Notes
-
[1]
Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou le métier d’historien, Paris, Armand Colin, 1997, p. 51.
-
[2]
Alain Fleischer, Les angles morts, Seuil, 2003, p. 11.
-
[3]
Comme anthropologue travaillant depuis les années 1990 sur l’histoire de la Shoah à Bordeaux et sur ses mémoires. Voir Carole Lemee, L’ombre du passé, Paris, Hachette collection édition n° 1, 1998.
-
[4]
Mené par les coordinateurs mentionnés avec l’équipe de recherche Clare (Cultures, littératures, arts, représentations esthétiques), et auquel les étudiant.e.s Samuel Amiel, Mélany Frouin, Florence Monchanin-Lion, Alyson Saldot et Julia Unzueta, en master d’allemand et d’arts plastiques, furent associés.
-
[5]
Les Stolpersteine conçues, réalisées, et posées par l’artiste Allemand Gunter Demnig.
-
[6]
Installée en 2014, elle fait depuis partie intégrante de son mobilier.
-
[7]
Carole Lemee, « La réinscription généalogique face à la césure anthropologique de la Shoah », Holocaust Studii si Cercetari, vol. IV, 1 : 158-172.
-
[8]
Depuis le 6 avril 2017, 4 place St Pierre.
-
[9]
Le concept d’agit mémoriel que j’avais créé dans le cadre de mon doctorat « recouvre le champ de tous les actes, actions et effets relatifs aux rapports d’altérité et d’identité que des personnes et des groupes établissent entre des temps passés et des temps présents, dans une tension vers l’avenir. Ces actes, actions et leurs effets s’engagent à partir d’échanges sociaux (directs ou médiatisés) ayant cours soit dans des temporalités ordinaires, soit dans celles extraordinaires, ou dans les deux. Les échanges interindividuels et plus largement collectifs qui les portent sont toujours contingentés par des contextes événementiels. Ceux-ci forment donc un ensemble avec ce qui est stricto sensu lié à la structuration sociale et culturelle », in Carole Lemee, « Réappropriation culturelle dans les mondes yiddish », Ethnologie Française, vol. XXXVII, n° 3, 2017, p. 493-494.
-
[10]
Henry Rousso au sujet des notions « mémoire » et « mémorialisation » propose de retenir « La mémoire se comprend (…) comme un ensemble de discours, d’attentes, de revendications, de pratiques, de politiques, de réalisations ayant pour objectif de représenter le passé en général, et certains épisodes historiques en particulier. On parlera à ce sujet de mémorialisation, un anglicisme qui signifie une mise en mémoire comme on dit une mise en récit », Face au passé, Paris, Belin, 2016, p. 20-21.
-
[11]
De sincères remerciements à Agnès Vatican, Delphine Jamet et Stéphanie Deveau des Archives Départementales de la Gironde, et à Sébastien Chevereau des Archives Départementales d’Indre-et-Loire.
-
[12]
Le chiffre varie par ailleurs aussi, selon que je ne prends que l’intervalle de décembre 1940 ou que j’inclus les 7 premiers mois de 1941.
-
[13]
Christian Ghasarian (dir.), De l’ethnographie à l’anthropologie réflexive. Nouveaux terrains, nouvelles pratiques, nouveaux enjeux, Armand Colin, Paris, 2002.
-
[14]
Jacques Revel, « Micro-analyse et construction du social », Jeux d’échelle. La micro-analyse à l’expérience, Paris, EHESS-Gallimard-Seuil, 1996, p. 17.
-
[15]
Tel Gérard Nahon, Juifs et judaïsme à Bordeaux, Bordeaux, éd. Mollat, 2003.
-
[16]
Tel Dominique Lormier, Bordeaux sous l’occupation, La Crèche, Geste éditions, 2015.
-
[17]
Tels René Terrisse, Bordeaux 1940-1944, Paris, Perin, 1994, et Michel Slitinsky, Le pouvoir préfectoral à Bordeaux, Bordeaux, éd. Wallada, 1988.
-
[18]
Sophie Paisot-Béal et Roger Prévost, Histoire des camps d’internement en Indre-et-Loire, Joué-Lès-Tours, éd. La Simarre, 1993.
-
[19]
Paul Lévy, Un camp de concentration français, Paris, Seres, 1995.
-
[20]
Tels ceux de Renée Poznanski, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, Paris, 1997 (1994), p. 94-95, Serge Klarsfeld, Le calendrier de la persécution des Juifs, vol. 2 et vol. 3, Paris, Fayard, 2001.
-
[21]
Denis Peschanski, Les Tsiganes en France 1939-1946, Paris, CNRS éditions, 2015(2010), p. 26 ; Emmanuel Filhol, La mémoire et l’oubli, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 28 ; Emmanuel Filhol et Marie-Christine Hubert, Les Tsiganes en France, Paris, Perrin, 2012, p. 89-103.
-
[22]
Anne Grynberg, Les camps de la honte, Paris, La Découverte, 1999 (nouvelle éd.) ; Denis Peschanski, La France des camps. L’internement 1938-1946, Paris, Gallimard, p. 104-107 et p. et 320. Florent Leruste, Juifs à Bordeaux (1940-1944) : le camp de Mérignac Beaudésert, Suresnes, éd. du Net, 2014, p. 120. Dans la brochure aussi Les camps d’internement en France 1939-1944, Paris, éd. Amicale des Déportés d’Auschwitz, 2002, p. 6.
-
[23]
Michel de Certeau, « L’opération historique », in Jacques Le Goff et Pierre Nora (dir.), Faire de l’histoire. I. Nouveaux problèmes, Paris, Folio, 1986 (1974), 19-68.
-
[24]
À l’exception des travaux de Serge Klarsfeld, op. cit.
-
[25]
Une étude en anthropologie historique menée depuis l’anthropologie elle-même, les termes anthropologie et ethnologie renvoyant en France à la même discipline.
-
[26]
Voir notamment Alban Bensa, « De la micro-histoire vers une anthropologie critique », in Jacques Revel (dir.), Jeux d’échelle. La micro-analyse à l’expérience, Paris, EHESS-Gallimard-Seuil, 1996, p. 37-70.
-
[27]
Bernard Lepetit, « Le présent de l’histoire », Les formes de l’expérience, Paris, Albin Michel, 2013, p. 349-350.
-
[28]
Concept anthropologique central depuis Georges Balandier, « La situation coloniale : approche théorique », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 11, 1951, p. 44-79.
-
[29]
Voir Tal Bruttmann, Ivan Ermakoff, Nicolat Mariot et Claire Zalc, « Changer d’échelle pour renouveler l’histoire de la Shoah », Pour une micro-histoire de la Shoah, Le Genre humain, n° 52, p. 11-15.
-
[30]
Voir Vincent Descombes dans sa mise en garde des effets tautologiques générés par les approches holistes collectivistes, dans Les institutions du sens, Paris, éd. de Minuit, 1996.
-
[31]
Aux Archives départementales.
-
[32]
À Lodz pour Chana en 1901, et à Tomaszov pour Abraham en 1898.
-
[33]
https://www.findagrave.com/memorial/107662238/chana-baumgart; dernière consultation 7 mai 2018.
-
[34]
Ils vivent en Israël et aux États-Unis.
-
[35]
Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la Déportation, Paris, éd. Fils et Filles de Déportés Juifs de France, 1978, p. 90.
-
[36]
Serge Klarsfeld, ibid., p. 305.
-
[37]
L’analyse des listes des déportés des convois partis de France montre que du premier d’entre eux le 27 mars 1942 au convoi n° 18 inclus du 12 août 1942, aucun enfant de moins de 14 ans n’est déporté à Auschwitz.
-
[38]
Carlo Ginzburg, Mythes, emblèmes, traces, Paris, Flammarion, p. 146.
-
[39]
Archives nationales, F/23/229.
-
[40]
Les Strasbourgeois étaient dirigés vers Périgueux puis ailleurs en Dordogne. Voir Philippe Nivet dans « Les réfugiés de guerre dans la société française 1914-1946 », Revue Histoire, Économie et Société, n° 2, 2004, p. 254.
-
[41]
M. Luxembourg, « Les Alsaciens dans les Départements du Gers et des Landes », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest Européen, 1940, 11-1, p. 26.
-
[42]
Gérard Nahon, op. cit., p. 282.
-
[43]
Analyse que j’ai effectuée de toutes les archives contenues dans les cotes AD33-44Wde 1 à 66, en AD33-71W1et AD35W2.
-
[44]
AD33-44w11-675.
-
[45]
Je n’ai pas encore réussi à retrouver leur dossier d’évacués. Il n’existe peut-être plus, ou ils avaient gagné Bordeaux par leurs propres moyens et pas demandé d’allocation de réfugié.
-
[46]
Archives Départementales du Bas-Rhin, http://archives.bas-rhin.fr/media/103721/02Evacuation1939-1940.pdf.
-
[47]
Pour Philippe Nivet, 630 000 Alsaciens et Mosellans sont évacués en septembre 1939, op. cit., p. 254.
-
[48]
M. Luxembourg, op. cit., p. 24.
-
[49]
Ibid., p. 25.
-
[50]
Ibid., p. 26.
-
[51]
L’ordonnance pour la préfecture de la Gironde, AD33-103W25-5.
-
[52]
AD33-44W11-674 et AD33-44W11-675.
-
[53]
La Petite Gironde du 17 octobre 1940, « Avis aux Israélites », in Carole Lemee, « exposition Convoi du 12 janvier 1944 : arrestations, internements, déportations », déposée aux Archives Départementales de la Gironde, module 2.
-
[54]
Formulation de son intitulé.
-
[55]
AD33-103W25-7.
-
[56]
Parue le 19, dans La Petite Gironde du 17 octobre 1940, « Un dernier avis aux Israélites », in Carole Lemee, op. cit.
-
[57]
AD33-44W11-677.
-
[58]
Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Paris, Romillat, 1992, p. 87-89.
-
[59]
Dominique Rémy, ibid., p. 91-92.
-
[60]
Dans La Petite Gironde, « Le règlement de la situation des Israélites en France », in Carole Lemee, op. cit., module 2.
-
[61]
La Petite Gironde, 19 octobre 1940, in Carole Lemee, op. cit., module 2.
-
[62]
Éric Alary, « Les Juifs et la ligne de démarcation », Les Cahiers de la Shoah, 2001, vol. 1, n° 5, p. 18.
-
[63]
Le 27 novembre 1940, sur 317 Tsiganes internés, 75 avaient moins de 5 ans, 25 moins de 10 ans, et une trentaine entre 10 ans et 18 ans. Rapport au Préfet, AD33-58W82.
-
[64]
Emmanuel Filhol et Marie-Christine Hubert, Les Tsiganes en France, un sort à part 1939-1946, Paris, Perrin, 2012, p. 88-89.
-
[65]
AD33-71W1 ; AD33-58W82.
-
[66]
AD33-58W82.
-
[67]
AD33-58W82.
-
[68]
Rapport du 7 décembre 1940 du directeur du camp de Mérignac au préfet, AD33-58W82 ; AD33-71W6.
-
[69]
AD33-104W15.
-
[70]
Dans les multiples liasses des cotes AD33-104W15, AD33-104W16, AD33-104W17, AD33-104W18, AD33-104W19, AD33-104W20 ; AD33-104W21, AD33-104W22.
-
[71]
Dans les diverses liasses de l’AD33-58W82.
-
[72]
Grâce aussi à l’aide de l’archiviste Delphine Jamet.
-
[73]
AD33-104W17 et AD33-104W20.
-
[74]
Les modalités de la remise des convocations par des gendarmes en uniforme sont décrites dans plusieurs procès-verbaux conservés aux Archives Départementales.
-
[75]
AD33-104W17.
-
[76]
AD33-104W15.
-
[77]
Les deux récépissés, AD33-104W17.
-
[78]
Plusieurs archives ne pouvant ici être détaillées permettent de le comprendre.
-
[79]
Numéraire du train n° 1 du 1.12 1940, AD-1004W15.
-
[80]
Liste d’émargement du convoi du 1er décembre 1940, AD33-104W20.
-
[81]
AD33-104W17 ; AD33-104W18 ; AD33-104W20.
-
[82]
AD33-104W18 ; AD33-104W19 ; AD33-104W20 ; AD33-104W21 ; AD33-104W22.
-
[83]
AD33-104W23.
-
[84]
AD33-104W23.
-
[85]
AD33-104W23.
-
[86]
AD33-104W15 ; AD33104W25.
-
[87]
91 personnes et 364 de plus de 15 ans.
-
[88]
456 personnes et 389 de plus de 15 ans.
-
[89]
Je n’ai pu commencer à travailler sur les listes des archives du camp de Monts que le 17 mai 2018.
-
[90]
AD33-104W15.
-
[91]
Note du commandant au préfet, AD33-45W1.
-
[92]
Voir Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Paris, Romillat, 1992, p. 83-85.
-
[93]
Ordre 3466/W./F. de recensement signé Wagner, AD33-104W15.
-
[94]
AD33-104W15.
-
[95]
Ordonnance du refoulement en allemand, AD33-104W15.
-
[96]
Courrier de Wagner sur la modification du jour, AD33-104W15.
-
[97]
AD33-104W15.
-
[98]
Courrier du chef d’escadron d’Abadie aux commandants de section et de brigades, AD33-104W15.
-
[99]
Voir Carole Lemee, Convoi du 12 janvier 1944 : arrestations, internements, déportations, Bordeaux, Archives Départementales de la Gironde, 2014.
-
[100]
Lettre du Préfet au Commissaire divisionnaire de Police spéciale, 27.11.1940, AD33-104W15.
-
[101]
Annonce coercitive transmise aux refoulés, figurant dans tous les documents des consignes remises aux forces de l’ordre pour l’exécution sur le terrain.
-
[102]
Précision figurant dans l’ordre au commandant de la gendarmerie, 27.11.1940, AD33-104W15.
-
[103]
Plainte d’Albert Chatel de deux pages, le 30.06.1946, AD33-104W19.
-
[104]
Elle s’est déroulée à Paris. Elle est considérée rétrospectivement comme la première rafle en France, même si son mode opératoire fut une convocation comme pour les refoulements de Gironde en décembre 1940.
-
[105]
Agathe Dermersen, « La rafle du billet vert et les campagnes antisémites du journal Le Matin », Histoire et mémoires vivantes, n° 10, 2017, p. 14. Voir aussi David Diamant, Le billet vert, Paris, éd. Du Renouveau, 1977.
