Notes
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[1]
Éditorial, « Tentons l’expérience », Annales ESC, 44-6, 1989, p. 1317-1323, ici p. 1317, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796.
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[2]
Une synthèse sur le développement international des revues en sciences humaines et sociales depuis 1945 ou même 1990 manque encore à l’heure actuelle ; la plupart de la littérature secondaire concerne des revues individuelles ou seulement quelques grands noms. Voir Matthias Middell (dir.), Historische Zeitschriften im internationalen Vergleich, Leipzig, Akademische Verlagsanstalt, 1999 et, infra, n. 9 et 11.
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[3]
Éditorial, « Histoire, sciences sociales », Annales HSS, 49-1, 1994, p. 3-4, ici p. 3, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796.
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[4]
Éditorial, « Histoire et sciences sociales. Un tournant critique ? », Annales ESC, 43-2, 1988, p. 291-293, ici p. 293, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796.
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[5]
À titre d’exemple, voir l’analyse impressionnante de Sébastien Mosbah-Natanson et Yves Gingras, « The Globalization of Social Sciences? Evidence from a Quantitative Analysis of 30 Years of Production, Collaboration and Citations in the Social Sciences (1980-2009) », Current Sociology, 62-5, 2014, p. 626-646. Dans le cas des Annales, une analyse quantitative est menée dans ce même numéro : « Approche quantitative d’un projet intellectuel », p. 583-608.
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[6]
Un tableau utile des numéros spéciaux se trouve sur la plate-forme Persée pour les années 1945-2002 (rubrique « Numéros thématiques ») ; pour les années 1990, les « Tables analytiques » (Annales HSS, 1994 et 1998) répertorient les « Dossiers et numéros spéciaux ». L’identification des dossiers proprement dits n’est pas toujours aisée puisque la couverture et le sommaire ne sont pas forcément identiques et contiennent aussi de simples regroupements d’articles, sous des titres qui semblent parfois un brin artificiels.
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[7]
Entre 1998 et 2010, la Revue historique publie des numéros spéciaux mais renonce ensuite à cette pratique. The American Historical Review a réorganisé le plus fortement ses rubriques, notamment avec les « Forums » et « Roundtables » qui rassemblent des contributions plutôt issues de commandes, ainsi qu’avec les « Conversations » et, tout récemment, avec « AHR Reflections », chaque rubrique affichant les thèmes abordés.
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[8]
Ne sont pas incluses ici les séries de publications parallèles, c’est-à-dire les Beihefte (« compléments »), Sonderhefte (« numéros spéciaux ») ou les « Mélanges », qui ont accompagné et élargi, par exemple, les politiques éditoriales de la Historische Zeitschrift, de Geschichte und Gesellschaft ou des Annales ESC ; pour Past & Present, on a néanmoins rendu compte de la série des « Supplements » créée en 2006, puisque ceux-ci jouent, de fait, le rôle de numéros spéciaux en affichant des thématiques novatrices.
-
[9]
Sur la comparaison des Annales ESC de 1946 à 1969 avec la Revue historique, voir notamment Lutz Raphael,Die Erben von Bloch und Febvre. Annales-Geschichtsschreibung und nouvelle histoire in Frankreich, 1945-1980, Stuttgart, Klett-Cotta, 1994, p. 206-239 ; pour la période antérieure, voir la comparaison des premières Annales avec la Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte proposée par Peter Schöttler, « ‘Annales’ und ‘VSWG’ – zwei Zeitschriften für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte », in Die ‘Annales’-Historiker und die deutsche Geschichtswissenschaft, Tübingen, Mohr Siebeck, 2015, p. 94-107.
-
[10]
Voir Michael Werner et Bénédicte Zimmermann, « Penser l’histoire croisée : entre empirie et réflexivité », Annales HSS, 58-1, 2003, p. 7-36, un article qui, à travers ses versions successives, relativement différentes – il fut d’abord publié en allemand (id., « Vergleich, Transfer, Verflechtung. Der Ansatz der Histoire croisée und die Herausforderung des Transnationalen », Geschichte und Gesellschaft, 28-4, 2002, p. 607-636), puis en français et enfin en anglais (id., « Beyond Comparison: Histoire Croisée and the Challenge of Reflexivity », History and Theory, 45-1, 2006, p. 30-50) –, illustre parfaitement les phénomènes qu’il se propose d’analyser. Voir aussi Gisèle Sapiro (dir.), L’espace intellectuel en Europe. De la formation des États-nations à la mondialisation, xixe-xxiesiècle, Paris, La Découverte, 2009 ; Pierre-Yves Saunier, « Circulations, connexions et espaces transnationaux », Genèses, 57-4, 2004, p. 110-126.
-
[11]
Claus Møller Jørgensen, « Scholarly Communication with a Political Impetus: National Historical Journals », in I. Porciani et J. Tollebeek (dir.), Setting the Standards: Institutions, Networks and Communities of National Historiography, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2012, p. 70-88 ; pour la France, voir Nicolas Roussellier, « Les revues d’histoire », in F. Bédarida (dir.), L’histoire et le métier d’historien en France, 1945-1995, Paris, Éd. de la MSH, 1995, p. 127-146.
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[12]
Je me permets de renvoyer à deux études sur les conjonctures conceptuelles ainsi que sur les nouvelles revues des années 1990 : Christoph Conrad, « Die Dynamik der Wenden. Von der neuen Sozialgeschichte zum cultural turn », in J. Osterhammel, D. Langewiesche et P. Nolte (dir.), Wege der Gesellschaftsgeschichte, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2006, p. 133-160 ; id., « ‘traverse’ im Kontext », traverse. Zeitschrift für Geschichte/Revue d’histoire, 21-1, 2014, p. 18-25.
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[13]
Pour un bilan historiographique, voir Françoise Thébaud et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), « L’histoire des femmes en revues France-Europe », Clio, 16, 2002 ; Étienne Anheim, « Genre, publication scientifique et travail éditorial. L’exemple de la revue Annales. Histoire, sciences sociales », Tracés. Revue de sciences humaines, 32, 2017, p. 193-212.
-
[14]
Voir, à titre d’exemples, Le mouvement social en France, Archiv für Sozialgeschichte en République fédérale d’Allemagne, ou bien la International Review of Social History, publiée à Amsterdam, qui inaugure sa série de « Supplements » en 1993 pour y traiter les thèmes en vogue dans l’historiographie internationale.
-
[15]
Jusqu’au numéro Annales HSS, 74-3/4, 2019, on compte également la parution de cinq numéros doubles, dont quatre parmi les numéros spéciaux. Les archives numériques des anciens numéros des Annales ont été consultées sur les plates-formes Persée (1990-2002) et Cairn (2001-2020). La base de revues américaine JSTOR regroupe quant à elle les numéros parus depuis 1929 jusqu’à 2015. En comparant toutes ces informations digitales avec l’édition originale sur papier, quelques anomalies et lacunes sont repérables. Sur JSTOR par exemple, le nom actuel de la revue (Annales. Histoire, sciences sociales) est appliqué à tous les volumes depuis 1946 (voir « Title History ») ; en outre, l’édition française apparaît comme publiée par Cambridge University Press (https://www.jstor.org). Les autres revues ont été consultées sur leurs sites individuels ainsi que sur JSTOR.
-
[16]
N° spécial « Histoire du travail », Annales HSS, 65-3, 2010 ; n° spécial « Mobilités », Annales ESC, 45-6, 1990 ; Étienne Anheim, Jean-Yves Grenier et Antoine Lilti (dir.), n° spécial « Statuts sociaux », Annales HSS, 68-4, 2013 ; dossier « Réseaux marchands », Annales HSS, 58-3, 2003, p. 567-672.
