Notes
-
[1]
Alexis Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, Paris, 1856 (édité par Jacob Peter Mayer, Paris, Gallimard, 1996).
-
[2]
Jacques Godechot, Les institutions de la France sous la Révolution et l’Empire, Paris, Presses universitaires de France, 1968, p. 589.
-
[3]
Gavin Daly, Inside Napoleonic France : State and Society in Rouen, 1800-1815, Burlington, Ashgate, 2001.
-
[4]
Marie-Cécile Thoral, L’émergence du pouvoir local. Le département de l’Isère face à la centralisation (1800-1837), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
-
[5]
Michel Biard, Les lilliputiens de la centralisation, Seyssel, Champ Vallon, 2007.
-
[6]
Jean-Pierre Jessenne, Pouvoir au village et Révolution. Artois, 1760-1848, Lille, Presses universitaires de Lille, 1987 ; Georges Fournier, Démocratie et vie municipal en Languedoc du milieu du xviiie siècle au début du xixe siècle, Toulouse, Association les Amis des archives de la Haute-Garonne, 1994 ; Christian Kermoal, Les notables du Trégor. Éveil à la culture politique et évolution dans les paroisses rurales (1770-1850), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2002 ; Anne Rolland-Boulestreau, Les notables des Mauges. Communautés rurales et Révolution (1750-1830), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004.
-
[7]
Jean-Paul Rothiot, « Des municipalités vosgiennes de 1790 au Consulat », dans Jean-Pierre Jessenne (dir.), Du Directoire au Consulat 3. Brumaire dans l’histoire du lien politique et de l’État-Nation, Villeneuve d’Ascq-Rouen, CRHEN-O-GRHIS, 2001, p. 493-517.
-
[8]
Jean-Pierre Jessenne, « Communautés, communes rurales et pouvoirs dans l’État napoléonien », dans Natalie Petiteau (dir.), Voies nouvelles pour l’histoire du Premier Empire. Territoires, Pouvoirs, Identités, Paris, La Boutique de l’histoire, 2003, p. 176.
-
[9]
Ce thème a récemment été abordé par l’ouvrage collectif dans la perspective comparatiste des pays européens aux xviiie-xxe siècles. Laurent Brassart, Jean-Pierre Jessenne et Nadine Vivier (dir.), Clochemerle ou république villageoise ? La conduite municipale des affaires villageoises en Europe du xviiie au xxe siècle, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2012.
-
[10]
Isser Woloch, The New Regime. Transformations of the French Civic Order, 1789-1820’s, New York, Norton & Company, 1994, p. 129.
-
[11]
John Dunne, « Napoleon’s ‘mayoral problem’ : aspects of state-community relations in post-revolutionary France », Modern and Contemporary France, n° 8, 2000, p. 479-491.
-
[12]
Maïté Lafourcade,« La frontière franco-espagnole, lieu de conflits interétatiques et de collaboration interrégionale », dans Maïté Lafourcade (dir.), La frontière franco-espagnole, lieu de conflits interétatiques et de collaboration interrégionale, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 1998, p. 10-13.
-
[13]
En effet, il n’y a pas de modèle préétabli pour construire l’Empire, comme Aurélien Lignereux l’a montré dans les politiques de recrutement des policiers et gendarmes. Aurélien Lignereux, Servir Napoléon, policiers et gendarmes dans les départements annexés (1796-1814), Seyssel, Champ Vallon, 2012.
-
[14]
Aurélien Lignereux, L’Empire des Français 1799-1815, Paris, Le Seuil, 2012, p. 112.
-
[15]
AD Hautes-Pyrénées, 3M169 : le sous-préfet de Bagnères au préfet, le 24 janvier 1811.
-
[16]
Ibid., Fornier, ex-législateur, au sous-préfet de Bagnères, le 31 octobre 1812.
-
[17]
Marie-Cécile Thoral, « The limits of Napoleonic centralization : notables and local government in the department of the Isère from the Consulate to the beginning of the July Monarchy », French History, n°19, 2005, p. 476.
-
[18]
AD Hautes-Pyrénées, 3M169 : le sous-préfet de Bagnères au préfet, le 13 juin 1809.
-
[19]
Ibid., Vincent Laporte au préfet, le 19 novembre 1812.
-
[20]
AD Hautes-Pyrénées, 3M169 (date inconnue).
-
[21]
AN, BB18 61 : Davezac, maire de Lourdes, au ministre de la Justice, le 23 mai 1807.
-
[22]
Adolphe Robert et Cougny Gaston (dir.), Dictionnaire des parlementaires français, Genève, Slatkine, 2000, vol. 2, p. 271.
-
[23]
AD Hautes-Pyrénées, 3M169 : Le ministre de l’Intérieur au préfet, le 11 février 181.
-
[24]
Ibid., Le préfet au ministre de l’Intérieur, le 11 mars 1813.
-
[25]
John Dunne, op. cit., p. 486.
-
[26]
Ibid., p. 489.
-
[27]
Jean-Pierre Jessenne, op. cit., 1987, p. 123-143.
-
[28]
Georges Fournier, « Le pouvoir local, enjeu majeur dans le tournant politique de Brumaire en Midi toulousain », dans Jean-Pierre Jessenne (dir.), op. cit., 2001, p. 521-522.
-
[29]
AD Hautes-Pyrénées, 2 E 2, 23 Adé ; 16 E 5 Antist ; 45 E 32 Aucun ; 48 E 12-13 Aurensan ; 84 E 1 Bernac-Dessus ; 123 E 60-64 Campan ; 146 E 3 Chis ; 273 E 9 Liac ; 287 E 7 Loures-Barousse ; 292 E 5-6 Luquet ; 295 E 13-22, 27 Luz ; 304 E 4 Maubourguet ; 307 E 1, 12-18 Mazères ; 317 E 3 Mont ; 314 E 14-23 Montgaillard ; 330 E 4 Nouilhan ; 331 E 12-13 Odos ; 340 E 4-6 Orleix ; 342 E 1 Osmets ; 357 E 2 Peyraube ; 360 E 2-5 Peyrouse ; 369 E 5-6 Pouyastruc ; 383 E 9 Sadournin ; 392 E 5-10 Saint-Martin ; 412 E 17-25 Sauveterre ; 428 E 33 Sireix ; 429 E 30-33 Sombrun ; 433 E Soues ; 452 E 42-46, 56 Trie ; 460 E 508-534, 550 Vic-en-Bigorre.
-
[30]
AD Hautes-Pyrénées, 3M165, 166 : Registres des maires en 1808 et 1813.
-
[31]
AN, F7 3608 : Le préfet au conseiller d’État, le 26 juillet 1807.
-
[32]
Louis Bergeron et Guy Chaussinand-Nogaret, Les « masses de granit ». Cent mille notables du Premier Empire, Paris, EHESS, 1979, p. 95.
-
[33]
AD Hautes-Pyrénées, 3M165 : 166 Registres des maires en 1808 et 1813.
-
[34]
AD Hautes-Pyrénées 3M168 : Listes des candidats présentés pour les places de maires par le préfet et les sous-préfets en 1813.
-
[35]
Ibid.
-
[36]
Ibid.
-
[37]
Maurice Agulhon, Louis Girard et alii (dir.), Les maires en France du Consulat à nos jours, Paris, Publications de la Sorbonne, 1986, p. 7-17, 35-55.
-
[38]
Georges Fournier, op. cit., p. 315.
-
[39]
Marie-Cécile Thoral, op. cit., p. 53.
-
[40]
AD Hautes-Pyrénées, 3M165, 166 : Registres des maires en 1808 et 1813.
-
[41]
AD Hautes-Pyrénées, 2 E 57 Adé ; 48 E 23 Aurensan ; 307 E 56 Mazères ; 383 E 27 Sadournin ; 412 E 82 Sauveterre ; 428 E 22 Sireix.
-
[42]
Voir la note 29.
-
[43]
AD Hautes-Pyrénées, 383 E 27 Sadournin : Registre des contributions foncières en l’an XI.
-
[44]
AD Hautes-Pyrénées, 307 E 56 Mazères : Registre des contributions foncières en l’an XI.
-
[45]
AD Hautes-Pyrénées, 2 E 57 Adé : Registre des contributions foncières en 1814.
-
[46]
AD Hautes-Pyrénées, 428 E 22 Sireix : Registre des contributions foncières en l’an IX.
-
[47]
AD Hautes-Pyrénées, 3M169 : Le sous-préfet au maire d’Espenan, le 13 janvier 1810.
-
[48]
Ibid., Le sous-préfet de Bagnères au préfet, le 18 juin 1810.
-
[49]
Isser Woloch, « The state and the villages in Revolutionary France », dans Alan Forrest et Peter Jones (dir.), Reshaping France : Town, Country and Region during the French Revolution, Manchester, Manchester University Press, 1991, p. 233.
-
[50]
André Chandernagor, Les maires en France, xixe-xxe siècles. Histoire et sociologie d’une fonction, Paris, Fayard, 1993, p. 33.
-
[51]
Jean-François Soulet, « La criminalité dans le département des Hautes-Pyrénées au xixe siècle », Bulletin de la Société Ramond, 1975, p. 107.
-
[52]
AD Hautes-Pyrénées, 4M57 : Le préfet au sous-préfet de Bagnères, le 22 septembre 1812.
-
[53]
AD Hautes-Pyrénées, 4M54 : Le sous-préfet de Bagnères au préfet, le 3 septembre 1812.
-
[54]
AD Hautes-Pyrénées, 4M58 : L’adjoint de Sazos au préfet, le 21 septembre 1812.
-
[55]
AD Hautes-Pyrénées, 4M58 : Le préfet au sous-préfet de Bagnères, le 10 août 1810.
-
[56]
Jean-François Soulet, Les Pyrénées au xixe siècle, Luchon, Sud-Ouest, 2004, p. 130-133.
-
[57]
Georges Fournier, op. cit., 2001, p. 531.
-
[58]
John Dunne, op. cit., p. 479-491.
-
[59]
Alain Massalsky, Élections et politisation dans le département des Hautes-Pyrénées, 1790-1799, Lille, Atelier national de reproduction des thèses, 2007, p. 208-273.
-
[60]
Louis Bergès, Résister à la conscription 1798-1814. Le cas des départements aquitains, Paris, CTHS, 2002, p. 249-253.
-
[61]
Isser Woloch, « Napoleonic conscription : State power and civil society », Past and Present, n° 111, 1986, p. 105.
-
[62]
AD Hautes-Pyrénées, Saint-Paul 394 : Registre des délibérations du conseil municipal, le 21 août 1802.
-
[63]
Alain Massalsky, op. cit., p. 242-243.
-
[64]
Jean-François Soulet, op. cit., p. 630-631.
-
[65]
AN, F7 3608 : Le préfet au conseiller d’État, le 2 mai 1805.
-
[66]
Jean-François Soulet, Les premiers préfets des Hautes-Pyrénées (1800-1814), Paris, SER, 1965, p. 56.
