Couverture de AHRF_386

Article de revue

Ce que les cultures matérielles peuvent apporter à l’historiographie de la Révolution française

Pages 125 à 144

Notes

  • [1]
    Leora Auslander, Charlotte Guichard, Colin Jones, Daniel Roche et Gorgio Riello, « Regards croisés, la Révolution à l’épreuve du marché », AHRF, n° 370, octobre-décembre 2012, p. 165-190, dont la question était : « Le marché fait-il les révolutions ? ».
  • [2]
    Les significations se trouvent-elles dans les objets eux-mêmes (Lorna Weatherill) ou dans les situations sociales dans lesquelles ils sont placés (Arjun Appadurai) ? Lorna Weatherill, « The Meaning of Consumer Behavior in late Seventeenth and Early Eighteenth-Century England », dans John Brewer, Roy Porter (dir.), Consumption and the World of Goods, Londres, Routledge, 1997 rééd., p. 206-227 ; et Arjun Appadurai, « Introduction and the politic of value », dans Arjun Appadurai (dir.), Social Life of Things : Commodities in Cultural Perspective, Cambridge Studies in Social & Cultural Anthropology, Ed. Paperback, 1986, p. 3-63.
  • [3]
    Jean-Marie Pesez, « Histoire de la culture matérielle », dans Jacques Le Goff, Roger Chartier, Jacques Revel (dir.), La nouvelle histoire, Paris, CEPL, 1978, p. 101, p. 124. Jean-Marie Pesez fut l’un des fondateurs de l’archéologie médiévale française.
  • [4]
    Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle, Paris, A. Colin, 1979, 3 vol. Le premier tome, sous un titre différent, parut en 1967. C'est Lucien Febvre qui, en 1952, confia à Fernand Braudel la rédaction de l'ouvrage pour la collection Destins du Monde qu'il venait de fonder (« Introduction », t. 1, p. 7).
  • [5]
    Joseph Goy, « L'histoire de la culture matérielle en France : Progrès récents et recherches futures », Material Culture Review / Revue de la culture matérielle, volume 8, mars 1979, p. 9. Je me permets de renvoyer au lien suivant pour prendre connaissance de la bibliographie et des équipes de recherche citées à travers le rapport et dans les notes : <https://journals.lib.unb.ca/index.php/MCR/rt/printerFriendly/17028/22984> ; Jean-Marie Pesez, « Histoire de la culture matérielle », art. cit., p. 98-130.
  • [6]
    Jean-Marie Pesez, « Histoire de la culture matérielle », art. cit., p. 99. L'historien rappelle que l'Académie d'histoire de la culture matérielle de Moscou fut créée par Lénine en 1919 (p. 98).
  • [7]
    Pour ne citer que quelques exemples présentés plus amplement ci-dessous, Neil McKendrick, John Brewer et John H. Plumb, The Birth of a Consumer Society : The Commercialisation of Eighteenth Century England, Londres, Europa, 1982 ; Lorna Weatherill, Consumer Behaviour and Material Culture in Britain 1660-1760, Londres-New York, Routledge, 1988 ; Maxine Berg, Helen Clifford (dir.), Consumers and luxury. Consumer culture in Europe 1650-1850, Manchester, Manchester University Press, 1999 ; David Armitage et Sanjay Subrahmanyam (dir.), The Age of Revolutions in Global Context, c. 1760-1840, Farnham (GB), Palgrave Macmillan, 2010. Enfin, il faut citer le récent colloque organisé par Helen Clifford et Maxine Berg à Warwick, Global Commodities. The material culture of early modern connections, 1400-1800, Global History and Culture Center, University of Warwick, en 2012. Je me permets de renvoyer au site de l’université de Warwick pour les nombreuses références bibliographiques : https://www2.warwick.ac.uk/fac/arts/history/ghcc/publications/.
  • [8]
    Au-delà des travaux très classiques de Thorstein Veblen et de Pierre Bourdieu sur les formes de l’ostentation et les usages sociaux de la distinction, concernant l’étude des modes d'appropriation et de leurs conséquences sur les processus de socialisation ou de subjectivation, voir Céline Rosselin, Marie-Pierre Julien, La culture matérielle, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2005 ; à propos du régime d’objectivation par la « mise en objet », voir l’ouvrage stimulant de Jean-Pierre Warnier, Construire la culture matérielle. L’homme qui pensait avec les doigts, Paris, PUF, 1999. Sur les procès de constitution des identités par les cultures matérielles, Jean-François Bayart, L’Illusion identitaire, Paris, Fayard, 1996, notamment p. 183-229, « La matérialisation de l’imaginaire politique ».
  • [9]
    Sur l’analyse méthodologique d’une source bien connue, voir la note 14 du présent article.
  • [10]
    Norbert Elias, La société de cour, Paris, Flammarion, 1985 (écrit en 1969, d'après sa thèse d'habilitation de 1939) ; Idem, Théorie des symboles, Paris, Seuil, 2015 (1991) ; Jean Baudrillard, Le Système des objets : la consommation des signes, Paris, Gallimard, 1968 ; Idem, La Société de consommation, Paris, Éditions Denoël, 1970 ; Id., Pour une critique de l'économie politique du signe, Paris, Gallimard, 1972 ; Mary Douglas, Baron C. Isherwood, The World of Goods. Towards an Anthropology of Consumption, Londres, Allen Lane, 1979.
  • [11]
    Leora Auslander, « Beyond words », American Historical Review, October 2005, p. 1015-1045 ; Idem, « Regeneration through the Everyday ? Clothing, Architecture, and Furniture in Revolutionary Paris », Art History, 28.2, 2005, p.  227-47.
  • [12]
    Dès 1978, l'histoire de la culture matérielle, encore jeune et manquant de réflexivité malgré les synthèses d'un Le Goff ou d'un Braudel, peut devenir « une grande ethnographie historique du passé », selon Joseph Goy, si ses traits dominants (techniques, modes de vie, systèmes de production…) sont rattachés « aux comportements mentaux collectifs, aux rythmes démographiques et aux structures et conjonctures sociales et économiques ». Un programme roboratif mis en œuvre avec constance, en France, par Daniel Roche, du Peuple de Paris (1981) à La culture équestre de l'Occident XVIe-XIXe siècle, tome 3, (2015).
  • [13]
    Daniel Roche, Le peuple de Paris, la culture populaire au XVIIIe siècle, Aubier-Montaigne, 1981 ; Paris, Fayard, 1998 ; Idem, La Culture des apparences. Une histoire de vêtement, XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, Fayard, 1989 ; Id., Histoire des choses banales. Naissance de la consommation, XVIIe-XIXe siècles, Paris, Fayard, 1997 ; Id., La culture équestre de l'Occident, XVIe-XIXe siècles, Paris, Fayard, 3 tomes, 2008, 2011, 2015.
  • [14]
    Jean Robiquet, La vie quotidienne au temps de la Révolution et de l’Empire, Paris, Hachette, 1938 ; Jacques Godechot, La Vie quotidienne en France sous le Directoire, Paris, Hachette, 1977 ; Jean Tulard, La vie quotidienne des Français sous Napoléon, Paris, Hachette, 1978 ; Jean-Paul Bertaud, La Vie quotidienne en France au temps de la Révolution (1789-1795), Paris, Hachette, 1983 ; Idem, La Vie quotidienne des soldats de la Révolution 1789-1799, Paris, Hachette, 1985.
  • [15]
    Pierre Goubert, « Intérêt et utilisation historique des papiers de successions : inventaires après décès, partages, comptes de tutelle », Revue d’histoire contemporaine, 1954, p. 22-34 ; Bernard Vogler et alii (dir.), Les actes notariés, op. cit. Voir entre autres, pour la décennie 1980, Ad van der Woude, Anton Schuurman (dir.), Probate inventories. A new source for the historical study of wealth, material culture and agricultural development. Papers presented at leeuwenborch Conference (Wageningen, 5-7 May 1980), Wageningen, Landbouwhoge School, 1980 ; Antonis Eiras Roel, « La documentación de protocolos notariales en la reciente historiografía modernista », Estudis Històrics i Documents dels Arxius de Protocols, VIII, 1980, p. 7-27 ; Daniel Roche, Le peuple de Paris, op. cit. ; Bartolomé Bennassar, « Los inventarios après décès y la historia de las mentalidades », dans La documentación notarial y la Historia : actas del II Coloquio de Metodología Histórica Aplicada, Santiago de Compostela, Junta de Decanos de los Colegios Notariales de España, Secretariado de publicaciones de la Universidad de Santiago, 1984, vol. II, p. 139-146 ; Luis Castaneda, « Ensayo metodológico sobre los inventarios après décès en el análisis de los niveles de vida materia : el ejemplo de Barcelona entre 1790-1794 », Primer Congrés d’Història Moderna de Catalunya, Barcelona, Edicions de la Universitat de Barcelona, 1984, vol. I, p. 757-769 ; Margaret Spufford, The Great Reclothing of Rural England. Petty Chapman and their Wares in the Seventeenth Century, Londres, Hambledon Press, 1984 ; Mercedes Santiveri, « Clases sociales y niveles de vida material en la Lleida del siglo XVII (1644-1700) », Manuscrits, n° 3, 1986, p. 129-149 ; Núria sales, « Inventaris après décès », L’Avenç, n° 92, 1986, p. 54-57 ; Micheline Baulant, Anton Schuurman, Paul Servais (dir.), Inventaires après décès et ventes de meubles. Apports à une histoire de la vie économique et quotidienne (XIVe-XIXe siècle), Actes du séminaire tenu dans le cadre du 9e Congrès international d’histoire économique de Berne (1986), Louvain-la-Neuve, Académia, 1988 ; Annick Pardailhe-Galabrun, La naissance de l'intime, 3 000 foyers parisiens, XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, 1988 ; Joël Cornette, « La révolution des objets. Le Paris des inventaires après décès, XVIIe-XVIIIe siècles », Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, XXXVI, 1989, p. 476-486 ; Laurent Bourquin, « Les objets de la vie quotidienne dans la première moitié du XVIe siècle à travers cent inventaires après décès parisiens », Revue d'Histoire moderne et contemporaine, XXXVI, 1989, p. 465 - 475. Belén Moreno Claverias, « Révolution de la consommation paysanne ? », Histoire & mesure [En ligne], XXI/1, 2006, mis en ligne le 1er juin 2009, URL : http://histoiremesure.revues.org/1539).
  • [16]
    Dominique Poulot, « Une nouvelle histoire de la culture matérielle ? », Revue d'histoire moderne et contemporaine, 44/2, avril-juin 1997, p. 344-357.
  • [17]
    Neil McKendrick, John Brewer et John H. Plumb, The Birth of a Consumer Society, op. cit ; John Brewer, Roy Porter (dir.), The World of Goods, op. cit. ; Colin Campell, The romantic ethic and the spirit of modern consumerism, Oxford, Basil Blackwell, 1987 ; Lorna Weatherill, Consumer Behaviour and Material Culture in Britain 1660-1760, Londres-New York, Routledge, 1988. Citons aussi, dans les mêmes années, Carole Shammas, The Pre-industrial Consumer in England and America, Oxford, Clarendon Press, 1990 ; Beverly Lemire, Fashion’s favourite : the cotton trade and the consumer in Britain 1660-1800, Oxford, Oxford University Press, 1991 ; Lorena S. Walsh, Anton Schuurman (dir.), Material culture : Consumption, life-style, standard of living, 1500-1900. Eleventh International Economic History Congress, Milan, Université Bocconi, 1994 ; Jaume Torras, Bartolomé Yun Casalilla (dir.), Consumo, condiciones de vida y comercialización. Cataluña y Castilla, siglos XVIIe-XIXe , Valladolid, Junta de Castilla y León, 1999 ; Maxine Berg, Helen Clifford (dir.), Consumers and luxury, op. cit. etc. Je me permets de renvoyer à un numéro spécial de la revue Histoire urbaine, « Consommation et exotisme XVe-XVIIIe siècle », dont l'introduction donne un aperçu historiographique sur l'histoire de la consommation, Histoire urbaine, n° 30, avril 2011.
  • [18]
    « La culture matérielle : un objet en question. Anthropologie, archéologie, histoire », château de Caen, 9-10 octobre 2015, <http://calenda.org/334214>
  • [19]
    Voici des ouvrages qui illustrent la vitalité actuelle de l'histoire de la culture matérielle : Maxine Berg, Elizabeth Eger (dir.), Luxury in the Eighteenth Century. Debates, Desires and Delectable Goods, Houndmills Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2003 ; Evelyn Welch, Shopping in the Renaissance: Consumer Cultures in Italy, 1400-1600, New Haven, Yale University Press, 2005 ; Christopher Tilley, Webb Keane, Susanne Kuechler-Fogden, Mike Rowlands, Patricia Spyer (dir.), Handbook of Material Culture, Londres, Sage, 2006 ; John Brewer, Frank Trentmann (dir.), Consuming Cultures, Global Perspectives : Historical Trajectories,Transnational Exchanges, Oxford, Berg, 2006 ; Renata Ago, Il gusto delle cose. Una storia degli oggetti nella Roma del Seicento, Rome, Donzelli, 2006 ; Craig Clunas, Empire of Great Brightness : Visual and Material Cultures of Ming China, 1368-1644, Londres, Reaktion, 2007 ; Arnold Esch, Economia, cultura materiale ed arte nella Roma del Rinascimento. Studi sui registri doganali romani 1445-1485, Rome, Roma Nel Rinascimento, 2007 ; Stéphane Castellucio (dir.), Le Commerce de luxe à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles. Échanges nationaux et internationaux, Berne, Peter Lang S. A. Éditions scientifiques internationales, 2009 ; Dan Hicks, Mary C. Beaudry (dir.), The Oxford Handbook of Material Culture Studies, Oxford, Oxford University Press, 2010 ; Tara Hamling, Catherine Richardson (dir.), Everyday objects. Medieval and Early Modern Material Culture and its Meanings, Farnham, Ashgate, 2010 ; Jo Kirby, Susie Nash, Joanna Cannon (dir.), Trade in Artists’ Materials : Markets and Commerce in Europe to 1700, Londres, Archetype Publications, 2010 ; Werner Paravacini (dir.), Luxus und Integration. Materielle Hofkultur Westereuropas vom 12. Bis zum 18. Jahrundert, Munich, R. Oldenburg Verlag, 2010 ; Christine Fleurent, Christine Davenne, Cabinets de curiosités, la passion de la collection, Paris, éditions de La Martinière, 2011 ; Anne Gerritsen, Stephen McDowall, « Global China : Material Culture and Connections in World History’, special issue”, Journal of World History, 23/1, 2012 ; Ludmilla J. Jordanova, The Look of the Past : Visual and Material Evidence In Historical Practice, Cambridge, Cambridge University Press, 2012 ; Paula Findlen (dir.), Early Modern Things : Objects and their Histories, 1500-1800, Basingstoke, Routledge, 2013 ; Peter N. Miller (dir.), Cultural Histories of the Material World, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2013 ; Ruth Towse (dir.), A Handbook of Cultural Economics, Cheltenham/Northampton, MA, Edward Elgar, 2013 ; G. Ulrich Grobmann, Petra Krutish (dir.), The Challenge of the Object / Die Herausforderung des Objekts, Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum, 2014 ; Tove Engelhart Mathiassen et al. (dir.), Fashionable Encounters : Perspectives and Trends in Textile and Dress in the Early Modern Nordic World, Oxford, Oxbow Books, 2014 ; Valérie Guillard (dir.), Boulimie d’objets. L’être et l’avoir dans nos sociétés, Paris, De Boeck, 2014 ; Marta Caraion (dir.), Usages de l’objet. Littérature, histoire, arts et techniques, XIXe-XXe siècles, Seyssel, Champ Vallon, 2014 ; Ina Baghdiantz McCabe, A History of Global Consumption : 1500-1800, Abingdon et New York, Routledge, 2015 ; Maxine Berg et al. (dir.), Goods from the East, 1600-1800. Trading Eurasia, Houndmills, Palgrave Macmillan, 2015 ; Frank Trentmann, Empire of Things. How We Became a World of Consumers, from the Fifteenth Century to the Twenty-First, Londres, Allen Lane/Penguin, 2016 ; Manuel Charpy, Le théâtre des objets. Culture matérielle et identité bourgeoise au XIXe siècle, Paris, Flammarion, à paraître en 2016 ; Damien Delille, Philippe Senechal (dir.), Mode et vêtement. Études visuelles et culture matérielle, Paris/Dijon, INHA / Presses du Réel, à paraître en 2016. Voir les propos et les aperçus bibliographiques (principalement britanniques et américains) sur l'histoire de la culture matérielle donnés par Anne Gerritsen et Giorgio Riello dans les introductions de deux récents ouvrages collectifs qu'ils ont dirigés : Writing Material Culture History, Londres, Bloomsbury, 2014 et The Global lives of things. The Material Culture of Connections in the Early Modern World, New York, Routledge, 2015. Voir aussi la bibliographie (dans laquelle la part des ouvrages italiens est importante) de l'ouvrage co-dirigé par Natacha Coquery et Alain Bonnet, Le commerce du luxe. Production, exposition et circulation des objets précieux du Moyen Âge à nos jours, Paris, Éditions Mare et Martin, 2015, p. 301-307.
