Notes
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[1]
GÉRARD DELILLE, Famille et propriété dans le royaume de Naples ( XVe - XIXe siècle), Rome-Paris, École française de Rome/Éditions de l’EHESS, 1985.
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[2]
De nombreux textes sont longuement cités, en italien et en traduction française.
-
[3]
Ibid., tableau 2, p. 145.
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[4]
G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., pp. 158-159.
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[5]
Ibid., figures 20 à 24.
-
[6]
GUY SAUPIN, Nantes au XVIIe siècle, vie politique et société urbaine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1996, pp. 324-332 et 354-355. L’auteur discerne trois groupes de parenté ayant pesé de façon récurrente sur la désignation des maires, mais seulement pour six cas sur dix.
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[7]
Voir le remarquable tableau 7 (G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., p. 223).
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[8]
Ibid., figures 14-15.
-
[9]
GÉRARD DELILLE, « Échanges matrimoniaux entre lignées alternées et système européen de l’alliance : une première approche », in J.-L. JAMARD, E. TERRAY et M. XANTHAKOU (dir.), En substances. Textes pour Françoise Héritier, Paris, Fayard, 2000, pp. 219-252; DAVID WARREN SABEAN, Kinship in Neckarhausen, 1700-1870, New York, Cambridge University Press, 1998, pp. 128-129; MICHEL NASSIET, Noblesse et pauvreté. La petite noblesse en Bretagne, XVe - XVIIIe siècle, Rennes, Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 1993, pp. 286-287; ID., Parenté, noblesse..., op. cit., 2000, pp. 169-172; CHRISTOPHE DUHAMELLE, L’héritage collectif. La noblesse d’Église rhénane, XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Éditions de l’EHESS, 1998.
-
[10]
FRANÇOISE HÉRITIER, L’exercice de la parenté, Paris, Gallimard/Le Seuil, « Hautes études », 1981, pp. 122-124. Rappelons que dans les systèmes semi-complexes d’alliance, il y a des prohibitions qui indiquent « les groupes sociaux définis par rapport à Ego ou les classes de consanguins par rapport au même Ego ou à un parent tiers, à l’intérieur desquels il n’est pas possible de choisir son conjoint »; dans les systèmes complexes, ce sont « des positions de parenté, définies par leur degré de proximité par rapport à Ego » qui sont prohibées (Ibid., p. 74).
-
[11]
G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., figures 8 et 9.
-
[12]
Ibid., p. 265.
-
[13]
Ibid., figure 18.
-
[14]
F. HÉRITIER, L’exercice de la parenté, op. cit., p. 16.
-
[15]
G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., p. 242.
-
[16]
Ce qui pose le problème de la comparaison avec les organisations dualistes décrites par l’anthropologie. En l’occurrence, ni les ceti ni les factions n’étaient des moitiés exogames.
-
[17]
G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., pp. 68-69.
-
[18]
Ibid., pp. 239-241.
-
[19]
RENÉ PILLORGET, « Les luttes de faction à Salon de 1608 à 1615 », Provence historique, XVIII, 1968, pp. 293-311; ID., « Luttes de factions et intérêts économiques à Marseille de 1598 à 1618 », Annales ESC, 27-3,1972, pp. 705-730.
-
[20]
ANNIE MOLINIÉ -BERTRAND, « Les hidalgos dans le royaume de Castille à la fin du XVIe siècle : approche cartographique », Revue d’histoire économique et sociale, 1,1974, pp. 51-82.
-
[21]
G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., tableau 11.
-
[22]
ID., Famille et propriété..., op. cit., p. 368.
-
[23]
ID., « Réflexions sur le “système” européen de la parenté et de l’alliance », Annales HSS, 56-2,2001, pp. 369-380, ici p. 376.
-
[24]
M. NASSIET, Parenté, noblesse..., op. cit., pp. 148-150.
-
[25]
ID., « Le problème des effectifs de la noblesse dans la France du XVIIIe siècle », Association des historiens modernistes des universités. Bulletin, no 18,1995, pp. 97-121; ID., « Les effectifs de la noblesse en France sous l’Ancien Régime », in M. FIGEAC et J. DUMANOWSKI, Noblesse française et noblesse polonaise. Mémoire, identité, culture, XVIe - XXe siècles, Pessac, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, 2006, pp. 19-43.
-
[26]
LOUIS HENRY et CLAUDE LEVY, « Ducs et pairs sous l’Ancien Régime. Caractéristiques démographiques d’une caste », Population, 15-3,1960, pp. 807-830.
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[27]
Voir STÉPHANE MAINVIELLE, Les comportements démographiques des élites bordelaises au XVIIIe siècle, Thèse de Doctorat, Université de Bordeaux-3,2003; AMAURY DU ROSEL, La noblesse de la région de Vire, 1598-1789. Étude sociologique et démographique, Thèse de Doctorat, Université de Rennes-2,2002.