-
[67]
AD Hautes-Pyrénées, 1M190 : Le préfet au ministre de l’Intérieur, le 3 juin 1807.
-
[68]
Pierre Laboulinière, Les Hautes-Pyrénées au début du xixe siècle, Pau, Monhélios, 1807, p. 192.
-
[69]
Cette idée est partagée par Richard, préfet de la Haute-Garonne. John Dunne, op. cit., p. 484 ; par ailleurs, Sainthorent, préfet de l’Aveyron, regroupe ses 692 communes en 192 mairies principales tout en prenant ses distances vis-à-vis de la légalité constitutionnelle. Aurélien Lignereux, L’Empire des Français, op. cit., p. 111.
-
[70]
La sociologie a très tôt reconnu l’importance de la collaboration et du compromis au niveau local entre les administrateurs locaux et les notables ; citons l’étude de Pierre Grémion : Le pouvoir périphérique. Bureaucrates et notables dans le système politique français, Paris, Le Seuil, 1976.
-
[71]
AN, F7 3608 : Le préfet au conseiller d’État, le 22 mars 1807.
-
[72]
Le préfet du Tarn a aussi insisté sur l’importance du pouvoir de persuasion des notables qui ont de l’influence sur les habitants de leur canton. Jean Waquet, « La société civile devant l’insoumission et la désertion à l’époque de la conscription militaire (1798-1814) », Bibliothèque de l’École des Chartes, tome 126, n° 1, 1968, p. 187-222.
-
[73]
Serge Bianchi et Roger Dupuy (dir.), La Garde nationale entre nation et peuple en armes. Mythes et réalités, 1789-1871, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006. Roger Dupuy, La Garde nationale 1789-1872, Paris, Gallimard, 2010. Jean Sarramon, Napoléon et les Pyrénées. Les chasseurs des montagnes et la couverture des Pyrénées, 1808-1814, Verfeil-sur-Seye, Lézard, 1992.
-
[74]
AD Hautes-Pyrénées, 4R12 : Le préfet au sous-préfet de Bagnères, le 26 novembre 1811.
-
[75]
Ibid. Le sous-préfet de Bagnères aux maires, le 26 novembre 1811,
-
[76]
Ibid. Le maire d’Arreau au préfet, le 5 avril 1812.
-
[77]
Ibid. Le maire de Vielle au préfet, le 6 avril 1812.
-
[78]
Ibid. Le préfet au sous-préfet de Bagnères, le 9 août 1812.
-
[79]
Ibid. Le préfet au sous-préfet d’Argelès en février 1813.
-
[80]
Jean-Jacques Cazaurang, « Transmissions administratives durant la guerre d’Espagne napoléonienne dans une vallée frontière des Pyrénées », dans La diffusion de l’information et du savoir de 1610 à nos jours, dans les actes du 105e congrès national des sociétés savantes, Paris, CTHS, 1983, p. 250-254.
-
[81]
Alain Massalsky, Élections et politisation…, op. cit., p. 34-35.
-
[82]
AD Hautes-Pyrénées, 295 E 4, 19-22 Luz : Registres des délibérations.
-
[83]
Jean-François Soulet, Les Pyrénées…, op. cit., p. 394-399.
-
[84]
Alain Massalsky, Élections et politisation…, op. cit., p. 505.
-
[85]
AD Hautes-Pyrénées, 4R12 : Le maire d’Arreau au préfet, le 16 septembre 1813.
-
[86]
Ibid., Wouillement au préfet, le 24 juillet 1813.
-
[87]
Ibid., Le sous-préfet d’Argelès au préfet, le 28 juillet 1813.
1Le 28 pluviôse an VIII (17 février 1800), le Consulat réorganise l’administration locale de la France dans le but de renforcer la centralisation. C’est la loi du 28 pluviôse an VIII, considérée par Alexis de Tocqueville comme l’aboutissement de la centralisation depuis l’Ancien Régime [1] et qui, pour Godechot, fait du préfet exerçant ses pouvoirs à son gré « un empereur au petit pied » [2]. Cependant, de récentes études mettent plutôt en lumière les limites de la centralisation sous le régime napoléonien, comme celles de Gavin Daly sur l’administration préfectorale de la Seine-Inférieure [3], de Marie-Cécile Thoral sur le « système des notables » dans l’Isère [4] et celle de Michel Biard qui a remis en cause la « centralisation à la française » [5]. Mais, si les études sur l’administration départementale sont ainsi bien développées, peu nombreux restent les travaux spécifiques sur les municipalités communales [6]. Toutefois, ces dernières années, certains historiens tournent leur attention vers l’administration communale. Pionnier en la matière, Jean-Paul Rothiot a ainsi mis en lumière la vitalité des activités des municipalités communales dans les Vosges sous l’Empire [7].
2De fait, le Consulat a abandonné les municipalités cantonales par la loi du 28 pluviôse an VIII, et décidé de réintroduire les municipalités communales. Par ces mesures, le canton perd son importance administrative tout en conservant son statut de circonscription électorale des assemblées cantonales et de circonscription de la justice de paix. En revanche, chaque commune a désormais une municipalité. En ce sens, selon Jean-Pierre Jessenne, « la décision de rétablir des municipalités communales, en nombre et territoire peu différents du schéma adopté dix ans plus tôt, résulte de la conscience que c’est à ce niveau que se joue l’acceptation de l’intégration à l’État-Nation et la consolidation du lien politique en faisant coïncider la cellule élémentaire de l’État et la communauté de vie, premier niveau où se règlent beaucoup d’affaires collectives cruciales dans le monde rural » [8]. Aussi, en se fondant sur le sens de la reconstruction des municipalités communales, il convient d’examiner qu’elle a été la relation politique construite entre le pouvoir central et les communes dans la phase de l’intégration nationale [9], si nous voulons appréhender le système administratif napoléonien.
3Pour notre part, nous fixerons notre attention sur les maires du régime napoléonien. Selon la loi du 28 pluviôse an VIII, les maires sont à la fois les représentants des communes et les agents de l’État. Nous pouvons ainsi supposer qu’ils faisaient office de charnière entre le pouvoir central et les communes. Il semble pourtant que leur rôle n’ait pas été apprécié à sa juste valeur par les historiens. Par exemple, Isser Woloch, abordant les problèmes des maires dans le domaine de la conscription, a conclu que très peu de citoyens souhaitaient devenir maires et que ceux des communes rurales étaient « incapables » aux yeux du pouvoir central [10].
4La critique est venue de John Dunne qui, à propos des maires de la Seine-Inférieure, a indiqué qu’ils étaient en fait assez cultivés, et qu’ils se sont efforcés d’esquiver les demandes du gouvernement central dans les domaines désavantageux pour les communautés rurales. En outre, John Dunne remarque qu’un grand renouvellement des maires a eu lieu dans la Seine-Inférieure en 1808. Après celui-ci, de grands propriétaires, non-habitants des villages, ont été choisis comme maires dans les communes rurales, ce qui a considérablement diminué les critiques du préfet à leur égard [11]. En instaurant la domination des grands propriétaires, ce renouvellement fut un événement marquant dans le changement de la structure du gouvernement local au début du xixe siècle.
5L’étude de John Dunne pose deux problématiques importantes. Premièrement, il ne s’agit plus de ces maires « incapables » et « passifs » que nous décrivent les historiens. Ils agissent de leur propre volonté pour défendre les intérêts des habitants des communautés rurales. Ainsi, pour comprendre le moteur de leurs attitudes, il faut examiner la relation qu’ils entretiennent avec ces derniers. Il s’agit surtout de la position sociale qu’occupent les maires et du rôle politique qu’on attend d’eux. Deuxièmement, si les autorités départementales ont pu trouver dans la Seine-Inférieure de grands propriétaires jugés aptes au poste de maire lors du renouvellement de 1808, une généralisation pour les autres départements serait hasardeuse. En effet, la Seine-Inférieure était un département relativement riche et de faible résistance au pouvoir central. Il en va tout autre pour les départements économiquement peu favorisés ou récalcitrants envers le pouvoir central. Quelles solutions les autorités départementales adoptent-elles lorsqu’il y a pénurie de personnes qualifiées ? L’examen du mode de nomination, de la sociologie et de l’exercice administratif des maires nous permettra de répondre la question.
6Nous traiterons des maires des communes rurales dans les Hautes-Pyrénées. Situé dans une région rurale isolée, occupé pour moitié de hautes montagnes et de vallées escarpées, ce petit département est en 1800 l’un des moins peuplés de France. Il se divise en trois arrondissements (Tarbes, Bagnères et Argelès). L’arrondissement de Tarbes se trouve principalement en plaine, dans la moitié nord du département. Les montagnes recouvrent en grande partie la moitié sud du département : à l’est, l’arrondissement de Bagnères ; à l’ouest, celui d’Argelès. L’arrondissement de Tarbes comprend 11 cantons, celui de Bagnères dix et celui d’Argelès cinq. On dénombre au total 498 communes. Tarbes et Bagnères, les deux seules villes de plus de 5 000 habitants, ne font pas l’objet de mes études.
7Ce département est caractérisé d’abord par une certaine autonomie qui perdurait dans les Pyrénées centrales et aussi par sa société politique qui avait une notion originale du territoire. En effet, les hommes, les produits et les informations traversaient très souvent la frontière entre la France et l’Espagne. Dans les Pyrénées, régnait ainsi une interdépendance entre les communautés des vallées par-delà la frontière franco-espagnole, et basée sur l’économie pastorale du fait de la faible productivité des sols. Les communautés des vallées sont des corps qui contrôlent collectivement forêts, pâturages, eaux thermales, etc. Dans les Pyrénées, où se sont plusieurs fois produits des heurts entre les communautés des vallées voisines, résoudre les conflits du droit communal des pâturages est indispensable pour maintenir la paix. Pour cela, des accords, Lies et Passeries, sont conclus entre les communautés des vallées françaises et espagnoles surtout depuis le xive siècle. Ces accords ont réglé la sécurité indépendamment de l’État sur la base de la collaboration des communautés partenaires lors de la guerre entre les États [12]. Certes, la Révolution a officiellement supprimé les communautés des vallées. Mais il faut toujours examiner la façon dont le pouvoir central a réorganisé et intégré les sociétés locales dont la culture politique intrinsèque déroge clairement à la logique de l’État-Nation. C’est la réalité du système administratif particulier construit sous le régime napoléonien que nous examinerons dans la zone frontalière des Pyrénées [13].
1. Les maires et la société des notables
1.1. Nomination et destitution des maires
8Selon la loi du 28 pluviôse an VIII, c’est le préfet qui nomme les maires et les adjoints des communes de moins de 5 000 habitants. Le 4 août 1802, une loi fixe à cinq ans le mandat des maires, avec possibilité de renouvellement, et précise qu’ils seront pris parmi les conseillers municipaux, ceux-ci étant choisis par le préfet [14]. Dans les Hautes-Pyrénées, presque tous les maires ont ainsi été nommés. Généralement nés hors du département, les préfets ne disposent pas d’éléments suffisants qui pourraient leur permettre de juger les personnes compétentes, aptes à assurer des fonctions publiques. Aussi, reçoivent-ils des listes de candidats, présentées par les sous-préfets, qui leur servent à nommer les maires.
