Dans Le Nouveau Vieux Monde, Perry Anderson entend rompre avec l’abondante littérature pieuse ou technocratique que l’Union européenne inspire le plus souvent. L’ouvrage relève le défi de traiter le développement sans précédent d’une politique supranationale à l’échelle du continent et l’irréductible spécificité nationale des États impliqués dans ce processus. Parmi les motivations qu’il a données, Perry Anderson insiste sur son espoir de contribuer à la reconstitution de la république européenne des lettres qui fait toujours cruellement défaut. En reproduisant ici l’essentiel du dossier critique publié par la New Left Review au début de l’année 2012 autour de cet ouvrage, nous nous inscrivons dans cette perspective d’un échange international sur des questions de fond.Le Nouveau Vieux Monde est ici discuté par le juriste français Alain Supiot récemment élu professeur au Collège de France – connu pour ses travaux sur le droit du travail et la justice sociale ; et par le politiste allemand Jan-Werner Müller, qui enseigne à Princeton – spécialiste de la vie intellectuelle contemporaine de son pays. Le premier insiste sur la nécessité de compléter le regard porté sur l’Europe par un point de vue porté depuis l’Orient, qu’il s’agisse des effets de l’entrée des « pays de l’Est » dans l’UE ou, au-delà, de l’intérêt d’un rapprochement avec l’« économie communiste de marché » chinoise. Le second appelle à relativiser l’idée exprimée par Perry Anderson d’une dégradation de l’idée européenne, en mettant en avant la notion de « démocratie militante » forgée dès l’entre-deux-guerres, et largement appliquée dans l’Europe d’après guerre, pour justifier les entorses aux principes démocratiques au nom de la défense de la démocratie…
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