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[28]
G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., pp. 154,242-244 et 260.
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[29]
ID., Famille et propriété..., op. cit., p. 15.
1Le livre que Gérard Delille nous offre sur les fondements familiaux et sociaux du pouvoir local dans la Méditerranée occidentale s’impose à l’attention pour son exceptionnelle ampleur, tant historique qu’anthropologique. Il fait suite au premier ouvrage que l’auteur a consacré au royaume de Naples, où il analysait le lien causal entre les politiques matrimoniales et la reproduction des propriétés foncières [1]. Cette nouvelle étude, exigeante et foisonnante, porte sur les fondements familiaux et sociaux du pouvoir local dans tout l’espace où celui-ci était réparti en deux ceti, deux ordres élitaires, la noblesse et les « populaires », que recoupaient souvent deux factions. La première partie compare ce type d’organisation et les modalités de son évolution dans toute la Méditerranée occidentale. La deuxième combine une étude approfondie des structures de la parenté, au sens propre de cette expression, en Italie du Sud, avec des récits et des analyses des luttes politiques, grâce aux sources [2] extraordinaires de deux localités des Pouilles, Casalnuovo et Altamura. L’analyse anthropologique est fondée principalement sur les notions de circulation et de réciprocité, qui sont mises en évidence de façon très concrète. La troisième partie montre une série cohérente de changements qui aboutit à la rupture de ces mécanismes au XVIIIe siècle. L’analyse est donc portée au cœur du fonctionnement de la parenté et du politique, et pose le difficile problème de l’explication de cette mutation.
2Commençons par le cœur de l’ouvrage, l’étude anthropologique consacrée à l’Italie du Sud au XVIe siècle. Deux ordres élitaires et inégaux existaient dans les villes et les bourgs, dont le premier était la noblesse. En dehors de la grande aristocratie – féodale et titrée – qui n’apparaît que du fait qu’elle tenait les fiefs, en Italie du Sud, c’est l’exercice du pouvoir urbain ou municipal qui était le principe de l’accès à la noblesse. Dans les villes comme Altamura, la division en deux ordres, en ceti, était instituée juridiquement; de nombreux règlements urbains précisaient le mode de répartition des charges entre eux, et réservaient en général à la noblesse les plus importantes ou les plus rémunératrices. La dignité d’une famille et son appartenance à l’un ou l’autre ordre dépendait aussi de celle de la localité où elle demeurait. Il existait autant de noblesses que de villes, ou tout au moins de rangs dans la hiérarchie urbaine, et une ascension sociale devait souvent passer par un parcours géographique vers des centres urbains de dignités supérieures. Aussi la noblesse était-elle à la fois relative et fluide. Dans des bourgs comme Casalnuovo, la bipartition de la classe dirigeante n’était pas instituée mais existait néanmoins dans les pratiques. La noblesse y était autoproclamée, n’ayant de noble « que les prétentions qu’elle affiche ». Ainsi, dans le bourg de Francavilla Fontana, le maire et les assesseurs se disaient tous nobles, tandis que les simples élus étaient tous artisans. Les paysans étaient exclus de tout exercice du pouvoir.
3L’accès aux charges municipales, électives, ne consistait presque jamais en un cursus individuel [3] mais était déterminé par la lignée et le rang de naissance. Dans les grands lignages, les branches nobles faisaient accéder leurs membres aux charges de maire et d’assesseurs, et les branches « populaires » à celles de simples élus. Selon les charges auxquelles elles accédaient, les lignées étaient considérées comme nobles ou non, et les lignages pouvaient donc comporter des lignées nobles et d’autres roturières.
4Les luttes socio-politiques, sous la forme parfois de faides violentes, avaient pour enjeux le pouvoir urbain et l’agrégation à la noblesse. Cette agrégation pouvait aussi passer par l’alliance matrimoniale et, si nécessaire, par quelque coup de force. Un autre enjeu, directement matériel celui-là, était le contrôle de la perception des impôts, notamment les « gabelles » grevant les principaux produits de consommation. Les Pouilles étant une région de grande céréaliculture, les fermes de la gabelle des farines étaient un revenu important, dont les preneurs étaient souvent des individus appartenant au ceto qui donnait des maires au village, d’où, aussi, l’importance de l’aggravation de la fiscalité centrale, du fait de la guerre au milieu du XVIIe siècle.
