Couverture de ALL_206

Article de revue

Les Verts de 2005 à 2013. Le succès fragile d’un parti assagi

Pages 120 à 130

Notes

  • [1]
    Cet article a été rédigé avant les élections fédérales du 22 septembre 2013.Cf. Joachim Raschke (éd.), Die Grünen. Wie sie wurden, was sie sind, Cologne (Bund Verlag) 1993, Silke Mende, « Von der ‘Anti-Parteien-Partei’ zur ‘ökologischen Reformpartei’. Die Grünen und der Wandel des Politischen », Archiv für Sozialgeschichte 52, 2012. Le passage au gouvernement fédéral a déjà trouvé son premier historiographe : Edgar Wolfrum, Rot- g rün an der Macht. Deutschland 1998-2005, Beck (Munich) 2013.
  • [2]
    Der Spiegel 15/11/2010. La couverture arbore : Die neue deutsche Volkspartei, tandis que la Titelgeschichte s’intitule rien moins que Das grüne Wunder (le miracle vert).
  • [3]
    Fischer avait annoncé dès le 20 septembre, c’est-à-dire deux jours après l‘élection, se démettre de tous ses mandats de direction pour ne plus participer à la vie politique que comme simple député.
  • [4]
    Successivement en Brandebourg, à Hambourg, en Saxe-Anhalt, Rhénanie-Palatinat, Bade-Wurtemberg, à Brème, en Mecklembourg-Poméranie occidentale et à Berlin.
  • [5]
    Cf. Der Machtwechsel. Das erste Jahr Grün-Rot, Der Bürger im Staat (revue éditée par la Landeszentrale für politische Bildung Baden-Württemberg) n° 3–2012, 62e année et Uwe Wagschal/Ulrich Eith/Michael Wehner (éd.), Der historische Machtwechsel : Grün-rot in Baden-Württemberg, Baden-Baden (Nomos) 2013.
  • [6]
    Un graphique synthétique dans « Wirkungslose Aufregung », Frankfurter Allgemeine Zeitung 21/8/2013, les chiffres originaux consultables sur http://www.wahlrecht.de/umfragen/allensbach.htm
  • [7]
    Cf. note 2.
  • [8]
    Sur l’évolution des Verts depuis 2005, cf. en particulier Melanie Haas, « Statt babylonischer Gefangenschaft eine Partei für alle Fälle? Bdnis 90/Die Grünen nach der Bundestagswahl 2005 » in Oskar Niedermayer (éd.), Die Parteien nach der Bdestagswahl 2005, Wiesbaden (Verlag für Sozialwissenschaften) 2008, Lothar Probst, « Bündnis 90/Die Grünen auf dem Weg zur Volkspartei? Eine Analyse der Entwicklung der Grünen seit der Bundestags­wahl 2005 » in Oskar Niedermayer (éd..), Die Parteien nach der Bundestagswahl 2009, Wiesbaden (Verlag für Sozialwissenschaften) 2011, Reinhard Bütikofer, « Wie geht’s Grün? » et Hubert Kleinert, « Die Zukunft der Grünen », tous deux in Forschungsjournal Soziale Bewegungen n° 3/2011.
  • [9]
    Sur la position des Verts et sur leurs débats internes au moment de l’adoption de l’Agenda 2010 cf. Christoph Egle/Reimut Zohlnhöfer (éd.), Ende des rot-grüne Projekts. Eine Bilanz der Regierung Schröder 2002-2005, Wiesbaden (Westdeutscher Verlag) 2003, p. 106 sq. et Wolfrum (cf. note 1) p. 557 sq.
  • [10]
    Le néologisme est forgé par Dirk Kurbjuweit : « Der Wutbürger », Der Spiegel 11/10/2010. Il est repris et discuté par toute la presse et est même choisi comme « mot de l’année » par la Gesellschaft für deutsche Sprache.
  • [11]
    Cf. Deutschland Stiftung Integration (éd.), Sarrazin, eine deutsche Debatte, Munich/Zurich (Piper) 2010.
  • [12]
    Bertelsmann Stiftung (éd.), Fallstudie: Die Hamburger Schulreform, Gütersloh (Bertelsmann) 2011.
  • [13]
    Cf. Stefanie Haas, « Wandern ins Grüne: Wählerbewegungen in Baden-Württemberg » in Der Machtwechsel …, cf. note 5. Pour achever de relativiser la dimension conjoncturelle du succès vert en Bade-Wurtemberg, on peut citer la constance des intentions de vote les concernant, quasiment égales avant et après Fukushima : cf. Dieter Roth, « Was entschied die Wahl? » in Der Machtwechsel … cf. note 5.
  • [14]
    Les Verts votent fin juin aux côtés de la CDU/CSU, du SPD et du FPD la loi qui prévoit la déconnexion du réseau de la dernière centrale en 2022.
  • [15]
    Ainsi, un sondage de l’institut Emnid publié au cours de l’été 2010 constate qu’une très grande majorité d’Allemands, quel que soit leur niveau de formation, estime « que la prospérité (Wohlstand) est moins importante que la protection de l’environnement et la réduction de la dette ». Cité par Frank Drieschner, « Parteien: Immer älter, sehr engagiert. Wer wählt die Grünen? Und wer wird Mitglied? », Die Zeit 11/11/2010.
  • [16]
    Outre les publications mentionnées en note 8, cf. Melanie Haas, « Die Grünen als neue Partei des Bürgertums » in Vorgänge 2/2005.
  • [17]
    Une vision de ce type dans Matthias Geis/Bernd Ulrich, « Wer hat Angst vorm grünen Mann? Die Ökopartei regiert das Land, obwohl sie nicht an der Macht ist. Einige macht das wütend », Die Zeit 16/6/2011.
  • [18]
    Cf. Andreas Möller, Das grüne Gewissen: Wenn die Natur zur Ersatzreligion wird, Munich/Vienne (Hanser) 2013.
  • [19]
    Qu’on pense p. ex. à la question de l’intervention en Lybie.
  • [20]
    Cf. Die Zeit 16/6/2011, note 17.
  • [21]
    Bernd Ulrich, « So grün wie wir », Die Zeit 11/11/2010.
  • [22]
    Cf. p. ex. Peter Lösche, « Ende der Volksparteien – Essay » in aus Politik und Zeitgeschichte 38/2009 du 14/9/2009.
  • [23]
    Sylvia Löhrmann, vice ministre présidente en Rhénanie du Nord-Westphalie trouve la référence dépassée (cf. « Wir mögen auch Männer! », Die Zeit 30/12/2010), Winfried Kretschmann préfère définir sa formation comme volksnah – près du peuple, pour souligner la capacité d’être à l’écoute, de pratiquer la discussion publique et le recours à la démocratie directe (Giovanni di Lorenzo, « Es grünt im Klub », Die Zeit 12/5/2011). Boris Palmer, maire de Tübingen et plutôt classé à la droite du parti, n’a en revanche pas de réticence : « Die grüne Volkspartei. Wie die Grünen die Bundestagswahl gewinnen können », Forschungsjournal Soziale Bewegungen 3/2012.
  • [24]
    Avec en 2202, 2005 et 2009 respectivement 31, 43 et 46 % des voix.
  • [25]
    Sur tout ce qui suit cf. Haas 2005, voir note 16, Probst 2011, voir note 8 et Martin Kroh/Jürgen Schupp, « Bündnis 90/Die Grünen auf dem Weg zur Volkspartei?“, Wochenbericht des DIW 12/2011. La langfristige Parteibindung est mesurée à partir de la question : « Beaucoup de gens en RFA sont attachés durablement à un parti, bien qu’ils votent de temps en temps pour un autre. Avez-vous un penchant pour un parti ? ».
