Couverture de AG_728

Article de revue

Le terrorisme comme objet géographique : un état des lieux

Pages 5 à 36

Notes

  • [1]
    Ce dont témoignent, par exemple, les controverses concernant la géopolitique (tout comme celles sur le statut et la portée de la géographie politique) durant une bonne partie de la seconde moitié du xxe siècle. À titre indicatif il est également intéressant de relever que les deux livres publiés en France sur la géopolitique du terrorisme (Baudouï, 2009 et Dasque, 2013) ne sont pas l’œuvre de géographes.
  • [2]
    On trouvera une récente discussion de nombreux aspects théoriques et définitionnels du terrorisme dans Bret (2018), et des compléments sur notre approche dans Dory (2017).
  • [3]
    Cette caractérisation se fonde sur la formulation clausewitzienne classique : « La guerre est un acte de violence engagé pour contraindre l’adversaire à se soumettre à notre volonté » (Clausewitz, 2014, 20).
  • [4]
    Ce dont témoigne le livre de Cutter et al. (2003) qui constitue aussi un document historique très révélateur de la tendance nord-américaine qui consiste à affronter un problème politique avec des outils principalement technologiques (ici les SIG). Voir à ce propos les comptes rendus de cet ouvrage parus dans les Annals of the Association of American Geographers, vol. 94, n° 4, 2004, p. 992-1002.
  • [5]
    Ce phénomène est également perceptible en France, au moins depuis 2012 (affaire Merah), et s’est accentué à partir de 2015.
  • [6]
    Pour un aperçu des différentes bases de données portant sur les actes de terrorisme et les problèmes définitionnels et empiriques qu’elles soulèvent, voir : Schmid (2013, Chap. 5, 294-340) et Bowie (2017). La GTD (Global Terrorism Database) issue du Consortium START (Study of Terrorism and Responses to Terrorism), basée à l’Université du Maryland avec un financement provenant principalement du gouvernement des États-Unis, est – de loin – la meilleure base de données en accès libre (www.start.umd.edu). Cette institution élabore périodiquement des cartes (au niveau mondial) des attentats terroristes jusqu’en 2017, et ses données servent de base au très utile Global Terrorism Index (en accès libre en format pdf) qui paraît annuellement depuis 2012 (sauf en 2013) qui en fournit une première analyse. Concernant seulement le terrorisme international, Edward Mickolus (ancien analyste de la CIA) et divers collaborateurs ont publié une série de volumes contenant une chronologie des évènements depuis 1968 à nos jours qui offre une masse d’informations difficiles à trouver ailleurs. À titre d’exemple on peut consulter Mickolus (2016) qui porte sur les années 2013-2015, comprenant donc les principaux attentats à Paris. Le problème méthodologique que pose le fait de devoir s’appuyer sur des sources secondaires (en outre très dépendantes des médias internationaux et/ou locaux) est ici difficilement contournable. Il ne concerne toutefois pas le seul terrorisme, mais il s’aggrave ici car les données sont produites souvent « à chaud » dans des conditions qu’il s’agit d’élucider autant que possible.
  • [7]
    Relèvent du terrorisme international les actes dont les acteurs et les victimes sont de nationalités différentes et impliquent donc – à titres divers – au moins deux pays. La base de données ITERATE (International Terrorism : Attributes of Terrorist Events) enregistre ce type d’incidents sous la direction de Mickolus (voir note 4). Il convient toutefois de retenir que suivant plusieurs estimations le terrorisme international ne représente qu’entre 10 et 15 % du total des actes qui se produisent dans le monde.
  • [8]
    En marge de la recherche géographique, on peut aussi signaler la série d’articles monographiques concernant le terrorisme dans plusieurs pays (France, Pérou, Mexique, Indonésie, etc.) dans la revue médicale Prehospital and Disaster Medicine, vol. 18, n° 2, 2003 ; ainsi que l’article de Baez et al. (2008) sur l’épidémiologie du terrorisme en Amérique latine.
  • [9]
    Cette interruption entre 1996 et 2012 des attentats islamistes peut, sans doute être en partie interprétée comme correspondant à un phénomène générationnel évoqué par Laqueur (1979, 96). Hypothèse renforcée en comparant l’écart entre les années de naissance des protagonistes majeurs des épisodes correspondant à ces deux dates : Khaled Kelkal, 1971 et Mohamed Merah, 1988.
  • [10]
    Auquel on peut relier l’attaque de Carcassonne/Trèbes du 23 mars 2018, (5 morts, dont l’assaillant), qui ne figure pas sur la carte, car l’année 2018 est inachevée au moment de la rédaction de cet article.
  • [11]
    À ne pas confondre avec les « loups solitaires », extrêmement rares, (tels que « Unabomber » aux États-Unis, ou Anders Behring Breivik en Norvège…). Les acteurs solitaires sont, quant à eux, reliés idéologiquement et généralement par Internet à une organisation et obéissent aux consignes qui leur sont destinées (Nesser, 2012 ; Ellis et al. 2016). Dans le cas de l’État islamique, leurs actes sont ensuite revendiqués comme des exploits des « soldats du Califat ».
  • [12]
    Ces données, au demeurant fort utiles, sont consultables sur le site : www.stanford.edu
  • [13]
    À titre d’exemple de recherches portant sur des localisations précises en vue d’y mener des opérations contre-terroristes, dans ce cas dans la zone frontalière montagneuse entre l’Afghanistan et le Pakistan en quête de O. ben Laden après le 11 septembre 2001, on a : Beck, (2003) : Shroder, (2005) et Guillespie et al. (2009).
  • [14]
    Voir aussi l’instructive comparaison entre les FARC colombiennes et le PKK Kurde, basée sur la diversité des espaces auxquels ces deux organisations ont accès (Eccarius-Kelly, 2013). Pour un premier aperçu de la distribution de la violence politique en Colombie (malheureusement désignée dans son ensemble, et à tort, comme « terrorisme »), on consultera Toll (2017). Sur le Sentier lumineux : Taylor (2017).
  • [15]
    Pour une première approche de cette question, voir Gayraud (2017).
  • [16]
    Sur ce point, voir : Chaliand, (2008, 652-687), et surtout Trinquier (2017).
  • [17]
    Il existe plusieurs éditions de ce rapport. Nous avons utilisé la suivante : The 9/11 Report, St. Martin’s Paperbacks, New York, 2004, où la section 12/2 figure aux p. 522-535.
  • [18]
    On dispose avec l’article de Ó Tuatail (2009) d’une bonne illustration de la démarche de la critical geopolitics en relation avec le terrorisme. Ainsi, à propos de l’attaque de l’école de Beslan (Ossétie du Nord, 1-4 septembre 2004), l’auteur montre la coexistence d’au moins trois ensembles discursifs contrastés : celui des terroristes, celui du Kremlin et celui des populations et autorités locales. Cette approche, incontestablement éclairante sur les multiples enjeux mobilisés par cet acte n’épuise pas pour autant le sujet. En effet, au-delà des indispensables précisions sur les conditions factuelles de l’attaque (cf. par exemple, Mickolus, 2006, 337-353), ce type de travaux pose le problème, certes difficile à résoudre, de l’articulation entre les recherches spécialisées qui concernent les deux grands aspects du complexe terroriste, à savoir le terrorisme lui-même (actes, acteurs, lieux et moments) et l’anti et contre-terrorisme. On trouvera quelques éléments additionnels de réflexion sur ce thème dans le livre de Bigo ; Bonelli et Deltombe (2008).
  • [19]
    Accessible sur le site : www.state.gov
  • [20]
    Le MEK bénéficie actuellement du soutien affiché de l’administration Trump et de personnalités politiques européennes en syntonie avec la stratégie de confrontation avec l’Iran promue depuis Jérusalem. Sur cette organisation, voir : Bahgat, 2008 ; Chauvièrre, 2011 ; Greenwald, 2012 et Shah, 2015. Pour une mise en contexte de la question : Zhen, 2017.
  • [21]
    Disponibles sur le site : fr.groupegeos.com

1Cet article se propose deux objectifs complémentaires. D’abord exposer l’état actuel de la recherche géographique portant sur le terrorisme. Ensuite, dégager quelques approches thématiques qui devraient permettre de structurer d’éventuelles futures avancées en la matière. Ce propos rend compte de l’organisation du présent article qui, après une brève discussion conceptuelle, s’attache à présenter à l’aide d’une importante bibliographie actualisée, quoique non exhaustive, trois axes majeurs d’une recherche géographique sur le terrorisme actuellement en plein procès d’élaboration : a) la distribution spatiale des actes et des acteurs du terrorisme ; b) l’analyse des territoires du terrorisme ; c) l’étude des représentations discursives et mémorielles du terrorisme.

2Dans cette perspective un certain nombre de questions préliminaires doivent nécessairement être abordées. À commencer par la définition même du « terrorisme », qui sera discutée dans la première section de ce texte. En outre, avant de procéder à une sorte de « tour d’horizon » des travaux géographiques disponibles (objet des trois sections suivantes), il convient de s’interroger brièvement sur les circonstances qui ont conduit des géographes à s’intéresser assez tardivement et encore marginalement à cette modalité spécifique de violence politique qui fait l’objet, depuis la fin des années 1960, du champ très majoritairement anglophone des terrorism studies. En effet, la consultation de quelques bibliographies spécialisées (Mickolus, 1980 ; Lakos, 1986 ; Forest et al., 2006) permet de constater l’extrême rareté des travaux proprement géographiques visant à contribuer à l’analyse de la distribution spatiale des conditions, actes et impacts du terrorisme. Pour ce qui est de la France, bien que le terrorisme soit abordé dans quelques ouvrages consacrés à la géographie des conflits (par exemple : Rosière, 2011 ; Cattaruzza, 2014), ou encore fasse l’objet d’analyses dans des articles spécifiquement consacrés au sujet (par exemple : Loyer, Aguerre, 2008 ; Choplin, 2008), aucun effort de recherche spécialisé en géographie du terrorisme ne s’est manifesté jusqu’à présent.

3Sans qu’il soit possible ici de fournir une explication définitive à ce fait, qui à lui seul exigerait une enquête historique détaillée, on peut néanmoins suggérer quelques hypothèses. D’abord, au-delà des réticences persistantes de la géographie française à aborder des questions politiques [1], il y a sans doute aussi la crainte des chercheurs académiques à aborder une problématique aux contours flous et où les enjeux méthodologiques (accès le plus souvent à des données de seconde ou de troisième main, problème des petits nombres…) et, surtout, politiques et idéologiques sont difficilement contrôlables. Car le terrorisme est aussi un domaine où le secret, le mensonge et la dissimulation sont omniprésents (Jenkins, 1988 ; Kearns et al., 2014), et où les commanditaires des attaques sont souvent difficiles à identifier de prime abord. Ensuite, intervient sans doute aussi le fait que beaucoup plus qu’aux États-Unis, par exemple, le cloisonnement entre le monde universitaire et celui de la recherche appliquée est plus étanche (Sageman, 2014), sauf malheureusement lorsque des chercheurs sont appelés à valider les présupposés de politiques publiques aux fondements scientifiques douteux. On songe ici notamment aux marchés de la « déradicalisation », ou encore à celui de la « jihadologie » tenant lieu de discours sur le terrorisme dans son ensemble. Ces éléments d’explication méritent toutefois d’être approfondis pour comprendre pourquoi en France, pays qui a connu au moins depuis la fin des années 1950 plusieurs vagues d’attentats (FLN et OAS pendant la guerre d’Algérie, Corse, d’extrême gauche puis islamistes), les géographes ont (sauf rares exceptions) négligé cette question. Et ce à la différence des politologues, historiens et sociologues, par exemple, qui se sont engagés, pour divers motifs, dans cette problématique sans pour autant aboutir à la conformation d’un champ de recherche spécialisé, à la différence de leurs collègues anglophones contribuant aux terrorism studies dont il a été fait mention plus haut. Il est, enfin, difficile d’attribuer cette situation à la particulière ambiguïté sémantique et/ou complexité empirique du terrorisme, sachant que des difficultés similaires se manifestent à propos de bon nombre d’objets des sciences sociales comme la « démocratie », le « progrès » ou l’« ethnicité », pour ne prendre que ces trois exemples.

4Pourtant, et en envisageant maintenant l’état de la recherche au niveau international, malgré ce constat plutôt décourageant, depuis le choc qu’a provoqué le 11 septembre 2001, des géographes et quelques politologues et économistes, principalement, se sont attachés à explorer les principaux aspects spatiaux (relatifs à la localisation non aléatoire et à la distribution des actes et des acteurs du terrorisme sur la surface de la Terre analysée à différentes échelles et niveaux politico-administratifs) et territoriaux (impliquant l’analyse de la complexité physique, sociale et politique des différents lieux concernés) du terrorisme. Il en est résulté un ensemble de travaux qui constituent en quelque sorte le socle du savoir en la matière qui, tout comme les grands axes des terrorism studies, doit être assimilé par quiconque veut s’engager dans une recherche sérieuse sur la question, visant à produire des connaissances et à construire des hypothèses géographiques, ou encore à étayer des raisonnements géopolitiques dont la nature et la portée ne seront pas abordées ici (Dory, 2017).

