Dans Le Nouveau Vieux Monde, Anderson présente un ensemble original d’idées sur l’évolution de l’Union européenne en même temps que des analyses très approfondies de la culture politique de quelques-uns des principaux États de cette Union ainsi que de la Turquie, qui demande à y entrer. Comme Anderson l’observe lui-même, si l’on considère ce qu’a été la vie culturelle du Vieux Continent durant la première moitié du xxe siècle, on peut estimer que l’intégration européenne était plus avancée avant le traité de Rome qu’après ; paradoxalement, en effet, plus l’unité politique progresse et plus les pays européens semblent se provincialiser et cultiver leurs singularités. Le livre d’Anderson montre comment sortir de ce provincialisme et en particulier être sensible aux cultures nationales tout en étant extrêmement critique à l’égard des forces politiques des nations-États – notamment de leurs forces de centre gauche. Empathie et polémique peuvent aller de pair.
Dans ce bref commentaire je voudrais examiner l’une des principales idées avancées par Anderson dans ses chapitres « Théories » et « Résultats ». Il a indiscutablement raison de ne pas s’attarder sur une bonne partie de ce qui est donné comme une justification de l’Union et qui n’est souvent ni plus ni moins qu’un faux-fuyant : par exemple, selon la bien-pensance postmoderne, l’idée que l’Union existe en quelque sorte pour promouvoir, ou au moins préserver, la « diversité » ; ou encore que, d’une certaine manière, l’Union, du seul fait de l’originalité de son architecture institutionnelle, est entièremen…
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