1Cette section regroupe une large sélection des éditoriaux publiés dans les Annales depuis leur fondation, en 1929, sous le nom d’Annales d’histoire économique et sociale, jusqu’à l’annonce, en 2017, du nouveau partenariat noué avec Cambridge University Press. Viennent aussi s’y glisser quelques introductions de numéros spéciaux particulièrement significatives : en tout vingt-neuf textes, d’inégale longueur, qui dessinent le portrait en pointillé d’une revue bientôt centenaire. Ces éditoriaux ont pris différentes formes au cours du temps : manifestes programmatiques, simples annonces de transformations matérielles, mais aussi bilans rétrospectifs lors des anniversaires de la revue, selon un rythme souvent décennal, ou après la mort des fondateurs ou des grands continuateurs, comme Marc Bloch, Lucien Febvre, Fernand Braudel, Bernard Lepetit et Jacques Le Goff. Ces prises de parole sont autant de moments où se relance et, parfois même, s’infléchit le projet intellectuel de la revue.

2Leur lecture en continu permet de mesurer les innovations, les reprises, les écarts, voire les renoncements à mesure que se succèdent les générations et que se renouvelle le comité. Elle permet aussi de discerner des variations de voix, ou plutôt de styles, déjà perceptibles dans le jeu des signatures : du faux anonymat des « directeurs » jusqu’à l’irruption des noms propres – Lucien Febvre et Fernand Braudel –, avant que ne s’instaure le collectif anonyme « Les Annales », toujours de mise aujourd’hui. Inédit en anglais comme en français, ce recueil donne surtout à lire une autre histoire de l’« école des Annales », à partir des positions prises dans la revue, et non des textes publiés ailleurs et sans lien organique avec elle. Ainsi peut-on espérer dépasser la vision mythifiée d’une « école » aussi célèbre en termes théoriques que méconnue dans son fonctionnement concret.