Dans l’imaginaire militant et dans celui du grand public, les cheminots et cheminotes sont associés, en partie à juste titre, à la notion de grève. À tel point que certains politiciens ou commentateurs peuvent répandre l’idée de cheminots qui seraient toujours en grève. Tandis que de l’autre côté, les militants et militantes syndicaux combatifs des autres secteurs semblent parfois attendre que la SNCF se mette en grève avant d’envisager quoi que ce soit.
Si les grèves des cheminots de ces vingt dernières années, de celle de décembre 1995 à celles de juin 2014 et de mai-juin 2016, ont participé à rendre tangible cette vision des choses, il n’en fut pas toujours ainsi. En effet, les cheminots ont dû faire eux aussi un apprentissage de la grève, qui n’était ni évidente, ni facile. Cet apprentissage est aussi lié à leur apprentissage du syndicalisme.
Les premiers syndicats de cheminots naissent dans les années 1880, à la suite de la reconnaissance légale des syndicats en 1883. Plusieurs syndicats, souvent catégoriels et servant surtout la carrière de leurs dirigeants, se succèdent d’abord. Puis, au début du xxe siècle, deux gros syndicats se stabilisent, qui se partagent de fait le monde des cheminots. D’un côté, la Fédération générale des groupements de mécaniciens et chauffeurs des chemins de fer est née en 1905 du regroupement de plusieurs syndicats préexistants
. Cette organisation ne concerne qu’une catégorie de cheminots, les mécaniciens et chauffeurs, qui parmi le personnel ouvrier des compagnies de chemins de fer sont à la fois les mieux payés et les plus qualifiés…
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