-
[17]
Voir les dossiers « Histoire de l’enfance », Annales HSS, 54-6, 1999, p. 1257-1316 ; « Le capitalisme américain », Annales HSS, 50-1, 1995, p. 29-73 ; « Économie de l’Afrique contemporaine », Annales HSS, 71-4, 2016, p. 841-921 ; « Théories économiques et sciences sociales » Annales HSS, 68-3, 2013, p. 791-848 ; « Pensée économique », Annales HSS, 74-1, 2019, p. 1-41 ; « Histoire politique des populations », Annales HSS, 61-1, 2006, p. 5-162 ; « Identités urbaines », Annales ESC, 48-4, 1993, p. 819-933 ; « Les sociabilités urbaines au Moyen Âge », Annales ESC, 48-5, 1993, p. 1113-1143 ; « Penser la crise des banlieues », Annales HSS, 61-4, 2006, p. 755-859.
-
[18]
Le dossier « Régimes de genre » (Annales HSS, 67-3, 2012, p. 563-713) s’en rapproche toutefois, puisqu’il occupe presque tout le numéro.
-
[19]
Voir notamment les dossiers « Liens de famille. Noms, alliances, patrimoines », Annales HSS, 56-2, 2001, p. 283-380 ; « Écritures et mémoire familiale », Annales HSS, 59-4, 2004, p. 783-858 ; « Territoire, parenté et succession », Annales HSS, 50-3, 1995, p. 621-686 ; « Pouvoir et parenté », Annales HSS, 61-3, 2006, p. 607-645.
-
[20]
Françoise Thébaud, Écrire l’histoire des femmes et du genre, Lyon, ENS Éditions, [1998] 2007.
-
[21]
Yan Thomas (dir.), n° spécial « Histoire et droit », Annales HSS, 57-6, 2002 ; n° spécial « Droit, histoire, sciences sociales », Annales ESC, 47-6, 1992 ; pour les dossiers, citons, parmi beaucoup d’autres, « Le droit et l’histoire », Annales ESC, 34-2, 1979, p. 385-419 et, plus récemment, « Droit(s) et minorités juives, xvie-xixe siècle », Annales HSS, 73-3, 2018, p. 555-625.
-
[22]
Voir, à titre d’exemples : dossier « Juifs et chrétiens au Moyen Âge », Annales HSS, 67-1, 2012, p. 5-77 ; Jocelyne Dakhlia, « La ‘culture nébuleuse’ ou l’Islam à l’épreuve de la comparaison », Annales HSS, 56-6, 2001, p. 1177-1199 ; Catherine Maire, « Les jansénistes et le millénarisme. Du refus à la conversion », Annales HSS, 63-1, 2008, p. 7-36 ; dossier « Violence et religion dans l’Inde et l’Algérie d’aujourd’hui », Annales HSS, 49-6, 1994, p. 1281-1333 ; David Nirenberg, « Une société face à l'altérité. Juifs et chrétiens dans la péninsule Ibérique 1391-1449 », Annales HSS, 62-4, 2007, p. 755-790.
-
[23]
Sylvie Anne Goldberg (dir.), n° spécial « Histoire juive, histoire des juifs : d’autres approches », Annales HSS, 49-5, 1994 ; Lucette Valensi (dir.), n° spécial « Présence du passé, lenteur de l’histoire. Vichy, l’Occupation, les Juifs », Annales HSS, 48-3, 1993.
-
[24]
Mentionnons quelques exemples, parmi beaucoup d’autres : The American Historical Review utilise notamment sa rubrique « Conversations » pour aborder, une fois par an, des questions historiographiques au sens large, souvent avec la participation de collègues venant d’Europe, la première discussion en 2006 ayant été dédiée à l’histoire transnationale ; Geschichte und Gesellschaft a lancé, de 2001 à 2003, une discussion sur l’histoire transnationale dans sa rubrique « Forum » ; Past & Present inaugure en 2015 sa série de « Virtual Issues » avec le thème « Transnationalism » ; en 2006, WerkstattGeschichte, analyse les origines transnationales de l’histoire du quotidien dans plusieurs pays (n° spécial « Alltagsgeschichte transnational », WerkstattGeschichte, 40-2, 2006) ; Le mouvement social a consacré au début des années 2000 l’un de ses numéros à un état des lieux international de l’histoire sociale (n° spécial « L’histoire sociale en mouvement », Le mouvement social, 200, 2002), tandis que le numéro double paru à l’occasion de son soixantième anniversaire traite des « écritures alternatives » et populaires de l’histoire (n° spécial « Écrire autrement ? L’histoire sociale en quête de publics », Le mouvement social, 269-270, 2019-2020).
-
[25]
La Revue d’histoire moderne & contemporaine publie un numéro sur Eric J. Hobsbawm (« Eric J. Hobsbawm, un parcours d’historien dans le siècle », no 53-4 bis, 2006) et plusieurs numéros spéciaux aux tendances actuelles de l’historiographie, notamment « Le métier d’historien à l’ère numérique : nouveaux outils, nouvelle épistémologie ? » (no 58-4 bis, 2011), « Regards sur l’histoire intellectuelle » (no 59-4 bis, 2012) et « L’écriture de l’histoire : sciences sociales et récit » (no 65-2, 2018).
-
[26]
Karine Karila-Cohenet al. (dir.), n° spécial « Histoire quantitative », Annales HSS, 73-4, 2018.
-
[27]
Dossier « Historiographie transnationale », Annales HSS, 74-2, 2019, p. 265-335 ; Étienne Anheim (dir.), n° spécial « Archives », Annales HSS, 74-3/4, 2019.
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[28]
Voir les articles rétrospectifs publiés pour son quarantième anniversaire : Social Science History, 40-4, 2016.
-
[29]
Le comité de rédaction, « Ce que veut Genèses aujourd’hui », Genèses, 100-101/3, 2015, p. 4-8, ici p. 4 ; Vincent Heimendinger, « Genèses en train de se faire : écrire l’histoire d’une revue scientifique », Zilsel, 5-1, 2019, p. 271-314.
-
[30]
Voir, entre autres, Étienne Anheim et Antoine Lilti (dir.), n° spécial « Savoirs de la littérature », Annales HSS, 65-2, 2010 ; dossier « Peindre à la Renaissance », Annales HSS, 2017, 72-3, p. 701-771 ; dossier « Variations sur la musique », Annales HSS, 65-2, 2010, p. 967-1028 ; Étienne Anheim, Antoine Lilti et Stéphane Van Damme (dir.), n° spécial « Histoire et philosophie », 64-1, 2009.
-
[31]
Voir par exemple, pour l’anthropologie, Philippe Descola, « L’anthropologie de la nature », Annales HSS, 57-1, 2002, p. 9-25 et, plus récemment, Michel Naepels, « Anthropologie et histoire : de l’autre côté du miroir disciplinaire », Annales HSS, 65-4, 2010, p. 873-884 ; pour la philosophie, voir Bruno Karsenti, « L’écologie politique et la politique moderne », Annales HSS, 72-2, 2017, p. 353-378 ; pour la sociologie, voir Pierre-Michel Menger, « Le travail à l’œuvre. Enquête sur l’autorité contingente du créateur dans l’art lyrique », Annales HSS, 65-3, 2010, p. 743-786.
-
[32]
Voir Thomas J. Misa, Ruth Oldenziel et Johan Schot (dir.), n° spécial « Tensions of Europe: The Role of Technology in The Making of Europe », History and Technology, 21-1, 2005.
-
[33]
Yves Cohen et Dominique Pestre (dir.), n° spécial « Histoire des techniques », Annales HSS, 53-4/5, 1998 ; n° spécial « Médecine », Annales HSS, 65-1, 2010.
-
[34]
Voir, dans Geschichte und Gesellschaft, les numéros spéciaux « Neue Wege der Wissenschaftsgeschichte », 30-2, 2004 ; « Wissensgeschichte als Gesellschaftsgeschichte », 34-4, 2008 ; « Knowledge and Migration », 43-3, 2017.
