Notes
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[1]
Traduction française assurée par Lucie Perrier.
-
[2]
Jacques Arago, Promenade autour du monde, pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820, sur les corvettes du Roi, l’Uranie et la Physicienne, commandées par M. Freycinet, Paris, Leblanc, 1822, vol. 1, p. vi-vii.
-
[3]
AN, Mar 5JJ/62b, p. 2.
-
[4]
François Lasnon de La Renaudiere, « Notice annuelle des travaux de la Société de Géographie », Bulletin de la Société de Géographie, 8, 1827, p. 299.
-
[5]
Conrad Malte-Brun, « Promenades autour du monde », Nouvelles annales des voyages, 18, 1823, p. 241.
-
[6]
Par exemple, de nombreux travaux ont été effectués pour révéler les controverses tant politiques que personnelles qui minèrent la mission de Baudin, parmi lesquels : Jean-Paul Faivre, L’Expansion française dans le Pacifique de 1800 à 1842, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1953 ; Frank Horner, The French Reconnaissance : Baudin in Australia, 1801-1803, Victoria, Melbourne UP, 1987 ; Jean Fornasiero et John West-Sooby, « Naming and Shaming : The Baudin Expedition and the Nomenclature of the Terres Australes », dans Alfred Hiatt, Anne Scott, Christopher Wortham (dir.), Perceptions of Terra Australis, Londres, Ashgate , 2011, p. 141-57 ; Nicole Starbuck, Baudin, Napoleon and the Exploration of Australia, Londres, Pickering & Chatto, 2013. Très récemment, Jean-Luc Chappey a avancé que les accusations à l’encontre de Baudin, en particulier celles de François Péron, servaient à faire ressortir la rupture dans les cercles scientifiques français avec les idées révolutionnaires et républicaines sur la perfectibilité de l’homme et de la société : « François Péron et l’observation des populations antipodéennes », AHRF, n° 375, 2014, p. 139-59.
-
[7]
AN, Mar 5JJ/62b, p. 1.
-
[8]
Alexander von Humboldt, « Beobachtungen über das Gesetz der Wärmeabnahme in den höhern Regionen der Athmosphäre, und über die untern Gränzen des ewigen Schnees », Annalen der Physik, 24, 1806, p. 2.
-
[9]
Michael Dettelbach, « Humboldtian Science » dans Nicholas Jardine, James A. Secord et Emma C. Spary (dir.) Cultures of Natural History, Cambridge, Cambridge UP, 1996, p. 300.
-
[10]
Richard Sorrenson, « The ship as a scientific instrument in the eighteenth century », Osiris, 2nd series, vol. 11, 1996, p. 229. L’idée qu’un bateau soit un instrument pour la cartographie a été à l’origine suggérée par Bruno Latour, « The Force and Reason of Experiment », dans H. Legrand (dir.) Experimental Inquiries, Dordrecht, Kluwer, 1990, p. 56. J’ai étudié l’utilité de l’idée d’un « laboratoire flottant » plus en détail dans Ralph Kingston, « A not so Pacific voyage : the “floating laboratory” of Nicolas Baudin », Endeavour, 31, 2007, p. 145-51. Voir également de William Hasty, « Piracy and the production of knowledge in the travels of William Dampier, c. 1679-1688 », Journal of Historical Geography, 30, 2010, p. 1-15 ; Antony Adler, « The ship as laboratory : making space for field science at sea », Journal of the History of Biology, 47/3, 2014, p. 333-62 ; Anne-Flore Laloë, « Where is Bathybius haeckelii ? The Ship as a Scientific Instrument and a Space of Science », dans Donn Leggett et Richard Dunn (dir.), Re-inventing the Ship : Science, Technology and the Maritime World, 1800-1918, Farnham, Ashgate, 2012, p. 113-30.
-
[11]
L’utilisation de la technologie pour traduire des phénomènes hors de leur contexte original à fin d’investigation est un aspect essentiel de la « science de laboratoire » d’après Karin Knorr Cetina, Epistemic Cultures : How Sciences Make Knowledge, Cambridge MA, Harvard UP, 1999, p. 27. Voir aussi Bruno Latour et Steve Woolgar, Laboratory Life : The Construction of Scientific Facts, Princeton, Princeton UP, 1986, et Bruno Latour, Science in Action : How to Follow Scientists and Engineers through Society, Cambridge MA, Harvard UP, 1987. Comme l’a soutenu Robert E. Kohler, la science en laboratoire et celle sur le terrain ne sont en aucune façon radicalement différentes, et les principes qui président à l’élaboration de la connaissance sont semblables dans les deux cas : Landscapes and Labscapes : Exploring the Lab-Field Border in Biology, Chicago, University of Chicago Press, 2002.
-
[12]
Cette liste est extraite d’une demande d’approvisionnements pour l’Uranie en 1816 et 1817, SHD Vincennes (Marine) BB4/998.
-
[13]
Sur la discipline pour tenir des journaux, voir aussi Simon Schaffer, « “On Seeing me Write”, Inscription Devices in the South Sea », Representations, 97, 2007, p. 90-122.
-
[14]
Bernard-Germain-Étienne de Lacépède, Histoire naturelle des poissons, Paris, Plassan, an VI/1798, vol. I, p.188-9. À la baie des Chiens-Marins en 1801, François Péron fit des recherches (et s’inscrivit en faux) sur ce que Dampier avait avancé : François Peron et Louis de Freycinet, Voyage de découvertes aux terres australes, 2e édition, Paris, Arthus Bertrand, 1824, vol. 3, p. 326-31.
-
[15]
Nigel Rigby, « The Politics and Pragmatics of Seaborne Plant Transportation,
1769-1805 » dans Margarette Lincoln (dir.), Science and Exploration in the Pacific : European Voyages to the Southern Oceans in the Eighteenth Century, Woodbridge, Boydell Press, 2001,
p. 81-100 ; Dulcie Powell, « The Voyage of the Plant Nursery, HMS Providence, 1791-1793 », Economic Botany, 31, 1977, p. 387-431. -
[16]
Sur les emprunts de Humboldt, voir Jorge Canizares-Esguerra, Nature, Empire and Nation. Explorations of the History of Science in the Iberian World, Stanford, Stanford UP, 2006, p.112-28. Sur les « empires » de la botanique, voir Londa L. Schiebinger, Plants and Empire : Colonial Bioprospecting in the Atlantic World, Cambridge MA, Harvard UP, 2004 ; Richard Grove, Green Imperialism : Colonial Expansion, Tropical Island Edens and the Origins of Environmentalism, 1660-1860, Cambridge, Cambridge UP, 1995.
-
[17]
Cité par Dorinda Outram, Georges Cuvier : Vocation, science and authority in post-revolutionary France, Manchester, Manchester UP, 1984, p. 62-3.
-
[18]
« Instructions sur les recherches qui pourraient être faites dans les colonies, sur les objets qu’il serait possible d’y recueillir et sur la manière de les conserver et de les transporter », Mémoires du Muséum d’Histoire naturelle, 4, 1818, p. 193-239. Comme l’a affirmé Lorelaï Kury, ce document et des versions ultérieures indiquaient clairement que les voyageurs devaient être des collecteurs de données et que le travail réel d’examen, d’analyse et de classification serait effectué au retour à Paris : « Les instructions de voyage dans les expéditions scientifiques françaises (1750-1830) », Revue d’histoire des sciences, 51/1, 1998, p. 65-92.
-
[19]
Richard W. Burkhardt Jr., « Naturalists’ Practices and Nature’s Empire : Paris and the Platypus, 1815-1833 », Pacific Science, 55/4, 2001, p. 327-41 ; Françoise Thésée, Auguste Plée, 1786-1825 : un voyageur naturaliste, Paris, Éditions Caribéennes, 1989.
-
[20]
Anne-Marie-Claire Godlewska, Geography Unbound : French Geographic Science from Cassini to Humboldt, Chicago, University of Chicago Press, 1999, p. 188, 264.
-
[21]
L’examen d’individus à qui l’on reconnaissait des succès particuliers – par exemple, dans les travaux de Edward Duyker (sur Labillardière, Péron et Dumont d’Urville), d’Hélène Richard (sur la mission de d’Entrecasteaux), et de Nicole Starbuck (sur la mission Baudin) – n’a pas réussi à dissiper cette impression.
-
[22]
Bronwen Douglas, Science, Voyages, and Encounters in Oceania, 1511-1850, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2014 ; Bronwen Douglas et Chris Ballard (dir.), Foreign Bodies : Oceania and the Science of France, 1750-1940, Canberra, ANU Press, 2008 ; Martin Staum, Labeling People : French Scholars on Society, Race and Empire, 1815-1848, Montréal et Kingston, McGill-Queen’s UP, 2003.
-
[23]
Marie-Noëlle Bourguet, « The Explorer » dans Michel Vovelle (dir.), Enlightenment Portraits, trad. Lydia G. Cochrane, Chicago, University of Chicago Press, 1997, p. 301, 306.
-
[24]
Cet article suit le chemin tracé par Hélène Blais, Voyages au grand océan. Géographies du Pacifique et colonisation, 1815-1845, Paris, Éditions du CTHS, 2005. Sur les « géographies plurielles » dans les administrations d’État, voir Éric Brian, La mesure de l’État. Administrateurs et géomètres au XVIIIe siècle, Paris, Albin Michel, 1994 ; Ralph Kingston, « Trading places : Accumulation as mediation in French ministry map dépots, 1798-1810 », History of Science 52/3, 2014, p. 247-76 ; Dominique Margairaz, « La géographie des administrateurs », dans Hélène Blais et Isabelle Laboulais (dir.), Géographies plurielles. Les sciences géographiques au moment de l’émergence des sciences humaines, Paris, Harmattan, 2005 ; Idem, François de Neufchâteau. Biographie intellectuelle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2005.
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[25]
Sur le naufrage de la réputation de Baudin qui s’ensuivit, voir Jean-Luc Chappey, « Le capitaine Baudin et la Société des observateurs de l’homme. Questions autour d’une mauvaise réputation », dans Michel Jangoux (dir.), Portés par l’air du temps : les voyages du capitaine Baudin, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2010, p. 145-156.
-
[26]
Hervé Ferriére, Bory de Saint-Vincent. L’évolution d’un voyageur naturaliste, Paris, Éditions Syllepse, 2009.
-
[27]
J’ai traité de cette expédition en profondeur dans Ralph Kingston, « A not so Pacific voyage… », art.cit.
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[28]
Louis de Freycinet, Voyage de découvertes aux terres australes… Navigation et géographie, Paris, Imprimerie Royale, 1815, p. vii.