  • [26]
    Aux législatives fédérales de 2002 32,4 % des électeurs verts gagnent plus de 3 000 € par mois - seulement 20 % pour les électeurs du FDP ! (cf. Haas 2005 – note 16). Quant aux soutiens des Verts (au sens de la Parteibindung), sur la période 2008-2010 ils se recrutent à concurrence de 18 % dans les communes de plus de 500 000 habitants et de 14 % dans celles de 100 000 à 500 000 habitants (cf. Kroh/Schupp, note 25), ce qui comparé au résultat électoral de 2009 (10,7 %) correspond bien à une surreprésentation.
  • [27]
    Cf. Kroh/Schupp, note 25. L’embourgeoisement vaut également pour la composition des adhérents des Verts, qu’il s’agisse de la façon dont ils se situent subjectivement dans la stratification sociale, des catégories socio-professionnelles auxquelles ils appartiennent ou de leur niveau de formation : cf. Haas 2005, note 16.
  • [28]
    Cf. l’interview de Renate Künast : « Volksparteien haben keine Zukunft », Die Zeit 26/8/2010.
  • [29]
    Les sociaux-démocrates ne sont pas avares de sobriquets à l’adresse des Verts, qu’ils traitent à l’occasion aussi de parti de la bionade (une limonade bio), parti du latte macchiato, ou même d’Ökosnobs.
  • [30]
    Sur cette évolution programmatique, cf. Christoph Egle, « Politik und Programmatik von Bündnis 90/Die Grünen » in Christoph Egle/Tobias Ostheim/Reimut Zohlnhöfer (éd.), Das rot-grüne Projekt. Eine Bilanz der Regierung Schröder 1998-2002, Wiesbaden (Westdeutscher Verlag) 2003 et Probst, cf. note 8.
  • [31]
    Cf. Bündnis90/Die GRÜNEN (éd.), Die Zukunft ist grün. Grundsatzprogramm von Bündnis90/Die GRÜNEN, Berlin 2002.
  • [32]
    Les Verts proposaient un passage du prix du litre de 1,70 DM (niveau de l’époque) à 5 DM en dix ans, avec une augmentation immédiate de 50 Pfennig, suivie d’augmentations annuelles de 30 Pf.
  • [33]
    Cf. Kestin Bund, « Schwaben zur Sonne! », Die Zeit 30/6/2011.
  • [34]
    Sur cette évolution des structures, cf. Egle 2003 (note 27), Egle/Zohlnhöfer 2007 (note 9), Bütikofer (note 8), Haas 2008 (note 8).
  • [35]
    Au premier chef Jutta Ditfurth, qui fonde par la suite la ökologische Linke.
  • [36]
    L’aile gauche est plus forte en Allemagne du Nord et de l’Est, l’aile libérale dans celle du Sud-ouest. Parmi les représentants en vue de l’aile gauche, on citera Claudia Roth et Jürgen Trittin, parmi ceux de l’aile droite, Cem Özdemir, Renate Künast, Katrin Göring-Eckart et Winfried Kretschmann.
  • [37]
    C’est p. ex. la base qui a limité à 2 sur 6 le cumul des mandats électifs et d’un siège au sein du Comité directeur. Elle se permet aussi en septembre 2007 de rejeter la motion de la direction lors du congrès extraordinaire sur la question de l’Afghanistan (cf. Probst 2011, note 8).
  • [38]
    Cf. « Die Grünen Jungbrunnen Urwahl » et « Grünen-Urwahl. Göring-Eckardt und Trittin bilden Spitzenduo », Frankfurter Allgemeine Zeitung respectivement 3/9/2012, 10/11/2012 et « Wer hat uns verraten? Grüne Demokraten! Frösche nicht mehr so wichtig: Bei der Abstimmung der Grünen-Mitglieder über die Prioritäten der Partei landet die Bewahrung der Natur ganz weit hinten. Energiewende auf Platz eins », Tageszeitung 13/6/2013.
  • [39]
    Une bonne analyse globale de la situation berlinoise dans Mariam Lau, « Wahlkampf in Berlin: Fremd in der eigenen Stadt », Die Zeit 25/8/2011.
  • [40]
    Cf. note 6.
  • [41]
    Cf. Kleinert, voir note 8.
  • [42]
    Leurs réponses aux attaques des partis gouvernementaux sur le renchérissement du prix de l’électricité dû au mode de rémunération du courant produit par des énergies renouvelables mis en place sous le gouvernement Schröder ont été bien timides. Quant au Sofortprogramm Energiewende jetzt, il arrive bien tard. Cf. « Grünen-Länderrat Mit Pathos und Polemik », Frankfurter Allgmeine Zeitung 2/9/2012.
  • [43]
    Jürgen Trittin et Katrin Göring-Eckart incarnent la parité hommes/femmes et représentent respectivement l’aile gauche et l’aile modérée du parti, les pères fondateurs des Verts à l’Ouest et les dissidents de Bündnis 90 à l’Est.
  • [44]
    Cf. Bündnis 90/Die Grünen, Zeit für den Grünen Wandel. Teilhaben, e inmischen, Zukunft schaffen. Bundeswahlprogramm 2013, Berlin 2013 et « Im Gespräch: Jürgen Trittin “Merkels Bilanz als sparsame Hausfrau ist schlecht“ », Frankfurter Allgemeine Zeitung 15/11/2012.
  • [45]
    Les Verts tiennent à justifier l’agenda 2010 tout en souhaitant le corriger (cf. p. ex. « Agenda 2010 Über das Ziel hinausgeschossen » Die Zeit 14/3/2013).
  • [46]
    Notamment de Daniel Cohn-Bendit, qui s’interrogeait sur la levée du tabou des relations sexuelles entre enfants et adultes : cf. p. ex. Matthias Geis, « Agent Provocateur. Die Grünen-Veteranin Marieluise Beck über Daniel Cohn-Bendit und die “Befreiung” der kindlichen Sexualität », Die Zeit 16/5/2013. C’était, il est vrai, le temps où les écrits de Wilhelm Reich faisaient fureur … et avant que n’éclatent les affaires de pédophilie.
  • [47]
    Cf. « Die Grünen wollen uns das Fleisch verbieten », Bild Zeitung 5/8/2013. Pour les Verts, manger moins de viande est bon pour la santé, pour la protection des animaux et pour la maîtrise du changement climatique. Un résumé ironique des polémiques dans Hauke Janssen « “Veggie Day”: Die Furcht vor der grünen Umerziehung », Der Spiegel 9/8/2013.
  • [48]
    Cf. Claudia Kade, « Warum die Umfragewerte der Grünen plötzlich sinken », Die Welt 28/8/2013.
  • [49]
    Lors du congrès de la fin novembre 2012, Jürgen Trittin cite plusieurs sondages censés montrer que des positions clés des Verts (telles que le souhait de réduire les inégalités de revenus ou l’égalité de droit pour le mariage gay) recueillent l’assentiment d’une grande majorité. La triade allitérative (Jürgen Trittin untermauert den Anspruch auf M itte, M ehrheit und M acht) est due à Johannes Leithäuser, « Grünen-Parteitag: Heiße Eisen und weiche Waffeln », Frankfurter Allgemeine Zeitung 18/11/2012. Elle rend bien compte de l’optimisme pour le moins excessif qui règne alors.
  • [50]
    … car certains dirigeants verts parlent depuis longtemps de cette possibilité : cf. p. ex. Christoph Schwennicke, « Ein Hirngespinst nimmt Gestalt an », Der Spiegel 21/2/2013.