-
[35]
À titre d’exemples, voir, sur la Chine, Angela Ki Che Leung (dir.), n° spécial « Chine », Annales HSS, 61-6, 2006 ; sur le Japon, le dossier « Les statuts sociaux au Japon (xviie-xixe siècle) », Annales HSS, 66-4, 2011, p. 955-1077 ; sur l’Amérique latine, le n° spécial « Amériques coloniales. La construction de la société », Annales HSS, 62-3, 2007 et le dossier « Amérique latine », Annales HSS, 74-1, 2019, p. 105-163 ; pour l’Afrique, Éloi Ficquet et Aïssatou Mbodj-Pouye (dir.), n° spécial « Cultures écrites en Afrique », Annales HSS, 64-4, 2009 ; sur les terres d’islam, le dossier « Écrire l’histoire de l’islam moderne et contemporain », Annales HSS, 73-2, 2018, p. 311-439.
-
[36]
Alice Ingold (dir.), n° spécial « Environnement », Annales HSS, 66-1, 2011 ; dossier « Anthropocène », Annales HSS, 72-2, 2017, p. 267-378.
-
[37]
N° spécial « Writing History in the Anthropocene », Geschichte und Gesellschaft, 46-4, 2020.
-
[38]
Introduction, « Une histoire à l’échelle globale », Annales HSS, 56-1, 2001, p. 3-4, ici p. 3, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796.
-
[39]
Ibid., p. 4.
-
[40]
Présentation du dossier « Anthropocène », Annales HSS, 72-2, 2017, p. 263-265, ici p. 263 et 264.
-
[41]
Dossier « Micro-analyse et histoire globale », Annales HSS, 73-1, 2018, p. 1-159.
-
[42]
Éditorial, « Tentons l’expérience », Annales ESC, 44-6, 1989, p. 1317-1323, ici p. 1321, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796.
-
[43]
Jacques Revel (dir.), Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard/Éd. du Seuil, 1996.
-
[44]
Hans Medick, « Turning Global? Microhistory in Extension », Historische Anthropologie, 24-2, 2016, p. 241-252.
-
[45]
Forum « Microstoria e storia globale », Quaderni storici, 150, 50-3, 2015, p. 813-847 ; dossier « Micro-analyse et histoire globale », Annales HSS, 73-1, 2018, p. 1-159 ; John-Paul Ghobrial (dir.), « Global History and Microhistory », Past & Present, 242, supplément 14, 2019.
-
[46]
« Éditorial », Alice Ingold (dir.), n° spécial « Environnement », Annales HSS, 66-1, 2011, p. 5-7, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796.
-
[47]
Jacques Le Goff et Pierre Nora (dir.), Faire de l’histoire, Paris, Gallimard, [1974] 2011.
1Les « grandes » revues de sciences humaines et sociales, à savoir les plus réputées et influentes, semblent mener une vie presque solitaire. Certes, elles incarnent fréquemment une école, une institution ou une mouvance, et ce contexte originaire tend à marquer durablement leur évolution ultérieure. Mais même quand leur dynamique propre, les ruptures et les innovations advenues au cours de leur existence sont analysées de près, c’est leur rôle de phare ou de monument au sein d’une discipline qui ressort avant tout. Encore plus significativement, parmi les revues, les honorables vieilles dames ont souvent été représentatives, d’un point de vue disciplinaire, des différentes communautés nationales auxquelles elles appartenaient. Concernant les revues d’histoire à strictement parler, de la Historische Zeitschrift à la Revue historique ou à The American Historical Review, de la Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte à The Economic History Review, ces grands périodiques ont surtout marqué les historiographies de leur pays d’origine. Bien évidemment, ce constat vaut également pour les revues dédiées aux sciences sociales, et ceci dans un grand nombre de pays.
2En se lançant dans des projets alternatifs, de petits groupes de scientifiques ont pris l’initiative, à certains moments, de se démarquer de ces revues standards. Remettant en cause leur position hégémonique, ils ont ouvert des espaces pour des manières inédites de faire, entre autres, de l’histoire. Viennent ici à l’esprit les exemples des Annales de 1929 ou des « Annales nouvelles » de 1946, tout comme les débuts de Past & Present en 1952 ou de Geschichte und Gesellschaft en 1975. Néanmoins, à travers leur évolution et leur institutionnalisation progressive, ces revues novatrices ont subi un destin paradoxal, souvent analysé et parfois moqué : victimes de leur succès, ces organes oppositionnels sont à leur tour devenus canoniques au sein de leur discipline, à savoir l’histoire sociale comprise dans son acception la plus large. Dans le cas des Annales, cependant, l’éditorial « Tentons l’expérience » de 1989 cherche à se prémunir d’un tel risque et, une fois de plus, à renouveler son rôle futur : « Ni école, tant sont grands les risques symétriques de devenir chapelle ou institution, ni boîte aux lettres (même de renom), mais lieu d’expérimentation [1]. »
Au fil des thèmes
3Il est rare d’essayer de situer ces revues de référence dans le paysage interactif, international et interdisciplinaire des thématiques et des priorités de la recherche. Les palmarès bibliométriques et les classements d’« impact » ont sans doute une certaine utilité, mais ils ne peuvent remplacer une compréhension plus approfondie des enjeux intellectuels [2].
4Il s’agit ici d’interroger l’ambition des Annales de se réinventer comme laboratoire à travers cette question : comment s’inscrit cette « volonté de décloisonner les savoirs, de faire évoluer les manières de penser, d’écrire l’histoire dans un dialogue plus dense avec l’ensemble des sciences sociales [3] » dans le cadre plus large des projets parallèles, concurrents ou contrastés, que d’autres revues en Europe et aux États-Unis ont développés à leur tour ? Pour les observations qui suivent, une suggestion formulée dans l’éditorial de 1988 – celui du « tournant critique » – servira de fil conducteur : « Les Annales par ailleurs n’ont jamais prétendu être seules. À l’étranger particulièrement, des tentatives pour répondre aux questions que l’on pose ici ont pris d’autres formes. Nous les sollicitons aussi, et nous leur ferons écho, pour qu’elles contribuent, en venant rompre avec nos habitudes, à ce travail d’analyse et de proposition [4]. »
5Pour pouvoir retracer ces échanges et ces circulations, nous avons utilisé un seul indicateur, modeste et pratique, là où la problématique esquissée justifierait sans doute d’appliquer les moyens conséquents de l’analyse bibliométrique aux big data du corpus digital des revues nationales et internationales [5]. Notre base documentaire se compose de la liste complète des titres des numéros spéciaux et dossiers des Annales parus entre 1990 et 2019, comparée à des répertoires similaires venant de quelques revues de l’Europe occidentale et des États-Unis. Pour la France, nous nous sommes focalisés sur la Revue d’histoire moderne & contemporaine, Le mouvement social et Genèses ; pour l’étranger sur les revues allemande Geschichte und Gesellschaft, italienne Quaderni storici, suisse traverse, ainsi que Past & Present (« Supplement Series ») pour la Grande-Bretagne, The American Historical Review pour les États-Unis et aussi, plus ponctuellement, sur d’autres périodiques. Cette petite enquête n’est donc ni exhaustive ni proprement représentative ; elle se veut exploratoire et souhaite seulement proposer quelques hypothèses provisoires.
6À cette fin, nous avons considéré la catégorie de numéro spécial (ou numéro thématique) dans un sens extensif, en y incluant tout numéro explicitement qualifié comme tel par la revue, mais aussi tout dossier particulièrement mis en valeur – de tels numéros et dossiers étant souvent, mais pas nécessairement, dirigés par des chercheurs ou chercheuses clairement identifié(e)s. Dans le cas des Annales, il n’est pas rare que la rédaction assume également la direction d’un numéro spécial et signe sa présentation. Les dossiers stricto sensu, quant à eux, sont des recueils plus limités, comprenant deux à plusieurs articles ; ils partagent avec les numéros spéciaux le fait d’avoir un ou plusieurs responsables et d’être la plupart du temps, mais pas toujours, introduits par un propos liminaire ou un éditorial. Comme un numéro des Annales peut contenir plusieurs dossiers assez brefs, nous nous sommes concentré sur les dossiers les plus substantiels et présentés dans un avant-propos [6].