-
[29]
Plus de trente civils demandèrent à se joindre à l’expédition : François Grille, Louis de Freycinet, sa vie de savant et de marin, ses voyages, ses ouvrages, ses lettres, son caractère et sa mort, Paris, Ledoyen, 1853, p. 10. Le ministre de l’Intérieur Lainé ne donna pas suite à la tentative de Cuvier de faire monter à bord une personne nommée par le Muséum le 11 novembre 1816 : SHD Vincennes (Marine) BB4/998.
-
[30]
Louis Isidore Duperrey, Voyage autour du monde sur la Coquille. Partie historique, Paris, Imprimerie Royale, n.d., p. xli.
-
[31]
AN, Mar 5JJ/62b, p.1 bis-2.
-
[32]
François Grille, Louis de Freycinet, op. cit., p. 11.
-
[33]
« Lettres inédites de Quoy à Julien Desjardins », Revue historique et littéraire de l’Ile Maurice, 8, 1er juin 1898, p. 125. Freycinet s’inquiétait aussi du fait que le naturaliste Temminck fasse une publication sur leurs découvertes ornithologiques avant que le rapport officiel de l’expédition paraisse, dépossédant Quoy de ses droits de « voyageur et auteur » : lettre de Freycinet à Quoy, 14 mars 1822, Médiathèque Michel Crépeau, La Rochelle, MS2510.
-
[34]
Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, « Rapport fait à l’Académie royale des sciences sur la partie zoologique du Voyage autour du Monde, de M. le Capitaine de vaisseau Louis de Freycinet […]. Séance du 9 mai 1825 », Annales maritimes et coloniales, Paris, Imprimerie nationale, 1825, p. 167-8. Les Annales maritimes furent assez téméraires pour expliquer, point par point, combien Geoffroy Saint-Hilaire était dans l’erreur.
-
[35]
L’exemplaire personnel du questionnaire rédigé par Freycinet (AN, Mar 5JJ/62b) a été analysé et reproduit dans Hélène Blais « Un protocole d’enquête pour un voyage autour du monde : universalisme et organisation pratique », Revue d’histoire des sciences humaines, 9, 2003, p. 165-201. Pour des copies faites par l’état-major, voir Laurent Railliard, « Journal historique », AN Mar 5JJ/68 ; C.-L.-Théodore Laborde, « Journal », AN Mar 5JJ/79 ; Paul Gaimard, « Voyage physique dans l’hémisphère austral, et autour du monde », State Library of Western Australia, 3506a. Duperrey recopia une version du questionnaire concernant le travail sur terre dans un autre carnet : Louis Isidore Duperrey, « Tableau des observations à faire pendant un voyage », AM Mantes-la-Jolie, 3s 6.
-
[36]
AN, Mar 5JJ/62/b. À l’inverse, le questionnaire de l’Académie des sciences avait été établi pour leur donner des instructions sur ce qu’ils devaient recueillir exactement, et pour réduire au minimum leurs prises de décisions : Paul Gaimard, « Voyage physique… », op. cit., p. 72-87.
-
[37]
Ibidem, Philippe Boucqueau, Mémoire statistique du département de Rhin-et-Moselle, Paris, Imprimerie de la République, an XII.
-
[38]
Ibid., p. 186 ; Michael Rowe, Reich to State : The Rhineland in the Revolutionary Age, 1780-1830, Cambridge, Cambridge UP, 2003, p. 138.
-
[39]
Sur les statistiques administratives pendant la Révolution et l’Empire, voir Bertrand Gille, Les sources statistiques de l’histoire de France, Genève, Droz, 1964 ; Jean-Claude Perrot, L’âge d’or de la statistique régionale française (an IV-1804), Paris, Société des études robespierristes, 1977 ; Isabelle Guégan, Inventaire des enquêtes administratives et statistiques, 1789-1795, Paris, Éditions du CTHS, 1991 ; Stuart Woolf, « Contribution à l’histoire de la statistique : France,
1789-1815 », dans Louis Bergeron (dir.), La statistique en France à l’époque napoléonienne, Bruxelles, Centre Guillaume Jacquemyns, 1981 ; Isabelle Laboulais-Lesage, Lectures et pratiques de l’espace. L’itinéraire de Coquebert de Montbret, savant et grand commis de l’Etat (1755-1831), Paris, H. Champion, 1999 ; Marie-Noëlle Bourguet, Déchiffrer la France. La statistique départementale à l’époque napoléonienne, Paris, Éditions. des archives contemporaines, 1988. -
[40]
Paul Gaimard, « Voyage physique… », op. cit., p. 269, 289.
-
[41]
Louis Isidore Duperrey, « Journal tenu à bord » ; journaux de C.J.H. Paquet et Jean Dubois, AN, Mar 5JJ/70.
-
[42]
Louis de Freycinet, Voyage autour du monde … pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820. Historique, Paris, Pillet aîné, 1825, vol 1, p. 576, 585. Ceci s’appliqua aussi au volume officiel sur l’hydrographie. Freycinet écrivit à Duperrey, le 9 avril 1824, lui promettant qu’il trouverait « quelques fleurons à ajouter à [sa] couronne » : SHD Vincennes (Marine) 168GG2.
-
[43]
Ibidem, p. 14, 30-31, 40-41, 59.
-
[44]
Ibid., p. 42.
-
[45]
Idem, Voyage autour du monde … Historique, op. cit., 1829, vol. 2, p. 151, 273.
-
[46]
Charles Gaudichaud, Voyage autour du monde … exécuté sur les corvettes de S.M. l’Uranie et la Physicienne, pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820. Botanique, Paris, Pillet aîné, 1826, p. 80-81.
-
[47]
Jean-René-Constant Quoy et Paul Gaimard, « Mémoire sur l’accroissement des Polypes lithophytes considéré géologiquement », dans Voyage autour du monde… exécuté sur les corvettes de S.M. l’Uranie et la Physicienne, pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820. Zoologie, Paris, Pillet aîné, 1824, 2e partie, p. 666.
-
[48]
Charles Darwin, The Structure and Distribution of Coral Reefs, Londres, Smith, Elder and Co., 1842 ; Frederick Burkhardt, « Darwin’s early notes on Coral Reef Formation », Earth Sciences History, 3/2, 1984, p. 160-3.
-
[49]
Louis de Freycinet, Voyage autour du monde… Historique, op. cit., vol. 2, p. 436,
439-441, 484. -
[50]
Jacques Arago, op. cit., vol. 2, p. 309-10.
-
[51]
Charles Gaudichaud, Voyage… Botanique, op. cit., p. 66. Sur les diverses participations des membres de l’équipage de Freycinet à la géologie de Rawak, voir Louis de Freycinet, Voyage autour du monde… op. cit., vol. 2, p. 35-43.
-
[52]
Charles Gaudichaud, Voyage … Botanique, op. cit., p. 52-54.
-
[53]
Cette nouvelle présentation fut reprise dans les volumes de botanique rédigés par Achille Richard pour le voyage autour du monde de Dumont d’Urville sur l’Astrolabe tout comme dans des travaux anglais tels que The Botany of Captain Beechey’s Voyage (1831) : Augustin Pyrame de Candolle, Notice sur les progrès de la botanique pendant l’année 1832, Genève, Bibliothèque universelle, 1833, p. 38.
-
[54]
François Arago, Louis Cordier, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Charles Gaudichaud, et Louis Isidore Duperrey, « Instructions demandées à l’Académie des Sciences par M. le ministre de la Marine pour un voyage d’exploration dans l’intérieur de l’Afrique », dans Compte rendu des séances de l’Académie des Sciences, Paris, Bachelier, 1846, vol. 22, p. 975.
-
[55]
« Séance du 1er juin 1882 », Bulletin de la Société d’Anthropologie, 3e série, 5, 1882, p. 456. Voir aussi Hélène Blais, « Un protocole d’enquête… », art. cit., p. 171.
-
[56]
Louis Isidore Duperrey, Voyage autour du monde sur la Coquille, op. cit.
-
[57]
Jules Sébastien César Dumont d’Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l’Océanie sur les corvettes l’Astrolabe et la Zélée… Histoire du voyage, Paris, Gide, 1847, vol. 1, p. i.
-
[58]
Louis Isidore Duperrey, Mémoire sur les opérations géographiques faites dans la campagne de la corvette de SM la Coquille, pendant les années 1822, 1823, 1824 et 1825, Paris, Huzard-Courcier, 1828, p. 4 ; Jules Dumont d’Urville s’exprima de la même façon dans une lettre à Lefebure de Cérisy, le 22 janvier 1822, SHD Toulon, 23S 08.
-
[59]
René Primavère Lesson, Notice historique sur Dumont d’Urville, op. cit., p. 55-56.
-
[60]
Jules Dumont d’Urville, Voyage de la corvette l’Astrolabe … Histoire du voyage, Paris, J. Tastu, 1830-1833, vol. 4, p. 548. Voir également John Dunmore, French Explorers in the Pacific, vol. 2, Oxford, Clarendon Press, 1969, p. 178-227.
-
[61]
René Primavère Lesson, Notice historique sur Dumont d’Urville, op. cit., p. 58.
-
[62]
Jules Dumont d’Urville, Journal de la Coquille, AM Condé-en-Normandie, ms 11, p. 71 (cité avec l’autorisation de M. Pascal Allizard, sénateur et maire de Condé-en-Normandie). Le culte de Humboldt en tant que héros était patent chez Dumont d’Urville, en particulier au cours de son expédition de 1826. Il donna le nom de Humboldt à une baie (en Indonésie à l’heure actuelle) d’après « un des voyageurs prééminents du siècle » et le seul savant qui s’était « activement intéressé au voyage de l’Astrolabe » : Voyage de la corvette l’Astrolabe… Histoire du voyage, op. cit., vol. 4, p. 561-562.
-
[63]
Jules Dumont d’Urville, Voyage de la corvette l’Astrolabe …, Histoire du voyage, op. cit., vol. 1, p. xxx-xxxiii.
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[64]
Lettre, Émile Desjardins à Jean-René-Constant Quoy, 26 février 1826, Médiathèque Michel Crépeau, La Rochelle, MS2510.
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[65]
Les dessins de pirogues d’Édouard Pâris sont reproduits dans le Voyage de la corvette l’Astrolabe. Atlas historique, de Jules Dumont d’Urville, op. cit., Le travail de Adolphe-Pierre Lesson est disponible en ligne à la Médiathèque de Rochefort, « Les fonds et l’œuvre de Pierre-Adolphe Lesson (1805-1888) » http://lesson.odsas.net/ .
