Cet ouvrage, issu d’un profond remaniement de la thèse de doctorat d’Alessandro Silvestri, intègre également les apports méthodologiques des recherches poursuivies par ce dernier dans le cadre de projets collectifs consacrés aux archives et à la culture matérielle de l’écrit portant sur le fonctionnement de l’administration royale en Sicile au xve siècle sous la dynastie des Trastamare. Les règnes de Ferdinand de Trastamare (1412-1416) et de son fils, Alphonse le Magnanime (1416-1458), constituent le cadre d’un propos qui établit combien cette période correspond à une phase de modification des institutions et des pratiques royales. En cela, le travail d’A. Silvestri s’inscrit dans la lignée de celui de Pietro Corrao qui, le premier, en réévaluant et revalorisant l’héritage politique et administratif des Trastamare dans l’histoire sicilienne, est revenu sur l’idée dominante d’une grande continuité administrative entre périodes médiévale et moderne.
En effet, l’instauration d’une vice-royauté en 1416, la première de l’histoire de l’expansion d’une puissance ibérique, suscite des pratiques administratives nouvelles. A. Silvestri présente comme premier outil de la royauté aragonaise en Sicile la lictera executoria, écrit diplomatique adressé par le roi au vice-roi pour une mise en œuvre rapide des décisions. Ces lettres mettent en œuvre une double procédure : si elles procèdent du roi et sont rédigées par les secrétaires royaux, c’est le vice-roi de Sicile, leur destinataire, qui les rend pleinement exécutoires, après vérification de leur conformité avec les privilèges et le…