  • [20]
    Lynn Hunt, Politics, Culture and Class in the French Revolution, Berkeley, University of California Press, 1984.
  • [21]
    Idem,The Family Romance of the French Révolution, Berkeley, University of California Press, 1993.
  • [22]
    Robert Darnton, The Great Cat Massacre and other Episodes in French Cultural History, New York, Basic Books, 1984 ; Idem, The Kiss of Lamourette : Reflections in Cultural History, New York, Norton, 1990.
  • [23]
    Michel Vovelle, La Révolution française : Images et récit, 1789-1799, Paris, Messidor, 1986 ; Peter McPhee, Living the French Revolution, Houndsmill, Palgrave Macmillan, 2006 ; Laura Mason, Singing the French revolution : Popular culture and politics, 1787-1799, Ithaca, NY, Cornell University Press, 1996 ; J. David Harden, « Liberty Caps and Liberty Trees » Past and Present, n° 146, 1995, p. 66-102 ; David Garrioch, The Making of Revolutionary Paris, Berkeley, University of California Press, 2002 ; Wayne Hanley, The Genesis of Napoleonic Propaganda, New York, Columbia University Press, Ian Germani et Robin Swales, Symbols, Myths and Images of the French Revolution : Essays in Honour of James A Leith Regina, Canadian Plains Research Center, 1998 ; Sheryl Kroen, Politics and Theater : The Crisis of Legitimacy in Restoration France, 1815-1830, Berkeley, University of California Press, 2000.
  • [24]
    La politique ne saurait appartenir, comme l’écrit Marx dans les Thèses sur Feuerbach, exclusivement à la sphère théorique de l’idéologie, voire à celle de l’idéalisme, singulièrement en période révolutionnaire.
  • [25]
    Paul Ricoeur, « L’idéologie et l’utopie : deux expressions de l’imaginaire social », Autre Temps, 1984, vol. II, n° 2, p. 53-64.
  • [26]
    La publication progressive des procès-verbaux des sociétés populaires dans le cadre de la collection que lui consacre le CTHS compte déjà plus de 70 volumes. Elle constitue un outil très minutieux d’étude du cadre matériel de l’engagement dans les chefs-lieux de province, de l’adhésion locale au processus révolutionnaire, de la diffusion des idées jacobines, des conditions matérielles de leur réception, des réseaux de la circulation des idées, mais aussi de la réalité de l’engagement au quotidien (le travail des secrétaires, des présidents de séance).
  • [27]
    Comment ne pas se souvenir de son appel pressant à l’écriture d’une histoire de la banque en Révolution ? « Aussi longtemps que l’histoire des banques et des banquiers ne sera pas faite, il restera toujours quelque chose d’obscur et d’incomplet dans l’explication des événements », Albert Mathiez, Robespierre terroriste, Paris, la Renaissance du livre, 1911, p. 40. On mentionne les recherches en cours de Niccolo Valmori, conduites à UCLA, sous la direction de Lynn Hunt.
  • [28]
    Richard Whatmore et James Livesey, « Étienne Clavière, Jacques-Pierre Brissot et les fondations intellectuelles de la politique des girondins », AHRF, n° 321,2000, 1-26 ; James Livesey, « Les réseaux de crédit en Languedoc au xviiie siècle et les origines sociales de la révolution », AHRF, n° 359 | 2010, 29-51.
  • [29]
    Michel Biard, Philippe Bourdin, Hervé Leuwers et Alain Tourret (dir.), Vertu et politique. Les pratiques des législateurs (1789-2014), Rennes, PUR, 2015.
  • [30]
    Richard Taws, The Politics of the Provisional, Penn State Press, 2013; Richard Clay, Iconoclasm in Revolutionary Paris : The Transformation of Signs, Voltaire Foundation, 2012 ; Tom stammers, « The Bric-à-Brac of the Old Regime : Collecting and Cultural History in post-revolutionary France », French History, n° 22, 2008, p. 295-315
  • [31]
    Leora Auslander, « Beyond Words », art. cit., p. 1015-1045
  • [32]
    Idem, Cultural Révolutions : Everyday Life and Politics in Britain, North America, and France, University of California Press, 2009.
  • [33]
    William M. Reddy, « Structure of a cultural crisis : thinking about cloth in France before and after the Révolution » dans Arjun Appadurai (dir.), The Social Life of Things : Commodities in Cultural Perspective, Cambridge UP, 1986, p. 261-284. Concernant le papier-peint, voir Ulrich Lehmann, « Material Culture and Materialism : The French Revolution in Wallpaper », dans Anne Gerritsen, Giorgio Riello (dir.), Writing Material Culture History, Bloomsbury, 2014.
  • [34]
    Clare Haru Crowston, Credit, Fashion, Sex : Economies of Regard in Old Regime France, Duke UP, 2013.
  • [35]
    Rebecca L. Spang, Stuff and Money in the Time of the French Revolution, Harvard UP, 2015.
  • [36]
    Martyn Lyons, « The Power of the Scribe : Delegated Writing in Modern Europe », European History Quarterly, 44, 2, 2014, p. 244–62.
  • [37]
    Colin jones, Rebecca L. Spang, « Sans-culottes, sans café, sans tabac : shifting realms of necessity and luxury in eighteenth-century France », dans Maxine Berg et Helen Clifford (dir.), Consumers and Luxury, op. cit., p. 37-62.
  • [38]
    Voir, entre autres, Anne Perrin Khelissa qui aborde le sujet en historienne de l’art : « De l’objet d’agrément à l’objet d’art. Légitimer les manufactures d’État sous la Révolution (Sèvres, Gobelins et Savonnerie) », dans Natacha Coquery et Alain Bonnet (dir.), Le commerce du luxe. Production, exposition et circulation des objets précieux du Moyen Âge à nos jours, Paris, Éditions Mare et Martin, 2015, p. 158-168 ; Enrico Castelnuovo, « Arti e rivoluzione. Ideologie e politiche artistiche nella Francia rivoluzionaria », dans Arte, industria, rivoluzioni. Temi di storia sociale dell’arte, Pise, Edizioni della Normale, 2007 (1981).
  • [39]
    Jean-Baptiste Marie Duvergier, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlemens et avis du Conseil d'État... de 1788 à 1824..., Paris, A. Guyot, 1834-1845 ; Alexandre Tuetey (dir.), Correspondance du ministre de l'Intérieur relative au commerce, aux subsistances et à l'administration générale (16 avril-14 octobre 1792), Paris, Impr. nationale, 1917.
  • [40]
    Alfred Jourdan, France Decrusy, François-André Isambert et alii, Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l'an 420 jusqu'à la Révolution de 1789, Paris, Belin-Leprieur, t. XXI, p. 176, p. 185.
  • [41]
    Pour le faubourg Saint-Marcel, voir Haim Burstin, Une révolution à l’œuvre. Le faubourg Saint-Marcel (1789-1794), Seyssel, Champ Vallon, 2005 ; David Garrioch, « Les bourgeois du faubourg Saint-Marcel avant et après la Révolution », dans Jean-Pierre Jessenne (dir.), Vers un ordre bourgeois ? Révolution française et changement social, Rennes, PUR, 2007.
  • [42]
    Bernard Lepetit, Les Formes de l'expérience. Une autre histoire sociale, Paris, Albin Michel, 1995, Introduction.
  • [43]
    Paul Ricoeur, « L’idéologie et l’utopie », art. cit., vol. II, n° 2, p. 53-64.
  • [44]
    On peut en voir la description dans Le Moniteur, n° du 13 juillet 1791. Le cortège fait aussi figure de laboratoire en matière d’hybridation entre les attentes collectives d’expression sacrée d’une sensibilité populaire (qui est ce Voltaire, mort depuis treize ans, pour la génération de 1791 ?) et la volonté militante des élites d’acculturer les repères de la commémoration par la laïcisation de l’acte festif, Joseph Clarke, Commemorating the Dead in Revolutionary France. Revolution and Remembrance, 1789-1799, Cambridge, Cambridge University Press, 2007. Sur la création du Panthéon, Jean-Claude Bonnet, Naissance du Panthéon : essai sur le culte des grands hommes, Paris, Fayard, 1998 ; Mona Ozouf, « Le Panthéon », dans Les Lieux de mémoire. La République, Pierre Nora (dir.), Paris, Gallimard, 1984, p. 139-166.
  • [45]
    Sur ce point, voir Michel Biard, La liberté ou la mort : Mourir en député 1792-1795, Paris, Tallandier, 2015.
  • [46]
    Pour une réflexion sur le sens de la « modération », voir le projet ACTAPOL d’établissement d’un Dictionnaire des Conventionnels, et les actes du colloque Entrer en République, 2012, Michel Biard, Philippe Bourdin, Hervé Leuwers, Pierre Serna (dir.), 1792. Entrer en République, Paris, Armand Colin, coll. Recherches, 2013.
  • [47]
    Gaïd Andro, Une génération au service de l’État. Étude prosopographique des procureurs généraux syndics de la Révolution française (1780-1830), Paris, éditions de la SER, collection prix Albert Mathiez, 2015.
  • [48]
    Daniel Roche, La culture des apparences, op. cit. ; Maxine Berg et Elizabeth Eger (dir.), Luxury in the Eighteenth Century…, op. cit. ; Jan de Vries, The Industrious Revolution : Consumer Behaviour and the Household Economy, 1650 to the Present, Cambridge, Cambridge University Press, 2008.
  • [49]
    Affiches de Paris, 8 juillet 1793, p. 98.
  • [50]
    À Paris, deux quotidiens permettent de repérer les ventes aux enchères et l’activité publicitaire des marchands du luxe : les Affiches, annonces et avis divers ou Petites Affiches et le Journal de Paris. Voir Natacha Coquery, « Luxury and Revolution : selling textiles in Revolutionary France », dans John Stobart et Bruno Blonde (dir.), Selling textiles in the long eighteenth century : comparative perspectives from western Europe, Basingstoke, Palgrave/Macmillan, 2014, p. 179-192 ; idem, « Cloth, Fashion and Revolution. “ Evocative” garments and a merchant’s know-how : Madame Teillard, dressmaker at the Palais-Royal », 23 mai 2013 : http://www.fashioningtheearlymodern.ac.uk/object-in-focus/cloth-fashion-and-revolution/.
  • [51]
    François Crouzet, « Wars, Blockade, and Economic Change in Europe, 1792-1815 », The Journal of Economic History, 24/04, décembre 1964, p. 567-588 ; Ernest Labrousse, « Éléments d’un bilan économique. La croissance dans la guerre », dans Le Bilan du monde en 1815. Rapports. I : Grands thèmes, XIIe Congrès international des sciences historiques (Vienne, 29 août-5 septembre 1965), Paris, Éditions du CNRS, 1966, p. 473-497 ; Michel Vovelle, « L'historiographie de la Révolution Française à la veille du bicentenaire », AHRF, 1988, n° 272, p. 113-126.
  • [52]
    Noelle Plack, Common Land, Wine and the French Revolution : Rural Society and Economy in Southern France, c. 1789-1820, Farnham, Ashgate, 2009 ; Gérard Beaur, Histoire agraire de la France au XVIIIe siècle. Inerties et changements dans les campagnes françaises à la fin de l’époque moderne (jusqu’en 1815), Paris, SEDES, 2000 ; Bernard Bodinier, Éric Teyssier, François Antoine, L’événement le plus important de la Révolution. La vente des biens nationaux, 1789-1867, en France et dans les territoires annexés, Société des Études Robespierristes, CTHS, Paris, 2000 ; Gérard Beaur, « Révolution et redistribution des richesses dans les campagnes : mythe ou réalité ? », AHRF, n° 352, avril-juin 2008, p. 209-239.
  • [53]
    Histoire atlantique, connectée, transnationale, globale, impériale ou world history… K. H. O’Rourke, « The worldwide economic impact of the French Revolutionary and Napoleonic Wars, 1793-1815 », Journal of Global History, March 2006, 1, p. 123-149 ; D. Cannadine (dir.), Empire, The Sea and Global History. Britain’s Maritime World, c.1760-c.1840, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2007; Manuel Covo, Commerce et révolutions dans l'espace atlantique. États-Unis-Saint-Domingue. 1784-1806, thèse de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), novembre 2013 ; Silvia Marzagalli, « Establishing Transatlantic Trade Networks in Time of War : Bordeaux and the United States, 1793-1815 », Business History Review, Winter 2005, 79/4, p. 811-844 ; Idem, « The failure of a transatlantic alliance ? Franco-American trade, 1783-1815 », History of European Ideas, December 2008, 34/4, p. 456-464 ; id., Bordeaux et les États-Unis (1776-1815). Politique et stratégies négociantes dans la genèse d'un réseau commercial, Genève, Droz, 2015 ; Alan Forrest, Matthias Middell (dir.), The Routledge Companion to the French Revolution in World History, Oxford, Routledge, 2016.
  • [54]
    John Shovlin, The Political Economy of Virtue : Luxury, Patriotism and the Origins of the French Revolution, Ithaca et Londres, Cornell University Press, 2006 ; Paul Cheney, Revolutionary Commerce. Globalization and the French Monarchy, Cambridge, Mass. et Londres, Harvard University Press, 2010.
  • [55]
    Clare Crowston, Credit, Fashion, Sex : Economies of Regard in Old Regime France, Duke University Press, 2013.
  • [56]
    Voir Aileen Ribeiro, Fashion in the French Revolution, Londres, B.T. Batsford Ltd, 1988 ; Modes et Révolutions 1780-1804. Exposition, musée de la mode et du costume, Palais Galliéra, 8 février-7 mai 1989, Paris, Éditions Paris-Musées, 1989 ; Linda Baumgarten, What Clothes Reveal : The Language of Clothing in Colonial and Federal America, New Haven, Yale University Press, 2002 ; Richard Wrigley, The Politics of Appearances. Representations of Dress in Revolutionary France, Oxford et New-York, Berg, 2002 ; T. H. Breen, The Marketplace of a Revolution : How Consumer Politics Shaped American Independence, Oxford, Oxford University Press, 2004 ; Kate Haulman, The Politics of Fashion in Eighteenth-Century America, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2011.
  • [57]
    James Livesey, « Material Culture, Economic Institutions and Peasant Revolution in Lower Languedoc 1770-1840 », Past & Present, n° 182, 2004, p. 143-173 ; Olwen Hufton, « In search of counter-revolutionary women » dans Women and the limits of citizenship in the French Revolution, Toronto, University of Toronto Press, 1992, p. 91-130 ; Laurent Dubois, « Afro-Atlantic Music as Archive », 2013, en ligne <http://sites.duke.edu/banjology/ Accédé : 26 mars 2016 ; Ronald Schechter, Obstinate Hebrews : Representations of Jews in France, 1715-1815, Berkeley, University of California Press, 2003 ; David Garrioch, « Religious Identities and the Meaning of Things in Eighteenth-Century Paris », French History and Civilization, 3, 2009, 17-25 ; Jocelyne Dakhlia, « Musulmans en France et en Grande-Bretagne à l’époque moderne : exemplaires et invisibles » dans Jocelyne Dakhlia, Wolfgang Kaiser (dir.) Les Musulmans dans l'histoire de l'Europe : Tome 1, Une integration invisible, Paris, Albin Michel, 2011, p 231-416.
  • [58]
    Michel-Rolph Trouillot, Silencing the Past : Power and the Production of History, Boston, Beacon Press, 1995.
  • [59]
    Michel Foucault, Le Corps Utopique - Les Hétérotopies, Fécamp, Éditions lignes, 2009, p. 25.
  • [60]
    Discours à la Convention, 25 février 1793, au moment où la hausse du prix du sucre est à l’origine d’émeutes dirigées contre les épiciers.
  • [61]
    Voir Colin Jones, « The Great Chain of Buying : Medical Advertisement, the Bourgeois Public Sphere, and the Origins of the French Revolution », The American Historical Review, Vol. 101, n°. 1, Feb., 1996, p. 13-40.
  • [62]
    Paul Ricoeur, « L’idéologie et l’utopie », art. cit., vol. II, n° 2, p. 53-64.
English version