9Les sous-préfets, eux, collectent leurs renseignements par l’intermédiaire des réseaux qui les lient aux notables habitant dans leurs arrondissements. Par exemple, en janvier 1811, le sous-préfet consulte le juge de paix du canton de Castelnau-Magnoac pour le remplacement de Laboquère, maire de Thermes [15]. Les sous-préfets ont aussi recours aux conseillers généraux. Selon un rapport adressé au préfet par le sous-préfet de Bagnères le 25 novembre 1812, celui-ci a consulté Fornier, ex-législateur et conseiller général, résidant à Saint-Lary pour le renouvellement des maires. La lettre de Fornier au sous-préfet est très intéressante. Nous la citons :
« Vous m’avez fait l’honneur de me demander par votre lettre du 6 août dernier mon opinion sur les maires et adjoints des vallées d’Autin et Louron et une liste des hommes que je croirais propres à occuper ces places dans chaque commune, au renouvellement quinquennal dont l’époque s’approche. Je vais transmettre cette liste, en vous observant que les sujets que je vous présente, seront au gré des habitants, qu’ils sont à peu près les plus hauts imposés des communes et très capables de remplir les fonctions avec probité et intelligence… Des affaires dans une classe inférieure, je connais Jean Vignau d’Uroste, pour l’avoir employé dans quelques affaires, dont il s’est acquitté avec intelligence et probité. Il est sobre, réglé dans ses mœurs, et ordonné dans ses affaires domestiques. On m’assure que le parti de l’ancien maire s’agite pour faire nommer maire le sieur Varder, adjoint démissionnaire, mais cet homme est le complice de toutes les malversations qu’on reproche à son collègue, et se presse de donner sa démission pour se soustraire aux poursuites qui allaient être dirigées contre eux deux par l’agent forestier à raison des coupes illégales qu’ils s’étaient permises pendant les administrations » [16].
11Pour les places de maires, Fornier présente donc au sous-préfet les personnes généralement les plus imposées dans les communes, dotées d’intelligence et de probité, et qui bénéficient de l’appui des habitants, c’est-à-dire des notables. Et quand il ne peut trouver de notables qualifiés, il recommande une personne de la classe inférieure avec laquelle il a une relation directe de patron-client.
12Ainsi, il est évident que les sous-préfets disposent de divers renseignements sur les candidats aux places de maires grâce aux réseaux qui les lient aux notables puissants. En ce cas, les sous-préfets présentent leur liste de candidats en fonction de la recommandation des notables dans chaque arrondissement, puis le préfet nomme les maires à partir de ces listes. La nomination des maires n’est pas toujours décidée de façon autoritaire par l’instance départementale, mais en obtenant à l’avance le consentement de la société des notables [17].
13À présent, examinons le processus de destitution des maires en analysant les nombreuses dénonciations dont ils font l’objet. Ici aussi, les sous-préfets jouent un rôle lors de la demande de destitution d’un maire, adressée au préfet. Par exemple, le 13 juin 1809, le sous-préfet de Bagnères écrit au préfet : « Ce maire (de Pailhac) n’est pas au gré des habitants ; il est en effet un peu extravagant et tracassier et je crois qu’il convient de le remplacer par l’adjoint » [18].
14Ce ne sont pas seulement les sous-préfets, mais également les habitants eux-mêmes, qui demandent de destituer un maire. Au nom des habitants de Sariac, Vincent Laporte, un habitant, adresse ainsi au préfet une demande de destitution des maires de Rabastens et de Sariac incapables de faire face aux brigands qui pillent les récoltes ou les troupeaux depuis quelques années :
« Nous venons vous supplier, Monsieur le préfet, dans l’intérêt de la ville de Rabastens, et pour le bonheur des habitants de Sariac, d’avoir égard lors du renouvellement quinquennal des maires à la triste position de ces deux communes. C’est par ce moyen, Monsieur le préfet, que le brigandage qui depuis trois ou quatre ans, a lieu dans Sariac et Rabastens sera extirpé, que la morale se rétablira, et que ce bienfait ajouté à tant d’autres, augmentera de plus en plus la juste reconnaissance que nous vous devons et que nous conserverons éternellement dans nos cœurs » [19].
16Un individu qui semble être un curé a également demandé la destitution des maires d’Ousté et d’Ourdon :
« Je sais qu’un délateur n’est jamais bienvenu, mais il s’agit du bien public, je ne crains point de paraître tel, parce que vous aimez la justice. Depuis longtemps, je vois avec une grande peine, la mauvaise conduite et les injustices qu’exercent les maires de ma succursale, soit dans leur commune respective, soit ailleurs » [20].
18Parfois, la dénonciation à l’encontre des maires se développe au sein des luttes locales pour le pouvoir, et implique le gouvernement central. Par exemple, Davezac, maire de Lourdes, se plaint au ministre de la Justice d’avoir été accusé de falsification d’actes de mariage par le législateur Dauzat qui souhaite que le ministre de l’Intérieur le destitue [21]. Né dans le Tarn, Dauzat a été député des Hautes-Pyrénées de l’an XIII (1804-1805) à 1815, et sera nommé sous-préfet d’Argelès à la Restauration. C’est donc un notable puissant du département [22]. Jouant de sa position de notable sur le plan national, ce qui le place en relation avec le gouvernement central, il manœuvre pour faire destituer le maire de Lourdes. De fait, le 11 février 1813, le ministre de l’Intérieur, avisé de la dénonciation présentée par Dauzat, s’adresse ainsi au préfet :
« J’ai reconnu qu’il n’y avait pas lieu de rechercher le sieur Davezac, maire de Lourdes, à raison des plaintes qui avaient été dirigées contre lui. Mais en vous faisant remarquer que l’aigreur qu’on avait mise de part et d’autre à la discussion, était un indice des animosités violentes qui régnaient dans la commune, je vous avais invité à éteindre ces discussions, en n’appelant aux fonctions administratives que des hommes étrangers à leurs ressentiments » [23].
20Mais le préfet ne souscrit pas à la demande de destitution par le ministre, et répond le 11 mars :
« Quant à Monsieur Davezac, maire de Lourdes, il m’eut été impossible de ne pas lui continuer ma confiance. Monsieur le sous-préfet le regarde comme le meilleur maire de son arrondissement, et moi comme un des meilleurs du département que j’administre. Monsieur Davezac, membre du conseil général du département nommé par Sa Majesté, appartient à une famille nombreuse des plus considérées dans ce pays et des plus dévouées au gouvernement. Votre excellence sous les yeux de laquelle, je mis en dernier lieu le compte rendu de son administration, lui a témoigné elle-même combien elle en a été satisfaite. Au reste, il est en ce moment à Paris sollicitant votre audience. Je ne doute pas s’il l’obtient, qu’il ne parvienne à vous convaincre, Monseigneur, que ceux qui le poursuivent avec tant d’acharnement ont seuls les passions, les violentes animosités qu’ils attribuent aux autres » [24].
22Bref, tandis que le député Dauzat, fort de sa relation avec le ministre de l’Intérieur, demande la destitution de Davezac, le préfet la refuse sur la base des réseaux des sous-préfets et de la relation entre le préfet et Davezac. Autrement dit, le préfet défend une certaine autonomie du pouvoir local concernant les places de maires contre le pouvoir central.
1.2. Le grand renouvellement des maires
23Un grand renouvellement de maires a eu lieu sous l’Empire, et principalement en 1808. Cette année-là, selon John Dunne, 554 maires sur 989 ont été renouvelés dans la Seine-Inférieure. De même, 76 maires sur 148 l’ont été dans le Var [25].
24Nous pouvons relever dans le registre des maires de la Seine-Inférieure les « défauts » que leur imputent et soulignent à plusieurs reprises le préfet et les sous-préfets : « incapables », « ivres », « brutaux », etc., le lot commun, semble-t-il, des maires des communes rurales. D’un autre côté, leurs remplaçants sont mentionnés comme « propriétaires », « cultivés », « honnêtes » et « estimables », souvent qualifiés aussi de « grands propriétaires de canton ». La plupart d’entre eux sont cette fois choisis hors de leur lieu de résidence car ils ne sont plus obligés d’être habitants des communes où ils sont nommés. Ainsi, en plaçant au poste de maire les grands propriétaires résidant hors de leur commune, influents dans leurs cantons et qui entretiennent une relation avec le préfet et les sous-préfets, le grand renouvellement des maires en 1808 avait pour but de changer l’ancienne structure du gouvernement local. Sur ce point, l’autonomie locale aurait encore perdu de sa vitalité. Selon John Dunne, grâce à ce grand renouvellement des maires, les critiques que leur adressait le préfet, de même que les résistances des communautés rurales envers la conscription et l’acquisition des biens nationaux, ont diminué. En conséquence, il n’y a pas eu de renouvellement similaire en 1813 [26].
25Bien entendu, il existe des différences entre les départements. Par exemple, Jean-Pierre Jessenne a conclu que dans le Pas-de-Calais, les maires résidant dans leur commune rurale, mais aussi gros fermiers prédominants dans leur localité, occupent leur fonction avec stabilité du début de l’Empire à la Restauration [27]. Par ailleurs, les maires autour de Toulouse sont déjà en 1800 des non-habitants de leur commune. Les néojacobins étaient influents en Haute-Garonne sous le Directoire. Après le 18 Brumaire, en réaction à cette tendance, les bourgeois résidant à Toulouse (surtout les négociants et les hommes de loi) occuperont les postes de maires, tendance encore renforcée en 1808 [28].
26Dans le cas des Hautes-Pyrénées, il est établi qu’en 1808 les maires furent largement renouvelés, mais l’absence de registres les concernant, pour les années précédentes, ne nous permet pas d’en connaître le nombre exact. Pour pallier ce manque, nous pouvons utiliser les registres des délibérations des conseils municipaux sous le Consulat et l’Empire que 30 communes ont bien conservés [29]. Selon ces documents, 16 maires sur 30 (36, 7 %) ont été renouvelés en 1808. Ce pourcentage n’est pas éloigné de celui des autres départements. Il n’est donc pas exagéré de supposer qu’environ 40 % des maires des Hautes-Pyrénées (soit environ 200) ont été renouvelés cette même année ; 206 (41, 3 %) le seront d’ailleurs en 1813.
27Ici, il faut appréhender le grand renouvellement des maires sous l’angle de la conscription, qui restait pour l’administration locale sous le régime napoléonien un sujet de première importance. Le préfet s’appuyait sur les maires pour qu’elle se passe sans heurts. C’est pourquoi le renouvellement d’un grand nombre d’entre eux dans les localités récalcitrantes à la conscription n’est pas étonnant.