5Ces luttes opposaient deux factions, qui étaient composées de plusieurs lignages et recoupaient les deux ordres. Ces factions se partageaient les charges, ce qui impliquait un équilibre relatif et souvent instable. À Casalnuovo, Pirro Varrone, par ses activités allant du trafic de céréales jusqu’à l’assassinat, réussit à « noyauter » le mont-de-piété, qu’il finit, en 1587, par désigner comme son héritier universel, à la condition que les membres des lignages adverses, nommément désignés, ne puissent être élus aux charges de l’institution, en particulier à celle de prieur, d’où le titre du livre. Ainsi, ce personnage a établi un lieu de pouvoir pour conforter sa faction, mais cela revenait aussi à laisser aux familles adverses la charge de maire, qu’elles venaient de reprendre. Il est possible alors de caractériser les deux factions. Celle de la mairie, basée davantage sur les nobles que sur les « populaires », tente d’éviter le déclassement des cadets et présente une mobilité sociale restreinte : « c’est le parti de la conservation ». Celle du mont-de-piété a une base plus populaire que noble, et présente une mobilité sociale plus forte, tant ascendante que descendante : c’est un parti « plus offensif ». Ainsi une bipartition préside-t-elle à la vie sociale et politique, voire idéologique.
6Inventorions maintenant les mécanismes mis au jour. Casalnuovo offre une source exceptionnelle, le Libro Magno delle famiglie, qui rassemble les généalogies de toutes les familles ayant vécu dans ce village de la fin du XVe jusqu’au XVIIIe siècle, et permet de connaître de façon très détaillée les consanguinités et les rangs de naissance. L’auteur peut donc observer des pratiques récurrentes et des normes en matière de nuptialité, d’alliance matrimoniale et de circulation des charges municipales. Cette analyse valide de façon très significative la notion de lignage. Certains lignages comprenaient des lignées nombreuses et existaient dans la longue durée parce que l’on mariait presque tous les fils, de même que les filles. « L’aîné » était le premier des fils établis pour reproduire la lignée, à distinguer du premier-né, qui était établi dans une carrière ecclésiastique. Les stratégies de reproduction étaient différenciées selon le rang de naissance :
Si tous les hommes mariés d’une même fratrie ont chacun deux garçons, le premier en mariera un seul, les autres deux. La probabilité d’extinction des lignées aînées par rapport aux lignées cadettes est donc beaucoup plus élevée, offrant à ces dernières de fortes possibilités de « remonter » dans l’échelle sociale (dans les limites de la succession autorisée, c’est-à-dire jusqu’au septième degré) [...]. L’objectif poursuivi à travers le célibat des aînés, d’une part, la prolifération des lignées cadettes qui peuvent, en cas de nécessité, assurer la succession, d’autre part, est la pérennité et la stabilité du groupe de lignage [4].
8Une différenciation se fait non seulement entre frères, mais aussi entre lignées : les lignes aînées donnent plus de femmes qu’elles n’en reçoivent.
9Les maires appartenaient à des lignées aînées et étaient presque toujours eux-mêmes des « aînés », ce dont il résulte que des frères ne pouvaient occuper successivement une même charge importante. Les charges électives passaient de façon croisée entre les lignées, ce qui en assurait une circulation. Celles de maire et de prieur, notamment, n’étaient pas transmises de père en fils, mais d’oncle à neveu et de grand-père à petit-fils [5], ce que l’on peut appeler l’alternance des charges et qui correspond d’ailleurs à la transmission des prénoms. Les charges étaient donc attribuées non seulement à un ceto précis, mais aussi à un rang de naissance, en fonction desquels les individus étaient classés. Nous sommes ici très loin des villes de la France du Nord où, à la même époque, la charge de maire se transmettait de père en fils ou de frère en frère [6], et où l’on ne discerne pas deux factions.
10L’ensemble de ces pratiques révèle « une politique lignagère qui cherche à éviter un déclassement trop rapide des lignées puînées, de manière à permettre leur éventuelle utilisation et “récupération” [...] dans les luttes politiques et économiques que la famille doit affronter ». Entre ces lignages, ce n’est donc pas un artefact que d’observer des échanges matrimoniaux. Tout d’abord, les mariages consanguins étaient fréquents juste au-delà de l’interdit du quatrième degré, ce que le Libro Magno permet de mesurer [7]. Dans les années 1551-1600, par exemple, pour les cas où trente-deux ascendants des conjoints sont déterminés, c’est-à-dire jusqu’à la quatrième génération, il n’y a pas encore de mariages consanguins, mais leur fréquence monte à 20 % dès la cinquième, et approche de 100 % dès lors que l’on connaît une centaine d’ascendants. En outre, alors que l’interdit canonique des mariages consanguins jusqu’au quatrième degré empêchait des échanges restreints entre deux lignées avant la cinquième génération, des lignages concluaient des échanges en des délais très courts en faisant intervenir des lignées alternées. Une lignée B ayant reçu en mariage une fille d’une lignée aînée peut rendre une fille au lignage A dès la génération suivante en la donnant à une lignée cadette, car ce second mariage est consanguin mais se situe en dehors de la consanguinité interdite. Ce type de figure était parfaitement possible entre trois lignages ou plus [8]. Ainsi existaient et se perpétuaient des traditions d’alliance entre lignages. Ce type d’échange était une des causes de la fréquence des mariages consanguins. Il y a là un mécanisme de circulation sociale.