1 La culture matérielle demeure-t-elle réfractaire à toute dimension politique [1] ? Si la notion même de culture matérielle fait encore débat, il apparaît, en revanche, une nette convergence entre les trois historiens conviés à ces regards croisés pour apporter une réponse négative à cette question. Articulant l’historiographie économique anglo-saxonne avec la tradition plus politique des études révolutionnaires françaises, cet article entend montrer comment la diversité des approches, tant économiques, politiques que sociales, comme la variété des usages scientifiques de la culture matérielle, contribuent par l’imbrication évidente, et la complémentarité de leurs objets, au dynamisme de ces deux domaines de recherche.

2 Si la culture matérielle a pour premier objet la connaissance fine des univers culturels, elle autorise aussi, par une définition plus élargie, la compréhension de phénomènes sociaux, économiques et politiques que l’on ne pourrait rapprocher par l’usage de sources plus classiques [2] ? Une première étape consiste à dire ce que l’on entend par culture matérielle.

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4 Natacha Coquery

5 Qu’est-ce que la matérialité associée à la culture ? La condition matérielle des hommes, les conditions concrètes de vie et de travail, la relation de l’homme aux objets. La culture matérielle s’exprime dans et par des objets, terme entendu de manière très large, qui renvoient à des constructions culturelles, économiques, sociales, politiques [3]. En 1979, la même année que la parution de la première grande synthèse française sur l’histoire de la culture matérielle, Civilisation matérielle, économie et capitalisme[4], qui met sur le devant de la scène les gestes répétés du plus grand nombre, Joseph Goy a présenté dans un court article en forme de rapport, un historique et les grandes directions de la recherche dans le domaine de l’histoire de la culture matérielle. L’article reprend les idées principales du chapitre rédigé sur la question par Jean-Marie Pesez dans La nouvelle histoire, ouvrage paru quelques mois plus tôt [5]. Ce domaine partagé par les archéologues, les ethnologues et les historiens, tardivement dégagé des notions de culture ou de civilisation, a pu d’abord concerner uniquement la préhistoire, comme en Allemagne ou en Grande-Bretagne dans le dernier tiers du XIXsiècle, à travers une archéologie fondée sur l’étude des aspects matériels de la vie sociale, dont le développement est pour beaucoup, écrivait Jean-Marie Pesez en 1978, dans la prise de conscience de la culture matérielle, à l’instar du matérialisme historique [6].

