Quatre ans après le tricentenaire de la naissance de Marie-Thérèse (1717-1780), les monuments dédiés à l’impératrice-reine continuent d’animer les débats contemporains, comme en témoigne la controverse née autour de l’installation d’une nouvelle statue à proximité du château de Prague. Barbara Stollberg-Rilinger choisit également d’ouvrir la biographie qu’elle consacre à Marie-Thérèse par une photo du monument installé à Vienne en 1888, mais pour mieux replacer Marie-Thérèse « dans son temps », précisément à l’encontre d’une perspective nietzschéenne (p. xiii), comme en deçà des monuments de bronze et de papier conçus par l’archiviste de la cour Alfred von Arneth et destinés en leur temps à fonder la double monarchie d’Autriche-Hongrie. Dans le même mouvement, elle écarte les histoires tchèque, slovaque ou hongroise du règne. Après ses travaux majeurs sur l’histoire du Saint Empire, les rituels et, plus largement, l’histoire culturelle du politique, l’autrice réinsère l’impératrice-reine dans l’histoire générale allemande : en 2017, le prix des libraires de Leipzig a couronné non pas la biographie du réformateur Luther, mais bien celle de la fondatrice de l’« étaticité » autrichienne, de l’empire à la deuxième république.
Proposer un récit de vie (« Eine Biographie ») implique encore de déconstruire le conte forgé du vivant de Marie-Thérèse, celui de la belle héroïne et de la femme forte qui triomphe des méchants (Prussiens) et aime autant ses sujets que son époux et ses seize enfants…