La RP du 10 octobre 1936 a déjà parlé de ce mouvement, mais il nous semble utile à nous, ouvriers ayant vécu cette lutte, d’apporter des compléments d’information, permettant de mettre en lumière certains aspects que, pour des raisons de tactique, le camarade L. Nicolas avait dû passer sous silence.
D’abord, disons-le franchement, nous sommes contents de ce que le conflit soit fini. Dans un ménage ouvrier, pour passer 35 jours sans toucher de salaire, il faut un gros effort du gréviste et de sa famille, et cet effort s’aggravait du fait que la quinzaine antérieure n’avait pas été payée.
Effort qui n’a pas abouti à la victoire. Les dessinateurs congédiés, en fait pour avoir été des syndicalistes actifs, ne sont pas réadmis au travail.
Mais le gouvernement, alarmé par la ténacité et la décision ouvrière, s’est vu forcé d’intervenir : il embauche dans ses arsenaux les dessinateurs licenciés, il les accepte sans leur faire passer un examen préalable car, renseignements pris auprès de la direction, la qualité de leur travail est irréprochable. En outre, ces dessinateurs conservent le droit de priorité en cas de nouvelles admissions.
D’autre part, des poursuites entamées contre les grévistes les plus actifs, et qui avaient abouti à un jugement les condamnant solidairement à 25 000 francs de dommages-intérêts, sont annulées.
Aucun renvoi pour fait de grève.
Mais la concession la plus importante arrachée par les ouvriers, c’est que les renvois doivent être dorénavant l’objet de l’examen préalable d’une commission comprenant des représentants du patron, du gouvernement et des ouvriers ; le droit divin du patronat lui permettant de priver de pain les prolétaires en se basant simplement sur sa souveraineté dans l’usine est entamé…
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