6    

7 Richard Flamein

8 La culture matérielle a rencontré plusieurs obstacles qui en rendent l’usage peu aisé pour la plupart des historiens, en dépit d’une méthodologie solidement établie. Depuis les années 1980, les riches travaux anglo-saxons, par une approche essentiellement économique de la culture matérielle, d’abord de la production, puis des formes de la consommation et actuellement par une meilleure compréhension du phénomène de globalisation, demeurent peu connus, souvent en raison du faible intérêt porté aux questions matérielles par les historiens du politique [7]. En France, la réflexion plus sociale des études révolutionnaires conduite autour de la notion a été pénalisée par la relative étanchéité entre des domaines de recherche sociologiques, anthropologiques et historiques pourtant très dynamiques : ces différentes disciplines ont construit leurs champs d’études le plus souvent parallèlement, produisant un savoir morcelé de Veblen à De Certeau [8]. Enfin, l’emploi de la notion par l’histoire sociale a souvent conduit à faire de l’analyse des univers matériels un chapitre prétexte de fin d’ouvrage, se limitant le plus souvent à une approche descriptive des intérieurs comme démonstration en soi, mettant à profit de très séduisants inventaires après décès [9]. Pourtant, un consensus a minima se dégage de l’approche interdisciplinaire : la matière n’est plus guère considérée comme une simple illustration du fait social. Comme culture, elle lui est incorporée et donne accès à la part du sujet que le langage ne peut atteindre [10]. Usant de concepts empruntés aux champs connexes (culture des apparences, ostentation, intimité, confort, symbolisation, parmi bien d’autres), l’histoire sociale et culturelle déploie ses propres terrains d’analyse pour interpréter les dimensions qui échappent aux objets traditionnels de l’historiographie (mobilités sociales, processus culturels d’appartenance, réseaux de la confiance et du crédit). Comme le remarque Leora Auslander : « Historians are by profession suspicious of things » [11]

9 Pourtant, les premières études concernant les cultures matérielles remontent, en France, à la première École des Annales (Marc Bloch et Lucien Febvre) et se développent ensuite avec Fernand Braudel. Longtemps cependant, l’histoire de la culture matérielle demeure subordonnée à l’histoire économique, ses domaines propres de recherche se dégageant progressivement. Sans doute, avons-nous encore l’illusion que le temps court des événements révolutionnaires ne peut guère s’accommoder avec les lentes inflexions des pratiques matérielles.

10    

11 Natacha Coquery

12 Joseph Goy discerne quatre secteurs de recherches, au statut encore imprécis, comme l’est la définition de leur objet, de leurs méthodes, limites et relations avec les disciplines-mères (préhistoire, archéologie, ethnologie, anthropologie, histoire) [12]. D’abord l’histoire des techniques, première strate historiographique de l’histoire de la culture matérielle, secteur le plus exploré. Les historiens de l’économie ont ensuite multiplié les angles d’attaque pour saisir le poids du quotidien, « à la croisée interdisciplinaire du physique, du biologique, de l’économique, du social et du matériel » : le climat, l’alimentation, le corps, le costume, les manières de vivre… autant de recherches fructueuses à travers une bibliographie dispersée. L’archéologie médiévale a émergé en se détachant de l’histoire de l’art : ethnographes, historiens et archéologues ont articulé un sujet de recherche – la culture matérielle – et une méthode – la méthode archéologique – pour reconstituer, via les objets (céramique, mobilier, outils, graines, ossements…) et non plus seulement les sources écrites ou iconographiques, la civilisation matérielle au sens large (espace vécu, modes et niveaux de vie, structures familiales). Le dernier secteur concerne l’archéologie industrielle, des bâtiments aux gestes du travail, un champ neuf à l’époque (le Comité d’information et de liaison pour l’archéologie industrielle (CILAC) fut créé en 1978).

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14 Richard Flamein

15 Dans la filiation de l’École des Annales, les travaux de Daniel Roche, après ceux d’Ernest Labrousse et de Fernand Braudel, ont été précurseurs, insistant toujours sur l’importance d’une approche problématisée et interdisciplinaire de la culture matérielle, à la charnière de l’économique, du culturel et du social, articulant ensemble les domaines d’investigation [13]. Elle s’est construite en rupture, dans les années 1980, avec les grands succès éditoriaux de la collection des « vies quotidiennes » publiée chez Hachette, tâchant d’échapper à la tentation descriptive d’univers matériels juxtaposés. En 1988, la collection fête ses cinquante ans d’existence et la Révolution française s’y trouve bien représentée : dès 1938, La Vie quotidienne au temps de la Révolution et de l’Empire de Jean Robiquet est publiée en deux volumes. Ils sont remplacés, en 1977, par un ouvrage de Jacques Godechot sur le Directoire, un autre sur la France napoléonienne par Jean Tulard, l’année suivante. Un troisième, en 1983, de la main de Jean-Paul Bertaud, intitulé la Vie quotidienne au temps de la Révolution vient compléter la série, avec cette interrogation : « Qu’est-ce que la Révolution a donc changé dans la vie quotidienne des Français ? » [14]. Enfin, également de Jean-Paul Bertaud, La Vie quotidienne des soldats de la Révolution (1789-1799) vient enrichir le panorama, en 1985. La confusion entre l’étude de la culture matérielle et les monographies de la collection Hachette est persistante dans les représentations de l’historiographie révolutionnaire et inscrit durablement l’étude des cultures matérielles dans un espace assez limitatif d’interprétations : une rapide consultation de l’occurrence du terme « culture matérielle » dans les tables des matières des numéros des Annales historiques de la Révolution française des dix dernières années montre sa quasi-absence des préoccupations historiographiques.

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18 Pourtant, un champ autonome d’enquêtes s’est bien détaché entre-temps ?

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20 Natacha Coquery

21 Dans la décennie 1980, en Espagne, Belgique, France, Grande-Bretagne, Italie, les chercheurs, la plupart historiens de l’économie et/ou de la société, ont multiplié les enquêtes sur la culture matérielle à partir d’une source ancienne mais sous-utilisée, dont l’intérêt avait été relevé dès le milieu des années 1950 par Pierre Goubert, les inventaires après décès [15]. La démarche ne fut pas sans danger : l’ivresse des chiffres et des choses provoqua parfois une lecture socio-économique limitée à l’énoncé statistique, l’analyse quantitative valant interprétation. Dans un article publié une vingtaine d’années après celui de Joseph Goy, Dominique Poulot revient sur le risque de l’inventaire sériel et descriptif pour souligner les récentes avancées conceptuelles de l’histoire de la culture matérielle : construction des statistiques et des documents, reconstitution du contexte de l’objet, notamment sa circulation, sa jouissance, voire sa redéfinition [16]. De manière plus restreinte que ne semblait l’annoncer le titre de l’article (car peut-on réduire la culture matérielle à l’histoire de la consommation, quand bien même celle-ci en représente un secteur vigoureux ?), l’auteur analyse les apports de l’histoire de la consommation lancée par les chercheurs anglo-saxons modernistes au tournant des années 1970-1980, et en présente plusieurs ouvrages phares, The Birth of a Consumer Society (1982), The World of Goods (1993), The romantic ethic (1987), Consumer Behaviour (1988) [17]. L’article se termine par une question cruciale, laissée sans réponse : « l’approche en termes consommatoires peut-elle contribuer à une histoire de la création culturelle des objets ? ».

22 L’intérêt pour l’histoire de la culture matérielle n’a cessé de croître jusqu’à aujourd’hui, en témoigne un récent colloque (octobre 2015) consacré à l’historiographie de la notion [18]. Plusieurs dynamiques historiographiques en sont à l’origine ; l’engouement pour l’histoire connectée et l’essor des cultures visuelles ont sensiblement élargi le champ d’investigation, si bien que les Anglo-Saxons parlent d’un « material turn » [19].

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25 Alors faut-il parler d’un véritable « angle mort » dans l’historiographie révolutionnaire concernant les apports possibles de la culture matérielle ?

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27 Ian Coller

28 En Amérique, dans les années 1980, l’historiographie révolutionnaire emprunte son fameux « tournant linguistique », entendu dans un sens bien plus large que la parole purement textuelle. Lynn Hunt, dans son Politics, Culture and Class in the French Revolution, traite non seulement la rhétorique mais également la praxis culturelle des révolutionnaires : costume, caricature, cérémonie, chant [20]. Puisant dans les idées de Clifford Geertz et dans l’école d’ethnologie, elle reconnaît les pratiques culturelles non simplement comme supplément, mais comme cadre de fonctionnement de la politique, avec la différence que la culture révolutionnaire répond à des crises de signification laissées par l’effondrement de la monarchie. Mais cette crise peut aussi avoir un caractère causal : les libelles pornographiques dirigés contre Marie-Antoinette accélèrent la « désacralisation » de la monarchie [21]. Robert Darnton développe la « description dense » des pratiques et rituels – massacre de chats, baiser de Lamourette – pour montrer comment les Français de l’Ancien Régime et de la Révolution « se représentent à eux-mêmes » [22]. La dimension symbolique détermine la signification des objets par rapport aux pratiques, et non le « thingness » des objets eux-mêmes.

29 Dans les années quatre-vingt-dix, à l’instar de François Furet, une partie de l’historiographie américaine abandonne l’analyse des causes « profondes » de la Révolution pour l’investigation de l’architecture interne de la culture politique et une archéologie du discours révolutionnaire qui explique les « dérapages » de la violence par l’évolution des pratiques discursives radicales. D’un autre côté, suivant plutôt Michel Vovelle, l’historiographie anglophone s’intéresse aux mentalités révolutionnaires et au vécu de la Révolution, intégrant dans ses analyses les objets de la vie quotidienne tels que la faïence, les cartes des clubs, les reliquaires, les sceaux [23]. La centralité de cet ensemble de pratiques est en partie la conséquence d’une attention plus marquée aux expériences locales dans les régions et les villages, et également à l’histoire des femmes : un « effet des archives » privilégie le discours des hommes, des villes et des élites. Au début du XXIsiècle, l’intérêt croissant pour les groupes minoritaires et subalternes en révolution, tels que les protestants, les juifs et les esclaves rend cette recherche de sources non-conventionnelles d’autant plus urgente.

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32 Il faut en revenir à la question de fond de ces « Regards croisés » : comment articuler les cultures matérielles avec l’historiographie de la Révolution française ?

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34 Richard Flamein

35 Comment penser la matérialité du politique ? Comment l’articuler avec l’historiographie révolutionnaire dans le prolongement des travaux de Soboul ou de Vovelle, dans quels cadres, à quelle échelle (atlantique, local) et avec quels nouveaux supports ? La question posée par Jean-Paul Bertaud est alors retournée : comment les cultures matérielles ont-elles contribué à transformer la Révolution ?  [24] Mettre en relation la praxis avec la construction des idéologies et des utopies à partir d’une analyse de la matérialité peut sembler aller à rebours de la représentation collective qui voudrait que les mutations du quotidien ne soient que la queue de comète des grands changements politiques [25]. Ce retournement est pourtant opérant dans la multitude des signaux convergents qui traversent l’historiographie révolutionnaire : l’étude de la pratique concrète de l’engagement dans les clubs parisiens, les sections ou les sociétés populaires progresse à travers l’emploi des procès-verbaux, des règlements de clubs (fréquence, présence, cooptation, lieu choisi, réseaux d’information), et l’étude de l’administration quotidienne des centres nerveux politiques locaux et nationaux [26]. Le legs de Mathiez n’est guère encore épuisé : que savons-nous des réseaux – combien concrets ! – du financement révolutionnaire ?  [27] Il reste beaucoup à apprendre de la formation de ces réseaux d’influence et de leur emprise réelle sur la politique. Nous ne faisons qu’entrevoir encore l’émergence de groupes de pression très actifs, impliqués dans de vastes opérations spéculatives orchestrées par le duc d’Orléans, par Panchaud et Clavière et bien d’autres. Ils sont soutenus par une vive activité propagandiste animée par Mirabeau et Brissot et constituent, à la veille de la Révolution, la véritable pépinière du projet politique girondin, mise en évidence par Richard Whatmore et James Livesey [28] : la politique pourrait-elle être en partie le fruit du marché spéculatif ? Sans oublier de mentionner la formation d’un proto-lobbying précoce, capable de peser sur la main du législateur, sur celle du ministre et d’infléchir par la corruption le processus révolutionnaire, phénomène désormais mieux connu de l’historiographie, depuis le colloque récent organisé par la SER, intitulé « Vertu et Politique », en 2014 [29].

36 Tout cela relève d’une étude minutieuse des conditions matérielles, qu’il ne faut pas comprendre comme une conséquence du politique, mais comme partie prenante de son élaboration.

