Lorsque le décès de Margaret Thatcher est annoncé en avril 2013, des rassemblements de joie ont lieu dans différentes villes du Royaume-Uni. Ce simple fait, assez rare en soit, montre bien la détestation dont elle faisait l’objet dans la classe ouvrière britannique, même vingt-trois ans après son retrait du pouvoir.
Il faut dire que son action comme Premier ministre du Royaume-Uni de 1979 à 1990 justifie amplement le rejet durable dont elle est l’objet. Lorsqu’elle est arrivée au pouvoir en gagnant les élections législatives le 3 mai 1979, celle qui dirigeait le Parti conservateur depuis 1975 avait un programme bien arrêté de transformation en profondeur de l’économie et de la société britanniques – dans le sens du capitalisme le plus sauvage. Comme Ronald Reagan le fit peu après aux États-Unis, Thatcher lança des attaques très violentes contre l’État providence et les droits sociaux, pour mettre en place un système ultra-libéral favorable au patronat et aux marchés financiers. Au cours de ses trois mandats comme Premier ministre, elle réduisit drastiquement les dépenses publiques (sous prétexte de « lutter contre les déficits ») ; augmenta les impôts indirects qui touchent en priorité les plus pauvres tout en baissant les impôts des plus fortunés ; privatisa de nombreuses entreprises publiques – en les bradant, pour assurer un maximum de profit aux investisseurs qui les rachetaient – ; libéralisa les marchés boursiers ; abolit le contrôle des changes et mena une politique monétariste pour juguler l’inflation…
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