Échange restreint immédiat
Échange restreint immédiat
11De tels échanges entre lignées alternées ont été pratiqués par les familles nobles et patriciennes en France et en Allemagne [9], c’est-à-dire en pays de structures complexes d’alliances. La généralité de ces types d’alliances est plus grande encore. Tant les mariages consanguins juste au-delà de la limite de l’interdit que les échanges entre lignées alternées de deux ou plusieurs patrilignages sont conformes au modèle que Françoise Héritier a identifié chez les Samo de Haute-Volta, une société qui a des structures semi-complexes d’alliance [10] et est organisée en groupes d’unifiliation agnatique. Du point de vue de la pratique de l’alliance, au XVIe siècle, les groupes de consanguins portant un même patronyme fonctionnaient donc bien comme des patrilignages entendus au sens strict.
12Quant au pouvoir, il était, au XVIe siècle, fondé sur la parenté. En 1564-1565, le conseil municipal de Casalnuovo comprend, outre le maire, Pirro Varrone, et son plus intime ami, huit autres membres qui se situent tous dans les deux réseaux d’alliances matrimoniales polarisés par les deux premiers [11]. Dans le cas du conseil d’Altamura, en 1568-1569, son organisation réside moins dans les relations des conseillers entre eux que dans leur parenté avec un personnage extérieur au conseil qui n’est autre qu’un chef de faction (ce qui montre qu’il faut une source narrative pour interpréter un tel réseau. Plus précisément, les conseils municipaux étaient construits davantage sur des relations d’alliance que de consanguinité; elles constituèrent le mode de structuration des conseils municipaux jusque dans les premières décennies du XVIIe siècle. Il est tentant d’interpréter cette structuration des réseaux de pouvoir par l’alliance comme la conséquence directe de la forte endogamie de groupe, mais l’auteur pense, à l’inverse, que c’est la logique de réseau qui détermine l’endogamie, car les réseaux sont construits par des alliances qui appellent des réciprocités [12].
13Des mariages étaient contractés entre des individus issus des deux factions, ce qui nous amène au cœur de l’analyse. En particulier, les sœurs et les filles d’un prieur pouvaient épouser un maire, et inversement [13], car des mariages répétés entre ennemis étaient une condition nécessaire (mais non suffisante) de la paix. Ces échanges entre familles de factions opposées semblent équilibrés : en soixante ans, les lignages exclus du mont-de-piété nouent dix-sept mariages internes et vingt-deux avec ceux de la « faction Varrone », la faction adverse, un relatif équilibre qui permet donc une alternance sur deux générations. En effet, les hommes ayant accès à une charge importante étaient issus d’un mariage endogame à leur faction, tandis que ceux qui étaient issus d’un mariage exogame étaient exclus d’une telle charge. Toutes ces normes constituent un traitement cohérent de la succession des générations, de la différence des sexes et du rang de naissance, ce dont traitent les études sur les systèmes de parenté [14].
14De ces normes, remarquablement dégagées, G. Delille propose, prudemment, une interprétation structurale et une interprétation politique. Mais entre transmission des charges, types d’alliance et contraintes politiques, il y a une cohérence remarquable qu’il faut souligner. Le principe d’alternance des charges importantes (transmises d’oncle à neveu entre plusieurs lignées) était compatible et complémentaire avec la règle d’exclusion des fils d’un mariage exogame. En effet, si un maire né d’une femme issue de son propre groupe épousait une femme du groupe antagonique, son fils ne pouvait être maire à son tour, mais pouvait épouser une femme de son propre groupe, dont le fils, lui, pouvait l’être, ce qui implique l’alternance de la charge sur deux générations, et donc aussi entre deux lignées. C’est un système cohérent de pratiques de filiation et d’alliance qui est ainsi mis en évidence, une structure. En même temps, le politique avait ses propres contraintes : le maire devait être élu par l’assemblée des chefs de famille, lesquels appartenaient aux deux factions; « le fils d’un père et d’une mère appartenant au même parti est considéré de ce parti, mais en tant qu’époux d’une femme de l’autre groupe il donne suffisamment de gages à ce dernier [15] » (ce qui ne serait pas le cas d’un homme marié à une femme de son propre groupe, même si sa mère était issue de l’autre). On le voit, c’est la structure de parenté qui créait la possibilité de cette relative confiance électorale. Non seulement l’explication structurale et l’explication politique ne s’excluent pas, mais elles se complètent d’une façon nécessaire. Dans l’ensemble, l’existence de deux factions antagoniques créait une bipartition et une logique classificatoire dualiste [16] qui rend compte des règles d’alliance observées, et dont, enfin, résultait la transmission alternée des charges. Dans ce modèle, l’articulation entre la parenté et le politique est magistralement élucidée.