28L’année 1813 confirme ce fait : ainsi, 61 maires sur 199 (30, 7 %) dans l’arrondissement de Tarbes, 106 sur 198 (53, 5 %) dans celui de Bagnères, et 39 sur 101 (38, 6 %) dans l’arrondissement d’Argelès, soit au total 41, 3 % en moyenne dans le département, sont renouvelés. Le taux particulièrement élevé de Bagnères est remarquable. Nous pouvons relever une différence éloquente entre les cantons de cet arrondissement. Par exemple, ce taux est de 81 % (13 maires sur 16) dans le canton de Nestier, situé au pied des montagnes, de 73, 7 % (14 maires sur 19) dans le canton d’Arreau qui se trouve dans les montagnes profondes, et dans les cantons de Bordères et Vielle, tous deux aux frontières avec l’Espagne et donc obligés de faire face aux problèmes du contrôle frontalier, il est respectivement de 67 % (14 maires sur 21) et de 100 % (15 maires sur 15). La moyenne de 41, 3 % est largement dépassée [30]. Nous pouvons donc conclure que le plus fort taux de renouvellement concerne les cantons situés dans les montagnes et proches de la frontière avec l’Espagne, sans cesse confrontés au problème de l’insoumission. Par exemple, sur les 27 contingents requis en l’an XIII, le canton de Nestier n’en a présenté qu’un seul [31]. Les problèmes de mobilisation de la garde nationale sédentaire dans les cantons d’Arreau et de Vielle seront abordés dans la dernière partie. Dans ces cantons, la vague du renouvellement des maires ne cessera tout au long de l’Empire.
2. La sociologie des maires
2.1. Les maires des chefs-lieux de cantons
29Qui sont les maires en fonction dans les Hautes-Pyrénées ? Nous distinguerons les maires des chefs-lieux de cantons des autres maires, car les premiers sont sociologiquement différents des seconds, aspect pour lequel les historiens n’ont jusqu’à présent pas montré d’intérêt particulier.
30Analysons tout d’abord les maires des chefs-lieux de cantons. En moyenne, ces derniers en 1808 (16 maires connus sur 23) sont âgés de 48, 3 ans et leur revenu se monte à 4 094 francs, avec cependant des écarts notables selon les arrondissements. Le revenu moyen est de 6 750 francs dans l’arrondissement de Bagnères (quatre maires), de 4 333 francs dans l’arrondissement de Tarbes (neuf maires), mais de 1 200 francs seulement dans celui d’Argelès (trois maires). Pourtant, comme nous le montrera la comparaison avec les autres maires de l’arrondissement d’Argelès, leur revenu est environ deux fois plus élevé que celui des autres communes.
31Dans les chefs-lieux de cantons, 10 maires sur 23 (43, 5 %) sont renouvelés en 1813. Mais il existe une certaine différence entre les arrondissements. Par exemple, tandis que dans celui de Tarbes, un maire sur dix (Tournay) est renouvelé, dans celui de Bagnères six sur dix le sont (Arreau, Bordères, Labarthe, Lannemezan, Nestier, Vielle), et trois sur cinq (Argelès, Luz, Saint-Pé) dans l’arrondissement d’Argelès.
32L’étude de 22 maires connus sur les 23 que comptent les chefs-lieux de cantons en 1813, nous confirme que leur revenu est de 3 800 francs en moyenne ; 4 167 francs dans l’arrondissement de Bagnères (neuf maires), 3 875 francs dans celui de Tarbes (huit maires), 3 360 francs dans celui d’Argelès (cinq maires). En nous référant aux recherches dirigées par Louis Bergeron et Guy Chaussinand-Nogaret sur les notables de la France, nous pouvons classer le niveau de fortune des notables des Hautes-Pyrénées en six tranches : 20 000 ~ 49 999 francs (0, 2 %), 5 000 ~ 19 999 francs (9, 3 %), 2 000 ~ 4 999 francs (30, 9 %), 1 000 ~ 1 999 francs (25, 2 %), 500 ~ 999 francs (21, 4 %), moins de 500 francs (12, 9 %) [32]. Les maires des chefs-lieux de cantons sous l’Empire se classaient donc dans la troisième tranche supérieure pour le niveau de fortune des notables. Cette tendance est d’autant plus remarquable qu’en 1813 seuls deux maires bénéficient d’un revenu supérieur à 3 000 francs dans les communes de plus de 1 000 habitants (12 communes), sauf dans les chefs-lieux de cantons.
33Pour mieux comprendre le caractère de ces maires, nous examinerons les différences existant parmi ceux du département en confrontant les listes des notabilités communales, départementales et nationales rédigées en l’an X (1802) avec les registres des maires des années 1808 et 1813. Nous remarquons tout d’abord qu’ils figurent presque tous sur la liste des notables communaux. Ils sont ainsi au moins de petits notables. Inversement, dans les registres des maires des années 1808 et 1813, n’est aucun inscrit sur la liste des notables nationaux, à part Louis-Curie Sembrez, maire du chef-lieu de canton de Trie. Sur la liste des notables départementaux, la différence existe plutôt avec les autres maires. 13 des 23 maires des chefs-lieux de cantons en 1808 (57 %) sont inscrits sur la liste des notables départementaux, 12 également en 1813 (52 %), alors que dans les autres communes, pour cette même liste, ils ne sont que 35 (7, 4 %) en 1808, et seulement trois (0, 6 %) en 1813 [33].
34Bien que la liste ait été rédigée plus de dix ans auparavant, les maires des chefs-lieux de cantons y sont souvent mentionnés, ce qui nous confirme qu’ils sont ainsi des notables départementaux, des élus de l’an IX, ayant de longue date une influence dans le département.
35Enfin, nous nous arrêterons sur leur carrière professionnelle. Nous pouvons confirmer qu’ils sont propriétaires, hommes de loi, notaires, officiers, négociants, médecins, etc. Toutefois, il n’y a aucun cultivateur parmi eux. De plus, ces hommes ont eu l’expérience des fonctions administratives au niveau de l’arrondissement ou du département sous l’Ancien Régime et pendant la Révolution. En effet, Dutrey aîné, maire de Mauléon-Barousse, était juge des Quatre-Vallées et syndic général de la vallée de Barousse sous l’Ancien Régime. Dominique Daries, maire de Galan, était conseiller du roi, puis juge royal de Galan avant la Révolution, et depuis il a été administrateur de département jusqu’en l’an III. Pujo Lengras, maire de Vic et Jean Lapalu, maire de Maubourguet, étaient tous deux administrateurs de district pendant la Révolution. Enfin, Jean Lamarque, maire d’Argelès, était procureur syndic de district, administrateur de département en l’an III et président de l’administration municipale de canton pendant la Révolution [34]. Ils cumulent aussi la fonction de président de l’assemblée de canton ou d’électeur d’arrondissement ou de département. Ce sont donc des notables de grande influence dans leurs cantons [35].
2.2. Les maires des communes rurales
36Dans les autres communes, les 469 maires présentés par les sous-préfets en 1813 et inscrits sur la liste des candidats pour les places à fournir, sont en moyenne âgés de 47, 5 ans et disposent d’un revenu de 1 130 francs. Une différence évidente de leur niveau de fortunes existait cependant entre les arrondissements : pour ceux de Bagnères (183 maires), Tarbes (189 maires) et Argelès (97 maires), respectivement 1 899 francs, 976 francs et 515 francs de revenu moyen. L’arrondissement de Bagnères, riche d’importantes cultures et d’abondantes ressources en eau minérale, bénéficie d’une situation économique favorable. Pour l’arrondissement d’Argelès, en grande partie occupé par des montagnes, le reflet du sous-développement local se confirme au niveau des fortunes des maires. En outre, concernant les catégories professionnelles, excepté l’arrondissement de Bagnères (les archives n’existent pas), on relève 63 % de cultivateurs ou laboureurs dans l’arrondissement de Tarbes et 91, 8 % dans celui d’Argelès [36]. Ainsi et selon le niveau des fortunes des notables, les maires en 1813 appartiennent à la quatrième tranche inférieure, ce qui les caractérise comme de petits notables. La différence est alors évidente entre les maires des chefs-lieux de cantons et les autres maires (cf. Tableau 1).
37Réalisée sous la direction de Maurice Agulhon, une étude sur les maires depuis 1800 (1 234 communes dans 13 arrondissements de différentes régions) indique que parmi les maires en 1811 et en 1824 : 50 % appartiennent à la classe moyenne (revenus de 1 000 à 9 999 francs) et 30 % sont issus du peuple (moins de 1 000 francs de revenus), 40 % sont des cultivateurs et 25 % des propriétaires [37]. Rapporté aux Hautes-Pyrénées et reflétant la situation économiquement peu favorable du département, cela se traduit par 60 % de maires issus du peuple et en grande majorité cultivateurs. Il en va tout autre de la région Toulousaine où, en 1807, 15 maires sur 67 (22 %) disposent d’une fortune de plus de 100 000 francs [38]. La situation des Hautes-Pyrénées ressemble à celle du département de l’Isère sous la Restauration où 34 % des maires ont un revenu de moins de 500 francs [39].
38Analysons les nouveaux maires nommés pour la première fois en 1813. Ils ont en moyenne 42, 8 ans (154 maires connus) et leur revenu est de 984 francs en moyenne (1 385 francs dans l’arrondissement de Bagnères, 1 066 francs dans celui de Tarbes, et 501 francs dans l’arrondissement d’Argelès). Pour le renouvellement de 1813, 469 maires (sauf ceux des chefs-lieux de cantons) inscrits sur la liste des candidats, y compris les maires en poste, présentés par les sous-préfets ont en moyenne 47, 5 ans et leur revenu est en moyenne de 1 130 francs. Les nouveaux maires ont donc cinq ans de moins que la moyenne générale et leurs revenus sont un peu inférieurs à la moyenne générale [40]. En définitive, malgré le renouvellement de plus de 40 % des maires en 1813, leur profil n’a pas changé, et la plupart restent de petits notables.
39Cependant, il faut tenir compte de différence des cantons. En effet, dans neuf cantons sur 26, les nouveaux maires nommés en 1813 sont plus riches que ceux de 1808. Cinq des neuf cantons se situent dans l’arrondissement de Tarbes, tandis que celui de Bagnères n’en compte que trois et celui d’Argelès un seulement. En examinant six villages qui ont conservé les registres des contributions foncières, nous pouvons suivre le changement des maires sous le Consulat et l’Empire [41]. Selon le revenu des propriétés, les maires en 1800 ne sont pas les plus fortunés de leur commune, même s’ils se situent généralement dans le tiers supérieur. Exceptionnel est Aurensan où Pierre Burgès, quatrième rang (sur 225), occupe toujours un poste de maire sous le régime napoléonien. Ce sont plutôt d’anciens membres du corps municipal sous la Révolution (maire, officier municipal, notable, agent municipal, etc.). C’est aussi le cas de 19 maires sur 30 (63, 3 %) dans les 30 communes évoquées dans la partie précédente [42].
