La position historique du français dans les études supérieures
1 Une des raisons pour la constitution des études romanes au début du 19e siècle en Allemagne fut l’intention de limiter l’importance du français après l’époque révolutionnaire et napoléonienne. C’est en partie pour cette raison que cette discipline se consacrait surtout aux études médiévales, celles où l’influence germanique en France semblait plus importante que dans les temps modernes. La situation change à la fin du 19e siècle : d’un côté, il fallait connaître l’ennemi héréditaire, donc aussi la France contemporaine, de l’autre côté un nombre croissant de romanistes voulait se consacrer à une meilleure compréhension, voire à un rapprochement entre les deux pays. En témoignent par exemple les nombreux séjours d’études en France effectués par des romanistes avant 1914 et Die literarischen Wegbereiter des neuen Frankreich que Ernst Robert Curtius publie en 1919. Pendant la République de Weimar, le français reste de loin la langue dominante des langues romanes à l’université, mais aussi dans les lycées. Ce n’est qu’avec la prise du pouvoir par les nazis que cette situation change, surtout dans les lycées où le français comme première langue vivante est remplacé par l’anglais.
2 Après 1945, le français redevient la langue de référence dans les études romanes, et ceci ne changera qu’à partir de la fin des années 1960. La « découverte » de la « Neue Romania », surtout et d’abord de l’Amérique latine donne lentement mais sûrement une plus grande importance à la langue et aux littératures espagnoles, et ce n’est pas la « découverte » de la francophonie à la fin des années 1970, par exemple à Bayreuth, qui a pu ralentir ce processus. De plus, le structuralisme, le poststructuralisme et la déconstruction trouvèrent dans la « Germanistik » et plus tard dans les « Kulturwissenschaften » un écho au moins aussi important que dans la « Romanistik ». Ce changement eut des conséquences institutionnelles. L’ambassade d’Espagne commença dès 1972, donc avant la Transición, à soutenir la fondation d’une association des hispanistes, ce qui fut fait en 1977 avec la création d’un Hispanistenverband (DHV), à côté du Romanistenverband (DRV). Ceci déclencha le chaos institutionnel chez les romanistes, chaos qui perdure jusqu’à aujourd’hui. Le Frankoromastenverband (FRV) ne fut fondé qu’en 1995 quand l’indépendance du DHV ne pouvait plus être ignorée. Lors des dernières élections des représentants auprès de la Deutsche Forschungsgemeinschaft, comparable à l’ANR en France, aucun romaniste chez les littéraires ne fut élu, témoignant du morcellement qui domine désormais.
Les changements à l’intérieur de la Franko-Romanistik
3 Avec les réformes et les changements intervenus après 1968, la revendication d’un troisième domaine de recherche et d’enseignement à côté des études linguistiques et littéraires, celui de la civilisation, devint de plus en plus déterminée, surtout dans le cadre des études françaises. À l’extérieur, ce processus est soutenu par l’Institut franco-allemand de Ludwigsbourg, par les colloques annuels des chercheurs travaillant sur la France, les Frankreichforscher, et par l’édition des annales Frankreich Jahrbuch. À l’occasion des Congrès des romanistes (Romanistentage) qui ont lieu tous les deux ans, des sections consacrées à la civilisation française ont fait de plus en plus souvent partie du programme, j’en ai organisé personnellement une lors du Romanistentag de Fribourg en 1987. Cette offensive a eu quelques succès isolés avec la création de postes de professeurs dans ce domaine, par exemple à Kassel, Osnabrück, Passau ou Sarrebruck, mais pas dans une seule université traditionnelle. Ce n’est qu’après 1989 qu’un véritable changement a semblé possible. Dans la moitié des universités des nouveaux Länder, où la Romanistik fut réorganisée, des chaires de civilisation furent créées : à Halle, Dresde, Chemnitz et Potsdam. Mais depuis la fin des années 1990, un développement double s’installe, qui rend la situation pour le français de plus en plus difficile.
