Professeur d’histoire grecque à l’université d’Aix-Marseille, Paulin Ismard a déjà derrière lui une longue liste de publications qui ont fait date. Il revient dans cet ouvrage sur la question de l’esclavage, qu’il a déjà beaucoup travaillée, pour livrer un volume original témoignant de la pertinence de la réflexion historique dans la compréhension du présent.
Là où l’histoire des institutions se focalise sur les organes du pouvoir, étudie leur genèse au sein de la cité et privilégie donc une lecture interne, P. Ismard opte pour une analyse décalée, en regardant celle-ci depuis ses marges et en réévaluant la part invisible de ses esclaves. Si le titre du livre invite à la rencontre entre la cité et ses esclaves, ceux-ci n’apparaissent guère au fil des pages, car c’est finalement l’institution esclavagiste qui est au cœur de la réflexion. Le sous-titre traduit bien l’hypothèse de l’auteur, à savoir vérifier la valeur structurante de cette institution, évaluer en quoi elle a pu donner sa forme au pouvoir, modeler les structures politiques, le système juridique et les représentations mentales. La démarche est intéressante puisqu’elle conduit à montrer ce que la cité doit à ceux qu’elle avait exclus, en restituant la dynamique d’un dedans/dehors.
P. Ismard est un spécialiste de l’histoire grecque mais, en n’indiquant aucune fourchette chronologique dans son titre, il entend déborder le champ disciplinaire qui est le sien pour essayer de comprendre ce que serait le dénominateur commun des sociétés esclavagistes, le postulat étant que l’esclavage induit une certaine forme politique…