Ce livre étudie la mise en place d’un système de gouvernement stable en Nouvelle-Espagne, après la conquête, par les vice-rois Antonio Mendoza Pacheco (1535-1550) et Luis de Velasco Alarcón (1550-1563). Même après la chute de Tenochtitlán en 1521, l’emprise espagnole sur le territoire reste faible. Les Espagnols, plus que des maîtres, apparaissent comme les catalyseurs d’une coalition de républiques indiennes qui les utilisent pour leurs fins propres. Ils ne se maintiennent qu’en jouant sur des équilibres délicats entre peuples rivaux. Or, dépourvus d’un leadership clair, leur politique manque de continuité, ce qui met en péril les alliances indiennes sans lesquelles ils ne sont rien. Pour faire cesser cette situation, la monarchie décide de créer une vice-royauté, non pas ex nihilo, comme le dit l’auteur (p. 96), mais à l’exemple de ce qui se faisait dans les territoires de la couronne d’Aragon depuis le Moyen Âge et de ce qui était en train de se généraliser dans les possessions italiennes de la Monarchie hispanique.
Le vice-roi choisi, Mendoza, est l’un des plus grands nobles d’Espagne. Il domine socialement, de la tête et des épaules, tout ce que l’on peut trouver en Nouvelle-Espagne. Son titre de vice-roi, alter ego du roi, lui donne une liberté d’action interdite à tout autre agent d’un niveau inférieur, y compris au capitaine général Cortés et à l’Audience, le tribunal royal suprême installé à Mexico. En quelques années, Mendoza mate les conquistadores, très inquiets des menaces d’abolition qui pèsent sur le…