- Les langues romanes en général deviennent moins importantes dans le domaine public et pour l’opinion publique. L’Allemagne prend note de la globalisation et l’accepte de plus en plus, ne serait-ce que pour des raisons économiques. Ceci amène la multiplication de filières d’études internationales. Le DAAD soutient ce mouvement par un programme spécial. L’unique langue de ces nouvelles filières est l’anglais.
- À l’intérieur de la Romanistik la « découverte » et l’intérêt pour l’Amérique latine sont de plus en plus manifestes. Longtemps il fut évident que les chaires en littérature romanes étaient d’abord consacrées à la littérature française, souvent en association avec une autre littérature romane. Cette constellation est remplacée par une nouvelle relation de forces, où le français et l’espagnol sont traités à égalité, et depuis une dizaine d’années, on peut observer un nouveau changement qui a pour effet que l’espagnol acquiert la position qui revenait autrefois au français.
5 L’espagnol a réussi à ancrer dans l’opinion publique en Allemagne l’impression qu’il serait une langue mondiale autrement plus importante que le Français. Le fait que la France soit historiquement, culturellement et économiquement un partenaire autrement plus important que le monde hispanisant n’arrive pas à s’imposer contre ce nouveau paradigme. Dans le cadre de la Romanistik, pour nombre d’étudiants, l’Amérique latine est souvent plus attrayante que la francophonie et souvent les universités de l’Amérique ibéro-romane offrent d’excellentes conditions d’études.
6 Une institution a réussi sinon à changer, du moins à arrêter cette évolution, c’est l’Université Franco-Allemande. Mais elle n’est pas la chasse gardée des germanistes français ou des romanistes allemands, au contraire. Pourtant, les romanistes participent à huit programmes en communs avec des partenaires français et par deux fois, des collègues romanistes furent présidentes de l’UFA : Helene Hart et actuellement Patricia Oster-Stierle.
La situation actuelle de la Romanistik
7 L’importance relativisée des langues et cultures romanes a eu pour conséquence la fermeture de certains départements de Romanistik depuis la fin des années 1980, imputable en général aux conditions locales, souvent personnelles. Cela a commencé avec le petit département de Romanistik de l’université technique de Braunschweig, puis a continué au cours des années 2000 avec l’université technique de Berlin, Bielefeld, Greifswald et Hanovre. Je ne peux que mentionner les cas particuliers de Dresde ou de Kassel, où les chaires de civilisation française ont été supprimées. Actuellement la Romanistik est menacée à l’université technique d’Aix-la-Chapelle. Cela est compensé par le fait que les départements de Bielefeld et de Hanovre ont été ré-ouverts et qu’on crée actuellement un nouveau département à Flensbourg. Cela veut dire que la langue et la littérature françaises ont à leur disposition au moins deux chaires. La situation actuelle est caractérisée par le fait qu’il y a des départements de Romanistik dans 50 universités, avec toutefois des différences institutionnelles et régionales.
8 En qui concerne les régions, la présence de la Romanistik est moins forte dans le nord et dans l’est de l’Allemagne que dans l’ouest et dans le sud : rien que dans les trois Länder de Bade-Wurtemberg, Bavière et Rhénanie du Nord-Westphalie existent 25 départements, soit la moitié de l’ensemble. En général, ils sont mieux pourvus de postes et de moyens financiers que ceux implantés à l’est et dans le nord. Six des départements se trouvent dans des universités d’excellence et participent à leur renommée.
