Avec Paisajes de guerra, l’histoire des conflits se retrouve, pour ainsi dire, en pleine reconstruction. Cet ouvrage, également disponible en libre accès, rassemble les actes d’un colloque international ayant eu lieu à Madrid en 2015. Les contributions sont réparties selon quatre ensembles chronologiques : le temps de la guerre, la reconstruction, la patrimonialisation et, enfin, les enjeux actuels. Grâce aux approches multiples de spécialistes de différents horizons académiques, le volume assume vouloir rénover l’histoire militaire en ancrant celle-ci dans le paysage.
Un des points forts de ces actes de colloque réside dans l’importance accordée à ceux qui façonnent les espaces et la mémoire collective. Construction sociale, le paysage de guerre doit d’abord son existence à ceux qui en voient les traces et identifient ou réparent les stigmates. Lorsqu’il écrit son étude sur les effets de la guerre dans la région d’Yser, le botaniste Jean Massart procède à la définition d’un paysage marqué par la conflictualité (comme le souligne justement Annette Becker dans sa contribution). Qu’il s’agisse de Madrid, de villes baltes, de Varsovie ou de Kharkiv, ceux qui pensent la reconstruction jouent également un rôle majeur dans ce qui s’exhibe ou se cache des époques précédentes, bousculées par la guerre. Le recueil met aussi en relief le rôle de ceux que Michaël Pollak qualifie d’« entrepreneurs de mémoires », ces individus qui valorisent les traces du passé auprès d’un large public…