7Le choix de cet indicateur est motivé par trois aspects, à vrai dire trois avantages, qui permettent d’esquisser une vision dynamique et collective des « tournants » et renouvellements advenus dans les sciences historiques. Premièrement, bon nombre de « grandes revues » n’ont pas publié, ou très peu, de numéros spéciaux ou thématiques. La Revue historique ou la Historische Zeitschrift tout comme Past & Present ou The American Historical Review ont longtemps refusé ce type d’approche, préférant représenter la recherche dans toute sa diversité et son individualité. Depuis le début des années 2000, cette ligne stricte a été en partie remise en cause afin d’offrir des types de rubrique plus variés et de susciter l’intérêt des lecteurs et lectrices [7].
8Néanmoins, les revues qui nous intéressent ici considèrent les numéros spéciaux et les dossiers comme des produits significatifs et représentatifs de leurs stratégies éditoriales [8]. Les revues périodiques fondées au moment de l’irruption de la « nouvelle histoire », dans la première moitié des années 1970, ainsi que les revues « alternatives » créées autour de 1990 ont pratiquement toutes opté pour ce format dès le départ. Elles y voyaient l’un des aspects essentiels du travail mené par la rédaction et l’équipe éditoriale, qui leur permettait à la fois d’afficher et de confirmer leur programme. Dans le jargon du marketing, on pourrait parler d’une volonté de branding – la fabrique d’une image de marque –, inscrite dans une démarche compétitive.
9Deuxièmement, cette détermination à construire une ligne éditoriale à travers la production sérielle des numéros fournit des sources fécondes pour une analyse historiographique. Les titres de ces numéros et dossiers, les avant-propos ou les présentations qui les introduisent, les noms des directeurs et directrices ainsi que la composition des articles constituent un corpus bien délimité, facilement disponible et observable dans le temps comme dans l’espace. En effet, cette politique éditoriale, fort partagée à l’échelle internationale, se prête volontiers à la comparaison. Bien que plusieurs de ces revues aient fait l’objet d’analyses de contenu plus fines, elles n’ont pratiquement jamais été soumises à une perspective comparée et transnationale [9].
10Troisièmement, l’approche retenue ici présente l’avantage de répondre à des questionnements et à des attentes que des chercheurs et chercheuses en histoire intellectuelle transnationale ont mis en avant. Il semble particulièrement stimulant de s’intéresser d’abord aux produits intellectuels les plus particuliers et, dans un certain sens, les plus personnels des équipes éditoriales pour les inscrire ensuite dans une cartographie transversale et internationale, par conséquent dans une production collective et potentiellement connectée. Une telle démarche ne surprend évidemment pas ceux et celles qui ont développé, depuis une trentaine d’années, l’étude des transferts culturels ou des circulations transnationales dans l’histoire des savoirs [10].
Le contexte des années 1988-1994 : « tournant critique » et conjoncture transnationale
11Le moment du « tournant critique » des Annales, qui s’étend de la fin des années 1980 jusqu’en 1994, date de l’adoption de l’actuel sous-titre de la revue, s’inscrit dans une conjoncture plus large qui touche d’autres sciences humaines et sociales et d’autres pays. Ces quelques années voient notamment un renouveau des revues historiques et interdisciplinaires à l’échelle internationale – une vague de créations qui reflète une tendance de plus longue durée, celle de l’augmentation du nombre de revues historiques [11]. Une nouvelle génération de chercheurs et de chercheuses crée alors presque simultanément, et non sans regards croisés et échanges mutuels, toute une série de périodiques qui veulent se distinguer par leur caractère non conventionnel, expérimental et mettent en avant leur « jeunesse » [12]. En Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord, on pense par exemple à la revue autrichienne d’histoire Österreichische Zeitschrift für Geschichtswissenschaften, née en 1990, ainsi que, la même année et également à Vienne, à la revue d’histoire féministe L’Homme. Europäische Zeitschrift für Feministische Geschichtswissenschaft. En Grande-Bretagne, deux revues d’histoire du genre et des femmes voient le jour au même moment : en mars 1989, Gender & History et, depuis 1989, le Journal of Women’s History. Dès 1992, paraît la Women’s History Review aux États-Unis. En France, la communauté des historiennes engagées dans l’écriture d’une histoire genrée commence à publier Clio. Histoire, femmes et sociétés en 1995 (qui porte, depuis 2013, le sous-titre Femmes, genre, histoire) [13]. Quelques années plus tôt, à Paris, un groupe de sociologues, d’historiens et d’historiennes se regroupe pour former l’équipe éditoriale de Genèses. Sciences sociales et histoire, dont le premier numéro paraît en 1990. Ce projet réunit des influences variées, allant d’une réception critique de la sociologie de Pierre Bourdieu à l’expérimentation d’une forme d’histoire sociale ou « socio-histoire » plus contemporaine que celle pratiquée ailleurs ; il attache également une attention particulière à la construction des catégories sociales et des disciplines.
12Un autre petit groupe de nouvelles revues s’est nourri de tendances comme la micro-histoire ou l’anthropologie historique. Le périodique allemand WerkstattGeschichte, fondé en 1992, se réfère au modèle britannique du History Workshop Journal, qui paraît depuis 1976, et émerge du large mouvement des ateliers d’histoire et de l’approche de l’histoire du quotidien (Alltagsgeschichte) des années 1980 et 1990. Un an plus tard, en 1993, Historische Anthropologie commence à paraître, avec le sous-titre Kultur – Gesellschaft – Alltag (« culture, société, vie quotidienne ») : fortement influencée à l’origine par les critiques de l’histoire sociale de l’école de Bielefeld, rassemblés à Göttingen ainsi qu’à Vienne, la rédaction est aujourd’hui davantage animée depuis Bâle et Zurich. Préparé pendant plusieurs années, le lancement en 1994 de la revue d’histoire suisse traverse s’inscrit à son tour dans cette vague d’expérimentation.
13Toujours en Europe, la revue Comparativ, fondée à Leipzig en 1991, pointe dans une direction alternative : celle de l’histoire comparée, puis transnationale et finalement globale. En Italie, Memoria e Ricerca, née en 1993, reflète quant à elle, par son titre même, une autre grande tendance des historiographies internationales : la découverte de la mémoire comme catégorie du discours historique. Cette revue d’histoire contemporaine se consacre également au comparatisme européen ainsi qu’au dialogue avec les sciences sociales. Toutes ces publications existent et fleurissent encore. Un tel renouveau se marque aussi, à l’époque, dans les orientations des fleurons bien établis de l’histoire sociale : sous l’impulsion du Zeitgeist postmoderne et de la reconfiguration internationale des sciences humaines, leurs choix de thématiques et leurs sommaires changent considérablement [14].
14Le « tournant critique » des Annales ne peut donc être compris sans prendre en compte cette conjoncture transnationale ; il en est un indice en même temps qu’une composante. La configuration, parfois très spécifique, de chaque cas ainsi que l’effet d’ensemble produit par le développement de ces projets innovants contribuent de manière significative à la compréhension des changements dans les sciences sociales et humaines intervenus au cours des dernières décennies. Les équipes fondatrices des différentes revues ont explicitement voulu questionner non seulement les angles morts perçus, les héritages thématiques et conceptuels, mais aussi la concentration du pouvoir aux mains des pionniers à succès de la génération précédente. Même si les constellations particulières, nationales ou bien locales, ainsi que des alliances et ruptures personnelles ont marqué chaque cas et expliquent la diversité persistante de ces entreprises, c’est ensemble qu’elles ont réussi à élargir durablement le champ des possibles.
15Dans les nouvelles fondations des années 1990, c’est-à-dire la génération de Genèses, WerkstattGeschichte ou traverse, la définition préalable des sujets et les labels affichés ont peut-être acquis une importance encore plus grande, puisque la volonté de faire montre du projet intellectuel des groupes éditoriaux pouvait s’exprimer de manière pragmatique et pluraliste. Ces jeunes revues se plaisent par ailleurs à user d’une créativité sémantique singulière pour leurs titres de dossiers ou d’articles. On observe ainsi une « poétique » de cette nouvelle histoire, inspirée des médias généralistes et de la littérature, des études culturelles et des mouvements sociaux.