9 Le fait que toutes les universités historiques et presque toutes les universités fondées au cours des années 1960 et 1970 se trouvent parmi ces cinquante lieux où est enseignée la Romanistik, montre que celle-ci continue à être regardée comme une discipline évidente dans le cadre des Lettres et Sciences humaines. Pour donner comme exemple les deux universités où j’ai travaillé ces cinq dernières années :
- à l’université de Fribourg en Brisgau, la Romanistik participe activement à deux secteurs de recherche spécialisés (Sonderforschungsbereiche, SFB) : « Héros et héroïsme » (Helden und Heroismus) et « Loisir et oisiveté » (Muße und Müßiggang)
- et à l’Université Humboldt de Berlin, des romanistes ont des projets dans le Cluster d’excellence « Topoi » et dans le secteur de recherche spécialisé « Transformations du monde antique ».
11 Bien sûr, il n’existe plus de grande entreprise de modernisation, inspirée par des romanistes francophones comme Hans Robert Jauß, comme ce fut le cas dans les années 1960 et 1970 avec le groupe de recherches « Poétique et herméneutique » (Poetik und Hermeneutik), dont les centres de gravité étaient la philosophie, la culture et la littérature de l’antiquité ainsi que les littératures française et allemande. Mais, en général, la Romanistik et souvent la Frankoromanistik travaillent dans des équipes d’excellence. Pour donner un exemple significatif : actuellement, deux romanistes sont fellows au Wissenschaftskolleg de Berlin où séjournaient l’année dernières les littéraires français Françoise Lavocat et William Marx.
12 Dans un article du « Dictionnaire des relations culturelles entre la France et l‘Allemagne » (Lexikon der deutsch-französischen Kulturbeziehungen, éd. Par Nicole Colin, Corinne Defrance, Ulrich Pfeil et Joachim Umlauf) j’ai mentionné quelques grands projets réalisés par les chercheurs en littérature française au cours des dernières décennies : d’abord le « longseller » de la « Französische Literaturgeschichte » (Metzler), fondé par Jürgen Grimm (Münster) il y a 25 ans et qui est sorti dans sa 6e édition en 2014, avec en tout un tirage de plus de 40 000 exemplaires. Chez Metzler existe aussi la collection « Lehrbücher Französische Literatur » avec un volume consacré au Moyen Âge et aux siècles littéraires du 16e au 20e et enfin il existe aussi une collection de 12 volumes de « Interpretationen Französische Literatur » chez Stauffenburg.
13 Une des innovations les plus importantes depuis 1989 est la création de centres de recherche sur la France, appelés en allemand « Frankreichzentren » : leur « ascension » et leur « chute » semblent être significatives de la situation des études françaises au sein de la Romanistik. Pour pouvoir apprécier les relations à l’intérieur de la discipline, il est peut-être utile de savoir qu’il existe depuis la fin des années 1920 à Berlin un Institut ibéro-américain (Ibero-Amerikanisches Institut) de dimension nationale, un autre est domicilié à Hambourg. L’institut berlinois est financé par la Fondation du patrimoine culturel prussien (Stiftung Preussischer Kulturbesitz), c’est-à-dire par le gouvernement fédéral. Il existe, en outre, dans plusieurs universités des Centres ibéro-américains ou latino-américains.
14 Mis à part l’Instiut franco-allemand de Ludwigsbourg (Deutsch-Französisches Institut Ludwigsburg), qui n’est que partiellement un institut de recherches comparable aux universités, il n’existait pas, jusqu’à la fin des années 1980, d’institut de recherches consacré à la France dans les universités allemandes. Initié par le Romanistentag de Fribourg en 1987, ce n’est que vers la fin de cette décade qu’est fondé dans cette université et avec le soutien du Land de Bade-Wurtemberg un « Frankreich Zentrum », suivi bientôt par le « Frankreich-Zentrum » de l’université de la Sarre, puis par deux autres centres, l’un à l’Université technique (Technische Universität), qui passera par la suite à l’Université libre de Berlin, l’autre à Leipzig. Ce dernier existera une dizaine d’années, de 1995 à 2005, pour être intégré ensuite à un Institut d’études européennes. Le projet plein de promesses de Berlin (quatre chaires) initié par Michael Nerlich, le fondateur de la revue lendemains, souffre d’abord de la réduction du département des Lettres et Sciences humaines à l’Université technique puis, après le passage de la TU à la FU en 2006, il est fragilisé et, après le départ en retraite de la dernière professeure, son avenir est gravement compromis.
