Notes
-
[1]
Sur l’histoire du bâtiment : E. G. Deslandes, Étude sur l’Église de Bayeux : Antiquité de ses cérémonies, son Chapitre, Disposition du chœur de la cathédrale, Caen, Domin, 1917, p. 591-598 ; A. Masson, « La Bibliothèque du chapitre de Bayeux et ses “escriteaux” », Bulletin des bibliothèques de France, n° 11, novembre 1957, p. 789-793 ; A. R. Girard, « Bibliothèque du chapitre de Bayeux », Monuments historiques, n°168, mars-avril 1990, p. 28-30.
-
[2]
M. G. Villers, « Jean Petite, avocat au Parlement de Paris et official de Bayeux », Mémoires de la Société d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres de Bayeux, t. II, 1844, p. 337-386.
-
[3]
La mention « ex bibliotheca Mr Joannis Petite, Melodunensis, protonotarii apostolici, officialis Bajocensis, canonici de Amaeyeo et ejusdem dono bibliothecae Bajocensi 1689 » figure sur ces ouvrages.
-
[4]
L’acte de cette donation est passé le 23 avril 1688 comme l’indique l’inscription gravée en lettres capitales romaines sur une plaque de cuivre apposée dans la bibliothèque et encore en place en 1889. Elle porte le n° 311 dans le Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque du chapitre de Bayeux, rédigé par le chanoine Deslandes en 1889. Elle est maintenant aux Archives départementales du Calvados.
-
[5]
D. Varry, dir., Histoire des bibliothèques françaises, t. 3, Les bibliothèques de la Révolution et du xixe siècle : 1789-1914, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2009, p. 611.
-
[6]
G. Marie-Mauger, « La bibliothèque du chapitre de la cathédrale de Bayeux à la fin du xixe siècle : restauration ou démolition ? », Annales de Normandie, 58e année, n° 3 et 4, décembre 2008, p. 157-184.
-
[7]
Titre 1er : articles 8 à 20.
-
[8]
D. Varry, « Les confiscations révolutionnaires », dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 9.
-
[9]
Médiathèque municipale de Bayeux (désormais Méd. mun. Bayeux), manuscrit 141, pièce 7, « lettre de Simien Despréaux au citoien Bollet, 7 fructidor an II » [24 août 1794].
-
[10]
Méd. mun. Bayeux, manuscrit 136, Registre des délibérations relatives aux opérations et travaux des membres préposés à la recherche des objets d’art dans le district de Bayeux.T. 1 : Du 23 germinal an II au 14 prairial an VII.
-
[11]
« Le siège épiscopal de Bayeux, suffragant du siège archiépiscopal de Rouen, est l’un des soixante diocèses érigés par le pape Pie VII dans les deux bulles : Ecclesia Christi du 15 août 1801 et Qui Christi Domini vices du 29 novembre 1801, édictées à Rome, près de Sainte-Marie-Majeure », T. Blot, Reconstruire l’Église après la Révolution : le diocèse de Bayeux sous l’épiscopat de Mgr Charles Brault (1802-1823), Paris, Cerf, 1997, p. 33-34.
-
[12]
Ecclésiastique associant les fonctions de cardinal et de légat, de diplomate du pape. Mgr Caprara exerce sa fonction à Paris de 1801 à 1808 et assiste donc au sacre de l’empereur Napoléon Ier et au couronnement de l’impératrice Joséphine.
-
[13]
Avant lui, deux évêques constitutionnels ont occupé le siège de Bayeux ; il s’agit de Claude Fauchet, élu le 18 avril 1791 et guillotiné le 31 octobre 1793, et de Julien Duchemin, sacré à Paris le 10 février 1799 et mort le 31 mars de la même année.
-
[14]
M. F. Fisquet, La France pontificale. Gallia christiana. Métropole de Rouen. Bayeux et Lisieux, Paris, E. Repos, 1866, p. 130.
-
[15]
T. Blot, op. cit., p. 41.
-
[16]
Archives diocésaines de Bayeux (désormais Arch. dioc. Bayeux), dossier « Statuts du chapitre ». Mgr Brault a présenté au gouvernement son chapitre cathédral avant même la rédaction des statuts ou du règlement puisque, dès le 8 pluviôse an XI [28 janvier 1803], le conseiller d’État chargé de toutes les affaires concernant les cultes, Portalis, en avertit le citoyen Premier Consul.
-
[17]
H. Richard, « Des bibliothèques des districts aux bibliothèques municipales », dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 56-69.
-
[18]
Méd. mun. Bayeux, manuscrit 136, p. 258.
-
[19]
Méd. mun. Bayeux, manuscrit 141, pièce 28.
-
[20]
I. Noye, « Les bibliothèques des grands séminaires » dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 613.
-
[21]
T. Blot, op. cit., p. 282.
-
[22]
Ibid. p. 283.
-
[23]
Arch. dioc. Bayeux, dossier « Différend et accord entre le Chapitre et le Séminaire pour leurs bibliothèques », copie du Registre des actes de la Préfecture du département du Calvados.
-
[24]
Ibid.
-
[25]
Le 16 mai 1808, Mgr Brault installe solennellement son séminaire dans le corps principal du monastère de la Charité. Il faudra attendre le début de l’année 1818 pour que les séminaristes retrouvent la maison construite par Mgr de Nesmond. dans T. Blot, op. cit., p. 278.
-
[26]
Arch. dioc. Bayeux, Évêché Secrétariat, n° 693. Nous pouvons remarquer que l’évêque n’emploie pas le terme « bibliothèque du chapitre ».
-
[27]
Arch. dioc. Bayeux, note rédigée par le chanoine Guérin figurant dans le dossier « Différend et accord entre le Chapitre et le Séminaire pour leurs bibliothèques ». Les deux passages sont soulignés dans le texte.
-
[28]
t. f. Dibdin, Voyage bibliographique, archéologique et pittoresque en France, t. 2, Basse-Normandie, Caen, Mancel, 1825, p. 137-147. Voir annexe 1.
-
[29]
Ce catalogue porte le n° 141 de la collection des manuscrits du chapitre. Il est à la médiathèque municipale de Bayeux. Voir la figure 8.
-
[30]
Ces informations sont données par le chanoine Guérin. Elles figurent dans le dossier cité dans la note 27.
-
[31]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du conseil de la fabrique de l’Église cathédrale du 18 avril 1811 au 18 février 1860, p. 58.
-
[32]
Arch. dioc. Bayeux, pour cette question voir le dossier « Différend et accord entre le Chapitre et le Séminaire pour leurs bibliothèques ».
-
[33]
Né à Caen en 1804, ordonné prêtre le 22 septembre 1827, il est nommé chanoine titulaire en 1834 ; il ouvre alors la voie à la restauration de la cathédrale. Lors de son séjour à Rome, en 1847, il commande au statuaire Veyrassat la statue de la vierge en marbre blanc placée dans la chapelle Saint-Pierre de la cathédrale. Il entre enfin au séminaire des missions étrangères à Paris, le 26 juin 1847 ; il a été missionnaire au Sichuan, puis évêque de Sinopolis in partibus et vicaire apostolique du Thibet. Revenu en France pour raison de santé, il meurt à Mouen en 1869. Voir Abbé Mabire, Notice sur Mgr Thomine-Desmazures Évêque de Sinopolis, vicaire apostolique du Thibet, Caen, Chénel, 1869, 70 p.
-
[34]
Cf. note 32.
-
[35]
Voir annexe 2.
-
[36]
Cette délibération ne figure pas dans les registres des délibérations que nous avons consultés. Elle fait partie du dossier « Différend et accord entre le Chapitre et le Séminaire pour leurs bibliothèques ».
-
[37]
Cf. note 32.
-
[38]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du conseil général de la fabrique de l’Église cathédrale de Bayeux du 18 avril 1811 au 18 février 1860, p. 59v.
-
[39]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre de l’Église cathédrale de Bayeux depuis le 27 février 1846 jusqu’en 1861, p. 28.
-
[40]
Ibid, p. 29.
-
[41]
Dans les années 1830, émerge « une conscience aiguë de la nécessité de donner à l’art du xixe siècle son style, comme les autres époques avaient eu le leur […]. Les choix n’étaient pas seulement esthétiques, mais aussi politiques, religieux ou sociaux […]. Il fallait définir un art chrétien, démocratique et national. D’emblée, le style byzantin fut rejeté comme étranger à la France. Le roman ne connut guère plus de succès dans l’immédiat : il apparaissait en effet comme une sorte d’excroissance de la forme antique. C’est donc l’art gothique qui devait le mieux répondre à la définition d’une nouvelle architecture nationale » (S. Allard et L. Des Cars, L’art français, t. V, Le xix e siècle (1819-1905), Flammarion, 2006, p. 165). « Cette reviviscence se manifeste en architecture aussi bien dans la restauration que dans la construction d’édifices religieux et civils en style néogothique. Le style néogothique se diffuse aussi dans les arts figuratifs comme dans le mobilier et la décoration » (D. Tarabra, Comment identifier les grandes périodes stylistiques. De l’art roman à l’art nouveau, Paris, Hazan, 2009, p. 330).
-
[42]
Créé par un arrêté du 16 décembre 1848, le corps des architectes diocésains a pour mission première de proposer et de suivre les travaux des édifices diocésains (cathédrales, palais archiépiscopaux ou épiscopaux et séminaires) mis à la disposition des archevêques ou évêques, mais qui sont propriété de l’État et dont l’entretien est porté au budget des Cultes depuis 1824. À partir de 1830, l’administration des Cultes s’était dotée d’un Service des Édifices diocésains pour suivre ce dossier mais le choix des architectes et des travaux restait alors aux mains des archevêques ou évêques et des préfets. Victor Ruprich-Robert est nommé architecte diocésain de Bayeux le 20 décembre 1848 ; il quitte ce poste le 30 janvier 1854 pour le diocèse de Sées (www.archivesnationales.culture.gouv.fr).
-
[43]
Destiné à « réunir les objets intéressants provenant de la cathédrale ».
-
[44]
Arch. dép. Calvados, N2999/19, année 1850.
-
[45]
Arch. dép. Calvados, N2999/19, année 1851. Voir annexe 3.
-
[46]
L’Inspection générale des bibliothèques (I.G.B.) a été créée en 1822 pour assurer le contrôle des bibliothèques publiques issues des confiscations révolutionnaires. Un poste d’inspecteur général des bibliothèques et dépôts littéraires fut créé le 1er juin. « Celui-ci se révélant pratiquement inefficace, un poste d’inspecteur général des bibliothèques publiques de France fut créé en 1839. À ce poste fut nommé une personnalité de grande valeur, Jean-Félix Lacher Ravaisson-Mollien qui mena de front une brillante carrière à la fois universitaire et administrative. On peut dire que c’est de lui que date vraiment cette inspection telle que nous en concevons toujours l’esprit » (M. Caillet, « Les inspecteurs généraux des bibliothèques », dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 174-175). La visite de l’inspecteur général ne concerne que les manuscrits.
-
[47]
Arch. dép. Calvados, N2999/19, année 1852.
-
[48]
Ibid.
-
[49]
Ibid., année 1853.
-
[50]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du conseil général de la fabrique de l’Église cathédrale du 18 avril 1811 au 18 février 1860, p. 131 v. Le 13 juillet 1853, le trésorier est autorisé à faire confectionner un fauteuil et dix chaises pour la bibliothèque, en style analogue à celui des casiers fermés, si toutefois la dépense n’est pas en disproportion avec les ressources du trésor.
-
[51]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre de l’Église cathédrale de Bayeux depuis le 27 février 1846 jusqu’en 1861, p. 177.
-
[52]
Cf. note 6.
-
[53]
Méd. mun. Bayeux, manuscrit 141, lettre du 24 floréal 5ème, de Despréaux au Ministre de l’intérieur.
-
[54]
J. Charrier, Claude Fauchet, Évêque constitutionnel du Calvados, député à l’Assemblée législative et à la Convention (1744-1793), t. 2, Paris, Champion, 1909.
-
[55]
Méd. mun. Bayeux, manuscrit 141.
-
[56]
On lui a reproché son inconduite, surtout ses penchants à l’alcoolisme, qui lui valurent une pénible existence. Il mourut vers 1830 dans la misère et dans l’oubli. Dictionnaire de biographie française, t. 11, Librairie Letouzey et Ané, 1967, colonne 21.
-
[57]
D. Varry, « Les défis du siècle », dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 133.
-
[58]
Voir plus haut le statut de la bibliothèque.
-
[59]
E. G. Deslandes, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque du chapitre de Bayeux, Paris, 1889, p. 28-29.
-
[60]
Il était chanoine de Notre-Dame de Bayeux avant la Révolution ; prêtre inconstitutionnel, il était resté en France. Mgr Brault l’avait chargé du service paroissial dans une ordonnance du 10 messidor an X [29 juin 1802] : « Nous déclarons donc par notre présente ordonnance que tous titres de curé ou autres ayant charge d’âmes demeurent extincts et supprimés dans cette ville comme de fait nous les éteignons et supprimons, déclarons de plus notre église cathédrale, église paroissiale de toute la ville et nommons provisoirement pour y faire le service paroissial M. Nicolas Renauld, prêtre de cette dite ville, luy donnant à ce tous pouvoirs nécessaires ». Arch. dioc. Bayeux., Registre des Actes épiscopaux de Mgr Brault, 1802-1822, p. 3. Il avait été nommé chanoine titulaire le 13 mars 1803 et vice-président de la fabrique de l’église cathédrale le 27 brumaire an XIII [18 novembre 1804]. Il meurt le 16 mars 1814. Arch. dioc. Bayeux, Registre de l’état du clergé commencé en 1805, p. 2-3.
-
[61]
La première partie de ce manuscrit vient d’être publiée dans le Bulletin de la Société des sciences, arts et belles-lettres de Bayeux, vol. 34, 2010, p. 23-291. Introduction de G. Marie-Mauger, « Nicolas Renauld (1745-1814), chanoine de la cathédrale de Bayeux », p. 13-21.
-
[62]
Arch. dioc. Bayeux, dossier « Bibliothèque du chapitre ».
-
[63]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du bureau de la fabrique de l’Église cathédrale de Bayeux commencé le 19 avril 1811, p. 3.
-
[64]
Arch. dioc. Bayeux, Ordo, anno 1826.
-
[65]
T. F. Dibdin, « Voyage bibliographique… », op. cit., p. 137-147.
-
[66]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1804-1844, p. 33.
-
[67]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des actes du conseil épiscopal 1824-1835.
-
[68]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1804-1844, p. 41. Nous voyons bien, là encore, que les deux bibliothèques sont toujours confondues.
-
[69]
Arch. dioc. Bayeux, Fichier des prêtres du diocèse de Bayeux décédés entre 1864 et 1992.
-
[70]
E. G. Deslandes, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque du chapitre de Bayeux, Paris, 1889, p. 29.
-
[71]
Ce catalogue informatique est actuellement consultable sur la base de la Médiathèque municipale de Bayeux.
-
[72]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 83.
-
[73]
Semaine religieuse de Bayeux, n° 33, 1882, p. 515.
-
[74]
Paris, Joubert, 1841, p. 218.
-
[75]
Voir annexe 4.
-
[76]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 83.
-
[77]
Semaine religieuse de Bayeux, 1889, n° 14, 17, 18.
-
[78]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 232.
-
[79]
Arch. dioc. Bayeux, Ordo de 1892 et Ordo de 1893.
-
[80]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 327.
-
[81]
Semaine religieuse de Bayeux, 1897, p. 437-440.
-
[82]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 319 (27 avril 1887).
-
[83]
Voir plus loin le problème des manuscrits.
-
[84]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1888-1921, p. 85.
-
[85]
Semaine religieuse de Bayeux, n° 49, 3 décembre 1922, p. 489.
-
[86]
Un membre non résidant d’une société savante n’habite pas dans la localité où ont lieu les réunions.
-
[87]
Extrait du Catalogue général des manuscrits des Bibliothèques publiques de France, t. X.
-
[88]
Dans une lettre du 30 janvier à en-tête de l’évêché de Bayeux et signée par le chanoine Albert Hamel, secrétaire général de l’évêché, nous apprenons qu’il est nommé chapelain des Bénédictines et, qu’à ce titre, la communauté lui versera huit cents francs par an ; de plus, « Sa Grandeur, pour compléter et vous fournir un traitement équivalent au traitement d’un chanoine, vous servira, sur la caisse des prébendes, une somme annuelle de huit cents francs ». Arch. dioc. Bayeux, dossier « Archives personnelles d’E. Deslandes ».
-
[89]
Arch. dioc. Bayeux, Actes épiscopaux 1822-1927, p. 154.
-
[90]
Cf. note 84. « Il sera prié de rechercher les ouvrages en double et, après en avoir référé au Chapitre, de les vendre et d’employer le prix à l’acquisition de livres nouveaux ».
-
[91]
Arch. dioc. Bayeux, Actes épiscopaux 1822-1927, p. 157. Le décret du Ministère de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes est daté du 31 août : Arch. dioc. Bayeux, dossier « Archives personnelles d’E. Deslandes ».
-
[92]
Semaine religieuse de Bayeux, n° 49, 3 décembre 1922, p. 488-493.
-
[93]
Arch. dioc. Bayeux, dossier « Archives personnelles d’E. Deslandes ».
-
[94]
Cf. note 6.
-
[95]
Le chanoine Deslandes écrit qu’il a fait installer les trois grandes bibliothèques de la tour du midi de la cathédrale « pour y mettre en sécurité les manuscrits pendant au moins les travaux de restauration de la bibliothèque du chapitre », travaux qui n’ont pas été réalisés.
-
[96]
Arch. dioc. Bayeux, dossier « Inventaires de 1906 », réclamations de Monsieur Deslandes chanoine titulaire.
-
[97]
Caen, Domin, 1917.
-
[98]
« La mise en place des bibliothèques d’étude » dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 462.
-
[99]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 164.
-
[100]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1804-1844, p. 41 et 45.
-
[101]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1888- 1921, p. 1.
-
[102]
1° Caen illustré, son histoire et ses monuments. 2° Vingt-cinq volumes de l’Annuaire de Normandie des années 1872 à 1875. 3° Vingt-huit livraisons de la Revue catholique de Normandie. 4° Histoire du Pays d’Auge et des Évêques Comtes de Lisieux par Séguin, 5° Une Imitation, en latin, édition Elzévirienne, 1658, 6° Sti Thomae Aquinatis opera : 10 vol. in folio.
-
[103]
1° Grand volume, album petit in-folio, contenant la reproduction des objets trouvés dans les fouilles pratiquées sur l’emplacement de la forteresse Saint Vaast, ouvrage tiré à 100 exemplaires. 2° Journal des fouilles de Saint Vaast. 3° La mort du « Comte de Salberi » devant Orléans en 1428, ouvrage tiré à 50 exemplaires, 4° La maison de Malherbe, à Caen, ouvrage tiré à 50 exemplaires, 5° Épigramme sur l’épée de Jane la Pucelle, par Jean Litole, édition tirée à 50 exemplaires.
-
[104]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1888-1921, p. 93.
-
[105]
Ibid., p. 164.
-
[106]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1804-1844, p. 45.
-
[107]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888.
-
[108]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1888-1921, p. 197.
-
[109]
Ibid., p. 103.
-
[110]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p 183.
-
[111]
Recueil de documents pour servir à l’histoire du gouvernement temporel des états du Saint-Siège, par Augustin Theiner, Rome, imprimerie du Vatican, 1861, 3 vol., in folio cartonnés ; La sovranita temporale dei Romani Pontefici, 6 vol. in quarto cartonnés ; Pontificale Romanum, Imprimerie de la Chambre apostolique 1848, 4 vol. in folio (reliure splendide, dorée sur tranche).
-
[112]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 87.
-
[113]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 141.
-
[114]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 8 : le 22 février 1862, M. l’abbé Guérin remet au chapitre une expédition de la transaction arrêtée le 28 décembre 1836, entre le chapitre de la cathédrale de Bayeux et le séminaire de la même ville ; laquelle transaction relative à la propriété et à l’usage de la bibliothèque du chapitre et de celle du séminaire diocésain, fut le même jour acceptée par M. Chaillou supérieur du dit séminaire et approuvée par Mgr Louis François Robin évêque de Bayeux. La dite transaction a été déposée par M. l’abbé Guérin entre les mains de M. Oscar François Boutrais, notaire à Bayeux, pour être mise au rang de ses minutes le 24 décembre 1859, en présence de deux témoins instrumentaires. L’expédition délivrée au chapitre de l’Église cathédrale a été remise à son secrétaire pour être déposée dans les Archives.
-
[115]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 28.
-
[116]
Le 3 janvier 1854, « une allocation annuelle de 40 f. sera désormais accordée à M. le bibliothécaire pour l’entretien et l’augmentation de la bibliothèque. » Ibid., p. 141.
-
[117]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 110.
-
[118]
Ibid., p. 328.
-
[119]
Ibid., p. 12.
-
[120]
Ibid., p. 29.
-
[121]
B. Blasselle, “La bibliothéconomie, théorie et pratique”, dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 186-188.
-
[122]
Méd. mun. Bayeux, manuscrit 137.
-
[123]
Ces chiffres sont approximatifs car il faudrait examiner attentivement ces catalogues qui donnent la liste d’environ 28 257 vol.