40Les maires en 1808 sont plus riches que ceux en 1800. Par exemple, à Sadournin, Louis Sainte-Marie, maire en 1800, se situe dans le 27ème rang (sur 109), tandis que Bernard Laïrle, nommé en 1808, figurait au 19ème rang [43]. À Mazères, Jean Bernard Batmal, maire en 1800, était dans le 37ème rang (sur 137), mais c’est Jean Arrouy Berac, deuxième rang, qui est nommé en 1808 [44]. Nous pouvons ainsi supposer que les maires sont nommés dans le groupe plus riche (au moins plus riche que les maires en 1800) lors du renouvellement en 1808. Toutefois, celui de 1813 a produit différents résultats suivant les régions. En effet, en 1813, le profil des maires n’a pas changé dans ce département, sauf dans les plaines autour de Tarbes et dans le nord du département. Par exemple, à Adé dans le sud de Tarbes, Mathieu Latour, premier rang de revenu des propriétés (sur 252) est nommé en 1813 [45]. Au contraire, à Sireix dans le canton montagnard d’Aucun, Antoine Péré, 17ème rang (sur 53), est nommé en 1813 à la place de Jean-Pierre Sept, maire en 1808, quatrième rang [46].
41Ainsi, en 1800, les maires sont nommés parmi les anciens membres du corps municipal. Le grand renouvellement de 1808 a dans une certaine mesure changé leur profil en fixant le critère des contributions foncières. Cependant, lors du renouvellement en 1813, cette tendance, certes renforcée dans certains cantons du nord du département, ne s’est pas confirmée dans les autres régions, elle a même un peu régressé. Dans le sud du département où avec la guerre d’Espagne l’importance stratégique a augmenté sous l’Empire, les autorités départementales se sont heurtées à la difficulté de trouver des personnes qualifiées.
42De plus, dans les Hautes-Pyrénées, les maires ne résident toujours pas hors de leur commune. Par exemple, le 3 janvier 1810, le sous-préfet de Bagnères déclare à l’ex-maire d’Espenan, qui lui a recommandé Joseph Navailh, que : « Ledit Navailh ne possédait rien dans votre commune, qu’il n’y avait pas son domicile, qu’il rendait à Puy d’arrieux (sic.), commune du 1er arrondissement très éloigné à la vôtre » [47]. Pour les personnes à recommander comme maires, le sous-préfet insiste sur les qualités souhaitées : habitant de sa commune, connaissances et activités nécessaires à cette place, grand propriétaire, négociant sédentaire, père de famille, instruit, membre du conseil municipal, bon propriétaire, honnête homme, avocat. Trouver de telles personnes dans les Hautes-Pyrénées n’était pas chose facile. Mais, à la fin de l’Empire, les autorités départementales accordaient de l’importance aux notables résidant dans leur commune [48].
3. Les maires et les communautés rurales
43Les autorités départementales ont pu disposer des notables départementaux dans les chefs-lieux de cantons. Cependant, un personnel compétent faisait défaut dans les communautés rurales. Quel type de relation les maires ont-ils établi avec ces dernières ?
44Avec la loi du 28 pluviôse an VIII, le Consulat rétablit les municipalités communales dans les campagnes, rétablissement qui reçoit le soutien total de la population rurale. Les ruraux se montrent zélés pour l’autonomie de leurs communautés et soutiennent fortement la disparition des municipalités cantonales [49]. Les maires ont deux fonctions. D’un côté, ils administrent leurs communes en tant que représentants de celles-ci. De l’autre, ils doivent assurer les affaires administratives, très importantes, dont le pouvoir central les a chargés, c’est-à-dire l’exécution des lois, l’exercice du droit de police, le contrôle de l’état-civil, la conscription, etc. [50].
45Toutefois, dans leurs rapports, les préfets et les sous-préfets des Hautes-Pyrénées ont souvent répété que de nombreux maires étaient analphabètes sous l’Empire. En effet, d’après Jean-François Soulet, dans ce département, 40 % des hommes ne peuvent ni lire ni écrire le français, même en 1852 [51].
46On relève aussi des plaintes contre l’incapacité des maires. Par exemple, en août 1812, un propriétaire nommé Doléac, qui avait fait l’objet d’un charivari, a dénoncé au sous-préfet de Bagnères ainsi qu’au préfet l’incapacité et l’indifférence du maire d’Ordizan et a demandé sa destitution. Mais de l’avis du sous-préfet, même si le maire n’avait pas fait respecter l’heure de fermeture des auberges selon l’arrêté en vigueur, il était dans l’impossibilité de faire face au charivari [52]. Une autre fois, en septembre 1812 à Saint-Laurent, un garde forestier est tué, sa tête coupée et sa langue arrachée. Sur cette affaire abominable, le sous-préfet de Bagnères note : « Le maire est faible et pas plus exempt de crainte que les autres » [53]. Si, comme le malheureux garde forestier, le maire de Saint-Laurent s’était appliqué à remplir ses devoirs, il aurait pu subir un sort identique.
47Souvent d’ailleurs, les maires étaient eux-mêmes l’objet de charivari. Par exemple, la maison du maire de Sazos a été souillée d’ordures et les sapins dans son jardin coupés par des malveillants de la commune [54]. Quant à celui d’Esparros, il a essuyé les tirs d’une compagnie de déserteurs et a donné sa démission au sous-préfet [55]. Encore dans les années 1830, on abattait les arbres dans le jardin du « mauvais maire », on ravageait sa vigne et incendiait sa grange lors du carnaval [56]. Il faut donc conclure que les maires, qui étaient chargés d’appliquer les directives des autorités supérieures dans les communes rurales, ont cédé devant la pression des populations locales.
48Cependant, cette attitude repose sur une raison plus profonde. En effet, les préfets et les sous-préfets avaient tendance à rejeter sur les maires la responsabilité du retard des affaires ou de la non-exécution des demandes du gouvernement. Ils n’étaient donc pas des témoins impartiaux. De plus, les études de Georges Fournier sur les maires de l’arrondissement de Toulouse, qui indiquent que sur 97 d’entre eux, aucun n’est analphabète, 28 possèdent bien le français et 43 sont pleinement cultivés, ont renversé le stéréotype des campagnes du Sud-Ouest de la France [57]. En se fondant sur ces études, John Dunne a conclu que les intéressés, qui étaient en effet assez cultivés, avaient volontairement agi avec paresse dans les domaines impopulaires parmi les populations rurales, comme par exemple la conscription, afin de défendre l’intérêt de leurs administrés [58].
49Pour mettre en lumière le moteur de leurs attitudes, il nous faut donc considérer les relations entre les maires et les habitants des communautés rurales dans le cadre de la structure des pouvoirs locaux en nous gardant d’adopter le point de vue du pouvoir central qui, lui, considère les maires des communes rurales comme un assemblage de personnes « incapables ». Une appréciation de leurs attitudes, passe par une prise en compte de leurs positions de « patrons » des habitants. Comme nous l’avons déjà vu, dans ce département, la plupart des maires étaient cultivateurs ou laboureurs et n’y a jamais eu de brassiers parmi eux. Ce fossé est important dans les Pyrénées, car les hommes chefs de famille sont dits « cultivateurs », les femmes et les hommes cadets ou anciens sont dits « brassières » et « brassiers ». Généralement propriétaires plus ou moins fortunés, les premiers se différencient nettement des seconds. Seuls les représentants des « bonnes maisons », les propriétaires les plus aisés peuvent participer à la vie municipale. Selon Alain Massalsky, « la communauté rurale traditionnelle se définit dans les Pyrénées par la possession des biens communaux, les maisons propriétaires, représentés par leur chef, décidant de leur gestion en commun ». Ce fonctionnement des communautés s’est prolongé au cours de la décennie révolutionnaire et même pendant l’Empire [59].
50Sur ce point, il est capital de remarquer que les maires ont activement aidé les populations rurales à s’engager dans l’insoumission. De fait, les représentants des « bonnes maisons », c’est-à-dire les petits notables, pouvaient demander de l’aide aux habitants lors des semailles, des récoltes, du battage du grain, etc., et en échange, ils devaient offrir un plantureux repas ou des objets d’usage courant à ceux qui avaient fourni la main-d’œuvre. C’est pourquoi, il arrivait que les notables cachent les jeunes gens insoumis, et les emploient dans le prolongement de la relation patron-client [60].
51Nous devons aussi remarquer le rôle des maires dans la conscription. Sous le Consulat, tenus d’inscrire les conscrits de la classe désignée sur une liste et de transmettre aux préfets les informations sur la conscription, ils en étaient le pivot dans leur commune. Et chaque commune avait un droit de regard sur la façon d’opérer la désignation des conscrits [61]. Citons un exemple intéressant. Le 3 fructidor an X (21 août 1802), à Saint-Paul, le conseil municipal tient séance pour désigner et envoyer à l’armée les conscrits des classes de l’an IX et de l’an X. Mais un conscrit, Bernard Dulon, ne se présente pas au conseil municipal, et a de plus insulté le maire lorsque ce dernier l’a convoqué. Finalement, au vu de sa résistance opiniâtre, le conseil municipal décide de désigner Dulon comme conscrit du village et de le faire partir à l’armée [62]. Les représentants n’ont pas souvent résisté à la tentation de l’intrigue et de la coalition pour éviter l’enrôlement aux fils des « bonnes maisons » dominantes, ce qu’Alain Massalsky a aussi confirmé dans le village de Pouzac en 1793 [63].
52Toutefois, à partir de 1806, la conscription est bien centralisée au niveau supérieur. Les communes ont perdu beaucoup de leurs pouvoirs. Désormais, l’attribution des contingents est effectuée au niveau cantonal, et le préfet et les sous-préfets renforcent le contrôle du service de la conscription. Cependant, les maires n’ont pas été totalement exclus. Ils sont les seuls à pouvoir établir les registres de naissance des citoyens. Aussi peuvent-ils dresser les listes de la classe, et informer les familles des conscrits du recrutement. Ils se tournent alors vers des moyens plus subtils. Le rôle central qu’ils jouent, pour que leurs administrés échappent au recensement de la classe de conscrits, est à souligner. Par exemple, ils prêtent souvent leur concours pour falsifier, lors de l’enregistrement des naissances, la déclaration du sexe de l’enfant, la date de naissance, ou encore enregistrent de faux décès. C’est notamment le cas dans les Pyrénées où, les maires ou les secrétaires fréquemment consultés sur les moyens d’insoumission, font usage de ces artifices en réponse à ces demandes [64]. En outre, on relève dans ce département de faux actes de mariage en vue d’éluder les lois de réquisition et celles de la conscription. Profitant de leurs positions administratives, les maires falsifient alors les actes de mariage ou de naissance [65].
