La retranscription de cet entretien a été effectuée par Véronique Fourault-Cauët et Christophe Quéva, rédacteurs en chef des Annales de Géographie.
Olivier Lazzarotti (OL) : Bonjour Aurélien Bellanger, je voudrais tout d’abord, au nom des Annales de géographie et de mes collègues, vous remercier d’avoir accepté de nous rencontrer, et nous sommes très heureux de pouvoir échanger avec vous aujourd’hui. L’objectif de ce numéro de la revue est de porter un regard critique sur l’écriture scientifique de la géographie, avec l’idée que cette pratique académique était, peut-être, amputante. C’est une écriture qui a des qualités, des avantages qu’il ne faut absolument pas négliger mais qui, par ailleurs, fait parfois obstacle à l’idée de faire émerger un certain nombre de processus qui intègrent les lieux, le monde, les territoires à nos sociétés, à ce que nous sommes. Le but de ce numéro est de suggérer qu’on pourrait proposer d’autres et de nouvelles manières d’écrire autour et avec la géographie. Certains collègues écrivent ainsi sur le théâtre, la poésie dans ce numéro ; et nous avons pensé à quelques auteurs comme vous ou Alain Mabanckou pour les faire parler sur cette ressource que sont les lieux et la géographie dans leur écriture. Nous avons eu une rencontre avec Diane Meur autour de La Carte des Mendelssohn, et j’ai vu dans Le Grand Paris que vous commencez également par une carte… Vous êtes dans les critères, tant pis pour vous !
Henri Desbois (HD) : Puisqu’il s’agit d’un numéro sur les écritures scientifiques, qui sont très normées implicitement et explicitement, et que nous voulions explorer ce qui se trouve autour de cette écriture, votre nom est sorti très tôt car vous parlez énormément de géographie, par le titre, le choix de la couverture de l’édition de poche avec une carte géologique… et tous vos romans ont une dimension géographique ainsi que votre recueil de chronique…