-
[106]
Elles figurent dans différentes cotes dont en AD33-104W20.
-
[107]
État nominatif par nationalité, AD37-120W17.
-
[108]
Entre l’après-midi du 1.12 et le 2.12. 1940.
-
[109]
AD33-104W15 et AD33-104W25.
-
[110]
Terme employé par mes interlocuteurs juifs survivants de la Shoah en France.
-
[111]
Lettre de Wagner au Préfet, 3.12.1940, AD33-104W14.
-
[112]
Voir Laurent Joly, Vichy dans la Solution finale, Paris, Grasset, 2006, p. 67-181.
-
[113]
État nominatif des Israélites étrangers arrivés au camp de La Lande 05.12.1940, AD37-120W17.
-
[114]
L’avant dernier des convois Bordeaux-Drancy, le 12.01.1944. Voir Carole Lemee, op. cit.
-
[115]
Salomé, sa mère Régine, et ses deux sœurs de 6 et 3 ans en 1940 décèderont à Auschwitz en février 1943.
-
[116]
Trente personnes de plus de 15 ans et les enfants avec eux furent dans le convoi suivant. AD33-104W20.
-
[117]
Il s’appelait encore Jérôme Skorka comme les autres membres de sa famille internés avec lui, Sladka, Jacob et Léon ayant été déportés de La Lande et assassinés à Auschwitz. Il est décédé en 2013.
-
[118]
L’autre survivant fut Michel Gelber décédé en 1996.
-
[119]
Fin octobre 1941, mais il fut déporté à Auschwitz plus tard dans d’autres circonstances.
-
[120]
Rapport du préfet au ministre et à la Direction de la Sûreté nationale en date du 12.12.1940, AD33-104W15.
-
[121]
Jérôme Scorin, L’itinéraire d’un adolescent juif de 1939 à 1945, imprimerie Christmann, 1997, p. 19.
-
[122]
Le chiffre est corroboré par les documents de la Feldkommandantur de Bordeaux et la préfecture de la Gironde, où des trains pouvant emmener jusqu’à 800 personnes avaient été prévus, AD33-104W15.
-
[123]
AD37-120W1.
-
[124]
Lettre du préfet d’Indre-et-Loire au délégué du Ministre de l’Intérieur, le 3.12.1940, AD37-120W1.
-
[125]
Lettre du préfet au commandant de la Feldkommandantur, le 3.07.1941, relatant la procédure habituelle depuis décembre 1940, AD37-120W17.
-
[126]
AD36-120W32-0138 à 0142. Serge Klarsfeld avait publié les cartes des enfants en 1994 dans le Mémorial des enfants Juifs déportés de France, p. 382, p. 383, et p. 793.
-
[127]
Rapport du préfet d’Indre-et-Loire à l’inspecteur des camps d’internement, 9.12.1941, AD37-120W15.
-
[128]
Selon Denis Peschanski, « les dépenses furent jusqu’au 1.08.1941 prises en charge par la Direction des réfugiés », op. cit., p. 105. Des documents de la cote AD37-120W1 montrent que cela s’est encore poursuivi à l’automne dans une période intermédiaire.
-
[129]
États nominatifs par nationalité, 2 listes AD37-120W17.
-
[130]
Voir par exemple AD37-120W17-0035.
-
[131]
Liste nominative par profession, AD37-120W17-0565.
-
[132]
État des enfants juifs ayant une déclaration de nationalité française, AD37-120W17.
-
[133]
Jérôme Scorin, op. cit., p. 23, et États nominatifs des Israélites autorisés à habiter à Tours, AD37-120W17.
-
[134]
États nominatifs des Israélites autorisés à habiter à Monts AD37-120W17.
-
[135]
États nominatifs des Israélites devant revenir au camp, février 1941, et mai 1942, AD37-120W17.
-
[136]
AD37-120W15.
-
[137]
Avec interdiction de quitter le lieu de résidence assigné à partir du 8.03.1941, sur ordre allemand, AD37-120W1.
-
[138]
Rapport du directeur du camp à l’inspecteur des camps d’internement, 9.12.1941, AD37-120W15.
-
[139]
Ibid.
-
[140]
Lettre du préfet d’Indre-et-Loire au délégué du Ministre de l’Intérieur, le 3.12.1940, AD37-120W1.
-
[141]
Liste des réfugiés Français du camp de La Lande, octobre 1940, AD37-120W17.
-
[142]
Courrier du préfet, AD37-120W15.
-
[143]
Le 29.12.1940 Vichy règlemente l’administration et la surveillance des Centres de Séjours surveillés, puis à nouveau en avril 1941, AD37-120W1.
-
[144]
AD37-120W15.
-
[145]
Lettre du préfet au Ministre de l’Intérieur le 16.12.1941, citée par Sophie Paisot-Beal et Roger Prévost, Histoire des camps d’internement en Indre-et-Loire, Tours, 1993, p. 89.
-
[146]
AD37-120W1-0031. Et les 300 nomades furent transférés au camp de Montreuil-Bellay.
-
[147]
AD37-120W1-0034. Anne Grynberg explique que la responsabilité de la surveillance des camps incombe au Ministère de l’Intérieur, Les camps de la Honte, Paris, La Découverte, 1999, p. 114.
-
[148]
Lettre du Commandant de la Feldkommandantur du 16.12.1941, AD37-120W1.
-
[149]
Terme employé par Jérôme Scorin, op. cit., p. 22.
-
[150]
Lettre du préfet au Ministre de l’Intérieur, le 3.12.1940, AD37-120W1.
-
[151]
AD37-120W1. Elles devaient avoir lieu en français dans un parloir sous surveillance, et ne pouvaient que concerner des parents ou une fratrie, cf. AD37-120W25.
-
[152]
AD37-120W31. Ils y partaient à 7 h le matin et devaient être revenus avant 20 h.
-
[153]
Jérôme Scorin, op. cit., p. 22.
-
[154]
Ibid.
-
[155]
« Fichier de reclassement social », AD37-120W17-0053.
-
[156]
AD37-120W23-0020.
-
[157]
AD37-120W23-0021 à 0023 et 120W24-0101.
-
[158]
Consignes du camp, 9e Légion de Gendarmerie en Indre-et-Loire, 26.11.1941, AD37-120W15. La vie était scandée par un réveil à 7 h, un appel à 9 h, le déjeuner à 13 h, le dîner à 18 h, et le coucher à 22 h, et par une douche obligatoire le jeudi après-midi pour chaque interné.
-
[159]
Les fiches individuelles des Baumgart vont de AD37-120W18-00105 à 0111.
-
[160]
Liste nominative par bâtiment, AD37-120W17.
-
[161]
État nominatif des Israélites étrangers arrivés au camp de La Lande 05.12.1940, AD37-120W17.
-
[162]
Rapport du directeur du camp au préfet, 15.08.1942, AD37-120W17.
-
[163]
Liste nominative par profession, AD37-120W17.
-
[164]
Rapport du directeur du camp du 15.08.1942, AD37-120W17.
-
[165]
Rapport du directeur du camp au préfet, 15.08.1942, AD37-120W17.
-
[166]
En ce qui concerne l’Inspection générale des camps d’internement du territoire. AD120W1.
-
[167]
Rapport du préfet d’Indre-et-Loire à l’inspecteur des camps d’internement, 9.12.1941, AD37-120W15.
-
[168]
Il relate que le directeur du camp lui confirma que des mesures allaient être prochainement prises par la Feldkommandantur. Jérôme Scorin, op. cit., p. 32.
-
[169]
État nominatif des Israélites étrangers évadés, AD37-120W17.
-
[170]
« État nominatif des israélites étrangers dirigés du camp de Monts à Pithiviers le jeudi 30 octobre 1941 », liste de 70 noms émargée, AD37-120W-0098 à 0100.
-
[171]
Rapport du directeur du camp à l’inspecteur des camps d’internement, 9.12.1941, AD37-120W15.
-
[172]
Sophie Paisot-Béal et Roger Prévost soulignent : « Les gendarmes se heurtèrent à une très forte résistance et eurent fort à faire pour maîtriser les femmes déchaînées qui hurlaient en envahissant les voies ferrées. Elles faillirent déborder le service d’ordre », op. cit., p. 123.
-
[173]
AD37-120W17.
-
[174]
Pétition des femmes du 29.10.1941, AD37-120W28.
-
[175]
Commandant du camp de Pithiviers, « État nominatif des 41 hébergés mutés au camp de La Lande le 1er décembre 1941 », AD37-120W17.
-
[176]
Rapport du directeur du camp à l’inspecteur des camps d’internement, 9.12.1941, AD37-120W15.
-
[177]
André Lettich et Lazar Moscovici, 1942, convoi 8, St Étienne, éd. du Retour, 2002, p. 21.
-
[178]
Michel Gelber cité par Sophie Paisot-Béal et Roger Prévost, op. cit., p. 126.
-
[179]
Selon Serge Klarsfeld, ils sont 135, Mémorial des enfants Juifs déportés de France, Paris, FFDJF, p. 312.
-
[180]
Michel Gelber cité par Sophie Paisot-Béal et Roger Prévost, op. cit., p. 127.
-
[181]
Ibid., p. 128.
-
[182]
André Lettich et Lazar Moscovici, 1942, convoi 8, St Étienne, éd. du Retour, 2002, p. 26. Henri Borlant, Merci d’avoir survécu, Paris, Seuil, 2011, p. 81.
-
[183]
Note du directeur du camp du 22.07.1942, AD37-120W17.
-
[184]
Aussi avec des femmes enceintes, accouchées, et vieillards, liste de fin août ou début septembre 1942, AD-120W17.
-
[185]
État nominatif de mineurs isolés répartis dans des bâtiments, AD37W17.
-
[186]
En reprenant les âges qui figuraient sur les listes de l’arrivée à La Lande.
-
[187]
AD37-120W17.
-
[188]
État nominatif des 277 femmes et enfants, AD37-120W17-0114. Selon Serge Klarsfeld, ils sont 135, Mémorial des enfants Juifs déportés de France, Paris, FFDJF, p. 312.
-
[189]
Rapport mensuel du directeur du camp au 15 septembre 1942, p. 2 et 3, AD37-120W17.
« Ce sont les hommes que l’histoire veut saisir »
1Dans Les angles morts, Alain Fleischer note « Comment le monde peut-il continuer ? À une telle question, en d’autres circonstances, j’aurais répondu par une boutade dans le genre : si le monde ne continue pas, on continuera sans lui. Mais il aurait fallu que quelqu’un me la pose, cette question (…) » [2]. Lorsqu’Hélène Camarade, Claire Kaiser, Nicolas Patin et Pierre Baumann de l’université Bordeaux Montaigne m’ont invitée [3] à prendre part dans le cadre de leur projet interdisciplinaire [4] à la pose des pavés de la mémoire [5] pour les cinq membres de la famille Baumgart assassinés à Auschwitz en 1942, deux parents et trois enfants mineurs, ce titre, « les angles morts », et la puissance de la remarque d’Alain Fleischer s’étaient doublement imposés à mon esprit. Une question m’était en effet posée au sujet d’une famille de déportés juifs, anciens résidents bordelais, que je ne connaissais pas. Ceci, à la différence de 1585 autres victimes juives qui avaient été déportées depuis Bordeaux, et sur les situations desquelles j’avais travaillé, personne par personne, quand j’ai constitué la Paroi des Noms des Déportés des convois Bordeaux-Drancy pour la Grande Synagogue de Bordeaux [6]. Personne d’autre non plus ne les connaissait à Bordeaux. La Shoah avait englouti jusqu’à leur souvenir. Qui étaient-ils ? Que s’était-il passé les concernant ? J’étais bien face à un angle mort.
2La pensée émise par Alain Fleischer venait d’autre part rappeler combien la question de la connaissance et de la transmission sont cruciales après un génocide, d’autant plus quand il n’y a plus de descendance directe dans des familles, et que, face aux incommensurables béances laissées par le génocide, toute personne aux prises avec cette violence ne peut effectivement que se demander « comment le monde a-t-il pu continuer ? » en étant irrémédiablement amputé des membres de l’une de ses composantes. C’est à l’abîme sans fond de cette césure anthropologique que nous confronte très frontalement le cas de chaque famille assassinée dans sa totalité [7]. Tels les Baumgart, fauchés d’abord par les processus du fichage, puis par l’internement, la déportation et l’assassinat génocidaire dans un camp d’extermination en Pologne.
3Soixante-quinze ans après leur disparition, le fait qu’Abraham, Chana, Léon Henri, Roland et Bernard aient existé et vécu à Bordeaux ne constitue donc plus un angle mort dans le paysage mémoriel de la ville grâce aux pavés de la mémoire les évoquant devant leur ancien domicile [8]. Toutefois, malgré la pose de ces pavés liée à la mise en mouvement d’un agir mémoriel [9] orienté vers une activité de mémorialisation [10], la question de savoir ce qui leur était arrivé demeurait grande ouverte. Notamment, ce qui s’était passé entre leur recensement à Bordeaux en octobre 1940 et leur internement dans un autre département dès décembre 1940, mais aussi ce qui les avait amenés à résider à Bordeaux. Les enseignants, les étudiants et les descendants collatéraux des Baumgart continuaient en effet d’être face à trois angles morts concernant leur parcours et de se demander : pour quelles raisons Abraham et Chana s’étaient-ils établis à Bordeaux tandis qu’ils vivaient encore à Strasbourg en 1938 ? Pour quelles raisons avaient-ils été internés si tôt dans un camp près de Tours, à la différence du plus grand nombre des victimes juives de Gironde ayant généralement été internées plus tard dans le camp de Mérignac près de Bordeaux avant d’être déportées ? Enfin, pour quelles raisons les parents et les enfants Baumgart avaient-ils été déportés séparément à Auschwitz à deux mois d’intervalle en 1942 ?
4Autant je pouvais répondre à la dernière question, autant pour les autres, seul un travail de recherche intensif et approfondi dans les archives [11] pouvait éventuellement permettre de le découvrir. Ne pouvant me résoudre à laisser une famille mais aussi mes collègues et leurs étudiants sans avoir essayé de retrouver des éléments de réponse, j’ai donc entrepris cette recherche en anthropologie historique. Elle est toujours en cours (mai 2018), car la situation subie par les Baumgart dès l’automne 1940 est loin d’avoir été isolée. Le dépouillement et l’analyse des archives montrent qu’elle a concerné plus de trois cents victimes juives (je suis encore en train de recenser leur nombre exact [12]), en les fauchant dans ce qui peut être rétrospectivement vu comme ayant constitué le tout premier épisode de la Shoah en Gironde, immédiatement après le premier recensement des Israélites d’octobre 1940. C’est à cet épisode méconnu, sinon très peu connu, de la Shoah à Bordeaux et en Gironde ainsi qu’à sa suite en Indre-et-Loire jusqu’à la déportation des victimes pour Auschwitz en 1942 qu’est consacré cet article.
