La distinction culture versus civilisation, qu’on rencontre à chaque pas, est une des idées les plus fâcheuses qui soient . Une sentimentalité inopportune se cache là derrière. Le regret du passé est une constante. Le passé est l’objet approprié et accommodant de la littérature mélancolique. C’est facile : on voit le présent en détail, le passé comme un énorme bloc où l’on ne distingue que du grossier et du général. On ne voit pas la menue monnaie d’alors, qui rendait la vie très semblable à celle d’aujourd’hui. On regarde l’aujourd’hui au microscope, le passé au télescope : on veut comparer les résultats. Il n’y a pas d’époque qui ne se soit lamentée sur elle-même et qui n’ait porté aux cieux une époque précédente. On ne doit pas se laisser démonter par un sentiment mou d’infériorité, pas davantage quand il se présente comme de l’histoire.
L’équation méprisante : aujourd’hui = civilisation, hier = culture, a sa raison principale dans l’incapacité de ces historiens sentimentaux à saisir le présent. On sait qu’en toute historiographie, en toute théorie, aussi abstraite soit-elle, et en toute philosophie grandiose agissent quelques conceptions de base simples. L’homme d’expérience a vite fait de savoir d’où vient untel. Actuellement les plus solides œillères qu’une tête occidentale reçoit en partage, c’est la scolastique humaniste enseignée à l’école. Un très petit nombre de ceux qui y ont goûté s’en sortent. Platon, Sophocle, le monde classique, sont des maux chroniques qu’aucun Salvarsan ne guérit …
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