15 Un autre domaine important pour l’appréciation et la place des études françaises dans le cadre de la Romanistik allemande et au-delà est constitué par les revues consacrées à la langue, la littérature et la culture françaises. Dans le Dictionnaire des relations culturelles, j’ai donné l’historique du développement. D’un côté, il y a une quantité non négligeable de revues consacrées à l’ensemble de la Romanistik. Mais ce qui est important pour la situation actuelle du français, c’est le fait qu’il existe d’un côté, depuis 1879, la revue à tous égards traditionnelle intitulée Zeitschrift für französische Sprache und Literatur, mais qu’il y a d’un autre côté depuis 1975 la revue lendemains consacrée aux « Études comparées sur la France », c’est-à-dire une revue qui s’ouvre de manière délibérée à des sujets qui débordent les sujets traditionnels de la discipline. Dans cette perspective se situe aussi le Frankreich Jahrbuch, édité depuis 1988 par le Deutsch-Französisches Institut à Ludwigsburg. Entre 1994 et 2011 existaient la série Grenzgänge (passage de frontières), principalement consacrés aux études françaises, qui essayaient de continuer la tradition de la Romanistik et des études sur la France en RDA. Et enfin, il existe depuis 2014 la revue électronique Romanische Studien, qui tient largement compte de sujets de littérature et de culture françaises. Pour ne donner qu’un exemple, mentionnons la discussion actuelle organisée à l’occasion de la sortie de l’étude de William Marx, La haine de la littérature (2015). À l’exception de la dernière, toutes ces revues souffrent depuis des années de la diminution du nombre de leurs abonnés individuels. Mais aussi du côté des abonnés institutionnels, il y a des problèmes. Même dans de nombreuses universités où existent des études d’allemand, les bibliothèques ne sont pas abonnées à ces revues : la revue lendemains compte actuellement 12 abonnements institutionnels en France, y compris ceux de la BnF et de la bibliothèque de l’ENS.
En guise de bilan
16 Malgré un bilan plutôt globalement positif de la situation des études sur la France dans le cadre de la Romanistik allemande – soit dit au passage que la situation autrichienne ressemble à celle de l’Allemagne - , il faut constater que l’importance et le rayonnement du français à l’intérieur et à l’extérieur de la Romanistik ont profondément changé au cours du dernier demi-siècle. Grâce à sa structure comparatiste, cette discipline de la Romanistik possède dans les universités (mis à part les Universités techniques) une importance telle qu’il semble actuellement peu probable que son statut en tant que tel soit prochainement mis en danger. De cette manière, cette discipline « allemande », comme l’a qualifiée un romaniste connu enseignant à l’étranger, à cause du caractère unique de cette structure « romane » mais aussi à cause du passé nationaliste et national-socialiste d’une grande partie de la discipline, peut maintenir un certain équilibre entre ses composantes s’il en est besoin. L’espagnol peut ainsi aider à protéger l’italien ou le catalan de même que dans les cours bi-langues dans les collèges, la combinaison français – espagnol peut aider les deux composantes.