5Parce que la réflexivité est une posture centrale en anthropologie sociale [13] et historique [14], il s’agit simultanément de s’interroger sur ce qui a pu conduire d’une part au fait que cet épisode ayant pourtant concerné un grand nombre de victimes soit totalement méconnu dans la mémoire locale (y compris dans les espaces du judaïsme), d’autre part au fait qu’aucun ouvrage ou article produit sur l’histoire locale par des universitaires [15], des essayistes [16] ou encore des historiens amateurs [17] ne lui ait non plus été consacré jusqu’à celui-ci, et enfin au fait que cet épisode n’apparaisse qu’en filagramme, généralement au travers de la référence au camp de Monts [18] ou à celui de Poitiers [19], dans des ouvrages traitant de la persécution des Juifs sous Vichy [20], de celle des Tsiganes [21], et des internements dans les camps français [22]. En effet, dans le prolongement de la pensée de Michel de Certeau [23], il est ici important de saisir ce qui a pu conduire au fait que le parcours de ces victimes se soit relativement retrouvé, tant localement que nationalement, dans une sorte d’angle mort [24] au niveau des traitements sociaux de l’histoire, qu’ils aient été savants, communs, ou aussi judiciaires.
6Mettant à profit une démarche micro-historique qui est le cœur de toute étude en ethnohistoire [25] et faisant jouer le jeu anthropologique des variations d’échelles [26], cet article entend montrer que les situations vécues par les Baumgart et d’autres victimes qui furent localement touchées par les mêmes faits, permettent de documenter de manière inédite la connaissance afférant aux toutes premières phases de la Shoah en France et à leur déroulement. Riches dans leur complexité, elles permettent en effet de porter des éclairages complémentaires à ceux déjà existants sur l’enclenchement de la politique de persécution et la manière dont elle s’est exercée. « La complexité et l’imprévisibilité du temps », soulignait Bernard Lepetit, « supposent l’analyse des histoires et des trajectoires individuelles, institutionnelles, sociétales, où se jouent la formation de la mémoire, les processus d’apprentissage, les modalités d’anticipation qui en retour les instituent et les affectent » [27]. D’un point de vue épistémologique, l’approche menée à partir du cas des Baumgart illustre ainsi combien la posture méthodologique défendue par Bernard Lepetit se vérifie dans la saisie ethnohistorique de situations [28] liées à la Shoah où tout en opérant un resserrement de la focale sur de micro-échelles [29], l’on en vient pas moins à saisir les interrelations entre le particulier et le général, sans pour autant prendre au niveau heuristique la partie pour le tout, ni non plus le tout pour la partie [30].
Des traces et indices au maillage de l’enquête
7Le choix de la famille Baumgart pour la pose de premiers pavés de la mémoire dédiés à des victimes juives à Bordeaux fut effectué par les étudiants associés au projet et leurs enseignants après consultation des premières fiches du recensement des Israélites de la Gironde [31]. Ils recherchaient une famille avec enfants ayant résidé à Bordeaux et dont les parents étaient étrangers. Alyson Saldot et Samuel Amiel me confièrent que le choix s’était porté sur les Baumgart car ils avaient pu voir sur le site internet du Mémorial de la Shoah et sur celui de Yad Vashem que tous avaient été déportés dans les premiers convois à Auschwitz dès 1942. Leur attention avait aussi été retenue par le fait que les trois enfants mineurs étaient nés en France, à Strasbourg, tandis que les parents étaient nés en Pologne [32]. Alyson trouva des documents afférant à Chana, son mari et deux de ses enfants sur le site Findagrave [33] dont une copie des cartes d’identité établies à Tours le 4 décembre 1940 pour Bernard et Roland. Elles portaient la mention « Juif », mais aussi celle d’« Étranger surveillé ». Roland avait 2 ans et Bernard 4 ans.
8Les descendants collatéraux des Baumgart [34], retrouvés par Alyson au moyen d’internet, leur permirent de comprendre que Chana avait eu un premier enfant, Henri-Léon, né d’une union précédente en 1930 à Strasbourg. D’où le fait qu’Henri figure dans certains documents sous le nom de son père, Kocioleck, et sur d’autres sous celui de Baumgart, porté par sa mère et ses deux frères, Bernard et Roland, nés respectivement en 1933 et 1936 de la deuxième union de Chana avec Abraham Baumgart à Strasbourg. Ils apprirent aussi que les Baumgart y avaient vécu au moins jusqu’en 1938, date du dernier contact familial avec eux. Les indices livrés d’une part par les cartes d’identité de Tours, d’autre part par les listes du convoi de déportation à Auschwitz de Chana et Abraham précisant qu’ils venaient du camp de La Lande à Monts (près de Tours) ainsi que les renseignements fournis par les descendants permirent de savoir que les Baumgart avaient été internés dans ce camp avant d’en être transférés pour être déportés, depuis Anger pour les parents dans le convoi n° 8 du 20 juillet 1942 [35], et depuis Drancy pour les enfants dans le convoi n° 36 du 24 septembre 1942 [36].
9Les principales questions qui se posaient à moi au démarrage de la recherche, étaient de saisir les raisons de la présence des Baumgart à Tours seulement un mois après s’être fait recenser comme Juifs à Bordeaux, les raisons aussi de leur internement au camp de La Lande, et à quelle date. Concernant le fait que les enfants aient été déportés plusieurs convois après ceux de leurs parents, parce que j’avais pris part au procès Papon et ethnographié toutes les audiences du 8 octobre 1997 au 2 avril 1998, je connaissais la réponse à cette question. Elle était simple. C’est en effet ce qui s’est passé simultanément en juillet 1942 à Bordeaux, à Drancy, et dans toutes les villes ou camps à partir desquels des Juifs furent convoyés pour être déportés à Auschwitz. Les autorités du IIIe Reich en France refusèrent de déporter jusqu’au convoi n° 19 du 14 août 1942 [37] les enfants âgés de moins de 14 ans (nés après 1928). Mais je devais donc d’abord essayer de trouver la raison de l’installation des Baumgart à Bordeaux, et celle de leur départ de la ville.
Une famille d’évacués juifs alsaciens
10Concernant l’arrivée des Baumgart à Bordeaux puis leur départ de la ville, je suis allée travailler dans différentes cotes d’archives dont celles du recensement des Juifs d’octobre 1940 de la préfecture de la Gironde avec l’espoir d’y trouver d’éventuels indices même minimes, voire à la marge [38]. J’avais comme hypothèse qu’ils pouvaient être des évacués Alsaciens. Un grand nombre d’évacués d’Alsace et Moselle avaient été déplacés durant la guerre dans le Sud-Ouest dont en Gironde [39] par désignation de communes d’accueil [40] lors des évacuations de 1939, et de mai-juin 1940. Parmi eux des Alsaciens du Bas-Rhin s’étaient s’installés de leur propre chef à Bordeaux [41]. Le grand rabbin de France et le Consistoire israélite central s’étaient aussi repliés à Bordeaux (avant de gagner Lyon), si bien que de nombreux Juifs fuyant l’exode avaient décidé de s’y établir. En outre, Georges Mandel [42] avait aussi enjoint en mai et juin 1940 des maires de communes d’Alsace et de Moselle de procéder au départ vers le Sud-Ouest de citoyens juifs n’ayant pas encore été évacués. Parmi eux, de nombreuses familles juives lorraines [43], notamment de Nancy, arrivèrent le 10 mai 1940 dans le Bordelais. Plusieurs d’entre elles furent prises en décembre 1940 dans la même nasse que les Baumgart, et partagèrent le même destin qu’eux.
11J’eus la confirmation que les Baumgart étaient identifiés par la Préfecture de la Gironde comme des réfugiés du Bas-Rhin car Abraham l’avait dûment renseigné dans le formulaire rempli et signé le 18 octobre 1940 [44]. Ainsi, ils n’étaient pas seulement répertoriés comme juifs mais aussi comme évacués [45]. Si l’on s’en tient aux chiffres communiqués par les Archives départementales du Bas-Rhin [46], les Baumgart faisaient-ils partie des 374 000 [47] Alsaciens (parmi eux 17 800 Alsaciens juifs) ayant dû immédiatement quitter leur domicile avec 30 kg de bagages et des vivres [48], en abandonnant tout [49] sur place à partir du 2 septembre 1939, pour partir en train dans des trajets de trois ou quatre jours [50], et dont le Journal la Petite Gironde rend compte de la présence le 1er mars 1940 ? Ou firent-ils partie des 4 000 autres Alsaciens juifs qui s’expatrièrent par leurs propres moyens entre octobre 1939 et mai 1940 ? Ou furent-ils du nombre des 33 000 Alsaciens évacués en urgence entre mai et juin 1940 ? En l’état actuel de la recherche, il est impossible de le savoir. Une seule certitude, ils avaient à la fois le statut de juifs et d’évacués, et aussi celui d’étrangers pour les deux parents.
Dans la tourmente antijuive d’octobre et novembre 1940
12Abraham avait obéi aux ordres de l’ordonnance allemande du 27 septembre 1940 [51] en allant se faire déclarer lui et sa famille comme « juifs » le 18 octobre 1940 [52], au jour indiqué la veille par voie de presse [53] pour les résidents de Bordeaux centre, à l’annexe de la préfecture de la Gironde. La déclaration ne pouvait être effectuée que jusqu’au 20 octobre. La population en avait déjà été avertie depuis le 4 octobre par la Petite Gironde qui avait titré « Des mesures contre les Juifs vont être appliquées en zone occupée ». L’« ordonnance relative aux mesures contre les Juifs » [54] définissait pour la déclaration qu’il devait remplir « Sont reconnus comme juifs ceux qui appartiennent à la religion juive, ou qui ont plus de deux grands-parents (grands-pères et grands-mères) juifs. Sont considérés comme juifs les grands-parents qui appartiennent ou appartenaient à la religion juive ». La durée ininterrompue du séjour en France devait aussi être mentionnée comme le précise Wagner, le commandant de la Feldkommandantur 529 établie en Gironde, au Préfet dans les dispositions d’exécution le 18 octobre [55] publiées le lendemain dans la presse [56]. Abraham est le 834e chef de famille à se faire enregistrer en Gironde. Il vit en France depuis 1923, et Chana depuis 1926. Outre le formulaire rempli, il écrit sur un feuillet quadrillé : « Je déclare que ma femme est Israélite et les trois enfants sont de sexe masculin », et signe « Baumgart Abraham en France depuis 1923 » [57]. Sur le formulaire dactylographié, il indique qu’il est de nationalité polonaise.
Image 1. Déclaration remplie par Abraham Baumgart le 18.10.1940
Image 1. Déclaration remplie par Abraham Baumgart le 18.10.1940
Image 2. Note manuscrite d’Abraham Baumgart du 18.10.1940 accompagnant sa déclaration.
Image 2. Note manuscrite d’Abraham Baumgart du 18.10.1940 accompagnant sa déclaration.
15Le 1er novembre la famille Baumgart apprenait comme les autres Juifs de la Gironde, par voie de presse, que la dernière phase du recensement allait avoir lieu : « pour l’apposition du timbre rouge portant le mot juif ou juive sur leur carte d’identité, les Israélites devront se présenter […] munis de leurs cartes d’identité, de celles des membres de leur famille âgés d’au moins 15 ans, vivant à leur foyer, et du récépissé qui a été délivré lors de la déclaration ordonnée suivant décision de l’administration militaire allemande ». Abraham revient à l’annexe de la préfecture le 5 novembre où il remplit un nouveau formulaire. Comme sur le précédent, il indique qu’il est tailleur et donne les mêmes informations, à l’exception du nom d’Henri pour lequel il inscrit cette fois-ci son nom de naissance et d’état civil, Kociolek.
16C’est le jour où Abraham est allé remplir la déclaration en application de l’ordonnance allemande, le 18 octobre, que la loi française portant Statut des Juifs [58] du 3 octobre est publiée au Journal officiel. Elle retient pour sa part : « est regardé comme juif […], toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif », et qu’est aussi publiée la loi du 4 octobre « sur les ressortissants juifs étrangers de race juive » [59]. Celle-ci stipule « les ressortissants étrangers de race juive pourront […] être internés dans des camps spéciaux par décision du préfet du département de leur résidence ». Cette disposition législative scellera en grande partie le sort des Baumgart. Ce même 18 octobre, la presse locale titrait triomphalement « Le règlement de la situation des Israélites en France », et déclarait « le gouvernement, dans l’œuvre de reconstruction nationale, a dû, dès les premiers jours, étudier le problème des juifs et celui de certains étrangers qui, ayant abusé de notre hospitalité, n’ont pas peu contribué à notre défaite. […] partout […] l’influence juive s’est fait sentir insinuante, et finalement décomposante » [60].
Image 3. Article dans La Petite Gironde, 18.10.1940
Image 3. Article dans La Petite Gironde, 18.10.1940
Image 4. Article dans La Petite Gironde, 19.10.1940
Image 4. Article dans La Petite Gironde, 19.10.1940
19Abraham a-t-il lu cet article, ou en a-t-il entendu parler à la Préfecture où l’affluence des Juifs français et étrangers était massive ? On peut aisément s’imaginer que plusieurs Juifs locaux en parlaient autour de lui en attendant dans les couloirs bondés, et que de telles informations pouvaient être comprises ou même lues par des étrangers. Le 19 octobre, à ce que m’en ont rapporté bien des survivants, il aurait été en tous les cas impossible de ne pas voir La Petite Gironde ou d’en entendre parler, car elle annonçait à la une : « En France, les Juifs ont maintenant un statut – Les juifs étrangers pourront être internés dans des camps spéciaux » [61], et publiait tout le texte du statut des Juifs. L’on retiendra qu’à Bordeaux, entre le 4 octobre et le 11 novembre, ce ne sont pas moins de quatorze articles qui furent publiés pour mener une charge politique virulente contre les Juifs. Des survivants et des enfants cachés me relatèrent aussi plusieurs fois que tous les Juifs, nationaux et étrangers, étaient suspendus à ce qui était publié à leur égard dans la presse locale, l’outil de communication de l’époque.