Thématiques transversales
16Durant les trente ans qui suivirent la parution, fin 1989, de l’éditorial « Tentons l’expérience », les Annales ont publié 158 numéros au total, dont 26 numéros spéciaux, ainsi qu’une trentaine de dossiers importants [15]. À première vue, la grande diversité des thématiques couvertes, des aires culturelles, des périodes historiques et des approches méthodologiques abordées semble défier la classification. De la médecine à la littérature, de l’Antiquité au temps présent, de Vichy à l’Asie centrale, la gamme des matières principales est sans doute digne d’une revue généraliste. Quand on regarde ce corpus de numéros spéciaux de près, on remarque l’importance des axes thématiques propres à la tradition d’histoire économique et sociale : le travail, les mobilités, les statuts sociaux ou bien les réseaux marchands [16]. Lorsque l’on inclut les dossiers, ces axes se diversifient encore avec des sujets tels que l’enfance, le capitalisme américain, l’économie et la science économique, les politiques des populations, les recherches sur les villes ou bien la crise des banlieues [17]. L’histoire du genre, qui constitue l’une des grandes tendances internationales depuis les années 1980, reçoit une attention répétée dès 1993, avec cinq dossiers dédiés, mais pas au point que lui soit consacré un numéro spécial [18]. La revue s’intéresse aussi à certains thèmes proches autour de la famille et de la parenté [19]. Force est de reconnaître, cependant, qu’en ce domaine, les revues d’histoire contemporaine semblent plus rapides et ouvertes à réagir aux discussions en cours dans les études de genre et aux impulsions des mouvements féministes [20].
17À travers toute la période, deux autres grands axes font l’objet d’une présence importante, qui peut surprendre l’observateur extérieur : le religieux et le droit. Ce dernier champ de recherche figure dans deux numéros spéciaux et plusieurs dossiers [21]. Cet intérêt est partagé par les Quaderni storici, surtout pour l’époque moderne, mais – et cela peut étonner – beaucoup moins par les revues d’histoire contemporaine, à l’exception de Genèses. Le fait religieux, quant à lui, est décliné dans les Annales pour toutes les époques et toutes les parties du monde dans une série de dossiers ou d’essais sur le christianisme, le judaïsme et l’islam, le millénarisme ou les violences religieuses [22]. Par ailleurs, l’histoire juive à travers les siècles, l’antisémitisme et la politique antijuive de Vichy font l’objet de deux numéros spéciaux [23].
18Il est vrai que l’autoréflexion sur la pratique historienne a gagné plus de place dans presque toutes les revues de notre échantillon, et ceci comme réponse au défi postmoderne et aux divers « tournants » [24]. Les Annales ont nourri ces débats par des dossiers substantiels sur le comparatisme, les histoires nationales, les régimes d’historicité ; des numéros spéciaux sur les relations de l’histoire avec la philosophie ou la littérature et sur les écritures à travers les siècles ; des dossiers sur les approches historiques outre-Rhin, notamment l’Alltagsgeschichte et l’anthropologie historique, ainsi que des hommages à des historiens décisifs pour le projet des Annales (en particulier Charles Morazé et Bernard Lepetit) [25] et, tout récemment, avec un numéro spécial sur l’histoire quantitative [26]. Des recueils d’articles sur l’histoire transnationale ainsi qu’un double numéro sur les archives viennent de paraître [27].
19C’est au niveau des échanges avec les sciences sociales que la spécificité des Annales ressort encore plus fortement. Certes, il existe également une longue tradition d’interdisciplinarité dans des revues américaines comme Comparative Studies in Society and History, Journal of Interdisciplinary History ou Social Science History [28], tout comme dans leur pendant allemand Geschichte und Gesellschaft. En France, c’est surtout la revue Genèses qui s’est engagée dans une conversation entre la socio-histoire, l’histoire des savoirs et des tendances constructivistes dans les sciences sociales, et ceci pour défendre leur « unicité épistémologique [29] ». Cependant, par rapport aux revues généralistes de rang international, les Annales se distinguent nettement par l’ampleur et l’intensité du débat méthodologique et par la réflexion interdisciplinaire, notamment par un échange nourri avec la sociologie, l’anthropologie et l’économie. À ce trio classique se sont jointes les études de la littérature, des arts et de la philosophie [30]. Quatre numéros spéciaux, de nombreux dossiers ainsi que des « essais » rédigés par des représentants éminents des disciplines voisines en témoignent amplement [31]. Bref, on peut dire que l’appel du « tournant critique » a été largement suivi, et la promesse tenue.
20Regardons encore quelques-uns des axes thématiques traités par les Annales, qui traversent le paysage international des revues et illustrent bien les tendances communes dans la recherche historique des dernières années. Tout d’abord, l’histoire des sciences s’est profondément modernisée et élargie dans les vingt dernières années. D’un côté, elle a engagé le dialogue avec les science and technology studies (STS), particulièrement influentes dans le monde anglo-américain mais qui ont également marqué de grands projets européens [32]. D’un autre côté, l’histoire des sciences s’est transformée en histoire des savoirs, suscitant des interactions avec les études sur les sciences humaines et sociales et l’histoire intellectuelle. Les Annales ont déjà contribué, en 1998, à cette vague internationale avec un numéro double spécial et, plus tard, un autre numéro sur la médecine [33], un dossier ainsi que des essais et des notes critiques. Ce type d’approches a notamment trouvé des échos en Allemagne et en Suisse [34].
21Ce qu’on appelle aujourd’hui « histoire globale » connaît plusieurs racines et variantes. Pour les Annales, le modèle braudélien constitue évidemment un héritage important. Dans les numéros des dernières décennies, on remarque d’abord une très forte présence de recherches sur des aires culturelles larges, comme les empires coloniaux et, plus généralement, sur tout ce que l’on nomme, faute de mieux, l’histoire extra-européenne. Quatre numéros spéciaux et un grand nombre de dossiers en témoignent ; la Chine, le Japon, l’Amérique latine mais aussi l’Afrique et les terres d’islam y figurent à plusieurs reprises [35]. Plusieurs contributions ont discuté, en parallèle, le bien-fondé de certaines visions trop uniformisantes de la global history.
22Il n’est pas surprenant que le réchauffement climatique actuel et, plus largement, les problèmes environnementaux interpellent l’histoire comme les autres sciences humaines et sociales. Avec les travaux d’Emmanuel Le Roy Ladurie sur le climat et l’attention de Fernand Braudel au rôle du milieu naturel dans la longue durée, les Annales étaient bien préparées pour aborder les nouveaux développements autour de ces grands sujets, mais elles ont hésité, pendant les années 1980 et 1990, à investir cette thématique. C’est seulement plus récemment que les concepts d’« environnement », de « nature » et de « biologie » sont mobilisés, mettant la revue en phase avec le débat international ; soulignons en particulier un numéro spécial, en 2011, sur l’environnement et un dossier consacré à l’anthropocène, en 2017 [36]. À ce moment, la simultanéité des publications des deux côtés de l’Atlantique devient manifeste, notamment dans The American Historical Review et dans la Revue d’histoire moderne & contemporaine ainsi qu’en écho, tout récemment, dans Geschichte und Gesellschaft [37].
23Comme les études sur le patrimoine l’ont amplement démontré, le passé peut être un fardeau autant qu’une ressource. Comment créer du nouveau dans une revue qui innove depuis 90 ans ? Pour gérer ce défi, qui semble typique des Annales, les responsables des numéros spéciaux et dossiers ont souvent engagé une conversation avec les prédécesseurs à côté des échanges avec la recherche internationale simultanée. Deux exemples pris parmi beaucoup d’autres montrent les méthodes adoptées.