-
[124]
Souligné dans le texte. Ce catalogue porte le n° 141 de la collection des manuscrits du chapitre. Il est à la médiathèque municipale de Bayeux.
-
[125]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 55.
-
[126]
Ibid., p. 83.
-
[127]
Ibid., p. 102.
-
[128]
Cf. note 46.
-
[129]
Il faut noter que Félix Ravaisson dit ne pas avoir eu accès à la bibliothèque de la cathédrale, étant venu à Bayeux un dimanche de juin 1840. Mais à la suite de son passage, M. Lambert, le bibliothécaire de la ville, lui a indiqué que la bibliothèque du chapitre renferme environ 130 manuscrits dont 17 sont particulièrement intéressants et dont il donne le détail.
-
[130]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 134.
-
[131]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 309.
-
[132]
Arch. dioc. Bayeux, dossier « Inventaires de 1906 ».
-
[133]
Ibid.
-
[134]
Il semble qu’il ait tout simplement utilisé le catalogue des manuscrits publié par le chanoine Deslandes en 1889 mais il ignore que trois livres d’heures ont été vendus.
-
[135]
À cette date, le rez-de-chaussée a été modifié et l’entrée dans la bibliothèque se fait maintenant par la porte située à l’est et non plus par la porte située au sud.
-
[136]
Voir annexe 5.
-
[137]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 134. Nous n’avons pas retrouvé ce registre de prêt.
-
[138]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre, 1861-1888, p. 110.
-
[139]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1888-1921, p. 89.
-
[140]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre, 1861-1888, p. 124.
-
[141]
Ibid., p. 182.
-
[142]
Voir annexe 5.
-
[143]
Le trésor, dont le rez-de-chaussée a servi de sacristie, a été converti en musée en 1902 selon J. Vallery-radot, La cathédrale de Bayeux, Paris, Henri Laurens, 1958, p. 54.
-
[144]
Il fait sans doute allusion à l’Inventaire sommaire et provisoire des manuscrits conservés aux Archives du Chapitre de l’Insigne Église Cathédrale de Bayeux fait et rédigé en avril et mai 1887 par ses soins, à la demande du chapitre. Il est alors curé de Robehomme.
-
[145]
Ces mots sont soulignés dans le texte.
-
[146]
Nous ne savons pas de quel mémoire il s’agit.
-
[147]
Il existe aux archives diocésaines de Bayeux un dossier important consacré à l’affaire concernant les manuscrits de la bibliothèque et à la réclamation d’Armand Bénet ; il contient, entre autres, le Mémoire de M. Duvelleroy sur la bibliothèque, le mémoire du même sur les difficultés suscitées par Armand Bénet ainsi que des notes du chanoine Deslandes pour la défense des droits du chapitre sur les manuscrits de sa bibliothèque.
-
[148]
Arch. dioc. Bayeux., Registre des délibérations du chapitre 1888-1921, p. 248.
-
[149]
« Les documents, livres, manuscrits et œuvres d’art ayant appartenu aux établissements ecclésiastiques et non visés au 1° du présent paragraphe pourront être réclamés par l’État, en vue de leur dépôt dans les archives, bibliothèques ou musées et lui être attribués par décret ». Journal Officiel, 14 avril 1908.
-
[150]
Semaine religieuse de Bayeux, n° 1, 3 janvier 1909, p. 4.
-
[151]
Ibid. p. 4-5.
-
[152]
Arch. dioc. Bayeux, Archives personnelles d’Eucher Deslandes.
-
[153]
Cet inventaire est maintenant disponible dans la base de la médiathèque municipale de Bayeux.
-
[154]
Ces données sont le fruit d’une étude rapide menée par Antoine Verney, Conservateur en chef des musées de Bayeux dans le cadre du projet d’aménagement du rez-de-chaussée en espace muséographique.
-
[155]
J.-C. yon, Histoire culturelle de la France au xixe siècle, A. Colin, coll. U, 2010, p. 24.
-
[156]
Toutes ces données m’ont été aimablement fournies par Marie-Claude pasquet, chargée d’une mission financée par la DRAC de Basse-Normandie dont l’objet était le suivant : finalisation de l’opération de sauvegarde de la bibliothèque du chapitre de Bayeux, tri, classement et réaménagement des ouvrages dans la bibliothèque. Ce projet est en voie d’achèvement ; les travaux de restauration engagés au début des années 2000 sont maintenant achevés, les livres ont retrouvé leurs rayonnages ; il ne reste plus qu’à terminer l’aménagement du rez-de-chaussée en espace muséographique destiné à présenter l’histoire de la bibliothèque.
-
[157]
Il est à noter que les délibérations du chapitre ne relatent pas de conflits avec d’autres chanoines. Il est le seul à y occuper une telle place.
-
[158]
Il s’agit de la chapelle Saint-Exupère située dans le bas-côté sud. Mgr Robin a pris des dispositions concernant le partage des chapelles de la nef le 20 novembre 1846, à la demande du doyen du chapitre. L’occupation d’une chapelle permettait à deux chanoines d’y déposer leurs insignes, d’y dire la messe et d’y confesser.
-
[159]
Nous n’avons malheureusement pas retrouvé ce mémoire qui était annexé au registre.
-
[160]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 95.
-
[161]
Ibid., p. 55 : Le 4 juillet 1849, « Une commission composée de MM. Guérin bibliothécaire, Perrée et De Valroger est désignée pour mettre en ordre, au plus tôt, les livres et manuscrits composant la bibliothèque du chapitre, en même temps qu’elle en fera l’inventaire, à l’aide du catalogue. »
-
[162]
Rapport au Ministre de l’Instruction publique sur les bibliothèques des départements de l’Ouest…, Paris, Joubert, 1841.
-
[163]
Arch. dioc. Bayeux, dossier « Cloches de la cathédrale ».
-
[164]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 19.
-
[165]
Ibid., Notes diverses relatives aux affaires du Chapitre, ainsi qu’aux offices, cérémonies & usages de la cathédrale – Août 1868 - Mai 1898.
-
[166]
Arch. dioc. Bayeux,, Dossier « Bibliothèque du chapitre ».
-
[167]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1888-1921, p. 89.
-
[168]
Le 7 janvier 1890, le chapitre en votant une somme de cent francs pour la réparation des manuscrits a voté un crédit exceptionnel pour celle du manuscrit Loypeau.
-
[169]
Ce précieux manuscrit du début du xve siècle sera vendu par le chapitre pour la confection du mobilier de la sacristie, sans doute en même temps que la tapisserie de la Vierge vendue en 1902. Voir : G. Marie-Mauger, La bibliothèque du chapitre de la cathédrale de Bayeux à la fin du xixe siècle : restauration ou démolition ?, Annales de Normandie, n° 3 et 4, décembre 2008, p. 157-184.
-
[170]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1921-1989, p. 47-60.
1L’ancienneté du bâtiment qui abrite la bibliothèque du chapitre de la cathédrale de Bayeux est sans doute son trait remarquable le plus évident [1]. Sa construction dans la cour nord de la cathédrale fut ordonnée par le chapitre en juin 1429 et achevée vers 1465, grâce à un don de cent écus d’or procuré par l’évêque Louis d’Harcourt (1460-1479) qui offrit en outre une centaine de manuscrits. La bibliothèque connaît jusqu’au xvie siècle un développement, tant par le nombre d’ouvrages détenus que par ses aménagements intérieurs. Mais l’année 1562 est une catastrophe dans son histoire. Elle est pillée par les protestants : il ne reste plus alors que les boiseries à demi calcinées et quelques manuscrits. Sa restauration est tardive, étant l’œuvre de Jean Petite (1619–1694), chanoine d’Amayé puis grand-vicaire [2]. Il remet le bâtiment en état, fait confectionner des tablettes et réunit les manuscrits qui ont échappé au désastre. Il donne plus de 1 500 ouvrages provenant de sa bibliothèque personnelle [3] et dote la bibliothèque de 100 livres de rente, la moitié de cette somme étant destinée au traitement d’un bibliothécaire et le reste affecté aux acquisitions d’ouvrages [4].
2La Révolution ouvre une nouvelle période difficile pour la bibliothèque du chapitre de Bayeux. Il ne s’agit pas du reste d’un cas isolé. L’Histoire des bibliothèques françaises note en effet : « De la Révolution à la Première Guerre mondiale, l’histoire des bibliothèques religieuses de notre pays est celle d’une lente et patiente, mais parfois difficultueuse, renaissance et reconstitution entre deux spoliations : la “mise à la disposition de la Nation des biens du clergé” en 1789 et la séparation des Églises et de l’État des années 1905 » [5]. En étudiant le fonctionnement de la bibliothèque sur une longue période, nous allons essayer de restituer cette histoire d’une renaissance et d’une restauration, prolongeant ainsi une réflexion antérieure sur un aspect plus ponctuel et plus spécifique de l’histoire de cette bibliothèque [6]. Ce travail est d’autant plus utile que les études consacrées aux bibliothèques religieuses du xixe siècle sont encore très rares, et à peu près inexistantes pour les bibliothèques de chapitres cathédraux. Or, les sources locales sont très riches : les archives diocésaines de Bayeux, la médiathèque municipale de Bayeux et enfin les archives départementales du Calvados.
3Dans un premier temps, nous verrons la difficile reconstitution de la bibliothèque du chapitre à la suite de la tourmente révolutionnaire, tant du point de vue de son statut que de ses aspects matériels. Puis, nous nous attacherons à présenter les différents bibliothécaires qui ont été les artisans de cette renaissance en travaillant à la reconstitution du fonds et en en assurant la gestion ; nous insisterons plus particulièrement sur quelques grandes figures de bibliothécaires de la seconde moitié du xixe siècle et nous essaierons de voir s’il est possible d’en dégager un profil commun. L’action de ces bibliothécaires permettra enfin d’étudier le fonctionnement de cette bibliothèque avec les acquisitions, les catalogues, les règlements intérieurs. Nous examinerons plus particulièrement le problème posé par les manuscrits qui ont été très tôt réclamés par l’archiviste départemental et que le chapitre a réussi à conserver dans la cathédrale jusqu’en 1971, ce qui nous amènera à évoquer les interventions de l’État et les relations parfois conflictuelles qui en ont découlé.
1 – Surmonter les troubles révolutionnaires
Le statut de la bibliothèque
4La Révolution française entraîne de profonds bouleversements et le bâtiment change alors d’affectation. Il n’est pas inutile de rappeler les mesures successives prises durant la période révolutionnaire qui ont entraîné la confiscation des bibliothèques privées parmi lesquelles les bibliothèques capitulaires. Par décret des 2-4 novembre 1789, l’Assemblée constituante prononce la « mise à la disposition de la Nation » des biens du clergé. Le 12 juillet 1790, la Constitution civile du clergé supprime les dignités ecclésiastiques, les canonicats, les prébendes… Les chanoines sont remplacés par de simples vicaires épiscopaux : « douze seulement où la population sera au-dessous de dix mille âmes » [7]. La loi charge les officiers municipaux des villes épiscopales de s’emparer des salles capitulaires, de les placer sous scellés et d’en interdire l’entrée aux chanoines. La municipalité de Bayeux fixe au 11 décembre 1790 l’exécution de cette mesure. Puis, le 27 juillet 1792, les biens des émigrés sont mis « sous la main de la Nation ». Et enfin, la loi des 29-30 vendémiaire an II [20-21 octobre 1793] assimile les biens des déportés (dont un certain nombre de prêtres réfractaires) à ceux des émigrés. « Une fois la confiscation prononcée, les nouvelles autorités se trouvèrent soudainement en charge du mobilier du clergé et tout spécialement de ses bibliothèques, auxquelles le législateur n’avait nullement songé » [8]. Pour résoudre ce problème, des dépôts littéraires sont créés dans chaque district, le plus souvent dans des biens nationaux. À Bayeux, deux dépôts sont institués : le premier dans la bibliothèque du chapitre (dépôt A) et le deuxième dans la salle du chapitre (dépôt B) ; un troisième dépôt, appelé C, a été créé plus tard, à partir du 6 floréal an II [25 avril 1794], dans le doyenné [hôtel du doyen]. Un bibliothécaire du district de Bayeux est nommé en octobre 1793 par les représentants du peuple Lindet et Oudot : il s’agit de Simien Despréaux, vicaire épiscopal de Claude Fauchet, évêque constitutionnel guillotiné le 31 octobre 1793. À cette date, la bibliothèque est déjà publique depuis quelques mois et Simien Despréaux a été « chargé du soin des dépôts de livres déjà faits en cette commune » et particulièrement du fonds déposé dans l’ancienne bibliothèque du chapitre [9].
5Le décret du 8 pluviôse an II [27 janvier 1794] est l’acte fondateur des bibliothèques publiques : il en établit une dans chaque district. L’inventaire des livres confisqués doit être fait par des commissaires et un emplacement convenable doit être trouvé pour y installer cette bibliothèque publique. À Bayeux, c’est la « maison cy devant dite du doyenné » qui est choisie. Quatre commissaires sont nommés pour effectuer le travail d’inventaire des ouvrages confisqués aux communautés religieuses, aux prêtres réfractaires et aux émigrés ; il s’agit de MM. Moisson, Delauney, Le Brysoys-Surmont et La Cauve. La Commission des arts du district de Bayeux commence son travail dès le 25 germinal an II [14 avril 1794]. Le 29, elle demande au citoyen Despréaux de lui « indiquer de quelle personne proviennent les livres trouvés dans la bibliothèque dite du chapitre. Il dit qu’ils viennent de [Mgr de] Cheylus, du séminaire, du chapitre, de l’abbaye de St Vigor, de Voisvenel et de Chrétien [ces deux derniers, chanoines] ». Aucune demande d’aménagement du dépôt A n’est faite par la commission ; celle-ci se borne à réclamer des registres, papiers, cartons, encriers, plumes, etc. Au contraire, pour le dépôt B, le 28 floréal [17 mai 1794], les commissaires « demandent des tablettes pour commencer le travail. Les commissaires administrateurs du district disent qu’ils vont délibérer en directoire pour mettre à disposition les ouvriers et le bois nécessaire » [10]. On peut donc penser que les tablettes mises en place par Jean Petite en 1688 étaient encore dans la bibliothèque. L’inventaire effectué par les commissaires et achevé le 23 prairial an II [11 juin 1794] fait apparaître qu’il y avait 6 712 volumes dans le dépôt A.
6La signature du Concordat, le 15 juillet 1801, et la promulgation des articles organiques, le 3 avril 1802, pacifie et organise les relations entre l’État et l’Église. Les diocèses sont établis le 29 novembre 1801. De nouveaux évêques sont institués et les chapitres sont rapidement rétablis. Qu’en est-il du siège épiscopal de Bayeux ?
7Le 10 avril 1802, le cardinal-prêtre Jean-Baptiste Caprara, légat du Saint-Siège auprès du Premier consul, signe le décret d’érection du siège épiscopal de Bayeux. Dans ce document, il rappelle que Bayeux est l’un des soixante diocèses rétablis par Pie VII ; il maintient cette Église sous le patronage de l’Assomption de Notre-Dame, l’érige en cathédrale et y institue un chapitre dont le nombre de dignitaires sera fixé ultérieurement. Comme territoire, il assigne au diocèse de Bayeux le département du Calvados [11].
8Il reste alors à nommer le nouvel évêque de Bayeux. Jean Portalis, ministre des cultes, choisit Charles Brault, originaire de Poitiers. Le 4 mai 1802, il est institué évêque de Bayeux par le cardinal-légat Caprara [12] ; il prête serment devant Bonaparte le 9 mai, au palais des Tuileries ; il est sacré évêque à Saint-Roch le 16 mai. Il arrive à Caen le 24 juin et à Bayeux le 26 où il est accueilli par Louis-Charles Bisson, l’évêque constitutionnel de Bayeux qui est entouré de neuf prêtres jureurs. Celui-ci, né en 1742, avait été nommé évêque constitutionnel du Calvados en 1799 et sacré le 6 octobre à Notre-Dame de Paris [13]. Après sa prise de possession du siège épiscopal le 20 octobre, il avait visité le diocèse, assisté au concile national de l’Église constitutionnelle tenu à Paris en juillet 1801 ; après la signature du Concordat, le 15 juillet 1801, il adopte l’attitude des autres évêques constitutionnels et remet sa démission de l’évêché du Calvados entre les mains du cardinal Caprara [14].
9Le 8 messidor an X [27 juin 1802], Charles Brault est investi évêque de Bayeux [15] ; il rédige rapidement pour son nouveau chapitre des statuts qui sont approuvés par le gouvernement le 29 pluviôse an XI [18 février 1803]. L’article premier prévoit que le chapitre de l’Église cathédrale de Bayeux sera composé de huit membres et de deux vicaires généraux de Monseigneur l’Évêque. Le règlement du chapitre rédigé le 1er germinal an XI [22 mars 1803] dit dans son article premier : « Il y a dans le chapitre de l’Église Cathédrale, outre les dix chanoines titulaires dont deux sont nos vicaires généraux, des chanoines honoraires dont le nombre est fixé à quinze et ne pourra excéder » [16]. Rappelons que, depuis le milieu du xive siècle, au moins, et jusqu’en 1789, le chapitre de la cathédrale de Bayeux comptait 48 chanoines, dont 13 dignitaires.
10D’une manière générale, il est très difficile de savoir exactement à quelle date les différents dépôts littéraires ont été supprimés et intégrés dans les nouvelles bibliothèques de district ou les bibliothèques des écoles centrales, créées le 7 ventôse an III [25 février 1795] [17]. Mais à Bayeux, nous avons la certitude que les trois dépôts littéraires existaient encore le 14 prairial an VII [2 juin 1799] puisque c’est la réponse à la première question posée à la Commission des arts par l’administration municipale du canton de Bayeux [18] : « Existe-t-il des dépôts littéraires dans la commune de Bayeux ? Il en existe trois : l’un dans l’ancienne bibliothèque du chapitre sous la dénomination de la lettre A ; le second dans la salle du chapitre désigné par la lettre B ; le troisième dans les appartements du ci-devant couvent de la Charité désigné par la lettre C. ». Ce troisième dépôt était précédemment installé dans l’Hôtel du doyen.
11Il faut attendre 1805 pour avoir des informations sur l’état du bâtiment. Le 11 brumaire an XIV [2 novembre 1805], les commissaires écrivent en effet au sous-préfet : « Il pleut dans le dépôt A, vers le nord. La pluie pénètre dans plusieurs endroits du plafond de bois attaché à la charpente. Il a fallu déplacer les livres » [19]. Les livres sont donc toujours dans ce dépôt.
12À partir de cette date, nous pouvons essayer de comprendre les différentes étapes de la reconstitution d’une bibliothèque ecclésiastique dans ce bâtiment, mais la question qui se pose alors est la suivante : cette bibliothèque est-elle celle du séminaire diocésain ou celle du chapitre ? « Les Articles organiques joints au Concordat de 1801 prévoyaient l’ouverture de séminaires [article XXIII], que le gouvernement du Consulat voulut créer sous la forme de dix établissements métropolitains. Les évêques firent au contraire tous leurs efforts pour avoir chacun leur séminaire diocésain » [20]. La lettre pastorale envoyée le 5 février 1806 aux curés et desservants du diocèse est l’acte fondateur du grand séminaire mais il faut trouver une nouvelle maison. En effet, l’ancien séminaire construit par Monseigneur de Nesmond a été transformé en caserne et l’ancien monastère des Bénédictines est inhabitable à cause de sa vétusté. « Charles Brault jette alors son dévolu sur la maison Notre-Dame-de-Charité, qui est déjà occupée par une prison et une gendarmerie, mais dont une partie du corps du bâtiment paraît libre » [21].
13D’âpres tractations sont engagées à partir du 22 mars avec le préfet Charles Caffarelli et le conseiller d’État « chargé de toutes les affaires concernant les cultes », Jean-Étienne Portalis. Elles durent jusqu’en juin 1807, date à laquelle Portalis accepte la demande de l’évêque ; ainsi « séminaire et prison-gendarmerie seront séparés ; chacun aura son entrée et aucune fenêtre ne donne l’un sur l’autre » [22].
14L’évêque espère sans doute pouvoir disposer d’une partie des livres confisqués aux institutions religieuses pour recréer une bibliothèque du séminaire car le 22 août 1806 le sous-préfet de Bayeux lui écrit :
« Je vous envoye conformément à la demande que vous m’en avez faite, par votre lettre du 18 de ce mois les clefs de deux dépôts de livres provenant des établissements publics de Bayeux supprimés, et qui ont été établis, le premier, dans la salle appelée du chapitre, dans l’intérieur de votre Église cathédrale ; le second, dans le bâtiment de l’ancienne bibliothèque du chapitre, attenant l’Église cathédrale . Quand les commissaires que vous m’annoncez avoir nommés auront dressé le catalogue des livres propres à former la bibliothèque du séminaire de votre diocèse, en exécution des ordres de S. Ex. le Ministre de l’intérieur, vous voudrez bien le faire remettre au préfet pour obtenir la délivrance des livres qui y seront contenus ».