Image 5. Photographies d’identité d’Abraham et Chana Baumgart prises par la Préfecture de l’Indre-et-Loire entre le 2 et le 4.12.1940 pour leurs nouvelles cartes
Image 5. Photographies d’identité d’Abraham et Chana Baumgart prises par la Préfecture de l’Indre-et-Loire entre le 2 et le 4.12.1940 pour leurs nouvelles cartes
Image 6. Photographies d’identité d’Henri Kociolek, Bernard et Roland Baumgart prises par la Préfecture de l’Indre-et-Loire entre le 2 et le 4.12.1940 pour leurs nouvelles cartes
Image 6. Photographies d’identité d’Henri Kociolek, Bernard et Roland Baumgart prises par la Préfecture de l’Indre-et-Loire entre le 2 et le 4.12.1940 pour leurs nouvelles cartes
22Dans ce déchainement antijuif, que s’est-il donc passé pour les Baumgart entre le 5 novembre où « juif » est tamponné une première fois sur leurs papiers à Bordeaux, et le 4 décembre à Tours où de nouvelles cartes d’identité elles aussi estampillées « juif » mais portant désormais la mention « étranger surveillé » sont établies pour les enfants ? Les Baumgart auraient-ils voulu franchir clandestinement la ligne de démarcation (une ordonnance allemande l’interdisait depuis le 4 octobre 1940 en sanctionnant fortement les Juifs [62]), et se seraient-ils fait prendre ? Auraient-ils voulu rejoindre des proches ou connaissances plus au Nord, et se seraient-ils fait arrêter pour une raison inconnue ? Auraient-ils voulu essayer de rentrer à Strasbourg ? Cela était peu probable car les Juifs étaient strictement interdits de retour en Alsace et Moselle en cet automne 1940. Auraient-ils été arrêtés sous un prétexte ou un autre à Bordeaux ? Abraham Baumgart aurait-il été engagé politiquement ou identifié comme tel, et si oui aurait-il été arrêté en novembre 1940 ?
23C’est avec ces divers questionnements, que j’ai entrepris des recherches dans toutes les côtes d’archives qui pouvaient me permettre soit de retrouver un indice soit de refermer une hypothèse de travail, et j’ai logiquement cherché du côté des arrestations, emprisonnements et internements en ouvrant au maximum l’angle d’approche. Or il n’y avait aucune trace d’arrestation les concernant, ni d’emprisonnement dans les lieux de détention bordelais, ni au Fort du Hâ, ni à la Caserne Boudet, ni au centre de rétention de Bacalan, etc. Peut-être avaient-ils été pris ailleurs qu’en Gironde, mais une intuition inexplicable me disait qu’il fallait que je continue de chercher. Le seul fonds dans les archives où je n’avais pas encore été travaillé en profondeur, était celui du premier le camp de Mérignac-Beaudésert où n’étaient internés à cette période que les désignés « nomades » (les Tsiganes) dont des enfants [63], et où des Juifs ne le seraient qu’à partir 1941.
24Le sort des Tsiganes avait été scellé presque en même temps que celui des Juifs par une ordonnance allemande en date, elle aussi, du 4 octobre 1940 qui stipulait : « Les Tsiganes se trouvant en zone occupée doivent être transférés dans des camps d’internement, surveillés par des policiers français. Les détails sont à fixer par les chefs régionaux » [64]. En Gironde, l’internement des Tsiganes et la création d’un camp à cet effet avaient été exigés le 25 octobre 1940 par le commandant Wagner de la Feldkommandantur 529 [65]. Le camp Mérignac Beaudésert, où la majorité des victimes juives des convois Bordeaux-Drancy fut internée plus tard, fut ainsi créé par arrêté préfectoral dès le 11 novembre 1940 [66] pour l’internement des Tsiganes, et ouvrit le 17 novembre [67]. Les Baumgart, bien que Juifs, auraient-ils été pris lors des arrestations des Tsiganes, et internés avec eux sans que l’on ne s’en soit rendu compte jusqu’à aujourd’hui ? Ou auraient-ils été arrêtés et peut-être internés ailleurs, mais transférés en même temps que ceux du premier camp de Mérignac dont je savais que plusieurs d’entre eux (j’en avais rencontré quelques-uns lors de précédentes recherches) avaient ensuite été internés dans le camp de Poitiers et une partie à Tours ?
25Les Baumgart ne figuraient pas dans les listes des Tsiganes internés, mais j’ai commencé à formuler l’hypothèse qu’ils avaient probablement été convoyés hors de Gironde en même temps que les 321 Tsiganes [68] du camp Mérignac-Beaudésert car les dates de leur départ les 1er et 2 décembre coïncidaient étrangement et des trains étaient mentionnés [69]. Ceux-ci devaient aussi faire partir des étrangers dont des Polonais [70]. C’est donc en travaillant sur l’organisation des convois des « nomades » [71] et sur le départ de trains en gare d’Orléans-Bordeaux-Bastide en vue d’y retrouver peut-être les Baumgart, et grâce à ce très maigre fil d’Ariane, que j’ai effectivement pu les retrouver [72]. Leurs noms figuraient sur des listes d’étrangers polonais [73] pour le départ d’un train affrété en gare d’Orléans, rive droite, dans le cadre d’une procédure de refoulement hors du département de la Gironde.
Image 7. Les 17 boîtes d’archives m’ayant permis de retrouver les Baumgart et de reconstituer le processus du refoulement des étrangers
Image 7. Les 17 boîtes d’archives m’ayant permis de retrouver les Baumgart et de reconstituer le processus du refoulement des étrangers
Une famille d’étrangers polonais et juifs face à un refoulement
27Le 30 octobre 1940 les Baumgart reçoivent la visite de forces de l’ordre en uniforme [74] leur remettant un ordre de convocation [75] pour un départ obligatoire [76] sous peine de sanctions graves. Ils doivent se rendre le dimanche 1er décembre à la gare d’Orléans, à Bordeaux-Bastide sur la rive droite de l’autre côté du fleuve, avec très peu de bagages, et y être avant 9 heures. Les enfants pourront être amenés. Abraham et Chana signent respectivement un récépissé. Dernière trace manuscrite d’eux à Bordeaux [77]. Rien ne leur dit à ce stade qu’ils vont être arrêtés puis internés. Il est probable qu’ils aient pensé qu’ils allaient être évacués. Ils se rendent à la gare. Sur le quai, il y a foule et de l’agitation [78]. Une croix rouge à côté de leurs noms dans une liste d’émargement et un rond après eux indiquent qu’ils étaient bien là et qu’ils sont montés dans le premier train parti vers midi emportant 91 personnes [79]. Les enfants ne figurent pas sur cette liste qui comprend 8 feuillets [80]. Du moins, ils ne sont pas mentionnés et n’apparaissent pas dans le comptage des partants. C’est la toute dernière trace des Baumgart à Bordeaux.
Image 8. Les deux récépissés signés par Abraham et Chana Baumgart et leur nom sur la liste des récépissés à remettre pour le départ du premier train le 1.12.1940
Image 8. Les deux récépissés signés par Abraham et Chana Baumgart et leur nom sur la liste des récépissés à remettre pour le départ du premier train le 1.12.1940
Image 9. Les huit feuillets du convoi ayant emporté les Baumgart le 1.12.1940, avec leur double émargement
Image 9. Les huit feuillets du convoi ayant emporté les Baumgart le 1.12.1940, avec leur double émargement
30En face de plusieurs noms, des annotations faites sur place indiquent que 19 personnes ont bénéficié d’un sursis pour raison de santé ou d’une autorisation allemande, et que 30 seront versées dans un deuxième train partant l’après-midi. Avec ces indications et parce que je cherchais la trace du départ des enfants dans les liasses d’archives suivantes et précédentes, je commençais à découvrir que je n’étais pas face à de simples trains, mais à une organisation de convois importants. Quatre en deux jours, les 1er et 2 décembre 1940. D’autres allaient encore partir les 4, 12 et 13 décembre 1940, après la date d’établissement des cartes d’identité des enfants à Tours. Le 1er décembre 1940 [81], deux convois emportèrent respectivement 91 adultes le matin, et 364 adultes l’après-midi dont 100 Tsiganes. Le 2 décembre [82], le premier convoi emporta 456 adultes, et le deuxième 389 adultes, avec 100 Tsiganes à bord pour chacun deux. Le 4 décembre [83], 131 personnes dont 69 enfants, tous étaient des refoulés n’ayant pas pu monter en gare de Libourne dans l’un des trains du 2 décembre. Le 12 décembre [84], 128 personnes dont 20 enfants. Le 13 décembre [85], 648 personnes dont 80 enfants. D’autres refoulements, principalement de Juifs, se poursuivirent de février à décembre 1941, avec 8 convois, dans ce qui peut être vu comme une troisième vague de refoulement que je suis en train de finir d’analyser (mai 2018).
31Le nombre des enfants n’est mentionné dans aucun des convois de la première vague ayant emporté les Baumgart. Je n’ai trouvé nulle trace de leur départ dans les huit boîtes d’archives couvrant les quatre convois, bien qu’ils soient assurément montés dans l’un d’eux. Il en est de même pour toutes les autres victimes juives de cette vague dont je ne retrouve les enfants un par un qu’en recoupant les fichiers du recensement juif familial, les renseignements que je reconstitue sur leur internement avant leur déportation, et les listes des départs des convois à Auschwitz. Notons aussi que la particularité pour les deux vagues du refoulement en 1940, à la différence notable de celle de 1941, est que les Juifs refoulés ne sont pas désignés comme tels sur les listes, ni pour les convocations, ni pour les convois.
32Le bilan total transmis pour les cinq convois de décembre 1940 est de 2 207 personnes [86]. Il est toutefois bien plus élevé car il manque les enfants de moins de quinze ans des deux convois du 1er décembre [87], et des deux autres du 2 décembre [88], si bien que je travaille personne par personne, ou couple par couple selon les cas, pour retrouver les victimes juives dans ce vaste corpus de convoyés (il n’y a pas de liste centrale pour chaque convoi, mais de multiples listes par catégories « d’étranger »), et quand je les identifie je pars ainsi à la recherche de leurs enfants non mentionnés mais bien, eux aussi, refoulés [89]. Seuls les Tsiganes sont désignés comme tels et dès l’ordre allemand du 27 novembre 1940 [90] énoncé par le commandant Wagner de procéder à un refoulement.
La mesure du refoulement, enchainement des faits et responsabilités en présence
33Le cas des Baumgart nous confronte ainsi à l’application de la mesure administrativement intitulée « Refoulement du département de la Gironde de certaines catégories d’étrangers ». Il s’agit de la première grande opération menée dans la politique de collaboration s’enclenchant entre la Feldkommandatur 529 et la Préfecture de la Gironde dès l’entrée en vigueur de l’arsenal législatif pris d’une part contre les Juifs, d’autre part contre les Tsiganes, et enfin contre les étrangers. Le 12 octobre, le commandant Wagner notifie au préfet que la Gironde compte un trop grand nombre d’étrangers [91], et fait ainsi écho à la loi française du 27 septembre 1940 sur les étrangers en surnombre dans l’économie nationale [92]. Le 15 novembre, il ordonne [93] à la préfecture de remettre pour le 18 un recensement de tous les : 1) Polonais, Anglais, Hollandais, Norvégiens s’étant établis durablement en Gironde après le 1.1.1937 ; 2) de tous les apatrides établis durablement après le 1.1.1937 ; 3) de toutes les personnes ayant quitté l’Allemagne depuis le 1.1.1933 ; 4) de tous les Tchèques ayant quitté l’ancienne Tchécoslovaquie depuis le 1.1.1938 ; 5) de tous les anciens de la Légion étrangère ; 6) de tous les Tsiganes.
34Dès le 18 novembre, la préfecture transmet le recensement des Tsiganes [94], et le 19 les premières listes pour Bordeaux et cinq communes voisines. Abraham et Chana Baumgart sont sur ces listes. Le 20 novembre, Wagner qui s’impatiente, intime la préfecture « d’activer cette affaire par tous moyens ». D’autres listes lui sont envoyées le jour même, puis les 22 et 23. En huit jours, la préfecture fait établir pour chaque secteur administratif de la Gironde les recensements des catégories mentionnées qu’elle livre à l’occupant. Moins de trois jours après la remise des dernières listes, le 26 novembre, Wagner usant d’un « Eilt sehr ! » [très urgent en souligné] ordonne au préfet de procéder au « refoulement d’étrangers » [Ausweisung von Ausländern] dans une ordonnance [95] de trois pages où la procédure du déroulement est expliquée en détail, quatre convois en deux jours, les horaires indiqués et le remplissage des trains à effectuer. Des arrêts en gare de Libourne, comme cela se passera ensuite pour les convois Bordeaux-Drancy sont prévus pour y faire monter des refoulés des secteurs de Blaye.
35Le départ, décalé d’un jour, aura lieu le 1er décembre [96]. Les ordres sont transmis le 27 novembre par la préfecture au commissaire divisionnaire de la Police spéciale, au commissaire central, au commissaire de la Gendarmerie, aux commissaires de Libourne, Pessac, Arcachon, Soulac, etc., et à la Mairie de Bordeaux. Le 28 novembre, les ordres pour la prise en charge des exécutions de terrain sont transmis. Les listes comprenant les convocations des refoulés à émarger, dont celles que signeront les Baumgart, sont remises par le chef de la Sûreté [97] au commissaire central, en même temps que le commandant de la Gendarmerie de la Gironde transmet à ses responsables de section et à ses brigades le détail de la procédure pour le déroulement des opérations [98]. La mobilisation de toutes les forces de l’ordre françaises, et leur part active à chacune des étapes de l’opération du refoulement, des chefs aux exécutants, est à noter. Le processus venant d’être décrit sera le même [99] à partir de 1942 pour opérer les arrestations en vue de remplir les convois Bordeaux-Drancy. Le refoulement de décembre 1940 aura été un banc d’essai et une expérimentation de ce qui deviendra ensuite une pratique reconduite par dix fois entre juillet 1942 et mai 1944 en Gironde.