24En 2001, l’éditorial de la rédaction introduit le numéro spécial déjà mentionné « Une histoire à l’échelle globale » avec une double référence : « D’aucuns se réjouiront de ce que la revue renoue avec une telle perspective, qui fait partie de sa tradition […]. Les contributions que l’on va lire se situent bien davantage par rapport à la World History qui se développe outre-Atlantique [38]. » À la fin, les Annales formulent clairement leur ambition : « fonder les conditions de possibilités, aujourd’hui, d’une autre histoire globale [39] ». D’une manière semblable, la présentation du dossier sur l’anthropocène reconnaît la grande tradition de la revue tout en s’en démarquant pour ouvrir un débat avec des penseurs actuels comme Dipesh Chakrabarty ou Bruno Latour. « À première vue, indiquent d’emblée les rédacteurs, il serait tentant d’inscrire ce choix [de dossier] dans la lignée des histoires du climat et de l’environnement promues par la revue depuis les années 1950 » ; toutefois, le concept d’anthropocène, et surtout sa connotation politique, mettrait en cause « les fondements de la rupture entre histoire naturelle et histoire humaine », obligeant à « une collaboration féconde entre sciences de la nature et sciences sociales – un type de dialogue que les Annales rubriquaient jadis volontiers sous l’appellation ‘inter-sciences’ » [40].
25Une dernière thématique transversale, très récente, fait ressortir la dynamique des circulations intellectuelles au niveau international. Avec le substantiel dossier « Micro-analyse et histoire globale » [41] se matérialise une réflexion qui date déjà du moment du « tournant critique ». L’éditorial « Tentons l’expérience » de 1989 soulignait déjà toute l’importance des « échelles d’observation » : « Il faut briser l’opposition appauvrissante entre la micro et la macro-analyse pour approfondir la question plus essentielle des formes d’adéquation acceptables entre les questionnements, les méthodes d’étude et l’échelle d’observation des phénomènes [42]. » Jacques Revel a poursuivi ces propositions dans un recueil d’articles influent [43]. D’autres chercheurs, comme Hans Medick, ont fait encore plus explicitement le lien avec l’engouement ambiant pour l’histoire globale [44]. Si dans des revues comme Journal of World History ou bien dans des publications d’histoire régionale, les questions concernant une mise en dialogue du micro et du macro sont discutées, ces textes restent encore plutôt théoriques. Le mariage entre la micro-histoire et l’histoire globale trouve une traduction empirique d’abord dans les Quaderni storici en 2015, ensuite dans les Annales en 2018 et finalement dans un « supplément » de Past & Present en 2019 [45]. Parfaitement en phase avec cette conversation entre différentes générations et cultures académiques, la liste des auteurs et, notamment, les premières notes en bas de page témoignent amplement des chevauchements et de références mutuelles.
26On a souvent décrit le développement des sciences humaines et sociales durant les trois dernières décennies comme une suite de « tournants » – linguistique, culturel, spatial, iconique, pragmatique… et, en effet, également critique. L’orientation utile qu’offraient initialement ces labels a de plus en plus souffert de l’inflation de nouveaux slogans, se superposant les uns aux autres sans que leurs éventuelles relations soient interrogées. C’est pourquoi nous avons préféré privilégier ici une approche thématique et des découpages liés à des choix documentaires, méthodologiques et à des modes de représentation propres. Dans l’ensemble, la constellation thématique des quelques revues étudiées ici peut se lire comme un texte collectif, doté d’une trame complexe qui entrelace les tendances et les débats des dernières décennies.
27Dans ce tissu transnational des sujets de recherche, des mots-clefs et des modes changeantes, les positions dominantes d’une seule école ou publication ne sont plus d’actualité. Plutôt que de se complaire dans un sentiment de perte ou de déplorer une grandeur évanouie, on pourrait aujourd’hui au contraire se réjouir d’une ouverture plus large, à l’échelle globale, d’une diversité et d’une inclusivité accrues et d’un mode d’innovation pluriel.
28Comment les Annales se sont-elles adaptées à cette situation moins structurée, partiellement contestée et assurément plus concurrentielle – une situation qui avait déjà motivé les discussions autour du « tournant critique » et qui est devenue, depuis, la normalité ? Au niveau structurel, la publication parallèle, depuis 2017, d’une version en anglais en partenariat avec Cambridge University Press constitue indubitablement une base solide, et très remarquée à l’étranger, pour répondre au défi anglo-américain et aux modes de diffusion digitale. Au niveau du projet éditorial, les annonces d’un renouveau formel et personnel en 2011 se sont inscrites dans la lignée du tournant critique : les responsables de la revue y mettaient en avant, encore davantage, l’importance de réfléchir sur les opportunités et les risques de l’internationalisation de la recherche et défendaient la multiplication des échanges avec d’autres historiographies [46].
29La revue s’illustre toujours aujourd’hui par sa tradition d’innovation. Par cette formule, nous entendons, d’un côté, son capital d’expériences, qui l’aide à encourager, à façonner et à faire fructifier de « nouveaux problèmes, nouveaux objets, et nouvelles approches [47] », chers à la génération des années 1970. D’un autre côté, cette tradition créative sait se servir d’un patrimoine d’innovations bien antérieur au « tournant critique ». Comme nous l’avons montré, celles et ceux qui ont élaboré les grands dossiers portant sur des domaines thématiques d’importance, tels que les aires culturelles, l’histoire globale et l’environnement, ont su se référer aux modèles précédents et aux acquis historiographiques tout en s’inspirant, ou bien en se distinguant, des approches préalables, sans piété ni irrévérence excessive. Au débat horizontal et à la concurrence avec les projets intellectuels des rivaux nationaux et internationaux s’ajoute toujours la conversation verticale avec les prédécesseurs. Cela nous semble un atout qui mérite d’être préservé, dans un monde des sciences humaines et sociales qui continuera sans doute à se transformer radicalement dans les années à venir.
Date de mise en ligne : 25/08/2021
Notes
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[1]
Éditorial, « Tentons l’expérience », Annales ESC, 44-6, 1989, p. 1317-1323, ici p. 1317, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796.
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[2]
Une synthèse sur le développement international des revues en sciences humaines et sociales depuis 1945 ou même 1990 manque encore à l’heure actuelle ; la plupart de la littérature secondaire concerne des revues individuelles ou seulement quelques grands noms. Voir Matthias Middell (dir.), Historische Zeitschriften im internationalen Vergleich, Leipzig, Akademische Verlagsanstalt, 1999 et, infra, n. 9 et 11.
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[3]
Éditorial, « Histoire, sciences sociales », Annales HSS, 49-1, 1994, p. 3-4, ici p. 3, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796.
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[4]
Éditorial, « Histoire et sciences sociales. Un tournant critique ? », Annales ESC, 43-2, 1988, p. 291-293, ici p. 293, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796.
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[5]
À titre d’exemple, voir l’analyse impressionnante de Sébastien Mosbah-Natanson et Yves Gingras, « The Globalization of Social Sciences? Evidence from a Quantitative Analysis of 30 Years of Production, Collaboration and Citations in the Social Sciences (1980-2009) », Current Sociology, 62-5, 2014, p. 626-646. Dans le cas des Annales, une analyse quantitative est menée dans ce même numéro : « Approche quantitative d’un projet intellectuel », p. 583-608.
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[6]
Un tableau utile des numéros spéciaux se trouve sur la plate-forme Persée pour les années 1945-2002 (rubrique « Numéros thématiques ») ; pour les années 1990, les « Tables analytiques » (Annales HSS, 1994 et 1998) répertorient les « Dossiers et numéros spéciaux ». L’identification des dossiers proprement dits n’est pas toujours aisée puisque la couverture et le sommaire ne sont pas forcément identiques et contiennent aussi de simples regroupements d’articles, sous des titres qui semblent parfois un brin artificiels.
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[7]
Entre 1998 et 2010, la Revue historique publie des numéros spéciaux mais renonce ensuite à cette pratique. The American Historical Review a réorganisé le plus fortement ses rubriques, notamment avec les « Forums » et « Roundtables » qui rassemblent des contributions plutôt issues de commandes, ainsi qu’avec les « Conversations » et, tout récemment, avec « AHR Reflections », chaque rubrique affichant les thèmes abordés.
