Même si des mouvements de population à grande échelle sont attestés depuis des temps reculés, le colonialisme britannique, aux xixe et xxe siècles, engendre et favorise des migrations d’un genre nouveau en Asie du Sud. Celles-ci sont de deux types : entre régions de l’Inde, d’une part, et vers d’autres parties du monde, ou en « diaspora », selon l’expression employée depuis les années 1980, d’autre part – système des travailleurs sous contrat après l’abolition de l’esclavage, émigration de marchands vers l’Afrique orientale et l’est de l’Empire, déplacements de militaires vers des villes de garnison comme Hong Kong ou Singapour et de travailleurs, sikhs du Panjab surtout, vers la côte Ouest des États-Unis et du Canada.
Un cas particulier de migration se produit à l’époque de l’Empire britannique entre les deux régions-frontières de l’Inde du Nord : à l’est, le Bengale et, à l’ouest, le Panjab. La première est passée très tôt sous le contrôle de la Compagnie britannique des Indes orientales, après la bataille de Plassey, en 1757 ; la seconde a été parmi les dernières à être conquises au terme de deux guerres entre les troupes de la Compagnie et les armées du royaume sikh du Panjab, en 1846 et 1849. Aussitôt après la conquête du Panjab, les autorités coloniales y font venir, pour les seconder dans l’administration, des Bengalis éduqués « à l’anglaise ». En outre, pour des raisons économiques, des Panjabis, et tout particulièrement des sikhs, commencent à migrer vers le Bengale, notamment vers Calcutta, capitale des colonisateurs britanniques de 1773 à 1911…