15Considérer le patrilignage en tant que groupe social, pratiquant des solidarités internes préférentielles et ayant une conscience de lui-même n’implique nullement de lui attribuer une homogénéité pérenne et absolue. Ces lignages aux lignées nombreuses sont susceptibles de segmentation, de dissociation : des branches d’un même lignage adhéraient à des partis opposés, l’histoire politique de la Renaissance italienne en offre de multiples exemples. À Altamura, une source narrative exceptionnelle permet d’identifier la position politique de tous les protagonistes. Des luttes violentes y ont sévi dans les années 1560 jusqu’à ce qu’une alliance matrimoniale soit conclue entre un parent du chef d’une faction et une Filo, appartenant au lignage du chef de l’autre faction, mais cette paix par un mariage a été acquise au prix de la rupture de l’unité politique du lignage Filo. Or les nouvelles adhésions politiques des Filo ne se conforment pas à la proximité généalogique la plus étroite. G. Delille propose alors de distinguer deux contextes de segmentation lignagère : un conflit privé, dans lequel la segmentation se ferait selon la plus grande proximité de consanguinité, et un autre, politique, dans lequel elle s’accomplirait selon le plus grand éloignement. Cette distinction est une intéressante contribution pour penser la complexité du réel. Ainsi, un meurtre sur le parvis de la cathédrale d’Altamura en 1580 pourrait être interprété non comme un affrontement entre factions, mais comme un règlement de compte entre un chef de faction et un opposant particulier. De là, la seconde partie se conclut sur l’hypothèse que des réseaux différents seraient activables en fonction de la nature du problème affronté (privé, familial, public ou politique). Ainsi s’expliquerait que des individus se définissant comme « ennemis principaux », lorsqu’ils s’affrontent sur des problèmes internes à la communauté, puissent se retrouver alliés dans un conflit plus vaste opposant la communauté au feudataire ou au pouvoir central, ou reliés à la même faction au niveau central, comme l’auteur en signale un cas à Logroñ o, en Espagne [17].
16En effet, n’entendant pas se limiter à un cadre contextuel étroit qui ne permettrait pas de déceler des phénomènes généraux, G. Delille se livre, dans la première partie, à une vaste démarche comparative. Il distingue trois grandes aires et trois types d’évolution : l’Italie du Sud et l’Espagne, où la dialectique nobles/ populaires a perduré pendant toute l’époque moderne; l’Italie du Nord et du Centre, où les deux ordres élitaires se sont fondus en un seul, unique et fermé; la Provence, où le pouvoir urbain a été investi par une oligarchie.
17En Italie du Nord et du Centre, la fusion des noblesses militaires anciennes, souvent minoritaires, et des patriciats issus du commerce ou de la justice a abouti à la formation d’un ceto unique de gouvernement urbain. Les modalités de ce processus, diverses, ont varié du gouvernement « populaire » réservé aux citoyens inscrits dans les corporations et excluant les nobles, comme à Florence, au gouvernement aristocratique dont Venise a donné l’exemple avec la Grande serrata de 1297, jusqu’aux gouvernements mixtes qui, par une fusion sociopolitique des nobles et des populaires, ont évolué vers des constitutions aristocratiques (Gênes 1528, Pavie 1549). Les factions et leurs luttes violentes ont disparu, au prix d’un passage à l’hérédité des charges et de la paralysie des mécanismes de circulation sociale.
18En Italie du Sud et en Espagne, en revanche, la bipartition du pouvoir local s’est perpétuée, et G. Delille nous livre là une précieuse synthèse de la très volumineuse bibliographie espagnole. Les ressemblances sont particulièrement étroites entre le royaume de Naples et la couronne d’Aragon, qui ont anciennement partagé la même dynastie et ont en commun de ne pas avoir connu la vénalité des charges locales. À Alicante, notamment, l’auteur retrouve un cas de circulation alternée d’une charge [18], d’ailleurs anoblissante, un argument fort pour fonder l’hypothèse d’une identité de fonctionnement sociopolitique de part et d’autre de la Méditerranée. En Castille, la grande majorité des municipalités attribuèrent une moitié des charges aux nobles et une autre aux pecheros : c’est la mitad de oficios, et la bipartition est donc ici aussi très claire. Au XVe siècle, la violence collective y prenait la forme d’affrontements entre bandos, toujours au nombre de deux et composées de linajes. En effet, c’est très tôt que la noblesse de Castille s’est conçue d’après la naissance, c’est-à-dire comme une noblesse de sang, ce qui a exclu toute fusion en un patriciat. Selon cette analyse, les mentalités constituent donc une des variables. La différence avec la couronne d’Aragon tient à ce que l’introduction de la vénalité des offices municipaux a exclu les pratiques d’alternance et impliqué l’hérédité père-fils.
19En Provence, enfin, la division en estats persistait dans plusieurs villes (Arles, Salon, Tarascon) à la fin du XVIe siècle. Pendant la Ligue, et même jusqu’en 1618 à Marseille, les conflits présentaient encore le caractère de luttes entre deux factions. Mais, généralement, le pouvoir urbain a été investi par une classe dirigeante unique fondée sur la richesse, avec parfois une définition censitaire précise, cas le plus fréquent en France.