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[8]
Ne sont pas incluses ici les séries de publications parallèles, c’est-à-dire les Beihefte (« compléments »), Sonderhefte (« numéros spéciaux ») ou les « Mélanges », qui ont accompagné et élargi, par exemple, les politiques éditoriales de la Historische Zeitschrift, de Geschichte und Gesellschaft ou des Annales ESC ; pour Past & Present, on a néanmoins rendu compte de la série des « Supplements » créée en 2006, puisque ceux-ci jouent, de fait, le rôle de numéros spéciaux en affichant des thématiques novatrices.
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[9]
Sur la comparaison des Annales ESC de 1946 à 1969 avec la Revue historique, voir notamment Lutz Raphael,Die Erben von Bloch und Febvre. Annales-Geschichtsschreibung und nouvelle histoire in Frankreich, 1945-1980, Stuttgart, Klett-Cotta, 1994, p. 206-239 ; pour la période antérieure, voir la comparaison des premières Annales avec la Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte proposée par Peter Schöttler, « ‘Annales’ und ‘VSWG’ – zwei Zeitschriften für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte », in Die ‘Annales’-Historiker und die deutsche Geschichtswissenschaft, Tübingen, Mohr Siebeck, 2015, p. 94-107.
-
[10]
Voir Michael Werner et Bénédicte Zimmermann, « Penser l’histoire croisée : entre empirie et réflexivité », Annales HSS, 58-1, 2003, p. 7-36, un article qui, à travers ses versions successives, relativement différentes – il fut d’abord publié en allemand (id., « Vergleich, Transfer, Verflechtung. Der Ansatz der Histoire croisée und die Herausforderung des Transnationalen », Geschichte und Gesellschaft, 28-4, 2002, p. 607-636), puis en français et enfin en anglais (id., « Beyond Comparison: Histoire Croisée and the Challenge of Reflexivity », History and Theory, 45-1, 2006, p. 30-50) –, illustre parfaitement les phénomènes qu’il se propose d’analyser. Voir aussi Gisèle Sapiro (dir.), L’espace intellectuel en Europe. De la formation des États-nations à la mondialisation, xixe-xxiesiècle, Paris, La Découverte, 2009 ; Pierre-Yves Saunier, « Circulations, connexions et espaces transnationaux », Genèses, 57-4, 2004, p. 110-126.
-
[11]
Claus Møller Jørgensen, « Scholarly Communication with a Political Impetus: National Historical Journals », in I. Porciani et J. Tollebeek (dir.), Setting the Standards: Institutions, Networks and Communities of National Historiography, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2012, p. 70-88 ; pour la France, voir Nicolas Roussellier, « Les revues d’histoire », in F. Bédarida (dir.), L’histoire et le métier d’historien en France, 1945-1995, Paris, Éd. de la MSH, 1995, p. 127-146.
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[12]
Je me permets de renvoyer à deux études sur les conjonctures conceptuelles ainsi que sur les nouvelles revues des années 1990 : Christoph Conrad, « Die Dynamik der Wenden. Von der neuen Sozialgeschichte zum cultural turn », in J. Osterhammel, D. Langewiesche et P. Nolte (dir.), Wege der Gesellschaftsgeschichte, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2006, p. 133-160 ; id., « ‘traverse’ im Kontext », traverse. Zeitschrift für Geschichte/Revue d’histoire, 21-1, 2014, p. 18-25.
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[13]
Pour un bilan historiographique, voir Françoise Thébaud et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), « L’histoire des femmes en revues France-Europe », Clio, 16, 2002 ; Étienne Anheim, « Genre, publication scientifique et travail éditorial. L’exemple de la revue Annales. Histoire, sciences sociales », Tracés. Revue de sciences humaines, 32, 2017, p. 193-212.
-
[14]
Voir, à titre d’exemples, Le mouvement social en France, Archiv für Sozialgeschichte en République fédérale d’Allemagne, ou bien la International Review of Social History, publiée à Amsterdam, qui inaugure sa série de « Supplements » en 1993 pour y traiter les thèmes en vogue dans l’historiographie internationale.
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[15]
Jusqu’au numéro Annales HSS, 74-3/4, 2019, on compte également la parution de cinq numéros doubles, dont quatre parmi les numéros spéciaux. Les archives numériques des anciens numéros des Annales ont été consultées sur les plates-formes Persée (1990-2002) et Cairn (2001-2020). La base de revues américaine JSTOR regroupe quant à elle les numéros parus depuis 1929 jusqu’à 2015. En comparant toutes ces informations digitales avec l’édition originale sur papier, quelques anomalies et lacunes sont repérables. Sur JSTOR par exemple, le nom actuel de la revue (Annales. Histoire, sciences sociales) est appliqué à tous les volumes depuis 1946 (voir « Title History ») ; en outre, l’édition française apparaît comme publiée par Cambridge University Press (https://www.jstor.org). Les autres revues ont été consultées sur leurs sites individuels ainsi que sur JSTOR.
-
[16]
N° spécial « Histoire du travail », Annales HSS, 65-3, 2010 ; n° spécial « Mobilités », Annales ESC, 45-6, 1990 ; Étienne Anheim, Jean-Yves Grenier et Antoine Lilti (dir.), n° spécial « Statuts sociaux », Annales HSS, 68-4, 2013 ; dossier « Réseaux marchands », Annales HSS, 58-3, 2003, p. 567-672.
-
[17]
Voir les dossiers « Histoire de l’enfance », Annales HSS, 54-6, 1999, p. 1257-1316 ; « Le capitalisme américain », Annales HSS, 50-1, 1995, p. 29-73 ; « Économie de l’Afrique contemporaine », Annales HSS, 71-4, 2016, p. 841-921 ; « Théories économiques et sciences sociales » Annales HSS, 68-3, 2013, p. 791-848 ; « Pensée économique », Annales HSS, 74-1, 2019, p. 1-41 ; « Histoire politique des populations », Annales HSS, 61-1, 2006, p. 5-162 ; « Identités urbaines », Annales ESC, 48-4, 1993, p. 819-933 ; « Les sociabilités urbaines au Moyen Âge », Annales ESC, 48-5, 1993, p. 1113-1143 ; « Penser la crise des banlieues », Annales HSS, 61-4, 2006, p. 755-859.
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[18]
Le dossier « Régimes de genre » (Annales HSS, 67-3, 2012, p. 563-713) s’en rapproche toutefois, puisqu’il occupe presque tout le numéro.
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[19]
Voir notamment les dossiers « Liens de famille. Noms, alliances, patrimoines », Annales HSS, 56-2, 2001, p. 283-380 ; « Écritures et mémoire familiale », Annales HSS, 59-4, 2004, p. 783-858 ; « Territoire, parenté et succession », Annales HSS, 50-3, 1995, p. 621-686 ; « Pouvoir et parenté », Annales HSS, 61-3, 2006, p. 607-645.
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[20]
Françoise Thébaud, Écrire l’histoire des femmes et du genre, Lyon, ENS Éditions, [1998] 2007.
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[21]
Yan Thomas (dir.), n° spécial « Histoire et droit », Annales HSS, 57-6, 2002 ; n° spécial « Droit, histoire, sciences sociales », Annales ESC, 47-6, 1992 ; pour les dossiers, citons, parmi beaucoup d’autres, « Le droit et l’histoire », Annales ESC, 34-2, 1979, p. 385-419 et, plus récemment, « Droit(s) et minorités juives, xvie-xixe siècle », Annales HSS, 73-3, 2018, p. 555-625.
-
[22]
Voir, à titre d’exemples : dossier « Juifs et chrétiens au Moyen Âge », Annales HSS, 67-1, 2012, p. 5-77 ; Jocelyne Dakhlia, « La ‘culture nébuleuse’ ou l’Islam à l’épreuve de la comparaison », Annales HSS, 56-6, 2001, p. 1177-1199 ; Catherine Maire, « Les jansénistes et le millénarisme. Du refus à la conversion », Annales HSS, 63-1, 2008, p. 7-36 ; dossier « Violence et religion dans l’Inde et l’Algérie d’aujourd’hui », Annales HSS, 49-6, 1994, p. 1281-1333 ; David Nirenberg, « Une société face à l'altérité. Juifs et chrétiens dans la péninsule Ibérique 1391-1449 », Annales HSS, 62-4, 2007, p. 755-790.