La « rafle du billet blanc » en Gironde et ses spécificités
36L’opération en gare vécue par les Baumgart et tous les refoulés des départs des 1er et 2 décembre prit environ trois heures, de leur convocation à 9 h (13 h pour le train suivant), à leur appel émargé durant deux heures, à leur embarquement lui aussi émargé devant prendre une heure, au départ se déroulant vers midi (16 h pour le train suivant), l’ensemble sous le contrôle d’un adjudant et de vingt gardes, et de « deux inspecteurs de police spéciale énergiques pour procéder […] à l’appel des refoulés » [100]. Il avait été précisé aux refoulés que « ceux qui chercheront à se soustraire à cette mesure de refoulement […] seront immédiatement signalés et une répression extrêmement sévère sera exercée à leur égard » [101].
37L’une des particularités de cette opération est qu’à l’exception des Tsiganes (déjà internés après leur arrestation et acheminés en camion [102] depuis le camp de Mérignac), les refoulés n’ont pas été arrêtés avant l’arrivée en gare. L’arrestation s’est produite une fois les refoulés concentrés dans la gare prêts à être embarqués. L’un d’eux, Albert Chatel, dans une plainte adressée à la préfecture en 1946 [103], décrit que le gendarme lui ayant délivré son récépissé lui déclara avoir « ordre d’arrêter » les « indésirables », et poursuit : « à la gare je fus mis en état d’arrestation par un fonctionnaire de la préfecture de Bordeaux qui me fit monter dans un train vers une destination inconnue. Ce ne fut que huit jours après, qu’à Tours toujours prisonnier et toujours sous la gendarmerie française, que je fus averti que je cessais d’être sous la juridiction française et que j’allais être livré aux Allemands […] Je n’ai jamais pu comprendre l’ordre d’arrestation sans mandat ni autre forme que la force armée ».
38Ce qui pourrait être désigné, par transfert d’appellation, la « rafle du billet blanc » en référence à la « rafle du billet vert » du 14 mai 1941 [104], constitue un précédent notable à celle-ci (traditionnellement vue comme « la première arrestation massive de Juifs sur le territoire français » [105]), même si l’on doit bien évidemment souligner que des non-Juifs étrangers tels qu’Albert Chatel furent aussi concernés ainsi que 321 Tsiganes, à la différence du processus des événements de mai 1941. C’est à la fois l’antériorité, décembre 1940 alors que l’on n’est pas encore dans une phase génocidaire sur l’échiquier international, et la spécificité d’une mixité faisant fusionner xénophobie, racisme et antisémitisme qui rendent très singulier cet épisode méconnu de la Shoah dont l’ampleur et aussi les conséquences sortent de l’ordinaire, pas seulement à l’échelle de la Gironde. Ce sont effectivement plus de trois cents victimes juives qui seront assassinées moins de deux ans plus tard à Auschwitz à partir du socle que cet épisode constitua en matière d’itinéraires de persécution. À titre de comparaison, les victimes juives (sans oublier celles Tsiganes) prises dans une nasse et allant être concentrées en camp d’internement à partir de ce billet blanc d’apparence quasi anodin, pour la seule journée du 1er décembre sont bien plus nombreuses que celles du premier convoi Bordeaux-Drancy du 20 juillet 1942 qui totalisa 174 victimes.
39En effet, les deux convois du 1er décembre 1940 ont la particularité d’avoir emporté un très grand nombre de Juifs. L’analyse des listes [106] montre que le convoi du midi par lequel les Baumgart sont partis, fut constitué de 74 Juifs de plus de 15 ans, et de 17 non-Juifs de plus de 15 ans. Dans cet effectif de 91 personnes, où les enfants de moins de 15 ans sont donc étrangement absents de la comptabilité (tandis qu’ils apparaissent en revanche bien dans le recensement général après l’arrivée à Tours [107]), les Juifs constituent plus des 2/3 du convoi. Quant au convoi de l’après-midi, l’analyse des listes montre qu’il fut constitué de 228 Juifs de plus de 15 ans, de 44 non-Juifs, et de 100 « Nomades », pour un effectif total de 364 adultes de plus de 15 ans.
40Les deux convois du 1er décembre totalisent donc à eux seuls le convoiement de 294 Juifs de plus de 15 ans, de 100 Tsiganes, et de 61 non-Juifs et non-Tsiganes. Le premier contingent des refoulés de la Gironde est ainsi marqué par le sceau d’une politique raciale implacable qui ne dupe personne dès lors que les chiffres concernant les Juifs présents n’apparaissent plus masqués. L’examen des listes du fichier des étrangers de la Préfecture de la Gironde à l’automne 1940 montre très clairement que les Polonais listés pour remplir les deux convois du 1er décembre n’ont pas été choisis au hasard dans l’ensemble des Polonais : ils étaient juifs. Les autres, dans une écrasante majorité, ne l’étaient pas. Ce choix de procéder à un remplissage visant les Juifs dès le premier jour, en plus des Tsiganes, répartis sur trois convois [108], fut plus que probablement l’un des points centraux abordés dans la réunion entre la Feldkommandantur 529 et la Préfecture pour l’organisation des « conditions d’application » [109], mais on doit relever qu’il est précisément éludé dans les documents conservés. Il n’est ainsi visible qu’au travers de l’exécution de la mesure, et de ses résultats comptables. En revanche, dès le 3 décembre, une fois le premier « ratissage » [110] de Juifs étrangers terminé, le commandant Wagner cible à nouveau les Juifs étrangers et apatrides en réclamant la déclaration de ceux qui ne l’ont pas encore remplie [111]. L’on doit aussi noter qu’à partir du premier trimestre 1941, lors des refoulements suivants depuis la Gironde, les Juifs seront désormais explicitement désignés comme tels, avant même que le Commissariat Général aux Questions Juives [112] ne soit institué en mars 1941.
41La répartition par nationalité, au départ des convois du 1er décembre à Bordeaux, fait apparaître que, sur les 294 Juifs de plus de 15 ans dans le premier train, 64 d’entre eux étaient Polonais dont Chana et Abraham Baumgart, 7 étaient apatrides, 5 étaient émigrés du Reich, qu’il y avait aussi un ressortissant britannique, et que pour le deuxième convoi 178 étaient Polonais, 8 apatrides, et 34 émigrés du Reich. Le recoupement opéré avec les listes des recensements effectués à Tours et au camp de La Lande au moment de leur arrivée, montre qu’à ces 294 Juifs de plus de 15 ans, dont il faut observer que 252 d’entre eux étaient juifs Polonais, il convient d’adjoindre 63 enfants de moins de 15 ans que l’on retrouve dans la première liste émargée du centre d’accueil de La Lande établie le 5 décembre [113].
De Bordeaux à l’internement au camp de La Lande
42En l’état actuel des documents retrouvés, ils furent ainsi 357 Juifs à avoir été arrêtés dans la gare de Bordeaux-Bastide le dimanche 1er décembre 1940 et à en être partis. À titre de comparaison, le deuxième des plus importants convois Bordeaux-Drancy, sur un total de dix entre 1942 et 1944, emportera 365 victimes [114]. Le 1er décembre 1940, la plus jeune convoyée, Salomé-Simone Alter n’avait que six semaines. Elle aurait dû partir dans le convoi des Baumgart avec sa mère et ses sœurs [115]. Elles embarquèrent dans celui de l’après-midi [116] avec des familles de Metz comme elles, et de Nancy comme celle de Jérôme Scorin [117], âgé de 16 ans et qui sera plus tard l’un des très rares survivants [118] ayant été interné à Monts d’où il s’évada [119]. Dans son autobiographie, il relate qu’ils étaient environ 500 personnes à la gare, majoritairement des Juifs étrangers, que la plupart étaient de Strasbourg, Metz et Nancy, qu’il n’y avait pas de soldat allemand (les trains furent toutefois convoyés par des soldats allemands [120]), qu’ils arrivèrent le soir à Tours et furent placés dans une caserne où ils restèrent quatre jours dans de très mauvaises conditions d’hygiène, « infectes, dit-il, surtout pour les femmes et les enfants en bas âge » [121], avant d’être acheminés en train à Monts, d’où ils durent se rendre à pied dans un camp nommé La Lande le 5 décembre, situé à 600 m de la ligne ferroviaire Bordeaux-Paris et à 16 km de Tours.
43Le préfet d’Indre-et-Loire avait été averti par la Fedlkommandantur 528 qu’environ 1 800 refoulés [122] allaient arriver de Gironde [123]. Selon lui la Feldkommandantur ignorait « les raisons qui ont décidé la venue […] de ces indésirables » [124], la décision aurait été prise en haut lieu par les occupants. Ceux-ci mirent à disposition la caserne, le temps qu’il soit procédé par la préfecture au recensement des refoulés et à l’établissement de cartes d’identité, y compris pour les enfants dont les trois Baumgart, portant la mention étranger surveillé et le tampon juif en rouge.
Image 10. Cartes d’identité d’Abraham et Chana Baumgart établies à Tours le 4.12.1940
Image 10. Cartes d’identité d’Abraham et Chana Baumgart établies à Tours le 4.12.1940
Image 11. Cartes d’identité d’Henri Kociolek, Bernard et Roland Baumgart établies à Tours le 4.12.1940
Image 11. Cartes d’identité d’Henri Kociolek, Bernard et Roland Baumgart établies à Tours le 4.12.1940
46Les nouvelles cartes venaient « remplacer », selon les termes du préfet [125], les pièces d’identité des refoulés confisquées et remises à la Feldkommandantur avec deux exemplaires des nouveaux papiers. Les cartes établies le 4 décembre pour les enfants et les parents Baumgart [126] (pour d’autres victimes elles le seront le 5), avec une photographie prise sur place comportant leur numéro d’enregistrement, montrent qu’ils ne furent pas inscrits en même temps. Abraham fut le premier avec le n° 88, vint ensuite Roland n° 403, Henri n° 410, Bernard n° 415, et enfin Chana n° 436 dont l’inquiétude se lit sur le visage. Roland avait 4 ans, Bernard, 6 ans et Henri 10 ans.
47Les refoulés de Gironde furent administrativement internés en tant que « réfugiés » [127] par les autorités préfectorales d’Indre-et-Loire pour obtenir le versement de l’allocation attribuée aux réfugiés [128], terme employé pour désigner les évacués d’Alsace-Moselle, afin de ne pas avoir à supporter le coût de leur internement, et ils furent recensés. Un premier jeu de listes dénombre tous les refoulés non-Tsiganes, les Juifs et les non-Juifs ensemble (les Tsiganes étaient déjà listés à part depuis la Gironde) par nationalité, en indiquant la lettre « J » pour les Juifs. Sur deux des premiers recensements, Henri n’est pas identifié comme juif [129], mais le sera dès le 4 décembre. À partir de ces listes [130], d’autres furent immédiatement établies spécifiquement pour les Juifs en faisant apparaître leur profession et leur nationalité. Chana est commerçante et Abraham tailleur [131]. Les enfants français nés de parents étrangers figurent avec la nationalité de leurs parents, si bien que les enfants Baumgart deviennent polonais sur ces listes, même si une autre archive prouve que les autorités savaient pertinemment qu’ils possédaient la nationalité française ainsi que 26 autres enfants [132] du camp, et qu’en vertu de la déclaration officielle dont ils disposaient ils ne pouvaient pas être considérés comme étrangers. En même temps que les métiers sont listés, la question des ressources l’est aussi de suite. Il s’agit là d’un aspect central, tout aussi décisif (jusqu’en février 1942) que celui de la catégorisation raciale.
48En effet, le préfet est face à un double problème dans l’injonction d’interner en Indre-et-Loire les refoulés de Gironde : le coût et la place. C’est dans ces conditions que les refoulés juifs pouvant subvenir à leurs besoins ou ayant de la famille sur place, tout en étant bien rattachés administrativement au camp de La Lande et identifiés comme tels (ils seront ensuite déportés comme tous les autres depuis le camp), eurent l’autorisation avec un système de pointage d’habiter à Tours [133], à Monts et dans les environs [134], de décembre 1940 à février et mai 1942 [135], non par humanisme de la part des autorités allemandes et françaises, mais pour de strictes raisons économiques [136] liées à l’entretien et à l’approvisionnement ainsi qu’à la logistique du camp dont la capacité d’accueil était pour un peu plus de 300 personnes. Ils furent environ 80 Juifs de Gironde à être dans cette situation d’assignation à résidence surveillée et forcée [137] correspondant à l’article n° 3 de la loi du 4 octobre sur « les ressortissants étrangers de race juive », tandis que la situation des Baumgart et des autres premiers internés girondins relevait de l’article n° 1. La stratification sociale devait ainsi distinguer des victimes entre elles jusqu’au moment où les autorités du Reich réclamèrent l’internement de tous dans le camp, quand l’assassinat par gazage dans les camps d’extermination commença à s’enclencher puis à prendre de l’ampleur en Pologne.
D’un centre de séjour surveillé au camp d’internement pour Israélites
49Le 5 décembre 1940, le préfet plaça ainsi la plus grande partie des Juifs étrangers à La Lande, quelques Polonais chrétiens très minoritaires à Langeais [138], et la première centaine de Tsiganes girondins dans le camp de la Morellerie [139] à partir de la répartition raciale effectuée lors du recensement à Tours. « Race juive » est le terme employé par le préfet dès le 3 décembre 1940 [140]. Le camp de La Lande, encore utilisé en octobre 1940 comme « centre d’accueil pour des réfugiés » français [141] après l’avoir été pour des travailleurs annamites [142] devint ainsi dès le 5 décembre 1940 un « centre de séjour surveillé » [143] pour des refoulés étrangers de Gironde dont les dépenses furent assurées par la direction des réfugiés relate-t-il en décembre 1941 à l’inspecteur général des camps d’internement [144], jusqu’au moment où La Lande devient fin novembre 1941 « un véritable camp d’internement » [145] totalement clos par plusieurs lignes de barbelés (sur ordre allemand et avec les barbelés venant du camp démantelé des nomades de la Morellerie [146]) après l’avoir été par une première en août 1941.
50C’est à partir du 5 janvier 1942 que La Lande est identifié comme un « camp d’internement pour Israélites », après notamment que des « états relatifs au camp de juifs étrangers en triple exemplaires » aient été demandés au préfet le 15 décembre 1941 par le secrétaire d’État à l’Intérieur de Vichy [147], et que la Feldkommandantur en ait aussi demandé le 16 décembre [148]. Durant les premiers mois où il n’y avait pas encore de bouclage par barbelés, les Baumgart et les autres refoulés juifs vivaient dans une semi-liberté [149] très sommaire assortie d’un pointage journalier [150]. Ils ne pouvaient pas recevoir de visites sauf autorisation exceptionnelle [151]. Il semble que les Baumgart n’aient pas reçu de visite. Les enfants, dont certainement Henri, furent scolarisés à partir de 1941 à l’intérieur du camp [152], et 13 adolescents avaient le droit de suivre à Tours tous les jours des cours (tout au moins en 1941).
