Le terme disloqué est issu du latin locus signifiant lieu. Nous pourrions dire que le mot disloqué se réfère à quelque chose qui n’est pas à sa place. Il intègre, par ailleurs, le mot loca en espagnol, qui se traduit par folle. Or, le préfixe « dis » désigne une opposition ou une négation, donc un amour « disloqué » pourrait se traduire par un amour qui n’est pas fou. Aussi, les femmes battues pensent que leur amour n’est pas un amour fou, et ne comprennent pas pourquoi, là où elles s’attendent à trouver l’amour, elles se heurtent aux coups. Car leur amour est un amour « bien comme il faut », celui de la complémentarité, de la complicité, de l’affection, de l’entraide, celui où l’on forme une famille. … En résumé, celui de leur idéal, cautionné de nos jours par des centaines d’ouvrages de psychologie sur le bon amour. Par ailleurs, cette conception de l’amour est soutenue par les thérapies cognitives intégrant une approche d’égalité des sexes, et appliquées dans les institutions, au sein desquelles ces femmes sont considérées comme des victimes.
Or, en même temps, il me semble que ces femmes mettent en porte-à-faux, les mouvements sociaux qui les défendent. En effet, elles affirment un amour et une sexualité gênants pour les théories féministes empêtrées dans des luttes phalliques, et pour lesquelles la sexualité n’est qu’un aspect de l’existence, ce qui ne prend son importance que s’il y a une régulation par un code de bonne conduite (respect, impératif de reconnaissance, liberté)…
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