16À cette date, les deux dépôts ont donc été fermés, les clefs en sont remises à l’évêque qui est autorisé à y prélever tous les ouvrages utiles au séminaire, mais nous ne savons pas si cela a été fait puisque, le 16 septembre de la même année, le préfet du Calvados prend l’arrêté suivant :
« Vu la nécessité de transporter sans délai dans un lieu plus sec les livres déposés dans la salle du chapitre de Bayeux où un grand nombre ont été détruits, d’autres endommagés par l’humidité, M. Moysant [directeur de la bibliothèque] se transportera à Bayeux avec le garçon de bibliothèque ; il est autorisé à remettre provisoirement à M. l’Évêque,Il faut excepter :
- tous les livres d’église de quelque nature qu’ils soient, ainsi que le missel de M. de Cheylus qui est dans l’ancienne bibliothèque,
- les Pères, commentaires, sermonnaires et autres auteurs sur les matières ecclésiastiques qui se trouvent dans la salle du chapitre.
M. Moysant rapportera :
- les doubles dont M. l’Évêque aura choisi le meilleur exemplaire,
- les ouvrages sur l’histoire, les sciences et les arts qui seront remis provisoirement à la garde de M. le sous-Préfet ainsi que les Bollandistes et les ouvrages de Théophile Raynaud.
M. le sous-Préfet vendra :
- tous les livres propres pour le lycée dans quelque dépôt qu’ils se trouvent,
- tous les livres de jurisprudence qui peuvent contribuer à former la bibliothèque de l’École de droit.
L’argent qui proviendra de la vente sera employé à payer :
- tous les livres dépareillés, gâtés ou hors d’état de servir,
- ceux des livres doubles qu’il jugera convenable et ceux de peu de valeur.
Il sera fait un catalogue double des livres remis à M. l’Évêque, à M. le sous-Préfet et de ceux qui seront rapportés ; ce catalogue sera signé de M. l’Évêque, de M. le sous-Préfet et de M. Moysant » [23].
- les frais de voyage de M. Moysant et ceux du garçon de bibliothèque,
- les frais de transport des livres.
18Le 24 octobre 1806, le Préfet prend un autre arrêté relatif à la formation de la bibliothèque du séminaire et de celles du lycée et de l’école de droit : « M. Hébert, bibliothécaire adjoint se transportera à Lisieux avec le garçon de bibliothèque. Il est autorisé à remettre à M. l’Évêque de Bayeux les Bibles, les Commentaires de la Bible, les Pères de l’Église, les Sermonnaires et autres auteurs sur les matières ecclésiastiques qui se trouveront dans les dépôts » [24].
19Cet arrêté complète donc celui du 16 septembre qui concernait les dépôts de la ville de Bayeux. Il a été suivi d’un autre arrêté le 17 novembre pour mener la même opération dans les dépôts de Falaise. Là encore, il s’agit de constituer la bibliothèque du séminaire, il n’est pas question de bibliothèque du chapitre. D’ailleurs, une lettre envoyée par Mgr Brault au ministère des cultes le 27 juillet 1808 nous apporte des éléments de réponse :
« J’ai l’honneur de répondre à la lettre de votre excellence du 21 courant concernant la bibliothèque de mon séminaire diocésain.
J’ai, en effet, été autorisé par une lettre de M. le Ministre de l’intérieur à choisir, dans les différents dépôts de livres qui existaient dans mon diocèse, les ouvrages propres à former la bibliothèque de l’évêché et du séminaire.
En conséquence de cette autorisation, M. le Préfet du Calvados, par son arrêté du 24 octobre 1806, nomma M. Moysant directeur de la bibliothèque pour faire le choix des livres qui pouvaient me convenir et je nommai de mon côté pour travailler à cet [extrait ?] de concert avec M. Moysant Mr Renauld chanoine pour le dépôt de Bayeux, Mr Blondel pour celui de Lisieux et Mr Godéchal pour celui de Falaise.
Le résultat de leur travail fut de mettre à ma disposition un nombre assez considérable d’ouvrages de théologie.
Comme je n’avais point alors de séminaire et qu’il n’y avait point non plus de maison épiscopale, j’ai déposé les livres dans un appartement attenant à l’église cathédrale et où était autrefois la bibliothèque du chapitre. Je m’occupe, à présent, à faire disposer dans le séminaire un local convenable pour y placer les livres et j’ai différé à en faire le catalogue jusqu’à ce que le local fût prêt… » [25].
21Le 10 septembre 1811, l’évêque écrit au préfet pour l’informer que « la couverture de la bibliothèque étant dans la cour de l’église a un besoin extrêmement urgent d’être relevée à neuf. Ces réparations ne peuvent être différées sans un extrême dommage et dépérissement de l’édifice » [26]. « En 1813, le ministre de l’intérieur demanda au préfet compte des livres et manuscrits des bibliothèques du département. Cette demande fut transmise à Mgr qui répondit "Que la bibliothèque était dans un des bâtiments de l’Église cathédrale, qu’il en avait confié le soin à un ecclésiastique et qu’elle était ouverte aux professeurs et élèves de son séminaire, aux membres de son chapitre et à tous les prêtres et ecclésiastiques de la ville lorsqu’il s’en présentait quelqu’un". Cette demande du ministre et du préfet n’eut pas d’autre suite. Une nouvelle demande fut faite en 1816 et Mgr envoya le 23 juillet 1817, un tableau par ordre des matières indiquant le nombre de volumes, et portant en titre Séminaire diocésain. Il y est fait état de 7 178 livres répartis en trois divisions. Il est arrêté par l’évêque » [27]. Á cette date, les livres sont toujours dans l’ancienne bibliothèque du chapitre.
22En mai 1818, Thomas Frognall Dibdin, ministre anglican passionné par les bibliothèques de chapitre, effectue un voyage en Normandie et décrit la visite de celle de Bayeux sous la conduite de l’abbé Fettey, qualifié de « notre bibliothécaire » par Mgr Brault [28]. En 1819, une nouvelle demande de catalogue est faite. « Il en avait été rédigé un avec le concours de plusieurs séminaristes M.M. Brard, Ozanne. Il est intitulé Catalogue des livres de la bibliothèque de Bayeux [29]. Il est à remarquer que bien que des séminaristes aient aidé à faire ce catalogue il n’est point fait mention du séminaire dans son intitulé » [30]. Il s’agit là encore de la bibliothèque constituée par l’évêque et non de celle du chapitre.
23En 1828, dans sa séance du 22 décembre, le conseil de la fabrique de l’Église cathédrale de Bayeux note que « les bâtiments où est renfermée la Bibliothèque faisant partie de l’Église cathédrale seront réparés et entretenus sur les fonds accordés par le gouvernement pour l’entretien annuel de l’édifice. Il sera vérifié à la prochaine réunion à qui appartient la Bibliothèque renfermée dans ce bâtiment » [31]. Pourquoi poser cette question ? Sans doute parce que la propriété de cette bibliothèque n’est pas clairement établie : elle est, en effet, revendiquée par le séminaire et par le chapitre [32]. C’est ainsi que, le 17 novembre 1836, le supérieur du séminaire écrit à l’évêque pour réclamer la bibliothèque déposée dans la salle dite du chapitre. Cette réclamation est transmise au chapitre le 19 ; dès le 20 décembre, Me Thomine-Desmazures, avocat à Caen, « consulté sur un débat existant entre le chapitre de l’Église cathédrale de Bayeux et le séminaire diocésain établi dans la même ville », constate que ni le chapitre, ni le séminaire, n’ont de titres de propriété des livres qui en fait appartiennent encore au gouvernement ; il conclut donc qu’il faut trouver un terrain d’entente entre les deux parties et éviter de se signaler au gouvernement qui se préoccupe alors de former des bibliothèques publiques :
« Toute transaction quelle qu’elle soit sera dans l’intérêt des deux corps meilleure que ce débat. S’il est impossible au point où en sont les choses de laisser cette bibliothèque à usage commun, qu’on la partage. Il est juste de rendre au chapitre ceux des livres qui seront reconnus lui avoir autrefois appartenu, et de même pour le séminaire… »
25Son frère, le chanoine Jacques-Léon Thomine-Desmazures [33], propose alors au chapitre un projet de transaction qu’il a rédigé et donne lui aussi ses raisons :
« À la vérité, cette transaction exige de la part du chapitre un sacrifice considérable puisqu’elle ne réserve au chapitre que ce qu’il doit conserver dans les plus strictes convenances ; mais j’ai pensé que cette concession serait abondamment compensée par la jouissance que nous éprouverons en donnant à MM. du séminaire des preuves de notre bienveillance et de notre inviolable attachement » [34].
27Le 28 décembre 1836, est rédigée une transaction entre le chapitre et le séminaire aux termes de laquelle « le chapitre consent la translation au Séminaire, de la Bibliothèque ecclésiastique déposée dans le bâtiment de la bibliothèque du chapitre » [35]. La délibération capitulaire du même jour adopte ce projet et délègue les chanoines Thomine-Desmazures et Guérin pour collaborer avec les directeurs du séminaire ; il s’agit, en effet, de trier les livres et de remettre au séminaire ceux qui doivent lui revenir. Le chanoine Guérin demeure bibliothécaire du chapitre et l’abbé Beaumont devient dépositaire de la clef de la bibliothèque du séminaire [36]. Mgr Robin autorise le même jour le directeur du séminaire à effectuer cette translation. Dans la note citée plus haut, le chanoine Guérin écrit que c’est lui qui a « fait la remise des livres au séminaire. Elle ne fut pas faite d’après un catalogue quelconque mais seulement en conformité de la transaction sauf que le séminaire en exigea un peu rigoureusement l’exécution ». Il aura donc fallu près de cinquante ans pour que les chanoines retrouvent l’usage de leur bibliothèque. Cette transaction qui avait été rédigée sous seing privé a été déposée chez Me Boutrais, notaire à Bayeux, le 24 décembre 1859 par le chanoine Guérin [37].
Les travaux intérieurs
28Absorber le choc constitué par la Révolution et faire face à l’augmentation du fonds nécessitaient aussi des transformations importantes du bâtiment enfermant la bibliothèque.
29Nous ne savons pas à quelle époque ont été percées les grandes fenêtres à l’est et à l’ouest du premier étage. L’état actuel de la maçonnerie permet simplement de discerner l’emplacement des fenêtres à meneaux qui ont alors été bouchées. Le 19 janvier 1829, le conseil de la fabrique décide de pourvoir provisoirement à la dépense de l’entretien de l’intérieur de la bibliothèque et le 25 février 1829, le trésorier est chargé de faire dresser « un devis de la dépense qui serait nécessaire pour repasser six poutres reconnues mauvaises dans l’appartement de la bibliothèque » [38].
30À partir de 1848, sous l’épiscopat de Mgr Robin, d’importants travaux sont réalisés au premier étage de la bibliothèque. Tout d’abord, une cheminée est construite ; il en est question dans les délibérations du chapitre à partir du mois d’avril. Le 4, « une commission composée de MM. Guérin, bibliothécaire, D’Hérembert et De Valroger a été nommée pour faire terminer s’il y a lieu la cheminée en construction de la bibliothèque » [39]. Le 7 août, « M. le trésorier de la fabrique et M. D’Hérembert sont priés de faire un devis de l’achèvement de la cheminée avant l’Assomption, afin de commencer les travaux immédiatement après » [40]. La cheminée n’est achevée qu’en 1849 comme l’indique la date gravée sur la colonne ; elle a été payée par le gouvernement. Mais surtout, l’intérieur du premier étage est réaménagé dans le style néogothique qui n’est pas sans rappeler celui des armoires de la salle du chapitre réalisées en 1850. C’est ce mobilier que nous admirons encore aujourd’hui. Ces travaux ont sans doute été rendus nécessaires par l’enrichissement du fonds et ils ont été réalisés dans le style « contemporain » de la première moitié du xixe siècle [41].
31Les Archives départementales du Calvados et les Archives diocésaines de Bayeux possèdent un certain nombre de documents relatifs à ces travaux mais certaines pièces n’étant pas datées ou ayant été extraites de liasses, il est parfois difficile d’établir une chronologie précise. Nous pouvons cependant dire qu’un devis de travaux d’entretien et de restauration à exécuter à la cathédrale de Bayeux est dressé, en date du 21 mai 1850, par Victor Ruprich-Robert, architecte diocésain [42]. Ce projet est approuvé le 8 juillet, mais le ministère de l’instruction publique et des cultes en retranche les dépenses liées à « l’appropriation à l’usage de musée [43] du rez-de-chaussée du bâtiment de la bibliothèque » [44].
32Les travaux de réparation du bâtiment et d’aménagement du premier étage sont ainsi acceptés. Ils commencent en 1851. Le sieur Cailly procède à des réparations sur la charpente et à la descente d’une vieille poutre. Le mémoire est réglé à la somme de 333,34 francs le 12 avril 1852. De juin à septembre 1851, les sieurs Picot et Renouf, entrepreneurs de menuiserie à Bayeux, construisent un lambris en chêne (118,26 m2), posent une corniche autour (34,58 mètres), redressent la charpente, réparent un linteau ; à partir du 21 juillet, ils « barricadent 72 mètres de façade de casiers de bibliothèque » et procèdent au déplacement et au rangement de livres, puis, le 20 août, ils fabriquent et posent une cloison autour de la cheminée et de la colonne.
33L’aménagement est achevé en décembre avec la fabrication de quatre casiers « formant bibliothèque », réalisés en chêne. D’une hauteur de 3,02 mètres et d’une largeur de 0,71 mètre, ils présentent dix tablettes. Ils sont ornés de colonnettes aux angles et joints de la bibliothèque ; ces colonnettes reposent sur des socles et sont surmontées de chapiteaux octogones ; 48 découpures en forme de trèfles ornent ces casiers. Les portes sont décorées de moulures gothiques et d’ogives ; leurs ouvertures sont protégées par du trillage [sic] en fil de cuivre fin ; les ferrures ont comporté des serrures à combinaison. Ces quatre casiers ont été parfaitement intégrés au mobilier qui a été réutilisé. L’ensemble est harmonieux et laisse admiratif le visiteur d’aujourd’hui.
34Deux portes sont réalisées en même temps, l’une, au pied de l’escalier de la bibliothèque (avec des moulures gothiques et des panneaux formant plis), l’autre, en haut de l’escalier.
35Une facture de 3 151,63 francs est réglée le 13 avril 1852 (les sieurs Picot et Renouf ont consenti un rabais). Le procès-verbal définitif est signé le même jour par l’architecte [45].
36Les documents précédents font état de travaux de menuiserie (lambris-voûte, casiers, portes) mais ne font pas référence à des travaux de couverture. Ceci explique peut-être la démarche du chanoine Perrée, bibliothécaire du chapitre, auprès de l’architecte, le 23 juillet 1852 :
« Je viens de nouveau vous prier et au besoin vous supplier de mettre un terme à l’achèvement des travaux de la bibliothèque du chapitre. Depuis tantôt neuf mois [depuis octobre 1851] que les manuscrits sont enfermés dans une armoire qui a été inondée, jugez de l’état où ils doivent être. D’un autre côté Mgr me demande, pour un savant qui en a besoin, des renseignements sur un de ses prédécesseurs, Édouard Molé ; il m’est impossible de les donner si je n’ai pas la bibliothèque à ma disposition. Enfin je dois vous dire qu’il y a à peu près 15 jours que M. Ravesson, inspecteur général des bibliothèques de France [46], est parti de Paris pour sa visite : d’un moment à l’autre il peut arriver ; comment l’introduire dans la bibliothèque du chapitre, dans l’état où elle est ? » [47]
38En 1852, le rez-de-chaussée de la bibliothèque est aménagé en « magasin musée pour les objets et fragments divers provenant de l’édifice [la cathédrale] ». La pièce citée est sans doute extraite d’un document plus important. Il n’est pas daté mais on a écrit en rouge « exercice 1852 » [48]. Il s’agit de paver la salle-musée en pavé d’Orival, de gratter les murs, de restaurer les vitres, de mettre des étagères, d’élever un mur en pierre pour former un couloir conduisant à l’escalier de la bibliothèque. L’état actuel du rez-de-chaussée atteste que ces travaux ont bien été réalisés. En octobre 1853, le vitrage en plomb des croisées de la salle du musée est réalisé par les frères Pezant. La facture est de 193,20 francs pour 14 fenêtres, dont 2 sont situées dans l’escalier [49].
39Le fauteuil et les chaises de la bibliothèque [il en reste trois] sont fabriqués en 1853, « en style analogue à celui des casiers fermés » [50]. Le deuxième fauteuil « orné de trois clochetons pour ornementation du dossier » est celui du maître de chapelle ; il avait été fabriqué pour le banc d’œuvre de la cathédrale construit à partir de 1861.
40Le 13 février 1856, « une commission composée de MM. Rivière, d’Hérembert et Perrée est chargée d’étudier sur place les modifications qu’il serait convenable d’apporter à la bibliothèque du chapitre pour recevoir les livres légués par Mgr [Robin] » [51]. Est-ce pour cette raison que, dès cette année là, des rayonnages sont ajoutés, comme l’indique une inscription sur un carton déposé au sommet d’un rayonnage ? « Cette 2 [sic] partie qui s’avance ont été faite et possée par Pierre le Vilain revenant de la Martinique le 10 juillet 1856. Signé P. Le Vilain ». Il semble qu’après cette date la bibliothèque n’ait pas subi de transformations notoires. Cependant, il est important de rappeler qu’un demi-siècle plus tard, le bâtiment a tout simplement failli être rasé, à la demande de la ville, pour dégager la cathédrale [52].
41Cette première partie a mis en évidence qu’il aura fallu presque une cinquantaine d’années pour que la bibliothèque renaisse, pour qu’elle retrouve son affectation d’origine et qu’enfin, elle bénéficie d’une restauration et d’un aménagement intérieur au goût de l’époque.
2 – Les bibliothécaires
42L’étude du bâtiment et de ses affectations successives a permis d’évoquer rapidement quelques figures de bibliothécaires, mais, que sait-on de ces hommes qui ont été les artisans de cette renaissance et qui ont assuré le fonctionnement de la bibliothèque depuis la Révolution. Pouvons-nous définir leur rôle et dégager quelques traits communs ?
43Après la transformation de la bibliothèque en dépôt littéraire destiné à abriter les livres confisqués, Simien Despréaux est nommé bibliothécaire du district de Bayeux en octobre 1793. Mais, en vertu d’un arrêté du directoire de district, il en exerçait les fonctions depuis quinze mois. « Chargé d’une foule de petits frais et de dépenses », il avait reçu la somme de 1 636 livres [53]. Ce littérateur [sic], né vers 1755, chanoine de Nesles dans le diocèse de Nevers, accompagnait Claude Fauchet à son arrivée dans le Calvados. Il avait été nommé vicaire épiscopal et avait prêté serment le jour de l’installation de l’évêque du Calvados élu le 18 avril 1791. Après la mort de Claude Fauchet, guillotiné le 31 octobre 1793, Simien Despréaux se marie et, le 25 frimaire an II [15 décembre 1793], il se présente au Club de Bayeux « accompagné de son épouse ». Il déclare qu’ « il se promettait la félicité de son union avec une épouse vertueuse » et ajoute qu’ils se conduiraient, l’un et l’autre, « de manière à mériter l’estime publique » [54].
44Une lettre envoyée par les membres de la Commission des arts le 4 floréal an II [23 avril 1794] explicite la mission qui lui avait été confiée :
« D’après la lettre du comité d’instruction publique de la convention nationale du 25 germinal [14 avril] que nous venons de recevoir, il est instant que la commission s’occupe du travail qui lui est confié et commence par les dépôts littéraires. Vous avez été préposé pour celui de la bibliothèque dite du chapitre à laquelle vous avez réuni des différentes bibliothèques appartenant à la nation tous les livres que votre zèle et votre amour pour l’intérêt public vous ont fait recueillir. Nous vous invitons donc à nous donner le plus tôt possible : 1° l’état en masse de toutes les bibliothèques du dépôt si vous l’avez fait, 2° ceux séparés des différentes bibliothèques réunies. La loi désire que vous indiquiez les lieux d’où elles proviennent ayant dû être placées et classées séparément dans le dépôt » [55].
46Les fonctions officielles de Simien Despréaux prennent fin à la nomination des quatre commissaires, il remet d’ailleurs la clé de la bibliothèque dite du chapitre dès le 25 germinal [14 avril 1794]. Il semble, cependant, qu’il ait continué à coopérer aux travaux de la Commission des arts ; c’est à ce titre qu’il réclame, le 24 floréal an V [13 mai 1797], le paiement d’indemnités qu’il estime lui être dues [56].
47Simien Despréaux est, en quelque sorte, le premier bibliothécaire de la période qui nous intéresse. Certes, il n’est pas responsable de la bibliothèque du chapitre de la cathédrale, mais il est chargé d’une bibliothèque établie dans ce bâtiment et, à ce titre, il semble intéressant de le prendre en considération. Il est d’ailleurs représentatif des bibliothécaires (faut-il leur donner ce titre ?) préposés aux dépôts littéraires de province car le manque de personnel qualifié entraîne des choix pour le moins singuliers. « Nombre de ces hommes étaient d’anciens ecclésiastiques, mais on trouvait également en leur sein des gens issus de tous les corps de métier, … Animés de la meilleure bonne volonté, et souvent d’un patriotisme ardent, ils avaient tout à apprendre d’une profession qui n’était pas la leur, et durent en priorité s’atteler à des tâches matérielles » [57].