1 Constitués dans les années 1980 comme parti « anti-parti » pour relayer les Nouveaux mouvements sociaux dans le système politique, les Verts se sont graduellement transformés et installés dans ce qu’ils voulaient initialement subvertir. Jusqu’à accéder aux plus hautes responsabilités gouvernementales fédérales, en coalition avec le SPD, de 1998 à 2005. [1] À la différence des sociaux-démocrates, ils ne semblent pas avoir pâti des années Schröder. Au contraire. Au cours de la législature qui s’achève, ils ont eu longtemps le vent en poupe, au point même de se voir fêter à l’automne 2010 par Der Spiegel comme die neue deutsche Volkspartei, le nouveau (futur grand) parti rassembleur du paysage politique allemand. [2] Si la louange paraît démesurée, elle recouvre malgré tout une progression réelle des résultats électoraux et des positions de pouvoir dont il s’agit d’abord de prendre la mesure. Elle mérite en outre qu’on s’y arrête, car au-delà des hasards favorables de la conjoncture politique, probablement à l’origine d’une part importante du succès, elle renvoie aussi à la convergence des choix stratégiques des Verts et de certaines tendances de la société allemande.

2 Quelle sera la traduction électorale de ces évolutions le 22 septembre 2013 ? La politique résiste plus que jamais aux analyses structurelles, dont la volatilité de l’électorat et les impondérables de la communication peuvent à tout moment contrarier les effets. Bien malin donc qui saurait le dire.

Un parcours électoral flatteur

3 En 2005 beaucoup d’observateurs prédisaient aux Verts un avenir sombre. La défaite de la coalition rouge-verte à l’élection fédérale du 18 septembre faisait suite à une série de revers électoraux dans les Länder. Si bien qu’après la fin des coalitions rot-grün en Schleswig-Holstein en février et en Rhénanie du Nord-Westphalie en mai, les Verts avaient à l’automne perdu toute participation au pouvoir exécutif tant au niveau régional que national. N’était-ce pas l’annonce de leur déclin, inévitable compte tenu de la quasi-disparition du milieu alternatif dont ils étaient issus, de la banalisation de la thématique écologique qui faisait leur singularité, mais aussi du brusque départ à la retraite de leur leader charismatique Joschka Fischer ? [3]

4 Le parcours électoral ultérieur montre que ce pessimisme était infondé. Le score de l’élection fédérale de septembre 2005 laissait d’ailleurs déjà quelque espoir : certes les Verts en obtenant 8,6 % des voix devenaient le plus faible des trois petits partis, alors qu’ils étaient le premier d’entre eux en 2002, mais en ne perdant que 0,5 point et en passant pour la première fois la barre des 5 % dans les Nouveaux Länder. Dans un premier temps, les résultats des élections ultérieures sont contrastés, mais ils s’inscrivent ensuite nettement dans une tendance ascendante à partir de 2009. Si les scrutins régionaux de 2006 sont décevants en Rhénanie-Palatinat, Saxe-Anhalt et Mecklembourg-Poméranie occidentale (moins de 5 %), ils sont revanche très positifs en Bade-Wurtemberg (11,7 %, + 4 points) et à Berlin (13,1 %, + 4 points), tout comme l’année suivante à Brème (16,5 %, + 3,5 points). Et après l’érosion enregistrée à Hambourg et en Hesse en 2008 (avec des pertes respectives de 2,7 et 2,6 points) s’amorce en 2009 une progression qui ne s’est pas démenti pendant plus de deux ans. Elle vaut d’abord pour les élections européennes de juin, où certes le gain n’est que de 0,3 % (12,1 % contre 11,9 en 2004), mais permet aux Verts d’être le troisième parti sur l’échiquier politique. Cette évolution se poursuit avec les six scrutins régionaux de 2009 (Hesse, Thuringe, Saxe, Sarre, Brandebourg et Schleswig-Holstein), qui sont en particulier marqués par une croissance de 6,2 points tant en Hesse (ce qui les hisse à 13,7 %) qu’en Schleswig-Holstein (à 12,4 %). À la veille des élections fédérales de 2009, les Verts sont de ce fait représentés dans 13 parlements régionaux sur 16 et participent au gouvernement de trois Länder (Hambourg, Brème et Sarre).

5 Après ces élections fédérales, qui leur apportent leur meilleur résultat dans ce type de scrutin (10,7 %, + 2,6 points), même s’ils sont dépassés par la Gauche (11,9 %) et le FDP (14,6 %), les Verts continuent sur leur lancée tout au long des élections régionales. Lors les huit consultations qui s’échelonnent jusqu’à l’automne 2011, [4] leur résultat en part relative des voix est à chaque fois meilleur qu’au scrutin précédent, le gain étant parfois spectaculaire comme fin mars en Rhénanie-Palatinat (15,4 %, + 10,8 points) et en Bade-Wurtemberg (24,2 %, + 12,5 points). Dès le succès en Mecklembourg-Poméranie occidentale (septembre 2011), ils sont représentés dans tous les parlements régionaux. Cela leur permet aujourd’hui d’être au gouvernement de six Länder dans le cadre d’une coalition rouge-verte (avec le SPD comme senior partner) : en Basse Saxe, Rhénanie du Nord-Westphalie, Rhénanie-Palatinat et à Brème ; en combinaison également rouge-verte, mais avec l’appoint du parti régionaliste Danois (Dänenampel) en Schleswig-Holstein, sans oublier le Bade-Wurtemberg, où ils sont à la tête d’une coalition verte-rouge.

6 C’est évidemment ce dernier résultat qui fait sensation. Les Verts font plus que doubler leur pourcentage de voix, réalisent leur meilleur score en Bade-Wurtemberg (qui est aussi leur meilleur score dans toutes les élections régionales), dépassent le SPD (qui perd quant à lui 2,1 points à 23,1 %) pour devenir le deuxième parti du Land derrière la CDU (39 %, moins 5,2 points). De ce fait, avec la nomination de Winfried Kretschmann comme Ministre-président le 12 mai 2011, ils peuvent pour la première fois prendre la tête d’un gouvernement de Land, qui plus est d’un Land gouverné jusque-là depuis 58 ans par la démocratie chrétienne. [5] Pour compléter l’inventaire des acquis politiques Verts, il faut encore mentionner leur présence au niveau municipal. Elle ne s’arrête pas aux très nombreuses petites communes où ils sont associés à l’exécutif, mais concerne aussi des villes moyennes et grandes où ils occupent le poste d’Oberbürgermeister (élu dans le sud de l’Allemagne au suffrage direct) : il faut ainsi citer Konstanz (un peu moins de 80 000 habitants) qui a un maire vert de 1996 à 2012, Freibourg (plus de 200 000 hab.) depuis 2002, Tübingen (environ 80 000 hab.) depuis 2007, enfin les deux villes conquises les plus récemment, qui achèvent d’illustrer le phénomène de « vague verte » : Darmstadt (150 000 hab.) en avril 2011 et Stuttgart (presque 600 000 hab.) en octobre 2012. Pour couronner le tout, les sondages sur les intentions théoriques de vote au niveau national (Pour quel parti voteriez-vous si les élections fédérales avaient lieu dimanche prochain ? – question posée chaque mois par l’Institut für Demoskopie Allensbach) créditent les Verts de valeurs sans cesse croissantes jusqu’à la fin 2010 (20 % en octobre, presque le double du résultat à l’élection fédérale précédente), valeurs qui, après une chute relative dans les premiers mois de 2011 culminent même en avril à 23 %. [6]

7 Tous ces chiffres génèrent évidemment un engouement médiatique et rendent moins étonnante l’hyperbole du Spiegel, qui se demande même (c’est l’automne 2010 et les sondages en Bade-Wurtemberg anticipent déjà la victoire de Winfried Kretschmann) s’il faut exclure que dans un avenir proche, les Verts puissent être à la chancellerie dans une coalition avec le SPD comme junior partner ? [7]

Une conjoncture politique favorable

8 Pour comprendre ce succès on peut avancer d’abord des explications de type conjoncturel. [8] Les difficultés des autres partis, face auxquelles les Verts peuvent faire bonne figure sont la première qui vient à l’esprit. Elle vaut d’une part pour les autres « petits partis » : tant Die Linke, qui est longtemps empêtrée dans des luttes intestines autour de la définition de ses objectifs stratégiques, que le FDP, qui dilapide dans les pannes et querelles de la coalition gouvernementale le capital politique gagné lors des élections fédérales. Mais elle s’applique aussi au SPD, dont les problèmes fonctionnent pour les Verts comme un paratonnerre. Car l’Agenda 2010 du gouvernement Schröder, en particulier les lois Hartz, est tout entier imputé aux sociaux-démocrates, bien que les Verts en soient pourtant coresponsables et l’aient d’ailleurs globalement défendu lors de la campagne électorale de 2005. [9] Leur chance est de ne pas avoir été sur le devant de la scène dans sa discussion ni dans sa mise en œuvre et, plus généralement, de ne pas être perçus comme particulièrement compétents en matière de politique sociale.