53Le pouvoir central les considère de fait comme des incapables qui ne se soumettent pas aux ordres ou ignorent les lois. Mais, dans la logique des communautés rurales, leur posture est compréhensible puisqu’il s’agit de défendre les intérêts des populations rurales et parfois de renforcer la relation patron-client. Nous pouvons donc conclure que la plupart des maires des communes rurales étaient assez bien incorporés dans l’ordre autonome de ces communautés. Sous l’Empire, les autorités départementales ont dû faire face à cette attitude des maires des communes rurales.
4. L’exercice administratif des maires
4.1. La solution des autorités départementales
54Comment les autorités départementales ont-elles essayé de résoudre ce problème ? Lannes, le premier préfet, n’a pu trouver de personnes aptes aux places de maires. Chazal qui prend ses fonctions de préfet en 1802 essaie lui aussi de nommer de nouveaux maires mais se heurte au même problème. Dans les campagnes peu peuplées, il était difficile de trouver les quelque 500 personnes « compétentes » susceptibles de se charger de l’administration municipale. Aussi, la réduction des communes est la solution bientôt suggérée. De fait, Chazal demande aux sous-préfets d’établir un projet de fusion de diverses communes. Le sous-préfet de Bagnères propose, selon « les renseignements qui lui ont été donnés par des citoyens estimables », que 142 communes de son arrondissement soient réunies pour en réduire le nombre à 54. Le conseil général abonde dans les vues du préfet ; comme lui, il pense que c’est le seul moyen de trouver des maires et des adjoints « capables de s’occuper de la chose publique » ; il exprime le vœu particulier de voir « les réunions se raccorder avec les circonscriptions nouvelles des paroisses » [66].
55Toutefois, les demandes ne reçoivent pas de réponse nette de la part du gouvernement central qui, bien que reconnaissant qu’il existe des problèmes à propos des maires des communes rurales, sait aussi que l’identité des populations rurales est basée sur la paroisse, c’est-à-dire sur la communauté rurale. Pour cette raison, il hésite à réunir les diverses communautés en créant de « nouvelles paroisses ». C’est pourquoi le pouvoir central continue à instituer les communautés rurales en communes. Pourtant, Chazal n’abandonne pas son projet et, le 3 juin 1807, il s’adresse en ces termes au ministre de l’Intérieur : « Ce petit pays est surchargé de 498 maires. Quel service vous lui rendriez, Monseigneur, si, au lieu de me l’interdire, vous pouviez m’autoriser ou me faire autoriser à réunir une foule des hameaux qui ont usurpé le nom de communes. J’ai beaucoup de prétendues communes de 30, 20, même 10 maisons. Il n’y a pas assez d’habitants pour composer des conseils municipaux, et difficilement y trouve-t-on un homme qui sache signer son nom pour le faire le maire » [67].
56Aussi, en 1807, d’après Laboulinière, secrétaire général de la préfecture des Hautes-Pyrénées, et auteur de l’Annuaire Statistique des Hautes-Pyrénées (qui concerne l’administration communale et les maires de ce département) : « Si les administrations municipales étaient convenablement organisées, il en résulterait les plus grands avantages ; mais pour atteindre ce but, il faudrait en diminuer le nombre considérablement. Je propose d’établir un maire salarié par canton seulement » [68]. Bref, Laboulinière penche pour un gouvernement local au niveau du canton en supprimant les nombreux maires « incapables » de tenir leur fonction [69].
57Le centre du gouvernement local, sous l’Empire, n’est-il pas en train de se déplacer des communes aux cantons ? Question légitime qu’illustre une déclaration du préfet qui depuis 1807 compte sur le rôle des notables influents dans leurs cantons pour convaincre les insoumis [70] : « J’avais fait procéder la troupe de commissaires que j’avais choisis parmi les personnes qui ont le plus d’influence sur l’esprit des habitants de ces cantons éloignés. Leurs exhortations… ont déterminé les familles à se soumettre » [71]. Il souligne donc sa confiance envers les notables influents dans leurs cantons à l’opposé des maires sur lesquels il ne peut s’appuyer dans ce département [72]. Dans ce contexte, comment les autorités départementales ont-elles restructuré leur relation avec les maires ?
4.2. Les maires et la mobilisation de la garde nationale sédentaire
58Pour répondre à cette question, nous nous arrêterons sur la mobilisation de la garde nationale sédentaire [73]. Le 26 novembre 1811, le préfet transmet un arrêté au sous-préfet lui demandant d’encourager les maires de procéder au complètement du bataillon de la garde nationale sédentaire [74]. À la réception de cet ordre, le sous-préfet de Bagnères s’adresse à son tour aux maires de son arrondissement :
« Il est arrivé Monsieur le maire que dans certaines communes où le service de la garde nationale sédentaire est quelques fois nécessaire soit pour la police, soit pour la garde des prisons ou insuffisance de gendarmerie impériale, des citoyens se sont refusés à ce service, que m.m. les maires n’étant point fixés sur la compétence quant aux poursuites contre les récalcitrants, ni sur les peines qu’ils encourent, leur désobéissance reste impunie ; comme il importe de faire cesser les incertitudes qui ont existé à cet égard jusqu’à ce moment » [75].
60Devant l’ignorance et l’attitude inappropriée des maires, le sous-préfet leur rappelle clairement quelles sont leurs fonctions, ordinaires et spéciales, et les peines encourues par les récalcitrants.
61Pour faire face à l’apathie et à l’indifférence affichée des maires des communes rurales, les autorités départementales se sont alors appuyées sur les maires des chefs-lieux de cantons. En effet, plusieurs d’entre eux sont nommés par le préfet en qualité d’agents pour mobiliser la garde nationale sédentaire. C’est le cas de Pierre Coma, maire du chef-lieu de canton d’Arreau, inscrit sur la liste des notables départementaux. Le 5 avril 1812, il collecte tout d’abord des renseignements sur les Espagnols insurgés auprès du capitaine de la 116ème compagnie de l’armée française, puis il fait aussi reconnaître les officiers, que le préfet avait nommés, par la compagnie de la garde nationale sédentaire du canton d’Arreau. Enfin, pour procéder à la démarche, Coma se rend au chef-lieu de canton de Vielle, mais dans son rapport au préfet, il note :
« Il m’est pénible de vous annoncer que j’ai trouvé dans le canton une espèce d’insouciance bien coupable, malgré que Monsieur le maire du chef-lieu eut en vertu de mes ordres, en votre nom, prévenu tous les maires d’avoir à faire réunir tous les habitants désignés pour la formation de cette compagnie. À Vielle, il n’y en avait peut-être pas vingt » [76].
63Le 6 avril 1812, conscient de sa responsabilité pour la mobilisation de la garde nationale sédentaire, Pierre Salles maire de chef-lieu de canton de Vielle rapporte au préfet :
« Mais quelle sera votre surprise, lorsque vous saurez que la plupart des maires se sont rendus sans presque aucun homme de ceux qui devaient faire partie de cette compagnie… Je me permettrai quelques observations contre mes collègues, à l’exclusion de ceux de Tramezaïgue et Aragnouet, et entre autres contre celui de St. Lary, duquel Monsieur Carreaux ne vous a pas sans doute fait un rapport favorable à l’occasion de la désignation des gardes nationaux, et par son refus à faire parvenir les ordonnances alors même que nous étions menacés d’une alerte. Quant aux autres, on peut leur reprocher d’avoir trompé votre confiance en désignant, pour la formation de cette compagnie, tous les hommes moins propres à un service militaire, puisque la plupart sont des hommes de 50 à 60 ans » [77].
65Dans un courrier au sous-préfet, le préfet, qui a reçu les rapports des maires d’Arreau et de Vielle, ordonne aussitôt : « Je vous prie de contrôler ces rapports, de savoir au juste la vérité et de témoigner après mon mécontentement aux maires qui auraient pu le mériter en manquant à leurs devoirs les plus sacrés dans de telles circonstances » [78]. En février 1813, il lui rappelle aussi la nécessité de la préparation de la défense nationale : « À la veille de la fonte des neiges qui couvrent les portes, il est prudent de préparer les ressources locales… Vous ferez concourir dans cet objet m.m. les maires avec les commandants des gardes nationales ». Le post-scriptum de cette lettre est intéressant : « P.S. Vous profiterez de la réunion des maires au chef-lieu de chaque canton pour leur donner vos ordres et stimuler leurs zèles » [79]. En d’autres termes, par cette lettre, le sous-préfet s’adresse aux maires des chefs-lieux de canton et leur communique ses ordres, puis les charge de les transmettre aux autres maires lors de la réunion à chaque chef-lieu de canton.
66Ce système, dans lequel les autorités départementales communiquent les ordres aux maires par l’intermédiaire des maires des chefs-lieux de cantons, se confirme aussi dans un autre domaine. Concernant la zone frontalière des Basses Pyrénées (en Béarn) voisine des Hautes-Pyrénées, Jean-Jacques Cazaurang cite une lettre du sous-préfet d’Oloron reçue le 18 février par le maire du chef-lieu de canton d’Aramits, Jean-Baptiste Cauhape : « Les traversins, paillasses et draps de lit que j’avais réparti (sic.) dans les communes de votre canton ne sont plus nécessaires. Je vous invite à… faire rendre les effets aux propriétaires… Veuillez bien prévenir de cette exemption les maires des communes de votre canton qui le feront connaître aux administrés requis pour la fourniture dont il s’agit ». En outre, le sous-préfet d’Oloron, par arrêté du 7 octobre 1813, nomme « commissaire spécial pour requérir les ouvriers et les matériaux nécessaires aux ouvrages de défense de la vallée » le maire du chef-lieu du canton d’Aramits. Ce dernier est donc nommé en position dominante par rapport aux autres maires dans son canton. De plus, le sous-préfet lui écrit à propos de la mobilisation de la garde nationale sédentaire : « Il manque, monsieur, un nombre assez considérable de gardes nationaux d’élite pour complétter (sic.) les compagnies de ce département… J’ai, en conséquence, déterminé que vous et vos collègues vous réunirez à cet effet, mercredi prochain… dans la salle de la mairie de votre commune ». En effet, le chef-lieu de canton d’Aramits se situe au centre de la ci-devant communauté de la vallée de Barétous sur la frontière d’Espagne, à l’ouest du Somport, au pied du Pic-Anie. Jusqu’en 1789, la vallée de Barétous avait existé en tant que communauté traditionnelle composée de six communes avec Aramits pour chef-lieu. Selon la coutume et suivant un règlement bien établi, son premier magistrat avait préséance sur ses collègues. Bref, malgré le démembrement officiel de la communauté de la vallée en 1789, la tradition et la mémoire subsistent fortement derrière la hiérarchie entre le maire du chef-lieu de canton d’Aramits et les autres maires dont les autorités départementales se sont servies pour le gouvernement local [80].