1 Au début de son récit la Promenade autour du monde consacré à ses expériences au cours de son voyage sur l’Uranie, le dessinateur de l’expédition Jacques Arago fit une plaisanterie sur le fait qu’il était nécessaire d’en attribuer l’inspiration à Alexandre de Humboldt. Pour témoigner de l’importance de Humboldt, remarqua-t-il, « un mot suffit […] Son nom, suivi d’un point d’admiration ! » [2]. Au début de la mission, le capitaine d’Arago, Louis de Freycinet, avait aussi ressenti la nécessité de discuter de Humboldt. Dans un préambule à un questionnaire distribué à son état-major en octobre 1817, il avertit ses officiers que jamais ils ne seraient « Humboldt » [3]. Ces commentaires révèlent jusqu’à quel point Humboldt dominait les notions d’exploration et d’explorateurs au début du XIXe siècle. Comme le notait le secrétaire général de la Société de géographie de Paris en 1827, entendre le nom de Humboldt rappelait « le plus célèbre voyageur des temps modernes et le savant le plus universel et le plus obligeant » [4].
2 L’arrivée de Humboldt à Paris en provenance des Amériques en 1804 avait jeté une ombre longue, et les explorateurs français eurent de la peine à y échapper. Tout comme il se moquait de l’obsession de la France pour Humboldt, Jacques Arago cherchait aussi à associer son propre travail à l’attrait de l’exploration que le nom de Humboldt évoquait. Dans sa critique de la Promenade, Conrad Malte-Brun rebondit sur ce point, notant les similitudes entre le beau style d’écriture d’Arago et celui de Humboldt [5]. Le questionnaire de Freycinet, par ailleurs, donne une indication sur la crainte d’un capitaine, chef d’une expédition, que ses officiers, à la recherche de la renommée d’un « Humboldt », renoncent à leurs objectifs communs. Il contraignit donc son état-major à collaborer sur un programme partagé. Ils travailleraient en équipe, combinant leurs champs d’expertise.
3 Cet article examine le travail d’équipe et le travail de bureau et d’écriture de la traversée de Louis de Freycinet pour comprendre la logique et les conséquences du dessein de cet homme. Contrairement aux missions précédentes de d’Entrecasteaux et Nicolas Baudin, celle-ci fut plutôt dépourvue de désaccords et de récriminations. Utilisant les journaux de bord, les publications officielles sur la traversée, et un ensemble d’autres correspondances privées et administratives, cet article montrera comment, après son expérience personnelle de l’expédition perturbée de Baudin, Louis de Freycinet mit en place de nouvelles règles pour la sélection des scientifiques et l’organisation de leurs observations afin d’encourager la coopération à bord de son bateau. D’un point de vue politique, l’expédition de Freycinet avait pour objet d’affirmer le renouveau du prestige français sous la Restauration. Pourtant, la politique joua un rôle moindre par rapport à celui qu’elle avait eu lors de voyages antérieurs [6]. Freycinet souligna encore et encore les objectifs scientifiques de cette mission, à la recherche d’une forme de « géographie mixte » qui allait au-delà de la « nomenclature fastidieuse [et] des définitions arides » et attentive plutôt à ce que, de nos jours, nous appellerions l’environnement, et plus particulièrement à l’interaction des hommes et du monde naturel [7]. Ce faisant, il exprimait clairement une vision scientifique plus vaste que celle élaborée par de nombreux hommes de science de la métropole. Pourtant, alors que le programme de Freycinet fut utilisé plus tard par d’autres navigateurs, le désir de gloire scientifique d’officiers de marine en temps de paix comme Jules-Sébastien-César Dumont d’Urville – et de se bâtir une renommée personnelle à la Humboldt – sapa cette collaboration lors de missions postérieures.
Laboratoires flottants
4 Humboldt n’accorda que peu de crédit aux autres explorateurs. Dans un document lu devant l’Académie des Sciences de Berlin en 1805, il se plaignait de ce que « combien peu a été accompli par des voyageurs naturalistes […], parce qu’ils sont tous occupés presque exclusivement par les sciences descriptives et la mise en place de collections, et ont négligé les lois de la nature supérieures et constantes révélées dans la fluctuation rapide des phénomènes » [8]. En supposant que ce fut sa véritable opinion, Humboldt n’avait qu’une idée très limitée du travail scientifique au cours d’un voyage de découverte maritime à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. En réalité, comme le montrent des notes de bas de pages dans Ansichten der Natur (1808, 1826, 1849) et dans Kosmos (1845-1862), le travail de Humboldt reposait sur l’utilisation de celui effectué par d’autres voyageurs, y compris par des officiers de marine français, des médecins de la Compagnie Britannique des Indes Orientales, des administrateurs de province russes, des commandants de l’armée espagnole, et des diplomates allemands. Le simple nombre de notes envoyées à Humboldt et leur utilité démontrent que ses contemporains n’étaient pas aussi irrévocablement attachés à la tradition que le prétendait Humboldt [9].
5 Alors que les historiens des sciences ont considéré que le navire était un instrument scientifique, il est plus utilement envisagé comme un espace de production de connaissances, une sorte de laboratoire flottant [10]. La science trouva sa place dans l’architecture du bateau dans lequel des cabines et des penderies furent réaffectées pour contenir des livres et instruments scientifiques, des tables à dessiner et à disséquer, aussi bien que des spécimens d’histoire naturelle vivants ou morts. L’espace limité à bord signifiait que les voyageurs ne pouvaient se comporter en collecteurs sans discernement. Ils devaient prendre de grandes décisions selon la signification et la portée de découvertes spécifiques – ce qu’il faudrait poursuivre, et ce qu’il faudrait abandonner – au cours de l’expédition.
6 Même si les conditions étaient radicalement différentes de celles d’un laboratoire moderne (soi-disant) hermétique, il y avait quelques similitudes non négligeables. Les chercheurs à bord des vaisseaux d’exploration procédaient par reproduction des événements ou des objets observés hors du bateau, à l’intérieur des limites de leurs cabines bien encombrées. Plutôt que de travailler avec des objets naturels dans la nature, ils le faisaient, à l’instar des techniciens dans un laboratoire moderne, « avec des images d’objets ou avec leurs traces visuelles, sonores ou électriques, et avec leurs constituants, leurs origines, et leurs versions “purifiées”» [11]. Ils emmagasinèrent dans leurs navires les technologies afin d’analyser, distiller et consigner les faits essentiels concernant leurs découvertes – plumes d’oie, encres de couleurs, registres et livres de bord, cartes, carnets à dessins, flacons pour échantillons remplis d’alcool pur, et presse-fleurs [12]. Dans leurs cabines, ils créaient et recréaient les faits et objets de leurs découvertes, déterminant ce qui serait porté à la connaissance des Parisiens, ou pourrait l’être, à la fin de l’expédition.
7 Le travail scientifique à bord reposait sur un regroupement complexe de relations sociales – les hiérarchies officielles ou non des scientifiques, des officiers et de l’équipage – tout comme sur la mise en ordre des ressources physiques disponibles pour eux. L’hydrographie nécessitait un ensemble d’observateurs différents et une combinaison de techniques. Les explorations à la fin du XVIIIe siècle faisaient souvent appel à des astronomes civils mais les officiers, aspirants et maîtres prenaient aussi des mesures qu’ils chiffraient et transcrivaient individuellement dans leurs journaux de bord. Apprendre à tenir un journal soigné faisait partie de la formation d’un officier, et ainsi il y avait un niveau assez élevé de standardisation dans les formes de notation utilisées [13]. Pourtant, alors qu’il existait une bonne et une mauvaise manière de tenir un livre de bord, les observations consignées variaient amplement selon les aptitudes et l’expérience de l’enseigne ou de l’officier. Elles différaient aussi suivant les instruments mis en œuvre. Un bateau d’exploration disposait à son bord de multiples chronomètres marins, de même que différents cercles répétiteurs, des horizons artificiels, des inclinomètres, baromètres et boussoles d’inclinaison. L’un des défis principaux pendant la traversée était de calculer l’amplitude des écarts existant entre ces appareils. Les hydrographes pour leur part comparaient les calculs de position à ceux déjà consignés dans les archives géographiques, les cartes, diagrammes et comptes rendus d’explorations précédentes dans la bibliothèque de l’expédition.
8 Ceux chargés de l’histoire naturelle consacraient aussi du temps à reproduire et répéter des observations et expériences. Disséquer un requin au début d’une traversée fut presque un rite de passage pour un scientifique chargé des sciences naturelles au XVIIIe siècle. Il faisait particulièrement attention à l’estomac. La réputation de ce poisson dévorateur – en particulier pour la consommation de chair humaine – faisait que cet organe constituait une étude intéressante pour des hommes qui se penchaient sur les aspects chimique et biologique de la digestion. Philibert Commerçon, voyageant avec Bougainville, mit à profit l’occasion qu’il eut de décrire la structure de l’intestin du requin, qui, d’après ses découvertes, était court, mais en spirale, rendant ainsi l’absorption des aliments intéressants. Sur d’autres points d’intérêt pour la science il fut déçu : alors que Dampier avait (selon lui) trouvé une tête d’hippopotame dans l’estomac d’un requin, soulignant les spécificités du régime alimentaire de ce poisson, Commerçon ne trouva que des ténias [14]. En botanique aussi, on fit preuve d’une grande inventivité pour mettre au point de nouveaux instruments plus performants, en particulier les boites à spécimens. Les botanistes voyageurs plantèrent des jardins à travers les Caraïbes, l’Amérique du Sud, l’Océan Indien et le Pacifique Sud pour rechercher quelles plantes pouvaient s’acclimater dans différents climats [15]. Humboldt dans sa propre biogéographie de l’Amérique du Sud fit des emprunts massifs aux travaux de naturalistes sud-américains tels que José de Caldas qui avait longuement conduit des expériences sur l’adaptabilité de la flore et de la faune dans des microrégions, topographiques et climatiques, des Andes [16].
9 Malheureusement pour les naturalistes voyageurs, les commentaires de Humboldt sur leurs horizons limités confirmèrent les préjugés des hommes de science de la métropole. La voix la plus forte, au début du XIXe siècle, pour avancer que les explorateurs ne devaient être que de simples collecteurs, et que le vrai travail intellectuel ne pouvait se faire qu’à Paris, fut celle du directeur du Muséum d’histoire naturelle, Georges Cuvier, lequel poussa l’audace jusqu’à critiquer Humboldt lui-même. Analysant les travaux de ce dernier sur la végétation de l’Orénoque, il rejeta sans ambages ce qu’il considérait comme les prétentions de Humboldt à passer pour un naturaliste, étant donné que son travail avait été effectué sur le terrain. Cuvier blâma l’explorateur pour son champ de vision limité : « le voyageur ne parcourt qu’une route étroite ; ce n’est vraiment que dans le cabinet que l’on peut parcourir l’univers en tout sens » [17]. En décembre 1817, le Muséum prit des mesures pour organiser le travail des naturalistes en expéditions, donnant lieu à un document de quarante-sept pages d’instructions sur la manière de recueillir, conserver et transporter les spécimens. Il identifia les plantes et animaux spécifiques à collecter [18]. Il créa, pour un temps, sa propre école de voyageurs- naturalistes, en 1819 [19]. Le Muséum souhaitait nommer et superviser ses propres collecteurs pour s’assurer que le prestige scientifique revienne à Paris.
10 À la suite de telles figures du XIXe siècle, les historiens ont également eu tendance à dénigrer la valeur du travail scientifique des explorateurs. Pour Marie-Claire Godlewska, par exemple, les voyageurs commandités par l’État ne disposaient pas de la « liberté » d’un Humboldt pour conduire des programmes scientifiques avec concentration et cohérence. Les recherches scientifiques de ces explorateurs « étaient rarement menées à bien en totalité ou poursuivies avec rigueur jusqu’à leur conclusion logique ». Les explorateurs étaient enclins aux « pérégrinations intellectuelles » [20]. De même, d’après Marie-Noëlle Bourguet, les récits des voyageurs aux XVIIIe et XIXe siècles étaient-ils un « bric-à-brac pittoresque » [21]. Ce n’est qu’en termes de discussions au sujet de différences raciales que les explorateurs, en tant que groupe, se sont vus attribuer le mérite d’apporter une contribution considérable au débat scientifique du début du XIXe siècle [22].
11 Bourguet, tout comme Godlewska, déplore que les explorateurs du début du XIXe siècle n’aient pas été suffisamment humboldtiens, négligeant de « faire des observations sur le terrain, sur l’environnement, le climat et le sol (et on ne le leur avait pas demandé) » [23]. Récemment, les historiens ont découvert l’essor de « géographies plurielles » pendant la Révolution et l’Empire dans les administrations d’État, lorsque les statisticiens, ingénieurs, naturalistes, géodésistes, cartographes, et d’autres, modifièrent leurs outils et techniques au service de la nation. Cet article est à la recherche de géographies plurielles similaires (ou « mixtes », comme Freycinet l’aurait dit) à bord des bateaux au début du XIXe siècle [24].
Travail d’équipe
12 Envoyé à la recherche d’une vaste gamme d’intérêts scientifiques, et avec une diversité d’expérimentations menées sur et sous ses ponts, le navire de découverte hébergeait un ensemble de sites de production scientifique qui se recoupaient. Chaque groupe de savants avait son propre programme ; chaque programme réclamait son propre jeu de relations sociales, de conditions matérielles, de formulaires administratifs. Avant Freycinet, ces différences avaient souvent occasionné des conflits entre naturalistes et hydrographes car ils étaient en concurrence en termes de temps et d’espace pour effectuer leur travail. En 1799, Louis de Freycinet avait pris la mer pour son premier tour du monde sous le commandement de Nicolas Baudin. Les hommes de science qui s’étaient joints à Baudin apportèrent non seulement leurs instruments, mais également leur bagage professionnel. Scientifiques et officiers bataillèrent avec acharnement. Les hydrographes ne cachaient pas leur impatience lorsqu’un temps précieux était gaspillé à l’ancre, en particulier lorsque les botanistes et zoologistes négligeaient de revenir à l’heure de leurs excursions à fin de collecte. Inversement, les hydrographes furent heureux, mais pas les naturalistes, lorsque le navire fit, de loin, le levé de la côte de l’Australie. Dès la première escale à l'Île de France, en route pour le Pacifique, un grand nombre parmi les membres du personnel dans les deux groupes déserta. Lorsque des anecdotes sur le chaos de la mission furent connues en France, la réputation générale de l’expédition tomba en lambeaux [25].
13 Les problèmes de Baudin furent aggravés par un autre facteur : lui-même. Dès que l’ancre fut levée, il tint un journal « public » affiché dans sa cabine, dans lequel les découvertes de l’expédition étaient consignées, décrites, et magnifiquement illustrées en couleurs. Ce journal public devait devenir le récit officiel de l’expédition après son retour et être publié sous le nom de Baudin. Ce document était aussi, en théorie, un moyen par lequel Baudin pouvait se poser en responsable du travail scientifique de l’expédition et mettre bon ordre dans les activités des nombreux hommes de science sous son autorité. Les hydrographes et les naturalistes pouvaient voir leurs découvertes établies et enregistrées au grand jour. Avec le temps, ce journal public deviendrait, dans l’esprit de Baudin, non seulement la description officielle de leurs résultats scientifiques, mais aussi un témoignage de la collaboration entre lui et ses hommes de science. Cependant le projet de Baudin eut l’effet contraire. La publication d’un récit de la traversée avant le retour de l’expédition en 1803, par le naturaliste Bory de Saint-Vincent, qui avait déserté à l'Île de France, était une revanche directe vis-à-vis de ce qu’il percevait comme une usurpation du mérite scientifique par Baudin [26]. Après la mort de Baudin en 1803, son journal public fut laissé à moisir dans les archives du ministère de la Marine. Le naturaliste du navire, François Péron, utilisa plutôt son propre journal pour rédiger le récit officiel de l’expédition [27].
14 En tant qu’officier subalterne à bord du bateau de Baudin, Louis de Freycinet occupait une place aux premières loges pour observer les querelles entre les hydrographes et les naturalistes. Lorsque Péron mourut en 1810, le ministère de la Marine confia à Freycinet la charge de terminer le deuxième volume du mémoire officiel de l’expédition. Utilisant non seulement le journal de Péron, mais aussi la totalité des journaux des officiers aux archives du ministère de la Marine, Freycinet retrouva les mêmes dissensions, face au caractère anomique et indiscipliné de ce voyage. Au cours de son travail de transformation de milliers de pages d’observations individuelles et croquis en une relation cohérente, il reconnut les irrégularités « chacun de nous ayant […] travaillé d’après ses vues particulières et suivi un plan différent » [28].
15 C’est pourquoi, lorsqu’il émit la proposition d’un nouveau voyage vers l’Australie et le Pacifique Sud en août 1816, Freycinet avait une perception aiguë de ce qui auparavant s’était mal passé. Il mit en avant son propre projet pour organiser son navire de découvertes comme un espace plus harmonieux où les hommes de science partageraient les tâches et les observations. Il commença par la décision de ne pas engager de scientifiques civils à bord. Il choisit tout son personnel de recherche parmi les officiers de marine. Contrairement aux hommes nommés par le Muséum d’histoire naturelle ou l’Observatoire, on pouvait s’attendre à ce qu’ils obéissent aux ordres. Lorsque ce fut possible, Freycinet choisit des officiers déjà expérimentés : un enseigne, Isidore Duperrey, de même que les jeunes aspirants, Alphonse Pellion et Auguste Bérard, avait servi sous les ordres de Pierre Gauttier, le premier pour lever les côtes de la Toscane en 1811, les deux autres celles de la Méditerranée en 1816. Le dessinateur de l’expédition, Jacques Arago, frère de l’astronome de l’Observatoire François Arago, l’aumônier du navire, le secrétaire personnel du capitaine, et Rose, l’épouse de Freycinet qu’il fit monter à bord en cachette avant de quitter le port, furent les seules exceptions à cette règle. Faute de quoi, François Arago aurait insisté pour que l’expédition comprenne un astronome civil, mais avec Jacques Arago à bord, Freycinet et son lieutenant de vaisseau, Jérôme-Frédéric Lamarche, reçurent en retour une formation spéciale pour l’utilisation des instruments d’astronomie les plus récents.
16 Exclure les naturalistes civils fut plus difficile. En nommant deux médecins de bord – Jean-René-Constant Quoy et Joseph-Paul Gaimard – qui pouvaient faire office de zoologistes, et un pharmacien – Charles Gaudichaud – qui pouvait jouer le rôle de botaniste, Freycinet ne se fit pas des amis au Muséum d’histoire naturelle. Cuvier, en particulier, n’était pas favorable à la règle consistant à remplacer des naturalistes civils par des médecins-naturalistes [29]. En 1825, bien après le retour de Freycinet, Cuvier rappelait toujours aux voyageurs-naturalistes que faisaient « une grande erreur » ceux qui, « en voyage, s’occupent d’autre chose que de rassembler des moyens d’étude, soit par la préparation, soit par le dessin des choses que la préparation ne peut préserver, soit enfin en écrivant toutes les circonstances fugitives que l’objet ne porte pas avec lui ». C’était même une faute de perdre « leur temps à faire des descriptions ou des recherches de nomenclature, qu’il faudra toujours recommencer quand on sera arrivé [au] cabinet » [30].
17 Ce ne fut donc pas une mince affaire que Freycinet ait explicitement rejeté l’idée (la rayant d’un trait de plume sur une ébauche de ses instructions) que c’était seulement dans le cabinet de travail que l’on mettait au point des conclusions. « L’étude du globe », écrivit-il au lieu de cela, « ne peut être se faire dans le cabinet » [31]. D’après François Grille, qui travailla en étroite collaboration avec Freycinet après l’expédition, « Cuvier se montra, dès le départ, fort piqué contre Freycinet. Il lui garda rancune pendant tout le voyage » [32]. À la suite de « [l'] innovation du capitaine Freycinet », Quoy craignait de se présenter en personne devant Cuvier et Lamarck. Lorsque l’expédition de l’Uranie revint, couronnée de succès, avec une abondante collection pour l’histoire naturelle que Quoy et Gaimard remirent, dans son intégralité, au Muséum, et après que Quoy et Gaimard eurent suivi avec soin l’ordre et la nomenclature de Cuvier lorsqu’ils publièrent leurs découvertes, ce dernier leur en sut gré dans un compte rendu favorable. Pour Quoy, cependant, ceci n’était qu’un moyen pour Cuvier de « nous absorber et nous anéantir » et de prendre à son compte le mérite du travail qu’ils avaient rapporté [33]. Pendant ce temps, le collègue de Cuvier, Geoffroy Saint-Hilaire, tout en faisant l’éloge du travail de zoologie de Quoy et Gaimard, continua à se plaindre que les « docteurs du service de la marine » ne fussent pas formés pour la recherche en profondeur en histoire naturelle. Il en appela au gouvernement pour « laisser à des naturalistes le soin de leurs [propres] affaires » [34]. Mais à ce moment-là, Isidore Duperrey, l’ancien enseigne de Freycinet (promu lieutenant de vaisseau en mars 1821), était déjà parti sur la Coquille et avait suivi l’exemple de son ancien capitaine en n’embarquant que du personnel de la Marine.
Travail d’écriture
18 La première mesure prise par Freycinet consistait à s’assurer que ses hommes de science fussent soumis à la discipline navale ordinaire, lui donnant une autorité absolue sur les diverses opérations de ses officiers navals et scientifiques. Sa deuxième mesure fut de rassurer ses subordonnés sur le fait que l’on reconnaîtrait à chacun le mérite qui lui reviendrait pour son travail. Contrairement à ce qui s’était passé avec Baudin, il n’y eut pas de journal public dans la cabine du capitaine et Freycinet ne chercha pas à se poser en auteur unique de toutes les découvertes de l’expédition. Au lieu de cela, afin d’obtenir le maximum de scientifiques semi-professionnels, Freycinet, au départ de Toulon, émit pour tous ses officiers une liste méthodique de soixante-quinze enquêtes scientifiques qu’ils pourraient effectuer à bord du navire. À Rio de Janeiro, sa première escale, il ajouta cinq cent quatre-vingt-seize autres questions qu’ils devraient garder présentes à l’esprit lorsqu’ils seraient à terre, et qu’ils recopièrent [35]. Ce questionnaire, établi pour se prémunir contre la « sécheresse et la monotonie » de la nomenclature, ne demandait pas seulement où se trouvaient les objets et pourquoi ils s’y trouvaient, mais aussi comment les hommes, les animaux et la végétation s’adaptaient à leur environnement, et comment ils y étaient adaptés [36]. Plus important encore, la transcription des questions dans les journaux individuels fit que chacun des hommes d’équipage de Freycinet devint membre d’une équipe scientifique opérationnelle.
19 Pour établir ce questionnaire, Freycinet s’inspira d’études administratives menées en France vers la fin des années 1790, et au début des années 1800. Des notes que Freycinet laissa révèlent qu’il avait travaillé à partir d’un Mémoire statistique publié en 1803 par Boucqueau, préfet du département de Rhin-et-Moselle [37]. Pour conduire son étude administrative, Boucqueau avait également fait appel à des non spécialistes, sollicitant des associations scientifiques et littéraires pour l’aider à rassembler les réponses aux questions sur l’agriculture, l’industrie et le commerce que lui avait envoyées le ministre de l’Intérieur. Lorsqu’elles n’existaient pas encore, Boucqueau créa à partir de rien ce genre d’associations, y compris la Société d’émulation du département de Rhin-et-Moselle à Coblence, qui regroupait des « hommes éclairés et studieux » [38]. Après avoir établi son réseau d’observateurs, il restait au préfet à ordonner les renseignements fournis par les différents correspondants pour en faire un seul compte rendu des ressources du département – tâche très similaire à celle de Freycinet à son retour en France [39].
20 L’influence du questionnaire de Freycinet est clairement visible dans les journaux de l’état-major. À deux reprises, en août et octobre 1818, Freycinet donna l’ordre à ses officiers de lui communiquer leurs notes suivant le « plan de nos travaux » [40]. Le docteur Paul Gaimard, dont le journal rapportait une quantité sidérante de faits de zoologie, botanique, minéralogie et anthropologie pour chaque port d’escale, suivit explicitement le questionnaire de Freycinet, ses réponses faisant l’objet de renvois numérotés. D’autres, comme Isidore Duperrey et les pilotes Paquet et Dubois, ne numérotèrent pas forcément leurs réponses, mais ils prirent pourtant soin d’organiser leurs observations selon les intitulés fixés par leur capitaine. Dans le cas du journal de Paquet, des références chiffrées furent ajoutées à son texte par la suite [41].
21 Cette forme de croisement de références permit à Freycinet, à son retour à Paris, de rassembler les renseignements recueillis par ses subordonnés dans des endroits et ports différents, évitant les difficultés de compilation auxquelles il avait fait face dans son travail sur les papiers de Baudin. Par exemple, dans son compte rendu sur la vie animale dans l'île de Timor, Freycinet ne fit pas seulement appel aux notes des naturalistes Quoy et Gaimard, mais aussi aux siennes propres et à celles de son lieutenant Lamarche. Sa relation sur la flore de cette même île utilisa un ensemble similaire de sources auxquelles s’ajouta ce qui provenait du pharmacien botaniste Gaudichaud. Freycinet était l'« auteur » du récit complet de l’expédition, aussi bien que des volumes sur l’hydrographie, la météorologie et le magnétisme. Il fit cependant attention à attribuer les mérites spécifiques qui revenaient aux études et observations des autres, lorsqu’il les intégra à son rapport [42].
22 En tout, Freycinet supervisa la production de sept volumes de texte – sur la zoologie, la botanique, le magnétisme terrestre, la gravité, la météorologie, la navigation et l’hydrographie, aussi bien que le mémoire global de l’expédition – qui, ensemble, formèrent un compte rendu géographique exhaustif. Gaudichaud signa le volume sur la botanique ; le mérite de la relation sur la zoologie pour cette expédition revint à Quoy et Gaimard. La paternité de l’atlas de l’expédition fut attribuée à Jacques Arago et Alphonse Pellion, un aspirant qui avait été coopté comme dessinateur. Après leur retour en France, un comité consultatif du ministre de l’Intérieur présidé par Georges Cuvier contesta la rentabilité de ce projet de publication, suggérant de la réduire à trois volumes seulement, deux volumes pour le récit historique, et un résumé en un volume des découvertes scientifiques, les détails techniques étant omis. Tout en vidant l’expédition de son contenu scientifique (ce qui était probablement l’intention de Cuvier), ce programme bien moins ambitieux aurait rendu impossible la séparation minutieuse des thèmes que Freycinet avait établie. Heureusement pour Freycinet, un changement de ministre lui permit de s’en tenir à la publication qu’il prévoyait à l’origine et de payer des salaires à Quoy, Gaudichaud, Gaimard et Arago pour qu’ils travaillent sur leurs textes [43].
23 Le produit fini à partir du questionnaire de Freycinet présenta donc des différences fondamentales par rapport à des mémoires d’expéditions antérieurs. Quand bien même il s’intitulait « Historique », il ne mettait pas l’accent principal sur des descriptions au jour le jour du déroulement de l’expédition, comme ceux publiés par Bougainville, Millet-Moreau (pour La Pérouse), Labillardière (pour d’Entrecasteaux), ou Péron (pour Baudin). Il s’agissait plutôt d’un mémoire de géographie, dans lequel les descriptions les plus complètes possible étaient détaillées pour chacun des milieux où l’expédition se trouva. C’était, expliqua-t-il au ministre de l’Intérieur en 1821, « le récit abrégé de toutes les opérations de mon voyage […] les divers événements survenus dans la route et durant les relâches […] des peuples que nous avons visités […] Je décris les pays […] J’y joins une esquisse de nos travaux d’histoire naturelle […] l’exposé des résultats généraux des expériences [sur la géophysique] qui ont fait l’objet spécial de nos études » [44].
24 Les questionnaires de Freycinet eurent une conséquence plus notable sur les opérations scientifiques quotidiennes de l’expédition et sur le type de découvertes que ses hommes furent en mesure de faire. Par exemple, dans une description des pratiques traditionnelles de pêche des insulaires à Guam, l’équipage de Freycinet put établir un compte rendu, non pas sur les poissons, ou les récifs ou les marées, mais sur la gestion par les hommes de l’environnement. La pêche sur l'île de Guam était saisonnière. Les sigans, ou mañåhak, apparaissaient dans les récifs vers le mois d’avril et étaient de saison jusqu’en juin [45]. En examinant les connaissances sur l’environnement des autochtones, l’équipage de Freycinet nota la manière dont les pêcheurs étudiaient les schémas selon lesquels les poissons nageaient vers le rivage, et pêchaient les jours où les poissons adultes se mettaient en bancs. Les hommes de science de l’expédition observèrent aussi des femmes, à marée basse, glanant des petits animaux dans les coraux. Lorsqu’ils les suivirent sur les récifs, ils firent une découverte majeure concernant la nature du corail en tant que phénomène à la fois naturel et géographique. Le botaniste Gaudichaud, l’enseigne Bérard et l’artiste Arago étudièrent trois ou quatre bancs de coraux à marée basse au cours de leur travail d’investigation sur l'île de Rota aux Mariannes [46]. S’appuyant sur leurs propres observations et sur celles de leurs collègues, les naturalistes Quoy et Gaimard décidèrent que la croyance admise que les récifs coralliens étaient construits depuis les profondeurs par des madrépores et autres « animalcules » (et les îles comme Timor étaient entièrement faites de corail) était erronée. Ils déduisirent, du fait de l’absence de coraux dans les dragages effectués au cours de sondages faits par Isidore Duperrey, que les bancs n’existaient qu’à des profondeurs relativement faibles. Ils avancèrent que l’architecture particulière des récifs, compte tenu du fait que, souvent, ils abritaient des lagons d’eaux profondes, serait bien mieux expliquée par la géologie des volcans que par la botanique et la zoologie (c’est-à-dire par l’activité du corail lui-même) [47]. Cette théorie fut ultérieurement adoptée par Charles Darwin et inspira son travail sur la formation des atolls coralliens [48].
25 Afin de traiter la géographie historique des plantes et animaux dans le Pacifique Sud, Freycinet et ses hommes tirèrent aussi des enseignements du savoir des autorités coloniales espagnoles (comme Humboldt l’avait fait en Amérique du Sud). La description dans le mémoire de l’expédition des pratiques de pêche faisait aussi référence à des informations que leur avait données Don Luis de Torres sur l’élevage du comète maquereau – appelé hachuman à Guam (Decapterus sp. ou opelu) – de saison entre août et octobre (l’Uranie fut présente de mars à juin). On ne pouvait trouver des comètes maquereaux qu’au-delà des récifs, et par conséquent il fallait les pêcher à bord de canots. L’astuce consistait à faire monter les poissons des profondeurs vers la surface où ils pouvaient être pris dans des filets. Pour y parvenir, les pêcheurs utilisaient un dispositif appelé « poïo » – une demi-coquille de noix de coco creuse, lestée d’une pierre, et remplie en guise d’appât de chair de noix de coco réduite en bouillie – pour les attirer vers le haut. Le premier jour, les pêcheurs faisaient descendre ce dispositif jusqu’à environ 10 ou 14 mètres ; le deuxième jour, environ 30 à 60 cm plus haut. Ils continuaient ainsi à remonter le leurre chaque jour de quelques dizaines de centimètres, jusqu’à ce que, à peu près un mois et demi à deux mois plus tard, les comètes maquereaux se trouvent à environ 2 mètres de la surface. D’après Don Luis, le temps nécessaire pour faire remonter les poissons vers la surface avait des répercussions sur les coutumes et la politique locales. Il décrivait comment ce processus laborieux exigé pour attraper ces poissons avait impliqué la mise au point de conventions légales régissant les territoires de pêche. À chaque pêcheur revenait sa propre parcelle, délimitée par des pieux sur le rivage. Si un pêcheur était pris à attirer les poissons de la zone d’un autre, il était mis à mort [49]. L’équipage de Freycinet ne s’intéressait pas seulement aux types de poissons et aux descriptions littérales des pratiques de pêche, mais aussi à la manière dont les sociétés indigènes conceptualisaient leur environnement et concevaient des coutumes sociales et des lois afin de gérer les ressources.
26 Ainsi, le travail d’écriture de Freycinet réussit non seulement à mettre sur pied une équipe scientifique homogène, là où Baudin et d’autres voyageurs antérieurs avaient échoué, mais il élargit aussi la vision du voyageur en lui faisant établir des relations entre diverses découvertes, offrant de nouvelles perspectives dans le rapport entre les géographies humaine et physique. Les zoologistes continuèrent à s’occuper d’abord de zoologie ; les hydrographes n’abandonnèrent pas leurs cercles répétiteurs. Pourtant, comme le nota Jacques Arago, les scientifiques comptaient souvent sur « le zèle et les travaux de nos amis pour connaître les lieux que nous n’avions pas eu le pouvoir d’explorer nous-mêmes ». Les naturalistes, botanistes et astronomes étaient régulièrement mis à contribution pour effectuer des tâches pour des collègues occupés ou indisposés. Cet « échange instructif […], en-même-temps qu’il resserrait entre nous les liens d’amitié, excitait aussi notre émulation et doublait notre constance » [50].
27 Ainsi que le ferait Freycinet dans le mémoire officiel de l’expédition, ils prirent grand soin d’attribuer le mérite à leurs collègues aussi dans leurs propres journaux, utilisant des renvois pour inclure les observations des autres. Par exemple, sur Rawak, le compte rendu du pharmacien Gaudichaud sur les découvertes botaniques de l’expédition fit amplement usage des données minéralogiques, topographiques et sociales pour décrire tant la distribution de la flore que les rapports entre espèces et environnement. Il lui fut facile de pouvoir intégrer les informations des autres en suivant « l’ordre d’exploration […] établi, celui qui commence au bord de la mer, passe par les plages et finit vers les montagnes » [51]. Le résultat final des emprunts de Gaudichaud fut l’esquisse d’une « géographie des plantes » d’Océanie [52]. En présentant la distribution géographique ainsi que la classification linnéenne des plantes trouvées lors de son expédition, Gaudichaud avait créé, comme l’avait fait son capitaine dans son « Historique », une référence entièrement nouvelle pour la présentation des découvertes en botanique [53].
Retour de la gloire
28 La circumnavigation suivante, sous le commandement d’Isidore Duperrey, ancien enseigne de Freycinet, utilisa aussi le questionnaire de ce dernier. Plus de vingt ans après, alors qu’il était membre de l’Académie des Sciences, il le reprit encore une fois, contribuant à la rédaction d’instructions pour l’expédition de Raffenel, commissaire de la Marine, vers l’intérieur des terres en Afrique Occidentale. C’était, expliqua-t-il, un « aide-mémoire » essentiel si l’on « veut ne rien omettre d’essentiel dans la description d’un pays dont on désire faire connaître non-seulement la position, l’étendue, l’aspect, le caractère, l’industrie et la constitution physique, morale et politique des habitants » [54]. Le questionnaire de Freycinet continua à circuler dans les milieux et institutions s’occupant d’expéditions jusque vers la fin du XIXe siècle. En 1882, Théodore Hamy, dans une discussion sur les instructions émises par le Muséum d’histoire naturelle pour les voyageurs ethnographes, révéla que ses propres questionnaires avaient été établis en suivant « la méthode de Freycinet » [55].
29 La longévité du questionnaire n’était cependant pas suffisante pour assurer que, dans de futures expéditions, les équipes remettraient en place le type de collaboration obtenu par Freycinet. Les explorations navales suivantes ne produisirent pas le même type de mémoire géographique « mixte » de l’expédition, comme Freycinet l’avait fait. Ce qui parut de l'« Historique » de Duperrey avant sa publication était fragmentaire et constituait un retour à un récit chronologique traditionnel [56]. Jules-Sébastien César Dumont d’Urville préféra lui aussi présenter ses voyages autour du monde de 1826-1829 et de 1837-1840 d’un point de vue historique plutôt que géographique. Il décrivit le compte rendu de son expédition vers le Pôle Sud comme ni plus ni moins qu’un « récit fidèle et sincère des événements qui ont eu lieu dans le cours du voyage » [57].
30 En dépit du fait que la règle de Freycinet, selon laquelle seul du personnel de la Marine devait être engagé pour les expéditions, fut aussi appliquée pour les explorations suivantes, les scientifiques cherchant à égaler la réputation de « Humboldt » trouvèrent un moyen pour revenir à bord. En 1822, Isidore Duperrey, pour satisfaire Jules Dumont d’Urville, son équivalent en rang dans la marine et co-auteur de son projet de voyage, et son second sur la Coquille, décida que, à cause de la « nécessité d’établir sur des bases certaines l’harmonie qui devait exister entre nous », les deux hommes partageraient le travail « selon [leurs] goûts prédominants » [58]. Duperrey se chargerait des observations en hydrographie, astronomie et physique, alors que Dumont d’Urville serait aux commandes pour l’histoire naturelle. On ne s’attendait pas à ce qu’ils coopèrent activement. Ce qui s’ensuivit fut une série de chicanes et de susceptibilités froissées entre Duperrey et Dumont d’Urville, ce qui, d’après ce que nota le médecin-naturaliste René Primavère Lesson, ajouta aux tensions « qu’éprouvent naturellement des officiers pleins de force et d’ambition, parqués dans d’étroites cabines et toujours en face les uns des autres » [59]. Plus spécifiquement Dumont d’Urville critiqua la prudence de Duperrey lorsqu’ils passèrent au large des îles Schouten en Nouvelle Guinée occidentale : il cabota « à douze à quinze lieues de distance sans avoir le désir d’en opérer la reconnaissance » [60]. C’était le genre de récrimination qui avait été faite sous Baudin.
31 Dumont d’Urville s’était senti trahi lorsque Duperrey avait été nommé capitaine du navire avant même que l’expédition n’ait quitté la France. Irrité parce que, à Toulon, Duperrey s’était mis à lui parler comme s’il était son supérieur, Dumont d’Urville avait décidé d’adopter une attitude d’obéissance passive. Tout en évitant l’insubordination ouverte, Dumont d’Urville affirma son autorité distincte par des moyens limités mais significatifs. Après une dispute avec Duperrey, Dumont d’Urville cessa de faire des observations d’astronomie, et, au lieu de cela, se consacra entièrement à l’histoire naturelle. Il s’enfermait dans sa cabine lorsqu’il écrivait ou travaillait sur ses spécimens. Sur le pont, il se mettait en vêtements civils, portant rarement son uniforme. À terre, il était « débraillé, sans bas, en culotte de toile percée, en veste de coutil flottante, sans cravate, et coiffé d’un mauvais chapeau de paille percé à jour » [61].
32 Déjà sur la Coquille, Dumont d’Urville programmait son prochain voyage autour du monde. Il le commanderait lui-même, et ce serait, songeait-il, une expédition si ambitieuse que même Humboldt ne l’aurait pas entreprise. Alors même, continuait-il, qu’il n’osait pas s’imaginer être l’égal de Humboldt, il espérait que, dans les annales de la renommée, il restait encore quelques lignes qui valaient la peine qu’on aspire à les remplir [62]. Dans son récit historique de l’expédition de l’Astrolabe (1826-1829), Dumont d’Urville mit en avant une seule voix forte dans la narration : la sienne. Soucieux de son image, il rejeta l’organisation par Freycinet des sujets selon leur localisation et leur thème, il en revint à un compte rendu historique des événements vus par les yeux d’un commandant [63]. Les observations des membres de son état-major, parmi lesquels Quoy et Gaimard, les naturalistes de Freycinet, furent ajoutées séparément dans des appendices à la fin de chaque volume. Certains lecteurs furent extrêmement critiques. Le naturaliste de l'Île de France, Émile Desjardins, assura son ami Quoy que ses contributions et celles d’autres étaient « fort agréables », mais que l’exposé principal de Dumont d’Urville souffrait, à son avis, d’une « sécheresse épouvantable ». Ce n’était qu’un compte rendu de ses droits à la gloire en cinq volumes [64].
34 La vision plus large de l’environnement représentée par la géographie « mixte » innovante de Freycinet ne survécut donc pas à l’ombre de Humboldt, ni à la recherche de gloire individuelle devenue plus importante que les efforts faits en collaboration. Pourtant, l’expérience du voyage, du travail aux côtés de personnes ayant des intérêts scientifiques et des programmes différents, continua à avoir un impact certain en termes d’élargissement des intérêts de chacun pour la science, depuis l’étude des pirogues polynésiennes par l’enseigne de vaisseau Édouard Pâris jusqu’à l’analyse par le médecin-botaniste Adolphe-Pierre Lesson des langues de Polynésie, sujets que tous deux traitèrent lorsqu’ils servirent sous Dumont d’Urville sur l’Astrolabe [65]. Ce fut, de manière ironique, l’ascendant de Humboldt, plutôt que son manque d’influence, qui interdit que tels intérêts continuent à s’associer dans des observations plus pénétrantes sur l’environnement.
Mots-clés éditeurs : collaboration., voyages par mer, science, Louis de Freycinet, géographie de l’environnement
Date de mise en ligne : 26/10/2016
Notes
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[1]
Traduction française assurée par Lucie Perrier.
-
[2]
Jacques Arago, Promenade autour du monde, pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820, sur les corvettes du Roi, l’Uranie et la Physicienne, commandées par M. Freycinet, Paris, Leblanc, 1822, vol. 1, p. vi-vii.
-
[3]
AN, Mar 5JJ/62b, p. 2.
-
[4]
François Lasnon de La Renaudiere, « Notice annuelle des travaux de la Société de Géographie », Bulletin de la Société de Géographie, 8, 1827, p. 299.
-
[5]
Conrad Malte-Brun, « Promenades autour du monde », Nouvelles annales des voyages, 18, 1823, p. 241.
-
[6]
Par exemple, de nombreux travaux ont été effectués pour révéler les controverses tant politiques que personnelles qui minèrent la mission de Baudin, parmi lesquels : Jean-Paul Faivre, L’Expansion française dans le Pacifique de 1800 à 1842, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1953 ; Frank Horner, The French Reconnaissance : Baudin in Australia, 1801-1803, Victoria, Melbourne UP, 1987 ; Jean Fornasiero et John West-Sooby, « Naming and Shaming : The Baudin Expedition and the Nomenclature of the Terres Australes », dans Alfred Hiatt, Anne Scott, Christopher Wortham (dir.), Perceptions of Terra Australis, Londres, Ashgate , 2011, p. 141-57 ; Nicole Starbuck, Baudin, Napoleon and the Exploration of Australia, Londres, Pickering & Chatto, 2013. Très récemment, Jean-Luc Chappey a avancé que les accusations à l’encontre de Baudin, en particulier celles de François Péron, servaient à faire ressortir la rupture dans les cercles scientifiques français avec les idées révolutionnaires et républicaines sur la perfectibilité de l’homme et de la société : « François Péron et l’observation des populations antipodéennes », AHRF, n° 375, 2014, p. 139-59.
-
[7]
AN, Mar 5JJ/62b, p. 1.
-
[8]
Alexander von Humboldt, « Beobachtungen über das Gesetz der Wärmeabnahme in den höhern Regionen der Athmosphäre, und über die untern Gränzen des ewigen Schnees », Annalen der Physik, 24, 1806, p. 2.
-
[9]
Michael Dettelbach, « Humboldtian Science » dans Nicholas Jardine, James A. Secord et Emma C. Spary (dir.) Cultures of Natural History, Cambridge, Cambridge UP, 1996, p. 300.
-
[10]
Richard Sorrenson, « The ship as a scientific instrument in the eighteenth century », Osiris, 2nd series, vol. 11, 1996, p. 229. L’idée qu’un bateau soit un instrument pour la cartographie a été à l’origine suggérée par Bruno Latour, « The Force and Reason of Experiment », dans H. Legrand (dir.) Experimental Inquiries, Dordrecht, Kluwer, 1990, p. 56. J’ai étudié l’utilité de l’idée d’un « laboratoire flottant » plus en détail dans Ralph Kingston, « A not so Pacific voyage : the “floating laboratory” of Nicolas Baudin », Endeavour, 31, 2007, p. 145-51. Voir également de William Hasty, « Piracy and the production of knowledge in the travels of William Dampier, c. 1679-1688 », Journal of Historical Geography, 30, 2010, p. 1-15 ; Antony Adler, « The ship as laboratory : making space for field science at sea », Journal of the History of Biology, 47/3, 2014, p. 333-62 ; Anne-Flore Laloë, « Where is Bathybius haeckelii ? The Ship as a Scientific Instrument and a Space of Science », dans Donn Leggett et Richard Dunn (dir.), Re-inventing the Ship : Science, Technology and the Maritime World, 1800-1918, Farnham, Ashgate, 2012, p. 113-30.
-
[11]
L’utilisation de la technologie pour traduire des phénomènes hors de leur contexte original à fin d’investigation est un aspect essentiel de la « science de laboratoire » d’après Karin Knorr Cetina, Epistemic Cultures : How Sciences Make Knowledge, Cambridge MA, Harvard UP, 1999, p. 27. Voir aussi Bruno Latour et Steve Woolgar, Laboratory Life : The Construction of Scientific Facts, Princeton, Princeton UP, 1986, et Bruno Latour, Science in Action : How to Follow Scientists and Engineers through Society, Cambridge MA, Harvard UP, 1987. Comme l’a soutenu Robert E. Kohler, la science en laboratoire et celle sur le terrain ne sont en aucune façon radicalement différentes, et les principes qui président à l’élaboration de la connaissance sont semblables dans les deux cas : Landscapes and Labscapes : Exploring the Lab-Field Border in Biology, Chicago, University of Chicago Press, 2002.
-
[12]
Cette liste est extraite d’une demande d’approvisionnements pour l’Uranie en 1816 et 1817, SHD Vincennes (Marine) BB4/998.
-
[13]
Sur la discipline pour tenir des journaux, voir aussi Simon Schaffer, « “On Seeing me Write”, Inscription Devices in the South Sea », Representations, 97, 2007, p. 90-122.
-
[14]
Bernard-Germain-Étienne de Lacépède, Histoire naturelle des poissons, Paris, Plassan, an VI/1798, vol. I, p.188-9. À la baie des Chiens-Marins en 1801, François Péron fit des recherches (et s’inscrivit en faux) sur ce que Dampier avait avancé : François Peron et Louis de Freycinet, Voyage de découvertes aux terres australes, 2e édition, Paris, Arthus Bertrand, 1824, vol. 3, p. 326-31.
-
[15]
Nigel Rigby, « The Politics and Pragmatics of Seaborne Plant Transportation,
1769-1805 » dans Margarette Lincoln (dir.), Science and Exploration in the Pacific : European Voyages to the Southern Oceans in the Eighteenth Century, Woodbridge, Boydell Press, 2001,
p. 81-100 ; Dulcie Powell, « The Voyage of the Plant Nursery, HMS Providence, 1791-1793 », Economic Botany, 31, 1977, p. 387-431. -
[16]
Sur les emprunts de Humboldt, voir Jorge Canizares-Esguerra, Nature, Empire and Nation. Explorations of the History of Science in the Iberian World, Stanford, Stanford UP, 2006, p.112-28. Sur les « empires » de la botanique, voir Londa L. Schiebinger, Plants and Empire : Colonial Bioprospecting in the Atlantic World, Cambridge MA, Harvard UP, 2004 ; Richard Grove, Green Imperialism : Colonial Expansion, Tropical Island Edens and the Origins of Environmentalism, 1660-1860, Cambridge, Cambridge UP, 1995.
-
[17]
Cité par Dorinda Outram, Georges Cuvier : Vocation, science and authority in post-revolutionary France, Manchester, Manchester UP, 1984, p. 62-3.
-
[18]
« Instructions sur les recherches qui pourraient être faites dans les colonies, sur les objets qu’il serait possible d’y recueillir et sur la manière de les conserver et de les transporter », Mémoires du Muséum d’Histoire naturelle, 4, 1818, p. 193-239. Comme l’a affirmé Lorelaï Kury, ce document et des versions ultérieures indiquaient clairement que les voyageurs devaient être des collecteurs de données et que le travail réel d’examen, d’analyse et de classification serait effectué au retour à Paris : « Les instructions de voyage dans les expéditions scientifiques françaises (1750-1830) », Revue d’histoire des sciences, 51/1, 1998, p. 65-92.
-
[19]
Richard W. Burkhardt Jr., « Naturalists’ Practices and Nature’s Empire : Paris and the Platypus, 1815-1833 », Pacific Science, 55/4, 2001, p. 327-41 ; Françoise Thésée, Auguste Plée, 1786-1825 : un voyageur naturaliste, Paris, Éditions Caribéennes, 1989.
-
[20]
Anne-Marie-Claire Godlewska, Geography Unbound : French Geographic Science from Cassini to Humboldt, Chicago, University of Chicago Press, 1999, p. 188, 264.
-
[21]
L’examen d’individus à qui l’on reconnaissait des succès particuliers – par exemple, dans les travaux de Edward Duyker (sur Labillardière, Péron et Dumont d’Urville), d’Hélène Richard (sur la mission de d’Entrecasteaux), et de Nicole Starbuck (sur la mission Baudin) – n’a pas réussi à dissiper cette impression.
-
[22]
Bronwen Douglas, Science, Voyages, and Encounters in Oceania, 1511-1850, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2014 ; Bronwen Douglas et Chris Ballard (dir.), Foreign Bodies : Oceania and the Science of France, 1750-1940, Canberra, ANU Press, 2008 ; Martin Staum, Labeling People : French Scholars on Society, Race and Empire, 1815-1848, Montréal et Kingston, McGill-Queen’s UP, 2003.
-
[23]
Marie-Noëlle Bourguet, « The Explorer » dans Michel Vovelle (dir.), Enlightenment Portraits, trad. Lydia G. Cochrane, Chicago, University of Chicago Press, 1997, p. 301, 306.
-
[24]
Cet article suit le chemin tracé par Hélène Blais, Voyages au grand océan. Géographies du Pacifique et colonisation, 1815-1845, Paris, Éditions du CTHS, 2005. Sur les « géographies plurielles » dans les administrations d’État, voir Éric Brian, La mesure de l’État. Administrateurs et géomètres au XVIIIe siècle, Paris, Albin Michel, 1994 ; Ralph Kingston, « Trading places : Accumulation as mediation in French ministry map dépots, 1798-1810 », History of Science 52/3, 2014, p. 247-76 ; Dominique Margairaz, « La géographie des administrateurs », dans Hélène Blais et Isabelle Laboulais (dir.), Géographies plurielles. Les sciences géographiques au moment de l’émergence des sciences humaines, Paris, Harmattan, 2005 ; Idem, François de Neufchâteau. Biographie intellectuelle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2005.
-
[25]
Sur le naufrage de la réputation de Baudin qui s’ensuivit, voir Jean-Luc Chappey, « Le capitaine Baudin et la Société des observateurs de l’homme. Questions autour d’une mauvaise réputation », dans Michel Jangoux (dir.), Portés par l’air du temps : les voyages du capitaine Baudin, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2010, p. 145-156.
-
[26]
Hervé Ferriére, Bory de Saint-Vincent. L’évolution d’un voyageur naturaliste, Paris, Éditions Syllepse, 2009.
-
[27]
J’ai traité de cette expédition en profondeur dans Ralph Kingston, « A not so Pacific voyage… », art.cit.
-
[28]
Louis de Freycinet, Voyage de découvertes aux terres australes… Navigation et géographie, Paris, Imprimerie Royale, 1815, p. vii.
-
[29]
Plus de trente civils demandèrent à se joindre à l’expédition : François Grille, Louis de Freycinet, sa vie de savant et de marin, ses voyages, ses ouvrages, ses lettres, son caractère et sa mort, Paris, Ledoyen, 1853, p. 10. Le ministre de l’Intérieur Lainé ne donna pas suite à la tentative de Cuvier de faire monter à bord une personne nommée par le Muséum le 11 novembre 1816 : SHD Vincennes (Marine) BB4/998.
-
[30]
Louis Isidore Duperrey, Voyage autour du monde sur la Coquille. Partie historique, Paris, Imprimerie Royale, n.d., p. xli.
-
[31]
AN, Mar 5JJ/62b, p.1 bis-2.
-
[32]
François Grille, Louis de Freycinet, op. cit., p. 11.
-
[33]
« Lettres inédites de Quoy à Julien Desjardins », Revue historique et littéraire de l’Ile Maurice, 8, 1er juin 1898, p. 125. Freycinet s’inquiétait aussi du fait que le naturaliste Temminck fasse une publication sur leurs découvertes ornithologiques avant que le rapport officiel de l’expédition paraisse, dépossédant Quoy de ses droits de « voyageur et auteur » : lettre de Freycinet à Quoy, 14 mars 1822, Médiathèque Michel Crépeau, La Rochelle, MS2510.
-
[34]
Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, « Rapport fait à l’Académie royale des sciences sur la partie zoologique du Voyage autour du Monde, de M. le Capitaine de vaisseau Louis de Freycinet […]. Séance du 9 mai 1825 », Annales maritimes et coloniales, Paris, Imprimerie nationale, 1825, p. 167-8. Les Annales maritimes furent assez téméraires pour expliquer, point par point, combien Geoffroy Saint-Hilaire était dans l’erreur.
-
[35]
L’exemplaire personnel du questionnaire rédigé par Freycinet (AN, Mar 5JJ/62b) a été analysé et reproduit dans Hélène Blais « Un protocole d’enquête pour un voyage autour du monde : universalisme et organisation pratique », Revue d’histoire des sciences humaines, 9, 2003, p. 165-201. Pour des copies faites par l’état-major, voir Laurent Railliard, « Journal historique », AN Mar 5JJ/68 ; C.-L.-Théodore Laborde, « Journal », AN Mar 5JJ/79 ; Paul Gaimard, « Voyage physique dans l’hémisphère austral, et autour du monde », State Library of Western Australia, 3506a. Duperrey recopia une version du questionnaire concernant le travail sur terre dans un autre carnet : Louis Isidore Duperrey, « Tableau des observations à faire pendant un voyage », AM Mantes-la-Jolie, 3s 6.
-
[36]
AN, Mar 5JJ/62/b. À l’inverse, le questionnaire de l’Académie des sciences avait été établi pour leur donner des instructions sur ce qu’ils devaient recueillir exactement, et pour réduire au minimum leurs prises de décisions : Paul Gaimard, « Voyage physique… », op. cit., p. 72-87.
-
[37]
Ibidem, Philippe Boucqueau, Mémoire statistique du département de Rhin-et-Moselle, Paris, Imprimerie de la République, an XII.
-
[38]
Ibid., p. 186 ; Michael Rowe, Reich to State : The Rhineland in the Revolutionary Age, 1780-1830, Cambridge, Cambridge UP, 2003, p. 138.
-
[39]
Sur les statistiques administratives pendant la Révolution et l’Empire, voir Bertrand Gille, Les sources statistiques de l’histoire de France, Genève, Droz, 1964 ; Jean-Claude Perrot, L’âge d’or de la statistique régionale française (an IV-1804), Paris, Société des études robespierristes, 1977 ; Isabelle Guégan, Inventaire des enquêtes administratives et statistiques, 1789-1795, Paris, Éditions du CTHS, 1991 ; Stuart Woolf, « Contribution à l’histoire de la statistique : France,
1789-1815 », dans Louis Bergeron (dir.), La statistique en France à l’époque napoléonienne, Bruxelles, Centre Guillaume Jacquemyns, 1981 ; Isabelle Laboulais-Lesage, Lectures et pratiques de l’espace. L’itinéraire de Coquebert de Montbret, savant et grand commis de l’Etat (1755-1831), Paris, H. Champion, 1999 ; Marie-Noëlle Bourguet, Déchiffrer la France. La statistique départementale à l’époque napoléonienne, Paris, Éditions. des archives contemporaines, 1988. -
[40]
Paul Gaimard, « Voyage physique… », op. cit., p. 269, 289.
-
[41]
Louis Isidore Duperrey, « Journal tenu à bord » ; journaux de C.J.H. Paquet et Jean Dubois, AN, Mar 5JJ/70.
-
[42]
Louis de Freycinet, Voyage autour du monde … pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820. Historique, Paris, Pillet aîné, 1825, vol 1, p. 576, 585. Ceci s’appliqua aussi au volume officiel sur l’hydrographie. Freycinet écrivit à Duperrey, le 9 avril 1824, lui promettant qu’il trouverait « quelques fleurons à ajouter à [sa] couronne » : SHD Vincennes (Marine) 168GG2.
-
[43]
Ibidem, p. 14, 30-31, 40-41, 59.
-
[44]
Ibid., p. 42.
-
[45]
Idem, Voyage autour du monde … Historique, op. cit., 1829, vol. 2, p. 151, 273.
-
[46]
Charles Gaudichaud, Voyage autour du monde … exécuté sur les corvettes de S.M. l’Uranie et la Physicienne, pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820. Botanique, Paris, Pillet aîné, 1826, p. 80-81.
-
[47]
Jean-René-Constant Quoy et Paul Gaimard, « Mémoire sur l’accroissement des Polypes lithophytes considéré géologiquement », dans Voyage autour du monde… exécuté sur les corvettes de S.M. l’Uranie et la Physicienne, pendant les années 1817, 1818, 1819 et 1820. Zoologie, Paris, Pillet aîné, 1824, 2e partie, p. 666.
-
[48]
Charles Darwin, The Structure and Distribution of Coral Reefs, Londres, Smith, Elder and Co., 1842 ; Frederick Burkhardt, « Darwin’s early notes on Coral Reef Formation », Earth Sciences History, 3/2, 1984, p. 160-3.
-
[49]
Louis de Freycinet, Voyage autour du monde… Historique, op. cit., vol. 2, p. 436,
439-441, 484. -
[50]
Jacques Arago, op. cit., vol. 2, p. 309-10.
-
[51]
Charles Gaudichaud, Voyage… Botanique, op. cit., p. 66. Sur les diverses participations des membres de l’équipage de Freycinet à la géologie de Rawak, voir Louis de Freycinet, Voyage autour du monde… op. cit., vol. 2, p. 35-43.
-
[52]
Charles Gaudichaud, Voyage … Botanique, op. cit., p. 52-54.
-
[53]
Cette nouvelle présentation fut reprise dans les volumes de botanique rédigés par Achille Richard pour le voyage autour du monde de Dumont d’Urville sur l’Astrolabe tout comme dans des travaux anglais tels que The Botany of Captain Beechey’s Voyage (1831) : Augustin Pyrame de Candolle, Notice sur les progrès de la botanique pendant l’année 1832, Genève, Bibliothèque universelle, 1833, p. 38.
-
[54]
François Arago, Louis Cordier, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Charles Gaudichaud, et Louis Isidore Duperrey, « Instructions demandées à l’Académie des Sciences par M. le ministre de la Marine pour un voyage d’exploration dans l’intérieur de l’Afrique », dans Compte rendu des séances de l’Académie des Sciences, Paris, Bachelier, 1846, vol. 22, p. 975.
-
[55]
« Séance du 1er juin 1882 », Bulletin de la Société d’Anthropologie, 3e série, 5, 1882, p. 456. Voir aussi Hélène Blais, « Un protocole d’enquête… », art. cit., p. 171.
-
[56]
Louis Isidore Duperrey, Voyage autour du monde sur la Coquille, op. cit.
-
[57]
Jules Sébastien César Dumont d’Urville, Voyage au Pôle Sud et dans l’Océanie sur les corvettes l’Astrolabe et la Zélée… Histoire du voyage, Paris, Gide, 1847, vol. 1, p. i.
-
[58]
Louis Isidore Duperrey, Mémoire sur les opérations géographiques faites dans la campagne de la corvette de SM la Coquille, pendant les années 1822, 1823, 1824 et 1825, Paris, Huzard-Courcier, 1828, p. 4 ; Jules Dumont d’Urville s’exprima de la même façon dans une lettre à Lefebure de Cérisy, le 22 janvier 1822, SHD Toulon, 23S 08.
-
[59]
René Primavère Lesson, Notice historique sur Dumont d’Urville, op. cit., p. 55-56.
-
[60]
Jules Dumont d’Urville, Voyage de la corvette l’Astrolabe … Histoire du voyage, Paris, J. Tastu, 1830-1833, vol. 4, p. 548. Voir également John Dunmore, French Explorers in the Pacific, vol. 2, Oxford, Clarendon Press, 1969, p. 178-227.
-
[61]
René Primavère Lesson, Notice historique sur Dumont d’Urville, op. cit., p. 58.
-
[62]
Jules Dumont d’Urville, Journal de la Coquille, AM Condé-en-Normandie, ms 11, p. 71 (cité avec l’autorisation de M. Pascal Allizard, sénateur et maire de Condé-en-Normandie). Le culte de Humboldt en tant que héros était patent chez Dumont d’Urville, en particulier au cours de son expédition de 1826. Il donna le nom de Humboldt à une baie (en Indonésie à l’heure actuelle) d’après « un des voyageurs prééminents du siècle » et le seul savant qui s’était « activement intéressé au voyage de l’Astrolabe » : Voyage de la corvette l’Astrolabe… Histoire du voyage, op. cit., vol. 4, p. 561-562.
-
[63]
Jules Dumont d’Urville, Voyage de la corvette l’Astrolabe …, Histoire du voyage, op. cit., vol. 1, p. xxx-xxxiii.
-
[64]
Lettre, Émile Desjardins à Jean-René-Constant Quoy, 26 février 1826, Médiathèque Michel Crépeau, La Rochelle, MS2510.
-
[65]
Les dessins de pirogues d’Édouard Pâris sont reproduits dans le Voyage de la corvette l’Astrolabe. Atlas historique, de Jules Dumont d’Urville, op. cit., Le travail de Adolphe-Pierre Lesson est disponible en ligne à la Médiathèque de Rochefort, « Les fonds et l’œuvre de Pierre-Adolphe Lesson (1805-1888) » http://lesson.odsas.net/ .