17 Ce qui est peut-être plus important pour l’avenir de la discipline, c’est qu’après des années d’espoir (partiellement fondés), la structure de la discipline n’a pas pu être changée. La grande entreprise qui visait à réformer la structure telle qu’elle s’était établie au début du 20e siècle avec ses composantes littéraire et linguistique, pour y ajouter une troisième composante appelée « Landeswissenschaft » (civilisation), cette réforme discutée pendant quelque vingt-cinq ans a finalement échoué. Pour le dire clairement, la Romanistik ne se sent pas responsable de l’image qu’on développe en Allemagne de la France. Pour l’Amérique latine, en partie à cause des nombreux instituts ibéro-américains, la situation est différente. Du côté des études françaises, à quelques exceptions près, on est de nouveau dans la situation des années 1960 : les connaissances nécessaires dans les domaines de l’histoire, de la politique, de l’économie et des structures sociales, sont dispensées par des lecteurs et il est très peu probable que cette structure change dans un avenir prévisible. Et comme il y a de moins en moins de spécialistes des questions françaises chez les historiens, les sociologues ou les politologues, cela aura à terme des conséquences pour la connaissance de la France en Allemagne, au risque de voir les malentendus ne pas diminuer, au contraire.
18 D’autre part, à l’intérieur de la discipline, l’importance des études françaises a significativement changé, ce qui a des conséquences pour l’appréciation des universités et au-delà. Il y a cinquante ans, le français était incontestablement la composante de référence de la Romanistik. La montée de l’espagnol à l’intérieur de la Romanistik ne pouvait se faire qu’aux dépens du français et un peu de l’italien. Le fait que l’ambassade d’Espagne ait influencé ce processus montre qu’une politique culturelle extérieure active peut avoir des résultats à long terme. Avec des programmes de recherches et d’enseignement, celle-ci a soutenu l’essor de l’espagnol partout dans les universités allemandes. Cette phase semble être terminée. Actuellement, nous assistons à l’installation d’un équilibre entre le français et l’espagnol.
19 À cause de ces changements, dans l’opinion publique allemande mais aussi chez de nombreux romanistes, s’est développée l’impression, parfois aussi la conviction, que l’espagnol était devenu nettement plus important que le français. Mais cette appréciation ne correspond pas aux réalités sur le terrain, en tout cas pas à la demande de l’une ou de l’autre des deux langues et littératures par les étudiants. Pour les disciplines et les filières d’études dans les universités allemandes, le taux de remplissage est réglé par le règlement des capacités d’accueil (Kapazitätsverordnung) qui calcule, évalue et adapte en fonction de la demande : ceci a une fonction centrale. Une demande insuffisante pendant des années mène nécessairement à des suppressions de postes et à terme, cela met l’existence d’une discipline en question. Déjà le fait que les études françaises existent dans cinquante universités, montre que ce n’est actuellement pas le cas.
20 Comme les chiffres exacts concernant la demande d’une langue et d’une littérature n’existent pas au plan national (pas même d’ailleurs dans les Länder), j’ai fait un petit sondage pour pouvoir donner une appréciation à peu près fondée. J’ai écrit à dix départements dans des universités de plus ou moins grande importance, des universités historiques ou récentes, dans le sud, l’ouest, le nord et l’est de l’Allemagne (Bonn, Brême, Fribourg, Halle, HU Berlin, Mayence, Munich, Ratisbonne, Osnabrück et Potsdam) en leur demandant de me communiquer les chiffres des débutants dans les études du français et de l’espagnol entre 2010 et 2015 et, si possible ceux de l’effectif global dans les deux domaines. Il en résulte un état des lieux en contradiction avec la thèse de l’inexorable montée de l’espagnol. En moyenne, il n’y a pas de différences essentielles en ce qui concerne la demande : dans un tiers des départements, le français est plus demandé que l’espagnol ; dans un autre tiers, c’est l’espagnol qui trouve plus d’audience que le français ; et dans le tiers restant, les deux domaines sont à quasi-égalité. D’une manière générale, la demande baisse légèrement. Comme une bonne moitié des étudiants se destinent à l’enseignement secondaire (Lehramtsstudenten) et que, avec le cycle de remplacement des retraités, la plupart des postes dans les lycées sont actuellement occupées pour au moins vingt ans, la demande pour les cycles de formation au métier de l’enseignement (Lehramtsstudiengänge) a diminué et continuera probablement encore à le faire pendant un certain temps. De plus, l’introduction massive de l’espagnol dans le secondaire est pratiquement terminée, et comme cela commence à se savoir, la demande d’espagnol en a diminué.
21 Pour illustrer la réalité de la situation, voici quelques chiffres de débutants en français pour 2015 : Fribourg : 49 ; HU Berlin : 102 ; Bonn : 141 ; Osnabrück 43. En ce qui concerne les chiffres globaux, à Munich, le chiffre pour l’ensemble des étudiants de français a légèrement baissé entre 2010 et 2015 : de 1 375 à 1 120 ; à Mayence par contre, le chiffre est passé de 595 à 725 et, à Brême, il stagne autour de 320.
22 Même s’il est difficile d’établir un pronostic à partir de cet état des lieux, il semble évident que les études du français ne se portent pas trop mal dans les universités allemandes et il n’est pas à craindre que cela change dans un avenir proche. Certes, il n’y a pas d’effets directs entre les études de l’allemand en France et du français en Allemagne. Mais si l’allemand était encore plus menacé dans un nombre important d’universités françaises et si l’allemand venait à disparaître dans des régions entières pour ne plus être concentré que sur l’est de la France et sur Paris, cela pourrait avoir à long terme des conséquences sur l’intérêt pour le français dans les universités allemandes. C’est pour cette raison aussi que le dialogue entre germanistes français et romanistes-francisants en Allemagne ne devrait pas être aléatoire et discontinu mais intense. Puisque nous travaillons sur la « philologie nationale » dans le pays de l’autre, nous sommes dans une situation structurelle analogue. Cela devrait nous amener à des échanges d’informations, à des réflexions et à des actions communes. Mais les vingt-cinq années écoulées depuis la rencontre de germanistes français et de romanistes allemands à Versailles à l’automne 1989 ont montré combien cela reste difficile. Sur le débat mené entre civilisationnistes des deux domaines, on a pu cependant enregistrer quelques avancées, comme le montre la publication en 2013 des actes d’un colloque organisé en 2010 à Berlin, vingt ans après celui de Versailles : H.-J. Lüsebrink et Jérôme Vaillant (dir), Civilisation allemande / Landes- Kulturwissenschaft Frankreichs. Bilan et perspectives dans l’enseignement et la recherche / Bilanz und Perspektiven in Lehre und Forschung (PU du Septentrion).
Les « romanische Seminare » des universités allemandes
23 Dans les 50 « Seminare » ou « Institute », on peut faire des études de français (Bachelor et Master), ces organismes sont habilités à faire passer des thèses et des HDR. Pour interpréter comme il convient cette liste, les différents symboles suivants ont été adoptés : Romanistique menacée : (?), Romanistique réouverte ou créée récemment : ( !)
24
Bade-Wurtemberg
Fribourg/Brisgau
Heidelberg
Constance
Mannheim
Stuttgart
Tübingen
25
Bavière
Augsbourg
Bayreuth
Bamberg
Eichstätt
Erlangen
Munich
Passau
Regensburg
26
Berlin
Université libre (FU)
Université Humboldt (UH)
27
Brandebourg
Potsdam
28 Brême
29 Hambourg
30
Hesse
Francfort/Main
Gießen
Kassel
Marbourg
31
Mecklembourg-Poméranie occidentale
Rostock
32
Basse-Saxe
Göttingen
Hanovre (!)
Osnabrück
33
Rhénanie du Nord -Westphalie
Aix-la-Chapelle (?)
Bielefeld (!)
Bochum
Bonn
Düsseldorf
Essen-Duisburg
Cologne
Münster
Paderborn
Siegen
Wuppertal
34
Rhénanie-Palatinat
Coblence
Mayence
Trêves
35
Sarre
Université de la Sarre
36
Saxe
Chemnitz
Dresde
Leipzig
Saxe-Anhalt
Halle
37
Schleswig-Holstein
Flensburg (!)
Kiel
38
Thuringe
Erfurt
Jena