20Il faudrait intégrer à cette comparaison une autre variable, la densité du peuplement nobiliaire et sa proportion urbaine, car, pour prétendre aux charges urbaines, un ceto avait besoin d’une certaine masse démographique. On sait que les noblesses italiennes étaient souvent urbaines. En Provence, René Pillorget explique cette évolution (des estats à la richesse) par la faible présence des nobles [19], et, effectivement, c’est à Arles, où la division en estats s’est maintenue le plus longtemps, qu’ils étaient les plus nombreux. En France, dans l’ensemble, la noblesse ne constituait que 1 % de la population en 1700, et avait une implantation souvent majoritairement rurale. En Castille en revanche, non seulement les hidalgos étaient très nombreux (10 % des foyers), mais encore, sauf dans les provinces du Nord, leur concentration urbaine était supérieure à la concentration urbaine générale [20].
21Ce qui intéresse G. Delille, dans ce panorama comparatif, ce sont les modalités du rapport avec le pouvoir central. En Italie du Nord et du Centre, il n’y a guère eu de fortes interventions de celui-ci, à la différence de la Castille et de la France. Une des questions fondamentales qui se posait aux monarchies des XVe et XVIe siècles était la violence locale, dont la maîtrise nécessitait la stabilisation des municipalités. En Castille, la répartition par moitiés fut introduite ou imposée par le pouvoir royal à la demande de la noblesse pour établir un équilibre des forces et une paix de compromis entre la minorité privilégiée et les populaires. D’Isabelle à Charles Quint, et avec l’intervention du pouvoir royal, la création d’offices perpétuels et la vénalité furent justifiés par la nécessité de mettre fin aux désordres et aboutirent à la disparition des élections. Les factions locales ont dû composer avec les factions actives au niveau central. Ainsi la conflictualité entre lignages s’est-elle effacée, au prix du renforcement des privilèges de la noblesse et de sa fermeture. Dans les villes provençales aussi, aux enjeux locaux s’ajoutait l’inscription des factions dans des conflits généraux, « nationaux » : après 1598, s’opposer à la volonté royale est devenu une faute majeure. Par rapport aux Pouilles, où les autorités de tutelle n’intervenaient guère que lorsqu’elles avaient été sollicitées par l’une ou l’autre des factions, la spécificité du cas provençal consiste dans un rapport beaucoup plus étroit du pouvoir local au pouvoir central.
22Enfin, la démarche de G. Delille trouve tout son sens dans le fait qu’il met en évidence une véritable mutation à partir du XVIIe siècle, dont les conséquences au XVIIIe sont multiples. Dans la noblesse, les familles ont adopté la primogéniture, c’est-à-dire qu’elles n’ont plus marié qu’un seul fils, généralement l’aîné, et une seule fille. À Casalnuovo, parmi les familles nobles (et non chez les « populaires »), la proportion des hommes mariés passe de 78 % dans les années 1551-1600 à 38 % dans les années 1701-1750 [21]. Dans les carrières ecclésiastiques en particulier, ce n’est plus le premier-né qui est établi, et seulement lui, mais des cadets, et en des proportions croissantes. Les conséquences ont affecté la parenté, les élites et le pouvoir local. Premièrement, les lignages se sont réduits à des lignées isolées. En cas d’extinction, il n’y avait plus de lignée co-lignagère pour recueillir la succession collatérale, ce qui a affecté la transmission des biens : les dévolutions de biens de familles nobles à l’État se sont ainsi multipliées. La succession alternée aux charges électives est devenue impossible et a été remplacée par la transmission héréditaire de père en fils. En vue du mariage, les échanges entre lignées alternées sont devenues également impossibles; il n’y avait plus guère de cousins, et il fallait choisir entre des étrangers et des parents très proches. G. Delille avait déjà signalé l’augmentation du nombre des mariages de consanguins très proches aux XVIIIe - XIXe siècles [22], que David Sabean observe aussi à Neckarhausen, et qui serait due à la diffusion du nouveau modèle aristocratique dans le corps social [23]. Ce dilemme matrimonial (choisir entre de futurs conjoints très proches ou étrangers) était particulièrement contraignant pour les filles sans frères, héritières, qui en arrivaient à épouser leur oncle. L’auteur pense que cela prohibait les mariages entre ordres différents parce que l’alliance d’une fille noble avec un roturier risquait, si elle devenait héritière, de faire passer le patrimoine dans une famille roturière, mais on peut faire le raisonnement inverse et considérer que c’est la volonté de ne plus conclure des unions inégales qui aurait amené les familles à marier un seul enfant de chaque sexe, car le mariage de plusieurs filles impliquait nécessairement de les marier à un niveau inférieur [24].