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38 Ian Coller

39 Dans l’historiographie récente, la dimension matérielle des pratiques culturelles – les images, les chants, les spectacles, les fêtes, même les débats parlementaires – est de plus en plus mise en exergue. Les historiens de l’art se sont intéressés aux productions éphémères ainsi qu’à l’érection des monuments, au « vandalisme » iconoclaste des images et des statues, aux collectionneurs du « bric-à-brac » révolutionnaire [30]. Les objets ici ne jouent plus le rôle de métaphores ou de porteurs de symbole : c’est leur matérialité et non leur fonction qui est au coeur de ces pratiques. Leora Auslander insiste sur la signification du toucher dans l’analyse des objets, et non simplement le visuel : les meubles, les outils de cuisine, les vêtements, les draps qui sont intimement liés à l’expérience corporelle, l’embodiedness d’objets qui existent, comme les individus qui les utilisent, dans l’espace et dans le temps [31]. Dans son livre Cultural Révolutions, Auslander fait le lien entre objet et émotion : suivre le changement du décor, du style, du goût n’est pas simplement donner de la couleur à l’histoire, mais comprendre les révolutions de l’intérieur, et leur transformation, voire leur invention de la « culture » [32]. William Reddy a montré également comment les transformations politiques peuvent altérer la valeur et l’expérience des commodités, telles que le drap [33].

40 D’autres historiens ont accepté le défi de repenser l’histoire économique. Claire Haru Crowston tisse le lien entre l’histoire du crédit et celle de la mode [34]. Rebecca Spang fait une enquête sur l’argent considéré comme matériel et non simplement comme valeur : sur « l’étoffe » de l’argent – et surtout de l’assignat – dans sa fragilité, sa contrefaçon, son caractère fétiche [35]. Ce regard implique aussi une revalorisation de l’écrit comme objet matériel imbriqué dans des pratiques sociales [36]. À l’époque de la numérisation, de la consommation de textes reproduits sur l’écran, il est impératif d’entreprendre cette « archéologie » des lettres, des documents, des pamphlets, des discours, des objets non seulement discursifs mais concrets, matériaux fabriqués de papier, d’encre, de cire, de crasse, enclos dans l’espace et « mortels » dans le temps.

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42 Natacha Coquery

43 Café, thé et sucre, produits de luxe à la fin du XVIIsiècle, sont devenus un siècle plus tard des biens de première nécessité : pour les sans-culottes de l’an II, ce sont des questions de subsistance [37]. Les interrogations du présent nourrissent les problématiques historiennes, et je me suis tournée depuis quelque temps vers les liens entre luxe, crise et pouvoir, en me demandant quel était le devenir du luxe en période révolutionnaire. D’où la question globale du rapport entre économie et politique en temps de crise. Choisir le luxe comme angle d’observation n’a rien d’anodin ; il est passionnant d’explorer la contradiction apparemment flagrante avec les idéaux révolutionnaires, les décisions politiques, la crise économique, les guerres. L’intérêt heuristique du marché du luxe est de mettre au premier plan la question des circulations et des connections. Il s’agit de saisir l’interaction entre pouvoir politique, régulation économique et acteurs urbains en période de révolution, de conflit ou/et de guerre. C’est une manière d’observer sur le vif les liens entre action publique, marché du luxe et mondes urbains. La question se pose aussi du devenir du profit marchand, lorsque les consommateurs traditionnels disparaissent ou modifient leur manière de dépenser, quand les échanges sont soumis à de plus en plus d’entraves, quand tombe le cadre institutionnel, pluri-séculaire, dans lequel l’aristocratie marchande s’était aménagée sa place. La Révolution implique-t-elle suppression du luxe et disparition de la frivolité ? L’industrie somptuaire est soutenue par les gouvernements successifs et les discours sur le luxe, ambigus, fluctuent selon les auteurs et la conjoncture [38]. La législation sur le luxe (exportation des objets, contribution et taxes somptuaires, chevaux et voitures, confiscation des « diamans enfouis » [39]…) reprend avec force, alors que la dernière loi somptuaire de l’Ancien Régime date de 1720 (« défenses de porter des diamans [40] »). Malgré l’hégémonie du politique qui entend régler l’économie (monnaie, prix, produits, échanges), des zones d’ombre demeurent, comme le marché noir. Les circulations prohibées révèlent la porosité des frontières sociales et politiques. Une historienne de la culture matérielle ne peut comprendre la consommation et la circulation des biens sans aborder non seulement les mécanismes économiques, mais aussi les réseaux d’interconnaissances et de dépendance, les stratégies des acteurs, les lieux de pouvoir et la valeur des lieux car le territoire n’est jamais un espace neutre.

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45 Richard Flamein

46 Sans oublier les processus ségrégatifs ou discriminants qui marquent durablement le paysage urbain et les imaginaires [41]. Saisir les cultures matérielles dans l’historiographie de la Révolution française pose une question radicale qui dépasse la description pittoresque des objets. L’homme et la femme en Révolution ne sauraient être une abstraction – « l’Homme révolutionnaire » – mais se révèlent être bien davantage le produit de l’ensemble des rapports sociaux dans lesquels ils s’inscrivent et de la façon dont ils s’en accommodent. Dans ce tissu social, un coup se joue après l’autre et l’expérience sert de substrat à une institutionnalisation, validant après coup la réalité des pratiques [42]. L’histoire du rapport social et de ses transformations questionne la façon dont les cultures matérielles mettent en relief la fine topographie du changement politique, de ses interprétations possibles, ainsi que l’économie réticulaire du lien social à travers les formes les plus mouvantes de l’idéologie et de l’utopie (l’Égalité ?). Dans la matérialité de ce monde fluide se jouent également la construction mobile des identités individuelles et collectives, comme la formation des imaginaires, matrices du politique [43]. Le transfert de la dépouille de Voltaire au Panthéon en 1791, constitue un projet à la fois idéologique dans sa dimension propagandiste et symbolique dans la recherche d’un équilibre politique, à travers la promotion de la figure mutante et protéiforme du « Patriarche ». Cet usage du corps défunt renvoie à une expérience politique concrète, institutionnalisant un rituel méticuleux de la célébration révolutionnaire, entre grandes Panathénées et inventaire à la Prévert [44].

47 Que peuvent nous apprendre les cultures matérielles de la sincérité d’une adhésion à un processus politique, de l’appropriation par chacun du fait révolutionnaire ? Comment penser la « modération » et la « radicalité » dans cette perspective, les appartenances transitoires, les rétractations, les adhésions fluctuantes, l’idée même du sacrifice [45] ? Toute une topographie nuancée de l’intensité du fait révolutionnaire affleure : qu’est-ce qu’appartenir à la « Plaine », par exemple [46] ? La culture matérielle dévoile l’efficacité fluctuante des courroies de transmission de l’impulsion parisienne dans les provinces (les fêtes civiques, l’action des représentants en mission), comme la libre initiative locale, l’ajustement empirique aux circonstances, l’activisme de certains acteurs remarquables, comme l’a montré le récent travail de Gaïd Andro sur les procureurs syndics [47] : toute la nébuleuse des engagements possibles, dans la diversité de leurs formes, de leurs convictions, de leur durée, enfin dans la variété de leurs manifestations dans la sphère publique. La culture matérielle de l’adhésion au processus révolutionnaire constitue bien la contrepartie exacte de la matérialité de l’action politique. Et que dire de la menue monnaie des objets-souvenirs (gravures, effigies, médailles, bustes) de la propagande révolutionnaire, de ses marchés opportunistes et des collections fétichistes ?

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50 La porosité entre le politique et le matériel semble évidente, mais son application dans l’historiographie révolutionnaire s’accompagne-t-elle d’un renouvellement des problématiques proposées ?

51    

52 Natacha Coquery

53 Le projet pose un défi historiographique de taille, qui remet en cause les idées reçues touchant à la Révolution et à la modernité. L’idéologie égalitaire si novatrice contribue au maintien des hiérarchies et des pratiques traditionnelles de consommation. On peut ainsi se demander quel rôle le luxe peut-il jouer dans la société ? En dépit de nombreux débats sur la question, au XVIIIe comme au XXIsiècle, l’ambiguïté subsiste. Les historiens ont montré qu’une culture matérielle nouvelle s’est épanouie au XVIIIsiècle, marquée par la mode et la fragilité (verre, faïence, étoffes d’indiennes), au détriment d’un ancien luxe solide et durable (bois, argenterie, tissus de laine) [48]. De manière un peu mécanique, selon l’historiographie dominante, française ou anglo-saxonne, les new luxuries auraient détrôné les old luxuries. À une consommation ancienne, élitiste et excluante aurait succédé une consommation mieux partagée, fluide et créatrice de valeurs nouvelles (goût, distinction, urbanité) ; le luxe serait passé de la cour à la ville. Or la Révolution française, nouveau régime qui incarne la modernité et l’abolition d’une idéologie et d’un ordre inégalitaires, loin de parachever l’évolution, semble avoir contribué au renforcement des valeurs traditionnelles et d’un luxe qu’on pouvait croire disparu. Comment ? Par des pratiques qui connaissent, à la faveur de la crise révolutionnaire, un développement extraordinaire : les ventes aux enchères et les offres de marchandises d’occasion. Dès 1790, l’Encan national et des intermédiaires particuliers vendent chevaux, voitures, commodes en bois d’acajou, mousselines des Indes, bas de soie, toiles peintes, glaces, girandoles, bijoux, porcelaines, « Vins fins et Liqueurs fines de l’Amérique » [49]… Soutenu par la circulation de seconde main, le marché du luxe affiche dans les journaux une insolente vitalité, y compris dans les années les plus sombres de la Terreur [50]. Il faut en chercher les raisons dans les dynamiques même de la Révolution, dans ses enjeux politiques, économiques et sociaux. L’intérêt de la période est précisément de rendre visible ce paradoxe. Le cadre idéologique de la Révolution semble défié par les pratiques sociales.

54 La question du devenir du marché du luxe réinterroge également en partie le débat lancé par François Crouzet et Ernest Labrousse sur les conséquences économiques de la Révolution, et qui avait été repris à la faveur du bicentenaire [51]. De nouvelles problématiques mêlant l’économie et la politique émergent de l’histoire rurale [52] et, plus récemment, de l’histoire atlantique, qui a redynamisé l’historiographie des révolutions et des échanges en reposant les questions à une échelle plus large, tant spatiale que temporelle, sans pour autant négliger l’angle micro-historique [53]. Dans deux livres stimulants, les historiens américains John Shovlin (2006) et Paul Cheney (2010) mettent en contexte l’économie politique et ses représentations au XVIIIsiècle, le premier dans le milieu des élites provinciales, le second parmi les intellectuels et administrateurs confrontés à l’expansion des échanges commerciaux atlantiques ; tous deux réfléchissent, en historiens des idées, aux liens entre science, politique, morale et économie [54]. La question du luxe est vue à travers le prisme de l’histoire culturelle par des historiens de la culture politique et des historiens de l’art, voire des historiennes du genre [55]. Le luxe est appréhendé du point de vue de l’économie morale et la mode interprétée comme un faisceau de symboles [56].

55    

56 Ian Coller

57 Comment faire le lien entre les représentations bavardes des privilégiés, et la présence presque muette des individus, des familles, des groupes qui ne sont guère représentés dans les archives ? Les historiens entreprenant l’archéologie de ces derniers ont été obligés d’avoir recours à un répertoire de sources plus étendu, un bricolage de techniques pour reconstituer la culture matérielle des paysans, des femmes, des gens de couleur, des esclaves, des juifs, des protestants, des musulmans [57]. Michel-Rolph Trouillot insiste sur les silences constitutifs de la fabrique des sources et des archives : écrits par, ou pour ces sujets privilégiés de l’hégémonie sociale [58]. Les objets constituent une interface entre parole et corps, entre ordre symbolique et ordre réel. La culture matérielle politique ne se limite guère à l’analyse économique des marchandises ordinaires, des finances, des échanges, de la consommation. Les objets atypiques peuvent aussi être pris en compte : les objets liés à la violence, à l’esclavage, à d’autres pratiques autrement ignorées ; les objets bizarres ou charismatiques ; les cimetières et les restes humains ; les objets personnels de culte et de rituel ; les objets dits « exotiques », mais qui peuvent avoir d’autres généalogies. Les outils numériques nous permettent aujourd’hui de suivre des traces infimes à travers des millions de textes, les archives parlementaires, les fonds d’images, les pamphlets, et même à travers des objets, par le nouveau commerce électronique du « bric-à-brac » révolutionnaire.