48Après la création du séminaire, la gestion de la bibliothèque ecclésiastique [58] est naturellement confiée à un chanoine. La préoccupation majeure des premiers bibliothécaires a été d’essayer de reconstituer leur « antique et riche collection de manuscrits ». C’est le cas du chanoine Renauld :
« Nous avons été assez heureux, dit M. Thomine, pour recouvrer une grande partie des manuscrits importants, et même obtenir des cartulaires étrangers à la cathédrale. Une partie a été restituée ; nous en devons une autre partie aux soins de M. l’abbé Regnault, vicaire général, ancien chanoine et grand chantre depuis la Révolution, de M. Leffetey, chanoine honoraire, bibliothécaire du Chapitre, et surtout à M. l’abbé Guérin, chanoine, secrétaire de l’évêché et bibliothécaire actuel, avec lequel j’ai racheté divers manuscrits » [59].
50Le chanoine Renauld s’est donc employé à recouvrer une partie des manuscrits dispersés à la Révolution [60], ce qui est tout à fait plausible puisqu’il est par ailleurs l’auteur d’un précieux manuscrit achevé dans les années 1790 : Mémoires pour servir à l’histoire de la ville et diocèse de Bayeux [61].
51Dans son Rapport au Chapitre, au sujet de la réclamation du séminaire touchant la bibliothèque du Chapitre (22 décembre 1836), le chanoine Thomine-Desmazures rappelle encore :
«… Cependant la bibliothèque fut mise en 1813 sous le nom de bibliothèque du séminaire pour la mettre à couvert des réclamations adressées par la ville de Bayeux, mais elle demeura sous la garde des chanoines seuls. M. Renaud continua d’en prendre soin jusqu’à sa mort qui arriva en 1814. Il s’était adjoint M. Leffetey chanoine honoraire qui en resta seul chargé pendant toute sa vie c’est-à-dire jusqu’en 1826 » [62].
53L’abbé Louis Lefettey, chanoine honoraire dès la reconstitution du chapitre, secrétaire de la fabrique le 19 avril 1811 [63] et official du diocèse de Bayeux [64], prend donc sa succession. Lorsque le révérend Thomas Frognall Dibdin raconte sa venue à Bayeux en mai 1818, il évoque sa visite de la bibliothèque du chapitre sous la conduite de l’abbé Fettey [sic], qualifié par l’évêque [Mgr Brault] de « notre bibliothécaire » [65]. Nous savons peu de choses à son sujet mais le 16 août 1822, lors du chapitre général, « MM. De Cussy et Lefettey sont chargés de faire un nouveau classement des livres de la bibliothèque ; ils s’adjoindront des ouvriers laïques pour les aider dans cette opération et pour l’époussetage. Mgr a promis de payer ces ouvriers. Ils pourront se faire aider par quelques ordinants du séminaire » [66]. Il meurt en 1826.
54C’est l’abbé Clément Guérin qui lui succède. Le vendredi 11 août 1826, il est nommé bibliothécaire de la bibliothèque du diocèse par Mgr Duperrier-Dumoutier [67] et le 16 août, le chapitre le nomme aux fonctions de bibliothécaire de la cathédrale [68]. Né à Saint-Paul-du-Vernay le 26 novembre 1793, il a été ordonné prêtre le 5 juin 1819, puis nommé aumônier de l’évêque et sous-secrétaire de l’évêché. C’est lui qui s’occupe du transfert des livres au séminaire après la transaction signée le 28 décembre 1836. Il demeure alors bibliothécaire du chapitre. Il devient chanoine titulaire le 18 juin 1844 [69]. « Il peut être considéré comme le véritable restaurateur de la bibliothèque du Chapitre, qu’il a enrichie, pendant sa longue carrière, avec un soin jaloux et une ardeur qui ne s’est jamais ralentie, d’un grand nombre d’ouvrages rares et de manuscrits précieux » [70]. Le catalogue de la bibliothèque dressé en 1997 et maintenant informatisé permet de confirmer le rôle très important joué par ce chanoine [71]. Les données permettent de constater l’importance des enrichissements auxquels est associé l’ex-libris que le chanoine Clément Guérin a apposé sur les volumes en tant que secrétaire de l’évêché (743 volumes répartis en 440 titres), puisqu’ils représentent plus de 10 % des ouvrages de la bibliothèque actuelle et 12 % du fonds des ouvrages des xvie, xviie et xviiie siècles. Ces données doivent cependant être utilisées avec une grande prudence car l’on ne sait pas s’il a acquis ces ouvrages en son nom propre ou au nom de l’évêché. Ainsi les deux volumes des Mémoires pour servir à l’histoire de la ville et diocèse de Bayeux portent l’ex-libris du chanoine Guérin, secrétaire de l’évêché. Comment ne pas penser qu’il a simplement déposé à la bibliothèque ce manuscrit écrit par son prédécesseur, bibliothécaire et secrétaire de l’évêché ?
55Le 22 avril 1850, Guérin est révoqué de sa charge de bibliothécaire et remplacé par l’abbé Perrée [72]. Il meurt le 6 août 1882. La Semaine religieuse fait paraître un avis de décès des plus laconiques : « Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l’âme de M. l’abbé Guérin, chanoine titulaire de la Cathédrale, décédé le 6 août, dans sa 89e année. Ses obsèques ont eu lieu, mercredi dernier, à la Cathédrale, au milieu d’un grand concours de prêtres et de fidèles » [73]. Nous n’avons pas trouvé trace de notice biographique, ce qui est pour le moins étonnant et révèle sans doute qu’il était bien tombé en disgrâce.
56Il a d’abord été révoqué de ses fonctions de secrétaire du chapitre, le 5 juillet 1849, pour avoir refusé de partager sa chapelle avec un autre chanoine et pour avoir fait imprimer un mémoire injurieux concernant le partage des chapelles. Il est ensuite démis de ses fonctions de bibliothécaire le 22 avril 1850 pour avoir falsifié le registre de délibérations du chapitre. À partir du 15 avril 1851, il doit s’expliquer sur l’absence de plusieurs dizaines de manuscrits dans l’inventaire auquel il a participé en 1849, par rapport à ce qu’a écrit M. Félix Ravaisson dans son Rapport au Ministre de l’Instruction publique sur les bibliothèques des départements de l’Ouest en 1841 [74]. À partir de 1862, il manifeste son opposition à la réforme liturgique mise en place dans le diocèse et perturbe certains offices. Le 19 octobre 1862, il lui a été interdit de célébrer la messe canoniale ou les offices canoniaux. Cependant, le 30 décembre 1862, il écrit à l’évêque pour s’engager à respecter les nouveaux usages ; la sanction a été donc levée à la demande du chapitre le 31 décembre 1862, mais les difficultés relationnelles ont perduré [75].
57Après la révocation de l’abbé Guérin, l’abbé Pierre-Félix Perrée est élu (et non plus nommé) bibliothécaire, à l’unanimité, le 29 mai 1850 [76]. Il occupe ce poste jusqu’en janvier 1876, date à laquelle lui succède l’abbé Eugène-Siris Do. Ce dernier, né à Falaise le 18 mai 1809, manifeste très jeune son désir d’être prêtre mais il doit attendre 1824 pour entrer au grand séminaire de Bayeux. Après avoir fait sa philosophie et deux années de théologie, il entre en qualité de précepteur dans la famille de Vacognes, à Saint-Charles-de-Percy où il reste deux années avant de revenir au grand séminaire, où il fait sa troisième année de théologie et est ordonné sous-diacre. Il est ordonné prêtre par Mgr Dancel le 16 juin 1832. D’abord vicaire à Blay, il est ensuite nommé curé d’Ouffières où il reste dix-huit mois, puis curé de Saint-Martin-des-Entrées en 1843 où il trouve une église malsaine et délabrée. Il met toute son énergie à en faire construire une nouvelle qui est bénie par Mgr Robin en 1846. De santé précaire, il doit quitter cette paroisse pour devenir aumônier de la Visitation à Caen en 1851. Il consacre son temps libre à l’étude et à des travaux littéraires et historiques. Nommé chanoine honoraire en janvier 1859, il est invité par Mgr Didiot à faire une étude sur saint Regnobert. Deux ans plus tard paraît son ouvrage Recherches historiques et critiques sur saint Regnobert, second évêque de Bayeux. C’est un membre actif de la Société des Antiquaires de Normandie fondée en 1824 par Arcisse de Caumont [77]. Il succède à M. d’Hérembert comme chanoine titulaire le 1er février 1875. Élu bibliothécaire du chapitre le 4 janvier 1876, il démissionne en 1881 pour raison de santé [78]. Il meurt le 18 mars 1889.
58Il est remplacé par l’abbé Jean-Baptiste-Joachim Laurent, élu à l’unanimité le 5 avril 1881. Né en 1809, ce dernier est ordonné prêtre en 1833 et nommé chanoine titulaire en 1876 [79]. Au chapitre trimestriel d’octobre 1887, « M. l’abbé Laurent demande au chapitre de le décharger du soin de la bibliothèque, ainsi que de la surveillance de la propreté et de la bonne tenue de la cathédrale. Le chapitre accepte sa démission de l’une et l’autre fonction » [80].
59L’abbé Jean Duvelleroy est alors élu bibliothécaire au scrutin secret, le 7 octobre 1887. Né à Ouffières le 16 avril 1829, il fait ses études au petit séminaire de Caen où il côtoie M. Ducellier qui est devenu évêque de Bayonne, puis archevêque de Besançon ainsi que M. Germain qui est devenu évêque de Coutances et Avranches. À la fin de ses cours de théologie et avant d’être ordonné prêtre le 22 décembre 1855, il est envoyé à l’Institution Sainte-Marie où il passe six années en qualité de professeur et d’économe. Il doit quitter ces fonctions pour raison de santé et il est alors nommé curé de Condé-sur-Ifs. En 1862, Mgr Didiot l’appelle auprès de lui en qualité de pro-secrétaire de l’évêché. À partir de cette date, il est nommé chanoine honoraire, secrétaire général du diocèse puis chanoine titulaire en 1865. Enfin, en 1878, Mgr Hugonin le nomme vicaire général honoraire. Le chapitre de la cathédrale « comptait en lui un de ses membres les plus instruits et les plus zélés » [81]. C’est à ce titre qu’il avait été élu bibliothécaire. Quelques mois avant son élection, il avait été chargé par le chapitre de prendre sa défense contre les réclamations de l’archiviste départemental qui demandait le transfert aux Archives départementales des documents antérieurs à 1790 [82]. Jusqu’en 1888, il œuvre dans ce sens. Les manuscrits sont restés à la bibliothèque du chapitre [83]. Il démissionne en avril 1896 pour raison de santé et meurt le 4 juillet 1897.
60Le 23 avril 1896, l’abbé Eucher Guillaume Deslandes, chanoine prébendé, est nommé bibliothécaire [84]. Né le 13 février 1849 à Saint-Contest, il est ordonné prêtre le 29 juin 1876, nommé vicaire de Creully puis curé de Robehomme en 1880. Son goût pour la recherche et l’archéologie le porte à s’intéresser au passé de l’abbaye Saint-Martin de Troarn, voisine de Robehomme. « C’est le premier travail de longue haleine auquel il se soit livré. Il réunit de très nombreux documents qu’il n’a pas utilisés lui-même, mais qu’il a mis gracieusement et avec le plus grand désintéressement à la disposition des historiens de Troarn et de son abbaye » [85]. Dès le 1er novembre 1882, il est nommé membre non résidant de la Société des Antiquaires de Normandie [86]. En novembre 1886, le chapitre de Bayeux le charge de faire l’inventaire des manuscrits conservés dans le trésor de la cathédrale. Ce travail remarquable qui présente l’inventaire de 1436 et celui de 1888 a été publié aux frais de l’État en 1889 sous le titre Catalogue des manuscrits de la bibliothèque du chapitre de Bayeux [87]. C’est sa première publication. Le 27 janvier 1889, il devient membre de la Société française d’archéologie, créée en 1834 par Arcisse de Caumont, et le 28 mai de la même année, membre correspondant de l’Académie des sciences, arts & belles-lettres de Caen fondée en 1652. Il est nommé chanoine prébendé [88] le 31 janvier 1896 par Mgr Hugonin [89]. Il devient bibliothécaire du chapitre le 23 avril [90] et chanoine titulaire de la cathédrale le 12 septembre de la même année [91]. Il peut alors se livrer tout entier à la mise au point et à la correction des livres liturgiques ainsi qu’à l’étude des antiquités de la cathédrale [92]. En 1898, il publie une copie des trois inventaires du xve siècle du trésor de l’église Notre-Dame de Bayeux. Le 15 avril 1898, il est nommé Officier d’Académie (dans l’ordre des Palmes académiques). Quelques années plus tard, le 2 avril 1912, il obtient le grade d’Officier de l’Instruction publique et porte alors les Palmes en or et la rosette. L’année suivante, il reçoit une autre distinction très importante puisque, le 1er août 1899, il est nommé correspondant du Ministère de l’Instruction publique sur la proposition du Comité des travaux historiques et scientifiques. Ce titre lui est confirmé en 1902, 1904 et 1907 [93]. Il défend vigoureusement le chapitre lorsque la ville de Bayeux réclame la démolition de la bibliothèque pour dégager la cathédrale [94]. Il fait réaliser des travaux dans une salle de la tour sud de l’édifice pour y déposer les archives et les livres rares du chapitre [95]. De juin à septembre 1900, l’entreprise Jules Bouillot installée à Bayeux procède ainsi pour son compte à « l’ouverture des grandes baies, modification de grandeur, de forme, dans le style de l’édifice … », avec l’accord de l’administration des cultes. Puis en 1905, il fait réaliser par l’entreprise de menuiserie Alfred Madelaine trois bibliothèques grillagées de 2,93 mètres de haut dont il revendique la propriété lors de la rédaction de l’inventaire, le 20 février 1906 [96]. Confronté ensuite à l’application de la loi de séparation des Églises et de l’État, il engage un nouveau combat. Mais, le 27 juillet 1909, il est nommé conservateur de la section des archives ecclésiastiques publiques créée dans le local de la bibliothèque capitulaire, dépendant de l’Église cathédrale. L’administration reconnaît ainsi qu’il a effectué un travail remarquable en organisant cette collection et en contribuant à une meilleure connaissance de l’histoire locale par ses publications. En 1917, à partir de toutes ses recherches, il publie son Étude sur l’Église de Bayeux : Antiquité de ses cérémonies, son Chapitre, Disposition du chœur de la cathédrale : un gros volume de plus de 600 pages in 8°, d’un intérêt indéniable [97]. Il meurt le 13 novembre 1922, laissant une œuvre capitale pour la connaissance de la cathédrale et de la vie du chapitre à cette époque.
61Les bibliothécaires nommés ou élus sont donc souvent des chanoines érudits parmi lesquels apparaissent des figures marquantes : les chanoines Renault, Do et Deslandes sont les auteurs d’ouvrages d’histoire du diocèse et les deux derniers sont par ailleurs membres de sociétés savantes normandes. « Le xixe siècle est en effet celui de l’érudition et des sociétés savantes dont les multiples créations le scandent. Sociétés d’histoire, d’histoire naturelle, d’agriculture, cercles littéraires… Ces cénacles où se retrouvent la noblesse provinciale, la bourgeoisie et le clergé, plus tard rejoints par les instituteurs, se multiplient jusque dans les bourgades. La qualité des travaux des “antiquaires” et des “émulateurs” est certes très inégale, du moins ont-ils le mérite d’avoir rassemblé une documentation souvent unique sur la “petite patrie” (pour reprendre l’expression du temps) à laquelle ils se sont voués » [98]. Parmi ces bibliothécaires, émerge la figure d’Eucher Deslandes qui toute sa vie a œuvré pour la conservation et l’enrichissement de cette bibliothèque, sachant s’assurer le concours d’érudits lorsqu’il s’est agi de lutter contre la démolition du bâtiment et sachant aussi faire reconnaître par l’État ses propres mérites lorsqu’il s’est agi de défendre les manuscrits du chapitre. C’est un personnage-clé des années 1890 à 1920 ; après lui, la bibliothèque s’enfonce dans une certaine léthargie.
Le chanoine Deslandes
Le chanoine Deslandes
3 – Le fonds de la bibliothèque et son utilisation
62Après avoir étudié le bâtiment et les hommes qui en ont eu la charge, nous nous proposons de voir plus précisément de quelle manière le fonds de la bibliothèque du chapitre s’est enrichi au fil des ans ; puis d’évoquer les différents catalogues et inventaires qui ont dû être réalisés mais qui ont laissé peu de traces ; et d’étudier enfin de quelle manière les dysfonctionnements ont sans doute amené à la rédaction de règlements intérieurs destinés à améliorer l’utilisation du fonds. Nous ne pourrons terminer cette étude sans évoquer les manuscrits du chapitre ; réclamés, en effet, par l’archiviste départemental du Calvados, ils sont restés longtemps à Bayeux avant d’être partagés et transférés en partie à Caen.
L’enrichissement du fonds
63Nous n’avons à ce jour retrouvé aucun catalogue de la bibliothèque du chapitre, ce qui est pour le moins surprenant puisque, à plusieurs reprises, des chanoines sont priés d’en faire un.
64Une première étude de l’inventaire réalisé en 1997 à la demande de la D.R.A.C. permet d’ores et déjà de mieux comprendre le processus d’enrichissement du fonds et l’origine des dons. Il faut cependant noter que si la saisie a pris en compte les auteurs, titres, lieux, maisons et dates d’édition ainsi que les caractéristiques d’ouvrage (reliure avec armes, ex-libris, ex-dono), le champ matière, lui, n’a pas été renseigné. Les délibérations du chapitre permettent de montrer que cet enrichissement se fait de plusieurs manières.
65Tout d’abord, la bibliothèque a été formée par des dons volontaires. Le 17 avril 1855, le bibliothécaire fait appel à la générosité du chapitre dont quelques membres l’ont déjà devancé. Le nom du donateur et des ouvrages offerts doit être consigné sur le registre d’inventaire, que nous n’avons pas retrouvé [99]. C’est ainsi que, le 16 août 1826, l’abbé Delarue, chanoine honoraire, fait hommage au chapitre d’un bel ouvrage, composé en Angleterre, représentant la Tapisserie de la reine Mathilde et venant de la société des Antiquaires de Londres. Le 16 août 1834, il fait don de son ouvrage en trois volumes : Essais historiques sur les bardes, les jongleurs et les trouvères normands et anglo-normands [100]. Le 3 avril 1888, l’abbé Briand présente au chapitre un ouvrage anglais en deux volumes intitulé Hierurgia, écrit par Daniel Rock, au nom de l’abbé Alphonse David, originaire de Bayeux, chanoine de la cathédrale de Southwark et curé de Croydon (Angleterre) qui l’offre au chapitre « en témoignage de son souvenir reconnaissant envers son cher Bayeux » [101]. Le 5 janvier 1897, le chapitre est informé que son doyen, l’abbé Goudier, a fait don de plusieurs ouvrages [102], que l’abbé Piel, curé de Mesnil-Mauger a fait don des derniers volumes de son ouvrage sur les Insinuations ecclésiastiques du diocèse de Lisieux et que le comte de Blangy, de Juvigny, a offert quelques publications [103]. Le 6 avril 1897, le bibliothécaire fait mention de dons faits par Mgr Hugonin [104]. Il s’agit essentiellement de 580 volumes, dont nous n’avons pas la liste, et de nombreux numéros de différentes revues. Le chanoine Duvelleroy donne, quant à lui, 58 volumes sur la Normandie et un manuscrit du xve siècle sur parchemin, intitulé La coutume de Vernon, l’abbé de Saint Pol, curé de Saint-Julien de Caen, offre La Bible de Sacy, en trois volumes avec gravures, ainsi que Le Nouveau Testament de Sacy, tandis que le chanoine Deslandes donne un Missel de Mgr de Nesmond. Le 19 août 1902, le bibliothécaire informe les chanoines que l’abbé Bourienne, curé d’Ellon, fait hommage au chapitre de son ouvrage Antiquus cartularius ecclesiae Bajocensis. Il leur propose également de prendre, au nom du chapitre, un abonnement, payé sur son allocation personnelle, à la Revue de l’histoire de Normandie [105].
66Les dons proviennent également d’érudits tels qu’Amédée-Louis Léchaudey d’Anisy, de Caen, qui, le 17 août 1835, offre son ouvrage intitulé Extrait des chartres et autres actes normands ou anglo-normands qui se trouvent […] avec l’atlas qui accompagne cet ouvrage [106]. Au chapitre trimestriel d’octobre 1887, l’abbé Duvelleroy, bibliothécaire, informe le chapitre que M. Léopold Delisle, administrateur général de la bibliothèque nationale et membre de l’Institut, lui a envoyé une trentaine des ses écrits [107]. Il se propose d’en faire don à la bibliothèque. Le 11 août 1904, ce même érudit offre son ouvrage Notice de douze livres royaux du xiiie et du xive siècle [108]. Le 5 octobre 1897, le chapitre est informé que M. Ulysse Chevalier a fait hommage de quelques brochures et que M. Gaston Le Hardy a offert son Étude sur la baronnie et l’abbaye d’Aunay-sur-Odon [109].