-
[23]
Sylvie Anne Goldberg (dir.), n° spécial « Histoire juive, histoire des juifs : d’autres approches », Annales HSS, 49-5, 1994 ; Lucette Valensi (dir.), n° spécial « Présence du passé, lenteur de l’histoire. Vichy, l’Occupation, les Juifs », Annales HSS, 48-3, 1993.
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[24]
Mentionnons quelques exemples, parmi beaucoup d’autres : The American Historical Review utilise notamment sa rubrique « Conversations » pour aborder, une fois par an, des questions historiographiques au sens large, souvent avec la participation de collègues venant d’Europe, la première discussion en 2006 ayant été dédiée à l’histoire transnationale ; Geschichte und Gesellschaft a lancé, de 2001 à 2003, une discussion sur l’histoire transnationale dans sa rubrique « Forum » ; Past & Present inaugure en 2015 sa série de « Virtual Issues » avec le thème « Transnationalism » ; en 2006, WerkstattGeschichte, analyse les origines transnationales de l’histoire du quotidien dans plusieurs pays (n° spécial « Alltagsgeschichte transnational », WerkstattGeschichte, 40-2, 2006) ; Le mouvement social a consacré au début des années 2000 l’un de ses numéros à un état des lieux international de l’histoire sociale (n° spécial « L’histoire sociale en mouvement », Le mouvement social, 200, 2002), tandis que le numéro double paru à l’occasion de son soixantième anniversaire traite des « écritures alternatives » et populaires de l’histoire (n° spécial « Écrire autrement ? L’histoire sociale en quête de publics », Le mouvement social, 269-270, 2019-2020).
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[25]
La Revue d’histoire moderne & contemporaine publie un numéro sur Eric J. Hobsbawm (« Eric J. Hobsbawm, un parcours d’historien dans le siècle », no 53-4 bis, 2006) et plusieurs numéros spéciaux aux tendances actuelles de l’historiographie, notamment « Le métier d’historien à l’ère numérique : nouveaux outils, nouvelle épistémologie ? » (no 58-4 bis, 2011), « Regards sur l’histoire intellectuelle » (no 59-4 bis, 2012) et « L’écriture de l’histoire : sciences sociales et récit » (no 65-2, 2018).
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[26]
Karine Karila-Cohenet al. (dir.), n° spécial « Histoire quantitative », Annales HSS, 73-4, 2018.
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[27]
Dossier « Historiographie transnationale », Annales HSS, 74-2, 2019, p. 265-335 ; Étienne Anheim (dir.), n° spécial « Archives », Annales HSS, 74-3/4, 2019.
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[28]
Voir les articles rétrospectifs publiés pour son quarantième anniversaire : Social Science History, 40-4, 2016.
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[29]
Le comité de rédaction, « Ce que veut Genèses aujourd’hui », Genèses, 100-101/3, 2015, p. 4-8, ici p. 4 ; Vincent Heimendinger, « Genèses en train de se faire : écrire l’histoire d’une revue scientifique », Zilsel, 5-1, 2019, p. 271-314.
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[30]
Voir, entre autres, Étienne Anheim et Antoine Lilti (dir.), n° spécial « Savoirs de la littérature », Annales HSS, 65-2, 2010 ; dossier « Peindre à la Renaissance », Annales HSS, 2017, 72-3, p. 701-771 ; dossier « Variations sur la musique », Annales HSS, 65-2, 2010, p. 967-1028 ; Étienne Anheim, Antoine Lilti et Stéphane Van Damme (dir.), n° spécial « Histoire et philosophie », 64-1, 2009.
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[31]
Voir par exemple, pour l’anthropologie, Philippe Descola, « L’anthropologie de la nature », Annales HSS, 57-1, 2002, p. 9-25 et, plus récemment, Michel Naepels, « Anthropologie et histoire : de l’autre côté du miroir disciplinaire », Annales HSS, 65-4, 2010, p. 873-884 ; pour la philosophie, voir Bruno Karsenti, « L’écologie politique et la politique moderne », Annales HSS, 72-2, 2017, p. 353-378 ; pour la sociologie, voir Pierre-Michel Menger, « Le travail à l’œuvre. Enquête sur l’autorité contingente du créateur dans l’art lyrique », Annales HSS, 65-3, 2010, p. 743-786.
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[32]
Voir Thomas J. Misa, Ruth Oldenziel et Johan Schot (dir.), n° spécial « Tensions of Europe: The Role of Technology in The Making of Europe », History and Technology, 21-1, 2005.
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[33]
Yves Cohen et Dominique Pestre (dir.), n° spécial « Histoire des techniques », Annales HSS, 53-4/5, 1998 ; n° spécial « Médecine », Annales HSS, 65-1, 2010.
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[34]
Voir, dans Geschichte und Gesellschaft, les numéros spéciaux « Neue Wege der Wissenschaftsgeschichte », 30-2, 2004 ; « Wissensgeschichte als Gesellschaftsgeschichte », 34-4, 2008 ; « Knowledge and Migration », 43-3, 2017.
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[35]
À titre d’exemples, voir, sur la Chine, Angela Ki Che Leung (dir.), n° spécial « Chine », Annales HSS, 61-6, 2006 ; sur le Japon, le dossier « Les statuts sociaux au Japon (xviie-xixe siècle) », Annales HSS, 66-4, 2011, p. 955-1077 ; sur l’Amérique latine, le n° spécial « Amériques coloniales. La construction de la société », Annales HSS, 62-3, 2007 et le dossier « Amérique latine », Annales HSS, 74-1, 2019, p. 105-163 ; pour l’Afrique, Éloi Ficquet et Aïssatou Mbodj-Pouye (dir.), n° spécial « Cultures écrites en Afrique », Annales HSS, 64-4, 2009 ; sur les terres d’islam, le dossier « Écrire l’histoire de l’islam moderne et contemporain », Annales HSS, 73-2, 2018, p. 311-439.
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[36]
Alice Ingold (dir.), n° spécial « Environnement », Annales HSS, 66-1, 2011 ; dossier « Anthropocène », Annales HSS, 72-2, 2017, p. 267-378.
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[37]
N° spécial « Writing History in the Anthropocene », Geschichte und Gesellschaft, 46-4, 2020.
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[38]
Introduction, « Une histoire à l’échelle globale », Annales HSS, 56-1, 2001, p. 3-4, ici p. 3, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796.
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[39]
Ibid., p. 4.
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[40]
Présentation du dossier « Anthropocène », Annales HSS, 72-2, 2017, p. 263-265, ici p. 263 et 264.
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[41]
Dossier « Micro-analyse et histoire globale », Annales HSS, 73-1, 2018, p. 1-159.
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[42]
Éditorial, « Tentons l’expérience », Annales ESC, 44-6, 1989, p. 1317-1323, ici p. 1321, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796.
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[43]
Jacques Revel (dir.), Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard/Éd. du Seuil, 1996.
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[44]
Hans Medick, « Turning Global? Microhistory in Extension », Historische Anthropologie, 24-2, 2016, p. 241-252.
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[45]
Forum « Microstoria e storia globale », Quaderni storici, 150, 50-3, 2015, p. 813-847 ; dossier « Micro-analyse et histoire globale », Annales HSS, 73-1, 2018, p. 1-159 ; John-Paul Ghobrial (dir.), « Global History and Microhistory », Past & Present, 242, supplément 14, 2019.
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[46]
« Éditorial », Alice Ingold (dir.), n° spécial « Environnement », Annales HSS, 66-1, 2011, p. 5-7, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796.
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[47]
Jacques Le Goff et Pierre Nora (dir.), Faire de l’histoire, Paris, Gallimard, [1974] 2011.