67Sous l’Ancien Régime, les vallées pyrénéennes sont de véritables entités économiques, sociales et politiques regroupant différentes communautés d’habitants. Les assemblées de vallée rassemblent les consuls de chaque commune composant la vallée pour gérer surtout l’organisation des pâturages sur les estives d’été. En outre, les communautés des vallées envoient leurs députés aux États pour y représenter leurs opinions. La Révolution a officiellement abandonné les communautés des vallées, mais dans la zone montagnarde, un canton correspond en gros à une vallée ou fraction de vallée [81]. Par conséquent, en dehors de tout cadre administratif légal, les assemblées de maires des communes d’une même vallée perdurent pendant la Révolution et l’Empire.
68Les maires des communes dans les vallées de Saint-Savin et de Barèges se sont, par exemple, régulièrement réunis à titre privé pour administrer les biens publics (les forêts, les pâturages, les eaux thermales). C’est notamment le cas dans le canton de Luz, composé de 15 communes et anciennement communauté de la vallée de Barèges, où de régulières consultations ont lieu sous la direction du maire du chef-lieu de canton [82]. Le préfet Lannes, au courant de cette situation, a demandé au maire de Luz de jouer le rôle d’intermédiaire entre les autorités départementales et les autres maires, lorsqu’il a essayé d’administrer directement les eaux thermales de la vallée de Barèges. Ici aussi, le gouvernement local est réalisé par approbation tacite des autorités départementales qui profitent de la position dominante des maires des chefs-lieux de cantons sur leurs confrères [83]. Et comme nous l’avons vu dans le cas présenté plus haut, Pierre Coma, nommé agent du préfet, a mené son action concernant la mobilisation des gardes nationaux dans les cantons d’Arreau et de Vielle, lesquels correspondaient à la communauté de la vallée d’Aure sous l’Ancien Régime. De fait, son père, Jean-Pierre Coma, avait été désigné par la vallée d’Aure comme l’un des quatre représentants à l’assemblée de la sénéchaussée d’Auch pour la préparation des États généraux en 1789 [84]. Le même système administratif, que l’on peut appeler « système pyrénéen », existait donc dans cette région, et ce dans plusieurs domaines y compris celui de la mobilisation de la garde nationale sédentaire.
69Toutefois, même si les autorités départementales comptent sur les maires des chefs-lieux de cantons, le problème de la mobilisation de la garde nationale sédentaire n’est pas pour autant facilement résolu. Malgré la situation où les insurgés espagnols se préparent à renouveler leurs attaques, le 16 septembre 1813, le maire d’Arreau déclare que « la désobéissance est la même » vis-à-vis de la mobilisation de la garde nationale sédentaire [85]. Le 24 juillet, le général Wouillement déplore la mauvaise réunion des compagnies de la garde nationale sédentaire, surtout de la compagnie du canton de Luz à laquelle manquent 40 hommes [86]. Selon le maire de Luz, la cause de ce désengagement des habitants est due aux « besoins de l’agriculture bien plus qu’à la mauvaise volonté » [87]. Pour les habitants frontaliers des Pyrénées, les travaux agricoles étaient plus importants que la défense de l’État.
70De toute évidence, les vues du gouvernement central à propos de la réintroduction des municipalités communales s’opposaient à celles des autorités départementales. Ces dernières, confrontées à l’impossibilité de disposer de maires « compétents » dans chaque commune, penchaient pour la fusion des communautés rurales, alors que le gouvernement central persistait à vouloir les institutionnaliser en tant qu’union autonome. Les maires ont donc gardé leur statut de représentants des communes et les ont administrées en tant qu’agents du pouvoir central.
71En effet, le gouvernement napoléonien n’avait pas à l’origine l’intention d’évincer l’autonomie locale des communautés rurales. Lorsque les maires ont tenté de se soustraire aux demandes du pouvoir central en prenant part aux communautés rurales, et plus précisément, lorsqu’ils ne répondaient pas à ses demandes, l’autorité supérieure est enfin intervenue. C’est surtout par le grand renouvellement des maires, survenu dans tout le pays en 1808, que cette autonomie s’est affaiblie. De fait, un grand nombre de maires « incapables » ont été remplacés par de grands propriétaires influents dans leurs cantons, et y compris par des non-habitants de leurs communes. Toutefois, dans le cas des Hautes-Pyrénées, il s’agit toujours de petits notables et si le profil des maires a certes changé en 1808, la vague de leur renouvellement s’est poursuivie en 1813, faute de personnes « compétentes ». Devant cette situation, les autorités départementales ont dû faire face aux problèmes du gouvernement local en plaçant au poste de maires des chefs-lieux de cantons les notables qui y étaient influents.
72Les caractères principaux de la structure du gouvernement local sous le régime napoléonien peuvent alors se définir comme suit. Les autorités départementales ont tout d’abord dépendu des notables qui sont les représentants des communautés rurales. Dans le Pas-de-Calais, où les cultivateurs se divisent déjà en deux pôles, le régime de la première période au cours de laquelle les grands propriétaires occupent les places de maires a perduré sous l’Empire. Mais, dans les départements où le régime de la première période n’a pas fonctionné de manière satisfaisante, un renouvellement important des maires a eu lieu en 1808 et les maires « incapables » ont été remplacés par les grands propriétaires influents dans leurs cantons, y compris ceux qui habitaient hors de leurs communes. C’est précisément le cas dans les départements suffisamment pourvus de grands propriétaires, en Seine-Inférieure par exemple.
73Dans les Hautes-Pyrénées, où font défaut les personnes propres à occuper le poste de maire, un grand renouvellement des maires eut de nouveau lieu en 1813 sans toutefois modifier notablement la classe sociale de ces derniers, à part dans certains cantons du nord de département. La plupart des maires des communes rurales restent les petits notables qui sont incorporés dans l’ordre autonome des communautés rurales. Ils tendent à renforcer la relation patron-client avec les populations rurales en profitant de leur position administrative dans la commune et en aidant les cas d’insoumission. Dans la société locale où persiste une culture politique spécifique opposée à la logique de l’État-Nation, il est presque impossible pour les autorités départementales de résoudre le problème de la relation entre les populations, toujours désireuses de se soustraire au droit de la nation, et les maires avant tout soucieux de l’importance des relations qu’ils entretiennent avec leurs administrés.
74Dans ce cas, les autorités départementales ont volontairement placé les notables départementaux au poste de maire de chefs-lieux de cantons afin qu’ils dirigent les autres maires. En d’autres termes, elles ont essayé de faire face aux problèmes des maires en établissant une hiérarchie dans l’exercice administratif entre les notables départementaux et les notables communaux. Dans la mesure où il existait déjà une hiérarchie traditionnelle basée sur la coutume des communautés des vallées, il était possible d’établir un système administratif particulier. Inversement, nous pouvons dire que les autorités départementales ont été obligées de s’appuyer sur la hiérarchie traditionnelle entre les communautés rurales pour instaurer un gouvernement local dans la société à l’époque de la formation de l’État-Nation. Ici, nous ne pouvons plus souscrire au modèle classique de la formation de l’État-Nation dans lequel les individus sont personnellement intégrés à l’État après le démembrement des communautés rurales. Pour le moins, dans la société locale des Pyrénées où l’administration des zones frontalières était difficile, les autorités départementales n’ont pu réaliser l’intégration qu’en entretenant la structure traditionnelle des pouvoirs locaux et en l’attelant au système administratif.
Mots-clés éditeurs : régime napoléonien, Hautes-Pyrénées, gouvernement local, maire
Date de mise en ligne : 21/06/2018
Notes
-
[1]
Alexis Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, Paris, 1856 (édité par Jacob Peter Mayer, Paris, Gallimard, 1996).
-
[2]
Jacques Godechot, Les institutions de la France sous la Révolution et l’Empire, Paris, Presses universitaires de France, 1968, p. 589.
-
[3]
Gavin Daly, Inside Napoleonic France : State and Society in Rouen, 1800-1815, Burlington, Ashgate, 2001.
-
[4]
Marie-Cécile Thoral, L’émergence du pouvoir local. Le département de l’Isère face à la centralisation (1800-1837), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
-
[5]
Michel Biard, Les lilliputiens de la centralisation, Seyssel, Champ Vallon, 2007.
-
[6]
Jean-Pierre Jessenne, Pouvoir au village et Révolution. Artois, 1760-1848, Lille, Presses universitaires de Lille, 1987 ; Georges Fournier, Démocratie et vie municipal en Languedoc du milieu du xviiie siècle au début du xixe siècle, Toulouse, Association les Amis des archives de la Haute-Garonne, 1994 ; Christian Kermoal, Les notables du Trégor. Éveil à la culture politique et évolution dans les paroisses rurales (1770-1850), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2002 ; Anne Rolland-Boulestreau, Les notables des Mauges. Communautés rurales et Révolution (1750-1830), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004.
-
[7]
Jean-Paul Rothiot, « Des municipalités vosgiennes de 1790 au Consulat », dans Jean-Pierre Jessenne (dir.), Du Directoire au Consulat 3. Brumaire dans l’histoire du lien politique et de l’État-Nation, Villeneuve d’Ascq-Rouen, CRHEN-O-GRHIS, 2001, p. 493-517.
-
[8]
Jean-Pierre Jessenne, « Communautés, communes rurales et pouvoirs dans l’État napoléonien », dans Natalie Petiteau (dir.), Voies nouvelles pour l’histoire du Premier Empire. Territoires, Pouvoirs, Identités, Paris, La Boutique de l’histoire, 2003, p. 176.
-
[9]
Ce thème a récemment été abordé par l’ouvrage collectif dans la perspective comparatiste des pays européens aux xviiie-xxe siècles. Laurent Brassart, Jean-Pierre Jessenne et Nadine Vivier (dir.), Clochemerle ou république villageoise ? La conduite municipale des affaires villageoises en Europe du xviiie au xxe siècle, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2012.
-
[10]
Isser Woloch, The New Regime. Transformations of the French Civic Order, 1789-1820’s, New York, Norton & Company, 1994, p. 129.
-
[11]
John Dunne, « Napoleon’s ‘mayoral problem’ : aspects of state-community relations in post-revolutionary France », Modern and Contemporary France, n° 8, 2000, p. 479-491.
-
[12]
Maïté Lafourcade,« La frontière franco-espagnole, lieu de conflits interétatiques et de collaboration interrégionale », dans Maïté Lafourcade (dir.), La frontière franco-espagnole, lieu de conflits interétatiques et de collaboration interrégionale, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 1998, p. 10-13.
-
[13]
En effet, il n’y a pas de modèle préétabli pour construire l’Empire, comme Aurélien Lignereux l’a montré dans les politiques de recrutement des policiers et gendarmes. Aurélien Lignereux, Servir Napoléon, policiers et gendarmes dans les départements annexés (1796-1814), Seyssel, Champ Vallon, 2012.
-
[14]
Aurélien Lignereux, L’Empire des Français 1799-1815, Paris, Le Seuil, 2012, p. 112.
