Le Capitole est-il vraiment une instance fantoche dans la Rome pontificale des xvie et xviie siècles ? Ce lieu commun est largement battu en brèche par cette publication issue de la thèse de doctorat d’Eleonora Canepari, dirigée par Jacques Revel et soutenue en 2012 à l’EHESS. Réactualisant les pistes de recherches fertiles tracées par les travaux sur la Rome communale des siècles précédents ainsi que par les grandes enquêtes sur les élites et la vie économique de la ville, cet ouvrage propose un changement de paradigme dans la manière de concevoir le pouvoir des gentilshommes. Les références issues de l’anthropologie politique sont ainsi mobilisées dans l’analyse du fonctionnement du pouvoir relationnel exercé par la noblesse locale. La verticalité du pouvoir pontifical, créatrice de prééminence sociale, coexiste en effet avec une légitimité locale construite par l’enracinement dans les quartiers, subdivisés en îlots et palais. E. Canepari accorde à la sociabilité de proximité une centralité inédite dans le travail de définition des statuts sociaux à Rome et dans l’étude de la structure des relations entre élites et population, en mettant en évidence de nombreuses figures d’intermédiaires chargées de distribuer les ressources détenues par des patrons.
La noblesse romaine, singulière par son ouverture, comprend tant la noblesse municipale que la noblesse étrangère des curiales. Afin de protéger leur place au sein de l’élite sociale, les familles en présence cherchent à diversifier les sources de leur assise politique, dans un contexte où, en l’absence de véritable réglementation et d’un registre de la noblesse, le patriciat est ouvert à de nouveaux arrivants…