9 Une deuxième facette favorable de la conjoncture politique est l’ambiance plutôt protestataire qui caractérise l’année 2010. Dans ceux que la presse qualifie volontiers de Wutbürger (terme qu’il faut, selon les cas, comprendre comme citoyens ou bourgeois en colère [10]) on peut inclure les soutiens de Thilo Sarrazin, dont les thèses sur l’immigration dans son livre Deutschland schafft sich ab suscitent une vive polémique, [11] ou les adversaires de la politique de réforme scolaire du Senat de Hambourg, qui imposent leur point de vue par référendum en juillet 2010. [12] Mais la protestation dont les Verts tirent parti est celle contre « Stuttgart 21 », un projet de gare souterraine ultramoderne dont l’impact écologique, urbanistique et ferroviaire est très controversé. Les Verts sont derrière la mobilisation des contestataires, qui monte en puissance avec l’ouverture du chantier début 2010 et bénéficient avec eux de la sympathie de l’opinion quand des manifestants stuttgartois ordinaires, y compris le 3e âge et les enfants dans la poussette, sont, le 30 septembre 2010, dispersés à coup de matraques et de jets d’eau. Lorsque le ministre-président CDU, passablement déconsidéré par cette intervention, se résout à organiser une médiation, les Verts, qui ont critiqué seuls le projet dès sa présentation 15 ans auparavant, peuvent se prévaloir de leur constance. Et surtout, alors que le gouvernement et la municipalité CDU avaient auparavant refusé à deux reprises de soumettre le projet à une consultation populaire, ils peuvent se présenter, dans la continuité de leurs origines, comme les défenseurs de la démocratie citoyenne.

10 Ceci dit, les Verts ne profitent pas que de la faiblesse des autres comme l’illustre l’élection de Bade-Wurtemberg. Leur victoire à ce scrutin ne peut être réduite à la mauvaise image du ministre-président sortant, qui explique certes d’importants transferts de voix en leur faveur en provenance du FDP et de la CDU. Elle n’aurait pas été aussi retentissante si, après une campagne très polarisée faisant grimper la participation électorale, ils n’avaient pas su convaincre beaucoup de nouveaux électeurs : les Verts sont en effet le parti qui capte la plus forte proportion de non-votants de 2006 et pour lequel ces non-votants représentent la part la plus forte des gains en voix par rapport au scrutin précédent. N’est-ce pas là le signe d’une adhésion positive à leurs thèmes ? [13]

11 Une telle adhésion renvoie à des évolutions structurelles sur lesquelles nous reviendrons, cependant elle relève aussi du dernier élément conjoncturel qui leur est favorable, sans doute le plus important des trois : l’agenda politique, qui valorise leur thème de prédilection, la question de l’énergie nucléaire. La coalition gouvernementale le place d’emblée à l’ordre du jour, en remettant en cause la fermeture progressive des centrales décidée sous le gouvernement Schröder au printemps 2000. Mais quatre mois et demi après le vote au Bundestag d’un allongement des autorisations d’exploitation (« la sortie de la sortie » – Austieg aus dem Austieg – fin octobre 2010), survient la catastrophe de Fukushima. Elle conduit Angela Merkel à décider dès le 14 mars 2011 l’arrêt des sept centrales nucléaires les plus anciennes du pays, puis, à peine trois mois après, un abandon progressif, mais définitif de cette source d’énergie. [14] La volte-face gouvernementale, loin de porter tort aux Verts, renforce leur image. Ils apparaissent comme ceux qui, fidèles à leurs convictions depuis 35 ans, voient l’histoire leur donner raison. Certes, les rebondissements de la crise de l’euro éclipsent à intervalles réguliers la problématique énergétique, mais ils apportent aussi de l’eau au moulin des Verts. Car dans le climat allemand de relative prospérité le sentiment de crise favorise plutôt la diffusion de valeurs post-matérialistes. [15]

Les Verts dans la société allemande

12 Par-delà les conjonctures politiques, les Verts bénéficient de changements à la fois graduels et plus durables, qu’on peut qualifier de structurels. Ils concernent à la fois le parti et la société allemande.

13 Le constat principal, présent dans toutes les analyses, est d’ordre sociologique et socioculturel. [16] Les Verts tirent profit de leur nouveau statut, qui n’est plus marginal, ni exotique, ni plus guère contestataire, même s’ils mobilisent encore à l’occasion contre Stuttgart 21 ou des transports de déchets nucléaires, mais bien établi au centre de la société. Au terme de cette domestication, les Verts les plus militants, si on les considère d’un œil favorable, sont ceux qui appliquent en les concrétisant les idéaux écologiques et libertaires des origines. Conformément à l’adage soixante-huitard voulant que le privé soit politique et le politique ait prise sur la vie privée, ils essaient de changer la société en vivant au quotidien le respect de la nature, l’objectif de soutenabilité, le souci d’équité et la revendication d’une participation citoyenne. [17] Les analyses critiques, comme celles récentes de Andreas Möller, relativisent les ambitions de cette révolution douce. [18] Pour Möller, la nature y est le lieu de projection de nos angoisses, la sphère où l’on recherche ce qui fait de plus en plus défaut dans la société globalisée, la stabilité, la sécurité et le ralentissement. À tort plus qu’à raison, surtout lorsque l’innovation et la croissance risquent d’en souffrir. Vue ainsi, la conscience verte, en dépit de ses ambitions universalistes, participe d’un repli sur soi. Elle tient moins de la révolution que du Biedermeier. L’écologie serait un ersatz de religion.

14 Mais que les Verts soient considérés comme le ferment de la société de demain ou comme un parti de bigots, on leur reconnaît dans tous les cas un fort pouvoir d’attractivité. Ils sont souvent qualifiés de « parti du milieu » (Partei der Mitte), tant au sens sociologique, parti de la classe moyenne (Mittelschicht), que celui, plus socioculturel, de parti de l’Allemand moyen. Les Verts rayonnent effectivement bien au-delà des limites de leur biotope. On peut parler d’un verdissement de la société allemande, dans la mesure où la circulation à vélo, la limitation de vitesse à 30, les panneaux solaires sur le toit ou les achats au magasin bio sont entrés dans le quotidien. Mais n’y a-t-il pas aussi un verdissement de la culture politique quand presque tous les partis (sauf die Linke) votent le « tournant énergétique » (e nergiewende) pris par la chancelière et que le gouvernement s’avère en politique étrangère presque aussi pacifiste que la base du parti Vert ? [19] Les sympathisants des Verts leur attribuent « un style de vie dominant, qu’on peut décrire comme durable, hédoniste, non-autoritaire et de classe moyenne ». Ils exerceraient en ce sens une véritable hégémonie culturelle. [20] D’autres disent avec moins de vénération qu’ils « collent bien à la conception allemande de la vie : profiter du bien-être, protester un peu et trier les ordures ». [21]

