Fameuse entre toutes, l’ordonnance de 1374, qui fixe la majorité des rois de France à 14 ans, est portée au crédit du sage roi Charles V, dans son œuvre de restauration et de renforcement du pouvoir royal au beau milieu de la guerre de Cent Ans. Voilà à peu près ce que, jusqu’ici, tous les médiévistes en savaient. À partir du mémoire de son habilitation à diriger des recherches, Benoît Grévin donne de ce texte une lecture renouvelée, érudite et de haute volée. L’enquête trouve son origine dans le volume coécrit en 2014 avec Sébastien Barret, Regalis excellentia : les préambules des actes des rois de France au xivesiècle (1300-1380), où la rhétorique en usage à la chancellerie des rois de France était analysée à travers les traditionnels préambules des écrits jugés les plus importants. Dans cette série, l’ordonnance de 1374 tranchait justement par la richesse un peu mystérieuse de son préambule. Intrigué, B. Grévin a décidé d’en relancer l’étude en envisageant tous les points de vue possibles, avec un parti pris : celui de prendre l’ordonnance au sérieux, dans toutes ses dimensions. Non pas, bien sûr, que les illustres historiens qui se sont auparavant penchés sur le texte l’aient traité à la légère – bien au contraire, hommage est souvent rendu aux travaux fondamentaux de Françoise Autrand, de Jacques Krynen et d’Albert Rigaudière. Mais sans doute la mécanique du texte les avait-elle moins intéressés que son contenu positif, et toute une enquête restait donc à mener sur ce document truffé de citations et de références, et écrit dans un latin pour le moins difficile – « prétentieux et amphigourique », tranchait Robert Delachenal…