23Deuxièmement, en vue du pouvoir local, les familles nobles n’ont plus disposé d’assez d’hommes pour fournir des titulaires aux charges municipales qu’elles avaient l’habitude d’occuper. Il a fallu rappeler les mêmes personnages aux mêmes charges, c’est-à-dire recourir aux mandats répétés, auxquels ont fait suite des mandats pluriannuels : d’où la rupture des mécanismes d’alternance, et une crise du système politique local. Troisièmement, enfin, et plus brutalement, cette évolution a provoqué un effondrement de la noblesse qui est avéré dans maintes régions d’Europe. À Venise, le nombre des nobles est passé de 6 500 en 1568 à 3 400 à la fin du XVIIIe siècle, et cette baisse a affaibli la structure politique de la ville comme de l’État et diminué la capacité d’expansion économique de la classe dirigeante.
24Il y a donc là un phénomène majeur, aux implications multiples, dont il faut essayer de rendre compte. Une des explications les plus fréquemment invoquées est d’ordre économique : dans une période de croissance démographique, beaucoup de familles auraient opté pour une stricte limitation du mariage des enfants afin de mieux établir un seul héritier. G. Delille pense que cette hypothèse ne résiste pas à une analyse des faits. Pour le moins, cette explication n’a qu’une valeur très partielle, et d’autres causes ont dû jouer, sociales et politiques. L’hypothèse de l’auteur réside dans les rapports avec le pouvoir central : l’État moderne n’aurait plus eu besoin de ces lignages hiérarchisés comme intermédiaires avec la société civile, des intermédiaires dangereux car volontiers rebelles. Il reste cependant à préciser comment l’incontestable progrès de l’État a provoqué cette mutation du comportement des familles, et ce remplacement de lignages diversifiés par des lignées isolées. Cette hypothèse sur le rôle du rapport au pouvoir central n’est pas discutée en fonction des différents types identifiés dans le panorama comparatif établi, et c’est là, que la démonstration reste inachevée.
25Pour mieux discerner des hypothèses explicatives, il faudrait préciser dans quelle mesure l’option pour la primogéniture a effectivement été généralisée. En France aussi, c’est-à-dire pour une population noble bien plus nombreuse, l’effectif de la noblesse a fortement baissé [25] : entre 1700 et 1785, la baisse du nombre des chefs de famille est supérieure au tiers. Mais on manque de mesures sur le célibat masculin (celui des ducs et pairs était compris entre 17 % et 27 %). On peut se demander si, en pays de droit coutumier, où le droit successoral avait un caractère obligatoire et assurait une légitime aux cadets, la réduction de la nuptialité a été aussi drastique qu’en pays de droit écrit et là où existait le fidéicommis. Il est vrai que les carrières militaires, plus nombreuses du fait de la croissance formidable des armées, ont retardé le mariage de nombreux officiers, quand elles ne les ont pas empêchés de se marier, et l’on retrouverait là une cause du changement démographique inhérente à l’État moderne. Il faudra bien consacrer encore à la noblesse des études de démographie historique par régions et par milieux professionnels, notamment en France, où l’article de Louis Henry [26] cache la forêt de nos ignorances [27].
26On le voit, l’ampleur des problématiques de ce livre est à l’égale de celle de la documentation mise en œuvre. Nous avons là une analyse multi-variables, combinant parenté (alternance ou hérédité) et politique (répartition des pouvoirs et jeux d’échelle), relations sociales (réseaux d’alliances et factions), enjeux économiques et mentalités. Elle nourrit aussi des réflexions sur les rapports entre la structure, le politique et l’événement [28]. La structure n’exclut pas l’intervention des individus, ni l’événement (par exemple un coup de force pour accéder à la charge de maire) : « La structure n’exclut pas l’événement, elle compose avec lui. » Mais cette composition n’aboutit pas nécessairement au changement. Dans le vaste ensemble présenté ici, c’est la modification d’une pratique inhérente à la nuptialité, répétée et généralisée, qui finit par bouleverser la structure.
27« L’historien ne peut pas faire comme l’anthropologue, il ne peut pas être l’anthropologue du XVe, du XVIe ou du XVIIe siècle », écrivait Gérard Delille en 1985 [29]. Grâce, il est vrai, à la richesse exceptionnelle de ses sources, qui fait que cette prouesse n’est pas communément reproductible, ce très grand livre articule une démarche d’anthropologue et une démarche d’historien. À partir d’analyses poussées aussi loin que possible, et pour un très vaste espace, Le maire et le prieur est la compréhension du fonctionnement d’une société qui réunit la parenté et le politique.
Généalogie de la famille Pasanisa.
Généalogie de la famille Pasanisa.
Date de mise en ligne : 01/05/2006.
Notes
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[1]
GÉRARD DELILLE, Famille et propriété dans le royaume de Naples ( XVe - XIXe siècle), Rome-Paris, École française de Rome/Éditions de l’EHESS, 1985.