15 Mais cela fait-il d’eux pour autant un Volkspartei ? Le paradoxe est double : les Verts se voient attribuer ce qualificatif alors même que l’érosion électorale du SPD et (dans une moindre mesure) de la CDU incite bien des politologues à annoncer la fin de ce type de formation ; [22] d’autre part les leaders Verts ne tiennent pas particulièrement à cette attribution : à la fois parce que le concept, forgé dans les années 1960 pour expliquer le nivellement croissant de l’offre politique, froisse ce qui reste de sensibilité alternative dans le parti [23] ; et tout simplement parce qu’il ne leur correspond guère. Aux yeux de la science politique, pour être un Volkspartei il faut : 1) un programme relativement peu idéologique, 2) obtenir autour de 30 % des voix, 3) et les recueillir dans des couches variées de la population. Pour les Verts, seul le premier critère est satisfait – nous y reviendrons. Le second est atteint dans les places-fortes vertes que sont p. ex. Berlin-Kreuzberg, où Hans-Christian Ströbele réussit à se faire élire au Bundestag au suffrage direct depuis 2002 [24] ou encore dans les villes étudiantes du sud ayant un maire vert, mais il reste hors de portée en moyenne régionale ou nationale.

16 Quant à la sociologie électorale, qu’elle se réfère aux sondages sortis des urnes ou au concept du « lien partisan » (Parteibindung), elle donne également une image peu conforme à l’idéal du Volkspartei. [25] Les partisans des Verts sont plutôt jeunes, plutôt féminins, avec un niveau de formation et des revenus plutôt élevés. Aux élections fédérales de 2009, alors que, toutes catégories confondues, les Verts avaient obtenu 10,7 % des suffrages, leur score était de 14 % dans la tranche d’âge de 18 à 45 ans, de 13 % chez les électrices, de 16 % chez les bacheliers et 18 % chez les diplômés du supérieur, de 19 % chez les apprentis et étudiants. Ventilés par catégories socioprofessionnelles, leurs meilleurs résultats étaient obtenus chez les fonctionnaires (15 %), les employés et les indépendants (tous deux 14 %), alors que les ouvriers (7 %) étaient nettement sous-représentés. Enfin, ils sont choisis (ou soutenus au sens de la Parteibindung) dans une forte proportion par des personnes bénéficiant d’un haut revenu et vivant dans des grandes villes. [26] En somme, les Verts, alors qu’ils effrayaient le bourgeois dans les années 1980, sont aujourd’hui eux-mêmes embourgeoisés.

17 Certes le lien partisan avec les Verts croît plus la classe d’âge est jeune, ce qui assure un renouvellement et une expansion du soutien ; mais en même temps, ceux qui sont partisans des Verts de longue date lui restent fidèles. Comme, pour la plupart, ils ont connu une ascension sociale notable, ce sont ces représentants de la classe moyenne supérieure urbaine moderne qui marquent la sociologie actuelle du parti. [27] L’évolution est pleinement assumée par les dirigeants, qui, comme le dit Renate Künast, présidente du groupe parlementaire au Bundestag, se considèrent comme les porte-parole d’une bourgeoisie éclairée soucieuse du bien commun. [28] Cette référence à un milieu censé être le pivot de la société (un autre sens possible de die Mitte der Gesellschaft) ne suffit toutefois pas à faire des Verts un Volkspartei. Et l’embourgeoisement ne facilite pas les relations avec le SPD, culturellement plutôt étranger à l’univers d’un tel « parti des nantis » (Wohlstandspartei). [29]

Un parti au programme plus sage …

18 Les Verts ne pourraient pas se positionner ainsi s’ils n’avaient pas adapté leur programme et modifié leurs structures de fonctionnement. La révision programmatique s’amorce avec la chute du mur et la fusion avec Bündnis ‘90, puis tire les leçons de la participation au gouvernement à partir de 1998. [30] Le nouveau programme fondamental (Grundsatzprogramm) de 2002 rompt avec le pacifisme des années 1980 en particulier en cessant de demander le retrait de l’OTAN et en acceptant le principe d’interventions militaires extérieures dès lors qu’elles sont légitimées en droit international. Il abandonne d’autre part l’anticapitalisme originel du parti pour se convertir à une « économie sociale et écologique de marché » (ökologische und soziale Marktwirtschaft). L’écologie est désormais placée sous le signe de la justice et de la soutenabilité, deux références paradigmatiques d’autant plus importantes qu’étant applicables aux divers secteurs du champ politique, elles permettent aux Verts de s’émanciper définitivement de leur statut originel de « parti à problème unique » (single issue party ou Ein-Punkt-Partei). En témoignent les chapitres détaillés du programme consacrés à la politique scientifique et éducative (thème désormais majeur des Verts au niveau régional) et à la politique sociale. [31]

19 Leurs conceptions économiques se précisent à partir de la 26e conférence fédérale (Bundesdelegiertenkonferenz) en 2006, qui vote un texte au titre significatif « Pour un réalisme radical dans la politique écologique », avant d’être plus précisément formulées à la 28e conférence fédérale de 2008, sous l’intitulé green new deal. L’expression, lancée peu de temps avant par le journaliste américain Thomas Friedman (et entre-temps reprise un peu partout, y compris en France), appelle à élaborer un nouveau contrat social, dans lequel l’économie et l’écologie ne seraient plus opposées, mais en interaction féconde. Dès lors, les stratégies de rupture et les mesures chocs, comme la hausse du prix de l’essence à 5 deutsche Mark encore proposée avant les élections fédérales de 1998, [32] ne sont plus d’actualité. La croissance n’est plus remise en question, et si elle doit devenir verte, l’inflexion sera progressive, grâce à l’innovation et dans le cadre de la régulation marchande. On mise en quelque sorte sur les ingénieurs et le savoir faire industriel, mobilisables par la recherche de compétitivité dans des secteurs nouveaux et par la perspective corrélative d’un renforcement du site Allemagne. Le green new deal est donc plus un renouvellement technologique qu’un nouveau modèle économique. Quoi d’étonnant dans ces conditions qu’en Bade-Wurtemberg, région la plus prospère d’Allemagne, patrie de SAP, Bosch et Daimler Benz, ainsi que de très nombreuses PME leader mondiales sur leur marché, le patronat ne se soit guère ému au printemps 2011 de l’intronisation à la tête du Land d’un ministre-président vert. [33]

20 Le tournant libéral des Verts est aussi visible en matière de politique budgétaire. Car au nom du principe de soutenabilité, le parti se prononce pour une limitation des déficits et une réduction de la dette publique. Cette position, déjà défendue au sein du gouvernement Schröder, suscitait à l’époque encore des résistances internes. Elle n’est aujourd’hui plus contestée, d’autant qu’à l’argument de la soutenabilité on peut ajouter pour l’étayer une référence au principe de justice, deuxième valeur fondamentale du programme vert, en l’occurrence à la justice intergénérationnelle.

21 Une des conséquences de cette évolution programmatique est de permettre aux Verts d’envisager d’autres alliances que la combinaison rouge-verte. La faiblesse du SPD les y invite s’ils ne veulent pas être condamnés à l’opposition, mais aussi le sentiment de leur propre force, qui pousse à croire qu’ils peuvent devenir un parti charnière. Dans les faits, les alternatives ne sont guère pratiquées. La coalition noire-verte (avec la CDU/CSU), éventualité évoquée en Bade-Wurtemberg dès 2005, puis de manière récurrente par les leaders verts conservateurs, n’est expérimentée brièvement qu’à Hambourg entre 2008 et 2010. Mis à part, une expérience de coalition « jamaïquaine » (noir, jaune, vert – donc avec les chrétiens-démocrates et le FDP), qui fait elle aussi long feu (2010-2012), la combinaison rouge-vert continue d’être la règle. Mais le simple fait de ne plus exclure une autre solution renforce à coup sûr l’autonomie des Verts.

