la mémoire, cette hypothèse peut également être dite duelle car elle affirme que cette correspondance résulte de différents processus de récupération. Ainsi, la familiarité comme la recollection des items seraient des médiateurs de l’effet de vérité. Une augmentation de la contribution d’un ou des deux processus devrait ainsi augmenter l’effet de vérité. Sélectivement diminuer la contribution d’un des deux processus devrait alors diminuer l’effet de vérité.
36La conception présentée ici emprunte à l’hypothèse mnésique avancée par Begg et al. (1985) ainsi qu’à la théorie référentielle d’Unkelbach et Rom (2017). Begg et al. ont proposé et testé que les croyances dépendent de la relation entre les informations testées et les informations cognitives rendues disponibles par les informations testées. Cependant, les mécanismes précis de cette relation n’ont pas été précisés par les auteurs. La théorie d’Unkelbach et Rom (2017) diffère de l’hypothèse avancée en ce qu’elle implique une conception centrée sur des réseaux d’informations en mémoire, sans distinction des processus de récupération. L’originalité de l’hypothèse de correspondance duelle réside ainsi dans sa connexion directe avec les modèles duels de la mémoire.
37L’hypothèse de correspondance duelle est compatible avec la plupart des résultats disponibles sur l’effet de vérité. Elle permet de rendre compte de résultats difficilement explicables par l’hypothèse de la familiarité. Comme on l’a vu, le support empirique ne permet ni de soutenir spécifiquement l’hypothèse de la familiarité, ni d’exclure la recollection des items comme mécanisme explicatif de l’effet de vérité. Si les résultats demandent toutefois à être répliqués, l’effet du nombre d’items, de l’auto-référence et du délai sur l’effet de vérité peuvent être expliqués par des variations de contribution de la recollection des items. Ces effets laissent penser qu’une augmentation de la recollection pourrait contribuer à augmenter l’effet de vérité.
38Sous cette hypothèse, certains résultats posent néanmoins problème. Sans manipulation de la crédibilité, Begg et al. (1992, exp. 4) ont trouvé que l’effet de vérité était plus large dans une condition avec attention divisée à l’encodage que sans. Garcia-Marques, Silva, et Mello (2016, exp. 1) ont trouvé que l’effet de vérité était plus petit lorsque l’attention au test était pleine et que les consignes demandaient d’évaluer minutieusement les énoncés. Or, la division de l’attention est supposée diminuer la contribution de la recollection (pour revue, voir Yonelinas, 2002). Ces résultats sont donc difficilement compatibles avec l’idée selon laquelle, à niveau égal de contribution de la familiarité, une augmentation de la contribution de la recollection des items augmente l’effet de vérité. Ils supportent davantage l’hypothèse de la familiarité dans le cadre de la mésattribution, où la recollection de la source permet une attribution correcte de la familiarité et évite ainsi sa mésattribution. Néanmoins, ces études restent peu nombreuses, et appellent donc des réplications. Aucune de ces études n’a estimé quantitativement la contribution de la familiarité et de la recollection en l’absence de manipulation de la crédibilité, empêchant alors des tests directs de l’hypothèse. Si l’hypothèse de la correspondance duelle adresse des limites de l’hypothèse de la familiarité, certains problèmes restent à résoudre. Des études de réplication des modérateurs envisagés et des estimations quantitatives des processus sont particulièrement indiquées pour discriminer le support relatif pour chacune des hypothèses.
Conclusion
39Afin de discuter des mécanismes de l’effet de vérité induit par la répétition, nous avons présenté de façon synthétique les principaux résultats de cette littérature. Cette revue n’a néanmoins pas traité tous les travaux portant sur l’effet de vérité, et certaines variables (e.g., présentation d’énoncés contradictoires, Bacon, 1979 ; Garcia-Marques et al., 2015 ; Silva et al., 2017 ; Unkelbach et Rom, 2017) ont été négligées. Nous nous sommes centrés sur l’effet de vérité ‘classique’ (qui conserve la forme et le sens des énoncés répétés) afin de discuter comment la répétition influence le jugement de vérité. Nous avons montré que la fluence/familiarité est l’explication actuellement dominante pour rendre compte de cet effet. Un grand nombre de résultats supportent cette hypothèse, et nous en avons discuté les principaux en pointant leurs limites. Cette brève revue supporte deux idées : (1) que les résultats disponibles ne permettent pas d’assurer l’inférence selon laquelle seule la familiarité médiatise l’effet de vérité, et (2) que la recollection des items, dont l’étude dans l’effet de vérité a été négligée, est un candidat au statut de médiateur de l’effet de vérité qui ne peut être écarté par les résultats disponibles. Sur cette base, nous avons présenté une hypothèse duelle visant à rendre compte de l’effet de vérité et suggéré d’étudier plus avant la contribution de la familiarité comme de la recollection dans l’effet de vérité. Alors que les conceptions duelles souvent reprises dans l’effet de vérité suggèrent que la familiarité médiatise l’effet et que la recollection de la source le diminue, cette proposition duelle suggère que la familiarité comme la recollection des items médiatisent l’effet de vérité. Cette hypothèse duelle est centrée sur l’idée de correspondance car elle suppose que le jugement de vérité dépend de la relation entre les informations récupérées en mémoire et les énoncés. La vérité étant une propriété relationnelle des énoncés (une proposition est vraie si le fait décrit est le cas), nous avons suggéré que, lorsqu’il est impossible de mettre les énoncés en relation avec les faits qu’ils décrivent et qu’aucun indice de vérité n’est disponible par ailleurs, la vérité est estimée en mettant les énoncés en relation avec les contenus récupérés en mémoire.
40Cette revue a pointé des perspectives de recherches qui permettraient de mieux comprendre l’effet de vérité. Notons d’abord que la méthodologie employée ne permet pas d’estimer quantitativement les effets évoqués, limitant alors la finesse des analyses menées. Après la seule méta-analyse de l’effet de vérité publiée à notre connaissance (Dechêne et al., 2010), une nouvelle méta-analyse de l’effet de vérité induit par la répétition permettrait de faire un bilan actualisé de ce que l’on sait de cet effet, de ses modérateurs et de ses mécanismes. En outre, une méta-analyse des effets de vérité qui ne sont pas induits par la répétition (e.g., contraste entre le fond et la fonte) permettrait une meilleure compréhension de leurs mécanismes communs. Répliquer les effets des modérateurs mis en évidence dans la littérature et en particulier les effets modérateurs du délai entre l’étude et le test, du nombre d’énoncés à lire et de la complexité du traitement à l’encodage, constituerait une contribution à une meilleure compréhension de l’effet de vérité induit par la répétition. Enfin, tester les mécanismes de ces modérateurs à travers des estimations quantitatives de la familiarité et de la recollection constitue une voie de recherche particulièrement intéressante pour fournir de nouvelles données sur les performances de l’hypothèse de la familiarité et de celles d’alternatives telles que l’hypothèse de correspondance duelle que nous avons suggérée.
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Notes
-
[1]
Dans la suite du texte, sauf cas d’ambiguïté avec d’autres influences sur le jugement de vérité, nous utiliserons l’expression « effet de vérité » pour désigner l’effet de la répétition sur le jugement de vérité afin de ne pas alourdir le texte.