1.  Définition de l’objet « terrorisme »

5Le terme « terrorisme » renvoie à un ensemble de faits et de représentations dont la problématisation est indispensable, car l’univers des objets concernés est largement fonction des définitions et de l’approche que chaque chercheur est susceptible de mettre en œuvre [2]. Ainsi, par exemple, Alex Schmid (2013, 76-87) a rassemblé plus de 250 définitions, avant de proposer lui-même une « définition académique consensuelle », qui est d’ailleurs loin de faire l’unanimité…

6Ensuite, les désignations « terrorisme » et « terroriste », de par leur caractère polémique, portent aussi des enjeux politiques, idéologiques et judiciaires où s’affrontent notamment, en fonction de leurs positions respectives, les autorités des États et leurs appareils préventifs et répressifs antiterroristes, les médias, les chercheurs et, bien évidemment, aussi les individus et/ou groupes pouvant être désignés de la sorte (et qui très généralement récusent cette qualification à l’aide d’arguments divers).

7Pour affronter ces questions il convient d’assumer que le « fait terroriste » se construit par l’interaction variable suivant les moments et les lieux de trois strates de signification/désignation composées de contenus sémantiques polémiques, juridiques et (à vocation) scientifiques.

8La strate polémique concerne avant tout, comme son nom l’indique, la guerre, et plus spécifiquement la guerre de l’information (Huyghe, 2011 ; Kirsch, 2018). Ici le terrorisme est à la fois envisagé comme une modalité de conflit violent s’attaquant à des cibles non légitimes (civils, non combattants, « victimes innocentes »…), et comme une arme sémantique de disqualification absolue d’un ennemi conçu comme abject. Les discours appartenant à la strate polémique, et leurs utilisations et modes de diffusion font l’objet notamment d’études parfois éclairantes dans le cadre de la critical geopolitics (Coleman, 2003), des critical terrorism studies (Lutz, 2010), ainsi que de décryptages de la part d’autres auteurs, également « critiques » (par exemple : Bigo, 2005 ; Chomsky, 2016). De même une approche géographique et cartographique de cette strate permet, comme on le montrera plus loin, de parvenir à d’intéressants constats préliminaires.

9La strate juridique vise, avant tout, à qualifier (et à réprimer) des actes déterminés, ce qui exige un ensemble de définitions précises. Mais faute d’un consensus international, et malgré d’innombrables tentatives d’harmonisation partielle, les législations nationales et conjoncturelles prévalent encore largement en matière de qualification, prévention et répression du terrorisme.

10La strate scientifique se doit, en principe, de cerner la spécificité du fait terroriste. C’est-à-dire d’abord de le distinguer des autres formes de violence politique (assassinats ciblés, émeutes, guérillas, etc.), et ensuite d’identifier sa logique opératoire en tant que technique particulière de guerre irrégulière, asymétrique et totale. À cet égard la définition suivante apparaît comme pouvant satisfaire ces exigences minimales : « Le terrorisme consiste en la réalisation (et/ou la menace) d’actes de guerre visant à transmettre un message émotionnellement impactant à des audiences différentes des victimes immédiates de l’action violente » (Dory, 2017). Dans le procès de construction d’un champ de recherche scientifique, cette formulation synthétique doit être complétée par la prise en compte du complexe terroriste, c’est-à-dire de l’ensemble des acteurs et des lieux qui participent non seulement à l’acte terroriste, mais aussi aux politiques et actions contre et antiterroristes.

11Ainsi conçu, le terrorisme apparaît essentiellement comme une technique, parmi d’autres, dans le répertoire de la violence inhérente à la guerre [3]. Par conséquent les causes et motivations des acteurs qui y ont recours (psychologiques, idéologiques, culturelles…) ont beaucoup moins d’importance pour définir le terrorisme que l’identité des victimes auxquelles il s’attaque. Ainsi, parmi les trois catégories principales d’identité qu’un acteur est susceptible de porter, on a : a) l’identité personnelle, non substituable, comme celle de Ghandi, d’Alexandre III, d’un chef d’État, d’un membre déterminé d’un réseau criminel et/ou terroriste etc., dont la victimation relève de l’assassinat politique ; b) l’identité fonctionnelle (liée à une fonction dans un gouvernement, une Armée, une Police, un parti politique etc.), dont la victimation s’inscrit le plus souvent dans le cadre des guérillas, d’émeutes et d’autres types de luttes pour le contrôle de territoires ; c) l’identité vectorielle qui concerne la capacité différentielle d’une victime d’être porteuse, au moyen de la violence qui lui est infligée, des messages que l’acte terroriste vise à transmettre. Ainsi, les lieux et moments des attentats sélectionnent, en quelque sorte, les victimes en fonction de leurs appartenances sociales, religieuses et/ou ethniques. Cette distinction faite, on comprend donc que le choix des victimes en matière de terrorisme n’est jamais aléatoire sauf, bien entendu, pour les « victimes collatérales » des attentats.

12En pratique, si bien cette catégorisation des identités des victimes est fondamentale pour comprendre la spécificité du fait terroriste, il faut bien se garder d’enfermer le raisonnement dans des compartiments étanches. Ainsi, par exemple, l’attaque au siège de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 est incontestablement – suivant notre définition – un acte terroriste, bien qu’en plus de l’identité vectorielle des victimes principales, c’est aussi leurs identités personnelles (liées à la publication de dessins jugés blasphématoires) qui étaient visées ; de sorte que cette action relève aussi d’une espèce de « règlement de comptes » entre groupes sur la base d’antagonismes idéologiques et religieux.

13Ces quelques considérations théoriques, qui n’épuisent évidemment pas le sujet, permettent d’évaluer et de contextualiser les grands axes d’une géographie du terrorisme, actuellement en plein procès d’élaboration. Pour ce faire on passera brièvement en revue les travaux déjà disponibles sur un ensemble de questions, dont les résultats attendent encore d’être intégrés dans un champ de recherches cohérent et cumulatif.

2.  Les grands axes d’une géographie des actes et des acteurs terroristes

14Il ne saurait être question d’entreprendre ici un inventaire exhaustif de l’ensemble de la recherche géographique (ou, plus exactement, à pertinence géographique) sur le terrorisme, entreprise d’ailleurs réalisée il y a quelques années par Baghat et Medina (2013) et partiellement actualisée par Dory (2017). Par ailleurs une première présentation de la matière est également disponible dans le manuel de Medina et Hepner (2013), qui constitue une bonne introduction à ce champ d’étude. Comme on le verra par la suite, le principal apport des géographes a consisté à démontrer le caractère non aléatoire (et donc non « indiscriminé ») des actes terroristes, ainsi qu’à proposer une réflexion enrichie sur les lieux impliqués par l’ensemble du complexe terrorisme/antiterrorisme.

15D’autre part, il est important de savoir que cette spécialisation émergente a surgi, pour l’essentiel, aux États-Unis sous l’effet de l’onde de choc du 11 septembre 2001 [4], et s’est développée dans le cadre englobant de la « guerre au terrorisme » qui a suivi. Il en est résulté notamment une focalisation des problématiques, d’abord sur le « phénomène Al Qaïda », puis plus amplement sur les manifestations terroristes de ce que l’on peut désigner par commodité comme l’islamisme jihadiste. Cette concentration sélective de l’attention, qui répond en partie à des données empiriques indéniables, et dans une non moindre mesure à la nécessité de consolider des discours relevant de la strate polémique identifiée plus haut, engendrera au moins deux conséquences fâcheuses. D’abord, une dilution de la spécificité technique du terrorisme dans un ensemble flou de motivations (et/ou de causes), conduisant à une assimilation implicite entre terrorisme et islamisme/jihadisme avec, comme corollaire, la promotion de certains islamologues comme les spécialistes les plus autorisés en matière de terrorisme [5]. Ensuite, et comme conséquence directe de ce qui précède, une sorte de perte de la mémoire historique de la réalité du terrorisme, au profit d’un présentisme « jihadiste » qui fait obstacle à la claire formulation du noyau scientifique du problème. Or, celui-ci consiste avant tout à essayer de comprendre pourquoi, quand et où, un individu (très rarement seul) ou un groupe (le plus souvent non étatique, mais aussi parfois ayant réussi à s’emparer des instruments du pouvoir et de la légitimité d’un État) ont recours au terrorisme dans le cadre d’un conflit de nature guerrière dont les conditions et les résultats spatiaux et territoriaux sont à élucider.

16Concernant l’aspect méthodologique, la géographie du terrorisme recourt aux outils cartographiques, informatiques et statistiques habituels de la géographie, comme cela ressort des travaux qui seront passés en revue par la suite. Le problème des informations de seconde ou troisième main (notamment dans les bases de données) implique des recoupements systématiques et une vigilance particulière. En outre, il convient de prendre connaissance des réflexions méthodologiques issues des terrorism studies qui, très tôt (Gurr, 1988, par exemple) se sont orientées vers un pluralisme d’approches d’autant plus nécessaire en un domaine où les statistiques sont souvent difficiles à valider (problème de l’hétérogénéité des observations et des petits nombres) et où les enquêtes directes (sans parler de l’observation participante…) sont difficiles à mener par des chercheurs externes aux dispositifs contre-terroristes. Malgré ces limites, de réelles possibilités existent d’entreprendre des recherches qualitatives, comme le montre, par exemple, l’étude d’un groupe jihadiste local entreprise par Shuurman, (2019) aux Pays-Bas, et dont la démarche pourrait aussi inspirer des géographes.

17Ces précisions faites, il est possible maintenant de présenter les principaux axes de la recherche géographique sur le terrorisme, en abordant successivement la localisation des actes (attentats) terroristes ; la distribution des organisations dites terroristes ; l’étude des territoires impliqués de diverses façons dans la réalisation d’actes terroristes et, enfin, les possibilités offertes par l’analyse géographique des discours (polémiques) et des représentations spatiales des différents acteurs impliqués dans la confrontation entre terrorisme et contre-terrorisme.

2.1.  La distribution spatiale des actes terroristes

18Compte tenu des inévitables imprécisions entourant la définition du terrorisme et la fiabilité variable des sources qui alimentent les bases de données disponibles [6], un fait majeur émerge néanmoins de toutes les données accessibles : à savoir la distribution non aléatoire des actes terroristes, constante étudiée jusqu’à présent surtout par des économistes, criminologues et politologues. Cette réalité peut être appréhendée au niveau mondial, étatique et subétatique.

19Au niveau mondial, on dispose principalement de trois études qui permettent une première approche de l’ensemble de la distribution des actes terroristes. La première (Enders, Sandler, 2006), ne prend en considération que le terrorisme international [7]sur la période 1968-2003, et permet au moyen de divers procédés statistiques de parvenir à une idée des variations de l’activité terroriste dans six macro-régions, en mettant en évidence les conséquences de la fin de la Guerre froide en 1991. Malgré les très sérieuses réserves que l’on peut émettre sur les études quantitatives qui dépendent de données de qualité inégale, se rapportant à des localisations hétérogènes et qui, en outre, portent sur des évènements (heureusement) rares, aboutissant donc à l’inclusion d’attentats dont le contexte et la nature sont difficilement comparables, de tels travaux peuvent néanmoins fournir aux géographes un premier aperçu débouchant sur des hypothèses de travail. Ainsi, les déterminants de la concentration croissante des incidents au Moyen-Orient et en Asie du sud apparaissent dans cette étude comme assez indépendants des niveaux de développement économique, ce qui invite à approfondir la question à l’aide de méthodes d’analyse incluant des enquêtes géographiques comparatives à mener (aussi) qualitativement à différentes échelles.

20Quatre ans plus tard, LaFree et al. (2010) procèdent à une analyse de l’ensemble du terrorisme mondial (transnational et interne) et mettent en évidence son inégale distribution parmi neuf macro-régions et, surtout, sa concentration dans un tout petit nombre de pays, phénomène assez constant sur l’ensemble de la période envisagée (1970-2006). Cette concentration, qui apparaît aussi dans les cartes produites par START est confirmée par Pinero Kluch, Vaux (2016) qui affinent l’analyse à partir de treize macro-régions et par pays (1970-2013), identifiant, par exemple, une concentration de plus de 59 % du terrorisme global en Irlande du Nord et Espagne en 1975, et 55 % en Irak, Pakistan et Afghanistan en 2013. Cette dernière donnée permettant, par ailleurs, d’approcher la dimension géopolitique de la guerre « Occidentale » au terrorisme. Dans une perspective complémentaire, ces travaux, tout comme la note de synthèse de Reinares (2012), sont à mettre en parallèle avec les recherches de politologues (re)découvrant pour le terrorisme transnational l’importance des effets de contiguïté, pour parvenir à des conclusions quasiment triviales (Braitwaite, Li, 2007), ou encore à d’utiles constats sur les changements de cibles, et donc sur leurs localisations, même si ce point n’est pas explicitement traité par Brandt, Sandler (2010) comme conséquence des mesures contre-terroristes prises par certains pays qui en ont les moyens. Enfin, un récent travail (LaFree et al., 2018) ébauche quelques pistes de réflexion concernant la distribution des actes terroristes à partir d’une problématique centrée sur leur diffusion, contagion et contiguïté spatiale. De telles recherches, sans doute opportunes pour fixer quelques idées à l’aide de procédés statistiques, ne concernent cependant que marginalement la démarche géographique, par nature plus centrée sur la texture concrète et la spécificité des territoires.

21Au niveau étatique, seuls quelques travaux principalement descriptifs peuvent être mentionnés. Ils concernent Israël, où une première étude sur les attentats suicides a été menée en prenant en compte non seulement des lieux mais aussi des moments, allant jusqu’à traiter de l’heure des attaques (Kliot, Charney, 2006) ; ainsi qu’une approche plus quantitative mettant en évidence l’intérêt de la théorie des lieux centraux pour comprendre la variation spatio-temporelle du risque terroriste (Berrebi, Lakadawalla, 2007). Pour les États-Unis, on a le bon article de Nunn (2007) qui, outre son intérêt méthodologique, permet de mieux comprendre la façon dont la motivation (idéologique) des acteurs contribue à configurer un ensemble de cibles spécifiques, produisant des variations cartographiables pour chaque tendance. Des constats similaires se dégagent de l’article de Webb et Cutter (2009) qui porte sur la période 1970-2004, à partir d’une désagrégation des actes en fonction de variables tenant à leur localisation, au type d’attaque, à la nature des cibles, etc. Enfin, Jasparro (2013), dont la recherche porte exclusivement sur les attentats jihadistes commis entre 1990 et 2012, montre que l’incidence (donc le risque) concerne un nombre assez réduit de localités, dont les caractéristiques sont compréhensibles dès lors que l’on analyse les relations entre les lieux d’activité des terroristes, leurs espaces cognitifs (liés à l’idéologie, à la culture, aux pratiques antérieures…), et les « points » ou espaces de transition (physiques ou virtuels) qui les relient.

22Divers travaux portent, en outre, sur le cas de l’Irak depuis 2003. Cependant, même si l’on comprend la logique à dominance polémique consistant à désigner comme « terroristes » la plupart des actes qui s’inscrivent dans la résistance à une occupation, ou encore dans une guerre civile, c’est avant tout sur leurs spécificités techniques qu’il s’agit de porter l’attention. Dans cette perspective on peut prendre acte des avancées théoriques et méthodologiques contenues dans des articles comme ceux de Medina et al. (2011) [8].

23À titre d’illustration de l’intérêt de l’approche géographique du terrorisme, pour peu qu’elle s’inscrive dans une problématique explicite, la figure 1 représente la distribution des actes ayant produit des victimes mortelles du terrorisme en France depuis 2012 (affaire Merah), année où des attentats islamistes se produisent à nouveau dans le pays après une interruption de 16 ans [9] (Denécé, 2015). Cette représentation qui ne concerne que les attentats « réussis » est partielle, car n’incluant pas les actes inaboutis (par incompétence et/ou intervention des forces de l’ordre) sur lesquels les sources ouvertes sont très souvent insuffisantes, ainsi que les attaques non létales. Elle permet cependant quelques solides constats de tendance.

24
Fig. 1

Distribution spatiale des attentats islamistes létaux en France entre 2012 et 2017

Spatial distribution of fatal Islamist attacks in France, 2012-2017

Distribution spatiale des attentats islamistes létaux en France entre 2012 et 2017

Distribution spatiale des attentats islamistes létaux en France entre 2012 et 2017

Spatial distribution of fatal Islamist attacks in France, 2012-2017

25Un histogramme adjoint à la carte permet de visualiser les variations des attentats dans le temps. On y perçoit immédiatement deux éléments qui permettent d’élaborer des hypothèses de travail : a) le caractère isolé (spatialement et temporellement) de l’affaire Merah [10] ; b) la nature compacte de la séquence (clairement déclinante) 2015-2017. Si, en outre on représente un effet de centralité à partir du clivage Paris/reste du pays dans l’histogramme temporel, on distingue nettement deux types d’attentats différenciés en fonction de leurs modes de relation avec (au moins) une organisation transnationale, ici l’État Islamique (ou Daech).

26

  • Les attaques à Paris se produisent après la mise en place, en septembre 2014 d’une sorte de « coalition anti-Daech », au contour imprécis, mais traduisant une volonté « Occidentale » de contenir cette entité proto-étatique. En réponse à cette situation, et aux quelques bombardements aériens visant des installations de l’EI en Irak, des appels sont lancés par des cadres de cette organisation à riposter en s’attaquant aux militaires et aux civils des pays de ladite coalition (Hegghammer, Nesser, 2015). À cette fin, divers réseaux transnationaux sont mobilisés, faisant intervenir des lieux (par exemple Molenbeek), des flux divers (de « réfugiés », d’argent, d’armes, etc.). Les plus meurtriers des attentats parisiens se distinguent dès lors par le fait qu’ils sont directement réalisés par des réseaux transnationaux complexes, difficiles à mettre en œuvre (donc rares), et s’attaquant à des lieux et à des cibles dont la centralité garantit un impact maximal.
  • Les attaques hors Paris, plus nombreuses, mais beaucoup moins létales (sauf Nice le 14 juillet 2016), s’inscrivent dans la même conjoncture géopolitique, mais sont l’œuvre d’acteurs au profil différent. Ici, on a davantage affaire à de petits groupes plus au moins autonomes, voire à des « acteurs solitaires » [11], sans doute davantage inspirés par la propagande de Daech que bénéficiant de son soutien opérationnel. La dispersion des actes évoque alors la notion d’un « terrorisme de proximité », répondant davantage à des opportunités ponctuelles qu’à une planification géostratégique.

27Ces quelques indications suffisent pour illustrer l’intérêt d’une représentation géographique, ici basée sur une carte accompagnée d’une saisie chronologique des faits, pour construire des hypothèses qui auront à être soumises à de nouvelles épreuves cartographiques (et/ou statistiques) avant d’être éventuellement intégrées dans une réflexion géopolitique qui déborde du cadre de cet article. Elles montrent aussi la fécondité des représentations descriptives pour fixer les idées avant de s’engager dans des traitements statistiques sophistiqués qui parviennent souvent à des résultats peu fiables (vu le problème des petits nombres et l’incertitude des données), voire en partie triviaux.

28Au niveau subétatique, Ezcurra, Palacios (2016) ont montré, dans une étude statistique portant sur 48 pays (1990-2010), que les pays connaissant des disparités régionales importantes avaient une plus forte probabilité de connaître des épisodes terroristes, au demeurant mal différenciés dans cette étude du reste de la violence politique en général. Beaucoup plus intéressants pour notre sujet sont les travaux portant sur la localisation des actes, parmi lesquels se distinguent : Nemeth et al. (2014) et Findley et al. (2015). Dans les deux cas il s’agit de recherches quantitatives entreprises par des politologues visant à cerner les caractéristiques d’espaces subétatiques constituant des « hauts lieux » du terrorisme. Pour ce faire, le premier travail entreprend de tester la relation entre le terrorisme (domestique) et des attributs relevant de la géographie physique (terrain accidenté, montagnes…) et de la géographie humaine (zones frontalières, proximité par rapport à la capitale, développement économique, homogénéité ethnique…). Bien qu’il soit difficile de parvenir à des conclusions solides étant donné les limites d’une méthodologie qui efface nécessairement les spécificités des lieux concernés, des enquêtes de ce genre peuvent servir à ouvrir des pistes à partir de corrélations constatées, par exemple, sur le rôle des aires frontalières, des zones montagneuses (beaucoup plus utiles pour la pratique de la guérilla), ou encore l’importance des villes (surtout capitales) pour le terrorisme.

29Une problématique similaire structure l’étude de Findley et al. (2015) qui porte, elle, sur le terrorisme transnational (1968-2007), et se concentre sur la logique de ciblage des attentats en considérant à la fois la vulnérabilité et la valeur des lieux visés, en prenant ici aussi en compte des variables relevant de la géographie physique et humaine. Plus que les résultats en tant que tels, difficilement exploitables à cause de l’agrégation de données correspondant à des faits inégalement rares suivant les lieux, c’est l’ouverture conceptuelle à l’importance des faits de localisation précise, de contiguïté, de centralité et de barrière, qui mérite de retenir l’attention du géographe. Dans une perspective similaire, et ici à très grande échelle, on peut aussi mentionner l’intérêt des techniques de profilage géographique (Bennell, Corey, 2007), visant à mettre les lieux des attaques en relation avec l’identité des acteurs, et dont les implications relèvent pleinement du champ de la géographie du terrorisme.

2.2.  La localisation des acteurs terroristes

30Les acteurs terroristes sont d’une part des individus et/ou des groupes diversement organisés (allant de services secrets étatiques à une grande variété de réseaux insurrectionnels) qui recourent au terrorisme à certains moments et en certains lieux en fonction de divers critères (Phillips, 2015). D’autre part, et généralement en étroite association spatiale avec les premiers, l’ensemble des agents, civils, policiers et militaires relevant les dispositifs contre-terroristes, qui avec les médias et les différentes audiences concernées, conforment le complexe terroriste dont il a été question plus haut.

31Dans tous les cas, les effets de localisation, distance, contiguïté, diffusion, etc., sont à prendre en compte pour l’analyse de cet aspect du terrorisme. On dispose de plusieurs séries de travaux pour explorer cette problématique, sans que s’en dégage encore une perspective d’ensemble. Tout d’abord, on a un ensemble d’investigations relevant de la criminologie qui s’attachent à établir des régularités dans le comportement spatial des acteurs terroristes (Cothren et al., 2008 ; Smith et al., 2008 ; Smith et al., 2013), en mettant l’accent sur les distances entre les domiciles des acteurs, la localisation des diverses activités préparatoires et, enfin, le choix du lieu de l’attentat. Ces recherches, qui supposent l’accès à une série de données qui ne sont pas toujours disponibles dans des sources ouvertes, mettent en évidence un facteur de proximité, (de l’ordre d’environ 50 kilomètres) dans le rayon duquel les différentes étapes de la préparation et de la réalisation de l’acte ont une probabilité significative de se dérouler. Malgré ses limites et son orientation encore trop étroitement associée aux pratiques du contre-terrorisme (en amont de l’attentat) et de l’antiterrorisme (en aval de l’incident), cette démarche de profilage géographique débouche sur d’intéressantes potentialités analytiques, comme en témoigne, par exemple, l’article de Rossmo, Harries (2011) concernant un cas survenu en Turquie, où les auteurs sont parvenus à cartographier l’ensemble des activités préparatoires des attentats et à les mettre en relation avec la localisation des cibles, aboutissant ainsi au constat d’une remarquable concentration spatiale.

32L’étude des caractéristiques spatiales des réseaux terroristes constitue un axe de recherches particulièrement prometteur, pour autant que l’on s’attache à dépasser le seul (et indispensable) niveau descriptif. Les bases géographiques de ces recherches se trouvent exposées dans Medina, Hepner (2008) et Medina, Hepner (2013, Chap. 2). Le défi actuel en la matière consiste à intégrer une réflexion approfondie sur la texture des territoires à l’analyse formelle des réseaux terroristes, telle qu’elle a été entreprise, par exemple, par Medina (2014) ou par des politologues comme Jordán, Horsburgh (2005) et Reinares, García-Calvo (2017), pour ne retenir que deux textes stimulants portant sur le cas espagnol, qui s’attachent quelque peu à territorialiser les acquis de l’analyse spatiale des réseaux jihadistes. À titre d’illustration des confusions (pas uniquement sémantiques) qui règnent encore en la matière, on peut citer le projet Mapping Terrorist Organisations (Crenshaw, 2010), lancé à l’Université de Stanford, dont les produits consistent en un ensemble de graphiques permettant de visualiser pour un pays, une zone donnée ou une organisation, les filiations, scissions, alliances et conflits entre groupes, sans aucun support cartographique au sens conventionnel du terme [12]. En revanche, avec la solide étude de Walter, Lauprecht (2015) sur la localisation et la mobilité des groupes « extrémistes » en Afrique du Nord-Ouest, on parvient à une analyse qui s’intègre pleinement dans le champ de la géographie du terrorisme.

33Parmi les autres publications ayant trait à la localisation des acteurs terroristes, indépendamment des listes étatiques sur lesquelles on reviendra plus loin, on peut signaler le travail de Hastings (2008), qui aborde les contraintes concrètes qu’impose l’accès aux cibles dans des contextes politiques plus ou moins permissifs et en fonction des rugosités des territoires, à partir de l’étude détaillée de deux complots de la Jemaah Islamiyah (Sud-est asiatique). Quelques aspects de cette problématique se retrouvent dans l’article de Tominaga (2017) qui explore, à l’aide d’un dispositif méthodologique innovant, l’importance des facteurs de proximité et de contiguïté dans l’adoption par des groupes terroristes de certains modes opératoires (ici les attentats suicides).

34Enfin, un peu en marge des travaux consacrés strictement à la localisation des acteurs terroristes, on trouve des recherches qui relèvent aussi d’une géographie des représentations. À ce titre, on peut citer l’étude exploratoire de Bahgat (2011) sur l’effet de la distance sur la perception du risque terroriste, et sur les attitudes qui en résultent chez différentes audiences constituées par des segments de la population (« visés », « protégés » et non impliqués). Ou encore l’intéressant décryptage par Jabareen (2015) des aspects territoriaux qui sous-tendent l’idéologie du Califat imaginé par l’État Islamique, dont une composante essentielle consiste en l’abolition des cadres étatiques (et donc des frontières actuelles) au profit d’une entité civilisationnelle globale. Plus généralement, la problématique de la territorialité du terrorisme, tant pour ce qui est du contrôle effectif de territoires que des revendications territoriales des acteurs, est exposée dans le récent article de Castan Pinos ; Radil (2018), qui fait opportunément la jonction avec les questions abordées dans les sections suivantes.

3.  Les territoires du terrorisme

35Les territoires que la géographie du terrorisme se doit d’analyser sont principalement ceux qui relèvent d’abord de l’ordre étatique, ensuite ceux dont les particularités naturelles et sociales en font, en quelque sorte, des lieux privilégiés de cette forme de violence politique ; parmi lesquels il convient de distinguer, enfin, les zones urbaines pour une série de motifs qui méritent d’être explicités.

3.1.  Le terrorisme et le fait étatique

36Il est hors de propos d’entrer ici dans le débat autour de la question de savoir si le terrorisme se limite aux actions de groupes non étatiques, ou si la possibilité d’un terrorisme d’État (plutôt, d’ailleurs que d’États « terroristes ») doit être pleinement admise. Cette problématique, que l’on trouve dès les débuts des études sur le terrorisme (Wilkinson, 1981 ; Stohl, Lopez, 1984 ; Slann, 1987), et qui, après des efforts plus ou moins réussis de formulation théorique (Sproat, 1991), continue d’être débattue de nos jours (Jackson ; Pisoiu, 2018, Chap. 4), mérite une discussion qui ne trouve pas sa place ici. Tout au plus peut-on indiquer qu’en rapport avec la définition du terrorisme que nous avons adoptée, et en considérant l’État non pas comme une abstraction métaphysique, mais comme un ensemble de dispositifs institutionnalisés de gestion des personnes, des biens et des moyens de communication, il est toujours possible qu’un groupe organisé (criminel, ethnique, basé sur des intérêts économiques ou des préceptes religieux, etc.), s’emparant (par des moyens pacifiques ou non) de l’appareil d’État, et en devenant par conséquent l’élite dominante, l’utilise pour commettre des actes terroristes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays concerné.

37Hormis ce cas particulier, la géographie du terrorisme se doit d’explorer deux cas de figure mettant en cause le fait étatique : celui des États « sponsors » du terrorisme ; et le rapport entre l’affaiblissement de certains États et l’émergence de conditions plus ou moins favorables à l’activité terroriste.

38La question des États promouvant, favorisant ou « sponsorisant » le terrorisme revêt deux aspects complémentaires, car il s’agit d’abord d’analyser la nature et les modalités de ce soutien (ou complicité), et d’en évaluer les conséquences ; ensuite de porter un regard sur les mécanismes d’imputation permettant à certains États d’en désigner d’autres comme « sponsors du terrorisme » en fonction d’objectifs principalement polémiques plutôt que de critères objectifs et universellement applicables, question sur laquelle on aura à revenir plus loin.

39La problématique du soutien étatique à des organisations terroristes (et/ou la réalisation d’actes terroristes par des dispositifs étatiques), intéresse la recherche géographique à plusieurs titres. D’abord, parce que les différentes formes que revêt cette assistance se concrétisent sous la forme de flux (d’argent, d’armes, d’informations, de personnes…) entre divers espaces inscrits dans des territoires étatiques aisément cartographiables. Ensuite, parce que les manifestations de ce soutien s’inscrivent également dans les territoires sous forme de camps d’entrainement, de bases opérationnelles, de bâtiments de commandement, de caches, etc. [13], dont les caractéristiques et les localisations sont aussi des indicateurs du degré et de la nature de l’engagement (plus ou moins volontaire) de l’État concerné, suivant une gradation bien mise en évidence par Mickolus (1989). Sachant que le fait de bénéficier d’un soutien étatique (surtout sous forme d’offre de sanctuaire) ne constitue pas nécessairement pour une organisation pratiquant le terrorisme un gage de succès ou de longévité (Carter, 2012), la question des relations entre États et organisations terroristes mérite d’être approfondie en tenant compte de la spécificité de chaque situation géopolitique.

40Le recours par un État à des techniques terroristes, soit directement par l’action de ses services secrets et/ou de ses forces spéciales, s’inscrit dans des logiques géostratégiques déchiffrables en partie grâce à l’analyse géographique dont il a été question plus haut. Beaucoup plus complexe est l’interaction entre groupes terroristes et États ne pouvant (ou ne voulant) pas contrôler effectivement l’ensemble de leur territoire. On retrouve ici le thème récurrent du rapport entre terrorisme et États faibles, fragiles, faillis et, finalement, effondrés à propos duquel on dispose d’une littérature intéressante (Newman, 2007 ; Simons, Tucker, 2007 ; Piazza, 2008) mais peu actualisée, en particulier pour les pays dits « développés ». Au-delà de la question de savoir si les États faillis sont les plus propices à l’installation de groupes et réseaux terroristes ou si, au contraire, l’anomie qui prévaut dans des espaces livrés à la violence endémique, avec des services publics (eau, électricité…) inexistants ou défaillants et des routes périlleuses, est de nature à décourager leur installation, c’est le niveau optimal d’analyse de l’ensemble de cette question qu’il faut établir. Donc, tout en prenant pleinement en considération les résultats des travaux portant sur le niveau étatique, et les efforts entrepris (surtout après 2001) en matière de nation building (Takeyh, Gvosdev, 2002 ; Menkhaus, 2003), il s’agit d’explorer l’ensemble des pistes de recherche qui, partant du fait que les organisations terroristes transnationales ne cherchent pas à contrôler ou à exploiter l’ensemble du territoire d’un État (à la différence, théorique, des groupes insurrectionnels nationaux), conduisent vers l’analyse d’autres types d’espaces, trans étatiques et/ou sub-nationaux.

3.2.  Zones grises, trous noirs et sanctuaires

41Un énorme flou conceptuel affecte l’analyse des espaces impliqués dans l’activité terroriste. C’est là, sans doute, l’une des conséquences de l’absence de recherches cumulatives et comparées dans le genre de celles que la géographie du terrorisme aura à prendre en charge. En l’état actuel de la question il est donc avant tout nécessaire de tenter de clarifier, non seulement les termes, mais surtout les réalités différentes auxquelles ces termes se réfèrent.

42Les zones grises, dans le sens qui nous intéresse ici (car la notion a connu une expansion considérable) concernent au moins trois réalités territoriales : a) des espaces infra ou supranationaux sur lesquels les informations sont rares ou inexistantes (« hors du champ des radars ») ; b) des zones où l’autorité des États ne s’exerce pas (ou faiblement) ; c) des espaces « fluides », en constante transformation et susceptibles d’abriter diverses formes de violence politique et/ou criminelle (Cattaruzza, 2012). Dans une perspective étatique cette désignation descriptive renvoie aussi au constat d’une absence d’emprise légale et d’exercice du monopole de la violence légitime. Elle s’associe, par conséquent, à la problématique des espaces non ou sous gouvernés qui sont au centre de l’analyse de Clunan, Trinkunas (2010). Ces auteurs, partant du constat de l’érosion de l’autorité étatique, ou plus exactement de celle des États westphaliens issus de l’ordre politique européen depuis environ le xviie siècle, sous l’effet du processus de mondialisation idéologique (valeurs « occidentales » conçues comme universelles), économique, informationnel et politique (modèle unique de démocratie et de « bonne gouvernance » à imposer partout), aboutissent à une vision plus nuancée, et sans doute plus exacte, des « espaces non gouvernés ». En effet, si les aires échappant effectivement à toute gouvernance sont extrêmement rares, ce que l’on observe empiriquement est la multiplication de zones soumises à des gouvernances alternatives diverses sous la forme, par exemple, d’instances supranationales, d’ONG, de sociétés militaires privées, de chefs de guerre et/ou tribaux, de caïds des banlieues pas seulement européennes, d’organisations criminelles et/ou réseaux politico-mafieux ayant (parfois) recours au terrorisme. Un certain nombre de ces acteurs se substituant localement aux États pour la distribution de biens publics (sécurité, alimentation, santé, éducation…), il est compréhensible qu’ils recueillent l’adhésion plus ou moins consentante des populations concernées qui leur témoignent une loyauté légitimant potentiellement leur action. Il en résulte une coexistence, souvent cartographiable, d’espaces échappant à la légalité étatique et des territoires où des États diversement affaiblis exercent encore leurs prérogatives régaliennes. Ces espaces à gouvernance alternative ne constituent pas nécessairement, en tant que tels, des lieux où l’activité terroriste (à la différence des guérillas) tendra à s’installer. Dans certains cas, cependant, cette relation se manifeste comme, par exemple, dans la vaste zone frontalière entre l’Afghanistan et le Pakistan, à propos de laquelle plusieurs études parlent d’un processus de « talibanisation » (Gunaratna, Nielsen, 2008 ; Abou Zahab, 2010), favorisé par les codes culturels propres à l’ethnie Pachtoun qui sous-tendent ces mécanismes de gouvernance alternative depuis plusieurs siècles et face à diverses formes d’État (Groh, 2010). Cette résilience/résistance se perçoit notamment par la mise en relation cartographique de la distribution des actes dits « terroristes » par la coalition otanienne et les zones de peuplement Pachtoun en Afghanistan entre 2004 et 2008, telle qu’elles ressortent d’une publication de l’Open Source Center (2009).

43Le fait que tous les espaces à gouvernance alternative ne sont pas associés au terrorisme, ouvre aussi la voie à des recherches comparatives intéressantes. Il serait, à cet égard, instructif de comparer les zones anomiques de production de coca/cocaïne en Bolivie (Dory, Roux, 1998), où la violence politique fut (et est encore) de basse intensité, ayant été largement canalisée par un débouché politique avec l’élection d’Evo Morales à la présidence en 2005, et les cas colombien (notamment FARC) et péruvien (Sentier lumineux), où l’on constate une articulation progressive entre le narcotrafic et le recours à des pratiques terroristes [14]. Des recherches inscrites dans cette même problématique devraient également porter sur les espaces à gouvernance alternative en pleine expansion dans les pays dits développés, où, comme le montre bien, par exemple, une étude sur le trafic d’armes en Seine-Saint-Denis (Antoine, 2016), ces zones, souvent erronément qualifiées de « non droit », sont en fait régies par des normes qui favorisent le développement d’économies informelles (et largement criminelles) florissantes. Enfin, entrent également dans le champ de cette réflexion d’autres espaces dont la gouvernance n’est que très partiellement d’ordre étatique, et qui concernent aussi le champ de la géographie du terrorisme comme les mers et l’océan (Eudeline, 2016), le domaine aérien (Dupont-Elleray, 2005) ou encore le cyberespace (Warf, 2015 ; LaFree, 2017).

44Les trous noirs, dont la caractérisation a fait l’objet de quelques travaux exploratoires (Korteweg, Ehrardt, 2006 ; Korteweg, 2008 ; Gray, La Tour, 2010 ; Phillips, Kamen, 2014), pourraient avantageusement être conçus comme des espaces dont les spécificités objectives (ethniques, économiques, géographiques…) configurent des conditions favorables à l’installation de sanctuaires terroristes. En effet, on se trouve ici en présence de zones, certes incluses dans le périmètre d’États fragiles ou faillis, et relevant aussi des zones grises susceptibles d’être le lieu d’une gouvernance alternative, mais dont la spécificité réside dans la coexistence de facteurs pouvant être exploités par des organisations terroristes (et aussi éventuellement criminelles dans le cas d’entités mutantes ou hybrides) [15]. C’est dans ce type d’espaces que les sanctuaires proprement dits, généralement de tailles plus réduites, auront les plus grandes chances de se construire. Ainsi, par exemple, seules quelques localités précises de vastes aires, contiguës ou non, comme la zone des trois frontières entre le Brésil, l’Argentine et le Paraguay, ou encore l’archipel des « quartiers sensibles » en France, seront effectivement transformées en véritables sanctuaires. C’est donc en termes de risque et de probabilité que la notion de trou noir présente un réel intérêt en géographie du terrorisme, à la fois comme critère de différenciation parmi les innombrables lieux qui relèvent d’une gouvernance alternative, et comme indicateur de l’environnement immédiat des sanctuaires proprement dits.

45Les sanctuaires terroristes (sanctuaries et safe havens en anglais) ont été abordés à partir d’au moins trois perspectives dont l’articulation est loin d’être évidente. D’abord on retrouve, souvent implicitement l’héritage intellectuel des guerres révolutionnaires du xxe siècle, où la notion de base, souvent conçue dans la filiation maoïste a une importance considérable. Dans ce cas, des « zones libérées » (ou des zones refuge) faisant l’objet d’une gouvernance alternative (au moyen de hiérarchies parallèles bien mises en évidence par l’école française de contre-insurrection) [16], servaient à la fois au repos des combattants, à la détention de prisonniers et/ou d’otages, à l’entrainement, au ravitaillement et au recrutement au profit d’unités de guérilla engagées dans des zones d’opération plus ou moins éloignées. Des études géographiques « classiques » comme celles de McColl (1969) et O’Sullivan (1983) ont été consacrées à ce type d’espaces ; et Pagney (2013) a bien montré que les conditions pour leur surgissement sont actuellement exceptionnelles, notamment du fait des moyens (hélicoptères, drones, satellites, etc.) à la disposition des forces contre-insurrectionnelles.

46Ensuite, le thème des sanctuaires terroristes s’est imposé dans l’agenda politique et géostratégique des États-Unis (et par effet de cascade dans celui de ses alliés et dépendants) à la suite du 11 septembre 2001, et plus amplement en raison de la place qui lui est faite dans la fameuse « section 12/2 » du Rapport de la Commission Nationale sur le 9/11 [17]. Or, ni dans ce texte, ni dans les élaborations ultérieures de ses recommandations (Miko, 2004 ; Byman, 2011), on ne trouve un clair exposé de la nature et des caractéristiques concrètes des sanctuaires. Certes, ce flou était évidemment politiquement nécessaire pour justifier diverses entreprises militaires (dont l’invasion de l’Irak, effectuée avant la publication du Rapport le 19 juillet 2004), mais il n’en demeure pas moins qu’outre un rappel des principales fonctions des sanctuaires (planification, recrutement, entrainement, etc.) l’impression qui se dégage de ce document renvoie surtout à des réalités étatiques. En effet, ce sont essentiellement des États (faibles ou laxistes) qui sont évoqués au titre de sanctuaires actuels ou potentiels, laissant de côté toute réflexion sur la texture et l’hétérogénéité des territoires pouvant être ainsi utilisés par des groupes terroristes. À cet égard, la recherche géographique peut converger avec certains aspects de la critique émise par Jackson (2007) concernant les discours émis à propos des sanctuaires terroristes, tout en insistant sur le fait qu’en désignant des territoires menaçants, cette approche tend à favoriser des réponses militaires, dont les succès tactiques peuvent s’accompagner, comme en Afghanistan, en Irak ou en Libye, de catastrophes stratégiques.

47Enfin, quelques travaux à visée scientifique ont tenté d’aborder les sanctuaires terroristes tant dans une perspective de clarification conceptuelle que d’acquisition de connaissances empiriques et, donc, susceptibles d’ouvrir la voie à des recherches géographiques. Ainsi, par-delà les mises au point générales sur les fonctions qu’assurent ces espaces pour les organisations terroristes, ainsi que pour les acteurs engagés dans le contre-terrorisme (Innes, 2007), c’est aux conditions tant géographiques (physiques et humaines) qu’il faut s’intéresser. Dans cette voie, Kittner (2007), dans un texte portant sur le terrorisme islamiste mais qui peut être généralisé à d’autres causes, insiste sur quatre conditions pour l’apparition d’un sanctuaire : des facteurs géographiques, une gouvernance faible, une histoire de corruption et de violence, ainsi qui la pauvreté. Concernant les facteurs géographiques, cet auteur retient surtout un terrain accidenté, des frontières poreuses et la présence d’obstacles naturels. Cette conception à dominante rurale a été ultérieurement enrichie par la prise en compte des espaces sociaux qui rendent possibles les multiples interactions entre les individus et les réseaux qui construisent activement des sanctuaires sur des espaces, généralement sub-nationaux, dont les particularités physiques sont inégalement déterminantes en fonction des projets du groupe (Campana, Ducol, 2011). Ce n’est qu’en analysant ces rapports instables, (car le sanctuaire, en concentrant localement des combattants et des ressources engendre aussi des vulnérabilités qu’il ne faut jamais perdre de vue), entre des éléments physiques et sociaux interagissant à différentes échelles et niveaux, que des typologies centrées sur les données étatiques (Arsenault, Bacon, 2015) deviennent vraiment opérationnelles. Ce constat ressort d’ailleurs clairement d’une très bonne étude monographique sur le Sahara (Guido, 2017), qui débouche sur des propositions en matière de contre-terrorisme consistant à augmenter le coût économique et social de l’occupation d’un sanctuaire par une organisation terroriste (ici le groupe de Mokhtar Belmokhtar dans le nord du Mali).

48L’articulation entre sanctuaires conçus comme espaces-refuge, où des groupes terroristes et/ou insurrectionnels accumulent des ressources et gagnent du temps (la simple survie de telles organisations est déjà une victoire…), et les espaces opérationnels où ils réalisent leurs actions hostiles (attentats, sabotages, embuscades, etc.) s’effectue différemment suivant les lieux. Ainsi, « classiquement », dans la logique de la guerre de guérilla, les sanctuaires (ou bases) sont des points d’appui ruraux permettant de projeter des forces vers des espaces extérieurs contestés. Or, la logique même du terrorisme, comme technique de guerre avant tout psychologique, lui impose une présence aussi constante que possible au sein même des espaces et des populations où les actions auront le plus grand impact auprès de diverses audiences. Ce qui conduit tant les terroristes que les géographes qui les étudient à s’intéresser de très près aux espaces urbains.

3.3.  Le terrorisme et la ville

49Dans ses grandes lignes le cadre théorique permettant d’aborder la dimension urbaine du terrorisme se construit assez tôt. Ainsi, dès le milieu des années 1980 on dispose au moins de trois textes importants (Karber, 1971 ; Wolf, 1981 ; Grabosky, 1983) qui mettent en évidence les rapports privilégiés entre les caractéristiques des villes, tant en termes d’accessibilité des cibles que d’impact symbolique et médiatique des actes qui s’y produisent, et le recours à cette forme de violence par des entités généralement insurrectionnelles. Cet aspect a été aussi remarquablement étudié un peu plus tard par McCormick (1992) dans sa monographie sur le Sentier lumineux péruvien. Ultérieurement, quelques aspects de la tendance actuelle vers « l’urbanisation de la guerre » (Graham, 2004), dont participent indéniablement les actions terroristes, ont été approfondis, notamment en prenant en compte les inégalités de développement entre les pays et leurs villes (Beall, 2006), et surtout le rôle des capitales qui permettent aux attentats de bénéficier d’un impact maximal (Koren, 2017).

50La vulnérabilité intrinsèque et différentielle des villes par rapport au terrorisme a également fait l’objet de plusieurs travaux (Savitch, Ardashev, 2001 ; Savitch, 2008), ainsi que de l’étude de Piegorsch et al., 2007) qui, à partir du cas nord-américain propose d’intéressantes perspectives méthodologiques concernant l’inégale distribution des risques entre les villes, cependant difficiles à valider pleinement, car reposant une fois encore sur des évènements rares et des données trop souvent imprécises. La question des avantages et des contraintes qu’offre la ville en matière d’accès aux bénéfices de la clandestinité, thème encore guère étudié par les géographes, peut être envisagée à partir du cas très révélateur de Londres, documenté notamment par Ulph (2004) et, surtout, Bale (2007) qui mettent bien en évidence les interactions spatiales entre noyaux (terroristes) actifs, mouvances et terreau islamiste au sein du « Londonistan ».

51Dans une perspective complémentaire, quelques travaux se sont attachés à explorer les effets du terrorisme sur la dynamique et la morphologie urbaine. À ce propos l’étude de Eyre (1986) sur la Jamaïque pourrait être considérée comme pionnière, même si sa conception du « terrorisme » est excessivement englobante, car elle montre bien les conséquences d’une violence endémique sur la distribution de la population. Coaffee (2004), pour sa part, étudie les transformations de la City de Londres en relation avec les dispositifs physiques de prévention et de surveillance mis en place depuis le début des années 1990 pour faire face au terrorisme, irlandais d’abord, puis islamiste. Enfin, Blomberg et Sheppard (2007) ont cherché à cerner, à l’aide d’un dispositif statistique, l’impact du terrorisme sur l’occupation des sols urbains, en privilégiant les variables économiques et aboutissant à des conclusions qui mériteraient d’être approfondies par des enquêtes locales détaillées.

4.  Les représentations du terrorisme et leurs implications territoriales

52À la différence des paragraphes antérieurs où l’analyse porte sur les manifestations concrètes du fait terroriste, il s’agit maintenant d’explorer les aspects géographiques des pratiques relevant des strates polémique et juridique de la définition du terrorisme. Dans ce but, on s’intéressera d’abord à la spatialisation des listes d’organisations terroristes et des pays supposés les soutenir, ainsi qu’aux critères ambigus qui président à l’élaboration des cartes des risques (principalement) terroristes. Ensuite, à partir de quelques travaux relevant de la critical géopolitics[18], qui s’attache davantage aux discours sur les faits qu’aux faits eux-mêmes, on évoquera les conséquences en matière de différenciation des lieux qui résultent de la « guerre globale au terrorisme » menée depuis 2001 par les États-Unis et leurs alliés plus ou moins dociles, avec jusqu’à présent des résultats peu probants. Enfin, à l’aide de quelques exemples, on montrera comment l’analyse des « lieux de mémoire » érigés surtout à la suite d’attentats participe également du projet scientifique de la géographie du terrorisme.

4.1.  Des listes polémiques et des cartes du danger

53Avec les listes désignant (et stigmatisant) des organisations comme terroristes, on entre pleinement dans la strate définitionnelle polémique dont il a été question plus haut. Sans entrer ici dans les discussions concernant les avantages et désavantages de l’établissement de ce genre de listes pour les objectifs du contre-terrorisme (De Jonge Oudraat, Marret, 2010 ; Jarvis, Legrand, 2018 ; Legrand, 2018), il est intéressant d’en exploiter les aspects proprement géographiques. En effet, ces listes sont élaborées par des organismes internationaux (ONU et UE) et par un certain nombre d’États (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Russie, Chine, Australie…) dans le but d’identifier des ennemis (sous forme d’organisations, mais aussi le cas échéant des firmes et/ou des individus), auxquels s’appliqueront diverses sanctions d’ordre financier (saisie d’actifs et interdiction de transactions), sécuritaire (interdiction d’entrée ou de séjour sur le territoire) et symbolique. Par conséquent, le processus consiste également à localiser, autant que faire se peut, ces entités, donnant ainsi à voir une sorte de géographie des acteurs hostiles telle que chaque pays ou organisation supranationale la conçoit. Fait d’autant plus remarquable que ces listes varient fortement entre elles. Ainsi, par exemple, à partir de la liste la plus influente sur le plan pratique, celle des « organisations terroristes étrangères » de l’US Department of State, reprise dans le Country Reports on Terrorism 2016 (émis en juillet 2017) [19], qui inclut également la liste des pays « sponsors » du terrorisme suivant les États-Unis : Iran, Soudan et Syrie, on peut construire la carte suivante (Fig. 2) :

54
Fig. 2

Distribution indicative des organisations terroristes étrangères, des pays soutenant le terrorisme et des principaux sanctuaires (safe havens) suivant l’US Department of State en 2017

Indicative distribution of Foreign Terrorist Organizations, sponsor countries and safe havens, as designated by the U.S. Department of State in 2017

Distribution indicative des organisations terroristes étrangères, des pays soutenant le terrorisme et des principaux sanctuaires (safe havens) suivant l’US Department of State en 2017

Distribution indicative des organisations terroristes étrangères, des pays soutenant le terrorisme et des principaux sanctuaires (safe havens) suivant l’US Department of State en 2017

Indicative distribution of Foreign Terrorist Organizations, sponsor countries and safe havens, as designated by the U.S. Department of State in 2017

55Cette carte, qui montre la distribution spatiale des 61 organisations désignées comme terroristes, dont 42 sont de nature islamiste (soit 69 %), permet, avant tout commentaire détaillé, de percevoir deux réalités géographiques (et géopolitiques) importantes. D’abord la concentration d’entités menaçantes dans une vaste aire de conflits bien plus centrée sur Israël que sur les États-Unis qui y occupent une position périphérique. Ensuite que la territorialisation des entités figurant ici, qui procède des indications fournies par le Country Reports, est davantage révélatrice des ancrages territoriaux initiaux de ces groupes, dont la plupart conforment ou participent de réseaux transnationaux complexes, pouvant se déployer, par exemple, dans des zones plus ou moins étendues comme les littoraux de l’archipel philippin, la péninsule du Sinaï et tout un ensemble de localités évoquées au chapitre 5 de ce document, où il est question de safe havens qu’il est seulement possible de représenter indicativement sur un planisphère.

56Cela dit, et il est important d’insister sur ce point, une telle carte ne représente aucunement « le » terrorisme dans le monde, mais bien seulement la conception officielle que les États-Unis (et Israël) s’en font, et cherchent aussi à imposer à des audiences diverses en fonction de situations géopolitiques changeantes. Pour bien comprendre ce point, il suffit de se référer au cas emblématique du MEK (Moudjahidin-e-Khalq/Moudjahidin du Peuple). Cette organisation islamo-marxiste qui surgit au milieu des années 1960 en Iran combat d’abord le Chah par les armes et en ayant fréquemment recours au terrorisme, puis, à partir du début des années 1980 combat le régime islamique avec des procédés semblables, avant de se mettre en 1986 (après la fin du premier exil de ses principaux dirigeants en France) au service de l’Irak de Saddam Hussein alors en guerre contre l’Iran. L’histoire de ce groupe violent, très discipliné et aux caractéristiques à maints égards sectaires, explique son inclusion, en 1997, dans la liste US des organisations terroristes étrangères, puis dans celles du Royaume-Uni et de l’Union européenne. Cependant, l’invasion de l’Irak en 2003 suscitera un nouveau virage du MEK, (déjà annoncé par une conférence de presse à Washington en 2002 où il dénonce – déjà – le programme nucléaire iranien), qui se voit désarmé et protégé par les forces US d’occupation. Fournissant -au moins depuis 2003- du renseignement iranien à la CIA et au Mossad (parmi d’autres ?), ainsi que très probablement de la main d’œuvre pour des attentats en Iran ainsi que pour des assassinats ciblés de scientifiques associés au programme nucléaire iranien, il continue, certes à pratiquer le terrorisme dans une logique mercenaire, mais désormais du « bon côté ». À la suite d’une campagne de lobbying très généreusement subventionnée en direction des milieux politiques (néo-conservateurs et/ou pro-israéliens) aux États-Unis et en Europe, le MEK sera d’abord retiré de la liste des organisations terroristes du Royaume-Uni (2008), puis de celle de l’Union européenne (2009) et enfin, en 2012 de celle du Department of State[20].

57Concernant les cartes des risques et du danger terroriste, qu’il suffise ici de signaler leur existence et d’insister sur la nécessité de les analyser en prenant en compte les conditions et objectifs de leur réalisation et diffusion. Ainsi, on trouve des données intéressantes, par exemple, dans les cartes de « conseils aux voyageurs » publiées par plusieurs ministères des affaires étrangères qui, bien que ne concernant pas exclusivement le terrorisme, n’en fournissent pas moins des zonifications significatives et souvent révélatrices de l’état des relations entre pays (Bouquet, 2012). Plus généralement, et au-delà des problèmes théoriques inhérents à l’anticipation du risque terroriste (Aradau, van Munster, 2012), dont la composante géopolitique est fondamentale (Dreher, Gassebner, 2008) les chercheurs en géographie du terrorisme sont aussi amenés à consulter critiquement des cartes de risques plus généralistes comme, par exemple, celles produites par GEOS [21], ou encore celles du CAPRI qui figurent périodiquement dans la revue Diplomatie à la rubrique « Alertes de sécurité ».

