L’anthropologue Philippe Descola nous a fait reconsidérer l’idée de nature. Sa pensée a profondément influencé l’écologie et dessine la voie d’une nouvelle relation entre les humains et le monde dans lequel ils sont plongés. Cette perspective renouvelée est présente dans chaque article de l’ouvrage collectif que coordonnent Kathleen Schwerdtner Máñez, écologue à l’université de Brême (Allemagne) et Bo Poulsen, historien à l’université d’Aalborg (Danemark). Leur ambition consiste à promouvoir le dialogue entre les humanités (la recherche en histoire, archéologie, ethnologie) d’une part et les sciences du vivant (zoologie, écologie) de l’autre, en proposant un manuel d’histoire maritime environnementale. Les quinze contributeurs de cet ouvrage se répartissent assez équitablement entre les deux familles de chercheurs. Cependant, hormis dans l’introduction cosignée, aucune des contributions n’associe historien et écologue. Le projet éditorial commun consiste tout de même à s’appuyer sur l’analyse rétrospective des relations entre les communautés humaines et les ressources marines afin de présenter des méthodes et des concepts innovants.
Dès l’introduction, K. Schwerdtner Máñez et B. Poulsen évoquent le long cheminement parallèle des écologues et des historiens. Cantonnés à l’utilisation de jeux de données issus d’enregistrements contemporains, les écologues ont longtemps souffert de myopie à l’égard de l’histoire. Les historiens, quant à eux, ne prêtaient qu’un faible intérêt à l’histoire de l’environnement maritime…