… et au fonctionnement normalisé

22 Les Verts profitent non seulement de leur modération programmatique, mais aussi d’une modification de leurs structures organisationnelles, qui va dans le sens de plus d’efficacité et de professionnalisation. [34] L’abandon progressif d’un mode de fonctionnement calqué sur celui des mouvements sociaux, privilégiant l’expression de la « base » (Basisdemokratie) et imposant la rotation des mandats, remonte au début des années 1990. Dès 1991, les organes de direction voient leur effectif resserré (ce qui limite de facto l’influence du courant fondamentaliste) et le parti se dote d’un secrétariat général (Geschäftsführer). Sous l’impulsion de ce dernier, la professionnalisation des structures se poursuit au début des années 2000, avec la mise en place d’une véritable administration interne à même à la fois de rationaliser le contact avec les adhérents et de former des cadres, avec une meilleure organisation des rapports entre direction du parti et groupe parlementaire au Bundestag, enfin avec une gestion des campagnes électorales mieux adaptée aux exigences du marché politique (centralisation, recours à des agences de communication et appel à des instituts de sondage). Le dernier pas vers la normalisation est opéré au printemps 2003 lorsqu’est amendée la stricte incompatibilité entre fonction de direction et mandat électoral jusqu’alors inscrite dans les statuts. À la suite de l’élection au Bundestag des présidents de l’époque (Claudia Roth et Fritz Kuhn) la règle est assouplie et permet à deux des six membres du Comité directeur fédéral (Bundesvorstand) de cumuler les deux mandats.

23 Cette évolution des mécanismes de décision va de pair avec une pacification de la culture politique interne au parti. Car malgré le départ en 1991 d’un certain nombre d’Ökosozialisten[35] les luttes fratricides entre realos et fundis restent à l’ordre du jour tout au long des années 1990. Toutefois, elles prennent fin avec l’accession au gouvernement fédéral à la fin de la décennie et, signe de maturation, ne renaissent pas pour autant avec le retour dans l’opposition après 2005. Les Verts continuent certes de regrouper des sensibilités politiques différentes, avec schématiquement une aile gauche plus préoccupée de justice et plus attachée à l’État social redistributeur, et une aile droite plus soucieuse d’auto-responsabilité et de références libérales-libertaires. Mais les milieux que représentent ces deux courants ont suffisamment de valeurs communes pour cohabiter, leurs leaders se partagent les postes de responsabilité et leurs désaccords ne risquent plus de dégénérer en scission. [36]

24 Les Verts ne sont certes pas complètement devenus une formation comme les autres. En dépit des réformes internes, la base, très consciente de son pouvoir, a tout loisir de s’exprimer lors des congrès, où elle sait le cas échéant résister à la direction, en particulier lorsque celle-ci est désunie. [37] La démocratie directe a d’ailleurs toujours cours dans d’autres cadres, comme p. ex. récemment pour la désignation des deux candidats de tête (Spitzenkandidaten) aux prochaines législatives, réglée par une primaire, ou pour la fixation des priorités politiques en cas de participation à un gouvernement, opérée par référendum. [38] Il reste que Die Grünen ne sont plus un « parti-antiparti ». Après que jusqu’en 1998 la Basisdemokratie ait rendu les décisions parfois imprévisibles, que pendant la période de gouvernement (1998 et 2005) la forte personnalité de Joschka Fischer et le chantage à l’échec de la coalition aient au contraire imposé une discipline peu habituelle, la spontanéité et le réalisme semblent désormais avoir trouvé leur équilibre. Sans rompre complètement avec la culture alternative des origines, cette professionnalisation rend les Verts plus conséquents et plus réactifs dans le jeu tactique quotidien de la vie politique.

Mais des perspectives bien incertaines pour les législatives de 2013

25 Comment dès lors, malgré tous ces facteurs positifs, expliquer le revers de fortune que les Verts connaissent depuis l’automne 2011 ? Car la décevante élection berlinoise de septembre donne un coup d’arrêt à l’euphorie électorale et à l’engouement médiatique. Après avoir espéré, au vu de sondages promettant jusqu’à 30 % des voix, rééditer dans la capitale le coup d’éclat du Bade-Wurtemberg, Renate Künast doit se contenter d’un progrès trop faible (17,5 %, + 4,5 points) pour dépasser le SPD (28 %, - 2,5 points) et même pour pouvoir négocier avec lui la participation à un gouvernement de coalition. [39] À l’exception de la Basse-Saxe en janvier 2013 (13,7 %, + 5 points) tous les scrutins régionaux qui suivent sont aussi peu satisfaisants : gain de 0,8 point seulement en Schleswig-Holstein en mai, perte de 0,9 et 0,8 point en Sarre et en Rhénanie du Nord-Westphalie en mars et en mai. Et surtout les intentions de votes aux élections fédérales, supérieures à 20 % entre avril et août 2011, sont en déclin continu depuis, au point d’être divisées par deux à la veille du scrutin. [40]

26 Au plus fort de l’euphorie verte, au début de l’année 2011, Hubert Kleinert, ancien responsable Vert et aujourd’hui professeur de sciences politiques, était l’un des rares à recommander la prudence. Il rappelait que selon les spécialistes du comportement électoral les succès des Verts pourraient bien n’être que pour moitié un vote d’adhésion, le reste relevant du rejet des autres partis et de facteurs beaucoup plus instables. Et qui sait si l’agenda politique serait à l’avenir aussi favorable ? [41]

27 Manifestement, la conjoncture a tourné. Les Verts n’ont pas su capitaliser l’état de grâce de l’après-Fukushima. Ils n’ont en particulier pas été capables d’intervenir fortement et continûment sur le tournant énergétique pour mettre en évidence leur compétence spécifique en la matière. [42] Et si leur campagne électorale paraissait avoir commencé par un bon casting, avec la nomination de deux candidats têtes de liste représentant bien les divers milieux où est ancré le parti, [43] les thématiques choisies n’ont ensuite pas eu le succès escompté. Les Verts mènent une campagne de gauche en annonçant une réédition d’une coalition rouge-verte. sous le signe des deux grands mots d’ordre Gerechtigkeit (justice) et Teilhabe (participation/inclusion/droit d’accès à), celle-ci met moins en avant les thèmes verts classiques que la fiscalité et le marché du travail. [44] Or, sur le premier thème, les augmentations d’impôts préconisées, en partie plus sévères que ce que demande le SPD, peuvent faire peur à la classe moyenne ; et sur le second (un salaire minimum légal unifié et une limitation de l’intérim et des petits emplois sans assurance sociale – les Minijobs) en tant que parti coresponsable de la dérégulation qu’il s’agit de corriger, les Verts sont moins facilement crédibles que Die Linke, qui s’y est toujours opposé. [45] En outre, ils pâtissent du rappel des élucubrations de certains de leurs membres dans les années 1980 sur la libération de la sexualité enfantine [46] et des polémiques contre la menace de « dictature écologique » suscitées par leur proposition d’un menu végétarien un jour par semaine dans les cantines et restaurants universitaires d’État. [47] Enfin, ils sont peut-être tout simplement victimes d’un phénomène mécanique, déjà observé lors des scrutins précédents : la focalisation des électeurs, en fin de campagne, sur les grands partis à même de nommer le ou la futur(e) chancelier/ère. [48]

28 Quoi qu’il en soit, après s’être prévalu des attributs Mitte, Mehrheit und Macht, en gros d’être le parti des enjeux de société majeurs, d’être, sur ces grands thèmes, soutenus par la majorité de l’opinion [49] et par conséquent d’accéder bientôt au pouvoir, les Verts risquent de retrouver à peine leur résultat de 2009. Compte tenu de la faiblesse annoncée du SPD, ce serait une condamnation à rester dans l’opposition, sauf si une débâcle des libéraux ouvrait l’opportunité de trahir les promesses de campagne en entrant avec la CDU/CSU dans une coalition noire-verte. Rien n’est à exclure … [50]