51Le camp comptait vingt-six bâtiments en dur, des sanitaires, une cuisine, un château d’eau. Jérôme Scorin relate que plusieurs familles devaient habiter ensemble [153]. « Une baraque, décrit-il, était affectée au culte. Le shabbat et les jours de fêtes, elle était toujours pleine de fidèles, heureux de pouvoir communiquer avec le ciel. Des naissances, des Bar-mitsva et quelques mariages y furent célébrés » [154]. Il évoque aussi les travaux effectués hors du camp ainsi que l’importante sociabilité entre les ex-évacués juifs d’Alsace et Lorraine et les réseaux d’interconnaissance, notamment pour les Juifs originaires de Nancy et les relations nouées avec les Strasbourgeois. Abraham fit comme la plupart des internés l’objet d’un « reclassement social », il devint mécanicien [155], qualifié de « bon », puis aussi manœuvre indique sa carte d’alimentation le 19 décembre 1941 [156]. Chana est absente du fichier de reclassement social et rien ne figure non plus sur sa carte d’alimentation établie comme celle de ses enfants le 21 novembre 1941 [157]. La raison probable est qu’elle fut considérée comme devant s’occuper de ses deux derniers enfants, et participer en tant qu’« internée valide » à toutes les corvées collectives du camp de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h [158].
Image 12. Fiches individuelles d’Abraham, Chana, et Bernard et Roland, fichier central du camp de La Lande
Image 12. Fiches individuelles d’Abraham, Chana, et Bernard et Roland, fichier central du camp de La Lande
Image 13. Carte d’alimentation d’Abraham et Chana durant leur internement dans le camp de La Lande
Image 13. Carte d’alimentation d’Abraham et Chana durant leur internement dans le camp de La Lande
54Les Baumgart habitaient le bâtiment 15 indiquent leurs fiches individuelles dans le fichier central du camp [159]. Ils y vivaient avec vingt autres personnes [160], dont les huit membres de la famille Zellerkraut (de Metz), partis dans le même convoi qu’eux de Bordeaux, et les Vogel avec Annette (9 ans) et Ida (7 ans), qui étaient aussi avec eux sur le quai à Bordeaux, mais qui étaient finalement montés dans le deuxième train. Annette et Ida, les petites camarades de jeu et de la vie quotidienne de Bernard, Roland et Henri à La Lande seront les seules à être déportées en dernier avec eux, le 21 septembre 1942, depuis la gare de Monts pour être versés via Drancy dans le convoi pour Auschwitz n° 36. Les 25 habitants de la baraque 15 seront tous déportés, soit en convoi 8 comme les parents Baumgart, Zellerkraut et Vogel, soit en convoi 31 comme les quatre Gundelfinger, soit en convoi 32 comme les plus jeunes Zellekraut, soit en convoi 36 pour les plus petits, et aucun ne survivra. Ils étaient 9 enfants à avoir vécu dix-neuf mois internés avec leurs parents jusqu’au départ de ces derniers le 16 juillet 1942 pour leur déportation à Auschwitz via Anger.
55Ces enfants qui faisaient partie des 92 jeunes internés arrivés à la Lande le 5 décembre 1940, formaient sociologiquement avec les adultes un ensemble initial de 319 personnes [161], auquel allaient s’ajouter d’autres Juifs continuant d’être transférés depuis Bordeaux en 1941, puis un grand nombre de ceux raflés à Tours et dans les environs à partir de juillet 1942, dont beaucoup d’enfants encore. En août 1942, le directeur du camp indique dans son rapport que plus de 200 enfants sont internés à La Lande, que la situation est critique d’un point de vue sanitaire, et qu’ils dorment sans couverture [162]. Les âges inscrits sur la liste émargée à l’arrivée au camp en décembre 1940 permettent d’analyser qu’il y avait initialement un groupe de 23 enfants ayant moins de 6 ans dont Bernard et Roland, 43 enfants de 7 à 14 ans dont Henri, et qu’il y avait 29 adolescents de 15 ans à 18 ans. À eux tous, ils constituaient donc près d’un tiers de la population juive du camp qui était par ailleurs aussi très jeune dans son ensemble, à l’image de Chana ayant 40 ans et Abraham 42 ans. Le doyen était Abraham Kahlenberg, âgé de 81 ans en 1940 et parti également de Bordeaux le 1er décembre, qui sera déporté à Auschwitz avec Bernard, Roland et Henri.
56Son fils, Moïse, déporté en convoi 31, fut l’un des deux rabbins du camp que j’ai pu identifier [163]. Le second fut Jacob Skorka même si le recensement indique qu’il était manœuvre. Avec d’autres hommes, ils assurèrent le service de la synagogue installée dans l’une des baraques jusqu’au début août 1942 [164]. Celle-ci sera transformée en dortoir [165] quand il n’y aura plus assez de place pour accueillir les nouveaux internés amenés par vagues à partir de la mi-juillet au camp pour être déportés dès le 4 septembre. En effet, le 31 août 1942, le camp compte 515 internés. Presque la moitié d’entre eux sont des enfants ou des jeunes, et la capacité du lieu est dépassée de plus de 200 personnes. Parmi les nouvelles victimes, on compte beaucoup de mineurs isolés dont les parents ont été déportés en convoi 8 comme Chana et Abraham Baumgart, et qui viennent s’ajouter au socle initial des enfants déjà internés dans le camp et des quelques adultes restants. La proportion des jeunes et la répartition des différentes classes d’âges jouèrent un rôle décisif dans l’organisation structurelle du camp à chacune de ses périodes, ainsi que dans la manière dont les événements s’y déroulèrent et furent vécus.
Face à « l’épisode Pithiviers »
57Avant que ne surviennent les arrestations massives, la concentration des victimes à La Lande et les trois convois de déportation, l’histoire du camp et des Baumgart fut marquée par un épisode aux rebondissements singuliers dans l’histoire française de la Shoah. Au moment où une réorganisation des camps était en train de se dérouler depuis le 23 septembre 1941 dans les instances du gouvernement de Vichy [166], le préfet d’Indre-et-Loire reçut le 21 octobre l’ordre d’organiser le transfert de tous les internés juifs sur les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande ouverts quelques mois plus tôt, pour interner à La Lande 500 communistes [167]. Deux listes furent établies. La « liste A » comporte les noms de 170 internés juifs devant être dirigés sur Pithiviers, dont les familles Skorka et Vogel, la « liste B » les noms des 162 autres devant l’être à Beaune-La-Rolande, dont les familles Baumgart et Zellekraut. L’ensemble des 332 internés juifs doit être convoyé par un train spécial, le BB-4204, depuis la gare de Monts le 29 octobre à 11 h 07. Les refoulés non-Juifs ne sont pas touchés par la mesure. L’information s’évente plus ou moins. Jérôme Scorin prend la décision de s’évader à ce moment-là [168]. Saisissant qu’un piège irréversible visant spécifiquement les Juifs est en train de se refermer sur eux, ils sont 42 au total à s’évader entre le 26 et le 30 octobre [169]. La tension monte de part et d’autre.
58Les autorités modifient une première fois leurs plans, en décidant de transférer seulement 70 hommes à Pithiviers le 30 octobre, dont Abraham Baumgart [170]. Selon le directeur du camp, le règlement des camps du Loiret n’aurait pas permis d’accepter des familles [171]. Au moment du départ, les femmes se révoltèrent [172]. Simultanément, plusieurs des listés ne se présentèrent pas, et des sursis au départ furent aussi délivrés par le médecin du camp à 38 chefs de famille. Le transfert à Pithiviers se solda par le départ de 41 internés dont Abraham Baumgart [173]. Dans cette tourmente, les femmes eurent une autre action révélant leur combattivité psychosociologique et leur compétence à réagir face aux situations difficiles. Elles furent 84, et Chana fut la seizième sur la liste, à avoir signé la pétition suivante le 29 octobre : « Nous, les femmes et les enfants du camp de La Lande, sollicitons auprès de M. Le Préfet l’autorisation pour M. Szmidt cordonnier de rester avec nous, car voici l’hiver qui s’approche et nous sommes complètement démunis de chaussures, et lui M. Szmidt nous est indispensable pour pourvoir à toutes les réparations » [174]. Banen Szmidt fut toutefois bien transféré à Pithiviers avec Abraham, deux des Zellerkraut, et Naftali Vogel, amputant ainsi la baraque 15 de trois de ses chefs de famille avec enfants. Finalement, les transférés à Pithiviers furent tous retransférés à La Lande le 1er décembre 1941 [175]: « L’arrivée au camp, relate le directeur du camp, fut plus qu’une manifestation de bonheur, ce fut du délire. Enfonçant les portes, bousculant les gendarmes qui se laissèrent cette fois complaisamment déborder, des grappes humaines de femmes et d’enfants se précipitèrent aux ouvertures du car. Lorsqu’ils purent enfin descendre, les arrivants regagnèrent sans même prêter attention aux barbelés, mais des larmes de joie plein les yeux, le foyer précaire certes, mais le foyer tout de même qu’un mois jour pour jour ils avaient dû quitter. Cette journée du 1er décembre où le soleil lui-même voulut bien être de la partie, fut et restera pour beaucoup, j’en suis persuadé, la plus belle journée du camp de La Lande » [176].
À l’heure de l’étoile jaune et de la déportation des internés
59Le directeur du camp changea en janvier 1942. Indépendamment de ce fait, les conditions de vie dans le camp pour Israélites étrangers se durcirent de plus en plus jusqu’à l’été 1942 et l’enclenchement des déportations. Comme les autres internés, les Baumgart ne pouvaient plus du tout sortir du camp sauf cas très exceptionnels. Des annotations au dos des cartes d’internés d’Abraham et de Roland montrent qu’ils eurent des autorisations spéciales. Abraham put accompagner ses enfants à Tours le 25 mars 1942. Le très jeune Roland dût avoir quelque chose de particulier (peut-être un souci de santé) car il eut six autorisations de sorties alternant Tours et Monts entre 19 avril et le 7 juin. Après ces dates, nulle autre sortie, confirmant la suspension totale de toute autorisation à la mi-juin pour tout interné.
60Le 4 juin, La Lande passa à la temporalité de l’étoile jaune comme tout le territoire. Les Baumgart découvrirent la note affichée dans le camp annonçant l’entrée en vigueur le 7 juin du port de l’étoile devant être portée en public par tout juif dès l’âge de 6 ans révolus. Elle indiquait aussi que les internés devaient se présenter le 5 juin au bureau du directeur du camp pour retirer les trois étoiles obligatoires par personne devant être cousues sur les vêtements et payées par un coupon de leur carte textile. Même processus et modalités qu’ailleurs en France, La Lande ne faisait pas exception.
61Entre la fin du mois de mai et début juillet, les Baumgart assistent à différents mouvements dans le camp. Dès la fin mai, les tout derniers Juifs encore autorisés en janvier 1942 à résider hors du camp, durent le réintégrer. De nouveaux internés arrivèrent, des évasions se produisirent, et un départ à Pithiviers d’internés pour mesure disciplinaires eut lieu. Parmi les nouvelles arrivées, celle le 7 juillet de Rywka Najman et de ses quatre enfants dont trois d’entre eux seront déportés en dernier avec Roland, Bernard et Henri, tandis que Rywka et l’aîné seront déportés avec Chana et Abraham. Moins d’une semaine après leur arrivée, La Lande est alignée sur l’heure des premières grandes rafles, massives et simultanées, se produisant dans différentes villes et endroits de la zone occupée, comme à Paris avec la rafle du Vel’ d’Hiv, mais aussi à Bordeaux et Tours.
62Dès le 15 juillet au soir, des Juifs de Tours dont le Dr André Lettich, sa femme et leur fils sont raflés par des forces du IIIe Reich [177]. Ils apprennent le 17 que des femmes et les enfants vont être amenés à La Lande tandis que les hommes seront dirigés vers la gare de Tours. Pendant ce temps, le 16 juillet, des Feldgendarmen pénétrèrent à 5 heures du matin dans le camp de La Lande [178]. Les 133 premiers internés du camp [179] allant être déportés à Auschwitz, dont Chana et Abraham, Michel Gelber et sa femme, Rywka Najmann, et la plupart des adultes de la baraque 15 furent amenés en autocars à Tours, où ils y furent internés sous surveillance SS dans des baraquements de l’aviation avant d’être transférés à Angers. « On nous parqua [à Anger, et avec les raflés de Tours] dans les bâtiments d’un Séminaire, relate Michel Gelber, à raison de 15 à 20 par pièce. Nous avons dû rester debout pendant 48 h Certains ont sauté par la fenêtre du 3e étage je crois, d’autres ont tenté de se sauver avec des cordes et furent aussitôt abattus. Deux ou trois hommes se sont suicidés en s’ouvrant une veine du poignet. Je me souviens de l’un d’eux baignant dans son sang […], je l’ai vu en sortant du bâtiment quand on nous a déportés. Les Allemands ont brûlé dans la cour les livres de prières juifs qu’ils ont trouvés » [180].
63Les internés de La Lande et les raflés de Tours furent déportés ensemble depuis la gare d’Anger « embarqués dans des wagons à bestiaux dont le plancher était recouvert par une couche de 5 à 10 cm de ciment », explique Michel Gelber [181]. André Lettich mais aussi Henri Borlant versé pour sa part depuis Anger précisent qu’ils arrivèrent à Auschwitz-Birkenau le 23 juillet à 16 h [182]. Chana a certainement été assassinée rapidement après son arrivée. Abraham semble avoir survécu jusqu’au 1er décembre 1942.