58 « Je rêve d’une science », a dit Michel Foucault, « qui aurait pour objet ces espaces différents, ces autres lieux, ces contestations mythiques et réelles de l’espace où nous vivons » [59]. C’est une hétérotopologie – non seulement des espaces, mais aussi des objets – qui pourrait bien nous offrir des nouvelles pistes pour imaginer, pour étudier, pour reconstituer des dimensions jusqu’ici impensables de l’expérience révolutionnaire.

59    

60 Richard Flamein

61 Libération ou aliénation du sujet ? Robespierre avait formulé cette idée de façon très simple : « Le peuple de Paris doit se lever non pour recueillir du sucre mais pour terrasser les brigands » [60]. Sans aller jusqu’à prétendre que la consommation provoque les révolutions, l’idée qu’il existe une connexion entre les objectifs politiques et les enjeux matériels – économiques ou sociaux – de la Révolution relève du truisme [61]. Les deux domaines, qui s’influencent mutuellement à rythmes décalés, scandent tout le processus révolutionnaire (émotions populaires, loi du maximum général…). De ce rapport dialectique surgit cette praxis qui n’est pas neutre au regard de l’historiographie, à moins que de réduire l’objet à l’anecdote décorative et la politique à l’idéologie. Tout un paysage matériel émerge de leur rencontre, formant un syncrétisme symbolique de l’outil et du métier (le niveau symbolisant l’égalité, la tenue de l’artisan), des références aux postérités d’illustres modèles antiques (faisceaux, tuniques, couronnes de lauriers, bonnets phrygiens, pyramides, colonnes…), des allusions à la pensée des Lumières (l’association de Voltaire et de Rousseau dans l’idéal révolutionnaire, sous l’oeil de la Providence), l’inscription de l’idée dans la nature (le peuplier ou le chêne de la liberté, les animaux), sans compter les identités affichées par les couleurs des innombrables rubans, drapeaux ou cocardes tricolores… Toute symbolisation politique possède un solide ancrage dans l’univers matériel qu’elle tente de transfigurer (le calendrier révolutionnaire). Inversement, la mutation parfois réversible des façons de se vêtir, de se nourrir, de se parler, de s’informer, de se donner à voir traduit une incorporation inégale du fait révolutionnaire dans les rapports sociaux : de nouvelles formes de hiérarchies sont à explorer, imposant de nouveaux codes et de nouvelles ostentations, toute une pédagogie de l’égalité par la pratique transformant les sociabilités, comme le mode de construction des identités.

62 Remettre les choses en ordre de marche revient à suivre l’analyse de Paul Ricoeur, selon laquelle il apparait que le processus de symbolisation s’avère être précisément la matrice d’un discours public de légitimation d’une autorité politique en formation [62]. La ritualisation des fêtes révolutionnaires, la production des héros, les nouveaux « saints républicains » panthéonisés et l’arbitrage de l’Être Suprême, la mise en scène des exécutions ou encore l’anthropologie révolutionnaire des corps défunts ne sont pas une interprétation du processus révolutionnaire livrée à une foule naïve, mais bien le processus lui-même en train de s’effectuer.

Notes

  • [1]
    Leora Auslander, Charlotte Guichard, Colin Jones, Daniel Roche et Gorgio Riello, « Regards croisés, la Révolution à l’épreuve du marché », AHRF, n° 370, octobre-décembre 2012, p. 165-190, dont la question était : « Le marché fait-il les révolutions ? ».
  • [2]
    Les significations se trouvent-elles dans les objets eux-mêmes (Lorna Weatherill) ou dans les situations sociales dans lesquelles ils sont placés (Arjun Appadurai) ? Lorna Weatherill, « The Meaning of Consumer Behavior in late Seventeenth and Early Eighteenth-Century England », dans John Brewer, Roy Porter (dir.), Consumption and the World of Goods, Londres, Routledge, 1997 rééd., p. 206-227 ; et Arjun Appadurai, « Introduction and the politic of value », dans Arjun Appadurai (dir.), Social Life of Things : Commodities in Cultural Perspective, Cambridge Studies in Social & Cultural Anthropology, Ed. Paperback, 1986, p. 3-63.
  • [3]
    Jean-Marie Pesez, « Histoire de la culture matérielle », dans Jacques Le Goff, Roger Chartier, Jacques Revel (dir.), La nouvelle histoire, Paris, CEPL, 1978, p. 101, p. 124. Jean-Marie Pesez fut l’un des fondateurs de l’archéologie médiévale française.
  • [4]
    Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle, Paris, A. Colin, 1979, 3 vol. Le premier tome, sous un titre différent, parut en 1967. C'est Lucien Febvre qui, en 1952, confia à Fernand Braudel la rédaction de l'ouvrage pour la collection Destins du Monde qu'il venait de fonder (« Introduction », t. 1, p. 7).
  • [5]
    Joseph Goy, « L'histoire de la culture matérielle en France : Progrès récents et recherches futures », Material Culture Review / Revue de la culture matérielle, volume 8, mars 1979, p. 9. Je me permets de renvoyer au lien suivant pour prendre connaissance de la bibliographie et des équipes de recherche citées à travers le rapport et dans les notes : <https://journals.lib.unb.ca/index.php/MCR/rt/printerFriendly/17028/22984> ; Jean-Marie Pesez, « Histoire de la culture matérielle », art. cit., p. 98-130.
  • [6]
    Jean-Marie Pesez, « Histoire de la culture matérielle », art. cit., p. 99. L'historien rappelle que l'Académie d'histoire de la culture matérielle de Moscou fut créée par Lénine en 1919 (p. 98).
  • [7]
    Pour ne citer que quelques exemples présentés plus amplement ci-dessous, Neil McKendrick, John Brewer et John H. Plumb, The Birth of a Consumer Society : The Commercialisation of Eighteenth Century England, Londres, Europa, 1982 ; Lorna Weatherill, Consumer Behaviour and Material Culture in Britain 1660-1760, Londres-New York, Routledge, 1988 ; Maxine Berg, Helen Clifford (dir.), Consumers and luxury. Consumer culture in Europe 1650-1850, Manchester, Manchester University Press, 1999 ; David Armitage et Sanjay Subrahmanyam (dir.), The Age of Revolutions in Global Context, c. 1760-1840, Farnham (GB), Palgrave Macmillan, 2010. Enfin, il faut citer le récent colloque organisé par Helen Clifford et Maxine Berg à Warwick, Global Commodities. The material culture of early modern connections, 1400-1800, Global History and Culture Center, University of Warwick, en 2012. Je me permets de renvoyer au site de l’université de Warwick pour les nombreuses références bibliographiques : https://www2.warwick.ac.uk/fac/arts/history/ghcc/publications/.
  • [8]
    Au-delà des travaux très classiques de Thorstein Veblen et de Pierre Bourdieu sur les formes de l’ostentation et les usages sociaux de la distinction, concernant l’étude des modes d'appropriation et de leurs conséquences sur les processus de socialisation ou de subjectivation, voir Céline Rosselin, Marie-Pierre Julien, La culture matérielle, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2005 ; à propos du régime d’objectivation par la « mise en objet », voir l’ouvrage stimulant de Jean-Pierre Warnier, Construire la culture matérielle. L’homme qui pensait avec les doigts, Paris, PUF, 1999. Sur les procès de constitution des identités par les cultures matérielles, Jean-François Bayart, L’Illusion identitaire, Paris, Fayard, 1996, notamment p. 183-229, « La matérialisation de l’imaginaire politique ».
  • [9]
    Sur l’analyse méthodologique d’une source bien connue, voir la note 14 du présent article.
  • [10]
    Norbert Elias, La société de cour, Paris, Flammarion, 1985 (écrit en 1969, d'après sa thèse d'habilitation de 1939) ; Idem, Théorie des symboles, Paris, Seuil, 2015 (1991) ; Jean Baudrillard, Le Système des objets : la consommation des signes, Paris, Gallimard, 1968 ; Idem, La Société de consommation, Paris, Éditions Denoël, 1970 ; Id., Pour une critique de l'économie politique du signe, Paris, Gallimard, 1972 ; Mary Douglas, Baron C. Isherwood, The World of Goods. Towards an Anthropology of Consumption, Londres, Allen Lane, 1979.
  • [11]
    Leora Auslander, « Beyond words », American Historical Review, October 2005, p. 1015-1045 ; Idem, « Regeneration through the Everyday ? Clothing, Architecture, and Furniture in Revolutionary Paris », Art History, 28.2, 2005, p.  227-47.
  • [12]
    Dès 1978, l'histoire de la culture matérielle, encore jeune et manquant de réflexivité malgré les synthèses d'un Le Goff ou d'un Braudel, peut devenir « une grande ethnographie historique du passé », selon Joseph Goy, si ses traits dominants (techniques, modes de vie, systèmes de production…) sont rattachés « aux comportements mentaux collectifs, aux rythmes démographiques et aux structures et conjonctures sociales et économiques ». Un programme roboratif mis en œuvre avec constance, en France, par Daniel Roche, du Peuple de Paris (1981) à La culture équestre de l'Occident XVIe-XIXe siècle, tome 3, (2015).
  • [13]
    Daniel Roche, Le peuple de Paris, la culture populaire au XVIIIe siècle, Aubier-Montaigne, 1981 ; Paris, Fayard, 1998 ; Idem, La Culture des apparences. Une histoire de vêtement, XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, Fayard, 1989 ; Id., Histoire des choses banales. Naissance de la consommation, XVIIe-XIXe siècles, Paris, Fayard, 1997 ; Id., La culture équestre de l'Occident, XVIe-XIXe siècles, Paris, Fayard, 3 tomes, 2008, 2011, 2015.
  • [14]
    Jean Robiquet, La vie quotidienne au temps de la Révolution et de l’Empire, Paris, Hachette, 1938 ; Jacques Godechot, La Vie quotidienne en France sous le Directoire, Paris, Hachette, 1977 ; Jean Tulard, La vie quotidienne des Français sous Napoléon, Paris, Hachette, 1978 ; Jean-Paul Bertaud, La Vie quotidienne en France au temps de la Révolution (1789-1795), Paris, Hachette, 1983 ; Idem, La Vie quotidienne des soldats de la Révolution 1789-1799, Paris, Hachette, 1985.
  • [15]
    Pierre Goubert, « Intérêt et utilisation historique des papiers de successions : inventaires après décès, partages, comptes de tutelle », Revue d’histoire contemporaine, 1954, p. 22-34 ; Bernard Vogler et alii (dir.), Les actes notariés, op. cit. Voir entre autres, pour la décennie 1980, Ad van der Woude, Anton Schuurman (dir.), Probate inventories. A new source for the historical study of wealth, material culture and agricultural development. Papers presented at leeuwenborch Conference (Wageningen, 5-7 May 1980), Wageningen, Landbouwhoge School, 1980 ; Antonis Eiras Roel, « La documentación de protocolos notariales en la reciente historiografía modernista », Estudis Històrics i Documents dels Arxius de Protocols, VIII, 1980, p. 7-27 ; Daniel Roche, Le peuple de Paris, op. cit. ; Bartolomé Bennassar, « Los inventarios après décès y la historia de las mentalidades », dans La documentación notarial y la Historia : actas del II Coloquio de Metodología Histórica Aplicada, Santiago de Compostela, Junta de Decanos de los Colegios Notariales de España, Secretariado de publicaciones de la Universidad de Santiago, 1984, vol. II, p. 139-146 ; Luis Castaneda, « Ensayo metodológico sobre los inventarios après décès en el análisis de los niveles de vida materia : el ejemplo de Barcelona entre 1790-1794 », Primer Congrés d’Història Moderna de Catalunya, Barcelona, Edicions de la Universitat de Barcelona, 1984, vol. I, p. 757-769 ; Margaret Spufford, The Great Reclothing of Rural England. Petty Chapman and their Wares in the Seventeenth Century, Londres, Hambledon Press, 1984 ; Mercedes Santiveri, « Clases sociales y niveles de vida material en la Lleida del siglo XVII (1644-1700) », Manuscrits, n° 3, 1986, p. 129-149 ; Núria sales, « Inventaris après décès », L’Avenç, n° 92, 1986, p. 54-57 ; Micheline Baulant, Anton Schuurman, Paul Servais (dir.), Inventaires après décès et ventes de meubles. Apports à une histoire de la vie économique et quotidienne (XIVe-XIXe siècle), Actes du séminaire tenu dans le cadre du 9e Congrès international d’histoire économique de Berne (1986), Louvain-la-Neuve, Académia, 1988 ; Annick Pardailhe-Galabrun, La naissance de l'intime, 3 000 foyers parisiens, XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, 1988 ; Joël Cornette, « La révolution des objets. Le Paris des inventaires après décès, XVIIe-XVIIIe siècles », Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, XXXVI, 1989, p. 476-486 ; Laurent Bourquin, « Les objets de la vie quotidienne dans la première moitié du XVIe siècle à travers cent inventaires après décès parisiens », Revue d'Histoire moderne et contemporaine, XXXVI, 1989, p. 465 - 475. Belén Moreno Claverias, « Révolution de la consommation paysanne ? », Histoire & mesure [En ligne], XXI/1, 2006, mis en ligne le 1er juin 2009, URL : http://histoiremesure.revues.org/1539).
  • [16]
    Dominique Poulot, « Une nouvelle histoire de la culture matérielle ? », Revue d'histoire moderne et contemporaine, 44/2, avril-juin 1997, p. 344-357.
  • [17]
    Neil McKendrick, John Brewer et John H. Plumb, The Birth of a Consumer Society, op. cit ; John Brewer, Roy Porter (dir.), The World of Goods, op. cit. ; Colin Campell, The romantic ethic and the spirit of modern consumerism, Oxford, Basil Blackwell, 1987 ; Lorna Weatherill, Consumer Behaviour and Material Culture in Britain 1660-1760, Londres-New York, Routledge, 1988. Citons aussi, dans les mêmes années, Carole Shammas, The Pre-industrial Consumer in England and America, Oxford, Clarendon Press, 1990 ; Beverly Lemire, Fashion’s favourite : the cotton trade and the consumer in Britain 1660-1800, Oxford, Oxford University Press, 1991 ; Lorena S. Walsh, Anton Schuurman (dir.), Material culture : Consumption, life-style, standard of living, 1500-1900. Eleventh International Economic History Congress, Milan, Université Bocconi, 1994 ; Jaume Torras, Bartolomé Yun Casalilla (dir.), Consumo, condiciones de vida y comercialización. Cataluña y Castilla, siglos XVIIe-XIXe , Valladolid, Junta de Castilla y León, 1999 ; Maxine Berg, Helen Clifford (dir.), Consumers and luxury, op. cit. etc. Je me permets de renvoyer à un numéro spécial de la revue Histoire urbaine, « Consommation et exotisme XVe-XVIIIe siècle », dont l'introduction donne un aperçu historiographique sur l'histoire de la consommation, Histoire urbaine, n° 30, avril 2011.
  • [18]
    « La culture matérielle : un objet en question. Anthropologie, archéologie, histoire », château de Caen, 9-10 octobre 2015, <http://calenda.org/334214>
  • [19]
    Voici des ouvrages qui illustrent la vitalité actuelle de l'histoire de la culture matérielle : Maxine Berg, Elizabeth Eger (dir.), Luxury in the Eighteenth Century. Debates, Desires and Delectable Goods, Houndmills Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2003 ; Evelyn Welch, Shopping in the Renaissance: Consumer Cultures in Italy, 1400-1600, New Haven, Yale University Press, 2005 ; Christopher Tilley, Webb Keane, Susanne Kuechler-Fogden, Mike Rowlands, Patricia Spyer (dir.), Handbook of Material Culture, Londres, Sage, 2006 ; John Brewer, Frank Trentmann (dir.), Consuming Cultures, Global Perspectives : Historical Trajectories,Transnational Exchanges, Oxford, Berg, 2006 ; Renata Ago, Il gusto delle cose. Una storia degli oggetti nella Roma del Seicento, Rome, Donzelli, 2006 ; Craig Clunas, Empire of Great Brightness : Visual and Material Cultures of Ming China, 1368-1644, Londres, Reaktion, 2007 ; Arnold Esch, Economia, cultura materiale ed arte nella Roma del Rinascimento. Studi sui registri doganali romani 1445-1485, Rome, Roma Nel Rinascimento, 2007 ; Stéphane Castellucio (dir.), Le Commerce de luxe à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles. Échanges nationaux et internationaux, Berne, Peter Lang S. A. Éditions scientifiques internationales, 2009 ; Dan Hicks, Mary C. Beaudry (dir.), The Oxford Handbook of Material Culture Studies, Oxford, Oxford University Press, 2010 ; Tara Hamling, Catherine Richardson (dir.), Everyday objects. Medieval and Early Modern Material Culture and its Meanings, Farnham, Ashgate, 2010 ; Jo Kirby, Susie Nash, Joanna Cannon (dir.), Trade in Artists’ Materials : Markets and Commerce in Europe to 1700, Londres, Archetype Publications, 2010 ; Werner Paravacini (dir.), Luxus und Integration. Materielle Hofkultur Westereuropas vom 12. Bis zum 18. Jahrundert, Munich, R. Oldenburg Verlag, 2010 ; Christine Fleurent, Christine Davenne, Cabinets de curiosités, la passion de la collection, Paris, éditions de La Martinière, 2011 ; Anne Gerritsen, Stephen McDowall, « Global China : Material Culture and Connections in World History’, special issue”, Journal of World History, 23/1, 2012 ; Ludmilla J. Jordanova, The Look of the Past : Visual and Material Evidence In Historical Practice, Cambridge, Cambridge University Press, 2012 ; Paula Findlen (dir.), Early Modern Things : Objects and their Histories, 1500-1800, Basingstoke, Routledge, 2013 ; Peter N. Miller (dir.), Cultural Histories of the Material World, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2013 ; Ruth Towse (dir.), A Handbook of Cultural Economics, Cheltenham/Northampton, MA, Edward Elgar, 2013 ; G. Ulrich Grobmann, Petra Krutish (dir.), The Challenge of the Object / Die Herausforderung des Objekts, Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum, 2014 ; Tove Engelhart Mathiassen et al. (dir.), Fashionable Encounters : Perspectives and Trends in Textile and Dress in the Early Modern Nordic World, Oxford, Oxbow Books, 2014 ; Valérie Guillard (dir.), Boulimie d’objets. L’être et l’avoir dans nos sociétés, Paris, De Boeck, 2014 ; Marta Caraion (dir.), Usages de l’objet. Littérature, histoire, arts et techniques, XIXe-XXe siècles, Seyssel, Champ Vallon, 2014 ; Ina Baghdiantz McCabe, A History of Global Consumption : 1500-1800, Abingdon et New York, Routledge, 2015 ; Maxine Berg et al. (dir.), Goods from the East, 1600-1800. Trading Eurasia, Houndmills, Palgrave Macmillan, 2015 ; Frank Trentmann, Empire of Things. How We Became a World of Consumers, from the Fifteenth Century to the Twenty-First, Londres, Allen Lane/Penguin, 2016 ; Manuel Charpy, Le théâtre des objets. Culture matérielle et identité bourgeoise au XIXe siècle, Paris, Flammarion, à paraître en 2016 ; Damien Delille, Philippe Senechal (dir.), Mode et vêtement. Études visuelles et culture matérielle, Paris/Dijon, INHA / Presses du Réel, à paraître en 2016. Voir les propos et les aperçus bibliographiques (principalement britanniques et américains) sur l'histoire de la culture matérielle donnés par Anne Gerritsen et Giorgio Riello dans les introductions de deux récents ouvrages collectifs qu'ils ont dirigés : Writing Material Culture History, Londres, Bloomsbury, 2014 et The Global lives of things. The Material Culture of Connections in the Early Modern World, New York, Routledge, 2015. Voir aussi la bibliographie (dans laquelle la part des ouvrages italiens est importante) de l'ouvrage co-dirigé par Natacha Coquery et Alain Bonnet, Le commerce du luxe. Production, exposition et circulation des objets précieux du Moyen Âge à nos jours, Paris, Éditions Mare et Martin, 2015, p. 301-307.