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[2]
De nombreux textes sont longuement cités, en italien et en traduction française.
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[3]
Ibid., tableau 2, p. 145.
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[4]
G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., pp. 158-159.
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[5]
Ibid., figures 20 à 24.
-
[6]
GUY SAUPIN, Nantes au XVIIe siècle, vie politique et société urbaine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1996, pp. 324-332 et 354-355. L’auteur discerne trois groupes de parenté ayant pesé de façon récurrente sur la désignation des maires, mais seulement pour six cas sur dix.
-
[7]
Voir le remarquable tableau 7 (G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., p. 223).
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[8]
Ibid., figures 14-15.
-
[9]
GÉRARD DELILLE, « Échanges matrimoniaux entre lignées alternées et système européen de l’alliance : une première approche », in J.-L. JAMARD, E. TERRAY et M. XANTHAKOU (dir.), En substances. Textes pour Françoise Héritier, Paris, Fayard, 2000, pp. 219-252; DAVID WARREN SABEAN, Kinship in Neckarhausen, 1700-1870, New York, Cambridge University Press, 1998, pp. 128-129; MICHEL NASSIET, Noblesse et pauvreté. La petite noblesse en Bretagne, XVe - XVIIIe siècle, Rennes, Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 1993, pp. 286-287; ID., Parenté, noblesse..., op. cit., 2000, pp. 169-172; CHRISTOPHE DUHAMELLE, L’héritage collectif. La noblesse d’Église rhénane, XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Éditions de l’EHESS, 1998.
-
[10]
FRANÇOISE HÉRITIER, L’exercice de la parenté, Paris, Gallimard/Le Seuil, « Hautes études », 1981, pp. 122-124. Rappelons que dans les systèmes semi-complexes d’alliance, il y a des prohibitions qui indiquent « les groupes sociaux définis par rapport à Ego ou les classes de consanguins par rapport au même Ego ou à un parent tiers, à l’intérieur desquels il n’est pas possible de choisir son conjoint »; dans les systèmes complexes, ce sont « des positions de parenté, définies par leur degré de proximité par rapport à Ego » qui sont prohibées (Ibid., p. 74).
-
[11]
G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., figures 8 et 9.
-
[12]
Ibid., p. 265.
-
[13]
Ibid., figure 18.
-
[14]
F. HÉRITIER, L’exercice de la parenté, op. cit., p. 16.
-
[15]
G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., p. 242.
-
[16]
Ce qui pose le problème de la comparaison avec les organisations dualistes décrites par l’anthropologie. En l’occurrence, ni les ceti ni les factions n’étaient des moitiés exogames.
-
[17]
G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., pp. 68-69.
-
[18]
Ibid., pp. 239-241.
-
[19]
RENÉ PILLORGET, « Les luttes de faction à Salon de 1608 à 1615 », Provence historique, XVIII, 1968, pp. 293-311; ID., « Luttes de factions et intérêts économiques à Marseille de 1598 à 1618 », Annales ESC, 27-3,1972, pp. 705-730.
-
[20]
ANNIE MOLINIÉ -BERTRAND, « Les hidalgos dans le royaume de Castille à la fin du XVIe siècle : approche cartographique », Revue d’histoire économique et sociale, 1,1974, pp. 51-82.
-
[21]
G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., tableau 11.
-
[22]
ID., Famille et propriété..., op. cit., p. 368.
-
[23]
ID., « Réflexions sur le “système” européen de la parenté et de l’alliance », Annales HSS, 56-2,2001, pp. 369-380, ici p. 376.
-
[24]
M. NASSIET, Parenté, noblesse..., op. cit., pp. 148-150.
-
[25]
ID., « Le problème des effectifs de la noblesse dans la France du XVIIIe siècle », Association des historiens modernistes des universités. Bulletin, no 18,1995, pp. 97-121; ID., « Les effectifs de la noblesse en France sous l’Ancien Régime », in M. FIGEAC et J. DUMANOWSKI, Noblesse française et noblesse polonaise. Mémoire, identité, culture, XVIe - XXe siècles, Pessac, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, 2006, pp. 19-43.
-
[26]
LOUIS HENRY et CLAUDE LEVY, « Ducs et pairs sous l’Ancien Régime. Caractéristiques démographiques d’une caste », Population, 15-3,1960, pp. 807-830.
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[27]
Voir STÉPHANE MAINVIELLE, Les comportements démographiques des élites bordelaises au XVIIIe siècle, Thèse de Doctorat, Université de Bordeaux-3,2003; AMAURY DU ROSEL, La noblesse de la région de Vire, 1598-1789. Étude sociologique et démographique, Thèse de Doctorat, Université de Rennes-2,2002.
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[28]
G. DELILLE, Le maire et le prieur..., op. cit., pp. 154,242-244 et 260.
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[29]
ID., Famille et propriété..., op. cit., p. 15.