On sait peu de choses de Norbert Elias soldat pendant la Grande Guerre, mais le peu qu’il nous dit de sa guerre possède une grande valeur : parce qu’il porte le regard d’un sociologue expérimenté sur son expérience de la guerre, sur celle-ci et sur le monde en général, le témoignage d’Elias peut nous aider à mieux saisir l’ordinaire de la guerre. Cette perspective, qui pourra sembler audacieuse aux yeux des spécialistes de 1914-1918 qui brassent des centaines de témoignages prolixes venant des hautes sphères militaires ou du fond des tranchées, a d’abord été esquissée dans le cadre d’un cours à l’université : c’est en enseignant la sociologie de Norbert Elias (1897-1990) que je me suis intéressé au témoignage qu’il a livré sur son expérience de soldat de la Grande Guerre. Afin de mettre en valeur auprès des étudiants les principaux apports de sa sociologie, je mettais ceux-ci en relation avec leurs contextes de production, donc notamment avec les éléments biographiques de l’auteur. Je m’appuyais pour ce faire sur les propos tenus par Elias lors d’un entretien accordé en 1984 à Arend-Jan Heerma van Voss et à Abraham van Stolk, ainsi que sur cinq notes autobiographiques, textes réunis dans Norbert Elias par lui-même . Si mon intérêt pour le sociologue date des années 1990, quand l’œuvre d’Elias est relue, avec d’autres, pour faire émerger la « socio-histoire du politique » en France , mon attention pour l’expérience de soldat d’Elias a été éveillée plus tardivement à travers une collaboration scientifique étroite, à partir de 2006, avec des spécialistes de la guerre 1914-1918…
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