  • [20]
    Lynn Hunt, Politics, Culture and Class in the French Revolution, Berkeley, University of California Press, 1984.
  • [21]
    Idem,The Family Romance of the French Révolution, Berkeley, University of California Press, 1993.
  • [22]
    Robert Darnton, The Great Cat Massacre and other Episodes in French Cultural History, New York, Basic Books, 1984 ; Idem, The Kiss of Lamourette : Reflections in Cultural History, New York, Norton, 1990.
  • [23]
    Michel Vovelle, La Révolution française : Images et récit, 1789-1799, Paris, Messidor, 1986 ; Peter McPhee, Living the French Revolution, Houndsmill, Palgrave Macmillan, 2006 ; Laura Mason, Singing the French revolution : Popular culture and politics, 1787-1799, Ithaca, NY, Cornell University Press, 1996 ; J. David Harden, « Liberty Caps and Liberty Trees » Past and Present, n° 146, 1995, p. 66-102 ; David Garrioch, The Making of Revolutionary Paris, Berkeley, University of California Press, 2002 ; Wayne Hanley, The Genesis of Napoleonic Propaganda, New York, Columbia University Press, Ian Germani et Robin Swales, Symbols, Myths and Images of the French Revolution : Essays in Honour of James A Leith Regina, Canadian Plains Research Center, 1998 ; Sheryl Kroen, Politics and Theater : The Crisis of Legitimacy in Restoration France, 1815-1830, Berkeley, University of California Press, 2000.
  • [24]
    La politique ne saurait appartenir, comme l’écrit Marx dans les Thèses sur Feuerbach, exclusivement à la sphère théorique de l’idéologie, voire à celle de l’idéalisme, singulièrement en période révolutionnaire.
  • [25]
    Paul Ricoeur, « L’idéologie et l’utopie : deux expressions de l’imaginaire social », Autre Temps, 1984, vol. II, n° 2, p. 53-64.
  • [26]
    La publication progressive des procès-verbaux des sociétés populaires dans le cadre de la collection que lui consacre le CTHS compte déjà plus de 70 volumes. Elle constitue un outil très minutieux d’étude du cadre matériel de l’engagement dans les chefs-lieux de province, de l’adhésion locale au processus révolutionnaire, de la diffusion des idées jacobines, des conditions matérielles de leur réception, des réseaux de la circulation des idées, mais aussi de la réalité de l’engagement au quotidien (le travail des secrétaires, des présidents de séance).
  • [27]
    Comment ne pas se souvenir de son appel pressant à l’écriture d’une histoire de la banque en Révolution ? « Aussi longtemps que l’histoire des banques et des banquiers ne sera pas faite, il restera toujours quelque chose d’obscur et d’incomplet dans l’explication des événements », Albert Mathiez, Robespierre terroriste, Paris, la Renaissance du livre, 1911, p. 40. On mentionne les recherches en cours de Niccolo Valmori, conduites à UCLA, sous la direction de Lynn Hunt.
  • [28]
    Richard Whatmore et James Livesey, « Étienne Clavière, Jacques-Pierre Brissot et les fondations intellectuelles de la politique des girondins », AHRF, n° 321,2000, 1-26 ; James Livesey, « Les réseaux de crédit en Languedoc au xviiie siècle et les origines sociales de la révolution », AHRF, n° 359 | 2010, 29-51.
  • [29]
    Michel Biard, Philippe Bourdin, Hervé Leuwers et Alain Tourret (dir.), Vertu et politique. Les pratiques des législateurs (1789-2014), Rennes, PUR, 2015.
  • [30]
    Richard Taws, The Politics of the Provisional, Penn State Press, 2013; Richard Clay, Iconoclasm in Revolutionary Paris : The Transformation of Signs, Voltaire Foundation, 2012 ; Tom stammers, « The Bric-à-Brac of the Old Regime : Collecting and Cultural History in post-revolutionary France », French History, n° 22, 2008, p. 295-315
  • [31]
    Leora Auslander, « Beyond Words », art. cit., p. 1015-1045
  • [32]
    Idem, Cultural Révolutions : Everyday Life and Politics in Britain, North America, and France, University of California Press, 2009.
  • [33]
    William M. Reddy, « Structure of a cultural crisis : thinking about cloth in France before and after the Révolution » dans Arjun Appadurai (dir.), The Social Life of Things : Commodities in Cultural Perspective, Cambridge UP, 1986, p. 261-284. Concernant le papier-peint, voir Ulrich Lehmann, « Material Culture and Materialism : The French Revolution in Wallpaper », dans Anne Gerritsen, Giorgio Riello (dir.), Writing Material Culture History, Bloomsbury, 2014.
  • [34]
    Clare Haru Crowston, Credit, Fashion, Sex : Economies of Regard in Old Regime France, Duke UP, 2013.
  • [35]
    Rebecca L. Spang, Stuff and Money in the Time of the French Revolution, Harvard UP, 2015.
  • [36]
    Martyn Lyons, « The Power of the Scribe : Delegated Writing in Modern Europe », European History Quarterly, 44, 2, 2014, p. 244–62.
  • [37]
    Colin jones, Rebecca L. Spang, « Sans-culottes, sans café, sans tabac : shifting realms of necessity and luxury in eighteenth-century France », dans Maxine Berg et Helen Clifford (dir.), Consumers and Luxury, op. cit., p. 37-62.
  • [38]
    Voir, entre autres, Anne Perrin Khelissa qui aborde le sujet en historienne de l’art : « De l’objet d’agrément à l’objet d’art. Légitimer les manufactures d’État sous la Révolution (Sèvres, Gobelins et Savonnerie) », dans Natacha Coquery et Alain Bonnet (dir.), Le commerce du luxe. Production, exposition et circulation des objets précieux du Moyen Âge à nos jours, Paris, Éditions Mare et Martin, 2015, p. 158-168 ; Enrico Castelnuovo, « Arti e rivoluzione. Ideologie e politiche artistiche nella Francia rivoluzionaria », dans Arte, industria, rivoluzioni. Temi di storia sociale dell’arte, Pise, Edizioni della Normale, 2007 (1981).
  • [39]
    Jean-Baptiste Marie Duvergier, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlemens et avis du Conseil d'État... de 1788 à 1824..., Paris, A. Guyot, 1834-1845 ; Alexandre Tuetey (dir.), Correspondance du ministre de l'Intérieur relative au commerce, aux subsistances et à l'administration générale (16 avril-14 octobre 1792), Paris, Impr. nationale, 1917.
  • [40]
    Alfred Jourdan, France Decrusy, François-André Isambert et alii, Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l'an 420 jusqu'à la Révolution de 1789, Paris, Belin-Leprieur, t. XXI, p. 176, p. 185.
  • [41]
    Pour le faubourg Saint-Marcel, voir Haim Burstin, Une révolution à l’œuvre. Le faubourg Saint-Marcel (1789-1794), Seyssel, Champ Vallon, 2005 ; David Garrioch, « Les bourgeois du faubourg Saint-Marcel avant et après la Révolution », dans Jean-Pierre Jessenne (dir.), Vers un ordre bourgeois ? Révolution française et changement social, Rennes, PUR, 2007.
  • [42]
    Bernard Lepetit, Les Formes de l'expérience. Une autre histoire sociale, Paris, Albin Michel, 1995, Introduction.
  • [43]
    Paul Ricoeur, « L’idéologie et l’utopie », art. cit., vol. II, n° 2, p. 53-64.
  • [44]
    On peut en voir la description dans Le Moniteur, n° du 13 juillet 1791. Le cortège fait aussi figure de laboratoire en matière d’hybridation entre les attentes collectives d’expression sacrée d’une sensibilité populaire (qui est ce Voltaire, mort depuis treize ans, pour la génération de 1791 ?) et la volonté militante des élites d’acculturer les repères de la commémoration par la laïcisation de l’acte festif, Joseph Clarke, Commemorating the Dead in Revolutionary France. Revolution and Remembrance, 1789-1799, Cambridge, Cambridge University Press, 2007. Sur la création du Panthéon, Jean-Claude Bonnet, Naissance du Panthéon : essai sur le culte des grands hommes, Paris, Fayard, 1998 ; Mona Ozouf, « Le Panthéon », dans Les Lieux de mémoire. La République, Pierre Nora (dir.), Paris, Gallimard, 1984, p. 139-166.
  • [45]
    Sur ce point, voir Michel Biard, La liberté ou la mort : Mourir en député 1792-1795, Paris, Tallandier, 2015.
  • [46]
    Pour une réflexion sur le sens de la « modération », voir le projet ACTAPOL d’établissement d’un Dictionnaire des Conventionnels, et les actes du colloque Entrer en République, 2012, Michel Biard, Philippe Bourdin, Hervé Leuwers, Pierre Serna (dir.), 1792. Entrer en République, Paris, Armand Colin, coll. Recherches, 2013.
  • [47]
    Gaïd Andro, Une génération au service de l’État. Étude prosopographique des procureurs généraux syndics de la Révolution française (1780-1830), Paris, éditions de la SER, collection prix Albert Mathiez, 2015.
  • [48]
    Daniel Roche, La culture des apparences, op. cit. ; Maxine Berg et Elizabeth Eger (dir.), Luxury in the Eighteenth Century…, op. cit. ; Jan de Vries, The Industrious Revolution : Consumer Behaviour and the Household Economy, 1650 to the Present, Cambridge, Cambridge University Press, 2008.
  • [49]
    Affiches de Paris, 8 juillet 1793, p. 98.
  • [50]
    À Paris, deux quotidiens permettent de repérer les ventes aux enchères et l’activité publicitaire des marchands du luxe : les Affiches, annonces et avis divers ou Petites Affiches et le Journal de Paris. Voir Natacha Coquery, « Luxury and Revolution : selling textiles in Revolutionary France », dans John Stobart et Bruno Blonde (dir.), Selling textiles in the long eighteenth century : comparative perspectives from western Europe, Basingstoke, Palgrave/Macmillan, 2014, p. 179-192 ; idem, « Cloth, Fashion and Revolution. “ Evocative” garments and a merchant’s know-how : Madame Teillard, dressmaker at the Palais-Royal », 23 mai 2013 : http://www.fashioningtheearlymodern.ac.uk/object-in-focus/cloth-fashion-and-revolution/.
  • [51]
    François Crouzet, « Wars, Blockade, and Economic Change in Europe, 1792-1815 », The Journal of Economic History, 24/04, décembre 1964, p. 567-588 ; Ernest Labrousse, « Éléments d’un bilan économique. La croissance dans la guerre », dans Le Bilan du monde en 1815. Rapports. I : Grands thèmes, XIIe Congrès international des sciences historiques (Vienne, 29 août-5 septembre 1965), Paris, Éditions du CNRS, 1966, p. 473-497 ; Michel Vovelle, « L'historiographie de la Révolution Française à la veille du bicentenaire », AHRF, 1988, n° 272, p. 113-126.
  • [52]
    Noelle Plack, Common Land, Wine and the French Revolution : Rural Society and Economy in Southern France, c. 1789-1820, Farnham, Ashgate, 2009 ; Gérard Beaur, Histoire agraire de la France au XVIIIe siècle. Inerties et changements dans les campagnes françaises à la fin de l’époque moderne (jusqu’en 1815), Paris, SEDES, 2000 ; Bernard Bodinier, Éric Teyssier, François Antoine, L’événement le plus important de la Révolution. La vente des biens nationaux, 1789-1867, en France et dans les territoires annexés, Société des Études Robespierristes, CTHS, Paris, 2000 ; Gérard Beaur, « Révolution et redistribution des richesses dans les campagnes : mythe ou réalité ? », AHRF, n° 352, avril-juin 2008, p. 209-239.
  • [53]
    Histoire atlantique, connectée, transnationale, globale, impériale ou world history… K. H. O’Rourke, « The worldwide economic impact of the French Revolutionary and Napoleonic Wars, 1793-1815 », Journal of Global History, March 2006, 1, p. 123-149 ; D. Cannadine (dir.), Empire, The Sea and Global History. Britain’s Maritime World, c.1760-c.1840, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2007; Manuel Covo, Commerce et révolutions dans l'espace atlantique. États-Unis-Saint-Domingue. 1784-1806, thèse de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), novembre 2013 ; Silvia Marzagalli, « Establishing Transatlantic Trade Networks in Time of War : Bordeaux and the United States, 1793-1815 », Business History Review, Winter 2005, 79/4, p. 811-844 ; Idem, « The failure of a transatlantic alliance ? Franco-American trade, 1783-1815 », History of European Ideas, December 2008, 34/4, p. 456-464 ; id., Bordeaux et les États-Unis (1776-1815). Politique et stratégies négociantes dans la genèse d'un réseau commercial, Genève, Droz, 2015 ; Alan Forrest, Matthias Middell (dir.), The Routledge Companion to the French Revolution in World History, Oxford, Routledge, 2016.
  • [54]
    John Shovlin, The Political Economy of Virtue : Luxury, Patriotism and the Origins of the French Revolution, Ithaca et Londres, Cornell University Press, 2006 ; Paul Cheney, Revolutionary Commerce. Globalization and the French Monarchy, Cambridge, Mass. et Londres, Harvard University Press, 2010.
  • [55]
    Clare Crowston, Credit, Fashion, Sex : Economies of Regard in Old Regime France, Duke University Press, 2013.
  • [56]
    Voir Aileen Ribeiro, Fashion in the French Revolution, Londres, B.T. Batsford Ltd, 1988 ; Modes et Révolutions 1780-1804. Exposition, musée de la mode et du costume, Palais Galliéra, 8 février-7 mai 1989, Paris, Éditions Paris-Musées, 1989 ; Linda Baumgarten, What Clothes Reveal : The Language of Clothing in Colonial and Federal America, New Haven, Yale University Press, 2002 ; Richard Wrigley, The Politics of Appearances. Representations of Dress in Revolutionary France, Oxford et New-York, Berg, 2002 ; T. H. Breen, The Marketplace of a Revolution : How Consumer Politics Shaped American Independence, Oxford, Oxford University Press, 2004 ; Kate Haulman, The Politics of Fashion in Eighteenth-Century America, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2011.
  • [57]
    James Livesey, « Material Culture, Economic Institutions and Peasant Revolution in Lower Languedoc 1770-1840 », Past & Present, n° 182, 2004, p. 143-173 ; Olwen Hufton, « In search of counter-revolutionary women » dans Women and the limits of citizenship in the French Revolution, Toronto, University of Toronto Press, 1992, p. 91-130 ; Laurent Dubois, « Afro-Atlantic Music as Archive », 2013, en ligne <http://sites.duke.edu/banjology/ Accédé : 26 mars 2016 ; Ronald Schechter, Obstinate Hebrews : Representations of Jews in France, 1715-1815, Berkeley, University of California Press, 2003 ; David Garrioch, « Religious Identities and the Meaning of Things in Eighteenth-Century Paris », French History and Civilization, 3, 2009, 17-25 ; Jocelyne Dakhlia, « Musulmans en France et en Grande-Bretagne à l’époque moderne : exemplaires et invisibles » dans Jocelyne Dakhlia, Wolfgang Kaiser (dir.) Les Musulmans dans l'histoire de l'Europe : Tome 1, Une integration invisible, Paris, Albin Michel, 2011, p 231-416.
  • [58]
    Michel-Rolph Trouillot, Silencing the Past : Power and the Production of History, Boston, Beacon Press, 1995.
  • [59]
    Michel Foucault, Le Corps Utopique - Les Hétérotopies, Fécamp, Éditions lignes, 2009, p. 25.
  • [60]
    Discours à la Convention, 25 février 1793, au moment où la hausse du prix du sucre est à l’origine d’émeutes dirigées contre les épiciers.
  • [61]
    Voir Colin Jones, « The Great Chain of Buying : Medical Advertisement, the Bourgeois Public Sphere, and the Origins of the French Revolution », The American Historical Review, Vol. 101, n°. 1, Feb., 1996, p. 13-40.
  • [62]
    Paul Ricoeur, « L’idéologie et l’utopie », art. cit., vol. II, n° 2, p. 53-64.
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