64Le 21 juillet, la femme d’André Lettich, Edith, arriva à La Lande, « envoyée d’Angers pour faire fonction de doctoresse au camp » [183]. Elle n’avait finalement pas été déportée à Auschwitz avec son mari pour cette seule raison « utilitaire ». Elle put rejoindre son fils âgé de 5 ans dont elle avait été séparée, arrivé pour sa part au camp dès le 17 avec les autres mineurs raflés de Tours devenus isolés. Edith Lettich va jouer un rôle très important selon toute vraisemblance pour les enfants Baumgart et pour tous les autres mineurs isolés du fait de la déportation des parents, car elle figure avec eux [184] sur une archive en tant que doctoresse. Elle sera déportée dans le dernier convoi partant de Monts avec eux et son fils. Après le départ de leurs parents, Roland, Bernard et Henri furent regroupés avec les trois enfants Najman, Maurice et ses deux sœurs jumelles Berthe et Madeleine, ainsi qu’avec Henriette et Paulette Klejmann dans le bâtiment 7, et furent placés, semble-t-il, sous la responsabilité du cordonnier Szmidt [185] pour lequel Chana avait signé la pétition. Les trois enfants possèdent respectivement une fiche du camp de La Lande ayant dû être établie à cette période [186] alors qu’ils étaient déjà orphelins, tous au nom de Kociolek, plaçant en quelque sorte Henri âgé seulement de douze ans en situation de chef de famille de sa fratrie.
Image 14. Fiches individuelles des trois enfants durant leur internement dans le camp de La Lande à un moment où ils étaient séparés de leurs parents
Image 14. Fiches individuelles des trois enfants durant leur internement dans le camp de La Lande à un moment où ils étaient séparés de leurs parents
66Entre le 17 juillet 1942 qui est marqué par l’arrivée de 33 mineurs isolés dont les parents sont en train d’être déportés, et le 3 septembre qui est la veille du deuxième convoi de déportation, ce sont 397 victimes de tout âge qui sont amenées au camp pour y être concentrées afin d’être déportées dans le prochain convoi depuis la gare de Monts située à quelques centaines de mètres. Les deux derniers convois de déportation sont en effet des convois Monts-Drancy. Le 4 septembre 1942, le deuxième convoi emporte 422 victimes dont 403 internés de La Lande [187] parmi lesquels 277 femmes et enfants [188], qui seront principalement versés dans les convois Auschwitz 31 et 32. Les enfants Baumgart auraient dû être dans ce convoi Monts-Drancy. Ils figurent en effet sur la préparation de la liste des 277 femmes et enfants dont l’ébauche a été conservée, mais pour une raison inconnue, ils ont été retirés de la liste, et elle a été retapée.
67Roland qui allait avoir 6 ans le 30 septembre 1942, ses deux frères Bernard et Henri, Annette et Ida Vogel, leurs petites camarades de jeu et de vie depuis le 1er décembre 1940, Henriette et Paulette Klejman, Maurice, Berthe et Madeleine Najman qui vécurent aussi en baraque avec eux, la docteure Edith Lettich et son enfant qui prit soin d’eux tous, le doyen-rabbin très âgé de Bordeaux Abraham Kahlenberg et tant d’autres encore de leur vie quotidienne pendant les 21 mois de leur internement à La Lande, furent tous déportés depuis la gare de Monts pour Drancy le 21 septembre dans un convoi qui emporta 135 enfants, femmes et vieillards. Parmi eux, venaient de naître Nicole Mantel le 31 août et Edith Viola le 14 août [189]. Elles furent déportées avec leurs mères, Sonia et Rosa qui étaient elles aussi arrivées de Bordeaux en décembre 1940. Les victimes de ce convoi furent principalement déportées dans le convoi Auschwitz n° 36, le 23 septembre 1941 depuis Drancy.
68La pose des pavés de la mémoire à Bordeaux dédiés aux Baumgart aura permis de se pencher sur leur parcours de vie et de le retracer pour les deux dernières années de leur existence, en nous donnant accès à la densité et aux modalités de déroulement des faits sociaux de persécution auxquels ils durent faire face sous Vichy et le IIIe Reich. Seul un travail conjugué de mise en mémoire et de mise en histoire permet de contrecarrer, dans une certaine mesure, l’effet secondaire des néantisations génocidaires qui se traduit dans l’absence ou le manque de connaissances du fait que les personnes aient été assassinées, la visée spécifique et ultime d’un génocide étant, d’un point de vue anthropologique, l’anéantissement de l’ensemble des maillons générationnels pour qu’il n’y ait plus de continuité généalogique et par là même aussi de transmission. Le cas des Baumgart et de toutes les victimes parties avec eux de Bordeaux (dé)montre, si besoin en était encore, que la recherche sur la Shoah est un champ à l’intérieur duquel il reste constamment à découvrir, à travailler, à interroger, et auquel on ne consacrera jamais assez de travaux qu’ils soient scientifiques ou académiques, pédagogiques, et artistiques.
Notes
-
[1]
Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou le métier d’historien, Paris, Armand Colin, 1997, p. 51.
-
[2]
Alain Fleischer, Les angles morts, Seuil, 2003, p. 11.
-
[3]
Comme anthropologue travaillant depuis les années 1990 sur l’histoire de la Shoah à Bordeaux et sur ses mémoires. Voir Carole Lemee, L’ombre du passé, Paris, Hachette collection édition n° 1, 1998.
-
[4]
Mené par les coordinateurs mentionnés avec l’équipe de recherche Clare (Cultures, littératures, arts, représentations esthétiques), et auquel les étudiant.e.s Samuel Amiel, Mélany Frouin, Florence Monchanin-Lion, Alyson Saldot et Julia Unzueta, en master d’allemand et d’arts plastiques, furent associés.
-
[5]
Les Stolpersteine conçues, réalisées, et posées par l’artiste Allemand Gunter Demnig.
-
[6]
Installée en 2014, elle fait depuis partie intégrante de son mobilier.
-
[7]
Carole Lemee, « La réinscription généalogique face à la césure anthropologique de la Shoah », Holocaust Studii si Cercetari, vol. IV, 1 : 158-172.
-
[8]
Depuis le 6 avril 2017, 4 place St Pierre.
-
[9]
Le concept d’agit mémoriel que j’avais créé dans le cadre de mon doctorat « recouvre le champ de tous les actes, actions et effets relatifs aux rapports d’altérité et d’identité que des personnes et des groupes établissent entre des temps passés et des temps présents, dans une tension vers l’avenir. Ces actes, actions et leurs effets s’engagent à partir d’échanges sociaux (directs ou médiatisés) ayant cours soit dans des temporalités ordinaires, soit dans celles extraordinaires, ou dans les deux. Les échanges interindividuels et plus largement collectifs qui les portent sont toujours contingentés par des contextes événementiels. Ceux-ci forment donc un ensemble avec ce qui est stricto sensu lié à la structuration sociale et culturelle », in Carole Lemee, « Réappropriation culturelle dans les mondes yiddish », Ethnologie Française, vol. XXXVII, n° 3, 2017, p. 493-494.
-
[10]
Henry Rousso au sujet des notions « mémoire » et « mémorialisation » propose de retenir « La mémoire se comprend (…) comme un ensemble de discours, d’attentes, de revendications, de pratiques, de politiques, de réalisations ayant pour objectif de représenter le passé en général, et certains épisodes historiques en particulier. On parlera à ce sujet de mémorialisation, un anglicisme qui signifie une mise en mémoire comme on dit une mise en récit », Face au passé, Paris, Belin, 2016, p. 20-21.
-
[11]
De sincères remerciements à Agnès Vatican, Delphine Jamet et Stéphanie Deveau des Archives Départementales de la Gironde, et à Sébastien Chevereau des Archives Départementales d’Indre-et-Loire.
-
[12]
Le chiffre varie par ailleurs aussi, selon que je ne prends que l’intervalle de décembre 1940 ou que j’inclus les 7 premiers mois de 1941.
-
[13]
Christian Ghasarian (dir.), De l’ethnographie à l’anthropologie réflexive. Nouveaux terrains, nouvelles pratiques, nouveaux enjeux, Armand Colin, Paris, 2002.
-
[14]
Jacques Revel, « Micro-analyse et construction du social », Jeux d’échelle. La micro-analyse à l’expérience, Paris, EHESS-Gallimard-Seuil, 1996, p. 17.
-
[15]
Tel Gérard Nahon, Juifs et judaïsme à Bordeaux, Bordeaux, éd. Mollat, 2003.
-
[16]
Tel Dominique Lormier, Bordeaux sous l’occupation, La Crèche, Geste éditions, 2015.
-
[17]
Tels René Terrisse, Bordeaux 1940-1944, Paris, Perin, 1994, et Michel Slitinsky, Le pouvoir préfectoral à Bordeaux, Bordeaux, éd. Wallada, 1988.
-
[18]
Sophie Paisot-Béal et Roger Prévost, Histoire des camps d’internement en Indre-et-Loire, Joué-Lès-Tours, éd. La Simarre, 1993.
-
[19]
Paul Lévy, Un camp de concentration français, Paris, Seres, 1995.
-
[20]
Tels ceux de Renée Poznanski, Les Juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, Paris, 1997 (1994), p. 94-95, Serge Klarsfeld, Le calendrier de la persécution des Juifs, vol. 2 et vol. 3, Paris, Fayard, 2001.
-
[21]
Denis Peschanski, Les Tsiganes en France 1939-1946, Paris, CNRS éditions, 2015(2010), p. 26 ; Emmanuel Filhol, La mémoire et l’oubli, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 28 ; Emmanuel Filhol et Marie-Christine Hubert, Les Tsiganes en France, Paris, Perrin, 2012, p. 89-103.
-
[22]
Anne Grynberg, Les camps de la honte, Paris, La Découverte, 1999 (nouvelle éd.) ; Denis Peschanski, La France des camps. L’internement 1938-1946, Paris, Gallimard, p. 104-107 et p. et 320. Florent Leruste, Juifs à Bordeaux (1940-1944) : le camp de Mérignac Beaudésert, Suresnes, éd. du Net, 2014, p. 120. Dans la brochure aussi Les camps d’internement en France 1939-1944, Paris, éd. Amicale des Déportés d’Auschwitz, 2002, p. 6.
-
[23]
Michel de Certeau, « L’opération historique », in Jacques Le Goff et Pierre Nora (dir.), Faire de l’histoire. I. Nouveaux problèmes, Paris, Folio, 1986 (1974), 19-68.
-
[24]
À l’exception des travaux de Serge Klarsfeld, op. cit.
-
[25]
Une étude en anthropologie historique menée depuis l’anthropologie elle-même, les termes anthropologie et ethnologie renvoyant en France à la même discipline.
-
[26]
Voir notamment Alban Bensa, « De la micro-histoire vers une anthropologie critique », in Jacques Revel (dir.), Jeux d’échelle. La micro-analyse à l’expérience, Paris, EHESS-Gallimard-Seuil, 1996, p. 37-70.
-
[27]
Bernard Lepetit, « Le présent de l’histoire », Les formes de l’expérience, Paris, Albin Michel, 2013, p. 349-350.
-
[28]
Concept anthropologique central depuis Georges Balandier, « La situation coloniale : approche théorique », Cahiers internationaux de sociologie, vol. 11, 1951, p. 44-79.
-
[29]
Voir Tal Bruttmann, Ivan Ermakoff, Nicolat Mariot et Claire Zalc, « Changer d’échelle pour renouveler l’histoire de la Shoah », Pour une micro-histoire de la Shoah, Le Genre humain, n° 52, p. 11-15.
-
[30]
Voir Vincent Descombes dans sa mise en garde des effets tautologiques générés par les approches holistes collectivistes, dans Les institutions du sens, Paris, éd. de Minuit, 1996.
-
[31]
Aux Archives départementales.
-
[32]
À Lodz pour Chana en 1901, et à Tomaszov pour Abraham en 1898.
-
[33]
https://www.findagrave.com/memorial/107662238/chana-baumgart; dernière consultation 7 mai 2018.
-
[34]
Ils vivent en Israël et aux États-Unis.
-
[35]
Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la Déportation, Paris, éd. Fils et Filles de Déportés Juifs de France, 1978, p. 90.
-
[36]
Serge Klarsfeld, ibid., p. 305.
-
[37]
L’analyse des listes des déportés des convois partis de France montre que du premier d’entre eux le 27 mars 1942 au convoi n° 18 inclus du 12 août 1942, aucun enfant de moins de 14 ans n’est déporté à Auschwitz.
-
[38]
Carlo Ginzburg, Mythes, emblèmes, traces, Paris, Flammarion, p. 146.
-
[39]
Archives nationales, F/23/229.
-
[40]
Les Strasbourgeois étaient dirigés vers Périgueux puis ailleurs en Dordogne. Voir Philippe Nivet dans « Les réfugiés de guerre dans la société française 1914-1946 », Revue Histoire, Économie et Société, n° 2, 2004, p. 254.
-
[41]
M. Luxembourg, « Les Alsaciens dans les Départements du Gers et des Landes », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest Européen, 1940, 11-1, p. 26.
-
[42]
Gérard Nahon, op. cit., p. 282.
-
[43]
Analyse que j’ai effectuée de toutes les archives contenues dans les cotes AD33-44Wde 1 à 66, en AD33-71W1et AD35W2.
-
[44]
AD33-44w11-675.
-
[45]
Je n’ai pas encore réussi à retrouver leur dossier d’évacués. Il n’existe peut-être plus, ou ils avaient gagné Bordeaux par leurs propres moyens et pas demandé d’allocation de réfugié.
-
[46]
Archives Départementales du Bas-Rhin, http://archives.bas-rhin.fr/media/103721/02Evacuation1939-1940.pdf.
-
[47]
Pour Philippe Nivet, 630 000 Alsaciens et Mosellans sont évacués en septembre 1939, op. cit., p. 254.
-
[48]
M. Luxembourg, op. cit., p. 24.
-
[49]
Ibid., p. 25.
-
[50]
Ibid., p. 26.
-
[51]
L’ordonnance pour la préfecture de la Gironde, AD33-103W25-5.
-
[52]
AD33-44W11-674 et AD33-44W11-675.
-
[53]
La Petite Gironde du 17 octobre 1940, « Avis aux Israélites », in Carole Lemee, « exposition Convoi du 12 janvier 1944 : arrestations, internements, déportations », déposée aux Archives Départementales de la Gironde, module 2.
-
[54]
Formulation de son intitulé.
-
[55]
AD33-103W25-7.
-
[56]
Parue le 19, dans La Petite Gironde du 17 octobre 1940, « Un dernier avis aux Israélites », in Carole Lemee, op. cit.
-
[57]
AD33-44W11-677.
-
[58]
Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Paris, Romillat, 1992, p. 87-89.
-
[59]
Dominique Rémy, ibid., p. 91-92.
-
[60]
Dans La Petite Gironde, « Le règlement de la situation des Israélites en France », in Carole Lemee, op. cit., module 2.
-
[61]
La Petite Gironde, 19 octobre 1940, in Carole Lemee, op. cit., module 2.