Date de mise en ligne : 01/12/2016

https://doi.org/10.3917/all.206.0120

Notes

  • [1]
    Cet article a été rédigé avant les élections fédérales du 22 septembre 2013.Cf. Joachim Raschke (éd.), Die Grünen. Wie sie wurden, was sie sind, Cologne (Bund Verlag) 1993, Silke Mende, « Von der ‘Anti-Parteien-Partei’ zur ‘ökologischen Reformpartei’. Die Grünen und der Wandel des Politischen », Archiv für Sozialgeschichte 52, 2012. Le passage au gouvernement fédéral a déjà trouvé son premier historiographe : Edgar Wolfrum, Rot- g rün an der Macht. Deutschland 1998-2005, Beck (Munich) 2013.
  • [2]
    Der Spiegel 15/11/2010. La couverture arbore : Die neue deutsche Volkspartei, tandis que la Titelgeschichte s’intitule rien moins que Das grüne Wunder (le miracle vert).
  • [3]
    Fischer avait annoncé dès le 20 septembre, c’est-à-dire deux jours après l‘élection, se démettre de tous ses mandats de direction pour ne plus participer à la vie politique que comme simple député.
  • [4]
    Successivement en Brandebourg, à Hambourg, en Saxe-Anhalt, Rhénanie-Palatinat, Bade-Wurtemberg, à Brème, en Mecklembourg-Poméranie occidentale et à Berlin.
  • [5]
    Cf. Der Machtwechsel. Das erste Jahr Grün-Rot, Der Bürger im Staat (revue éditée par la Landeszentrale für politische Bildung Baden-Württemberg) n° 3–2012, 62e année et Uwe Wagschal/Ulrich Eith/Michael Wehner (éd.), Der historische Machtwechsel : Grün-rot in Baden-Württemberg, Baden-Baden (Nomos) 2013.
  • [6]
    Un graphique synthétique dans « Wirkungslose Aufregung », Frankfurter Allgemeine Zeitung 21/8/2013, les chiffres originaux consultables sur http://www.wahlrecht.de/umfragen/allensbach.htm
  • [7]
    Cf. note 2.
  • [8]
    Sur l’évolution des Verts depuis 2005, cf. en particulier Melanie Haas, « Statt babylonischer Gefangenschaft eine Partei für alle Fälle? Bdnis 90/Die Grünen nach der Bundestagswahl 2005 » in Oskar Niedermayer (éd.), Die Parteien nach der Bdestagswahl 2005, Wiesbaden (Verlag für Sozialwissenschaften) 2008, Lothar Probst, « Bündnis 90/Die Grünen auf dem Weg zur Volkspartei? Eine Analyse der Entwicklung der Grünen seit der Bundestags­wahl 2005 » in Oskar Niedermayer (éd..), Die Parteien nach der Bundestagswahl 2009, Wiesbaden (Verlag für Sozialwissenschaften) 2011, Reinhard Bütikofer, « Wie geht’s Grün? » et Hubert Kleinert, « Die Zukunft der Grünen », tous deux in Forschungsjournal Soziale Bewegungen n° 3/2011.
  • [9]
    Sur la position des Verts et sur leurs débats internes au moment de l’adoption de l’Agenda 2010 cf. Christoph Egle/Reimut Zohlnhöfer (éd.), Ende des rot-grüne Projekts. Eine Bilanz der Regierung Schröder 2002-2005, Wiesbaden (Westdeutscher Verlag) 2003, p. 106 sq. et Wolfrum (cf. note 1) p. 557 sq.
  • [10]
    Le néologisme est forgé par Dirk Kurbjuweit : « Der Wutbürger », Der Spiegel 11/10/2010. Il est repris et discuté par toute la presse et est même choisi comme « mot de l’année » par la Gesellschaft für deutsche Sprache.
  • [11]
    Cf. Deutschland Stiftung Integration (éd.), Sarrazin, eine deutsche Debatte, Munich/Zurich (Piper) 2010.
  • [12]
    Bertelsmann Stiftung (éd.), Fallstudie: Die Hamburger Schulreform, Gütersloh (Bertelsmann) 2011.
  • [13]
    Cf. Stefanie Haas, « Wandern ins Grüne: Wählerbewegungen in Baden-Württemberg » in Der Machtwechsel …, cf. note 5. Pour achever de relativiser la dimension conjoncturelle du succès vert en Bade-Wurtemberg, on peut citer la constance des intentions de vote les concernant, quasiment égales avant et après Fukushima : cf. Dieter Roth, « Was entschied die Wahl? » in Der Machtwechsel … cf. note 5.
  • [14]
    Les Verts votent fin juin aux côtés de la CDU/CSU, du SPD et du FPD la loi qui prévoit la déconnexion du réseau de la dernière centrale en 2022.
  • [15]
    Ainsi, un sondage de l’institut Emnid publié au cours de l’été 2010 constate qu’une très grande majorité d’Allemands, quel que soit leur niveau de formation, estime « que la prospérité (Wohlstand) est moins importante que la protection de l’environnement et la réduction de la dette ». Cité par Frank Drieschner, « Parteien: Immer älter, sehr engagiert. Wer wählt die Grünen? Und wer wird Mitglied? », Die Zeit 11/11/2010.
  • [16]
    Outre les publications mentionnées en note 8, cf. Melanie Haas, « Die Grünen als neue Partei des Bürgertums » in Vorgänge 2/2005.
  • [17]
    Une vision de ce type dans Matthias Geis/Bernd Ulrich, « Wer hat Angst vorm grünen Mann? Die Ökopartei regiert das Land, obwohl sie nicht an der Macht ist. Einige macht das wütend », Die Zeit 16/6/2011.
  • [18]
    Cf. Andreas Möller, Das grüne Gewissen: Wenn die Natur zur Ersatzreligion wird, Munich/Vienne (Hanser) 2013.
  • [19]
    Qu’on pense p. ex. à la question de l’intervention en Lybie.
  • [20]
    Cf. Die Zeit 16/6/2011, note 17.
  • [21]
    Bernd Ulrich, « So grün wie wir », Die Zeit 11/11/2010.
  • [22]
    Cf. p. ex. Peter Lösche, « Ende der Volksparteien – Essay » in aus Politik und Zeitgeschichte 38/2009 du 14/9/2009.
  • [23]
    Sylvia Löhrmann, vice ministre présidente en Rhénanie du Nord-Westphalie trouve la référence dépassée (cf. « Wir mögen auch Männer! », Die Zeit 30/12/2010), Winfried Kretschmann préfère définir sa formation comme volksnah – près du peuple, pour souligner la capacité d’être à l’écoute, de pratiquer la discussion publique et le recours à la démocratie directe (Giovanni di Lorenzo, « Es grünt im Klub », Die Zeit 12/5/2011). Boris Palmer, maire de Tübingen et plutôt classé à la droite du parti, n’a en revanche pas de réticence : « Die grüne Volkspartei. Wie die Grünen die Bundestagswahl gewinnen können », Forschungsjournal Soziale Bewegungen 3/2012.
  • [24]
    Avec en 2202, 2005 et 2009 respectivement 31, 43 et 46 % des voix.
  • [25]
    Sur tout ce qui suit cf. Haas 2005, voir note 16, Probst 2011, voir note 8 et Martin Kroh/Jürgen Schupp, « Bündnis 90/Die Grünen auf dem Weg zur Volkspartei?“, Wochenbericht des DIW 12/2011. La langfristige Parteibindung est mesurée à partir de la question : « Beaucoup de gens en RFA sont attachés durablement à un parti, bien qu’ils votent de temps en temps pour un autre. Avez-vous un penchant pour un parti ? ».
  • [26]
    Aux législatives fédérales de 2002 32,4 % des électeurs verts gagnent plus de 3 000 € par mois - seulement 20 % pour les électeurs du FDP ! (cf. Haas 2005 – note 16). Quant aux soutiens des Verts (au sens de la Parteibindung), sur la période 2008-2010 ils se recrutent à concurrence de 18 % dans les communes de plus de 500 000 habitants et de 14 % dans celles de 100 000 à 500 000 habitants (cf. Kroh/Schupp, note 25), ce qui comparé au résultat électoral de 2009 (10,7 %) correspond bien à une surreprésentation.
  • [27]
    Cf. Kroh/Schupp, note 25. L’embourgeoisement vaut également pour la composition des adhérents des Verts, qu’il s’agisse de la façon dont ils se situent subjectivement dans la stratification sociale, des catégories socio-professionnelles auxquelles ils appartiennent ou de leur niveau de formation : cf. Haas 2005, note 16.
  • [28]
    Cf. l’interview de Renate Künast : « Volksparteien haben keine Zukunft », Die Zeit 26/8/2010.
  • [29]
    Les sociaux-démocrates ne sont pas avares de sobriquets à l’adresse des Verts, qu’ils traitent à l’occasion aussi de parti de la bionade (une limonade bio), parti du latte macchiato, ou même d’Ökosnobs.
  • [30]
    Sur cette évolution programmatique, cf. Christoph Egle, « Politik und Programmatik von Bündnis 90/Die Grünen » in Christoph Egle/Tobias Ostheim/Reimut Zohlnhöfer (éd.), Das rot-grüne Projekt. Eine Bilanz der Regierung Schröder 1998-2002, Wiesbaden (Westdeutscher Verlag) 2003 et Probst, cf. note 8.
  • [31]
    Cf. Bündnis90/Die GRÜNEN (éd.), Die Zukunft ist grün. Grundsatzprogramm von Bündnis90/Die GRÜNEN, Berlin 2002.
  • [32]
    Les Verts proposaient un passage du prix du litre de 1,70 DM (niveau de l’époque) à 5 DM en dix ans, avec une augmentation immédiate de 50 Pfennig, suivie d’augmentations annuelles de 30 Pf.
  • [33]
    Cf. Kestin Bund, « Schwaben zur Sonne! », Die Zeit 30/6/2011.
  • [34]
    Sur cette évolution des structures, cf. Egle 2003 (note 27), Egle/Zohlnhöfer 2007 (note 9), Bütikofer (note 8), Haas 2008 (note 8).
  • [35]
    Au premier chef Jutta Ditfurth, qui fonde par la suite la ökologische Linke.
  • [36]
    L’aile gauche est plus forte en Allemagne du Nord et de l’Est, l’aile libérale dans celle du Sud-ouest. Parmi les représentants en vue de l’aile gauche, on citera Claudia Roth et Jürgen Trittin, parmi ceux de l’aile droite, Cem Özdemir, Renate Künast, Katrin Göring-Eckart et Winfried Kretschmann.
  • [37]
    C’est p. ex. la base qui a limité à 2 sur 6 le cumul des mandats électifs et d’un siège au sein du Comité directeur. Elle se permet aussi en septembre 2007 de rejeter la motion de la direction lors du congrès extraordinaire sur la question de l’Afghanistan (cf. Probst 2011, note 8).
  • [38]
    Cf. « Die Grünen Jungbrunnen Urwahl » et « Grünen-Urwahl. Göring-Eckardt und Trittin bilden Spitzenduo », Frankfurter Allgemeine Zeitung respectivement 3/9/2012, 10/11/2012 et « Wer hat uns verraten? Grüne Demokraten! Frösche nicht mehr so wichtig: Bei der Abstimmung der Grünen-Mitglieder über die Prioritäten der Partei landet die Bewahrung der Natur ganz weit hinten. Energiewende auf Platz eins », Tageszeitung 13/6/2013.
  • [39]
    Une bonne analyse globale de la situation berlinoise dans Mariam Lau, « Wahlkampf in Berlin: Fremd in der eigenen Stadt », Die Zeit 25/8/2011.
  • [40]
    Cf. note 6.
  • [41]
    Cf. Kleinert, voir note 8.
  • [42]
    Leurs réponses aux attaques des partis gouvernementaux sur le renchérissement du prix de l’électricité dû au mode de rémunération du courant produit par des énergies renouvelables mis en place sous le gouvernement Schröder ont été bien timides. Quant au Sofortprogramm Energiewende jetzt, il arrive bien tard. Cf. « Grünen-Länderrat Mit Pathos und Polemik », Frankfurter Allgmeine Zeitung 2/9/2012.
  • [43]
    Jürgen Trittin et Katrin Göring-Eckart incarnent la parité hommes/femmes et représentent respectivement l’aile gauche et l’aile modérée du parti, les pères fondateurs des Verts à l’Ouest et les dissidents de Bündnis 90 à l’Est.
  • [44]
    Cf. Bündnis 90/Die Grünen, Zeit für den Grünen Wandel. Teilhaben, e inmischen, Zukunft schaffen. Bundeswahlprogramm 2013, Berlin 2013 et « Im Gespräch: Jürgen Trittin “Merkels Bilanz als sparsame Hausfrau ist schlecht“ », Frankfurter Allgemeine Zeitung 15/11/2012.
  • [45]
    Les Verts tiennent à justifier l’agenda 2010 tout en souhaitant le corriger (cf. p. ex. « Agenda 2010 Über das Ziel hinausgeschossen » Die Zeit 14/3/2013).
  • [46]
    Notamment de Daniel Cohn-Bendit, qui s’interrogeait sur la levée du tabou des relations sexuelles entre enfants et adultes : cf. p. ex. Matthias Geis, « Agent Provocateur. Die Grünen-Veteranin Marieluise Beck über Daniel Cohn-Bendit und die “Befreiung” der kindlichen Sexualität », Die Zeit 16/5/2013. C’était, il est vrai, le temps où les écrits de Wilhelm Reich faisaient fureur … et avant que n’éclatent les affaires de pédophilie.
  • [47]
    Cf. « Die Grünen wollen uns das Fleisch verbieten », Bild Zeitung 5/8/2013. Pour les Verts, manger moins de viande est bon pour la santé, pour la protection des animaux et pour la maîtrise du changement climatique. Un résumé ironique des polémiques dans Hauke Janssen « “Veggie Day”: Die Furcht vor der grünen Umerziehung », Der Spiegel 9/8/2013.
  • [48]
    Cf. Claudia Kade, « Warum die Umfragewerte der Grünen plötzlich sinken », Die Welt 28/8/2013.
  • [49]
    Lors du congrès de la fin novembre 2012, Jürgen Trittin cite plusieurs sondages censés montrer que des positions clés des Verts (telles que le souhait de réduire les inégalités de revenus ou l’égalité de droit pour le mariage gay) recueillent l’assentiment d’une grande majorité. La triade allitérative (Jürgen Trittin untermauert den Anspruch auf M itte, M ehrheit und M acht) est due à Johannes Leithäuser, « Grünen-Parteitag: Heiße Eisen und weiche Waffeln », Frankfurter Allgemeine Zeitung 18/11/2012. Elle rend bien compte de l’optimisme pour le moins excessif qui règne alors.
  • [50]
    … car certains dirigeants verts parlent depuis longtemps de cette possibilité : cf. p. ex. Christoph Schwennicke, « Ein Hirngespinst nimmt Gestalt an », Der Spiegel 21/2/2013.

Domaines

Sciences Humaines et Sociales

Sciences, techniques et médecine

Droit et Administration

bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Retrouvez Cairn.info sur

Avec le soutien de

18.97.14.81

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions