L’entretien qu’on va lire aborde la pratique de l'« observation juridique » (legal observing), aujourd'hui fréquente aux États-Unis. Au cours de manifestations ou de toute autre action collective dont ils sont témoins, les « observateurs juridiques » sont facilement identifiables à leurs casquettes vert fluo. L'apparition de ces observateurs qui se donnent à voir en tant que tels remonte à la seconde moitié des années 1960 aux États-Unis. Face à la répression de plus en plus sévère dont sont victimes les mouvements sociaux, des formes d'auto-organisation se développent alors pour protéger manifestants et militants.
L’observation juridique fait partie de ces pratiques militantes qui se formalisent et se diffusent à un moment de durcissement des conflits sociaux. Sur les campus universitaires, qui constituent l'un des principaux foyers de contestation de l'ordre établi, les techniques de mobilisation de masse non violentes directement empruntées au mouvement pour les droits civiques laissent peu à peu la place à des tactiques plus offensives d'occupations et de blocage d'institutions liées de près ou de loin à l'intervention états-unienne au Vietnam (centres de recrutement militaire, sièges d'entreprises, universités). Ainsi, suite à l'occupation par des étudiants de l'université de Columbia à New York au début de l'année 1968 et à la forte répression judiciaire dont ils font l'objet, la National Lawyers Guild met en place un programme d’observation juridique destiné à fournir des preuves légalement recevables de l'usage illégitime de la violence par les forces de l'ordre …
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