-
[62]
Éric Alary, « Les Juifs et la ligne de démarcation », Les Cahiers de la Shoah, 2001, vol. 1, n° 5, p. 18.
-
[63]
Le 27 novembre 1940, sur 317 Tsiganes internés, 75 avaient moins de 5 ans, 25 moins de 10 ans, et une trentaine entre 10 ans et 18 ans. Rapport au Préfet, AD33-58W82.
-
[64]
Emmanuel Filhol et Marie-Christine Hubert, Les Tsiganes en France, un sort à part 1939-1946, Paris, Perrin, 2012, p. 88-89.
-
[65]
AD33-71W1 ; AD33-58W82.
-
[66]
AD33-58W82.
-
[67]
AD33-58W82.
-
[68]
Rapport du 7 décembre 1940 du directeur du camp de Mérignac au préfet, AD33-58W82 ; AD33-71W6.
-
[69]
AD33-104W15.
-
[70]
Dans les multiples liasses des cotes AD33-104W15, AD33-104W16, AD33-104W17, AD33-104W18, AD33-104W19, AD33-104W20 ; AD33-104W21, AD33-104W22.
-
[71]
Dans les diverses liasses de l’AD33-58W82.
-
[72]
Grâce aussi à l’aide de l’archiviste Delphine Jamet.
-
[73]
AD33-104W17 et AD33-104W20.
-
[74]
Les modalités de la remise des convocations par des gendarmes en uniforme sont décrites dans plusieurs procès-verbaux conservés aux Archives Départementales.
-
[75]
AD33-104W17.
-
[76]
AD33-104W15.
-
[77]
Les deux récépissés, AD33-104W17.
-
[78]
Plusieurs archives ne pouvant ici être détaillées permettent de le comprendre.
-
[79]
Numéraire du train n° 1 du 1.12 1940, AD-1004W15.
-
[80]
Liste d’émargement du convoi du 1er décembre 1940, AD33-104W20.
-
[81]
AD33-104W17 ; AD33-104W18 ; AD33-104W20.
-
[82]
AD33-104W18 ; AD33-104W19 ; AD33-104W20 ; AD33-104W21 ; AD33-104W22.
-
[83]
AD33-104W23.
-
[84]
AD33-104W23.
-
[85]
AD33-104W23.
-
[86]
AD33-104W15 ; AD33104W25.
-
[87]
91 personnes et 364 de plus de 15 ans.
-
[88]
456 personnes et 389 de plus de 15 ans.
-
[89]
Je n’ai pu commencer à travailler sur les listes des archives du camp de Monts que le 17 mai 2018.
-
[90]
AD33-104W15.
-
[91]
Note du commandant au préfet, AD33-45W1.
-
[92]
Voir Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Paris, Romillat, 1992, p. 83-85.
-
[93]
Ordre 3466/W./F. de recensement signé Wagner, AD33-104W15.
-
[94]
AD33-104W15.
-
[95]
Ordonnance du refoulement en allemand, AD33-104W15.
-
[96]
Courrier de Wagner sur la modification du jour, AD33-104W15.
-
[97]
AD33-104W15.
-
[98]
Courrier du chef d’escadron d’Abadie aux commandants de section et de brigades, AD33-104W15.
-
[99]
Voir Carole Lemee, Convoi du 12 janvier 1944 : arrestations, internements, déportations, Bordeaux, Archives Départementales de la Gironde, 2014.
-
[100]
Lettre du Préfet au Commissaire divisionnaire de Police spéciale, 27.11.1940, AD33-104W15.
-
[101]
Annonce coercitive transmise aux refoulés, figurant dans tous les documents des consignes remises aux forces de l’ordre pour l’exécution sur le terrain.
-
[102]
Précision figurant dans l’ordre au commandant de la gendarmerie, 27.11.1940, AD33-104W15.
-
[103]
Plainte d’Albert Chatel de deux pages, le 30.06.1946, AD33-104W19.
-
[104]
Elle s’est déroulée à Paris. Elle est considérée rétrospectivement comme la première rafle en France, même si son mode opératoire fut une convocation comme pour les refoulements de Gironde en décembre 1940.
-
[105]
Agathe Dermersen, « La rafle du billet vert et les campagnes antisémites du journal Le Matin », Histoire et mémoires vivantes, n° 10, 2017, p. 14. Voir aussi David Diamant, Le billet vert, Paris, éd. Du Renouveau, 1977.
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[106]
Elles figurent dans différentes cotes dont en AD33-104W20.
-
[107]
État nominatif par nationalité, AD37-120W17.
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[108]
Entre l’après-midi du 1.12 et le 2.12. 1940.
-
[109]
AD33-104W15 et AD33-104W25.
-
[110]
Terme employé par mes interlocuteurs juifs survivants de la Shoah en France.
-
[111]
Lettre de Wagner au Préfet, 3.12.1940, AD33-104W14.
-
[112]
Voir Laurent Joly, Vichy dans la Solution finale, Paris, Grasset, 2006, p. 67-181.
-
[113]
État nominatif des Israélites étrangers arrivés au camp de La Lande 05.12.1940, AD37-120W17.
-
[114]
L’avant dernier des convois Bordeaux-Drancy, le 12.01.1944. Voir Carole Lemee, op. cit.
-
[115]
Salomé, sa mère Régine, et ses deux sœurs de 6 et 3 ans en 1940 décèderont à Auschwitz en février 1943.
-
[116]
Trente personnes de plus de 15 ans et les enfants avec eux furent dans le convoi suivant. AD33-104W20.
-
[117]
Il s’appelait encore Jérôme Skorka comme les autres membres de sa famille internés avec lui, Sladka, Jacob et Léon ayant été déportés de La Lande et assassinés à Auschwitz. Il est décédé en 2013.
-
[118]
L’autre survivant fut Michel Gelber décédé en 1996.
-
[119]
Fin octobre 1941, mais il fut déporté à Auschwitz plus tard dans d’autres circonstances.
-
[120]
Rapport du préfet au ministre et à la Direction de la Sûreté nationale en date du 12.12.1940, AD33-104W15.
-
[121]
Jérôme Scorin, L’itinéraire d’un adolescent juif de 1939 à 1945, imprimerie Christmann, 1997, p. 19.
-
[122]
Le chiffre est corroboré par les documents de la Feldkommandantur de Bordeaux et la préfecture de la Gironde, où des trains pouvant emmener jusqu’à 800 personnes avaient été prévus, AD33-104W15.
-
[123]
AD37-120W1.
-
[124]
Lettre du préfet d’Indre-et-Loire au délégué du Ministre de l’Intérieur, le 3.12.1940, AD37-120W1.
-
[125]
Lettre du préfet au commandant de la Feldkommandantur, le 3.07.1941, relatant la procédure habituelle depuis décembre 1940, AD37-120W17.
-
[126]
AD36-120W32-0138 à 0142. Serge Klarsfeld avait publié les cartes des enfants en 1994 dans le Mémorial des enfants Juifs déportés de France, p. 382, p. 383, et p. 793.
-
[127]
Rapport du préfet d’Indre-et-Loire à l’inspecteur des camps d’internement, 9.12.1941, AD37-120W15.
-
[128]
Selon Denis Peschanski, « les dépenses furent jusqu’au 1.08.1941 prises en charge par la Direction des réfugiés », op. cit., p. 105. Des documents de la cote AD37-120W1 montrent que cela s’est encore poursuivi à l’automne dans une période intermédiaire.
-
[129]
États nominatifs par nationalité, 2 listes AD37-120W17.
-
[130]
Voir par exemple AD37-120W17-0035.
-
[131]
Liste nominative par profession, AD37-120W17-0565.
-
[132]
État des enfants juifs ayant une déclaration de nationalité française, AD37-120W17.
-
[133]
Jérôme Scorin, op. cit., p. 23, et États nominatifs des Israélites autorisés à habiter à Tours, AD37-120W17.
-
[134]
États nominatifs des Israélites autorisés à habiter à Monts AD37-120W17.
-
[135]
États nominatifs des Israélites devant revenir au camp, février 1941, et mai 1942, AD37-120W17.
-
[136]
AD37-120W15.
-
[137]
Avec interdiction de quitter le lieu de résidence assigné à partir du 8.03.1941, sur ordre allemand, AD37-120W1.
-
[138]
Rapport du directeur du camp à l’inspecteur des camps d’internement, 9.12.1941, AD37-120W15.
-
[139]
Ibid.
-
[140]
Lettre du préfet d’Indre-et-Loire au délégué du Ministre de l’Intérieur, le 3.12.1940, AD37-120W1.
-
[141]
Liste des réfugiés Français du camp de La Lande, octobre 1940, AD37-120W17.
-
[142]
Courrier du préfet, AD37-120W15.
-
[143]
Le 29.12.1940 Vichy règlemente l’administration et la surveillance des Centres de Séjours surveillés, puis à nouveau en avril 1941, AD37-120W1.
-
[144]
AD37-120W15.
-
[145]
Lettre du préfet au Ministre de l’Intérieur le 16.12.1941, citée par Sophie Paisot-Beal et Roger Prévost, Histoire des camps d’internement en Indre-et-Loire, Tours, 1993, p. 89.
-
[146]
AD37-120W1-0031. Et les 300 nomades furent transférés au camp de Montreuil-Bellay.
-
[147]
AD37-120W1-0034. Anne Grynberg explique que la responsabilité de la surveillance des camps incombe au Ministère de l’Intérieur, Les camps de la Honte, Paris, La Découverte, 1999, p. 114.
-
[148]
Lettre du Commandant de la Feldkommandantur du 16.12.1941, AD37-120W1.
-
[149]
Terme employé par Jérôme Scorin, op. cit., p. 22.
-
[150]
Lettre du préfet au Ministre de l’Intérieur, le 3.12.1940, AD37-120W1.
-
[151]
AD37-120W1. Elles devaient avoir lieu en français dans un parloir sous surveillance, et ne pouvaient que concerner des parents ou une fratrie, cf. AD37-120W25.
-
[152]
AD37-120W31. Ils y partaient à 7 h le matin et devaient être revenus avant 20 h.
-
[153]
Jérôme Scorin, op. cit., p. 22.
-
[154]
Ibid.
-
[155]
« Fichier de reclassement social », AD37-120W17-0053.
-
[156]
AD37-120W23-0020.
-
[157]
AD37-120W23-0021 à 0023 et 120W24-0101.
-
[158]
Consignes du camp, 9e Légion de Gendarmerie en Indre-et-Loire, 26.11.1941, AD37-120W15. La vie était scandée par un réveil à 7 h, un appel à 9 h, le déjeuner à 13 h, le dîner à 18 h, et le coucher à 22 h, et par une douche obligatoire le jeudi après-midi pour chaque interné.
-
[159]
Les fiches individuelles des Baumgart vont de AD37-120W18-00105 à 0111.
-
[160]
Liste nominative par bâtiment, AD37-120W17.
-
[161]
État nominatif des Israélites étrangers arrivés au camp de La Lande 05.12.1940, AD37-120W17.
-
[162]
Rapport du directeur du camp au préfet, 15.08.1942, AD37-120W17.
-
[163]
Liste nominative par profession, AD37-120W17.
-
[164]
Rapport du directeur du camp du 15.08.1942, AD37-120W17.
-
[165]
Rapport du directeur du camp au préfet, 15.08.1942, AD37-120W17.
-
[166]
En ce qui concerne l’Inspection générale des camps d’internement du territoire. AD120W1.
-
[167]
Rapport du préfet d’Indre-et-Loire à l’inspecteur des camps d’internement, 9.12.1941, AD37-120W15.
-
[168]
Il relate que le directeur du camp lui confirma que des mesures allaient être prochainement prises par la Feldkommandantur. Jérôme Scorin, op. cit., p. 32.
-
[169]
État nominatif des Israélites étrangers évadés, AD37-120W17.
-
[170]
« État nominatif des israélites étrangers dirigés du camp de Monts à Pithiviers le jeudi 30 octobre 1941 », liste de 70 noms émargée, AD37-120W-0098 à 0100.
-
[171]
Rapport du directeur du camp à l’inspecteur des camps d’internement, 9.12.1941, AD37-120W15.
-
[172]
Sophie Paisot-Béal et Roger Prévost soulignent : « Les gendarmes se heurtèrent à une très forte résistance et eurent fort à faire pour maîtriser les femmes déchaînées qui hurlaient en envahissant les voies ferrées. Elles faillirent déborder le service d’ordre », op. cit., p. 123.
-
[173]
AD37-120W17.
-
[174]
Pétition des femmes du 29.10.1941, AD37-120W28.
-
[175]
Commandant du camp de Pithiviers, « État nominatif des 41 hébergés mutés au camp de La Lande le 1er décembre 1941 », AD37-120W17.
-
[176]
Rapport du directeur du camp à l’inspecteur des camps d’internement, 9.12.1941, AD37-120W15.
-
[177]
André Lettich et Lazar Moscovici, 1942, convoi 8, St Étienne, éd. du Retour, 2002, p. 21.
-
[178]
Michel Gelber cité par Sophie Paisot-Béal et Roger Prévost, op. cit., p. 126.
-
[179]
Selon Serge Klarsfeld, ils sont 135, Mémorial des enfants Juifs déportés de France, Paris, FFDJF, p. 312.
-
[180]
Michel Gelber cité par Sophie Paisot-Béal et Roger Prévost, op. cit., p. 127.
-
[181]
Ibid., p. 128.
-
[182]
André Lettich et Lazar Moscovici, 1942, convoi 8, St Étienne, éd. du Retour, 2002, p. 26. Henri Borlant, Merci d’avoir survécu, Paris, Seuil, 2011, p. 81.
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[183]
Note du directeur du camp du 22.07.1942, AD37-120W17.
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[184]
Aussi avec des femmes enceintes, accouchées, et vieillards, liste de fin août ou début septembre 1942, AD-120W17.
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[185]
État nominatif de mineurs isolés répartis dans des bâtiments, AD37W17.
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[186]
En reprenant les âges qui figuraient sur les listes de l’arrivée à La Lande.
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[187]
AD37-120W17.
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[188]
État nominatif des 277 femmes et enfants, AD37-120W17-0114. Selon Serge Klarsfeld, ils sont 135, Mémorial des enfants Juifs déportés de France, Paris, FFDJF, p. 312.
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[189]
Rapport mensuel du directeur du camp au 15 septembre 1942, p. 2 et 3, AD37-120W17.