-
[15]
AD Hautes-Pyrénées, 3M169 : le sous-préfet de Bagnères au préfet, le 24 janvier 1811.
-
[16]
Ibid., Fornier, ex-législateur, au sous-préfet de Bagnères, le 31 octobre 1812.
-
[17]
Marie-Cécile Thoral, « The limits of Napoleonic centralization : notables and local government in the department of the Isère from the Consulate to the beginning of the July Monarchy », French History, n°19, 2005, p. 476.
-
[18]
AD Hautes-Pyrénées, 3M169 : le sous-préfet de Bagnères au préfet, le 13 juin 1809.
-
[19]
Ibid., Vincent Laporte au préfet, le 19 novembre 1812.
-
[20]
AD Hautes-Pyrénées, 3M169 (date inconnue).
-
[21]
AN, BB18 61 : Davezac, maire de Lourdes, au ministre de la Justice, le 23 mai 1807.
-
[22]
Adolphe Robert et Cougny Gaston (dir.), Dictionnaire des parlementaires français, Genève, Slatkine, 2000, vol. 2, p. 271.
-
[23]
AD Hautes-Pyrénées, 3M169 : Le ministre de l’Intérieur au préfet, le 11 février 181.
-
[24]
Ibid., Le préfet au ministre de l’Intérieur, le 11 mars 1813.
-
[25]
John Dunne, op. cit., p. 486.
-
[26]
Ibid., p. 489.
-
[27]
Jean-Pierre Jessenne, op. cit., 1987, p. 123-143.
-
[28]
Georges Fournier, « Le pouvoir local, enjeu majeur dans le tournant politique de Brumaire en Midi toulousain », dans Jean-Pierre Jessenne (dir.), op. cit., 2001, p. 521-522.
-
[29]
AD Hautes-Pyrénées, 2 E 2, 23 Adé ; 16 E 5 Antist ; 45 E 32 Aucun ; 48 E 12-13 Aurensan ; 84 E 1 Bernac-Dessus ; 123 E 60-64 Campan ; 146 E 3 Chis ; 273 E 9 Liac ; 287 E 7 Loures-Barousse ; 292 E 5-6 Luquet ; 295 E 13-22, 27 Luz ; 304 E 4 Maubourguet ; 307 E 1, 12-18 Mazères ; 317 E 3 Mont ; 314 E 14-23 Montgaillard ; 330 E 4 Nouilhan ; 331 E 12-13 Odos ; 340 E 4-6 Orleix ; 342 E 1 Osmets ; 357 E 2 Peyraube ; 360 E 2-5 Peyrouse ; 369 E 5-6 Pouyastruc ; 383 E 9 Sadournin ; 392 E 5-10 Saint-Martin ; 412 E 17-25 Sauveterre ; 428 E 33 Sireix ; 429 E 30-33 Sombrun ; 433 E Soues ; 452 E 42-46, 56 Trie ; 460 E 508-534, 550 Vic-en-Bigorre.
-
[30]
AD Hautes-Pyrénées, 3M165, 166 : Registres des maires en 1808 et 1813.
-
[31]
AN, F7 3608 : Le préfet au conseiller d’État, le 26 juillet 1807.
-
[32]
Louis Bergeron et Guy Chaussinand-Nogaret, Les « masses de granit ». Cent mille notables du Premier Empire, Paris, EHESS, 1979, p. 95.
-
[33]
AD Hautes-Pyrénées, 3M165 : 166 Registres des maires en 1808 et 1813.
-
[34]
AD Hautes-Pyrénées 3M168 : Listes des candidats présentés pour les places de maires par le préfet et les sous-préfets en 1813.
-
[35]
Ibid.
-
[36]
Ibid.
-
[37]
Maurice Agulhon, Louis Girard et alii (dir.), Les maires en France du Consulat à nos jours, Paris, Publications de la Sorbonne, 1986, p. 7-17, 35-55.
-
[38]
Georges Fournier, op. cit., p. 315.
-
[39]
Marie-Cécile Thoral, op. cit., p. 53.
-
[40]
AD Hautes-Pyrénées, 3M165, 166 : Registres des maires en 1808 et 1813.
-
[41]
AD Hautes-Pyrénées, 2 E 57 Adé ; 48 E 23 Aurensan ; 307 E 56 Mazères ; 383 E 27 Sadournin ; 412 E 82 Sauveterre ; 428 E 22 Sireix.
-
[42]
Voir la note 29.
-
[43]
AD Hautes-Pyrénées, 383 E 27 Sadournin : Registre des contributions foncières en l’an XI.
-
[44]
AD Hautes-Pyrénées, 307 E 56 Mazères : Registre des contributions foncières en l’an XI.
-
[45]
AD Hautes-Pyrénées, 2 E 57 Adé : Registre des contributions foncières en 1814.
-
[46]
AD Hautes-Pyrénées, 428 E 22 Sireix : Registre des contributions foncières en l’an IX.
-
[47]
AD Hautes-Pyrénées, 3M169 : Le sous-préfet au maire d’Espenan, le 13 janvier 1810.
-
[48]
Ibid., Le sous-préfet de Bagnères au préfet, le 18 juin 1810.
-
[49]
Isser Woloch, « The state and the villages in Revolutionary France », dans Alan Forrest et Peter Jones (dir.), Reshaping France : Town, Country and Region during the French Revolution, Manchester, Manchester University Press, 1991, p. 233.
-
[50]
André Chandernagor, Les maires en France, xixe-xxe siècles. Histoire et sociologie d’une fonction, Paris, Fayard, 1993, p. 33.
-
[51]
Jean-François Soulet, « La criminalité dans le département des Hautes-Pyrénées au xixe siècle », Bulletin de la Société Ramond, 1975, p. 107.
-
[52]
AD Hautes-Pyrénées, 4M57 : Le préfet au sous-préfet de Bagnères, le 22 septembre 1812.
-
[53]
AD Hautes-Pyrénées, 4M54 : Le sous-préfet de Bagnères au préfet, le 3 septembre 1812.
-
[54]
AD Hautes-Pyrénées, 4M58 : L’adjoint de Sazos au préfet, le 21 septembre 1812.
-
[55]
AD Hautes-Pyrénées, 4M58 : Le préfet au sous-préfet de Bagnères, le 10 août 1810.
-
[56]
Jean-François Soulet, Les Pyrénées au xixe siècle, Luchon, Sud-Ouest, 2004, p. 130-133.
-
[57]
Georges Fournier, op. cit., 2001, p. 531.
-
[58]
John Dunne, op. cit., p. 479-491.
-
[59]
Alain Massalsky, Élections et politisation dans le département des Hautes-Pyrénées, 1790-1799, Lille, Atelier national de reproduction des thèses, 2007, p. 208-273.
-
[60]
Louis Bergès, Résister à la conscription 1798-1814. Le cas des départements aquitains, Paris, CTHS, 2002, p. 249-253.
-
[61]
Isser Woloch, « Napoleonic conscription : State power and civil society », Past and Present, n° 111, 1986, p. 105.
-
[62]
AD Hautes-Pyrénées, Saint-Paul 394 : Registre des délibérations du conseil municipal, le 21 août 1802.
-
[63]
Alain Massalsky, op. cit., p. 242-243.
-
[64]
Jean-François Soulet, op. cit., p. 630-631.
-
[65]
AN, F7 3608 : Le préfet au conseiller d’État, le 2 mai 1805.
-
[66]
Jean-François Soulet, Les premiers préfets des Hautes-Pyrénées (1800-1814), Paris, SER, 1965, p. 56.
-
[67]
AD Hautes-Pyrénées, 1M190 : Le préfet au ministre de l’Intérieur, le 3 juin 1807.
-
[68]
Pierre Laboulinière, Les Hautes-Pyrénées au début du xixe siècle, Pau, Monhélios, 1807, p. 192.
-
[69]
Cette idée est partagée par Richard, préfet de la Haute-Garonne. John Dunne, op. cit., p. 484 ; par ailleurs, Sainthorent, préfet de l’Aveyron, regroupe ses 692 communes en 192 mairies principales tout en prenant ses distances vis-à-vis de la légalité constitutionnelle. Aurélien Lignereux, L’Empire des Français, op. cit., p. 111.
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[70]
La sociologie a très tôt reconnu l’importance de la collaboration et du compromis au niveau local entre les administrateurs locaux et les notables ; citons l’étude de Pierre Grémion : Le pouvoir périphérique. Bureaucrates et notables dans le système politique français, Paris, Le Seuil, 1976.
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[71]
AN, F7 3608 : Le préfet au conseiller d’État, le 22 mars 1807.
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[72]
Le préfet du Tarn a aussi insisté sur l’importance du pouvoir de persuasion des notables qui ont de l’influence sur les habitants de leur canton. Jean Waquet, « La société civile devant l’insoumission et la désertion à l’époque de la conscription militaire (1798-1814) », Bibliothèque de l’École des Chartes, tome 126, n° 1, 1968, p. 187-222.
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[73]
Serge Bianchi et Roger Dupuy (dir.), La Garde nationale entre nation et peuple en armes. Mythes et réalités, 1789-1871, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006. Roger Dupuy, La Garde nationale 1789-1872, Paris, Gallimard, 2010. Jean Sarramon, Napoléon et les Pyrénées. Les chasseurs des montagnes et la couverture des Pyrénées, 1808-1814, Verfeil-sur-Seye, Lézard, 1992.
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[74]
AD Hautes-Pyrénées, 4R12 : Le préfet au sous-préfet de Bagnères, le 26 novembre 1811.
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[75]
Ibid. Le sous-préfet de Bagnères aux maires, le 26 novembre 1811,
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[76]
Ibid. Le maire d’Arreau au préfet, le 5 avril 1812.
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[77]
Ibid. Le maire de Vielle au préfet, le 6 avril 1812.
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[78]
Ibid. Le préfet au sous-préfet de Bagnères, le 9 août 1812.
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[79]
Ibid. Le préfet au sous-préfet d’Argelès en février 1813.
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[80]
Jean-Jacques Cazaurang, « Transmissions administratives durant la guerre d’Espagne napoléonienne dans une vallée frontière des Pyrénées », dans La diffusion de l’information et du savoir de 1610 à nos jours, dans les actes du 105e congrès national des sociétés savantes, Paris, CTHS, 1983, p. 250-254.
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[81]
Alain Massalsky, Élections et politisation…, op. cit., p. 34-35.
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[82]
AD Hautes-Pyrénées, 295 E 4, 19-22 Luz : Registres des délibérations.
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[83]
Jean-François Soulet, Les Pyrénées…, op. cit., p. 394-399.
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[84]
Alain Massalsky, Élections et politisation…, op. cit., p. 505.
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[85]
AD Hautes-Pyrénées, 4R12 : Le maire d’Arreau au préfet, le 16 septembre 1813.
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[86]
Ibid., Wouillement au préfet, le 24 juillet 1813.
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[87]
Ibid., Le sous-préfet d’Argelès au préfet, le 28 juillet 1813.