4.2.  L’analyse géographique des discours et des pratiques mémorielles concernant le terrorisme

58Bien plus qu’à la distribution spatiale des actes terroristes, le courant anglo-américain de la « critical geopolitics », s’est intéressé surtout aux discours et aux représentations concernant la « guerre globale au terrorisme » engagée depuis 2001. Et ce en négligeant l’analyse géographique du contre-terrorisme, sujet largement laissé en friche. Les articles de Ettlinger, Bosco (2004) et Kearns (2008) constituent de bons exemples de cette approche à forte tonalité dénonciatrice et moralisante, généralement en marge de l’analyse empirique des réalités qui sous-tendent les manifestations du fait terroriste. Chez d’autres auteurs également influencés par cette perspective, on trouve, par contre, des aperçus intéressants, comme la mise en évidence d’une politisation (par la survenue et/ou le risque d’attentats) de multiples lieux appartenant à l’espace public ou privé des victimes potentielles (Flint, 2005) ; ou encore concernant le rôle du terrorisme dans la préservation (militaire ou non) de l’ordre hégémonique mondial instauré par les États-Unis et leurs alliés dans différents contextes régionaux (Ingram, Dodds, 2009). En outre, les relations entre le terrorisme (ici les attentats de 2001) et la culture populaire ont également fait l’objet d’études par des géographes liés à la critical geopolitics, donnant lieu notamment à une analyse des avatars d’un « superhéros » (Captain America) dans la nouvelle situation géopolitique (Dittmer, 2005). Enfin, la question des régimes de vérité, et donc du (manque de) consensus portant sur divers aspects du « 9/11 » a été abordée par Jones (2010) au moyen d’une enquête de terrain.

59Un dernier sujet de recherches relevant de la géographie du terrorisme porte, non plus seulement sur des discours, mais intègre des lieux et des éléments matériels destinés à construire et à entretenir des mémoires s’inscrivant dans des paysages, surtout urbains. Ainsi donc, en plus des transformations morphologiques liées à la sécurité et à la prévention du terrorisme, dont il a été question plus haut, le fait terroriste suscite également l’apparition de monuments et de sites commémoratifs qui renvoient à diverses constructions sociales de la mémoire individuelle et collective. Une réflexion géographique peut s’engager sur ce point à partir, par exemple, du monument érigé à Kuta (Bali) pour commémorer l’attentat commis par la Jemaah Islamiyah le 12 octobre 2002 qui fit plus de 200 morts de 23 nationalités (Lewis et al., 2013) ; ou encore à propos du complexe mémoriel bâti sur le site occupé avant le 11 septembre 2001 par le World Trade Center, dont les antécédents sont évoqués par Pouzoulet (2003), et dont l’article de Heath-Kelly (2018) étudie la réalisation en insistant, comme c’est de plus en plus souvent le cas, sur l’importance de la composante végétale dans la mise en scène du dispositif mémoriel. Débordant cette fois de l’espace urbain, on a, à la frontière des géographies du terrorisme et du tourisme, une éclairante étude sur le cas Sri Lankais (Hyndman, Amarasingam, 2014), où des lieux emblématiques de la guerre civile qui prit fin en 2009 avec la défaite du LTTE (Tigres Tamouls) font l’objet d’une exhibition visant à conforter la cause patriotique du vainqueur. On est donc ici dans une logique différente de celle qui prévaut dans les lieux de mémoire « Occidentaux », où le deuil et la référence à des valeurs présentées comme universelles prend le pas sur la célébration d’hypothétiques victoires dans la « guerre au terrorisme ». À cet égard, l’étude de Houllier-Guibert (2016) sur les mises en scène urbaines des manifestations qui ont suivi les attentats parisiens de janvier 2015 (et notamment du phénomène « Je suis Charlie ») constitue un excellent exemple.

5.  Conclusion

60Au terme de ce parcours dans l’univers du terrorisme et des études qui le prennent pour objet, deux constats s’imposent concernant la réflexion géographique.

61D’abord, le terrorisme est bien un objet géographique. Et ce non seulement du fait de sa localisation différentielle et non aléatoire dans l’espace, ce qui relève de l’évidence, mais encore – et surtout – parce qu’il commence à susciter l’attention de la part d’un nombre croissant de géographes. Ce fait se dégage notamment de la bibliographie de cet article qui, sans prétendre à l’exhaustivité, ne reflète pas moins les principales avancées d’une recherche géographique en plein essor. Et l’intérêt du thème se manifeste également par son inclusion, par exemple, dans un plaidoyer à succès destiné au grand public cultivé en faveur de l’importance de la géographie pour comprendre (et agir dans) le monde actuel, qui lui consacre 2 chapitres sur 11 (de Blij, 2012).

62Le deuxième constat porte sur la très grande dispersion disciplinaire, thématique et méthodologique des travaux portant sur les aspects spatiaux et territoriaux du terrorisme. Au-delà de cette inévitable phase d’« accumulation primitive » des connaissances, une mise en ordre des thèmes et des perspectives s’impose. Non pas pour borner prématurément les explorations possibles, mais pour permettre l’émergence d’un champ identifiable de recherche, s’enrichissant par la production de travaux cumulatifs et d’hypothèses à valider empiriquement. C’est dans le but d’avancer dans cette direction que cet article a été conçu.

  • Abou Zahab, M. (2010), « Frontières dans la tourmente : la talibanisation des zones tribales », Outre-Terre, n° 24, p. 337- 357.
  • Antoine, J.-C. (2016), « Le trafic d’armes en Seine-Saint-Denis : aspects géopolitiques et enjeux », Hérodote, n° 162, p. 73-84.
  • Aradau, C., van Munster, R. (2012), « The Time/Space of Preparedness: Anticipating the “next terrorist attack” », Space and Culture, vol. 15, n° 2, p. 98-109.
  • Arsenault, E., Bacon, T. (2015), « Disaggregating and Defeating Terrorist Safe Havens », Studies in Conflict and Terrorism, vol. 38, n° 2, p. 85-112.
  • Baez, A. et al. (2008), « Twenty-Five Years of Violence: The Epidemiology of Terrorism in South America », Prehospital and Disaster Medicine, vol. 23, n° 2, p. 128-132.
  • Bahgat, G. (2008), « United States-Iranian Relations: The Terrorism Challenge », Parameters, vol. 38, n° 4, p. 95-108.
  • Bahgat, K. (2011), The morality of survival : How geographic proximity influences perception of terrorism, Grand Forks, University of North Dakota, 46 p.
  • Baghat, K., Medina, R. (2013), « An Overview of Geographical Perspectives and Approaches in Terrorism Research », Perspectives on Terrorism, vol. 7, n° 1, p. 38-72.
  • Bale, J. (2007), « Hiding in Plain Sight in Londonistan », in Innes M. (éd.), Denial of Sanctuary. Understanding Terrorist Safe Havens, Westport-London, Praeger, p. 139-151.
  • Baudouï, R. (2009), Géopolitique du terrorisme, Paris, Armand Colin, 123 p.
  • Beall, J. (2006), « Policy Arena, Cities, Terrorism and Development », Journal of International Development, vol. 18, p. 105-120.
  • Beck, R. (2003), « Remote Sensing and GIS as Counterterrorism Tools in the Afghanistan War : A Case Study of the Zhawar Kili Region », The Professional Geographer, vol. 55, n° 2, p. 170-179.
  • Bennell, C., Corey, S. (2007), « Geographic Profiling of Terrorist Attacks », in Kocsis R. (ed.), Criminal Profiling : International Theory, Research, and Practice, Totowa, Humana Press, p. 189-203.
  • Berrebi, C., Lakadawalla D. (2007), « How does terrorism risk vary across space and time? An analysis based on the israeli experience », Defence and Peace Economics, vol. 18, n° 2, p. 113-131.
  • Bigo, D. (2005), « L’impossible cartographie du terrorisme », Cultures & Conflits, (en ligne).
  • Bigo, D. ; Bonelli, L. ; Deltombe, T. (dir.), Au nom du 11 septembre, Paris, La Découverte, 413 p.
  • Blomberg, S., Sheppard, S. (2007), « The Impacts of Terrorism on Urban Form », Brookings-Wharton Papers on Urban Affairs, p. 257-296.
  • Bouquet, C. (2012), « Comment le Nord cartographie les risques du Sud : “Conseils aux voyageurs” et “Risques-Pays” en Afrique », Bulletin de l’Association de géographes français, n° 1, p. 94-103.
  • Bowie, N. (2017), « Terrorism Events Data : An Inventory of Databases and Data Sets, 1968-2017 », Perspectives on Terrorism, vol. 11, n° 4, p. 50-72.
  • Braitwaite, A., Li, Q. (2007), « Transnational Terrorism Hot Spots : Identification and Impact Evaluation », Conflict Management and Peace Science, vol. 24, n° 4, p. 281-296.
  • Brandt, P., Sandler, T. (2010), « What do Transnational terrorists Target ? Has it Changed? Are We Safer? », Journal of Conflict Resolution, vol. 54, n° 2, p. 214-236.
  • Bret, C. (2018), Qu’est-ce que le terrorisme ?, Paris, Vrin, 120 p.
  • Byman, D. (2011), Denying Terrorist Safe Havens : Homeland Security Efforts on Counter Threats from Pakistan, Yemen and Somalia, Testimony before the Subcommittee on Oversight, Investigations and Management of the House Committee on Homeland Security, Washington, 12 p.
  • Campana, A., Ducol, B. (2011), « Rethinking Terrorist Safe Havens: Beyond a State-Centric Approach », Civil Wars, vol. 13, n° 4, p. 396-413.
  • Carter, D. (2012), « À Blessing or a Course? State Support for Terrorist Groups », International Organization, vol. 66, n° 1, p. 129-151.
  • Castan Pinos, J., Radil, S. (2018), « The territorial contours of terrorism: A conceptual model of territory for non-state violence », Terrorism and Political Violence, (preprint).
  • Cattaruzza, A. (2012), « “Zones grises”, interstices durables de la carte politique ? Relecture critique d’un concept géopolitique », Bulletin de l’Association de Géographes Français, n° 1, p. 104-120.
  • Cattaruzza, A. (2014), Atlas des guerres et conflits, Paris, Autrement, 96 p.
  • Chaliand, G. (2008), Les guerres irrégulières, xxe-xxie siècle, Paris, Folio/Gallimard, 980 p.
  • Chauvièrre, J. (2011), « Les “Moudjahidin du peuple” », Outre-Terre, n° 28, p. 301-315.
  • Chomsky, N. (2016), Autopsie des terrorismes, Marseille, Agone, 228 p.
  • Choplin, A. (2008), « La Mauritanie à l’épreuve de l’islamisme et des menaces terroristes », ÉchoGéo, (en ligne).
  • Clausewitz, C. (2014), De la guerre, Paris, Rivages/Payot, 365 p.
  • Clunan, A., Trinkunas, H. (2010), « Conceptualizing Ungoverned Spaces », in Clunan A., Trinkunas H. (éd.), Ungoverned Spaces, Stanford, Stanford University Press, p. 17-33.
  • Coaffee, J. (2004), « Recasting the “Ring of Steel”: Designing Out Terrorism in the City of London », in Graham S. (ed.), Cities, War and Terrorism, Oxford, Blackwell, p. 276-296.
  • Coleman, M. (2003), « The Naming of “Terrorism” and Evil “Outlaws”: Geopolitical Place-Making After 11 September », Geopolitics, vol. 8, n° 3, p. 87-104.
  • Cothren, et al. (2008), « Geospatial and Temporal Patterns of Preparatory Conduct among American Terrorists », International Journal of Comparative and Applied Criminal Justice, vol. 32, n° 1, p. 23-41.
  • Crenshaw, M. (2010), « Mapping Terrorist Organizations », Stanford University, Unpublished working paper, (web.stanford.edu).
  • Cronin, A. (2003), The ‘FTO List’and Congress : Sanctioning Designated Foreign Terrorist Organizations, CRS Report for Congress, Washington, 12 p.
  • Cutter, S. et al. (éd.), (2003), The Geographical Dimensions of Terrorism, New York-London, Routledge, 274 p.
  • Dasque, J-M. (2013), Géopolitique du terrorisme, Paris, Ellipses, 304 p.
  • de Blij, H. (2012), Why Geography Matters. More Than Ever, Oxford, Oxford University Press, 354 p.
  • De Jonge Oudraat, C., Marret, J-L. (2010), « The Uses and Abuses of Terrorist Designation Lists », in Crenshaw, M. (ed.), The Consequences of Counterterrorism, New York, Russel Sage Foundation, p. 94-129.
  • Denécé, E. (2015), Les victimes françaises du terrorisme depuis 2001, Cf2R, Bulletin de documentation n° 14, 9 p. (www.cf2r.org).
  • Dittmer, J. (2005), « Captain America’s Empire : Reflections on Identity, Popular Culture, and post-9/11 Geopolitics », Annals of the Association of American Geographers, vol. 95, n° 3, p. 626-643.
  • Dory, D., Roux, J.-C. (1998), « De la coca à la cocaïne : un itinéraire bolivien… », Autrepart, n° 8, p. 21-46.
  • Dory, D. (2017), « L’analyse géopolitique du terrorisme : conditions théoriques et conceptuelles », L’Espace Politique (En ligne), n° 33.
  • Dreher, A., Gassebner, M. (2008), « Does political proximity to the U.S. cause terror? », Economic Letters, vol. 99, p. 27-29.
  • Dupont-Elleray, M. (2005), « Géopolitique du terrorisme aérien : de l’évolution de la menace à la diversité de la riposte », Stratégique, n° 85, (en ligne).
  • Eccarius-Kelly, V. (2013), « Surreptitious Lifelines: A Structural Analysis of the FARC and the PKK », in Forest J. (ed.), Intersections of Crime and Terror, London-New York, Routledge, p. 65-88.
  • Ellis, C. et al. (2016), « Analysing the Processes of Lone-Actor Terrorism: Research Findings », Perspectives on Terrorism, vol. 10, n° 2, p. 33-41.
  • Ezcurra, R., Palacios, D. (2016), « Terrorism and spatial disparities: Does interregional inequality matter ? », European Journal of Political Economy, vol. 42, p. 60-74.
  • Enders, W., Sandler, T. (2006), Distribution of Transnational Terrorism Among Countries by Income Class and Geography After 9/11 », International Studies Quarterly, vol. 50, p. 367-393.
  • Ettlinger, N., Bosco, F. (2004), « Thinking Through Networks and Their Spatiality: A Critique of the US (Public) War on Terrorism and its Geographic Discourse », Antipode, vol. 36, n° 2, p. 249-271.
  • Eudeline, H. (2016), « Le terrorisme maritime, une menace réelle pour la stabilité mondiale », Hérodote, n° 163, p. 9-31.
  • Eyre, L. (1986), « The effects of political terrorism in the residential location of the poor in the Kingston urban region, Jamaica, West Indies », Urban Geography, vol. 7, n° 3, p. 227-242.
  • Findley, M.et al. (2015), « The Local Geography of Transnational Terrorist Attacks », Paper presented at the International Studies Association meeting, New Orleans, 43 p.
  • Flint, C. (2005), « Dynamic Metageographies of Terrorism », in Flint C. (éd.), The Geography of War and Peace, Oxford-New York, Oxford University Press, p. 198-216.
  • Forest, J. et al. (2006), Terrorism and Counterterrorism: An Annotated Bibliography, vol. 2, West Point, Combating Terrorism Center, 174 p.
  • Gayraud, J.-F. (2017), Théorie des hybrides. Terrorisme et crime organisé, Paris, CNRS Éditions, 253 p.
  • Grabosky, P. (1983), « The Urban Context of Political Terrorism », in Stohl M. (ed.), The Politics of Terrorism, New York-Basel, Marcel Dekker, Inc. p. 51-76.
  • Graham, S. (ed.), (2004), Cities, War and Terrorism, Oxford, Blackwell, 384 p.
  • Gray, D., La Tour K. (2010), « Terrorist Black Holes: Global Regions Shrouded in Lawlessness », Global Security Studies, vol. 1, n° 3, p. 154-163.
  • Greenwald, G. (2012), « Five lessons from the de-listing of MEK as a terrorist group », The Guardian, 23 sept., (en ligne)
  • Groh, T. (2010), « A Fortress without Walls. Alternative Governance Structures on the Afghanistan-Pakistan Frontier », in Clunan A., Trinkunas H. (éd.), Ungoverned Spaces, Stanford, Stanford University Press, p. 95-112.
  • Guido, J. (2017), Terrorist sanctuary in the Sahara: A case study, Carlisle Barracks, U.S. Army War College, 72 p.
  • Guillespie, T. et al. (2009), « Finding Osama bin Laden », MIT International Review, (en ligne : web.mit.edu/mitir).
  • Gunaratna, R., Nielsen, A. (2008), « Al Qaeda in the Tribal Areas of Pakistan and Beyond », Studies in Conflict and Terrorism, vol. 31, n° 9, p. 775-807.
  • Gurr, T. R. (1988), « Empirical research on political terrorism: The state of the art and how it might be improved », in Slater, O. ; Stohl, M. (éd.), Current Perspectives on International terrorism, London, Macmillan, p. 115-154.
  • Hastings, J. (2008), « Geography, Globalization, and Terrorism: The Plots of Jemaah Islamiyah », Security Studies, vol. 17, n° 3, p. 505-530.
  • Heath-Kelly, C. (2018), « Survivor Trees and memorial groves: Vegetal commemoration of victims of terrorism in Europe and the United States », Political Geography, vol. 64, p. 63-72.
  • Hegghammer, T., Nesser, P. (2015), « Assessing the Islamic State’s Commitment to Attacking the West », Perspectives on Terrorism, vol. 9, n° 4, p. 14-30.
  • Houllier-Guibert, C.-E. (2016), « La symbolique des lieux urbains en France lors des attentats de janvier 2015 », ÉcoGéo, Sur le Vif, (en ligne).
  • Huyghe, F.-B. (2011), Terrorismes. Violence et propagande, Paris, Gallimard, 128 p.
  • Hyndman, J., Amarasingam, A. (2014), « Touring “Terrorism”: Landscapes of Memory in Post-War Sri Lanka », Geography Compass, vol. 8, n° 8, p. 560-575.
  • Ingram, A., Dodds, K. (2009), « Spaces of Security and Insecurity : Geographies of the War on Terror », in Ingram A., Dodds K. (éd.), Spaces of Security and Insecurity, Farnham, Ashgate, p. 1-18.
  • Innes, M. (dir.), (2007), Denial of Sanctuary. Understanding Terrorist Safe Havens, Westport-London, Praeger, 229 p.
  • Jabareen, Y. (2015), « The emerging Islamic State : Terror, territoriality, and the agenda of social transformation », Geoforum, vol. 58, p. 51-55.
  • Jackson, R. (2007), « Critical Reflections on Counter-Sanctuary Discourse », in Innes M. (dir.), Denial of Sanctuary. Understanding Terrorist Safe Havens, Westport-London, Praeger, p. 21-33.
  • Jackson, R., Pisoiu D. (2018), Contemporary Debates on Terrorism, 2nd Ed., London-New York, Routledge, 292 p.
  • Jarvis, L. Legrand T. (2018), « The Proscription or Listing of Terrorist Organizations : Understanding, Assessment, and International Comparisons », Terrorism and Political Violence, vol. 30, n° 2, p. 199-215.
  • Jasparro, C. (2013), « Place still matters: The operational geography of jihadist terror attacks against US Homeland 1990-2012 », Dynamics of Asymetric Conflict, vol. 6, n° 1-3, p. 45-61.
  • Jenkins, P. (1988), « Under two flags : Provocation and deception in European terrorism », Terrorism, vol. 11, n° 4, p. 275-287.
  • Jones, L. (2010), « “How do the American people know… ?”: embodying post-9/11 conspiracy discourse », GeoJournal, vol. 75, p. 359-371.
  • Jordán, J., Horsburgh, N. (2005), « Mapping jihadist Terrorism in Spain », Studies in Conflict and Terrorism, vol. 28, n° 3, p. 169-191.
  • Karber, P. (1971), « Urban Terrorism : Baseline Data and Conceptual Framework », Social Science Quarterly, vol. 52, n° 3, p. 521-533.
  • Kearns, G. (2008), « The geography of terror », Political Geography, vol. 27, p. 360- 364.
  • Kearns, E. et al. (2014), « Lying about terrorism », Studies in Conflict and Terrorism, vol. 37, n° 5, p. 422-439.
  • Kittner, C. (2007), « The Role of Safe Havens in Islamist Terrorism », Terrorism and Political Violence, vol. 19, n° 3, p. 307-329.
  • Kirsch, H. (2018), « Guerre de l’information et opérations militaires », Conflits, n° 18, p. 58-61.
  • Kliot, N., Charney, I. (2006), « The geography of suicide terrorism in Israël », GeoJournal, vol. 66, p. 353-373.
  • Koren, O. (2017), « Why insurgents kill civilians in capital cities: A disaggregated analysis of mechanisms and trends », Political Geography, vol. 61, p. 237-252.
  • Korteweg, T., Ehrardt, D. (2006), Terrorist Black Holes, La Haye, Clingendael Center for Strategic Studies, 115 p.
  • Korteweg, R. (2008), « Black Holes: On Terrorist Sanctuaries and Governmental Weakness », Civil Wars, vol. 10, n° 1, p. 60-71.
  • LaFree, G. et al. (2010), « Cross National Patterns of Terrorism », British Journal of Criminology, vol. 50, n° 4, p. 622-649.
  • LaFree, G. et al. (2012), « Spatial and Temporal Patterns of Terrorist Attacks by ETA 1970 to 2007 », Journal of Quantitative Criminology, vol. 28, n° 1, p. 7-29.
  • LaFree, G. (2017), « Terrorism and the Internet », Criminology & Public Policy, vol. 16, n° 1, p. 93-98.
  • LaFree, G. et al., (2018), « The Contagious Diffusion of World-Wide Terrorism : is it Less Common Than We Might Think ? », Studies in Conflict and Terrorism, vol. 41, n° 4, 261-280.
  • Lakos, A. (1986), International Terrorism: A Bibliography, Boulder, Westview Press, 481 p.
  • Laqueur, W. (1979), Le Terrorisme, Paris, PUF, 293 p.
  • Legrand, T. (2018), « “More Symbolic – More Political – Than Substantive”: An Interview with James R. Clapper on the U.S. Designated Foreign Terrorist Organizations », Terrorism and Political Violence, vol. 30, n° 2, p. 356-372.
  • Lewis, J. et al. (2013), « The Bali Bombings Monument: Ceremonial Cosmopolis », The Journal of Asian Studies, vol. 72, n° 1, p. 21-43.
  • Loyer, B., Aguerre C. (2008), « Terrorisme et démocratie : les exemples basque et catalan », Hérodote, n° 130, p. 112- 145.
  • Lutz, J. (2010), « À Critical View of Critical Terrorism Studies », Perspectives on Terrorism, vol. 4, n° 6, p. 31-40.
  • McColl, R. (1969), « The Insurgent State : Territorial Bases of Revolution », Annals of the Association of American Geographers, vol. 59, n° 4, p. 613-631.
  • McCormick, G. (1992), From the Sierra to the Cities. The Urban Campaign of the Shining Path, Santa Monica, RAND, 78 p.
  • Medina, R. (2014), « Social Network Analysis: A case study of the Islamist terrorist network », Security Journal, vol. 27, n° 1, p. 97-121.
  • Medina, R. et al. (2011), « À Geographic Informations Systems (GIS) Analysis of Spatiotemporal Patterns of Terrorist Incidents in Iraq 2004-2009 », Studies in Conflict and Terrorism, vol. 34, n° 11, p. 862-882.
  • Medina, R., Hepner G. (2008), « Geospatial Analysis of Dinamic Terrorist Networks », in Karawan et al. (éd.), Values and Violence. Intangible aspects of Terrorism, Berlin, Springer, p. 151-167.
  • Medina R., Hepner G. (2013), The Geography of International Terrorism, Boca Raton, CRC Press, 244 p.
  • Menkhaus, K. (2003), « Quasi-States, Nation-Building, and Terrorist Safe Havens », Journal of Conflict Studies, vol. 23, n° 2, p. 7-23.
  • Miko, F. (2004), Removing Terrorist Sanctuaries : The 9/11 Commission Recommendations and U.S. Policy, CRS Repport for Congress, Washington, 20 p.
  • Mickolus, E. (1980), The Literature of Terrorism. A Selectively Annotated Bibliography, Wesport, Greenwood Pres, 555 p.
  • Mickolus, E. (1989), « What Constitutes State Support to Terrorists? », Terrorism and Political Violence, vol. 1, n° 3, p. 287-293.
  • Mickolus, E. (2006), Terrorism, 2002-2004, A chronology, vol. 2, Westport, Praeger, p. 261-462.
  • Mickolus, E. (2016), Terrorism, 2013-2015, A worldwide chronology, Jefferson, McFarland, 571 p.
  • Nemeth, S. et al. (2014), « The Primacy of the Local: Identifying Terrorist Hot Spots Using Geographic Information Systems », The Journal of Politics, vol. 76, n° 2, p. 304-317.
  • Nesser, P. (2012), « Research Note : Single Actor Terrorism : Scope, Characteristics and Explanations », Perspectives on Terrorism, vol. 6, n° 6, p. 61-73.
  • Newman, E. (2007), « Weak States, State Failure, and Terrorism », Terrorism and Political Violence, vol. 19, n° 4, p. 463- 488.
  • Nunn, S. (2007), « Incidents of terrorism in the United States, 1997-2005 », The Geographical Review, vol. 97, n° 1, p. 89-111.
  • Open Source Center (2009), Afghanistan – Geospatial Analysis Reveals Patterns in Terrorist Incidents 2004-2008, (accessible par : https://fas.org).
  • O’Sullivan, P. (1983), « A geographical analysis of guerrilla warfare », Political Geography, vol. 2, n° 2, p. 139-150.
  • Ó Tuathail, G. (2009), « Placing blame : Making sense of Beslan », Political Geography, vol. 28, n° 1, p. 4-15.
  • Pagney, P. (2013), Les guerres de partisans et les nouveaux conflits, Paris, Economica, 154 p.
  • Phillips, M., Kamen, E. (2014), « Entering the Black Hole: The Taliban, Terrorism, and Organized Crime », Journal of Terrorism Research, vol. 5, n° 3, p. 39-48.
  • Phillips, B. (2015), « What Is a Terrorist Group? Conceptual Issues and Empirical Implications », Terrorism and Political Violence, vol. 27, n° 2, p. 225-242.
  • Piazz, a J. (2008), « Incubators of Terror: Do Failed and Failing States Promote Transnational Terrorism ? », International Studies Quarterly, vol. 52, p. 469-488.
  • Piegorsch, W. et al. (2007), « Benchmark Analysis for Quantifying Urban Vulnerability to Terrorist Incidents », Risk Analysis, vol. 27, n° 6, p. 1411-1425.
  • Pinero Kluch, S., Vaux, A. (2016), « The Non-Random Nature of Terrorism : An Exploration of Where and How Global Trends of Terrorism Have Developed Over 40 Years », Studies in Conflict and Terrorism, vol. 39, n° 12, p. 1031-1046.
  • Pouzoulet, C. (2003), « Visions de New York : de la destruction de World Trade Center à la recherche d’une nouvelle urbanité », Hérodote, n° 109, p. 97-114.
  • Reinares, F. (2012), Geografía mundial del terrorismo, Madrid, Real Instituto Elcano, 7 p.
  • Reinares, F., García-Calvo, C. (2017), Actividad yihadista en España, 2013-2017 : de la Operación Cesto a los atentados en Cataluña, Madrid, Real Instituto Elcano, Documento de trabajo 13/2017, 34 p.
  • Rosière, S. (2011), Géographie des conflits armés et des violences politiques, Paris, Ellipses, 203 p.
  • Rossmo, D., Harries, K. (2011), « The Geospatial Structure of Terrorist Cells », Justice Quarterly, vol. 28, n° 2, p. 221-248.
  • Sageman, M. (2014), « The Stagnation in Terrorism Research », Terrorism and Political Violence, vol. 26, n° 4, p. 565-580.
  • Savitch, H., Ardashev, G. (2001), « Does Terror Have an Urban Future ? », Urban Studies, vol. 38, n° 13, p. 2515-2533.
  • Savitch, H. (2008), Cities in a time of Terror, London-New York, Routledge, 269 p.
  • Schmid, A. (ed.), (2013), The Routledge Handbook of Terrorism Research, London-New York, Routledge, 718 p.
  • Shroder, J. (2005), « Remote Sensing and GIS as Counterterrorism Tools in the Afghanistan War: Reality, Plus the Results of Media Hyperbole », The Professional Geographer, vol. 57, n° 4, p. 592-597.
  • Schuurman, B. (2019), « Conducting qualitative research on terrorism : Finding and using primary sources », in Research Methods, London, Sage, (pdf aimablement transmis par l’auteur), 9 p.
  • Simons, A., Tucker, D. (2007), « The Misleading Problem of Failed States: a “socio-geography” of terrorism in the post-9/11 era », Third World Quarterly, vol. 28, n° 2, p. 387-401.
  • Shah, K. (2015), « The Iranian Mojahedin-e Khalq (MEK) and Its Media Strategy : Methods of Information Manufacture », Asian Politics & Policy, vol. 7, n° 1, p. 173-177.
  • Slann, M. (1987), « The State as Terrorist », in Slann M., Schechterman, B. (éd.), Multidimensional Terrorism, Boulder- London, Lynne Rienner Publishers, p. 39-44.
  • Smith, B. et al. (2008), Geospatial Analysis of Terrorist activities : The Identification of Spatial and Temporal Patterns of Preparatory Behavior of International and Environmental Terrorists, University of Arkansas, Terrorism Research Center, 86 p.
  • Smith, et al. (2013), Update on Geospatial patterns of Antecedent Behavior among Perpetrators in the American Terrorism Study (ATS), College Park, START, 27 p.
  • Sproat, P. (1991), « Can the State Be Terrorist? », Terrorism, vol. 14, n° 1, p. 19-29.
  • Stohl, M., Lopez, G. (éd.), (1984), The State as Terrorist. The Dynamics of Governmental Violence and Repression, Wesport, Greenwood Press, 202 p.
  • Takeyh, R., Gvosdev, N. (2002), « Do terrorist Networks Need a Home ? », The Washington Quarterly, vol. 25, n° 3, p. 97-108.
  • Taylor, L. (2017), « Sendero Luminoso in the New Millenium : Comrades, Cocaine and Counter-Insurgency on the Peruvian Frontier », Journal of Agrarian Change, vol. 17, n° 1, p. 106-121.
  • Toll, Z. (2017), « Terrorism in Colombia: The Revolutionary Armed Forces of Colombia and National Liberation Army », Journal of Masson Graduate Research, vol. 4, n° 1, p. 16-30.
  • Tominaga, Y. (2017), « There’s No Place Like Home! Examining the Diffusion of Suicide Attacks Through Terrorist Group Locations », Applied Spatial Analysis and Policy, (Springer, en ligne), 25 p.
  • Trinquier, R. (2017), La guerre moderne, Paris, Economica, 110 p.
  • Ulph, S. (2004), « Londonistan », in Coll. Unmasking Terror, A Global Review of Terrorist Activities, Washington, The Jamestown Foundation, p. 501-507.
  • Walter, O., Lauprecht C. (2015), Mapping and Deterring Violent Extremist Networks in Nord-West Africa, Sonderborg, University of Southern Denmark, Working Paper n° 04/15, 33 p.
  • Warf, B. (2015), « Cyberwar : A new frontier for political geography », Political Geography, vol. 46, p. 89-90.
  • Webb, J., Cutter S. (2009), « The Geography of U.S. Terrorist Incidents, 1970-2004 », Terrorism and Political Violence, vol. 21, n° 3, 428-449.
  • Wilkinson, P. (1981), « Can a State be “Terrorist”? », International Affairs, vol. 57, n° 3, p. 467-472.
  • Wolf, J. (1981), « Urban terrorist operations », in J. Wolf, Fear of Fear. A survey of terrorist operations and controls in open societies, New York, Springer, p. 16-24.
  • Zhen, J. (2017), « Confrontation on the issue of terrorism between Iran and the U.S. after 1979 », Terrorism and Political Violence, vol. 29, n° 2, p. 236-253.

