La question soulevée par le titre de cette note de recherche apparaîtra bien saugrenue à beaucoup de lecteurs familiers de l’histoire combattante de la Première Guerre mondiale. Car en un sens, cette histoire des tranchées « vue d’en bas » a déjà été, au moins en partie , écrite. De nombreux historiens de la Grande Guerre, parmi lesquels Rémy Cazals et André Loez, Jean-François Jagielski et Thierry Hardier, John Horne ou encore Martha Hanna, ont tous mobilisé des écrits populaires pour raconter la vie des soldats en secteur . Certains d'entre eux – Germain et Anna Cuzacq, les frères et sœur Papillon, Paul et Marie Pireaud, ou plus encore le tonnelier Louis Barthas – sont devenus, à force d’être cités, d’éminentes figures du témoignage de guerre . Et au-delà de ces « célébrités », ce ne sont pas les sources qui manquent pour écrire cette histoire : dans une tentative pour circonscrire la population disponible des témoignages combattants édités, j’ai moi-même recensé un minimum de 140 écrits rédigés par des membres des classes populaires en 1914. Si le front de 1914-1918 a ses témoins subalternes et que des historiens se sont saisis de leurs textes, où est donc le problème, me demandera-t-on ?
Le problème que je voudrais aborder tient simplement dans la distinction entre une histoire des tranchées vue d’en bas et une histoire populaire des tranchées. En un sens, je l’ai dit, l’histoire du front à partir de sources populaires existe. Elle revient à se saisir des écrits du peuple comme source pour compléter nos connaissances de la vie des premières lignes en leur offrant, en quelque sorte, le point de vue du rang…
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