67La bibliothèque s’enrichit aussi grâce à des legs. Les délibérations du chapitre font apparaître que deux évêques ont légué des livres à la bibliothèque : Mgr Robin (1836-1855) et Mgr Didiot (1855-1866), mais le fonds actuel contient aussi des livres de Mgr Brault (1802-1823). Dans la séance du 13 février 1856, sur proposition de M. l’abbé Perrée, bibliothécaire du chapitre, une somme de 10 f. est accordée à Eugène, domestique de Mgr Robin, à l’occasion du don de la bibliothèque du prélat qu’il a léguée au chapitre par son testament, déposé chez Maître Niobey à Bayeux : « Je donne et lègue au chapitre de la cathédrale de Bayeux pour être placé dans la salle capitulaire mon grand Christ en ivoire, avec le prie-Dieu et la croix qui le soutiennent. Je lui donne aussi mes pontificaux et tous les livres composant ma bibliothèque » [110]. L’inventaire de 1997 fait apparaître 48 volumes portant un ex-libris aux armes de Mgr Louis IV François Robin auxquels il faut ajouter cinq volumes dont la reliure porte ses armes. Le 9 janvier 1867, l’abbé Ducellier, exécuteur testamentaire des dernières volontés de Mgr Didiot, fait savoir que le prélat a légué au chapitre de la cathédrale, en plus du mobilier de son cabinet de travail, plusieurs ouvrages qui lui ont été offerts par le pape lors de ses deux voyages à Rome [111]. Il y ajoute un missel à coins d’argent à ses armes, imprimé par Delarue en 1861 [112].
68Parallèlement à ces dons, des échanges s’effectuent avec la bibliothèque de Caen et avec le séminaire. Le 3 janvier 1854, « M. le conservateur de la bibliothèque de Caen ayant fait proposer au chapitre l’échange d’un certain nombre de livres, le chapitre accepte cette proposition et nomme une commission composée de cinq membres (MM. Perrée, D’Hérembert, Marais, Hugot et Laffetay) auxquels il accorde pleins pouvoirs pour négocier cet échange » [113]. Avec le séminaire, une transaction avait été signée le 28 décembre 1836 [114], mais, le 4 avril 1848, la commission chargée de faire terminer la cheminée de la bibliothèque est également chargée de réclamer les ouvrages doubles de la bibliothèque du séminaire qui n’ont pas encore été remis à celle du chapitre, conformément aux conventions arrêtées [115].
69Le bibliothécaire procède également à des acquisitions, grâce à une allocation annuelle [116] ou grâce à un crédit spécial. L’abbé Perrée peut par exemple acheter quelques ouvrages en 1869, notamment le Dictionnaire des Antiquités chrétiennes par l’abbé Martigny (Hachette, 1865), pour la somme de 100 francs [117]. En octobre 1887, grâce à M. Omont, préposé aux manuscrits de la bibliothèque nationale, l’abbé Duvelleroy fait l’acquisition de trois ouvrages à prix réduit : Table de la patrologie grecque de Migne, Inventaire des manuscrits des bibliothèques de l’Ouest par M. Ravaisson, une brochure allemande relative à une visite de la bibliothèque de Bayeux ; le tout pour la somme de 36 francs [118].
70Le bibliothécaire peut aussi procéder à des ventes. Le 13 septembre 1862, une commission, composée de MM. D’Hérembert, Fouin et Laffetey, est nommée pour étudier la proposition de l’abbé Perrée de faire un choix dans la bibliothèque et d’en extraire, pour les vendre, les livres inutiles, dépareillés ou qui s’y trouvent en double exemplaire [119]. Le 6 avril 1864, « la commission chargée d’examiner les livres que se propose de vendre ou d’échanger M. le bibliothécaire fait son rapport et conclut à conserver deux psautiers, un missel de Bayeux presque neuf – bonne reliure – une semaine sainte de Bayeux, un bréviaire monastique de Cluny, doré sur tranches, et 7 livres de chant grand in folio à l’usage des religieuses de St Laurent de Cordillon. Ces conclusions sont adoptées par le chapitre » [120]. Il s’agit de la réponse à la proposition de l’abbé Perrée formulée près de deux ans auparavant, comme l’indique la mention en marge : « livres de la bibliothèque v. p. 12 » [séance du 13 septembre 1862].
71Le chapitre peut aussi vendre des livres lorsqu’il a besoin d’argent : c’est ainsi, qu’au début des années 1900, trois livres d’heures seront malheureusement vendus pour financer le mobilier de la nouvelle sacristie : il s’agit des manuscrits 82, 83 et 84 datant des xve et xvie siècles qui figurent dans le Catalogue établi par le chanoine Deslandes en 1889.
72Tout cela ressemble fort au travail effectué par les bibliothécaires des bibliothèques publiques : il s’agit de classer, trier, éliminer et d’enrichir le fonds en suscitant des dons et en pratiquant des échanges [121].
Les catalogues et inventaires
73Tout au long de la période étudiée, nous trouvons la mention de classement, de catalogue ou encore d’inventaire.
74Le travail remarquable réalisé par la Commission des arts, déjà évoqué, aboutit à la rédaction de catalogues. Ces inventaires rédigés sur des cartes sont envoyés au Comité d’Instruction publique le 26 prairial an ii [14 juin 1794] pour le dépôt A, le 19 messidor an iii [7 juillet 1795] pour le dépôt B. L’inventaire du dépôt C sera envoyé plus tard, le 17 vendémiaire an V [8 octobre 1796] [122]. Une copie conforme en a été rédigée. Il s’agit sans doute des manuscrits 129, 130, 131 et 132 de la médiathèque de Bayeux. Une étude rapide de ces catalogues permet de dire que le dépôt A contenait 283 volumes appartenant au chapitre et que le dépôt B en contenait 2 606, soit un total de 2 889 volumes [123].
75En évoquant une demande de catalogue faite en 1819, le chanoine Guérin dit qu’« il en avait été rédigé un avec le concours de plusieurs séminaristes M.M. Brard, Ozanne. Il est intitulé Catalogue des livres de la bibliothèque de Bayeux » [124]. Il se présente sous la forme de deux cahiers non reliés, dont les pages sont numérotées de 1 à 36 et de 37 à 64 ; le second cahier porte le tampon « ex bibliotheca capituli bajocensis ». L’écriture est de plusieurs mains. L’information donnée par le chanoine Guérin est importante car elle lève une ambiguïté sur ce manuscrit dont on ignorait l’origine. On devrait donc y retrouver des livres de la bibliothèque du séminaire et de la bibliothèque du chapitre.
76Le 4 juillet 1849, après la transaction entre le chapitre et le séminaire, une commission composée de MM. Guérin, bibliothécaire, Perrée et De Valroger est désignée pour mettre en ordre, au plus tôt, les livres et manuscrits composant la bibliothèque du chapitre, en même temps qu’elle en fera l’inventaire, à l’aide du catalogue [125]. De quel catalogue s’agit-il ?
77Ce travail n’est manifestement pas terminé le 29 mai 1850, puisque, lors du remplacement de l’abbé Guérin par l’abbé Perrée, celui-ci « exprime le vœu qu’une commission soit nommée pour procéder conjointement avec M. Guérin à l’inventaire des livres et manuscrits appartenant au chapitre. Cette commission est composée de MM. D’Hérembert, Troppé et De Valroger. M. Perrée exprime également le vœu qu’un ou plusieurs membres lui soient adjoints pour la confection du catalogue, ce qui lui est également accordé » [126]. Et le 7 janvier 1851, le chapitre décide « que l’inventaire définitif de la bibliothèque aura lieu dans le plus bref délai » [127]. D’après les travaux de cette commission, la bibliothèque ne comporte que cinquante six manuscrits alors que, dans le Rapport sur les bibliothèques publiques de l’Ouest publié en 1841, Félix Ravaisson, inspecteur général des bibliothèques de France [128], parle de cent trente manuscrits [129].
78Il est à nouveau question de catalogue le 4 avril 1853. À cette date les travaux d’aménagement intérieur sont terminés et le chapitre autorise le bibliothécaire à engager les dépenses nécessaires pour mettre en ordre les livres de la bibliothèque et en dresser le catalogue. Le doyen propose d’affecter à ces dépenses une somme de 40 francs qui lui a été remise par une personne dont la famille servait autrefois une petite rente au chapitre. Cet avis est adopté [130].
79Le 5 octobre 1886, le doyen propose au chapitre de faire classer les manuscrits qui sont à la bibliothèque et d’en faire dresser le catalogue par l’abbé Deslandes, curé de Robehomme dont il connaît l’aptitude pour ce travail. Le chapitre accepte volontiers, mais à condition que le travail soit effectué sous la surveillance d’un membre du chapitre. Le chanoine Do [qui est alors bibliothécaire] est désigné pour exercer cette surveillance [131]. Ce travail se concrétise par la publication du Catalogue des manuscrits de la bibliothèque du chapitre de Bayeux, à Paris en 1889.
80Pour clore cette partie concernant les catalogues, mentionnons qu’à partir du 3 novembre 1905, les chanoines Deslandes et Fauvel, délégués par l’évêque, le chapitre et la fabrique, dressent plusieurs inventaires très précieux : celui de la cathédrale et celui du chapitre, et un inventaire des objets d’art de la cathédrale de Bayeux [132]. Dans l’inventaire du chapitre de la cathédrale de Bayeux, le chanoine Deslandes note que la salle des archives, située dans la tour du midi, renferme tous les manuscrits dont le catalogue a été publié et imprimé en 1889, sauf les n° 82, 83 et 84 qui ont été vendus pour la confection du mobilier de la sacristie. Selon ses calculs, il y a environ 1 000 volumes et 200 brochures dans la tour du midi et 7 300 volumes et 5 200 brochures ou numéros de revues dans la bibliothèque.
81Le dernier inventaire de cette période sera réalisé les 13, 14 et 16 mars 1906 par le sous-inspecteur des domaines, M. Rigault, dans le cadre de l’inventaire des biens dépendant du chapitre de la cathédrale de Bayeux, dressé en exécution de l’article 3 de la loi du 9 décembre 1905 [133]. C’est en réalité une liste de manuscrits numérotés de 89 à 300, soit 212 documents. En 1889, le catalogue édité par le chanoine Deslandes en compte 320, mais il a attribué un numéro d’inventaire à chaque volume, contrairement à ce qu’a fait le sous-inspecteur [134]. M. Rigault a ajouté que la bibliothèque comprend outre ces manuscrits environ huit mille 8 000 volumes et 5 000 cahiers de revues, ce qui est manifestement surestimé. Il a évalué le tout à 50 000 f.
82En dehors des catalogues rédigés par la Commission des arts qui nous renseignent sur la bibliothèque du chapitre à la fin de l’ancien régime, nous n’avons donc, à ce jour, retrouvé aucun registre, catalogue ou inventaire spécifique, ce qui est pour le moins surprenant.
Les règlements intérieurs
83En 1826, seul le bibliothécaire, le chanoine Guérin, dispose de la clef de la biliothèque. Puis, une clef est déposée dans un lieu désigné pour l’usage de tous les chanoines. Ensuite, en 1870, il est question de deux clefs : une pour la porte extérieure et une pour la porte située en bas de l’escalier [135]. Enfin, en 1897, les chanoines titulaires ont chacun une clef [136].
84Des problèmes se posent, notamment la disparition d’ouvrages. Et pourtant, en 1826 puis en 1848, il est bien spécifié que « les chanoines ne pourront emporter aucun livre sans en donner récépissé au bibliothécaire ». Le 4 avril 1853, cette règle est rappelée et il est stipulé qu’« on n’emportera jamais à domicile aucun livre ni manuscrit, sans l’avoir consigné dans un registre qui restera constamment entre les mains de M. le bibliothécaire » [137]. Le 5 janvier 1869, « le bibliothécaire se plaint de ce que plusieurs livres manquent à la bibliothèque et ne se trouvent pas inscrits sur le registre qui doit le constater. Il en signale plusieurs qui manquent depuis longtemps et qu’il a déjà réclamés […] Les membres du chapitre s’engagent à inscrire sur le registre les livres qu’il leur arrivera de déplacer » [138]. Le 20 juillet 1869, le bibliothécaire signale la disparition d’un volume de la Patrologie des Pères latins, troisième volume des Œuvres de Hugues de Saint Victor et du troisième volume de la Statistique monumentale du Calvados, acheté en 1862. Il rend compte des recherches auxquelles il s’est livré depuis le dernier chapitre pour retrouver ces deux volumes, sans résultat. Le 5 janvier 1897, le bibliothécaire fait savoir qu’aussitôt nommé, il a passé en revue la collection de manuscrits. Pour dégager sa responsabilité, il tient à avertir le chapitre qu’un manuscrit rédigé au xviiie siècle, portant le numéro 198 et intitulé Catalogue des bénéfices cures du diocèse de Bayeux, qui avait été donné par M. Guérin et contenait le nom des patrons, le vocable des églises, etc., a disparu [139].
85Un autre problème apparaît dans les délibérations, celui de l’entretien de la bibliothèque. C’est ainsi que, le 5 juillet 1870,
« On prie le bibliothécaire de rapporter au gardien de la cathédrale (le sieur Yvori) qu’il ne doit jamais laisser les fenêtres de la bibliothèque ouvertes pendant la nuit. On a constaté, récemment encore, qu’il ne les ferme jamais dans la belle saison. Souvent, après une nuit pluvieuse, elles sont ouvertes de très grand matin. Des étrangers, des savants, en ont quelquefois témoigné leur surprise, et prédit que nos reliures ne résisteront pas à de telles variations. Les crottes de rats couvrent la table et le parquet – tendre des ratières – faire balayer plus souvent » [140].
87C’est pour cela que, le 4 avril 1876, le chapitre décide que
« l’un de ses employés sera chargé de la bibliothèque et de la salle capitulaire à l’exclusion de tout autre ; que pour la bibliothèque il relèvera de M. le bibliothécaire, et pour la salle capitulaire de M. le trésorier du chapitre. La clef de la bibliothèque sera remise à cet employé pour le temps de son service. Il lui est alloué une somme de 20 f. chaque année » [141].
89Tous ces problèmes ont sans doute rendu nécessaire la rédaction de règlements pour la bibliothèque [142]. Le premier est rédigé en 1826, après la nomination de l’abbé Guérin ; il est approuvé le 15 septembre par Mgr Duperrier-Dumoutier (1823-1827). Le deuxième est rédigé par le chanoine Deslandes ; il est proposé au chapitre et adopté le 5 janvier 1897, sous l’épiscopat de Mgr Hugonin (1867-1898). L’étude de ces deux règlements fait apparaître que le bibliothécaire est chargé du prêt des livres ; il doit veiller à ce qu’un certain nombre d’ouvrages précieux ne sortent pas de la bibliothèque. La liste de ces livres est donnée dans le règlement de 1897. Dans le nouveau règlement du chapitre établi en 1924 par Mgr Lemonnier (1906-1927), les fonctions du bibliothécaire sont clairement définies. Il n’est plus seulement chargé de la bibliothèque mais il est aussi conservateur du Trésor de la cathédrale [143] ; il est en effet gardien des clefs des vitrines et des armoires ; il doit aussi faire un inventaire des objets et le tenir à jour.
Le problème des manuscrits
90Nous ne pouvons terminer cette étude sans aborder la question délicate des manuscrits qui illustre bien la difficulté des relations entre l’Église et l’État à la fin du xixe et au début du xxe siècle.
91Les registres des délibérations du chapitre ainsi que les notes personnelles du chanoine Deslandes nous révèlent que, dès le 26 avril 1887, le sous-préfet de Bayeux « se déclare délégué pour assurer la réintégration aux archives départementales du Calvados des documents antérieurs à 1790 conservés jusqu’à ce jour à l’Évêché et à la bibliothèque de la cathédrale de Bayeux. Cette réintégration est prescrite par décision en date du 21 avril de M. le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts en vertu des lois du 5 novembre 1790 et 5 brumaire an V ».
92Dans les notes du chanoine Deslandes se trouve le Procès-verbal de récolement des documents et manuscrits d’Archives déposés à la bibliothèque du Chapitre de Bayeux. Il a été dressé le 26 avril 1887 par M. Bénet, archiviste du Calvados. Ce procès verbal a été annoté en rouge par le chanoine Deslandes : « Le titre ci-dessus est l’œuvre de M. Bénet qui a fait ce récolement sur mon classement et inventaire » [144]. Il fait aussi part de ses observations : « Ces mots d’Archives déposées ne sont pas mis, croyons-nous, sans intention. Le premier mot d’Archives semble vouloir indiquer que les documents et manuscrits du chapitre sont une partie morale des Archives départementales, en dépendent […]. Et c’est ce que pourrait confirmer le second mot déposées. Comme si les manuscrits du chapitre n’avaient été laissés qu’en dépôt depuis la révolution à la Bibliothèque du chapitre. Ce qui est faux [145]. En voir les preuves dans le mémoire ci-joint » [146].
93Le chapitre charge alors l’abbé Duvelleroy, son syndic, de prendre sa défense ainsi que celle des déposants contre les réclamations de l’archiviste départemental. Les chanoines estiment, en effet, qu’ils ont besoin de certains documents portant sur l’histoire des coutumes liturgiques du diocèse ; de plus, la plupart ont été donnés par des chanoines et sont donc la propriété du chapitre ; enfin, d’autres ne sont dans la bibliothèque qu’à titre de dépôt. Mais, le 2 août, le sous-préfet de Bayeux annonce au secrétaire général de l’évêché que, dès le lendemain, l’archiviste du département se présentera à 9 heures pour enlever les manuscrits de la bibliothèque du chapitre. Celui-ci se présente donc le 3 ; le syndic, l’abbé Duvelleroy, est absent mais il a remis une note dans laquelle il établit que les manuscrits sont la propriété exclusive du chapitre comme ayant été acquis par les chanoines et de leurs propres deniers.
94L’archiviste est évidemment fort mécontent mais le secrétaire général de l’évêché lui demande alors communication de la décision ministérielle qui exige cet enlèvement. Devant le refus de l’archiviste, le secrétaire lui conseille de saisir directement Mgr Hugonin de cette affaire. Le 12 août, le chapitre est averti que l’évêque a reçu une lettre du préfet au sujet des manuscrits. L’évêque lui a demandé la communication de la décision ministérielle alléguée avant de donner suite à cette affaire. Le 3 janvier 1888, l’abbé Duvelleroy, devenu bibliothécaire, rend compte d’une visite qu’il a faite au préfet et dans laquelle il lui a exposé de vive voix les arguments du chapitre. Il en est ressorti confiant et croit pouvoir affirmer que l’affaire des manuscrits n’aura pas de suite. Le 23 août 1888, le conseiller général, M. Delacour, lui écrit qu’il s’est entretenu avec le préfet de l’affaire des manuscrits et que celui-ci renonce à réclamer les archives du chapitre de Bayeux ; il ajoute croire que cette affaire est terminée [147].
95C’est à la suite de cela que le catalogue des manuscrits rédigé par le chanoine Deslandes sera publié aux frais de l’État. Les chanoines y ont alors vu la consécration du droit de propriété du chapitre contesté par l’archiviste départemental.
96Cette affaire que l’on croyait classée resurgit en 1907 après le vote de la loi de séparation des Églises et de l’État, le 9 décembre 1905, et la rédaction des inventaires à partir du 1er mars 1906. Le 12 août 1907, le chanoine Deslandes rend compte au chapitre de la visite faite par un inspecteur délégué, accompagné de l’archiviste départemental et de l’administrateur-séquestre, à la bibliothèque des manuscrits du chapitre, installée dans une salle de la tour sud de la cathédrale. Cet aménagement de la tour sud a déjà été évoqué lorsque nous avons présenté le chanoine Deslandes.
« Ce fonctionnaire qui s’est montré correct, a fait l’inspection de la bibliothèque et a examiné plusieurs manuscrits. Il lui a témoigné sa satisfaction des travaux d’aménagement exécutés pour leur conservation, puis, tout en constatant qu’ils pourraient être difficilement mieux ailleurs, il a insisté pour que ces anciens manuscrits soient descendus et placés dans l’ancienne bibliothèque du chapitre pour cette raison que le public pourrait y avoir plus aisément accès et surtout ne serait pas obligé de traverser un édifice consacré au culte. Il a ajouté que M. le chanoine Deslandes pourrait en être nommé le conservateur, avec charge de se tenir à la disposition des visiteurs. Cette proposition, ayant paru à M. le chanoine Deslandes assez peu pratique et, en tout cas, destinée, dans la pensée, à préparer, par une mesure transitoire, les voies à une conservation laïque et à la confiscation complète des manuscrits en cause, son intention formelle – au cas où elle lui serait notifiée officiellement – est de ne l’accueillir que par un refus absolu. Ces manuscrits d’ailleurs ayant été reçus à titre de dépôt, il ne saurait, à son avis, lui appartenir de coopérer, d’une façon quelconque à leur enlèvement. »
98Le chapitre confie alors au chanoine Deslandes le soin de suivre cette affaire et lui adjoint le chanoine Fauvel [148].
99En 1908, l’État manifeste à nouveau ses prérogatives et décide de clarifier la situation. C’est l’objet du décret du 11 décembre 1908, signé par le président de la République, Armand Fallières :
« Art. 1er. – Sont attribués à l’État pour la destination prévue par l’art. 9, paragraphe 1er, 5°, de la loi du 9 décembre 1905, modifié par l’art. 1er de la loi du 13 avril 1908 [149], les documents, livres et manuscrits contenus dans la bibliothèque ayant appartenu :
- à la Mense épiscopale de Bayeux ;
- au Séminaire de Bayeux ;
- au Chapitre de Bayeux » [150].
101Ce décret, promulgué le jour de Noël, entraîne une protestation vigoureuse de Mgr Lemonnier, le 29 décembre, contre ce qu’il n’hésite pas à appeler une spoliation [151].
102Ce décret ne sera pas appliqué puisque, le 10 juillet 1909, le ministre de l’instruction publique prend un arrêté qui « classe les manuscrits du chapitre de Bayeux comme section spéciale des Archives publiques du département ». Le ministre, tout en faisant bénéficier ces documents du caractère imprescriptible de la propriété publique, n’a toutefois rien voulu modifier à l’autonomie dont jouissait cette collection ; cette mesure exceptionnelle a été légitimement inspirée par le désir de reconnaître les services éminents rendus par le chanoine Deslandes. C’est à ce titre qu’il est nommé par le préfet « conservateur de la section des archives ecclésiastiques publiques créée dans le local de la bibliothèque capitulaire, dépendant de l’Église cathédrale », le 27 juillet 1909 [152].
103Finalement, les manuscrits du chapitre resteront dans la cathédrale jusqu’en 1971. Par un protocole d’accord entre la Direction des Archives de France et la Direction des Bibliothèques et de la lecture publique en date du 30 novembre 1971, leur dépôt sera réparti entre les archives départementales du Calvados et la Bibliothèque municipale de Bayeux. Les manuscrits du chapitre de la cathédrale seront alors enlevés du lieu où ils avaient été conservés pendant de longues années.
104À l’instar du patrimoine religieux de Bayeux, la bibliothèque du chapitre a donc évolué au gré des événements historiques : Révolution française, Concordat, séparation des Églises et de l’État. Le bâtiment a fini par retrouver la fonction qui était la sienne à sa construction, celle de bibliothèque des chanoines de la cathédrale, ce qui est exceptionnel si l’on se réfère à l’Histoire des bibliothèques françaises.
105Des chanoines érudits ont occupé la fonction de bibliothécaire et ont su s’imposer face aux exigences de l’État.
106À partir des années 1920, il n’est plus question de la bibliothèque dans les différents fonds d’archives, même si elle a continué à être utilisée. Cette absence de références est confirmée par un rapide examen des données fournies par l’inventaire de 1997 [153]. En effet, une étude des ouvrages du xixe siècle permet d’élaborer une courbe de croissance du nombre de volumes qui, dès les premières décennies, croît progressivement jusqu’au milieu des années 1870, avant de connaître une chute brutale et définitive dès les premières années du xxe siècle [154]. Cette croissance du début du xixe siècle s’inscrit dans un contexte de reconstruction religieuse, à partir du Concordat de 1801. « Le livre est un des supports les plus utilisés pour diffuser la culture chrétienne ; dans la première moitié du xixe siècle, le livre religieux représente en moyenne 12 % de la production totale annuelle » [155]. Il est donc normal que la bibliothèque connaisse un essor à partir de cette période. Mais, dès le début du xxe siècle, on assiste à un phénomène de fossilisation pour lequel il n’y a pas d’explication précise. On ne trouve en effet que 66 volumes postérieurs à 1905 parmi lesquels 36 Ordo à l’usage du diocèse de Bayeux. Il n’était pas dans notre projet de travailler sur la nature du fonds, mais le travail réalisé pour la remise en place des ouvrages dans la bibliothèque permet de dire que, sur 6 234 monographies imprimées, 52 % sont consacrés à la théologie, 8,5 % à la jurisprudence, 7,5 % aux sciences et arts, 3 % aux belles-lettres et 29 % à l’histoire et à la géographie ; parmi les livres d’histoire, un grand nombre concerne l’histoire religieuse. Ajoutons à cela que 29 périodiques sont présents sur les rayons : à l’exception du Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie (1894-1903) et du Bulletin de la Société des Beaux-arts de Caen (1859-1893), les autres titres appartiennent au domaine religieux [156]. Force est donc de constater qu’il s’agit bien d’une bibliothèque d’étude à caractère religieux. Ce fonds s’étant fossilisé dès les premières années du xxe siècle, la bibliothèque actuelle est bien celle qu’ont connue et utilisée les chanoines à la fin des années 1920.
107Cette étude permet d’imaginer tout ce que pourrait apporter une saisie informatique et un travail approfondi sur les catalogues rédigés par la Commission des arts ; pourrait ainsi être mise en évidence la composition de la bibliothèque du chapitre en 1794 mais aussi celle des autres bibliothèques confisquées (évêque, séminaire, communautés religieuses, quelques chanoines). Une étude scientifique de l’inventaire réalisé en 1997 est tout aussi souhaitable. Une comparaison entre les différents catalogues permettrait alors de découvrir quels sont les ouvrages qui ont réussi à traverser plus de deux siècles pour parvenir jusqu’à nous. Ces travaux très importants restent à accomplir. Nous pouvons également espérer que d’autres bibliothèques de chapitre feront un jour l’objet d’études et que des éléments de comparaison pourront ainsi être dégagés permettant de dire si la bibliothèque capitulaire de Bayeux a bel et bien connu ce destin exceptionnel que nous avons essayé de mettre en lumière.
Annexe 1
108Thomas Frognall Dibdin, Voyage bibliographique, archéologique et pittoresque en France. Tome 2 : Basse-Normandie, Caen, Mancel, 1825, p. 137-147. Extraits de la lettre XVI, « Visite à l’Evêque. Bibliothèque du chapitre » ; la lettre XV est datée du 16 mai 1818.
109En allant chez l’ami de M.****, j’entrai chez l’abbé Fettey pour le prier de nous faire voir la bibliothèque du chapitre. Il était sorti et devait rentrer dans une heure […].La petite assemblée bibliographique se sépara, et l’étranger revint avec moi chez l’abbé Fettey. Quoiqu’il se fût écoulé plus d’une heure, l’abbé n’était pas encore visible. La fille sourit quand elle m’entendit demander, pour la seconde fois, si son maître était chez lui ; et je crus apercevoir la tête d’un homme à travers les jalousies de la salle. « Nous n’en finirons pas, dis-je à mon aimable guide ; allons directement chez l’évêque ». […] Je m’acheminai hardiment vers le palais épiscopal. Parvenu dans la loge du portier, j’écrivis, pour l’évêque, un billet au crayon, ayant soin de mentionner le nom de M. Lair et l’objet de ma visite[…]. Enfin trois heures arrivent ; je me présente. Le souvenir d’une certaine bibliothèque attachée à l’une des cathédrales, les plus vénérables et les plus magnifiques, et dont les conservateurs ont toujours montré autant de complaisance que de capacité, ce souvenir, dis-je, tient ma curiosité constamment éveillée pour les Bibliothèques de chapitres, partout où j’en rencontre. Je fus immédiatement introduit dans le palais […]. En me rendant à la salle d’audience, je traversai un appartement où j’aperçus, pittoresquement disposés sur une table, la crosse et les habits pontificaux que l’évêque portait la veille à la cérémonie de l’ordination […]. L’évêque se présente, entouré de six ou sept chanoines, qu’on eût pris pour ses gardes-du-corps, et qui jetaient sur moi, par-dessus ses épaules, des regards tout particuliers. Ils avaient dîné avec Monseigneur […]. L’évêque était vêtu d’une soutane violette, serrant la taille, et boutonnée par le milieu, depuis le haut jusqu’en bas. Une croix était suspendue à sa poitrine. L’absence de la mitre n’avait rien ôté à l’expression de sa physionomie, et il porta l’amabilité jusqu’à s’entretenir longtemps avec moi […]. « Vous m’excuserez si je ne vous accompagne point en personne, me dit-il ; mais je vais envoyer chercher de suite l’abbé Fettey, notre bibliothécaire, qui sera entièrement à votre disposition, et facilitera toutes vos recherches. » Il expédia donc un messager au rétif bibliothécaire[…]. On annonça l’abbé Fettey ; je dressai les oreilles, et je n’eus que le temps de prendre congé de l’évêque en le remerciant de sa bonté. L’abbé Fettey entra ; il était accompagné de deux autres individus qui venaient trottant après lui. Animé par le tintement musical des clefs suspendues aux doigts de l’abbé, je pressai mes pas vers la bibliothèque du chapitre […].
110Nous ne fûmes pas plus tôt réunis tous quatre dans la bibliothèque que je priai notre guide principal de me faire connaître en peu de mots l’histoire de l’établissement. « Volontiers, répliqua-t-il. Cette bibliothèque, débris d’une superbe collection de trente à quarante mille volumes, était originairement placée dans les bâtiments du chapitre. De cette fenêtre à gauche, vous apercevrez encore les ruines de cet édifice. Nous ne possédons ici que cinq mille volumes environ ; mais la collection primitive se composait des bibliothèques réunies des ecclésiastiques, morts ou vivants ; car, pendant la révolution, le clergé, résidant tantôt à la ville, tantôt à la campagne, avait déposé ses livres dans la maison du chapitre, pour les mettre à l’abri des pillages individuels. Eh bien ! Les livres rassemblés dans la maison capitulaire furent entassés les uns sur les autres en énormes piles, depuis le plancher jusqu’au plafond ; et pendant dix longues années, personne n’osa ouvrir la porte de la bibliothèque, dont les fenêtres restèrent de même soigneusement fermées. Enfin, les révolutionnaires manquèrent de balles, il leur fallait du plomb, et ils enlevèrent la toiture du chapitre avec leur dextérité accoutumée. Bien entendu, la pluie tomba sur les pauvres livres ; et lorsque M. Moysant reçut de l’administration l’ordre d’examiner cette bibliothèque et d’emporter autant de livres que le requerraient les besoins de la bibliothèque publique de Caen, il recula d’horreur devant les obstacles qui se présentèrent. En effet, de ces livres ainsi renfermés depuis dix ans s’échappait une fétidité insupportable ; et M. Moysant ne put commencer ses opérations qu’après quinze jours entiers, pendant lesquels on laissa toutes les fenêtres et toutes les portes ouvertes pour la circulation de l’air, M. Moysant ne prit guère que cinq mille volumes ; mais, à son départ, les révolutionnaires furieux pillèrent, de gaîté de cœur, et détruisirent une quantité prodigieuse de ce qui restait ; et enfin vous voyez, monsieur, ce qu’ils nous ont laissé. »
111La bibliothèque actuelle, située au premier étage, peut avoir vingt-cinq pieds en carré […]. L’abbé Fettey gagna beaucoup dans mon esprit avant que je le quittasse.
Annexe 2
112Transaction
113Entre le vénérable chapitre de l’Église cathédrale de Bayeux
114D’une part
115Et le séminaire de la même ville
116D’autre part
117Il est convenu et arrêté ce qui suit :
1181° Le vénérable Chapitre consent la translation au Séminaire de la Bibliothèque ecclésiastique déposée dans le bâtiment de la bibliothèque du chapitre.
1192° En conséquence seront délivrés au Séminaire par le chapitre, tous les livres inscrits sur le catalogue présenté par le séminaire et transmis au Ministre des cultes le vingt sept mars mil huit cent neuf. [27 mars 1809]
1203° Sont exceptés les rituels, cérémoniaux, livres d’Église de quelque nature qu’ils soient, collections de mandements, traités spéciaux concernant les Évêques, Grands vicaires, Officiaux etc. en un mot tous livres de liturgie ou sur la liturgie, livres concernant l’administration et livres concernant la Cathédrale et l’histoire du pays. Également la Bible imprimée à Paris en quatorze cent soixante seize et autres livres de pure curiosité dans le même genre s’il s’en trouve.
1214° sont encore exceptés, les ouvrages dont il se trouve deux exemplaires ou deux éditions dans la bibliothèque du chapitre, auquel cas un seul serait remis au Séminaire, et tous ceux dont il se trouve présentement un exemplaire au Séminaire. Cependant dans le cas où l’exemplaire conservé dans le bâtiment du chapitre serait notablement préférable à celui du Séminaire, le Séminaire se réserve le droit de changer le dit exemplaire contre celui qu’il possède.
1225° Le Séminaire s’oblige à donner au chapitre un exemplaire des ouvrages dont il possède actuellement le double et qui ne sont point dans la bibliothèque du chapitre ; de plus il remettra au chapitre les dix huit volumes des Bollandistes, s’il peut se procurer la collection complète.
1236° Le Séminaire donne au chapitre décharge pleine et entière de tous livres appartenant anciennement au Gouvernement et concédés à Monseigneur Brault, avec les accroissements que ce vénérable prélat y a donnés. Il s’en rend seul garant et responsable.
1247° Le Séminaire s’oblige en outre, afin d’assurer à tous les membres du chapitre pour toujours l’accès facile, l’usage commode et la conservation de cette bibliothèque
- À déposer une clef de la bibliothèque du séminaire entre les mains de celui des membres du chapitre qui sera désigné à cet effet par le chapitre.
- À donner aux chanoines toute facilité pour aller travailler dans la bibliothèque ou dans un appartement commode destiné pour cela.
- À confier aux chanoines sur récépissé les livres qu’ils pourraient avoir besoin d’emporter, excepté toutefois les grands ouvrages qui ne doivent point sortir de la bibliothèque.
- Enfin à ne jamais mettre la bibliothèque hors d’état de servir au chapitre.
125Arrêté en assemblée capitulaire à Bayeux, le vingt huit décembre mil huit cent trente six. [28 décembre 1836]
126Suivent les signatures :
127Turgis, chn.[chanoine] Michel, ch. d’Audibert, vic.gén.[vicaire général] Dajon-Lamare. Falize, ch. Thomine-Desmazures, chan. ; Lecomte, ch. ; Lefaucheux, ch. arch. ; Beaumont, vic.gén. ; Beauquet de Grandval, chn. de Bx et de St Dys.
128Nous soussigné, supérieur du Séminaire de Bayeux, adhérons à la présente transaction, sauf l’approbation de Monseigneur l’Evêque de Bayeux
129Bayeux, le vingt huit décembre mil huit cent trente six.
130Signé : Chaillou
131Arch. dioc. Bayeux, dossier « Différend et accord entre le Chapitre et le Séminaire pour leurs bibliothèques ».
Annexe 3 - Aménagement intérieur du premier étage : travaux de 1851
132De juin à 7bre 1851 Payé le 13 avril 1852
133Les srs Picot & Renouf
134État des travaux faits à la cathédrale de la ville de Bayeux par Picot et Renouf Entrepreneurs de menuiserie à Bayeux pendant l’année 1851.
135Savoir :
136- Construction du lambris de la bibliothèque, le dit lambris en bois de chêne de 0 m 03 d’épaisseur refendu par frises de 0 m 10 de largeur
1371ère partie à droite
138Pour l’autre côté semblable
139Bout du côté de la porte
140Pour le bout du fond semblable
Total de mètres carrés | 118 m 86 |
141- Corniche au pourtour, la dite en bois de chêne 0 m 06 sur 11 de hauteur
Longueur développée de | 34 m 58 |
142- Pour le redressement de la charpente qui était destinée à recevoir le lambris gothique à établir
143- Pour avoir réparé un des linteaux au dessus d’une des croisées fourni les morceaux de chêne pour faire les pièces et temps passé
14421 Juillet 1851 :
- trois jours d’ouvriers et un de maître pour continuer et commencer à barricader 72 m de façade de casiers de bibliothèque et avoir porté et ramassé des livres et les avoir rangés | 9 |
- fourni pour ces ouvrages 2 kg 500 de clous à 1 f l’un font | 2-50 |
- pour les mêmes ouvrages 4 jours d’ouvriers | 9 |
14520 Août :
146- Pour faire et poser une cloison autour de la cheminée et de la colonne hauteur 4 m largeur sur les 4 faces fait compris le dessus 28 m carrés fourni pour ce travail 60 m de planches […]
147Xbre :
148Détail pour un des casiers formant bibliothèque. Il est en bois de chêne de 0 m 03 d’épaisseur travaillé et poli des deux côtés (au mètre carré)
Pour un côté | largeur 0 m 71 |
hauteur 3 m 02 | |
Ce pour l’autre côté pareil | 2 m2 14 |
Ensemble | 4 m2 28 |
Les 4 m 28 carrés à 10 f l’un font | 42,80 f |
149- Tablettes dedans en bois de chêne 0 m 03 d’épaisseur, travaillées et polies des deux côtés (au mètre carré)
Pour une | longueur 1 m 46 |
largeur 0 m 28 soit 0 m2 41 | |
Ci pour 9 pareilles compris le fond qui a le double de la largeur | 3 m2 6 |
Ensemble | 4 m2 10 |
150- Colonnettes placées sur les angles et joints de la bibliothèque, les dittes en bois de chêne de 0 m 03 sur 0 m 06 de largeur (au mètre courant)
Pour une longueur | 2 m 90 |
Ci pour cinq pareilles | 14 m 50 |
Ensemble | 17 m 40 |
151- Crémaillères pour supporter les tasseaux des tablettes, les dittes en bois de chêne de 0 m 03 sur 0 m 035 de largeur (au mètre courant)
Pour une | 2 m 90 |
Ci pour trois pareilles | 8 m 70 |
Ensemble | 11 m 60 |
152- Découpures formant trèfles pour ornementations du casier au nombre de 48 à 0 f 60 l’une font : 28,80
153- Porte de la bibliothèque ou casier en bois de chêne d’assemblage avec moulures gothiques et ornementations d’ogives
- largeur 1 m 45
- hauteur 2 m 80
154- Corniche couronnant le dessus des bibliothèques les dites en bois de chêne de 0 m 05 d’épaisseur sur 0 m 11 de largeur
- Longueur 33 m 40
155- de plus pour 52 socles en bois de chêne pour le bas des colonnettes de 0 m 05 d’épaisseur sur 0 m 12 de largeur hauteur 0 m 20
156- Pour relever 52 colonnettes placées sur la bibliothèque et les replacer
157- Pour réparer les vieilles corniches et placer les morceaux nécessaires
158- Porte au pied de l’escalier de la bibliothèque la dite en bois de chêne de 0 m 05 d’épaisseur batants et traverses de 0 m 15 à 0 m 20 de largeur, les panneaux de 0 m 03 d’épaisseur, la ditte porte avec moulures gothiques cintrée par le haut et panneaux formant plis
(au mètre carré) | hauteur totale 2 m 20 |
largeur 1 m 27 |
159- La porte de la bibliothèque façonnée comme la précédente mais composée de bois plus faibles
hauteur | 2 m 12 |
largeur | 0 m 98 |
160Compris impression à l’huile bouillante
161- La ferrure des portes des casiers se compose
- de 30 briquets de façon à 2 f 50 l’un
- de 4 crémones et serrures à raison de 12 f pour les deux
- de 4 petites serrures en fer pour les portes du derrière des casiers à 2 f 50
162- La ferrure de la porte d’entrée de la bibliothèque se compose…
163Avoir déposé tous les bois qui renfermaient les casiers des livres de la bibliothèque, arraché les clous, le tout avec soin et rangé les livres, pour ce travail 4.00
164- Travail sur le plancher
165- Pour les portes des casiers 12 m 40 superficiels de trillage en fil de cuivre fin et petite maille compris attaches
166Cet état des travaux établi par l’entreprise a été corrigé en rouge (quelques observations mais surtout les prix) par l’architecte diocésain, selon le rabais accordé par les srs Renouf & Picot.
167Au lieu de Trois mil sept cents vingt-cinq francs, onze centimes, il a été réglé la somme de Trois mille cent cinquante & un francs soixante & trois centimes, le 13 avril 1852.
168L’architecte des édifices diocésains
169Ruprich Robert
170Source : Arch. dép. Calvados, N2999/19, année 1851.
Annexe 4 - L’abbé Clément Guérin : une personnalité complexe
171La personnalité de ce chanoine n’est pas sans poser de questions. En effet, à partir du 24 avril 1849, les délibérations du chapitre font état de plusieurs conflits entre le chanoine Guérin et le chapitre et entre le chanoine et l’évêque, Mgr Robin [157]. Il s’agit, au départ, d’un refus de partager sa chapelle [158] avec un nouveau chanoine, Jean François Étienne Leherpeur, prêtre et missionnaire, nommé chanoine titulaire le 4 avril 1849. M. Guérin possède cette chapelle depuis dix ans et y a entrepris des dépenses considérables pour sa restauration en plaçant un tableau à l’autel et en faisant construire une grille en fer. Le partage de cette chapelle s’inscrit dans le projet de partage de quatre chapelles établi le 24 avril 1849 et qui sera voté par le chapitre le 4 mai. Le 4 juillet, le chapitre lui inflige un blâme pour avoir fait imprimer un mémoire concernant ce partage. Il s’agit, en effet, d’un mémoire injurieux pour l’évêque, pour le chapitre et pour un ancien chanoine [159]. Le 5 juillet, le chapitre révoque M. Guérin de ses fonctions de secrétaire pour absences injustifiées. Le conflit, loin de s’apaiser, prend au contraire de l’ampleur. Le 8 janvier 1850, M. Guérin demande au chapitre
« 1° que les procès-verbaux relatifs au blâme qui lui a été infligé dans la séance du 4 juillet dernier soient détruits, 2° qu’une indemnité lui soit accordée par le chapitre pour les travaux qu’il se proposait de faire à la chapelle St Exupère et qui étaient en voie d’exécution quand il a été contraint de partager cette chapelle avec M. Leherpeur, 3° qu’on procède à un nouveau partage des chapelles ».
173Ces trois propositions sont rejetées à l’unanimité.
174Le 22 avril 1850, le doyen révèle au chapitre un acte inqualifiable commis par M. Guérin. Le secrétaire, le chanoine Perrée, a en effet découvert en ouvrant le registre des délibérations capitulaires que « sept pages et demies d’écriture y avaient été ajoutées de la main même de M. Guérin et que dix pages et quelques lignes de la onzième étaient devenues presque imperceptibles et illisibles, M. Guérin s’étant permis d’écrire en interligne et avec une encre très noire dans l’étendue de ces pages ». Le chapitre s’estime outragé et vote plusieurs propositions parmi lesquelles figure la révocation immédiate de ses fonctions de bibliothécaire. M. Guérin refusant de répondre aux questions et se renfermant dans un silence absolu, l’affaire est portée devant Mgr Robin qui, le 11 octobre 1850, rend une ordonnance par laquelle il approuve et confirme 1° les mesures adoptées par le chapitre relativement au partage des chapelles, 2° le blâme infligé à M. Guérin, 3° la double révocation comme secrétaire et ensuite comme bibliothécaire [160].
175À partir du 15 avril 1851, de nouvelles difficultés apparaissent entre le chapitre et le chanoine Guérin qui, alors qu’il était bibliothécaire, avait été chargé de procéder à l’inventaire des livres et manuscrits de la bibliothèque [161]. Cet inventaire faisait état de 56 manuscrits. Or, dans le rapport [162] publié en 1841 par M. Ravaisson, inspecteur général des bibliothèques de France, la bibliothèque du chapitre de Bayeux possède environ 130 manuscrits dont 17 importants. Le chapitre décide donc d’interroger M. Guérin, absent lors de la réunion, à ce sujet. Deux lettres lui sont envoyées par le doyen qui n’obtenant pas de réponse avertit Monseigneur [Robin]. Invité à s’expliquer, M. Guérin écrit qu’un certain nombre seraient déposés à l’évêché et que pour les autres il est prêt à s’expliquer. En définitive, le 21 mai, M. de Valroger expose au chapitre que M. Guérin a remis 75 ouvrages formant 86 volumes et que 10 volumes ont été apportés de l’évêché.
176Le chanoine Guérin semble opposé à tout changement puisque, le 1er juillet 1857, il écrit à Monseigneur [Didiot] à Orbec au sujet de la Trémonde de la cathédrale :
« Mgr
Permettez moi de vous exprimer toute la peine que j’ai ressentie en apprenant qu’on devait détruire le bourdon de la cathédrale ; je l’aurais fait de vive voix si j’avais été à Bayeux le dimanche du Sacré cœur.
La plupart des destructions qui se sont opérées depuis un certain nombre d’années dans la cathédrale, notamment celle de l’orgue, du jubé, des stalles du chœur, de l’horloge se sont faits contre mon gré et malgré mes réclamations.
Les résultats m’ont donné trop raison, et je crains fort que mes prévisions en ce qui concerne le bourdon ne se réalisent de même. Je suis convaincu qu’il y aurait lieu de le conserver. Le bourdon est le genre de cloche qui convient surtout à une cathédrale et c’est une erreur selon moi de croire qu’avec un grand nombre de cloches on obtiendra un résultat aussi avantageux.
En tout cas, je vous prie Mgr de ne voir dans cette lettre que ce qui me l’a inspirée, le sentiment d’un devoir à accomplir » [163].
178Et le 9 juillet, le vicaire général Michel écrit au rédacteur de L’Écho bayeusain :
« Monsieur le rédacteur
Je vous prie, au nom de Mgr l’Évêque, de surseoir, au moins provisoirement à l’insertion dans L’Écho de toute lettre et de tout écrit émanant d’un ecclésiastique au sujet des cloches de la cathédrale.
J’adresse la même prière à M. le rédacteur de l’Indicateur. »
180Le 13 octobre 1862, un réquisitoire contre l’abbé Guérin est lu par M. Le Faucheux, chanoine archiprêtre ; l’abbé Guérin refuse, en effet, de se conformer au nouveau cérémonial de Bayeux [mandement de l’évêque du 14 mars 1862] et donne ainsi un très mauvais exemple.
« Le chanoine archiprêtre prie M. le doyen de demander à M. l’abbé Guérin s’il entend toujours suivre la même conduite. Dans ce cas, il proposerait au chapitre de ne plus inviter M. l’abbé Guérin à ses réunions [où l’on traite de questions liturgiques cérémonielles ou purement spirituelles], de ne plus inscrire son nom au tableau de l’office capitulaire, de ne plus l’inviter au chœur à remplir aucune fonction, de ne plus lui présenter l’encens à l’offertoire et à Magnificat, en un mot de le regarder toujours comme absent… »
182L’abbé Guérin restant sur ses positions malgré les adjurations de ses confrères, le chapitre décide d’entériner la proposition de l’archiprêtre.
183Le 19 octobre, l’évêque, devant le refus de s’expliquer de l’abbé Guérin, approuve les conclusions du chapitre : « Nous défendons à M. l’abbé Guérin sous peine de suspense de célébrer la messe canoniale ou les offices capitulaires, nous réservant d’user au besoin des censures ecclésiastiques pour le cas où M. Guérin persisterait à troubler le chapitre dans l’exercice de ses fonctions ».
184Le 26 décembre 1862, le doyen M. Michel donne au chapitre communication d’une lettre qu’il vient d’adresser à l’abbé Guérin :
« Monsieur l’abbé
Hier saint jour de Noël, vous avez causé un scandale public dans le chœur de la cathédrale. Vous avez entonné aux Vêpres une antienne qui ne vous avait point été adressée, et couvert la voix du chanoine auquel elle l’avait été. Dès la veille, vous aviez adressé des propos désobligeants à un autre chanoine qui entonnait une antienne.
Monseigneur l’évêque à la connaissance duquel ces faits ont été portés me charge de vous rappeler, et la décision du chapitre que je vous ai notifiée, et son ordonnance du 19 octobre dernier approbative de cette décision, et de vous dire 1° qu’il ne souffrira pas que l’ordre et la paix qui doivent régner dans le chœur de la cathédrale y soient troublés impunément, 2° que conformément à son ordonnance précitée, il est décidé à employer les censures ecclésiastiques contre quiconque les troublera, et par là même y occasionnera du scandale, 3° enfin, qu’il vous défend sous peine de suspense ipso facto d’y entonner une antienne qui ne vous serait pas adressée ».
186Le 30 décembre 1862, M. Guérin écrit à l’évêque pour lui dire que, malgré son attachement aux « cérémonies traditionnelles si chères et si vénérables par leur antiquité » et son opposition aux changements introduits dans la liturgie, il a l’intention de se soumettre à ses prescriptions dans un esprit de respect et de piété sacerdotale : « d’une part, la prescription de votre Grandeur, de l’autre l’émotion du public et le danger de scandale tout m’impose le devoir facile de cesser une abstention qui n’aurait plus de but ».
187Le lendemain, le chapitre prie l’évêque de bien vouloir rétablir M. Guérin dans tous les droits et honneurs dont il avait été privé [164].
188Si les registres des délibérations du chapitre ne relatent plus de conflits avec le chanoine Guérin, une autre source nous apprend que son comportement n’a pas changé. En effet, dans un petit registre [165] apparemment tenu par les doyens du chapitre, nous apprenons que des problèmes demeurent :
« Le dimanche des Saintes Reliques [14 juillet 1868], j’ai fait l’office solennel, en vertu du privilège du Doyen. Le midi, j’avais invité à dîner Monseigneur, MM. Les chanoines titulaires & honoraires de la ville, M. Guérin excepté à cause de sa situation vis-à-vis de Monseigneur & du Chapitre ».
« Le samedi 29 octobre 1870 M. l’abbé Germain aumônier du lycée de Caen, nommé récemment procuré de la cathédrale dans la maladie de M. Lefaucheux a été installé au Chapitre & au chœur comme chanoine titulaire archiprêtre en remplacement du dit M. Lefaucheux, décédé.
À cette occasion MM. les chanoines d’installation plus récente que le défunt ont changé de stalles & de côté à l’exception de M. Guérin qui s’est refusé à céder sa place, sous prétexte, dit M. Fouin, son confident, qu’il a du côté droit son installation, son pupitre – indûment établi par lui. M. Perrée a été obligé de prendre la stalle de M. Lefaucheux. C’est un nouveau désordre. Mais avant d’en essayer la réforme, je devrai m’assurer des intentions de Monseigneur ».
190En 1871, « à l’adoration des quarante heures, M. Guérin voulant éviter de se trouver avec M. Dubosq auquel il aurait dû céder la droite, s’est fait remplacer par le sacristain Cordhomme – que M. Dubosq a renvoyé à la sacristie & quidem merito [certes à bon droit], prévenu le retour d’un semblable abus en ne mettant par M. Guérin sur le tableau d’adoration ».
Annexe 5 - Les règlements de la bibliothèque
1er règlement rédigé en 1826, sous l’épiscopat de Mgr Duperrier-Dumoutier[1823-1827]
Bibliothèque de l’Église cathédrale : règlement [166]
191Art. 1er
192Tous les livres qui ont été tirés de la bibliothèque vont y être remis incessamment pour être placés dans le rang qui leur convient et afin qu’il puisse être fait un catalogue général des ouvrages.
193Art. 2
194Dès que tous les livres empruntés auront été rendus et que le catalogue sera terminé, la bibliothèque sera ouverte de temps en temps à un jour et heure fixés pour la commodité des lecteurs.
195Art. 3
196Si quelqu’un désire emporter chez lui un livre quelconque il en donnera récépissé au bibliothécaire, qui pourra faire revenir le livre dès qu’il le jugera à propos.
197Art. 4
198Les anciennes chartes, les cartulaires, les manuscrits, les ouvrages rares, curieux ou de grand prix ne seront jamais prêtés hors l’enceinte de la bibliothèque, le bibliothécaire étant toujours libre de refuser de prêter quand il le jugera convenable
2e règlement, rédigé par le chanoine Deslandes, adopté le 5 janvier 1897, sous l’épiscopat de Mgr Hugonin [1867-1898]
199Règlement pour la bibliothèque du chapitre [167]
2001° M.M. les chanoines titulaires auront seuls une clef de la bibliothèque. Chaque clef portera une étiquette avec la mention « Bibliothèque du chapitre ».
2012° M.M. les chanoines ne pourront introduire aucune personne étrangère dans la bibliothèque si M. le bibliothécaire ou son remplaçant ne sont présents.
2023° Aucun volume ne pourra être emporté sans en donner avis au bibliothécaire et seulement après avoir signé un reçu. Le prêt n’excédera pas un mois et pourra être renouvelé.
2034° La grande Patrologie grecque et latine, de Migne, ayant été donnée au chapitre, sous la condition formelle, acceptée par le chapitre qu’aucun volume ne sortirait de la bibliothèque, cette condition mise par le donateur sera respectée.
2045° En règle générale tout manuscrit sera consulté sur place. Toutefois, si une personne digne de confiance, demande un manuscrit pour l’étudier ou l’analyser, le chapitre pourra en autoriser le prêt. Après cette autorisation, M. le bibliothécaire demandera un reçu en forme, constatant l’état du manuscrit, dont chaque page numérotée portera l’estampille de la bibliothèque du chapitre. Le prêt ne pourra excéder un mois sans nouvelle autorisation.
2056° Les éditions rares assimilées aux manuscrits seront, pour le prêt, soumises aux mêmes conditions.
2067° Ne seront jamais communiqués, hors de la bibliothèque les manuscrits renfermant dessins et peintures, des pièces détachées et surtout les manuscrits suivants :
- N° 61 du catalogue, intitulé : Missel pontifical d’Etienne Loypeau [168]
- N° 84 Livre d’Heures [169]
- N° 121 Ordinarium ecclesiae Bajocensis, XIIIe siècle
- N° 122 Brevis tractatus de consuetudinibus et statutis ecclesiae Bajocensis, vulgo Cérémonial de Langevin.
207Dans le nouveau règlement du chapitre établi par Mgr Lemonnier [170] [1906-1927] en 1924, les fonctions du bibliothécaire sont clairement définies :
208Le Bibliothécaire
209Art. 85 - Le chanoine bibliothécaire est le conservateur des livres du chapitre et du Trésor de la cathédrale. Il est à la nomination du chapitre et n’est pas nécessairement pris parmi les chanoines titulaires.
210Art. 86 - Comme bibliothécaire, il doit veiller à ce que le catalogue des livres soit toujours à point.
211Art. 87 - Il ne doit prêter à chacun qu’un seul livre à la fois, sur récépissé, et pour un laps de temps relativement court. Il peut faire rentrer le livre dès qu’il le trouve à propos.
212Art. 88 - Aucun livre de la Patrologie grecque et latine, les manuscrits et les ouvrages rares ne doivent sortir de la bibliothèque ; ils ne peuvent être consultés que sur place, le bibliothécaire étant toujours juge de déterminer les livres qui rentrent dans cette catégorie.
213Art. 89 - Comme conservateur du Trésor, le bibliothécaire est le gardien des clefs des vitrines et des armoires du Trésor. Ces clefs doivent être enfermées dans le coffre fort de la cathédrale.
214Art. 90 - Le bibliothécaire veille à ce que le sacristain chargé de faire visiter la cathédrale tienne dans un état parfait d’ordre et de propreté les salles et l’escalier du Trésor.
215Art. 91 - Un inventaire progressif des objets d’art offerts au Trésor doit être fait et tenu à jour par le conservateur.
216Art. 92 - Il est expressément défendu au sacristain d’ouvrir les vitrines fermant à clef.
217Art. 93 - Après chaque visite, les doubles serrures des portes du Trésor doivent être exactement fermées à clef.
Mots-clés éditeurs : bibliothécaire, manuscrits du chapitre, bibliothèque du chapitre, travaux, dépôt littéraire, confiscation, Bayeux, XIXe siècle, cathédrale
Date de mise en ligne : 23/01/2014
https://doi.org/10.3917/annor.601.0117Notes
-
[1]
Sur l’histoire du bâtiment : E. G. Deslandes, Étude sur l’Église de Bayeux : Antiquité de ses cérémonies, son Chapitre, Disposition du chœur de la cathédrale, Caen, Domin, 1917, p. 591-598 ; A. Masson, « La Bibliothèque du chapitre de Bayeux et ses “escriteaux” », Bulletin des bibliothèques de France, n° 11, novembre 1957, p. 789-793 ; A. R. Girard, « Bibliothèque du chapitre de Bayeux », Monuments historiques, n°168, mars-avril 1990, p. 28-30.
-
[2]
M. G. Villers, « Jean Petite, avocat au Parlement de Paris et official de Bayeux », Mémoires de la Société d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres de Bayeux, t. II, 1844, p. 337-386.
-
[3]
La mention « ex bibliotheca Mr Joannis Petite, Melodunensis, protonotarii apostolici, officialis Bajocensis, canonici de Amaeyeo et ejusdem dono bibliothecae Bajocensi 1689 » figure sur ces ouvrages.
-
[4]
L’acte de cette donation est passé le 23 avril 1688 comme l’indique l’inscription gravée en lettres capitales romaines sur une plaque de cuivre apposée dans la bibliothèque et encore en place en 1889. Elle porte le n° 311 dans le Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque du chapitre de Bayeux, rédigé par le chanoine Deslandes en 1889. Elle est maintenant aux Archives départementales du Calvados.
-
[5]
D. Varry, dir., Histoire des bibliothèques françaises, t. 3, Les bibliothèques de la Révolution et du xixe siècle : 1789-1914, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2009, p. 611.
-
[6]
G. Marie-Mauger, « La bibliothèque du chapitre de la cathédrale de Bayeux à la fin du xixe siècle : restauration ou démolition ? », Annales de Normandie, 58e année, n° 3 et 4, décembre 2008, p. 157-184.
-
[7]
Titre 1er : articles 8 à 20.
-
[8]
D. Varry, « Les confiscations révolutionnaires », dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 9.
-
[9]
Médiathèque municipale de Bayeux (désormais Méd. mun. Bayeux), manuscrit 141, pièce 7, « lettre de Simien Despréaux au citoien Bollet, 7 fructidor an II » [24 août 1794].
-
[10]
Méd. mun. Bayeux, manuscrit 136, Registre des délibérations relatives aux opérations et travaux des membres préposés à la recherche des objets d’art dans le district de Bayeux.T. 1 : Du 23 germinal an II au 14 prairial an VII.
-
[11]
« Le siège épiscopal de Bayeux, suffragant du siège archiépiscopal de Rouen, est l’un des soixante diocèses érigés par le pape Pie VII dans les deux bulles : Ecclesia Christi du 15 août 1801 et Qui Christi Domini vices du 29 novembre 1801, édictées à Rome, près de Sainte-Marie-Majeure », T. Blot, Reconstruire l’Église après la Révolution : le diocèse de Bayeux sous l’épiscopat de Mgr Charles Brault (1802-1823), Paris, Cerf, 1997, p. 33-34.
-
[12]
Ecclésiastique associant les fonctions de cardinal et de légat, de diplomate du pape. Mgr Caprara exerce sa fonction à Paris de 1801 à 1808 et assiste donc au sacre de l’empereur Napoléon Ier et au couronnement de l’impératrice Joséphine.
-
[13]
Avant lui, deux évêques constitutionnels ont occupé le siège de Bayeux ; il s’agit de Claude Fauchet, élu le 18 avril 1791 et guillotiné le 31 octobre 1793, et de Julien Duchemin, sacré à Paris le 10 février 1799 et mort le 31 mars de la même année.
-
[14]
M. F. Fisquet, La France pontificale. Gallia christiana. Métropole de Rouen. Bayeux et Lisieux, Paris, E. Repos, 1866, p. 130.
-
[15]
T. Blot, op. cit., p. 41.
-
[16]
Archives diocésaines de Bayeux (désormais Arch. dioc. Bayeux), dossier « Statuts du chapitre ». Mgr Brault a présenté au gouvernement son chapitre cathédral avant même la rédaction des statuts ou du règlement puisque, dès le 8 pluviôse an XI [28 janvier 1803], le conseiller d’État chargé de toutes les affaires concernant les cultes, Portalis, en avertit le citoyen Premier Consul.
-
[17]
H. Richard, « Des bibliothèques des districts aux bibliothèques municipales », dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 56-69.
-
[18]
Méd. mun. Bayeux, manuscrit 136, p. 258.
-
[19]
Méd. mun. Bayeux, manuscrit 141, pièce 28.
-
[20]
I. Noye, « Les bibliothèques des grands séminaires » dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 613.
-
[21]
T. Blot, op. cit., p. 282.
-
[22]
Ibid. p. 283.
-
[23]
Arch. dioc. Bayeux, dossier « Différend et accord entre le Chapitre et le Séminaire pour leurs bibliothèques », copie du Registre des actes de la Préfecture du département du Calvados.
-
[24]
Ibid.
-
[25]
Le 16 mai 1808, Mgr Brault installe solennellement son séminaire dans le corps principal du monastère de la Charité. Il faudra attendre le début de l’année 1818 pour que les séminaristes retrouvent la maison construite par Mgr de Nesmond. dans T. Blot, op. cit., p. 278.
-
[26]
Arch. dioc. Bayeux, Évêché Secrétariat, n° 693. Nous pouvons remarquer que l’évêque n’emploie pas le terme « bibliothèque du chapitre ».
-
[27]
Arch. dioc. Bayeux, note rédigée par le chanoine Guérin figurant dans le dossier « Différend et accord entre le Chapitre et le Séminaire pour leurs bibliothèques ». Les deux passages sont soulignés dans le texte.
-
[28]
t. f. Dibdin, Voyage bibliographique, archéologique et pittoresque en France, t. 2, Basse-Normandie, Caen, Mancel, 1825, p. 137-147. Voir annexe 1.
-
[29]
Ce catalogue porte le n° 141 de la collection des manuscrits du chapitre. Il est à la médiathèque municipale de Bayeux. Voir la figure 8.
-
[30]
Ces informations sont données par le chanoine Guérin. Elles figurent dans le dossier cité dans la note 27.
-
[31]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du conseil de la fabrique de l’Église cathédrale du 18 avril 1811 au 18 février 1860, p. 58.
-
[32]
Arch. dioc. Bayeux, pour cette question voir le dossier « Différend et accord entre le Chapitre et le Séminaire pour leurs bibliothèques ».
-
[33]
Né à Caen en 1804, ordonné prêtre le 22 septembre 1827, il est nommé chanoine titulaire en 1834 ; il ouvre alors la voie à la restauration de la cathédrale. Lors de son séjour à Rome, en 1847, il commande au statuaire Veyrassat la statue de la vierge en marbre blanc placée dans la chapelle Saint-Pierre de la cathédrale. Il entre enfin au séminaire des missions étrangères à Paris, le 26 juin 1847 ; il a été missionnaire au Sichuan, puis évêque de Sinopolis in partibus et vicaire apostolique du Thibet. Revenu en France pour raison de santé, il meurt à Mouen en 1869. Voir Abbé Mabire, Notice sur Mgr Thomine-Desmazures Évêque de Sinopolis, vicaire apostolique du Thibet, Caen, Chénel, 1869, 70 p.
-
[34]
Cf. note 32.
-
[35]
Voir annexe 2.
-
[36]
Cette délibération ne figure pas dans les registres des délibérations que nous avons consultés. Elle fait partie du dossier « Différend et accord entre le Chapitre et le Séminaire pour leurs bibliothèques ».
-
[37]
Cf. note 32.
-
[38]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du conseil général de la fabrique de l’Église cathédrale de Bayeux du 18 avril 1811 au 18 février 1860, p. 59v.
-
[39]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre de l’Église cathédrale de Bayeux depuis le 27 février 1846 jusqu’en 1861, p. 28.
-
[40]
Ibid, p. 29.
-
[41]
Dans les années 1830, émerge « une conscience aiguë de la nécessité de donner à l’art du xixe siècle son style, comme les autres époques avaient eu le leur […]. Les choix n’étaient pas seulement esthétiques, mais aussi politiques, religieux ou sociaux […]. Il fallait définir un art chrétien, démocratique et national. D’emblée, le style byzantin fut rejeté comme étranger à la France. Le roman ne connut guère plus de succès dans l’immédiat : il apparaissait en effet comme une sorte d’excroissance de la forme antique. C’est donc l’art gothique qui devait le mieux répondre à la définition d’une nouvelle architecture nationale » (S. Allard et L. Des Cars, L’art français, t. V, Le xix e siècle (1819-1905), Flammarion, 2006, p. 165). « Cette reviviscence se manifeste en architecture aussi bien dans la restauration que dans la construction d’édifices religieux et civils en style néogothique. Le style néogothique se diffuse aussi dans les arts figuratifs comme dans le mobilier et la décoration » (D. Tarabra, Comment identifier les grandes périodes stylistiques. De l’art roman à l’art nouveau, Paris, Hazan, 2009, p. 330).
-
[42]
Créé par un arrêté du 16 décembre 1848, le corps des architectes diocésains a pour mission première de proposer et de suivre les travaux des édifices diocésains (cathédrales, palais archiépiscopaux ou épiscopaux et séminaires) mis à la disposition des archevêques ou évêques, mais qui sont propriété de l’État et dont l’entretien est porté au budget des Cultes depuis 1824. À partir de 1830, l’administration des Cultes s’était dotée d’un Service des Édifices diocésains pour suivre ce dossier mais le choix des architectes et des travaux restait alors aux mains des archevêques ou évêques et des préfets. Victor Ruprich-Robert est nommé architecte diocésain de Bayeux le 20 décembre 1848 ; il quitte ce poste le 30 janvier 1854 pour le diocèse de Sées (www.archivesnationales.culture.gouv.fr).
-
[43]
Destiné à « réunir les objets intéressants provenant de la cathédrale ».
-
[44]
Arch. dép. Calvados, N2999/19, année 1850.
-
[45]
Arch. dép. Calvados, N2999/19, année 1851. Voir annexe 3.
-
[46]
L’Inspection générale des bibliothèques (I.G.B.) a été créée en 1822 pour assurer le contrôle des bibliothèques publiques issues des confiscations révolutionnaires. Un poste d’inspecteur général des bibliothèques et dépôts littéraires fut créé le 1er juin. « Celui-ci se révélant pratiquement inefficace, un poste d’inspecteur général des bibliothèques publiques de France fut créé en 1839. À ce poste fut nommé une personnalité de grande valeur, Jean-Félix Lacher Ravaisson-Mollien qui mena de front une brillante carrière à la fois universitaire et administrative. On peut dire que c’est de lui que date vraiment cette inspection telle que nous en concevons toujours l’esprit » (M. Caillet, « Les inspecteurs généraux des bibliothèques », dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 174-175). La visite de l’inspecteur général ne concerne que les manuscrits.
-
[47]
Arch. dép. Calvados, N2999/19, année 1852.
-
[48]
Ibid.
-
[49]
Ibid., année 1853.
-
[50]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du conseil général de la fabrique de l’Église cathédrale du 18 avril 1811 au 18 février 1860, p. 131 v. Le 13 juillet 1853, le trésorier est autorisé à faire confectionner un fauteuil et dix chaises pour la bibliothèque, en style analogue à celui des casiers fermés, si toutefois la dépense n’est pas en disproportion avec les ressources du trésor.
-
[51]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre de l’Église cathédrale de Bayeux depuis le 27 février 1846 jusqu’en 1861, p. 177.
-
[52]
Cf. note 6.
-
[53]
Méd. mun. Bayeux, manuscrit 141, lettre du 24 floréal 5ème, de Despréaux au Ministre de l’intérieur.
-
[54]
J. Charrier, Claude Fauchet, Évêque constitutionnel du Calvados, député à l’Assemblée législative et à la Convention (1744-1793), t. 2, Paris, Champion, 1909.
-
[55]
Méd. mun. Bayeux, manuscrit 141.
-
[56]
On lui a reproché son inconduite, surtout ses penchants à l’alcoolisme, qui lui valurent une pénible existence. Il mourut vers 1830 dans la misère et dans l’oubli. Dictionnaire de biographie française, t. 11, Librairie Letouzey et Ané, 1967, colonne 21.
-
[57]
D. Varry, « Les défis du siècle », dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 133.
-
[58]
Voir plus haut le statut de la bibliothèque.
-
[59]
E. G. Deslandes, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque du chapitre de Bayeux, Paris, 1889, p. 28-29.
-
[60]
Il était chanoine de Notre-Dame de Bayeux avant la Révolution ; prêtre inconstitutionnel, il était resté en France. Mgr Brault l’avait chargé du service paroissial dans une ordonnance du 10 messidor an X [29 juin 1802] : « Nous déclarons donc par notre présente ordonnance que tous titres de curé ou autres ayant charge d’âmes demeurent extincts et supprimés dans cette ville comme de fait nous les éteignons et supprimons, déclarons de plus notre église cathédrale, église paroissiale de toute la ville et nommons provisoirement pour y faire le service paroissial M. Nicolas Renauld, prêtre de cette dite ville, luy donnant à ce tous pouvoirs nécessaires ». Arch. dioc. Bayeux., Registre des Actes épiscopaux de Mgr Brault, 1802-1822, p. 3. Il avait été nommé chanoine titulaire le 13 mars 1803 et vice-président de la fabrique de l’église cathédrale le 27 brumaire an XIII [18 novembre 1804]. Il meurt le 16 mars 1814. Arch. dioc. Bayeux, Registre de l’état du clergé commencé en 1805, p. 2-3.
-
[61]
La première partie de ce manuscrit vient d’être publiée dans le Bulletin de la Société des sciences, arts et belles-lettres de Bayeux, vol. 34, 2010, p. 23-291. Introduction de G. Marie-Mauger, « Nicolas Renauld (1745-1814), chanoine de la cathédrale de Bayeux », p. 13-21.
-
[62]
Arch. dioc. Bayeux, dossier « Bibliothèque du chapitre ».
-
[63]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du bureau de la fabrique de l’Église cathédrale de Bayeux commencé le 19 avril 1811, p. 3.
-
[64]
Arch. dioc. Bayeux, Ordo, anno 1826.
-
[65]
T. F. Dibdin, « Voyage bibliographique… », op. cit., p. 137-147.
-
[66]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1804-1844, p. 33.
-
[67]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des actes du conseil épiscopal 1824-1835.
-
[68]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1804-1844, p. 41. Nous voyons bien, là encore, que les deux bibliothèques sont toujours confondues.
-
[69]
Arch. dioc. Bayeux, Fichier des prêtres du diocèse de Bayeux décédés entre 1864 et 1992.
-
[70]
E. G. Deslandes, Catalogue des manuscrits de la bibliothèque du chapitre de Bayeux, Paris, 1889, p. 29.
-
[71]
Ce catalogue informatique est actuellement consultable sur la base de la Médiathèque municipale de Bayeux.
-
[72]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 83.
-
[73]
Semaine religieuse de Bayeux, n° 33, 1882, p. 515.
-
[74]
Paris, Joubert, 1841, p. 218.
-
[75]
Voir annexe 4.
-
[76]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 83.
-
[77]
Semaine religieuse de Bayeux, 1889, n° 14, 17, 18.
-
[78]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 232.
-
[79]
Arch. dioc. Bayeux, Ordo de 1892 et Ordo de 1893.
-
[80]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 327.
-
[81]
Semaine religieuse de Bayeux, 1897, p. 437-440.
-
[82]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 319 (27 avril 1887).
-
[83]
Voir plus loin le problème des manuscrits.
-
[84]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1888-1921, p. 85.
-
[85]
Semaine religieuse de Bayeux, n° 49, 3 décembre 1922, p. 489.
-
[86]
Un membre non résidant d’une société savante n’habite pas dans la localité où ont lieu les réunions.
-
[87]
Extrait du Catalogue général des manuscrits des Bibliothèques publiques de France, t. X.
-
[88]
Dans une lettre du 30 janvier à en-tête de l’évêché de Bayeux et signée par le chanoine Albert Hamel, secrétaire général de l’évêché, nous apprenons qu’il est nommé chapelain des Bénédictines et, qu’à ce titre, la communauté lui versera huit cents francs par an ; de plus, « Sa Grandeur, pour compléter et vous fournir un traitement équivalent au traitement d’un chanoine, vous servira, sur la caisse des prébendes, une somme annuelle de huit cents francs ». Arch. dioc. Bayeux, dossier « Archives personnelles d’E. Deslandes ».
-
[89]
Arch. dioc. Bayeux, Actes épiscopaux 1822-1927, p. 154.
-
[90]
Cf. note 84. « Il sera prié de rechercher les ouvrages en double et, après en avoir référé au Chapitre, de les vendre et d’employer le prix à l’acquisition de livres nouveaux ».
-
[91]
Arch. dioc. Bayeux, Actes épiscopaux 1822-1927, p. 157. Le décret du Ministère de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes est daté du 31 août : Arch. dioc. Bayeux, dossier « Archives personnelles d’E. Deslandes ».
-
[92]
Semaine religieuse de Bayeux, n° 49, 3 décembre 1922, p. 488-493.
-
[93]
Arch. dioc. Bayeux, dossier « Archives personnelles d’E. Deslandes ».
-
[94]
Cf. note 6.
-
[95]
Le chanoine Deslandes écrit qu’il a fait installer les trois grandes bibliothèques de la tour du midi de la cathédrale « pour y mettre en sécurité les manuscrits pendant au moins les travaux de restauration de la bibliothèque du chapitre », travaux qui n’ont pas été réalisés.
-
[96]
Arch. dioc. Bayeux, dossier « Inventaires de 1906 », réclamations de Monsieur Deslandes chanoine titulaire.
-
[97]
Caen, Domin, 1917.
-
[98]
« La mise en place des bibliothèques d’étude » dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 462.
-
[99]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 164.
-
[100]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1804-1844, p. 41 et 45.
-
[101]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1888- 1921, p. 1.
-
[102]
1° Caen illustré, son histoire et ses monuments. 2° Vingt-cinq volumes de l’Annuaire de Normandie des années 1872 à 1875. 3° Vingt-huit livraisons de la Revue catholique de Normandie. 4° Histoire du Pays d’Auge et des Évêques Comtes de Lisieux par Séguin, 5° Une Imitation, en latin, édition Elzévirienne, 1658, 6° Sti Thomae Aquinatis opera : 10 vol. in folio.
-
[103]
1° Grand volume, album petit in-folio, contenant la reproduction des objets trouvés dans les fouilles pratiquées sur l’emplacement de la forteresse Saint Vaast, ouvrage tiré à 100 exemplaires. 2° Journal des fouilles de Saint Vaast. 3° La mort du « Comte de Salberi » devant Orléans en 1428, ouvrage tiré à 50 exemplaires, 4° La maison de Malherbe, à Caen, ouvrage tiré à 50 exemplaires, 5° Épigramme sur l’épée de Jane la Pucelle, par Jean Litole, édition tirée à 50 exemplaires.
-
[104]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1888-1921, p. 93.
-
[105]
Ibid., p. 164.
-
[106]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1804-1844, p. 45.
-
[107]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888.
-
[108]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1888-1921, p. 197.
-
[109]
Ibid., p. 103.
-
[110]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p 183.
-
[111]
Recueil de documents pour servir à l’histoire du gouvernement temporel des états du Saint-Siège, par Augustin Theiner, Rome, imprimerie du Vatican, 1861, 3 vol., in folio cartonnés ; La sovranita temporale dei Romani Pontefici, 6 vol. in quarto cartonnés ; Pontificale Romanum, Imprimerie de la Chambre apostolique 1848, 4 vol. in folio (reliure splendide, dorée sur tranche).
-
[112]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 87.
-
[113]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 141.
-
[114]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 8 : le 22 février 1862, M. l’abbé Guérin remet au chapitre une expédition de la transaction arrêtée le 28 décembre 1836, entre le chapitre de la cathédrale de Bayeux et le séminaire de la même ville ; laquelle transaction relative à la propriété et à l’usage de la bibliothèque du chapitre et de celle du séminaire diocésain, fut le même jour acceptée par M. Chaillou supérieur du dit séminaire et approuvée par Mgr Louis François Robin évêque de Bayeux. La dite transaction a été déposée par M. l’abbé Guérin entre les mains de M. Oscar François Boutrais, notaire à Bayeux, pour être mise au rang de ses minutes le 24 décembre 1859, en présence de deux témoins instrumentaires. L’expédition délivrée au chapitre de l’Église cathédrale a été remise à son secrétaire pour être déposée dans les Archives.
-
[115]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 28.
-
[116]
Le 3 janvier 1854, « une allocation annuelle de 40 f. sera désormais accordée à M. le bibliothécaire pour l’entretien et l’augmentation de la bibliothèque. » Ibid., p. 141.
-
[117]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 110.
-
[118]
Ibid., p. 328.
-
[119]
Ibid., p. 12.
-
[120]
Ibid., p. 29.
-
[121]
B. Blasselle, “La bibliothéconomie, théorie et pratique”, dans Histoire des bibliothèques françaises, op. cit., p. 186-188.
-
[122]
Méd. mun. Bayeux, manuscrit 137.
-
[123]
Ces chiffres sont approximatifs car il faudrait examiner attentivement ces catalogues qui donnent la liste d’environ 28 257 vol.
-
[124]
Souligné dans le texte. Ce catalogue porte le n° 141 de la collection des manuscrits du chapitre. Il est à la médiathèque municipale de Bayeux.
-
[125]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 55.
-
[126]
Ibid., p. 83.
-
[127]
Ibid., p. 102.
-
[128]
Cf. note 46.
-
[129]
Il faut noter que Félix Ravaisson dit ne pas avoir eu accès à la bibliothèque de la cathédrale, étant venu à Bayeux un dimanche de juin 1840. Mais à la suite de son passage, M. Lambert, le bibliothécaire de la ville, lui a indiqué que la bibliothèque du chapitre renferme environ 130 manuscrits dont 17 sont particulièrement intéressants et dont il donne le détail.
-
[130]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 134.
-
[131]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 309.
-
[132]
Arch. dioc. Bayeux, dossier « Inventaires de 1906 ».
-
[133]
Ibid.
-
[134]
Il semble qu’il ait tout simplement utilisé le catalogue des manuscrits publié par le chanoine Deslandes en 1889 mais il ignore que trois livres d’heures ont été vendus.
-
[135]
À cette date, le rez-de-chaussée a été modifié et l’entrée dans la bibliothèque se fait maintenant par la porte située à l’est et non plus par la porte située au sud.
-
[136]
Voir annexe 5.
-
[137]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 134. Nous n’avons pas retrouvé ce registre de prêt.
-
[138]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre, 1861-1888, p. 110.
-
[139]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1888-1921, p. 89.
-
[140]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre, 1861-1888, p. 124.
-
[141]
Ibid., p. 182.
-
[142]
Voir annexe 5.
-
[143]
Le trésor, dont le rez-de-chaussée a servi de sacristie, a été converti en musée en 1902 selon J. Vallery-radot, La cathédrale de Bayeux, Paris, Henri Laurens, 1958, p. 54.
-
[144]
Il fait sans doute allusion à l’Inventaire sommaire et provisoire des manuscrits conservés aux Archives du Chapitre de l’Insigne Église Cathédrale de Bayeux fait et rédigé en avril et mai 1887 par ses soins, à la demande du chapitre. Il est alors curé de Robehomme.
-
[145]
Ces mots sont soulignés dans le texte.
-
[146]
Nous ne savons pas de quel mémoire il s’agit.
-
[147]
Il existe aux archives diocésaines de Bayeux un dossier important consacré à l’affaire concernant les manuscrits de la bibliothèque et à la réclamation d’Armand Bénet ; il contient, entre autres, le Mémoire de M. Duvelleroy sur la bibliothèque, le mémoire du même sur les difficultés suscitées par Armand Bénet ainsi que des notes du chanoine Deslandes pour la défense des droits du chapitre sur les manuscrits de sa bibliothèque.
-
[148]
Arch. dioc. Bayeux., Registre des délibérations du chapitre 1888-1921, p. 248.
-
[149]
« Les documents, livres, manuscrits et œuvres d’art ayant appartenu aux établissements ecclésiastiques et non visés au 1° du présent paragraphe pourront être réclamés par l’État, en vue de leur dépôt dans les archives, bibliothèques ou musées et lui être attribués par décret ». Journal Officiel, 14 avril 1908.
-
[150]
Semaine religieuse de Bayeux, n° 1, 3 janvier 1909, p. 4.
-
[151]
Ibid. p. 4-5.
-
[152]
Arch. dioc. Bayeux, Archives personnelles d’Eucher Deslandes.
-
[153]
Cet inventaire est maintenant disponible dans la base de la médiathèque municipale de Bayeux.
-
[154]
Ces données sont le fruit d’une étude rapide menée par Antoine Verney, Conservateur en chef des musées de Bayeux dans le cadre du projet d’aménagement du rez-de-chaussée en espace muséographique.
-
[155]
J.-C. yon, Histoire culturelle de la France au xixe siècle, A. Colin, coll. U, 2010, p. 24.
-
[156]
Toutes ces données m’ont été aimablement fournies par Marie-Claude pasquet, chargée d’une mission financée par la DRAC de Basse-Normandie dont l’objet était le suivant : finalisation de l’opération de sauvegarde de la bibliothèque du chapitre de Bayeux, tri, classement et réaménagement des ouvrages dans la bibliothèque. Ce projet est en voie d’achèvement ; les travaux de restauration engagés au début des années 2000 sont maintenant achevés, les livres ont retrouvé leurs rayonnages ; il ne reste plus qu’à terminer l’aménagement du rez-de-chaussée en espace muséographique destiné à présenter l’histoire de la bibliothèque.
-
[157]
Il est à noter que les délibérations du chapitre ne relatent pas de conflits avec d’autres chanoines. Il est le seul à y occuper une telle place.
-
[158]
Il s’agit de la chapelle Saint-Exupère située dans le bas-côté sud. Mgr Robin a pris des dispositions concernant le partage des chapelles de la nef le 20 novembre 1846, à la demande du doyen du chapitre. L’occupation d’une chapelle permettait à deux chanoines d’y déposer leurs insignes, d’y dire la messe et d’y confesser.
-
[159]
Nous n’avons malheureusement pas retrouvé ce mémoire qui était annexé au registre.
-
[160]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1846-1861, p. 95.
-
[161]
Ibid., p. 55 : Le 4 juillet 1849, « Une commission composée de MM. Guérin bibliothécaire, Perrée et De Valroger est désignée pour mettre en ordre, au plus tôt, les livres et manuscrits composant la bibliothèque du chapitre, en même temps qu’elle en fera l’inventaire, à l’aide du catalogue. »
-
[162]
Rapport au Ministre de l’Instruction publique sur les bibliothèques des départements de l’Ouest…, Paris, Joubert, 1841.
-
[163]
Arch. dioc. Bayeux, dossier « Cloches de la cathédrale ».
-
[164]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1861-1888, p. 19.
-
[165]
Ibid., Notes diverses relatives aux affaires du Chapitre, ainsi qu’aux offices, cérémonies & usages de la cathédrale – Août 1868 - Mai 1898.
-
[166]
Arch. dioc. Bayeux,, Dossier « Bibliothèque du chapitre ».
-
[167]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1888-1921, p. 89.
-
[168]
Le 7 janvier 1890, le chapitre en votant une somme de cent francs pour la réparation des manuscrits a voté un crédit exceptionnel pour celle du manuscrit Loypeau.
-
[169]
Ce précieux manuscrit du début du xve siècle sera vendu par le chapitre pour la confection du mobilier de la sacristie, sans doute en même temps que la tapisserie de la Vierge vendue en 1902. Voir : G. Marie-Mauger, La bibliothèque du chapitre de la cathédrale de Bayeux à la fin du xixe siècle : restauration ou démolition ?, Annales de Normandie, n° 3 et 4, décembre 2008, p. 157-184.
-
[170]
Arch. dioc. Bayeux, Registre des délibérations du chapitre 1921-1989, p. 47-60.