Mots-clés éditeurs : lieux de mémoire, zones grises, attentats, réseaux, sanctuaires, terrorisme, villes

Date de mise en ligne : 19/08/2019

https://doi.org/10.3917/ag.728.0005

Notes

  • [1]
    Ce dont témoignent, par exemple, les controverses concernant la géopolitique (tout comme celles sur le statut et la portée de la géographie politique) durant une bonne partie de la seconde moitié du xxe siècle. À titre indicatif il est également intéressant de relever que les deux livres publiés en France sur la géopolitique du terrorisme (Baudouï, 2009 et Dasque, 2013) ne sont pas l’œuvre de géographes.
  • [2]
    On trouvera une récente discussion de nombreux aspects théoriques et définitionnels du terrorisme dans Bret (2018), et des compléments sur notre approche dans Dory (2017).
  • [3]
    Cette caractérisation se fonde sur la formulation clausewitzienne classique : « La guerre est un acte de violence engagé pour contraindre l’adversaire à se soumettre à notre volonté » (Clausewitz, 2014, 20).
  • [4]
    Ce dont témoigne le livre de Cutter et al. (2003) qui constitue aussi un document historique très révélateur de la tendance nord-américaine qui consiste à affronter un problème politique avec des outils principalement technologiques (ici les SIG). Voir à ce propos les comptes rendus de cet ouvrage parus dans les Annals of the Association of American Geographers, vol. 94, n° 4, 2004, p. 992-1002.
  • [5]
    Ce phénomène est également perceptible en France, au moins depuis 2012 (affaire Merah), et s’est accentué à partir de 2015.
  • [6]
    Pour un aperçu des différentes bases de données portant sur les actes de terrorisme et les problèmes définitionnels et empiriques qu’elles soulèvent, voir : Schmid (2013, Chap. 5, 294-340) et Bowie (2017). La GTD (Global Terrorism Database) issue du Consortium START (Study of Terrorism and Responses to Terrorism), basée à l’Université du Maryland avec un financement provenant principalement du gouvernement des États-Unis, est – de loin – la meilleure base de données en accès libre (www.start.umd.edu). Cette institution élabore périodiquement des cartes (au niveau mondial) des attentats terroristes jusqu’en 2017, et ses données servent de base au très utile Global Terrorism Index (en accès libre en format pdf) qui paraît annuellement depuis 2012 (sauf en 2013) qui en fournit une première analyse. Concernant seulement le terrorisme international, Edward Mickolus (ancien analyste de la CIA) et divers collaborateurs ont publié une série de volumes contenant une chronologie des évènements depuis 1968 à nos jours qui offre une masse d’informations difficiles à trouver ailleurs. À titre d’exemple on peut consulter Mickolus (2016) qui porte sur les années 2013-2015, comprenant donc les principaux attentats à Paris. Le problème méthodologique que pose le fait de devoir s’appuyer sur des sources secondaires (en outre très dépendantes des médias internationaux et/ou locaux) est ici difficilement contournable. Il ne concerne toutefois pas le seul terrorisme, mais il s’aggrave ici car les données sont produites souvent « à chaud » dans des conditions qu’il s’agit d’élucider autant que possible.
  • [7]
    Relèvent du terrorisme international les actes dont les acteurs et les victimes sont de nationalités différentes et impliquent donc – à titres divers – au moins deux pays. La base de données ITERATE (International Terrorism : Attributes of Terrorist Events) enregistre ce type d’incidents sous la direction de Mickolus (voir note 4). Il convient toutefois de retenir que suivant plusieurs estimations le terrorisme international ne représente qu’entre 10 et 15 % du total des actes qui se produisent dans le monde.
  • [8]
    En marge de la recherche géographique, on peut aussi signaler la série d’articles monographiques concernant le terrorisme dans plusieurs pays (France, Pérou, Mexique, Indonésie, etc.) dans la revue médicale Prehospital and Disaster Medicine, vol. 18, n° 2, 2003 ; ainsi que l’article de Baez et al. (2008) sur l’épidémiologie du terrorisme en Amérique latine.
  • [9]
    Cette interruption entre 1996 et 2012 des attentats islamistes peut, sans doute être en partie interprétée comme correspondant à un phénomène générationnel évoqué par Laqueur (1979, 96). Hypothèse renforcée en comparant l’écart entre les années de naissance des protagonistes majeurs des épisodes correspondant à ces deux dates : Khaled Kelkal, 1971 et Mohamed Merah, 1988.
  • [10]
    Auquel on peut relier l’attaque de Carcassonne/Trèbes du 23 mars 2018, (5 morts, dont l’assaillant), qui ne figure pas sur la carte, car l’année 2018 est inachevée au moment de la rédaction de cet article.
  • [11]
    À ne pas confondre avec les « loups solitaires », extrêmement rares, (tels que « Unabomber » aux États-Unis, ou Anders Behring Breivik en Norvège…). Les acteurs solitaires sont, quant à eux, reliés idéologiquement et généralement par Internet à une organisation et obéissent aux consignes qui leur sont destinées (Nesser, 2012 ; Ellis et al. 2016). Dans le cas de l’État islamique, leurs actes sont ensuite revendiqués comme des exploits des « soldats du Califat ».
  • [12]
    Ces données, au demeurant fort utiles, sont consultables sur le site : www.stanford.edu
  • [13]
    À titre d’exemple de recherches portant sur des localisations précises en vue d’y mener des opérations contre-terroristes, dans ce cas dans la zone frontalière montagneuse entre l’Afghanistan et le Pakistan en quête de O. ben Laden après le 11 septembre 2001, on a : Beck, (2003) : Shroder, (2005) et Guillespie et al. (2009).
  • [14]
    Voir aussi l’instructive comparaison entre les FARC colombiennes et le PKK Kurde, basée sur la diversité des espaces auxquels ces deux organisations ont accès (Eccarius-Kelly, 2013). Pour un premier aperçu de la distribution de la violence politique en Colombie (malheureusement désignée dans son ensemble, et à tort, comme « terrorisme »), on consultera Toll (2017). Sur le Sentier lumineux : Taylor (2017).
  • [15]
    Pour une première approche de cette question, voir Gayraud (2017).
  • [16]
    Sur ce point, voir : Chaliand, (2008, 652-687), et surtout Trinquier (2017).
  • [17]
    Il existe plusieurs éditions de ce rapport. Nous avons utilisé la suivante : The 9/11 Report, St. Martin’s Paperbacks, New York, 2004, où la section 12/2 figure aux p. 522-535.
  • [18]
    On dispose avec l’article de Ó Tuatail (2009) d’une bonne illustration de la démarche de la critical geopolitics en relation avec le terrorisme. Ainsi, à propos de l’attaque de l’école de Beslan (Ossétie du Nord, 1-4 septembre 2004), l’auteur montre la coexistence d’au moins trois ensembles discursifs contrastés : celui des terroristes, celui du Kremlin et celui des populations et autorités locales. Cette approche, incontestablement éclairante sur les multiples enjeux mobilisés par cet acte n’épuise pas pour autant le sujet. En effet, au-delà des indispensables précisions sur les conditions factuelles de l’attaque (cf. par exemple, Mickolus, 2006, 337-353), ce type de travaux pose le problème, certes difficile à résoudre, de l’articulation entre les recherches spécialisées qui concernent les deux grands aspects du complexe terroriste, à savoir le terrorisme lui-même (actes, acteurs, lieux et moments) et l’anti et contre-terrorisme. On trouvera quelques éléments additionnels de réflexion sur ce thème dans le livre de Bigo ; Bonelli et Deltombe (2008).
  • [19]
    Accessible sur le site : www.state.gov
  • [20]
    Le MEK bénéficie actuellement du soutien affiché de l’administration Trump et de personnalités politiques européennes en syntonie avec la stratégie de confrontation avec l’Iran promue depuis Jérusalem. Sur cette organisation, voir : Bahgat, 2008 ; Chauvièrre, 2011 ; Greenwald, 2012 et Shah, 2015. Pour une mise en contexte de la question : Zhen, 2017.
  • [21]
    Disponibles sur le site : fr.groupegeos.com

Domaines

Sciences Humaines et Sociales

Sciences, techniques et médecine

Droit et Administration

bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Retrouvez Cairn.info sur

Avec le soutien de

18.97.14.81

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions